LES PLUS GRANDS PEPLVMS EN DVD |
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Mise à jour 19 avril 2009 Les
Editions FABBRI ont arrêté leur Collection "LES
PLUS GRANDS PEPLUMS". Les derniers exemplaires
restant en stock ont été transférés
à l'ASSOCIATION PEPLUM (FESTIVAL DU FILM PEPLUM D'ARLES).
Vous pouvez les commander à l'adresse suivante : assoc.peplum@cegetel.net |
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10. La Bible (John
Huston, EU-IT - 1964. Avec Richard Harris, Ulla Bergryd,
Stephen Boyd, Peter O'Toole) / 168' [DVD 9] (en
kiosque en France : 16 décembre 2004)
La création du Monde, Adam et Eve expulsés
du Paradis, la rivalité d'Abel et Caïn,
Noé et le Déluge, Nemrod et la Tour
de Babel, Sodome anéantie par le Feu du Ciel,
Abraham et le sacrifice d'Isaac - soit les 22 premiers
chapitres de la Genèse, qui en compte cinquante.
Après les spectaculaires séquences du
Déluge, de la Tour qui grimpe jusque dans les
nuages, et du cataclysme qui anéantit les villes
pécheresses de la Mer Morte, le film s'achève
sur l'Alliance de Dieu avec son Peuple Elu, la postérité
d'Abraham. La Bible - Au commencement des Temps...
reste dans les choix esthétiques traditionnels
européens (Adam et Eve blonds, plutôt
qu'Africains - tant pis pour les paléo-anthropologues)
et se savoure comme un superbe album de chromos.
Epinglons la séquence de la création
du monde, superbement filmée par Ernst Haas
et la deuxième équique, qui devait sortir
une plaquette illustrée des photos du film
(La Création, Denoël, 1971).
Huston avait d'abord été pressenti
pour diriger une seule séquence, et pour coordonner
le reste du film, confié à d'autres
réalisateurs, tel Robert Bresson chargé
de la séquence d'Adam et Eve (celui-ci aurait
d'ailleurs souhaité des acteurs à peau
plus sombre, mais Huston préférera des
interprètes blonds, plus conformes aux canons
de son public : «Je décidai, dit-il,
de m'en tenir aux Maîtres de la Renaissance...»).
Par la suite l'ensemble de la réalisation lui
a été confiée, et il a travaillé
en étroite collaboration avec Christopher Fry,
futur scénariste du Barabbas de Fleischer.
C'est d'ailleurs Huston lui-même qui joue finalement
le rôle de Noé, après des propositions
faites à Charlie Chaplin, Orson Welles et Alec
Guinness.
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9.
Les Travaux d'Hercule
(Pietro Francisci, IT - 1957. Avec Steve Reeves,
Sylva Koscina, Primo Carnera, Mimmo Palmara)
/ 97' [DVD 5] (en kiosque en France : 2
décembre 2004)
Hercule a été invité
par le roi de Thessalie pour parfaire l'éducation
de son fils, Iphitos. Mais le roi Pélias
est, en réalité, un usurpateur
qui a fait assassiner son frère Eson,
le roi légitime. Ce jour-là Chiron,
un officier fidèle, disparut mystérieusement
en emmenant le jeune prince Jason et la Toison
d'Or, emblème de la puissance royale.
Iole, la fille de Pélias, ne tarde pas
à tomber amoureuse du Fils de Zeus, mais
sa sympathie est loin d'être partagée
par l'arrogant Iphitos, son frère. Hercule
ne peut empêcher Iphitos de se faire tuer
par le Lion de Némée. En punition,
Pélias envoie le héros tuer le
Taureau de Crète. Hercule le retrouve
au moment précis où le bison furieux
encorne son vieil ami Chiron, qui se cachait-là
avec Jason. Hercule apprend de sa bouche la
vérité sur les crimes de Pélias.
Il décide de restaurer le jeune prince
sur son trône en l'aidant, avec les Argonautes,
à reconquérir la fameuse Toison
d'Or, sans laquelle un roi de Thessalie ne peut
régner. La première escale de
leur voyage est dans l'île de Lemnos,
où vivent les Amazones de la reine Antéa...
