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Sur cette page :
(1er octobre 2013) |
Hervé DUMONT,
ENCYCLOPÉDIE DU FILM HISTORIQUE (Encyclopedia
of Historical Films),
CINEMA & HISTOIRE HISTOIRE & CINEMA
(click) |
(11 septembre 2013) |
BD : Jacques MARTIN, Valérie MANGIN &
Thierry DÉMAREZ,
Alix Senator (click) |
(31 août 2013) |
William BLANC,
«Peplum's Not Dead»,
Metaluna, n° 4 (click)
Digression 1 : 300
Digression 2 : Constantinople
(Fetih 1453)
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(21 août 2013) |
BD : Luca BLENGINO & Luca ERBETTA,
Sarrasins !,
Soleil (click) |
(15 août 2013) |
Pantelis MICHELAKIS & Maria WYKE (éd.),
The Ancient World in Silent Cinema,
Cambridge University Press (click) |
(1er juin 2013) |
BD : Jean DUFAUX & Philippe DELABY,
Murena/9 : Les Épines,
Dargaud (click) |
TOUTES
LES RECENSIONS : CLICK |
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(1er
octobre 2013)
Hervé DUMONT,
ENCYCLOPÉDIE DU FILM HISTORIQUE (Encyclopedia of Historical
Films),
CINEMA & HISTOIRE HISTOIRE & CINEMA (click)
Après L'Antiquité
au cinéma (volume 1 Flipbook), Hervé
Dumont vient de mettre en ligne, sur son site CINEMA & HISTOIRE
HISTOIRE & CINEMA, les volume 2, Moyen Âge
et Renaissance, volume 3, L'Absolutisme (XVIIe - XVIIIe
s.) et volume, 4, Le XIXe s., qui sont donc disponibles
gratuitement (sous réserve de quelques chapitres à
encore mettre en place dici la fin de lannée).
Fruit de 40 ans de recherches, ce site propose une nomenclature
unique en son genre, de quelques 15.000 films et téléfilms
historiques, captures dopéra etc., avec fiches
techniques et commentaires pour la délectation
des chercheurs, cinéphiles, cinévores, historiens,
journalistes et curieux de tous bords.
Cinéma & Histoire - Histoire & Cinéma
se veut un outil de travail référentiel, mais
aussi une invitation ludique au voyage et à la découverte
à travers les océans connus ou oubliés
de l'audiovisuel. Un corpus qu'Internet permet aujourd'hui de
diffuser plus efficacement et plus largement que l'édition
papier et que lauteur, Hervé Dumont, par des pages
de mises-à-jour, se promet de tenir à niveau.
Hervé et Jacqueline Dumont, les auteurs
de l'Encyclopédie du film Historique
(phot. Florian Cella, 24 heures). |
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(11 septembre
2013)
J. MARTIN, Valérie MANGIN (sc.) & Thierry
DÉMAREZ (d.),
Les Aigles de Sang («Alix Senator»/1)
[12 septembre 2012] &
Le Dernier Pharaon («Alix
Senator»/2), Casterman [11 septembre
2013]
1. Les Aigles de Sang. - Rome, l'an 12 av. n.E. L'empereur
Auguste est tout-puissant. Alix a plus de cinquante ans. Il
est sénateur.
Alors que la paix semble enfin régner dans l'Empire,
M. Vipsanius Agrippa, le gendre d'Auguste, est tué sauvagement
par un aigle, l'oiseau de Jupiter ! Attentat politique ou malédiction
divine, ce sera à Alix de découvrir ce qui se
cache derrière cette mort mystérieuse. Avec l'aide
de Titus, son fils, et de Khephren, celui de son compagnon Enak
disparu, il découvrira qu'un terrible ennemi a fait son
nid dans les entrailles mêmes de Rome.
Soixante-quatre ans après la parution des premières
planches dans Tintin, Alix est, comme Dorian Gray, rattrapé
par son âge.
2. Le Dernier Pharaon. - Alexandrie, toujours
l'an 12 av. n.E. Accompagné de ses fils Titus et Khephren,
Alix Gracchus, désormais sénateur romain, arrive
en Alexandrie, où il est en mission pour le compte de
son ami et protecteur, le puissant empereur Auguste. Suite aux
événements tragiques survenus dans le précédent
opus, Alix doit retrouver la trace du général
Quintus Rufus, qu'Auguste soupçonne d'être responsable
des meurtres d'Agrippa et de Lépide. Revenir ainsi en
Egypte est peut-être aussi une occasion unique, pour Alix,
de venger enfin la mort du père de Khephren, Enak, son
ancien compagnon d'aventures.
