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TOUTES
LES RECENSIONS : CLICK |
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00/09/2012
Claude AZIZA, Toi Tarzan, moi fan,
Klincksieck éd., coll. «50 questions»,
166 p.
À l'occasion du centenaire de Tarzan (créé
en 1912), Claude Aziza sort coup sur coup deux volumes relatifs
au Seigneur de la Jungle : La légende de Tarzan
(Click) et Toi Tarzan, moi fan.
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Si vous pensez que Tarzan est un type à moitié
nu qui saute de liane en liane dans une jungle de pacotille,
vous avez tout faux. Si vous croyez que Tarzan a les traits
- un brin exotiques - de Johnny Weissmuller ou ceux - un brin
benêt - de Christophe Lambert, vous avez encore tout faux.
Si vous vous imaginez Tarzan en couleurs et en vignettes, vous
avez encore et toujours tout faux. Alors c'est quoi Tarzan ?
D'abord et avant tout, un robuste centenaire qui a vu le jour
en 1912 sous la plume - imaginative - d'un certain Edgar Rice
Burroughs. Bref, c'est un personnage littéraire.
Qu'il soit devenu un mythe, c'est une évidence. Que le
cinéma et la BD l'aient rendu célèbre dans
le monde entier, c'est certain. Mais il est des célébrités
qui tuent ! On a oublié le héros d'une quarantaine
de romans et nouvelles. Ce héros, on va tenter dans ce
petit livre d'en cerner la vie, les aventures, les amours, le
caractère. Bref, on va oublier, le temps de quelques
pages, le fameux cri et les dialogues cinématographiques
qui n'ont jamais été prononcés. Ici, c'est
le seul, le vrai Tarzan qui aura les honneurs.
Comme dit ci-dessus, Claude Aziza s'intéresse ici principalement
au personnage littéraire imaginé en 1912 par ERB
[Edgar Rice Burroughs, pour les non-initiés]. A priori,
dans un site dévoué à l'image de l'Antiquité,
on pourrait s'étonner d'y voir recensé un(des)
ouvrage(s) sur Tarzan des Grands singes, ce curieux produit
du darwinisme social (un aristocrate de bonne race l'emporte
tout naturellement sur la brute animale et autres inférieurs),
qui eut son heure de gloire au début du XXe s. Du darwinisme
social, et bien sûr du darwinisme tout court car, à
l'heure de L'Evolution des espèces (1859) où
l'on commençait à s'interroger sur la possible
parenté des hominiens avec les simiens, toutes sortes
de répercussions proliférèrent dans la
littérature dite «populaire» - du Saturnin
Farandoul (1879) de Robida au Balaoô (1911)
de Gaston Leroux, en passant par Jules Verne (Bratar,
1887 et Le village aérien, 1901) - rien qu'en
France. Mais aussi dans les pays anglo-saxons, bien entendu.
Le débat n'était certes pas innocent, cependant
qu'en réaction le Créationisme biblique fourbissait
ses baïonnettes, comme en témoignait voici vingt
ans encore le beau film de Ronald F. Maxwell, Gettysburg
(1993). Expression du Vieux Sud profond, le major-général
Pickett y apostrophait ironiquement un collègue plus
progressiste : «Je vous défie de prétendre
que le général Lee descend d'un singe !»
Il est clair qu'un déférent officier confédéré
n'aurait su professer une opinion aussi saugrenue à propos
du général le plus adulé de toute l'histoire
des États-Unis !
(L'obscurantisme Créationiste n'a pas fini de faire des
ravages, comme on peut encore le constater dans nos banlieues...)
Le héros sauvage
Depuis l'allaitement par une louve de Romulus et Rémus,
modèle revendiqué par ERB (1)
- ou une guenon dans le cas du Seigneur de la Jungle -, Tarzan
s'inscrit donc dans toute une lignée de héros
mythologiques. Un héros de péplums border-line,
en somme. Il connaîtra la gloire à l'écran
dans les années '20-'40, avant de céder la place
à Hercule, le Fils de Zeus ('50-'60), puis au Cimmérien
Conan (2)
('80). Sic transit gloria Mundi.
A la recherche des civilisations oubliées
The Land that Time Forgot (1917), The People that
Time Forgot (1918) et Out of Time's Abyss (1918)
: trois nouvelles d'ERB, emblématiques de sa quête
de mondes révolus ou lointains, de Pellucidar - dans
les entrailles de notre globe - aux Cités martiennes,
vénusiennes ou lunaires... Mais revenons sur Terre. Pour
notre part, ce qui nous plaît le plus chez Tarzan comme
chez Allan Quatermain de Rider Haggard, c'est leur capacité
à découvrir des civilisations disparues, voire
préhistoriques, dans une Afrique qui est en train de
s'ouvrir à la curiosité - intéressée,
bien sûr - de l'Homme Blanc. De 1874 à 1879, Sir
Henry Rider Haggard fut un haut fonctionnaire du Colonial Office,
qui ne devait quitter le continent africain qu'après
le désastre d'Isandhlwana au cours duquel une armée
britannique se fit exterminer par les Zoulous (22 janvier 1879).
De son côté en 1896, surveillant les Apaches dans
leur réserve, E.R. Burroughs servit brièvement
dans le fameux 7th Cavalry. Vingt années auparavant,
ce régiment s'était, avec Custer, fait massacrer
par les Sioux à Little Big Horn (26 juin 1876).