Le film s'inspire librement du poème
d'Apollonios de Rhodes, les Argonautiques,
et des Douze
Travaux d'Hercule (ici réduits à
trois : le Lion de Némée, le Taureau
de Crète et la Reine des Amazones). Ennio
de Concini, scénariste encensé
par les uns (Jean-Marie Sabatier), honni par
les autres (Sergio Leone), s'efforce de superposer
le méchant Pélias de d'épopée
de Jason, et celui du cycle d'Hercule, le roi
de Tirynthe Eurysthée, l'ordonnateur
des Douze Travaux. Eurysthée deviendra
donc, ici, l'homme de main de Pélias
! De même remplace-t-il Iolas - le neveu
et l'écuyer d'Hercule qui, dans le mythe,
était son inséparable compagnon
- par Ulysse, plus connu du public. Quand à
Iole et Iphitos, fille et fils d'Eurytos roi
d'chalie, ils deviennent ici les rejetons
de Pélias, etc.
En dépit de ces chipotages et d'autres
(le re-centrement de l'intrigue est inévitable
au cinéma !), I Fatiche di Ercole n'en
restera pas moins une réussite, qui permettra
aux Etats-Unis, d'ordinaire frileux, une spectaculaire
percée du cinéma italien, et,
en France - porté à bout de bras
par les jeunes critiques macmahoniens qui découvrent
Freda et Cottafavi -, une véritable révolution
culturelle !
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Si toutefois nombre d'amateurs inclineront à
préférer, sans doute à cause
du glissement de celui-ci du mythologique vers le
fantastique, le second volet de la saga concoctée
par Pietro Francisci, Hercule et la Reine de
Lydie, Les Travaux d'Hercule resteront dans les
mémoires comme le premier «muscle opera»,
projetant ainsi au firmament des stars populaires
le body builder américain Steve
Reeves figure éminemment noble et sympathique,
en attendant l'arrivée à Cinecittà
de Mark Forest, Reg Park, Kirk Morris et autres Dan
Vadis appelés à la rescousse. Ce sera
également le premier péplum franco-italien
tourné en Dyaliscope pour la Lux Film (1)
(deux ans plus tôt, les mêmes producteurs
avaient tourné encore en format
standard, Ulysse (2),
avec Kirk Douglas).
(1) I Fatiche di Ercole
est une coproduction O.S.C.A.R. Film et Galatea, mais
distribuée par la Lux.
(2) Les décors créés
par Flavio Mogherini pour Ulysse resserviront
du reste pour Les Travaux d'Hercule. |
8.
Les gladiateurs (Delmer Daves,
EU - 1954. Avec Victor Mature, Susan Hayward, Jay
Robinson, Michael Rennie) / 97' [DVD 9] (en kiosque
en France : 18 novembre 2004)
Démétrius, l'esclave grec du tribun
Gallio, a conservé la Tunique du Christ, gagnée
aux dés par son maître. Après
l'exécution de celui-ci à Rome, Démétrius
est condamné à affronter un tigre dans
l'arène. Sa vaillance le fait plébisciter
par les prétoriens. Mais la sensuelle Messaline
va éprouver sa foi chrétienne. Et Démétrius
devra également se garder de la folie mégalomane
de Caligula qui croit au pouvoir magique de la précieuse
relique chrétienne supposée faire de
lui un dieu.
La suite du film La Tunique (mais pas du
roman de Lloyd C. Douglas qui ne traite pas des aventures
postérieures de Démétrius). Les
scénaristes en remettent une couche, imaginant
Caligula (CLICK
et CLICK)
persécutant les chrétiens dès
37 de n.E. ! Ce fut pour Jay Robinson l'occasion d'une
composition hallucinante, le rôle de sa vie,
qui soutient la comparaison avec Peter Ustinov-Néron
dans Quo Vadis, mais sans le plagier. Quant
à la Tunique du Christ, qui était sans
couture et symbole de l'unité de l'Eglise,
elle fait partie de ces innombrables reliques comme
la vraie croix, les clous, la lance du centurion Longin,
le suaire de Turin, la coupe de la dernière
Cène (le Saint Graal) qui cristallisèrent
la piété chrétienne. Romancier
à succès, Lloyd C. Douglas a raconté
que l'idée du roman lui vint d'une question
posée par une lectrice, Hazel McCann, qui l'amena
à imaginer de toutes pièces l'histoire
de cette tunique gagnée aux dés (les
légionnaires romains avaient coutume de se
partager les effets des condamnés à
mort, les pannicularia). Mais cette Tunique
existe bel et bien et est actuellement conservée
dans un monastère en France, à Argenteuil,
où elle faillit être détruite
sous la Terreur, et a été exposée
au public en 1934 et en 1984 - en fait il y en existe
plusieurs dont celle de Gemia (Asie Mineure), Safed
(Palestine) et Trèves (Allemagne). Après
tout, Celui qui avait don d'ubiquité pouvait
aussi avoir plusieurs tuniques pour la vénération
de ses fidèles... |
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7.
