Présentation
21.08 / GLADIATOR (GLADIATOR) (États-Unis, 2000)
Prod. : DreamWorks SKG (Steven Spielberg) MCA/Universal Pictures.
Réal. : Ridley SCOTT; Scén. : David H. FRANZONI; Mus.
: Hans ZIMMER.
Avec : Russell CROWE (Maximus), Joaquin PHOENIX (Commode), Richard
HARRIS (Marc Aurèle), Connie NIELSEN (Lucilla), Djimon HOUNSOU
(Juba).
180 de n.È. Sur le front du Danube l'empereur Marc Aurèle
se sent mourir. Son plus fidèle soutien est le général
Maximus, qui l'a conduit de victoire en victoire. Le vieil homme
souhaiterait lui confier les rênes du pouvoir. Mais son fils
Commode, qui ne rêve que de sanglants combats de gladiateurs,
est bien décidé à ne pas laisser celles-ci
lui échapper...
Le règne des Antonins (97-192) fut pour Rome un Âge
d'or. Ces empereurs avaient pris l'habitude de transmettre le pouvoir
à un collaborateur éprouvé. Mais ce ne fut
pas de cas du dernier d'entre eux, Marc Aurèle. L'auteur
des Pensées pour moi-même, avait de longue date
désigné comme César (sucesseur) son fils fantasque,
Commode : comme quoi philosophie et politique font rarement bon
ménage !
Dans le film, le personnage de Maximus semble inspiré par
le préfet d'Orient, Avidius Cassius. Dans une fiction intitulée
Uchronie, L'Utopie dans l'Histoire (1876), Charles Renouvier
imaginait ce qu'aurait pu devenir notre civilisation occidentale
si l'énergique Cassius était monté sur le trône
à la place de Commode. Renouvier ouvrait ainsi la voie à
une branche de la science-fiction historique, l'«uchronie»
: «Que se serait-il passé si, par exemple... Napoléon
avait triomphé à Waterloo ?»
Le point de départ de Gladiator se trouve dans
la célèbre toile de Jean-Léon Gérôme
Pollice Verso, que le producteur David H. Franzoni soumit
au réalisateur Ridley Scott, peintre de formation. De fait,
les ambiances de l'amphithéâtre restituent parfaitement
celle du tableau; notamment les rais de lumière filtrés
par les velaria. Pour le reste, on peut considérer
Gladiator comme un remake de La chute de l'Empire romain
(1964), sauf qu'Anthony Mann avait axé son film sur le Forum,
coeur politique de l'Empire, d'ailleurs superbement reconstitué.
Le film de Scott gravite, lui, autour du Colisée et est avant-tout
une réflexion sur la société-spectacle et le
pouvoir des médias.
oOo
22.08 / ASTÉRIX ET OBÉLIX : MISSION CLÉOPÂTRE
(France, 2002)
Prod. : Katharina Renn Productions (Claude Berri). Réal.
& scén. : Alain CHABAT (d'après la BD de René
GOSCINNY et Albert UDERZO, Astérix et Cléopâtre,
1964); Images : Laurent DAILLAND; Mus. : Philippe CHANY.
Avec : Christian CLAVIER (Astérix), Gérard DEPARDIEU
(Obélix), Jamel DEBBOUZE (Numérobis), Monica BELLUCCI
(Cléopâtre), Gérard DARMON (Amonbofis), Alain
CHABAT (Jules César), Claude RICH (Panoramix), Chantal LAUBY
(Cartapus, l'espionne de César), Isabelle NANTY (Itinéris,
la syndi-ca-liste).
Cléopâtre, la reine d'Égypte, décide,
pour défier l'Empereur romain Jules César, de construire
en trois mois un palais somptueux. Pour ce faire, elle fait appel
à l'architecte Numérobis.
Conscient du défi à relever, celui-ci cherche de l'aide
auprès de son vieil ami Panoramix. Le druide fait le voyage
en Égypte avec Astérix et Obélix. De son côté,
Amonbofis, l'architecte officiel de Cléopâtre, jaloux
de ce que la reine ait choisi Numérobis pour construire le
palais, va tout mettre en uvre pour faire échouer son
concurrent.