Sur le versant atlantique, les navigateurs de la Méditerranée
antique n'étaient pas descendus plus bas que le Sénégal...
ou peut-être le Congo. Pour leur part, les Romains avaient
aussi tenté de joindre l'Afrique sub-saharienne en empruntant
la «route des chars» des Garamantes, tentative sans
lendemain (3).
Et pas davantage de résultats concrets pour les remontées
du Nil en 24 av n.E. ou en 61 de n.E. Il faudra attendre 1865
et l'expédition de Richard Burton et John Hanning Speke
pour enfin découvrir les sources du Nil, dans les mythiques
«Monts de la Lune» : le lac Victoria (4).
Épique époque !
Au cours de ses aventures, le vieux coureur de pistes Allan
Quatermain retrouva Ophir et les mythiques Mines du roi Salomon
dont parle la Bible - justifiant du même coup l'antériorité
de la présence blanche/phénicienne dans l'Afrique
australe. Ceci non plus n'est pas innocent. Le régime
blanc de Prætoria en tira argument pour justifier l'Apartheid
(5).
Plus tard, c'est dans l'ultime vestige de l'Atlantide, Opar
(6),
que Tarzan porterait ses pas. Ophir, Opar ? Tiens, tiens...
Mais Tarzan croisera encore la fable grecque des Amazones et
des Pygmées : les Alali, qui ne possèdent aucun
langage articulé, sont des géantes qui par leur
taille dominent leurs esclaves mâles, et sont en guerre
contre des Pygmées de 15 centimètres, lesquels
chevauchent des antilopes naines. Comment ne pas songer à
certaines pages d'Hérodote ou de Diodore de Sicile ?
(Tarzan et les Hommes-Fourmis / Tarzan and the Ant Men,
1924). Telle vallée perdue est habitée par des
descendants de compagnons de Richard Cur-de-Lion, depuis
la Troisième croisade égarés en cette contrée
de l'Afrique noire (Tarzan et les Croisés / Tarzan,
Lord of the Jungle, 1927/1928). Dans Tarzan triomphe,
notre héros retrouve en Abyssinie le peuple des Midians
- cités dans l'Exode - dirigés par des
fanatiques religieux descendants de... Paul de Tarse (Tarzan
Triumphant, 1931/1932). La même année, Tarzan
découvre encore la Cité de l'Or, une prémycénienne
Cathné où règne la reine folle Némone
qui, telle la Grande-Mère Cybèle, conduit un char
attelé de lions. Ignorant le cheval, les cités
rivales Cathné et Athné recourent à des
éléphants et des lions de guerre (Tarzan and
the City of Gold, 1932).
Amplifiant les romans
tout en demeurant dans leur logique, la BD prête
d'autres aventures au Seigneur de la Jungle. Ici,
dessiné par Burne Hogarth, Tarzan rencontre
les Ononos, un cruel peuple de poussahs dont le
physique se borne à une énorme tête
où s'emmanchent directement les bras (extr.
de «Tarzan et les Ononos», L'Intégrale
Tarzan, Soleil, t. 7). Le genre d'individus
que Grecs et Romains imaginaient vivre aux confins
du monde connu. Ainsi Pline l'Ancien - citant Ctésias,
Mégasthène, Aristote etc. - parle
des monocoles ou sciapodes qui ne
possèdent qu'un seul pied, mais tellement
large qu'il s'en servent comme parasol (PLINE, H.N.,
VII, 16) et autres peuples non moins bizarres :
les blemmyes (ou blemyes) sont des
hommes dont le visage se trouve au milieu de la
poitrine - «près d'eux, à
l'Occident, se trouvent d'autres hommes qui, privés
de cou, ont les yeux dans les épaules»
(PLINE, VII, 16) - en somme, ils sont très
proches des «Ononos». Aussi des catharcludes
satyres d'une incroyable agilité, des choromandes
hommes à crocs de chien (PLINE, H.N.,
VII, 16-25), quand ce ne sont des lions à
tête humaine (les manticore [ou marticores],
probablement les tigres) (PLINE, H.N., VIII,
3).
Ces catalogues fabuleux ont nourri les Bestiaires
du Moyen Age et, au-delà, des utopies comme
Les Voyages de Gulliver de Swift (1721) lorsqu'il
parle des nains de Lilliput, des géants de
Brobdingnag ou des chevaux savants d'Houyhnhnms..
Dans Le Livre des
Merveilles (XVe s.), les blemmyes ont
le visage au milieu de la poitrine. © Paris,
BNF (extr. Les Collections de l'Histoire,
n¡ 36, juillet-septembre 2007, p. 86)
De gauche à
droite, quelques habitants des contrées lointaines
: un sciapode avec son pied-parasol, un cyclope,
un bicéphale, un blémmye avec
le visage au milieu du torse et un homme à
tête de loup - Chronique de Sébastien
Munster (Bâle, 1544).
Dans la perspective mythologique qui était
la sienne, on ne saurait reprocher à Zack
Snyder d'avoir montré l'armée des
Barbares, c'est-à-dire les ennemis Perses,
puissante métaphore d'altérité,
comme une troupe de mutants dégénérés...