La Tunique (Henry Koster, EU
- 1953. Avec Richard Burton, Jean Simmons, Victor
Mature, Jay Robinson) / 128' [DVD 9] Format 2.55 -
Ecran 16/9 Compatible 4/3 (en kiosque en France
: 4 novembre 2004)
En soutenant les enchères contre lui, le
tribun Marcellus Gallio a gravement offensé
l'héritier présomptif de l'empereur
Tibère, le prince Caligula. Ainsi l'officier
romain fit l'acquisition de l'esclave grec Démétrius.
Pour le punir de cet affront, Caligula le fait envoyer
en garnison en Palestine. Il fait ainsi d'une pierre
deux coups, éloignant celui qui est son rival
dans le cur de la belle Diane, dont il aimerait
faire son impératrice. A Jérusalem,
le tribun Gallio doit procéder à la
crucifixion d'un charpentier juif, condamné
par Ponce Pilate. Expérience plus que perturbante
pour le jeune homme qui tout doucement sombre dans
la folie...
Tiré du roman de Lloyd C. Douglas publié
en 1945. Produit par la 20th Century-Fox, La Tunique
fut le premier film en CinémaScope. Ce nouveau
procédé exploitait les lentilles hypergonar,
inventées par un Français - le professeur
Henri Chrétien - qui doublait le champ de vision
en comprimant (anamorphose) l'image sur une pellicule
35 mm. L'écran large de 22 mètres, où
évoluent 7.000 figurants, était la réponse
d'Hollywood à la concurrence du petit écran
TV; toutefois, nombre de cinéastes éprouveront
quelque difficulté à remplir cet écran
démesuré !
Roman édifiant plutôt qu'historique,
La Tunique, comme sa version filmique, reprenait
l'idée selon laquelle l'empereur Tibère
aurait eu connaissance de la crucifixion du Christ
et, passionné d'ésotérisme («authentique»,
comme aurait dit l'Oncle Paul), se serait informé
de son message (ceci est moins évident !) et
même aurait rappelé à l'ordre
son préfet Ponce Pilate - mais là nous
sortons du film pour entrer dans l'hagiographie !
La Tunique a remporté 3 Oscars, en 1953
: Meilleurs costumes, Meilleure direction artistique,
Meilleurs décors. |
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6.
Le Colosse de Rhodes (Sergio
Leone, IT - 1960. Avec Rory Calhoun, Georges Marchal,
Lea Massari) / 122' VF - 140' VIt [DVD 9] (en
kiosque en France : 21 octobre 2004)
En visite à Rhodes chez son cousin Lysippe,
le général athénien Darius assiste
à l'inauguration d'une statue colossale haute
de quelque cent vingt mètres (1),
à l'effigie du dieu soleil protecteur de l'île.
La Septième merveille du Monde (2).
C'est, en réalité, une machine de guerre
destinée à protéger le port de
Rhodes, alors la plus grande puissance maritime de
la Méditerranée orientale, contre une
attaque de ses ennemis, les Phéniciens. Le
crâne s'ouvre, démasquant de puissantes
catapultes, tandis que les mains déversent
du plomb en fusion sur les trirèmes qui tentent
de se faufiler entre ses jambes apostées de
part et d'autre du goulet d'entrée.
Mais la révolte gronde parmi le peuple, lassé
de la tyrannie de Xerxès (il ne s'agit pas
du Grand Roi de Perse, mais du despote local, que
certains synopsis nomment d'ailleurs Thérion
ou Thar), tandis que dans l'ombre des traîtres
s'apprêtent à livrer l'île aux
Phéniciens, qu'ils ont introduits dans le Colosse...