Sur place, Alix est attendu par une vieille connaissance, le
préfet Barbarus (1)
- aux côtés de qui il a combattu à Actium,
ainsi qu'Agrippa et Q. Rufus ! Mais aussi, dans l'ombre, par
d'autres personnages, qui ne lui veulent manifestement pas du
bien... Un nouvel arc narratif s'ouvre pour le célébrissime
personnage créé par Jacques Martin, mais aussi
une déferlante d'images fortes pour une reconstitution
saisissante du quotidien du monde antique.
En complément de l'édition courante, un tirage
luxe limité à 7.000 ex. bénéficie
d'un dos toilé, d'un visuel de couverture inédit
et d'un dossier spécial de 8 p. consacré à
Alexandrie.
Pour en savoir plus : click
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(31
août 2013)
William BLANC,
«Peplum's Not Dead. Un état des lieux»,
in Metaluna. Mag Cinock'n'roll, n° 4, septembre-octobre
2013, pp. 40-42
Spécialiste des films médiévaux, William
Blanc (Festival
«Bobines et Parchemins») s'interroge sur les
nouvelles tendances du péplum. «À l'opposé
du manque criant d'imagination des grosses machines hollywoodiennes,
le genre italien fut une formidable école»,
écrit-il, fusillant les films numérisés
de Zack Snyder, Louis Leterrier et autre Tarsem Singh. Critères
purement cinématographiques, là où nous
privilégierions plutôt le contenu historique ou
mythologique. Rappelons que, considéré comme un
chef-d'uvre, Gladiator, a lui aussi largement bénéficié
du numérique - signe des temps.
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Bon dossier «péplum» néanmoins, qui
capte les lignes de force de la problématique - sauf
peut-être un petit détail mais qui a son importance
: en 1913 déjà, Piero Fosco [Giovanni Pastrone],
industriel turinois et pionnier du cinéma, était
conscient de l'impact de la respectabilité intellectuelle.
Il a donc demandé au grand poète Gabrielle D'Annunzio
d'accepter de signer, pour 50.000 francs, le scénario
de Cabiria; celui-ci se contenta donc de parapher les
feuillets et d'émettre quelques suggestions pour les
noms des personnages (2).
Pour l'anecdote, ajoutons que, chose plus amusante encore, son
fils Gabriellino D'Annunzio est cité comme coréalisateur
avec Georg Jacoby du Quo Vadis ? (1924); mais lui aussi
ne fut qu'un prête-nom de complaisance, car souffrant
de troubles mentaux il ne tourna strictement rien (3).
À noter la synergie entre Metaluna
nouvelle formule (rédacteur en chef : Jean-Pierre «Mad
Movies» Putters) et l'émission radio Culture
Prohibée. Cette année 2013, Culture Prohibée
propose à ses auditeurs et dans le but de leur en offrir
toujours plus, des «podcast bonus», une nouveauté
dans sa rubrique «Audio». Désormais, il est
possible d'écouter la version intégrale des entretiens
qui, pour être intégrés au montage de l'émission,
ont dû être coupés, découpés,
re-découpés. Culture Prohibée durant
une heure, c'était souvent à contrecur que
ses animateurs se voyaient contraints de reformater leur matériel.
C'est ainsi que vous pourrez écouter soit la version
radiodiffusée de l'émission où revenant
sur son dossier consacré à la mort du péplum
dans le n° 4 de Metaluna, le «mag cinockn'roll»,
William Blanc parle du péplum entre la 31'42" et
la 36'30" (click),
mais vous pouvez également opter pour le bonus, c'est-à-dire
l'intégrale de son interview, deux fois plus longue (13'54")
(click).
Sur le site web de Metaluna
on trouvera également un Bonus «Man of Steve»
(click).
Digression : de 300
à Fetih 1453
Il y a un temps pour chaque chose. Après le nuancé
docufiction français en deux parties Au nom d'Athènes
(«Marathon» et «Salamine») (Fabrice
Hourlier, 2012), nous attendons sereinement la séquelle
de 300 : 300 - Rise of an Empire, réalisée
par Noam Murro, sur scénario de Zack Snyder et Kurt Johnstad,
dont la sortie est imminente (annoncée en France pour
le 5 mars 2014).
Donc à l'horizon se profile la séquelle de 300,
racontant cette fois la bataille navale de Salamine; mais revenons
sur le superbe film de Zack Snyder. Il ne nous a pas échappé
que l'ensemble des critiques professionnels l'ont incendié,
alors qu'auprès du public populaire, il rencontrait un
beau succès comme on a pu le constater sur les Forum,
où l'on est - semble-t-il - moins délicats ? Un
rapeur marseillais, El Matador, réussit même à
placer son «À armes égales» en générique
de fin de la VF. Au point de susciter toute une série
de docufictions, mais aussi des projets de séquelles
ou de parodies, dont - à notre connaissance - au moins
une a abouti, Spartatouille (Meet the Spartans,
Jason Friedberg & Aaron Seltzer, 2008 - avec Sean Maguire
et Carmen Electra).