Sorti de l'imagination des auteurs de la BD, ce palais qu'en dépit
du bon sens va ériger Numérobis nous renvoie à
un autre mystère, celui de la tombe de Cléopâtre
jamais retrouvée, pas plus que celle d'Alexandre le Grand
du reste ! Les textes suggèrent que le mausolée se
trouvait en plein centre d'Alexandrie... mais après les tremblement
de terre et raz-de-marée de 365, l'acharnement du chrétien
Théodose en 395, bientôt suivi en 642 de celui du calife
Omar (et quelques autres) impliquant le réemploi des matériaux
restés sur place, expliquent bien des choses.
Dominé par Alain Chabat et Jamel Debbouze, une avalanche
de gags et un florilège de cabots du cinéma français
et de Canal+ épaulés par les apparitions météoritiques
de guest-stars.
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23.08 / HERCULE EST FATIGUÉ. UN OPÉRA MUSCLÉ,
TRÈS MUSCLÉ (France, 2017)
Création musicale pour un film péplum le 23 août
à 21h au théâtre Antique d'Arles
Prod. : Sentimentalnoise. Réal. (conception, composition
musicale, dialogues) : Christian GIRARDOT; Conception, dialogues
et montage : Raphael DANIEL; Composition électroacoustique
: Daniele SEGRE AMAR; Régie générale : Patrick
POYARD; Régie son : Christophe GAIFFE Soprano : Dragana
SERBANOVIC; Ténor : Stephan OLRY; Basse Baryton : Xavier
BAZOGE; Piano : Fortunato d'ORIO; Claviers : Christian GIRARDOT;
Électronique : Daniele SEGRE AMAR.
https://www.facebook.com/FestivalPeplum/
http://www.sentimentalnoise.com
Dans l'Olympe, devant la «visionneuse» qui leur
permet d'observer les méfaits des pauvres mortels, Zeus et
Héra se disputent pour savoir qui de Reg Parkus, Steve Reevus,
Mark Forestus, Giuliano Gemmus et Buster Keatonus remportera le
trophée tant convoité de l'«Hercule d'Or».
Sera-ce Parkus, le vainqueur des Atlantes et des vampires ? Reevus,
l'infatigable tâcheron des fameux «Travaux» ?
l'impeccable Forestus, shampooineur de la Vallée des Rois
? le Titan Gemmus au sourire Pepsodent ? ou le modeste Keatonus,
nouvel Androclès, si plein de sollicitude pour les pauvres
lions en mal de manucure ?
On devait déjà à Christian Girardot un savoureux
mashup, reprise des Titans de Duccio Tessari (1961)
(déjà projeté au Festival du film péplum
d'Arles, le 22 août 2012), exécuté en direct
avec la participation d'un chef d'orchestre, de musiciens et de
chanteurs. Soit un «opera» burlesque revisitant ce qui
fut le péplum parodique le plus savoureux des années
'60 !
Avec la complicité éclairée de Raphael Daniel,
ce nouvel opus revisite quelques fameux passages des péplums
de Don Chaffey, Vittorio Cottafavi, Mario Bava, Pietro Francisci,
Carlo Campogalliani, D. Tessari et le Buster Keaton des Trois
âges assaisonnés de quelques extraits de
l'élection de Mister Univers. On appréciera également
la passerelle vers Un pistolet pour Ringo où Giuliano
Gemma provisoirement devenu «Montgomery Wood»
prenait son essort avant de devenir le prodigieux acteur
italien que l'on sait (Le désert des Tartares (1976),
L'affaire Mori (1977), La légion saute sur Kolwezi
(1980)).
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24.08 / HÉLÈNE DE TROIE (Helen of Troy) (États-Unis,
1955)
Prod. : Warner Bros. Réal. : Robert WISE; Scén. :
John TWIST, Hugh GRAY; Mus. : Max STEINER.
Avec : Rossana PODESTA (Hélène), Jacques SERNAS (Pâris),
Brigitte BARDOT (Andraste).
1100 av. n.È. Les richesses de la ville de Troie, qui
a la réputation d'être imprenable, suscite la convoitise
des Grecs. Pacifiste, le roi Priam leur envoie son fils en mission
diplomatique. À Sparte où il fait naufrage, Pâris
rencontre une jeune femme d'une extraordinaire beauté, véritable
incarnation d'Aphrodite. C'est Hélène, l'épouse
du roi Ménélas. Les jeunes gens tombent éperdument
amoureux. Comprendant que les Grecs ne veulent pas la paix, Pâris
leur offre le casus belli attendu.
L'Iliade et L'Odyssée nous content en fait
une de ces abominables vengeances dont les Balkans ont la spécialité.