Mille ans d'histoire rhodienne sont synthétisés
dans ce film que Sergio Leone voulut iconoclaste,
au grand désespoir de ses producteurs ! Les
fresques minoennes y côtoient le chef d'uvre
de la statuaire hellénistique, uvre de
Charès de Lindos, tandis que la rivalité
des Achéens et des Phéniciens nous renvoie
aux poèmes d'Homère (au temps du Colosse,
Rhodes était l'arbitre qui faisait la différence
entre les deux grandes puissances, la Macédoine
antigonide et l'Egypte ptolémaïque). Le
Colosse historique n'enjambait probablement pas l'entrée
du port et sa hauteur ne devait pas excéder
les 30 mètres. Il avait été construit
avec les matériaux récupérés
du matériel de siège abandonné
par Démétrios le Poliorcète,
qui avait vainement assiégé la ville
en 305. Rhodes avait été défendue
par un précurseur d'Archimède, l'ingénieur
Diognète, et il semble que la grande hélépole
(tour de siège) qui devait prendre la ville
servit d'échafaudage aux constructeurs du Colosse.
De là à faire de lui la machine de guerre
elle-même, il n'y avait qu'un pas, que Leone
franchit avec allégresse. La construction du
Colosse dura douze ans; il fut inauguré en
-280 et fut jeté bas 56 ans plus tard par un
tremblement de terre (en -224).
Scènes coupées inédites.
Interviews de Claude Aziza (historien) et Noël
Simsolo (journaliste). Bande-annonce, Filmo etc.
(1) Le Phare d'Alexandrie
mesurait 135 m de haut.
(2) Décrites par Philon
de Byzance dans De Septem orbis spectaculis.
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5.
La chute de l'Empire romain
(Anthony Mann, EU - 1965. Avec Stephen Boyd, Sophia
Loren, Christopher Plummer, Alec Guinness, James Mason)
/ 170' [DVD 9] (en kiosque en France : 7 octobre
2004)
Sentant la mort approcher, l'empereur
Marc Aurèle désigne pour successeur
son meilleur général, C. Livius Metellus.
Mais son fils Commode n'accepte pas ce choix et fait
assassiner son père avant de s'emparer du trône
impérial. C'est pour Rome le début d'une
période troublée qui annoncera son déclin...
Il s'agissait, pour le scénariste, de porter
à l'écran la thèse d'Edward Gibbon
(Histoire du déclin et de la chute de l'Empire
romain (1776-1788), deux volumes dans la collection
«Bouquins» de Robert Laffont (1983), le
second étant consacré à Byzance),
un ouvrage qui, dans le monde anglo-saxon, était
presque aussi populaire que la Bible. En tout cas,
une des plus belles uchronies du péplum hollywoodien
: que se serait-il passé si... Si Marc Aurèle
avait respecté la règle des Antonins,
se choisir pour successeur un collaborateur compétent,
au lieu de - ce qu'il fit, en vérité
- léguer l'empire au membre de la famille le
plus proche, à savoir son fils, Commode, un
dégénéré. Bon, les amis,
ce ne fut pas si simple - visitez le site associé
LES EMPEREURS ROMAINS, Marc
Aurèle et Commode
- et un philosophe français de la seconde moitié
du XIXe s., Charles Renouvier (*),
l'inventeur du concept de l'uchronie, s'interrogea
longuement sur ce qu'aurait pu de nos jours devenir
le monde romain si un collaborateur énergique,
tel Avidius Cassius, s'était emparé
des leviers de l'Empire au lieu de les laisser entre
les mains de l'inutile Commode. De ce film, qui fut
le premier jet de Gladiator, on retiendra -
outre l'excellente prestation de Christopher Plummer
(«Entendez-vous les dieux rire ?») -
la magnifique reconstitution du Forum Romanum,
dans sa version du IVe s. Anachronisme ? Oui. Mais
tout de même, c'est quelque chose !
(*) Charles
Renouvier, Uchronie (1876), Fayard, coll. «Corpus
des uvres de philosophie en langue française,
1988. |
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4.
Alexandre le Grand
(Robert Rossen, EU - 1956. Avec Richard
Burton, Fredric March, Claire Bloom) / 130' [DVD 9]
(en kiosque en France : 23 septembre 2004)
L'épopée de celui qui fut «le
nouvel Achille», le légendaire Alexandre
III, dit «le Grand», l'élève
du grand Aristote, le philosophe qui au long de notre
Moyen-Age resta l'incontournable référence
scientifique. Né en 356 av. n.E., le fils de
Philippe II de Macédoine assura au monde grec
sa plus grande extension en conquérant l'Empire
perse où il prôna la tolérance
et le respect de tout un chacun (politique, politique
! mais quand même...), et en jettant les fondements
d'une civilisation nouvelle : la civilisation hellénistique.