(extr. Roland Villeneuve, Le Musée de
la Bestialité, Veyrier, 1973, p. 69) |
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Tarzan et l'Empire romain
Mais l'une de ses plus étonnantes aventures restera Tarzan
et l'Empire oublié, également connu en français
sous les titres Tarzan s'évade ou Tarzan et
l'Empire romain. En l'an 848 de Rome (98 de n.E.), un préfet
nommé M. Crispus Sanguinarius à la tête
d'une cohorte de légionnaires déserteurs a fui
l'Empire pour fonder dans la région des grands lacs Castra
Sanguinarius - et plus tard Castrum mare, sa dissidente
- où Tarzan, qui a étudié le latin comme
tout bon jeune lord britannique, retrouvera des manuscrits perdus
de Virgile, Cicéron, César et Juvénal;
mais aussi descendra dans l'arène comme gladiateur (Tarzan
and the Lost Empire, 1928/1929).
Longtemps, le cinéma boudera ce dernier roman, peut-être
parce que dans les années '50 la décolonisation
avait rendues obsolètes ses déambulations de liane
en liane. Dans les années '60, en effet, l'Afrique passait
plutôt aux «actualités»... avec le
massacre de populations blanches dans des conditions de barbarie
inimaginables... Les quelques Tarzan tournés à
cette époque le feront voyager plutôt en Inde et
en Amérique Centrale ou du Sud.
Si l'épisode romain n'a que peu inspiré
les cinéastes, il a en tout cas stimulé
l'imagination des auteurs de BD |
Tarzanides à l'italienne
Il est à noter que, faisant flèche de tout bambou,
dans ces mêmes années '60 le péplum italien
ne s'était pas fait faute d'avoir essayé d'«absorber»
Tarzan : vrai passager clandestin du genre, Taur Roi de la
Force Brutale et sa suite Les Gladiatrices (1962),
avec dans le rôle-titre un Joe Robinson - déjà
vu en gladiateur dans Les Gladiateurs de Delmer Daves
- flanqué d'un comparse au teint d'ébonite, Harry
Baird, nous reportaient 12.000 ans avant n.E., élégante
façon d'évacuer le contexte politique ambiant.
Le distributeur eut des démêlés avec les
héritiers d'ERB en raison de l'exploitation abusive et
illégale de leur label. Le nom de «Tarzan»
disparut de l'affiche au profit de Taur,
mais demeura dans les dialogues (du moins en VF). De même
l'inénarrable Maciste contro I Tagliatori di Teste
(ou... Maciste e I Cacciatori di Teste), à qui
le brave Kirk Morris prêtait son athlétique silhouette.
Le film sortit en France et en Belgique sous le titre Tarzan
chez (contre) les Coupeurs de Têtes, mais devait connaître
en province française une seconde carrière sous
le titre Le Gladiateur contre les Coupeurs de Têtes.
Avec Tarzan contre les
Coupeurs de Têtes, qui se passe dans un lointain
passé protohistorique et dans une jungle amérindienne
d'opérette, le distributeur franco-belge Marbeuf
(Cosmopolis) détournait Maciste contro I Tagliatori
di Teste (Guido Malatesta, 1962). Attaqué en
justice par les ayants droit d'ERB, il rebaptisera prudemment
Taur «Le Roi de la Force Brutale», même
si dans le doublage VF de sa suite, Les Gladiatrices,
Taur (ainsi nommé dans la documentation de presse),
continuait de s'appeler «Tarzan» pour le plus
grand étonnement des spectateurs (Taur e le
Gladiatrici, Antonio Leonviolà, 1962)
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Ensuite, le cinéma transalpin commettra d'autres contre-façons
sous des noms détournés, comme Tarzak contro
gli Uomini-Leopardi / Sambo contre les Hommes-Léopards
(Carlo Veo, 1964), avec Ralph Hudson, Zan, Re della Jungla
/ Zan, Roi de la Jungle (Manuel Caño, 1968) avec
Steve Hawkes, quand ce ne sera pas un Karzan il Favoloso
Uomo della Giungla / Karzan le Maître de la Jungle
(Demofilo Fidani, 1972) avec un... Johnny Kissmüller jr.
(sic) dans le rôle-titre (7)
!
Puis le temps amène l'oubli...
Fin du second millénaire,
Tarzan désormais fleure bon un parfum de nostalgie rétro.
Disney en tire un dessin animé (1999). C'est donc la
sortie du purgatoire ?
Or dès 1996-1997, une nouvelle série-TV, Les
Aventures Fantastiques de Tarzan (Tarzan : The Epic Adventures)
était apparue sur les petits écrans avec Joe Lara
dans le rôle-titre. Un pilote de deux heures, suivi de
20 épisodes de 52', dont le second (ou le quatrième,
si l'on inclus le pilote), Tarzan and the Lost Legion
passa sur les petits écrans américains le 5 octobre
1996, avant que de débouler sur les téléviseurs
français de M6. Tarzan, au petit écran, découvrait
enfin l'Empire romain; ce n'était donc pas en vain qu'au
collège, en Angleterre, le jeune Lord Greystoke avait
peiné sur ses versions latines !
Signe des temps : Tarzan est en pagne et son black buddy
Themba, habillé à l'européenne, a étudié
à l'Université de Rome... l'histoire romaine et
le latin («Nos morituri te salutamus», articule-t-il
sans rire à Claudius, le tyran de Castrum Mare).