Difficile, dans un film à grand spectacle, de justifier auprès
du grand public une expédition militaire qui pour
satisfaire à l'honneur aboutira à la destruction
d'une ville tout entière, au massacre de ses habitants, au
viol des femmes réduites en esclavage. Autres temps, autres
moeurs... et malheur aux vaincus ! Seul Euripide, dans Hécube,
versera une larme sur la tragédie de la veuve du roi Priam,
obligée d'assister à l'égorgement de sa fille
Polyxène sur la tombe du héros défunt, Achille.
Les cocus ayant toujours tort, les scénaristes édulcoreont
l'épopée pour n'en tirer qu'une tragi-comédie
de boulevard qui finira mal. Grand scandale en Grèce où
des savants aussi réputés que l'archéologue
Spyridon Marinatos monteront au créneau pour dénoncer
la trahison d'Homère, le plus grand poète de tous
les Temps !
Le film est signé Robert Wise, à qui l'on est également
redevable de West Side Story. On doit à Raoul Walsh
les scènes de bataille, dans lesquelles il fut assisté
par un certain Sergio Leone ! Superbe interprétation d'Achille
par le sardonique Stanley «Zulu» Baker. Et en
prime l'on nous offre Brigitte Bardot dans un rôle
assez inattendu de comparse. Mais c'était... juste
avant Et Dieu... créa la femme !
La projection sera suivie d'une conférence de Michel
Eloy :
Porter l'Iliade à l'écran...
L'Iliade et l'Odyssée sont les deux textes
fondateurs de l'hellénisme. Avec quelques autres textes complémentaires,
ils racontent une histoire d'honneur, c'est-à-dire... une
sombre vengeance balkanique ! Parce qu'un prince troyen a séduit
l'épouse du roi de Sparte, la Grèce entière
se rue sur les plages de la Troade et anéantit toute une
cité, pille, incendie, massacre les hommes et les enfants,
viole les femmes et les emmène en esclavage. Deux millénaires
plus tard, la perception de la guerre ayant changé, il est
difficile de reconnaître dans les princes achéens les
"héros" qu'ils étaient à l'aune d'Homère.
Comment en tirer des films un tant soit peu "entertainement"
pour l'émerveillement du grand public familial ?
Hélène de Troie (Robert Wise, 1955), La
Guerre de Troie (Giorgio Ferroni, 1961), La Colère
d'Achille (Marino Girolami, 1962), Hélène de
Troie (John Kent Harrison, 2003 TV), Troie (Wolfgang
Petersen, 2004).
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25.08 / LE SATYRICON (Fellini's Satyricon) (ItalieFrance,
1969)
P.E.A. (Rome) Les Artistes Associés (Paris). Réal.
: Federico FELLINI; Scén. : F. FELLINI, Bernardino ZAPPONI,
d'après C. PETRONIUS ARBITER, Satiricon; Mus. : Nino
ROTA.
Avec : Hiram KELLER (Ascyltus), Martin POTTER (Encolpius), Max BORN
(Giton), Gordon MITCHELL (brigand), Luigi MONTEFIORI (Minotaure),
Alain CUNY (Lychas).
Deux jeunes étudiants, Encolpius et Ascyltus, se disputent
les faveurs de l'adolescent Giton. Aux Thermes, Ascyltus raconte
la nuit merveilleuse qu'il a passée avec Giton, excitant
ainsi la jalousie de son «mari». Il déclare l'avoir
ensuite vendu à Vernacchio, un homme de théâtre...
Il fallait la réputation d'un maestro comme Fellini
pour, en 1969, porter à l'écran un sujet aussi ouvertement
homosexuel. Le roman inachevé de Pétrone a grandement
contribué à figer dans l'imagination du public l'image
d'une Rome décadente et libertaire. En réalité,
les moeurs romaines étaient tout aussi hypocrites et pudibondes
que les nôtres aujourd'hui; tout autant que nous les Romains
avaient des tabous, mais pas les mêmes... Détail amusant,
c'est en puisant dans le Satiricon que Jérôme
Carcopino (La vie quotidienne à Rome) a fixé
le cliché de convives s'essuyant les doigts dans la chevelure
crépue de jeunes esclaves africains. En réalité,
Pétrone se moquait du snobisme ridicule du parvenu Trimalchion.
Il est également à noter que le scénario de
Fellini emprunte largement à d'autres oeuvres romanesques
antiques tels L'âne d'or d'Apulée, les Métamorphoses
d'Ovide ou les Fables Milésiennes (le fameux conte de «La
matrone d'Éphèse»).