Il mourrut de malaria [ou assassiné par des
émissaires carthaginois, inquiets de son expansion
possible vers l'ouest] à Babylone, à
l'âge de 33 ans - âge qui plus tard sera
considéré comme celui du Messie !
Superbe musique de Mario Nascimbene, et géniales
prestations de Fredric March (en nos oreilles résonneront
toujours sa tirade [il danse, ivre, sur les cadavres
des vaincus de Coronée, en chantant] :
«Philippe le Barbare, Philippe le Barbare !
Philippe le Barbare danse sur vos morts, Athéniens
aux belles manières !... Euh ! Alexandre...
je crois que j'ai un peu trop bu !», mais
aussi de Peter «Dr Frankenstein-Van Helsing»
Cushing en commandant de mercenaires et, bien sûr,
de Richard Burton en blonde perruque oxygénée.
Robert Rossen, maître du film noir (Oscar 1949
pour Les fous du roi) et producteur indépendant,
se livre à une réflexion sur le pouvoir
absolu et raciste (Aristote, prégénérique
: «Les Barbares sont nés esclaves,
et destinés à être dominés
par les Grecs», sur fond de phalange s'avançant,
menaçante, derrière ses boucliers frappés
de l'étoile... macédonienne - à
défaut d'une autre - donne à réfléchir,
non ?... A l'époque, les Barbares, c'étaient
les Soviets de la Guerre Froide; maintenant c'est
autre chose, mais toujours à l'Est, demandez
à G.W. Bush qu'il vous fasse une petit dessin
!
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Reste que condenser
l'histoire - même brève, comme celle
d'Alexandre -, relève toujours du défi
scénaristique. Ainsi l'orateur ESCHINE (ca.
390-ca. 314), se tournant vers un personnage qu'il
montre du doigt, s'écrie : «La guerre,
voilà ce que veut Démosthène.»
Plan sur DÉMOSTHÈNE (384-322) en
contrebas de l'orateur, vêtu d'une tunique sobre
et noire et qui tend les bras :«Que ne me
fera-t-on dire ?» Le dialogue commence alors
: ESCHINE : Tu as raison, je te fais dire la vérité.
C'est le seul moyen. (Plan d'ensemble sur le public
qui s'exclame.) DÉMOSTHÈNE : Ton
public est parfait. Philippe en a pour son argent.
Je veux des armes et un budget. ESCHINE : Que
ne dis-tu des hommes et du sang ? DÉMOSTHÈNE
: S'il le faut. Soit. Des hommes et du sang. ESCHINE
: Du sang athénien ? DÉMOSTHÈNE
: Pour sauver Athènes. (Plan d'ensemble
sur la foule.) ESCHINE : Mais pas Olynthe ? DÉMOSTHÈNE
: Si les barbares prennent Olynthe, qui sauvera Athènes
? ESCHINE : La paix. DÉMOSTHÈNE
(Monte sur le podium) : Athéniens, y a-t-il
des fous parmi vous ? (Plan sur le public. Un ATHÉNIEN
[gras, petite moustache] :) Pour vivre ? Je suis
fou, fou à lier ! (Rire général.
Plan d'ensemble sur la foule composée d'hommes
[dont certains sont en armes] et de femmes.) DÉMOSTHÈNE
: Y a-t-il ici des gens sensés, prêts
à débattre de la guerre ou de la paix
? (Plan sur un PERSONNAGE :) Qui se battra
? Toi ou nous ? DÉMOSTHÈNE :
Sers-tu ta patrie ou l'or de Philippe ? (Protestations
indignées; des doigts font signe que non.)
DÉMOSTHÈNE : Il nous a déclaré
la guerre, en rasant une cité grecque. A chaque
conquête en Grèce, il persiste à
parler de paix. (Plan général sur
des soldats.) DÉMOSTHÈNE : Quelle
honte de l'avoir vu faire (le plan sur les soldats
se poursuit) sans jamais protester contre sa barbarie
(des cavaliers arrivent). Etes-vous aveugles,
ne voyez-vous pas son plan de conquête, ville
après ville, Etat après Etat, par la
corruption (un soldat que l'on devine être
Philippe enlève son casque), la trahison
et la force ? (Plan sur une ville en flammes.)