Donc Tarzan et Themba retrouvent les descendants d'une légion
romaine chargée d'assurer la sécurité du
fils de Marc Antoine et de Cléopâtre, que César
[Octavien ?] voulait faire périr. Lord Greystoke en pagne,
un peu idiot, et un Thema plutôt B.C.B.G. Les Dieux seraient-ils
tombés sur la tête (8)
? O Tempora, O Mores...
|
Mais peut-être aussi - dans sa vision déformée
par le prisme du «petit nègre» que le Seigneur
de la Jungle baragouinait dans le cinéma des années
'30-'40 - le public aurait-il éprouvé quelque
difficulté à imaginer le pauvre Johnny Weissmuller
parlant la langue de Cicéron ? «Ego Tarzan,
tibi Jane !» Imaginez un peu...
À noter que ERB avait,
à propos de Rome, commis un autre roman historique,
I am a Barbarian (1941) |
Michel Éloy
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Cinquante questions...
Positions et propositions
1. Tarzan ? Ah oui ! Celui qui saute de liane en liane à
moitié nu...
2. Un personnage de roman ? Première nouvelle. Vous êtes
sûr ?
3. Mais c'est qui cet Edgar Rice Burroughs ?
4. Il a écrit d'autres romans que Tarzan ?
5. Je vois. Il vient d'où ce Tarzan ?
6. Je crois que j'ai compris. Mais revenons à Tarzan,
si vous le voulez bien.
7. Mais la question des enfants sauvages ?
8. La mythologie, Kipling, d'accord. Mais il n'y pas d'autres
influences ?
9. Je compte : la mythologie, Kipling, le roman populaire. On
arrive au bout ?
10. Mais dites-moi, c'est courant, à l'époque,
de raconter des singeries ?
11. Et la science-fiction, elle existe déjà ?
12. Résumons. C'est quoi le monde littéraire et
cinématographique des années qui voient la naissance
de Tarzan ?
13. Soit. Mais commençons par le commencement. C'est
quoi, d'ailleurs, ce commencement ?
14. Mais pourquoi ERB ne s'est-il pas arrêté là
? Jusqu'où est-il allé ?
15. Une suite ? Comment Burroughs s'est-il débarrassé
de cet encombrant personnage ?
16. Vous dîtes ? Tant de romans et de nouvelles en trente
ans ? On pourrait presque écrire une vie de Tarzan...
Vous pourriez le faire, vous ?
17. Je comprends et partage un peu votre émotion. Mais
revenons en arrière et reprenons le fil de l'histoire
: un bébé chez des singes, soit. Mais quels singes
?
18. Mais enfin, il a grandi. Il n'a pas vu qu'il était
différent ?
19. Parlons de ses semblables. C'est quand son premier contact
et avec qui ? Des sauvages ou des civilisés ?
20. Ah bon ! Alors la première femme blanche et c'est
le coup de foudre, de bambou plutôt ?
21. Love story classique, avec happy end : une tendre épouse,
des bambins qui braillent, un home douillet, etc., etc. Métro,
boulot, dodo ?
22. Au fait, il est comment, le monde où vit Tarzan ?
Est-ce qu'on en trouve des échos dans les romans ?
23. C'est déjà un civilisé ou encore un
sauvage ?
24. Donc paternaliste. Un peu raciste sur les bords, peut-être
?
25. Mais peut-être aussi écolo avant la lettre,
non ?
26. Tarzan, c'est donc un père de famille qui vadrouille
tout le temps dans la jungle. Il semble qu'il y ait un problème...
27. Je vois. En somme, il y a deux Tarzan ?
28. Si je vous ai bien compris, l'un est un personnage et l'autre
est un héros ? Mais quelle est la différence ?
Et avec un mythe ?
29. Donc les mondes perdus, les vallées oubliées,
les cités hors du temps, ce sont les ingrédients
d'une néo-mythologie tarzanienne ?
30. Mais pourquoi donc les figures féminines sont-elles
dangereuses ?
31. Et au cinéma ? La petite maison dans la prairie,
Jane, Boy et Sheeta, c'est Hollywood ?
32. Mais pourquoi ERB n'a-t-il pas crié au scandale ?
33. Mais pourtant, il y a eu, dans ces années-là,
des films de jungle plus sulfureux, me semble-t-il...
34. ... et même certains qui flirtaient avec d'étranges
créatures, de grosses bêtes préhistoriques
ou autres monstres ?
35. Et les mondes perdus ?
36. Et, plus tard, la télé n'a pas corrigé
le tir ?
37 Pourtant, j'ai entendu parler d'un film que tout le monde
a trouvé génial.
38. Si je comprends bien, vous préférez Johnny
Weissmuller à Christophe Lambert ?
39. Mais pourquoi Johnny Weissmuller et pas un autre ?
40. Je crois qu'il y a un Tarzan qui a tourné aussi des
péplums ? Vous savez, ces films d'un mauvais genre...
41. Au fait, les romans étaient-ils illustrés
?
42. Donc BD. Mais depuis quand et avec quels dessinateurs ?
43. C'est compliqué vos histoires de BD ! C'est quoi,
ces recueils ?
44. Bon. Mais est-ce que pour la BD, comme pour le cinéma,
il y a des dessinateurs qui ont donné une version originale
des aventures de Tarzan ?
45. Et en dehors des romans, films BD, où retrouve-t-on
Tarzan ?
46. Avec un tel succès, beaucoup d'imitations, j'imagine
?
47. Comment ! On a osé ?
48. Mais revenons au seul, au vrai Tarzan. Pourquoi a-t-il subi
une si longue éclipse ?
