IN MEMORIAM : PHILIPPE DELABY
(21 janvier 1961 - 29 janvier 2014)

Placé sous les auspices du dieu Janus, à double face, janvier semble être un mois peu propice pour les dessinateurs de l’Antiquité bédéique. Après Jacques Martin († 21 janvier 2010), Philippe Delaby vient de nous quitter, foudroyé par une crise cardiaque.

Avec son complice Jean Dufaux, Delaby aura marqué la BD de l’indélébile empreinte de son graphisme d’une grande pureté classique. Murena ressuscitait littéralement la statuaire grecque qu’elle mettait en cases. Scrupuleux à l’extrême, on se souviendra de sa précision documentaire; à l’égal d’un E.P. Jacobs et des poubelles de Tokyo (Les 3 formules du Prof. Sato), il pouvait caler de longs jours sur le dessin d’une chaussure de femme…

Né à Tournai en 1961, c’est à l'âge de huit ans que Philippe Delaby a reçu de son père sa première BD : Tintin au Congo. À 14 ans, il entre à l'école des Beaux-Arts de sa ville, où il reçoit un enseignement académique. Fasciné par Ingres et les maîtres flamands, il s'essaie à la peinture à l'huile. À 18 ans, il remporte un concours qui lui ouvre les pages d'Hello Bédé, successeur du journal Tintin. Il y dessine plusieurs courts récits historiques tel « Présages » (1992) et le cycle d’Arthur au royaume de l'Impossible (Lombard, 1991 - compilation de plusieurs courts récits parus dans Hello Bédé) ou Richard Cœur de Lion (Lombard, 1991).
Ces histoires imaginées par Yves Duval lui valent le prix Clio au Salon de l'histoire de Paris en 1993. La même année, et pour le même éditeur, il dessine sur scénario de Jean-Luc Vernal Bran – Légende née des tourbillons des vents du Nord (Lombard, 1993).
En 1994, avec Luc Delisse, il sort toujours au Lombard L'Étoile polaire, un thriller médiéval fantastique.
En 1997, il est récompensé lors du Festival de bande dessinée de Boulogne-sur-Mer. Cette année est aussi celle de la parution de La Pourpre et l'Or, le premier épisode de « Murena » - un tournant dans la carrière de Philippe Delaby (un premier opus qui sera traduit en latin par Claude Aziza et Cathy Rousset, Murex et Aurum). Dans cette série imaginée par Jean Dufaux et publiée chez Dargaud, il ressuscite de façon magistrale la Rome impériale de Néron. La saga, qui compte à ce jour neuf tomes, connaît un grand succès.
En 2004, Philippe Delaby relève un nouveau défi et prend la suite de Grzegorz Rosinski pour La Complainte des landes perdues de son ami Dufaux, dont le huitième volet, La Fée Sanctus, paraît en juin 2012.
En 2011, la ville de Bruxelles lui a décerné le grand prix Saint-Michel pour l'ensemble de son œuvre.

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