La séquence, qui se termine ici, est
suivie d'une scène de camp où l'on vient
annoncer à Philippe la naissance d'un fils,
Alexandre né en 356, nous l'avons dit. Cette
scène - commente Claude Aziza - «appelle
un certain nombre de rectifications historiques. Si
en 356 Philippe a bien conquis Amphipolis, Pydna et
Potidée, ce n'est qu'au printemps 349 que Démosthène
prononce sa Première Olynthienne (il
y en aura trois dans la même année) à
laquelle se réfère explicitement la
séquence. Il a prononcé en 351 sa Première
Philippique (la Deuxième le sera
en 344). En 356, Démosthène vient à
peine d'entrer dans la vie politique ou va y entrer.
Quant à Eschine, il compte alors parmi les
plus farouches opposants à Philippe. Les choses
ne se modifieront que plus tard, sans doute après
346 (paix de Philocrate). Rappelons pour mémoire
qu'il sera exilé en 330 après le fameux
discours de son rival, Sur la couronne (330).
Il ne faut donc pas voir ici un compte rendu fidèle
et précis des rivalités et disputes
athéniennes entre adversaires et amis de Philippe,
mais plutôt une espèce de digest
emblématique composé de plusieurs éléments
: le décor à la grecque, la démocratie
à la grecque (notons cependant la présence
étonnante de femmes à ce qui ressemble
à une assemblée du peuple) et le duel
(à la façon des procès dont les
Américains sont si friands au cinéma)
entre deux «ténors» du barreau
antique...
Si l'on sait par ailleurs que le film se veut une
méditation sur l'échec de l'idéalisme
en politique et sur la victoire de la corruption,
on comprend mieux quel est le rôle - que l'Histoire
ne dément pas - attribué à chacun
des deux orateurs. L'homme honnête tout de noir
vêtu face au corrompu richement orné...»
Merci Claude. C'était donc, cher visiteur,
«La séquence du professeur» ! A
vous les Studios !
... N'empêche qu'on attend avec impatience l'Alexandre
le Grand d'Oliver Stone, avec Colin Farrell,
dont la sortie est imminente (novembre 2004 ?), et
dont certains
«visuels» sont assez étonnants
comme celui qui montre jaune et rouge, largement déployée,
l'actuelle bannière de la Macédoine
ex-yougoslave. Je suis, moi aussi, très amateur
de slivovitz, mais quand même faudrait arrêter
de déconner, les gars ! En attendant Oliver
Stone repassons-nous le DVD de la collection «Les
Plus Grands Péplums» ! |
3.
Cléopâtre
(Joseph Mankiewicz, EU 1962.
Avec Elizabeth Taylor, Richard Burton, Rex Harrison)
/ 239 ' (en kiosque en France : 9 septembre 2004)
Ayant défait à Philippes son rival
Pompée, Jules César traque celui-ci
jusqu'en Alexandrie d'Egypte où il lui faut
arbitrer le conflit opposant le jeune Ptolémée
XVI, descendant dégénéré
d'une dynastie ravagée par la consanguinité,
et sa sur l'ambitieuse, intelligente et belle
Cléopâtre VII. Cléopâtre
devient la maîtresse du vieux baroudeur romain,
et lui donne un fils, Césarion. Mais les ambitions
dynastiques du proconsul, devenu dictateur, froisse
le sentiment républicain des Romains. César
tombe sous les poignards des conspirateurs, laissant
ouvertes deux nouvelles guerres civiles opposant d'abord
ses «héritiers» Marc Antoine,
son bras droit, et Octave, son fils adoptif
unis contre ses meurtriers Brutus et Cassius, puis
ces mêmes héritiers opposés entre
eux.
Elizabeth Taylor, Richard Burton et Rex Harrisson
donnent le meilleur d'eux-mêmes dans cette superproduction
(qui ruina la 20th Century-Fox), méditation
sur le pouvoir et la trahison. Mais aussi, à
notre avis, surtout une très belle histoire
d'amour compliquée par la politique, oscillant
entre Bernard Shaw (1ère partie) et William
Shakespeare (2e partie). L'inoubliable portrait d'une
femme de toute beauté dans le film,
du moins qui réussit à séduire
les deux plus grands guerriers de Rome.