49. C'est bizarre. À vous lire on a l'impression que
Tarzan a vraiment existé...
50. Mais pour vous ?
Bibliographie |
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Edgar
Rice BURROUGHS, La Légende de Tarzan,
Éditions Omnibus
Préface et abécédaire de Claude AZIZA (couv.
: dessin de Burne Hogarth), 1.161 p.
Après la récente «Encyclopédie
Tarzan» de Michel Vannereux, voici la réédition
des cinq premiers romans de la série, soit : Tarzan,
seigneur de la jungle - Le Retour de Tarzan - Tarzan et ses
fauves - Le Fils de Tarzan - Tarzan et les joyaux d'Opar.
|
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C'est l'occasion de relire le
début de cette immense saga, laquelle ne compte pas
moins d'une bonne vingtaine de romans, sans compter les
nouvelles, les apocryphes ou les pastiches. Contrairement
aux autres cycles du Maître (Mars, Pellucidar, Vénus
etc.), celui de Tarzan n'a jamais été traduit
intégralement en français. Espérons...
Le présent Omnibus intéressera évidemment
tout passionné de l'uvre par les deux textes
de Claude Aziza qui entourent les romans : la préface,
et l'abécédaire.
Sa préface est un modèle du genre. Elle délivre
tous les renseignements attendus, sans hermétisme
abscons ni érudition pesante, défauts trop
souvent rencontrés dans le genre. Très simplement
(oserais-je dire : «très académiquement»
?) elle débute par l'exploration de l'origine du
roman paru en 1912, prévu par l'auteur comme «titre
unique et définitif». Poursuivi par ses lecteurs,
dont il lit le courrier, Burroughs est victime de sa gloire
: le héros élevé par les singes, la
jungle, les animaux, les fiers Waziris et les méchants
occidentaux, les cités mystérieuses, tous
les ingrédients sont réunis pour un succès
considérable et continu : il doit poursuivre. Aziza
se penche ensuite sur les origines du personnage même
de Tarzan, les influences avouées de la mythologie
(Romulus et Rémus, Hercule), du roman populaire,
de Nick Carter à Zorro, et des héros de Kipling
(Mowgli), H. Ridder Haggard (Allan Quatermain) ou Fennimore
Cooper. Il analyse enfin la disparition progressive de Jane
et de leur fils Jack au fil de la série, laquelle
se concentre sur le Héros devenu mythe, courant d'une
aventure à l'autre, tel un Ulysse des temps modernes.
En guise de postface, Aziza nous offre un long abécédaire.
Les entrées sont subjectives sans doute, mais couvrent
bon nombre de thèmes de la saga. Le cinéma
et la télévision, par exemple, et les multiples
avatars du héros dans les media visuels (Johnny Weissmuller
a une entrée particulière, évidemment).
L'aspect «civilisé» de Tarzan est approché
aussi, tout comme le contexte évolutionniste, dont
Burroughs était un fervent partisan (voir le cycle
de Caspak). Autres thèmes : les dessinateurs, les
chansons, les relations de Tarzan avec les femmes (Jane
bien sûr, mais La, aussi), les cités mythiques,
les mondes perdus, le prétendu racisme de l'écrivain,
les imitateurs etc. Aziza offre ici une mine d'informations
extrêmement passionnantes. Une belle parution |
Bruno Peeters (Phénix)
|
Maître de conférence honoraire de
langue et littérature latines à la Sorbonne nouvelle
(Paris III), Claude Aziza a notamment publié aux
Belles-Lettres, d'Alexandre Dumas : Isaac Laquedem (2005);
Mémoires d'Horace (2006) et, de E.G. Bulwer-Lytton,
Les Derniers Jours de Pompéi (2007); ainsi que
le Guide de l'Antiquité imaginaire (2008). Il
est également l'auteur de Péplum, un mauvais
genre (2009) dans la collection «50 questions». |
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04/10/2012
Péplum, L'Antiquité spectacle,
Fage éditions,
152 p., ISBN-10 : 2849752754 - ISBN-13 : 978-2849752753
Exposition «Le Péplum» (octobre
2012-avril 2013) - Musées gallo-romains de Lyon-Fourvière
et de Saint-Romain-en-Gal.
Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal,
RD 502, 69560 Saint-Romain-en-Gal
Musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 17
rue Cléberg, 69005 Lyon
Plus de détails ici : Click
La revue Beaux Arts lui a également consacré
son édition de novembre : Péplum aux Musées
gallo-romains de Lyon, 36 p. (Click)
Le premier péplum est né à Lyon en
même temps que le cinéma grâce aux Frères
Lumière. C'est donc tout naturellement que les Musées
gallo-romains du Lyonnais rendent hommage à ce genre
cinématographique très populaire à travers
deux expositions. On y découvre les origines du péplum
et les ingrédients de son succès.