Comme souvent dans le cinéma italien, le battage médiatique
d'un film à succès appelle des copies. Ce seront,
en 1968, Les Dégénérés (Satyricon
2) de Gianluigi Polidoro, avec Tina Aumont, Laura Antonelli
et Ugo Tognazzi et, en 1970, Satiricosissimo de Mariano Laurenti,
avec Edwige Fenech et des duettistes Franco Franchi et Ciccio Ingrassia.
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26.08 / BEN HUR (États-Unis, 1959)
Prod. : M.G.M. Réal. : William WYLER; Scén. : Karl
TUNBERG [et Christopher FRY & Gore VIDAL, non crédités];
Mus. : Miklos ROZSA.
Avec : Charlton HESTON (Judas Ben Hur), Stephen BOYD (Messala),
Haya HARAREET (Esther).
Le tribun Messala revient à Jérusalem où
il a passé sa jeunesse. Il doit y assurer le commandement
des troupes romaines de Judée. Sa première visite
est pour son ami d'enfance, Judas Ben Hur, aristocrate juif. Heureux
de se retrouver, les deux hommes sentent néanmoins qu'un
fossé les sépare. Pour Messala, il n'existe que la
puissance romaine; pour Ben Hur rien n'est au-dessus de la liberté
de son peuple. Suite à un malentendu, Messala n'hésitera
pas, pour l'exemple, à envoyer son ami aux galères...
De sublimes images resteront dans les mémoires : la bataille
navale et la course de chars. À Cinecittà où
ce film américain fut tourné, ce fut pour la jet
set un must que de figurer dans la «loge impériale»
: le prince Emanuele Ruspoli, la duchesse Nona de Medici (d'Italie),
la princesse Irina Wassilchikoff (de Russie), etc. Disons-le tout
de suite : ramer sur une galère était un métier
exercé par des professionnels et ne fut jamais une peine
dans l'Antiquité gréco-romaine. Elle ne le devint
que lorque au XVIe s. les Chevaliers de Rhodes y contraignirent
leurs prisonniers turcs. Mais en 1880, lorsque le général
Lew Wallace héros de la Guerre de Sécession
écrivit son roman, on le croyait.
Le tournage commença début mai 1958 et dura un an.
Le film de William Wyler fut couronné de 11 Academy Awards.
En novembre 1899, dix-neuf ans après la sortie du roman,
«Ben Hur» fit à Broadway l'objet d'une pièce
de théâtre, montée par Klaw et Erlanger. Futures
vedettes du «grand écran», William S. Hart (Messala)
et William Farnum (Ben Hur) s'en partagèrent la vedette.
Sur la scène, la course de chars se disputait sur un tapis
roulant; vingt années durant la pièce tint l'affiche
à travers tous les États-Unis.
Le roman sera à plusieurs reprises adapté au cinéma.
En 1907, Sydney Olcoh & F.O. Rose (sans en posséder les
droits) en tournent une première version sur une plage de
Manhattan, avec le concours de sapeurs-pompiers hippomobiles. Ce
fut ensuite le tour de la M.G.M. D'abord avec Ramon Novarro, sur
un script qui conservait un aspect intéressant du roman :
retour en Judée et désireux de se venger des Romains,
Judas Ben Hur montait une armée de résistants (les
«Zélotes») avant de se convertir au Christianisme
(Fred Niblo, 1925). Une seconde verson M.G.M., avec cette fois Charlton
Heston, sautait cet important détail, somme toute pas indispensable
(William Wyler, 1959). Après on eut droit à une version
dessin animé, avec Charlton Heston en voix off (B.
Kowalchuk, 2003). Puis un Ben Hur [au Stade de France] de
Robert Hossein (2006). Dans les années '60, cette version
foraine française avait été précédée
par un Ben Hur vivant, orchestré par le Grand Cirque
de France (1961-1965; reprise 1975). Et ce fut après une
version TV qui développait la partie «romaine»
Judas devenait gladiateur et rencontrait la courtisane Iras.
Faute de moyens, cette version échoua lamentablement pour
la course de chars (Steve Shill, 2010).
Enfin, en 2016, Timur Bekmambetov montra, signe des temps, les amis
d'enfance le prince juif et l'officier romain finissant
par se réconcilier. Était-ce dans l'air du temps ?
Je n'en suis pas convaincu. |