Les frasques des protagonistes historiques à
l'écran étaient en coulisses prolongées
par celles du couple des monstres sacrés Taylor-Burton,
qui fit les délices des paparazzi. Le film
remporta les Oscars de la Meilleure photographie,
Meilleure direction artistique, Meilleurs costumes,
Meilleurs décors et Meilleurs effets spéciaux. |
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2.
Ulysse (Mario Camerini, IT 1957.
Avec Kirk Douglas, Silvana Mangano, Anthony Quinn)
/ 99' (en kiosque en France : 26 août 2004)
Rentrant de la guerre de Troie, Ulysse entreprend
un périlleux voyage que chantera Homère
dans L'Odyssée. Il lui faudra résister
au chant des sirènes, rencontrer Circé,
la terrible magicienne, et éborgner de cyclope
Polyphème, au fond de sa grotte.
Le retour dans sa chère Ithaque sera source
d'une nouvelle série d'épreuves, car
c'est une série corrompue par la débauche
et les orgies des prétendants, courtisant son
épouse Pénélope, qu'il découvrira.
Avec l'aide d'Athéna et sous les haillons d'un
mendiant, il entreprendra alors de reconquérir
son trône...
Après des prolégomènes posés
par Riccardo Freda («La Reine de Saba»,
1951; «Spartacus», 1952 et «Théodora,
Impératrice de Byzance», 1953), l'«Ulysse»
de Camerini va poser les bases du péplum mythologique
italien tenu sur les fonts baptismaux par Dino De
Laurentiis et Carlo Ponti, et les décors de
Flavio Mogherini resserviront pour «Les Travaux
d'Hercule» (1957) de Pietro Francisci et sa
suite «Hercule et la reine de Lydie» (1958).
A noter la dimension psychanalytique introduite par
cette version, où Silvana Mangano incarne à
la fois la fidèle épouse Pénélope
et la perfide tentatrice Circé. |
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1.
Ben Hur (William Wyler, EU 1959.
Avec Charlton Heston, Stephen Boyd) / 214' (en
kiosque en France : 12 août 2004)
Le tribun Messala revient à Jérusalem,
où il a été élevé,
avec la charge d'y assurer l'ordre public. Son ami
d'enfance, le prince Judas Ben Hur, va s'opposer à
l'intolérance des Romains, connaîtra
l'esclavage, les galères, verra sa mère
et sa sur emprisonnées contracter la
lèpre. Mais surtout, il rencontrera Jésus-Christ...
et, petite satisfaction personnelle, triomphera de
son ennemi dans une course de chars qui reste un sommet
dans l'art cinématographique (elle a été
tournée en temps réel) !
Le film qui renfloua la M.G.M., remake d'une première
version M.G.M. tournée en 1925 par Fred Niblo
(sur cette version muette, William Wyler avait été
assistant), tiré d'un roman du général
Lewis Wallace (1880), héros de la Guerre de
Sécession. Onze Oscars (pour douze nominations)
en 1960, dont ceux du Meilleur Film, Meilleure Mise
en Scène, Meilleur Acteur (Charlton Heston),
Meilleure Prise de vues, Meilleurs Effets Spéciaux,
Meilleur Second Rôle Masculin sans oublier celui
de la Meilleure Musique de film (Miklos Rozsa). |
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Les Editions Fabbri, bien connues par
leurs populaires collections de DVD accompagnés d'une brochure
explicative et largement diffusées chez les marchands de
journaux et dans les kiosques, viennent de lancer, jeudi 12 août
2004, à grand renfort de publicité à la télévision,
une nouvelle série, Les plus grands péplums en
DVD.