L'exposition prend une forme originale : extraits de films,
affiches et décors seront immergés dans les collections,
pour donner vie aux différents thèmes du parcours
permanent. En général, les réalisateurs
de péplums n'ont pas cherché à faire uvre
historique. Il n'est pas question de considérer le péplum
comme une reconstruction fidèle du passé, ni de
confondre les reconstitutions cinématographiques avec
l'archéologie expérimentale ! Même si certains
films récents respectent les faits, on sait que dans
le détail, ils ne sont pas exempts d'erreurs. Les spécialistes
de la gladiature et de l'armement romain relèvent de
nombreuses invraisemblances dans l'équipement et la manière
de combattre des acteurs de Gladiator. Pourtant ces mêmes
spécialistes reconnaissent que les premières scènes
du film - le choc des légions romaines contre les Germains
- restituent la violence et l'horreur des combats bien mieux
que les armes, sagement étiquetées, des vitrines
de nos musées. Concrètement, cinq points du parcours
permanent du musée ont été retenus : le
cinéma y est intégré dans des «folies»,
pour reprendre au scénographe ce terme désignant
les petits pavillons résidentiels édifiés
au XVIIIe s. à la campagne. Elles abritent des écrans
diffusant des extraits de films en accord avec le thème
de la collection ainsi que des vitrines proposant des affiches
et des costumes. Enfin, sur certains points, des décors
en trois dimensions animent l'espace.
Un buste de Néron accueille le visiteur
au Musée de Vienne, avec derrière lui en
continu le tout premier péplum produit par les
Frères Lumière, Néron essayant
poisons sur des esclaves (réal. Georges Hatot,
1897 / 17 mètres - 45') |
Table des Matières
Aurélie FILIPPETTI, «Préface»
Michel MERCIER, «Éditorial» Hélène
LAFONT-COUTURIER, «Avant-propos».
I. Avant l'écran
Pierre SÉRIÉ, «Jean-Léon Gérôme
et les arènes : Faire de la peinture le plus complet
des spectacles oculaires» Régine BIGORNE,
«L'Antiquité au mur : La maison Goupil et Cie ou
la diffusion des images» Cédric LESEC, «La
peinture en mouvement : Le bal des Quat'z'arts»
Jean-Marcel HUMBERT, «Le Péplum avant le Péplum
: Les spectacles scéniques» Jean-Marcel
HUMBERT, «Focus : L'Hippodrome, le Cirque et le Péplum»
Claude AZIZA, «De l'écrit à l'écran
: Les grands romans du XIXe s. au cinéma».
II. Devant l'écran
Michel ÉLOY, «Brève histoire du cinéma
historico-mythologique» Jean-Marc LAMOTTE, «Focus
: Néron essayant des poisons sur des esclaves»
Silvio ALOVISIO, ««Spectacularités
silencieuses» : Le péplum dans le cinéma
muet italien» Michael WILLIAMS, «Dieux et
déesses à l'écran : Les premières
stars des péplums» Hervé DUMONT,
«L'Antiquité à l'écran : Mise en
scène et problématique du décor»
Claude AZIZA, «Types et archétypes du Péplum»
Jean-Pierre ADAM, «Focus : Poilus ou Imberbes ?
: Systèmes pileux et civilités» Jean-Marcel
HUMBERT, «Cléopâtre, reine de nos fantasmes»
Cécile CARAYOL, «Résonances musicales
du Péplum : L'exemple de» Troie «de James
Horner» Laurent AKNIN, «Le spectateur de
Péplums».
III. Derrière l'écran
Claude AZIZA, «Péplum et idéologie»
M'hammed BEHEL, «Censure, autocensure et le Code
Hays» Jean-Pierre ADAM, «La question des
sources archéologiques» Michel ÉLOY,
«Le Péplum inspire la bande dessinée»
Jean-Marcel HUMBERT, «Péplum et publicité»
Cédric LESEC, «Focus : L'Antiquité
d'aujourd'hui : L'«entre-monde», de Bernard Latuner».
Bibliographie Index des extraits cinématographiques
présentés dans l'exposition et références
filmographiques de l'ouvrage Péplum Index.
De gauche à droite : François
Gilbert (Pax Augusta), Claude Aziza, Jean-Marcel
Humbert et Jean-Pierre Adam (ph. : Michel Éloy) |
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Lyon,
capitale du péplum
Je vais vous conter, chers lecteurs, la chose la plus
surprenante, la plus étonnante, la plus mirobolante,
la plus étrange, la plus merveilleuse ! Les Musées
archéologiques de Lyon-Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal,
austères temples du savoir et de la recherche archéologique,
vont accueillir, six mois durant, à partir du 9
octobre 2012, une exposition sur... tenez-vous bien, le
péplum.
Eh quoi, le péplum, ce pelé, ce galeux
qui prétend reproduire une Antiquité niaise,
ce genre machiste et homosexuel qui s'est paré
dérisoirement du nom d'un vêtement grec féminin
(le péplos), va exposer, sans pudeur aucune,
ses charmes frelatés, ses tics en toc, ses toges
en tige et ses trucs sans tract ?
Certes, le cinématographe a noué, depuis
le siècle des (frères) Lumière, une
histoire d'amour avec Lyon; certes Bertrand Tavernier,
qui y officie, est l'un des trois loustics à qui
l'on doit le mot «péplum». Mais si
ceci peut expliquer cela, cela n'excuse pas ceci (ou l'inverse,
comme l'on voudra). Revoyons le film à l'envers.
L'idée n'est pas nouvelle de tenter d'illustrer
par l'image quelques aspects de la recherche archéologique.
Un seul exemple : le nouveau musée du Pont-du-Gard
projette, pour expliquer la construction l'aqueduc, des
extraits du Ponce Pilate d'Irving Rapper, où
l'on voit le gouverneur de Judée (incarné
par Jean Marais) inspecter les travaux d'un aqueduc qui
doit acheminer de l'eau jusqu'à Jérusalem.