L'idéologie de 300 a semblé nauséabonde
à plus d'un, et pas seulement aux ayatollahs iraniens
lesquels s'étaient subitement rappelés que la
Perse anté-islamique les concernait aussi - quelque part.
Cette concession au «politiquement correct» de nos
directeurs de conscience cinématographique fait sourire.
Dans les années '60, le déferlement des surhommes
bodybuildés avait également fait grincer des dents
dans les sacristies, faut-il le rappeler ? Quant au conflit
Orient-Occident, il est vieux comme le monde, il suffit d'ouvrir
le journal pour le constater, aussi préférerions-vous
le point de vue plus nuancé récemment développé
dans Guerres & Histoire (4).

En 1962, La Bataille
des Thermopyles de Rudolph Maté était
un véritable film historique, en même temps
que la commémoration du «Non» opposé
à Mussolini par Ioannis Métaxas, le 28 octobre
1940 - tout de noir vêtus, les «Immortels»
perses faisaient-ils allusion aux uniformes des Panzerdivisionen
accourues à la rescousse du Duce... ou tout simplement
aux chemises noires des fascistes ?
Baignant dans une sombre ambiance wagnérienne,
le surprenant 300 de Zack Snyder (d'après
la BD de Frank Miller) est quant à lui, au contraire,
un film mythologique avec ses hoplites en «nudité
héroïque». Mais 300 est aussi
un témoignage sur son époque, l'Ère
bushienne engagée dans sa lutte contre l'Axe du
Mal.
Dépeints comme des mutants dégénérés,
ces Perses reflètent peu ou prou les conceptions
des géographes antiques - tels Ctésias ou
Mégasthène... - sur les peuples des confins
du monde connu. Pline en a dressé le catalogue
au livre VII de son Histoire naturelle : Sciapodes,
qui utilisent leur énorme pied comme ombrelle,
et autres peuples sans tête (le visage au milieu
de la poitrine) ou à tête de chien, à
l'il unique, satyres ou pygmées, etc. Si
un masque d'argent dissimule un visage putréfié
de zombie, de mort-vivant, faut-t-il y voir autre chose
qu'une métaphore de leur nom d'«Immortels»
- porté par la Garde royale perse, constamment
au nombre de 10.000, ses pertes étant automatiquement
compensées par une réserve d'aspirants ? |
Dans les années '60, personne ne s'est offusqué
de La bataille de Marathon de Tourneur ni de La bataille
des Thermopyles de Rudolph Maté. Il n'y avait du
reste pas lieu de le faire. En ces temps-là, comme disait
l'autre, le Shah d'Iran était bien tranquille chez lui,
assis sur le trône des Pahlévis. C'était
le bon vieux temps de la Guerre froide; l'ennemi était
le communiste sans Foi ni Loi. Et la menace que faisait planer
sur nos têtes l'arsenal nucléaire, devait sans
doute être moins impressionnante qu'actuellement celle
des kamikazes islamistes (pincez-moi, j'hallucine !). «Dans
ta petite mémoire de lièvre, / Bécassine,
il t'est souvenu (...)» :
«Il est toujours joli, le temps passé,
Un' fois qu'ils ont cassé leur pipe,
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés
Les morts sont tous des braves types.»
Georges Brassens, le Temps passé
Il me souvient qu'en 1987, invité au Festival Péplum
de Carthage, j'étais convié à dire quelques
mots à la radio, à propos du film projeté
le soir dans l'amphithéâtre romain, précisément
La bataille de Marathon (1960). La position idéologique
de la Tunisie par rapport au conflit opposant alors l'Iran chiite
à l'Irak sunnite (enfin, je crois), n'était certes
pas pour moi une préoccupation majeure. C'est néanmoins
en tournant sept fois ma langue dans la bouche que j'ai entamé
sur les ondes mon petit couplet scolaire à propos du
minuscule État démocratique, Athènes, qui
avait tenu tête à la plus grande puissance de l'Asie,
soumise à un empereur-dieu ! Comment les Tunisiens voyaient-ils
ce conflit mettant aux prises leurs coreligionnaires, je n'en
avais aucune idée. Je ne voulais en rien froisser les
auditeurs du pays qui m'accueillait, mais - dans la rue - l'ambiance
était assez électrique et trois semaines plus
tard, le leader historique Bourghiba était renversé
et remplacé par le général Ben Ali.