1. Ben
Hur (William Wyler, 1959)
2. Ulysse (Mario Camerini, 1954)
3. Cléopâtre (Joseph
Mankiewicz, 1962
4. Alexandre le Grand (Robert Rossen,
1956)
5. La chute de l'Empire romain
(Anthony Mann, 1965)
6. Le Colosse de Rhodes (Sergio
Leone, 1960)
7. La Tunique (Henry Koster, 1953)
8. Les Gladiateurs (Delmer Daves,
1954)
9. Les travaux d'Hercule (Pietro
Francisci, 1957)
10. La Bible (John Huston, 1964)
11. La
guerre de Troie (Giorgio Ferroni, 1961)
12. Messaline
(Vittorio Cottafavi, 1959)
13. Les
derniers jours d'Herculanum (Gianfranco Parolini,
1962)
14. Hercule
à la conquête de l'Atlantide (Vittorio
Cottafavi, 1961)
15. Salammbô
(Sergio Grieco, 1959)
16. Hercule
et la reine de Lydie
17. Les
derniers jours de Pompéi
18. Nefertiti
reine du Nil
19. Hercule
se déchaîne
20. L'enlèvement
des Sabines
21. Carthage
en flammes
22. Le triomphe
d'Hercule
23. Les Horaces
et les Curiaces
24. La vengeance
d'Hercule
25. Maciste
contre les hommes de pierre
26. Jules César,
conquérant de la Gaule
27. Deux
Nuits avec Cléopâtre
28. Samson
contre Hercule
29. Maciste
et les Filles de la Vallée
30. Le Colosse
de Rome
31. Spartacus
et les dix gladiateurs
32. Hercule
contre les mercenaires
33. La Vallée
des Pharaons
34. Les légions
de Cléopâtre
35. Hercule
contre Moloch
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Le rythme de parution
annoncé est de un DVD tous les quinze jours, le jeudi.
Le n° 1 est proposé au prix
promotionnel de EUR 4,50; les 2 et 3 au prix de EUR 9,90
chacun. La collection passera ensuite à sa vitesse
de croisière et au prix de EUR 14,90 l'unité. |
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Certains de ces titres sont identiques à l'édition
déjà dans le commerce (ils contiennent les mêmes
bonus - ainsi le DVD de Ben Hur est identique à
l'édition «Gold Collection Classic» de la Warner),
d'autres sont inédits en DVD et semblent être des
reprises de collections vidéo.
Le choix des titres est très intéressant et bien
équilibré entre les superprodes et les petits nanars,
joyaux du cinéma-bis.
Il est possible de s'abonner à la collection, avec différents
cadeaux à la clé (stylo, montre-bracelet, et aussi
le DVD du docu-fiction BBC de Peter Nicolson, Le dernier jour
de Pompéi, 2003).
L'offre est pour l'instant réservée à la
France métropolitaine (bonjour, l'Europe !) mais la collection
sera ultérieurement diffusée en Belgique et au Canada
- à une date encore non précisée.
Précisons que le présent site PEPLVM - IMAGES DE
L'ANTIQUITÉ n'a rien à voir avec les Editions Fabbri.
Nous ne sommes ni les éditeurs ni les diffuseurs de cette
collection de DVD. Inutile donc de nous envoyer les e-mails pour
vous abonner-désabonner ou réclamer. Vous toquez
à la mauvaise porte ! Pour tout contact avec l'éditeur
vous vous adresserez donc à :
Editions FABBRI
87, quai Panhard et Levassor
75647 PARIS Cedex 13
Tél : 33 (1) 56 77 02 27
Fax : 33 (1) 56 77 02 30
FRANCE (service clientèle et abonnements)
SAFIG/Les Plus Grands Péplums en DVD
BP 1813 - F 77018 MELUN
Tél. : 01.60.56.60.56
Distribution : NMPP
BELGIQUE (service clientèle et abonnements)
FABBRI
avenue François Malherbe 42 - B 1070 BRUXELLES
Tél. : (02) 555.04.25
Fax : (02) 522.02.35
Distribution : AMP
CANADA (service clientèle et abonnements)
EXPRESSMAG
8155 rue Larrey - HIJ 2L5 Anjou (QC) Canada
Tél. : (514) 355.33.33 ou 1-800-363 13 10
Fax : (514) 355.33.32
E-mail : expsmag@expressmag.com
Distribution : LMPI
Fabbri-Italie a elle aussi une collection consacrée
au péplum, KOLOSSAL. Les titres de la collection italienne
ne sont pas les mêmes qu'en France, sans doute pour une
question de disponibilité de copies en version française.
Si vous pratiquez la langue de Benvenuto Cellini et de Vittorio
Cottafavi, allez leur rendre visite : www.edicolafabbri.it
(Nos voeux de succès
accompagnent la collection Fabbri. Rappelons que DelPrado, Les
Grands Classiques du Cinéma, après nous avoir
l'an passé alléchés avec son nØ 3 Cléopâtre,
s'interrompit par un beau jour, laissant en plan les amateurs
qui guettaient la sortie des Gladiateurs (1954) annoncés.)
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