À Lyon, le concept est différent et
double. Pour le dire très vite, à Fourvière,
le péplum se met au service de l'archéologie,
tandis qu'à Saint-Romain, l'archéologie
se met au service du Péplum.
Chacune des salles du musée de Lyon illustre l'archéologie
gallo-romaine par un montage de cinq minutes environ,
composé de deux ou trois extraits de films. Ainsi
la salle consacrée à l'empereur Claude,
né à Lyon et qui, par un édit fameux
de l'an 48, fit entrer au Sénat des notables gaulois,
on pourra voir des extraits de sa vie, telle que le cinéma
l'a racontée : les railleries subies à la
cour de Caligula, son accession accidentelle et inattendue
au trône, son empoisonnement par Agrippine.
Plus loin, lorsqu'il s'agira d'illustrer la célèbre
mosaïque des Jeux du cirque représentant la
course effrénée de deux chars ou les vitrines
consacrées à la gladiature, à la
navigation, à la guerre, aux rites religieux, aux
débuts du christianisme, on fera appel aux deux
Ben Hur, bien sûr, mais aussi à Théodora
impératrice de Byzance, qui met en scène
une course dans l'hippodrome opposant deux factions rivales,
les Bleus et les Verts.
On devine aisément la suite : des scènes
des Spartacus pour la gladiature, des images de
combats, tirées de Gladiator ou de La
Chute de l'Empire romain, des expéditions lointaines,
comme la conquête de la Toison d'or ou des retours
difficiles, comme celui d'Ulysse. Des prêtres se
prononceront sur des sacrifices et des chrétiens
iront en chantant au supplice dans d'innombrables
Quo Vadis ?
À Saint-Romain-en-Gal, le concept se veut radicalement
différent : il s'agit de montrer les divers aspects
du péplum, sans tenir compte des collections du
musée. On verra ainsi toutes les facettes du genre,
à travers ses thèmes, ses poncifs, ses moments
obligés. L'arène et l'hippodrome, les festins
et les danses, les bons et les méchants, les séductrices
brunes comme la nuit et les ingénues blondes comme
la clarté solaire, les empereurs, les «fous»
(la majorité) et les «sages», les scènes
d'amour pour midinettes et les scènes d'orgie,
dont l'académisme va avec le public populaire et
familial du péplum. Sans oublier les amours bibliques,
les merveilles mythologiques, les épisodes les
plus connus des histoires grecque et romaine. Bref, un
panorama complet d'un genre, au pire méprisé,
au mieux méconnu.
Outre les extraits de films on découvrira
ici des affiches, des photos, des fascicules, des romans,
des costumes et des objets dont la rareté étonnera.
Conservateurs de musée et archéologues ont
uni leurs efforts pour démontrer l'irremplaçable
caractère pédagogique de l'image lorsqu'elle
est accompagnée d'un éclairage scientifique.
Bien entendu, des visites guidées pour groupes
scolaires ou visiteurs curieux permettront de mieux profiter
de cette double exposition.
Les Romains disaient, en parlant de la Méditerranée,
«mare nostrum». On dira désormais,
«peplum nostrum».
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Claude AZIZA
Historien de l'Antiquité imaginaire et commissaire
scientifique de l'exposition
L'Histoire, n¡ 380, octobre 2012
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[ Parallèlement se tient aux Musées
des Beaux-Arts, à Paris, une exposition «Péplum»
de Bernard Latuner : Click
]
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12/10/2012
Michel ÉLOY, Flavius Claudius Julianus,
BD Must éd.,
plaquette de 24 p., superbement illustrée de photographies
de François Gilbert et Patrick Demory, offerte avec la
trilogie :
Ken BROEDERS, Apostat, BD Must
éd.,
1. La malédiction pourpre
2. La sorcière 3. Argentoratum
- chaque album de 48 p. contient un ex-libris numéroté
et signé par Ken Broeders. 69 EUR TTC (+ 9 EUR de frais
d'envoi en Belgique et en France)
Écoute-moi, Père puissant...
Je ne peux plus assister impuissant à la façon
dont le christianisme soutenu par un empereur sanguinaire, se
répand comme une mer de feu...
Je t'en conjure, Hélios, puissant porteur de la lumière
et de la vie. N'abandonne pas tes enfants. J'ai rejeté
le Dieu de l'empereur et des chrétiens et je me suis
tourné vers toi. Donne-moi la force et la sagesse de
sauver ce monde affaibli par les chrétiens, pour restaurer
la gloire déclinante de l'Empire et donner de l'espoir
à nos frères et surs (Julien l'Apostat).
L'an 355. Un nouveau César, des femmes jalouses
et des Germains sanguinaires...
Cette nouvelle série BD relate le parcours turbulent
qui mène le jeune Julien à revêtir la pourpre
impériale. Il entrera dans l'Histoire sous le nom de
Julien l'Apostat. Action, aventure et intrigues forment la trame
de cette grande fresque épique et historique.
Trilogie BD à tirage limité (1.000 ex.), chez
BD Must,
Bruxelles. Contact : info(a)bdmust.be
ou bdmust(a)skynet.be
Cette série consacrée à l'empereur Flavius
Claudius Julianus a connu un certain succès en Flandre
et aux Pays-Bas. Elle est prévue en 6 albums (le tome
4, Paulus Catena, en néerlandais, vient de paraître
chez Standaard Uitgeverij, ce 10 octobre), ou peut-être
9 - l'auteur y songe.
Des trognes bruegueliennes... |
Scénariste et dessinateur, l'Anversois Ken Broeders
s'est solidement documenté avant de se lancer dans l'aventure
en 2009. Publié en néerlandais chez Standaard,
Apostata c'est «Murena» revisité par
Bruegel l'Ancien, tout en grogne et en trognes. L'auteur nous
livre une saga qui habilement combine Histoire et aventure,
le tout sur un fond de mysticisme qui n'exclut pas la superstition.
Ce mysticisme tout en nuances qui anima un jeune homme brillant,
mais politiquement dérangeant autant qu'incontournable
(il était le dernier mâle encore vivant de la famille
de l'empereur Constance II). Le jeune érudit philosophe
sera obligé de devenir un guerrier et un administrateur.
Qui aura à choisir entre les valeurs d'un Futur douteux
et peu convaincant, et celles - rassurantes - d'un Passé
qui avait fait ses preuves.
Ce Passé glorieux de l'Empire romain qui peu à
peu se délite, face à de nouvelles idées...
dans l'air du temps, comme on dit si joliment. Un choix douloureux
qui nous interpelle encore aujourd'hui.
Julien renoue avec la religion traditionnelle
des sacrifices sanglants offerts aux Dieux (Apostata/4
: Paulus Catena)
Le théurge Maximus d'Ephèse,
néo-platonicien peut-être un peu escroc comme
tous les religieux, mais aussi le maître à
penser de Julien (Apostat/2 : La Sorcière,
p. 19)
L'auxiliat palatin des Cornuti en action
à la bataille de Strasbourg. Ken Broeders a scrupuleusement
respecté les emblemata des boucliers du
Bas-Empire, d'après la Notitia Dignitatum
(Apostat/2 : Argentoratum, p. 23)
|
La Rome du IVe s., celle du Bas-Empire ou Antiquité
tardive, a rarement été traitée en BD,
sauf par Gilles Chaillet dans sa série La Dernière
Prophétie (dont le tome 5 et dernier vient de paraître),
dans le one-shot Dioclétien ou Le Trésor des
Martyrs, et bien sûr sa «Bible» : Dans
la Rome des Césars. Sans oublier Hypathie
de Virginie Greiner & Christelle Pécout chez Dupuis
(2010).
Ken Broeders est né en 1970 et habite à
Anvers. Après sa formation à l'Institut Saint-Luc
dans sa ville natale, il a, grâce à Hans Van den
Boom, l'opportunité de publier sa première bande
dessinée Tyndall. À l'origine Tyndall,
réalisé avec Luc Peborgh, était son travail
de fin d'études pour Saint-Luc. Quelques années
plus tard suivit la série Voorbij de Steen, ensuite
de quoi il développa Cyrano - d'après la
pièce de Rostand - pour la collection «Classix»
des Éditions Standaard.
Ken Broeders travaille toujours directement en couleur avec
de l'acrylique, de la gouache et/ou de l'aquarelle.
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NOTES :
(1) ERB dans Saturday Evening Post,
22 juin 1939 - cité par AZIZA, op. cit., p. 28.
- Retour texte
(2) Du reste né de la plume
d'un fan d'ERB, Robert Erwin Howard. - Retour
texte
(3) En -19, Cornelius Balbus n'alla
pas plus loin que Garama (Djerma, Fezzan). Il ambitionnait d'aller
jusqu'à Gao, sur le Niger. - Retour
texte
(4) Cf. le film Aux sources
du Nil / Mountains of the Moon de Bob Rafelson (GB - 1990).
- Retour texte
(5) Cf. Zimbabwe. Témoins
de Pierre, Tervuren (Bruxelles), Musée royal de l'Afrique
centrale, 1997, 2 vols., t. I, p. 14. - Retour
texte
(6) Opar figure dans cinq romans :
Le Retour de Tarzan (1913), Tarzan et les Joyaux d'Opar
(1916), Tarzan et le Lion d'or (1922), Tarzan Twins
(1927) et Tarzan l'Invincible (1931). - Retour
texte
(7) Signalons encore Tarkan,
populaire héros de BD turque créé par le
dessinateur Sergin Burak en 1967 (et porté à l'écran
dans une bonne demi-douzaine de films à partir de 1969).
Tarkan est un Viking, ami d'Attila roi des Huns, et en lutte
contre les Romains de Valentinien III. Aucun rapport avec Tarzan,
sauf la similitude onomastique... et son amitié avec
un animal, le loup Kurt.
Le succès de cette série fut considérable,
au point d'un chanteur pop le prit comme pseudonyme. - Retour
texte
(8) La situation n'est pas sans rappeler
l'excellent Dernier train pour le Katanga (Two Mercenaries,
Jack Carfiff, 1968), d'après le roman de Wilbur Smith,
où Jim Brown - caporal black universitaire et
idéaliste - donne la réplique à une sombre
brute de lieutenant raciste incarné par Peter Carsten,
ancien Waffen-SS. A vrai dire, le capitaine para français
(le peu convaincant Rod Taylor), finira par boire le sang du
méchant allemand après l'avoir étripé
au cours du sauvage règlement de compte final. Le contexte
était, bien entendu, la révolution muléliste
- les Simbas -, la famille politique de l'actuel président
Kabila. Mais les Congolais-Rwandais ont-ils fait mieux qu'en
Europe les Serbes et Bosniaques ? - Retour
texte
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