Du reste, pourquoi nier une évidence qui est le pilier
même de l'humanisme gréco-latin. Sans vouloir méconnaître
la lecture politique d'une uvre - nécessairement
fille du contexte qui l'a vu naître -, j'avoue que seule
la lecture «archéologique» m'intéresse.
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Glorifié
par un impressionnant choix de T-shirts «Molôn
labé !» («Viens les prendre
!») ou «This is Sparta»
le film de Zack Snyder, encore six ans après
sa sortie, semble avoir reçu un excellent
accueil en Grèce, où d'habitude
les péplums relatifs aux antiquités
nationales sont assez fraîchement perçus.
Les films sur la guerre de Troie ne trahissent-ils
pas systématiquement Homère en faisant
la part trop belle aux Troyens, ces vieux ennemis
d'au-delà des Dardanelles ? (Mais il est
difficile, pour les films-makers, de faire
l'apologie du massacre d'une cité toute
entière). Quand ce ne sont ceux sur Alexandre
- comme récemment Oliver Stone - qui évoquent
une orientation sexuelle jugée blessante,
quand il ne flatte pas d'inacceptables revendications
autonomistes macédoniennes ? (ph. M. ÉLOY
- Rhodes, juillet 2013)
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Des Achéménides aux Parthes, la Perse a toujours
été un opposant à l'Occident grec puis
romain, et chrétien ensuite. Aujourd'hui encore l'islamisme
dont se prévalent ceux qui ont renversé le Shah,
s'oppose en tous points aux valeurs occidentales de liberté
individuelle. Pourquoi donc considérer 300 comme
idéologiquement «douteux et malodorant»
(et que sais-je encore d'autre ?). Le film de Zack Snyder montre
les Perses tels que n'importe qui verrait ses ennemis. Ainsi,
par exemple, les Français voyaient les Uhlans - lesquels
avec leur lance, comme chacun sait, clouaient les enfants aux
portes des granges (cf. l'arbre où les Perses
ont empalé tous les habitants d'un village grec) (5).
Ainsi est l'ennemi haïssables que l'on s'apprête
à affronter les yeux dans les yeux, le fer au poing,
et qu'il faut tuer avant qu'ils ne nous tue. Telle est notre
vision archéologique de 300, film outrancier certes,
comme se doit d'être une caricature politique. L'Histoire
des Thermopyles exaltée par l'Amérique du «méchant»
Bush, n'était-elle pas sur le point de se répéter
dans celle du «gentil» Obama, lequel récemment
s'apprêtait à bombarder la Syrie ? Implacable logique
de la géopolitique, qui doit nous rappeler, avec Pascal,
que «l'Homme n'est ni Ange ni Bête, mais que
qui veut faire l'Ange...» — Fin
de la digression 1.

Que dire du récent
Constantinople (Fetih 1453) de Faruk Aksoy, film
ultra-nationaliste dans la mouvance idéologique
de l'actuel Premier ministre Recep Erdogan (dont on a
beaucoup entendu parler ces derniers temps !), qui s'inscrit
dans la perspective du renouveau ottoman (6).
Avec un budget de 17 millions de dollars, trois années
de tournage, 15.000 figurants et 6 millions de spectateurs
en Turquie, ce film est sans doute le premier blocbuster
d'envergure du cinéma turc. Il conte la prise de
Constantinople par le sultan Mehmet II et la fin de l'Empire
romain d'Orient. 150.000 Turcs et vassaux ont écrasé
6 ou 8.000 Grecs (dont 800 Génois), bel exploit
qui rappelle les Thermopyles; cette fois cependant, les
mollahs iraniens n'ont pas bronché pour fustiger
la belle moralité politiquement incorrecte. Deux
poids, deux mesures ? |
Fétide 1453
Par moment, et par son ampleur, le film de Faruk Aksoy, Constantinople
/ Fetih 1453, dont le titre original peut se traduire par
«Conquête 1453», peut faire penser
à Kingdom of Heaven de Ridley-Scott, à
qui il serait une réplique - sinon une réponse...
Mais cette vaste fresque historique turque, assez entertainement
avouons-le, et qui ne dissimule pas le goût du sultan
pour le vin ou la précarité de ses collaborateurs
(lesquels à tout moment peuvent, pour une parole malheureuse,
se faire exécuter), se réduit vite à un
duel à mort entre deux super-fighters : le mercenaire
génois Giustiniani et le Turc Ulubatli Hasan (en qui
quelques ironistes ont vu une réplique d'Aragorn du Seigneur
des Anneaux !). Systématiquement, le film fait passer
l'empereur byzantin Constantin XI Paléologue et ses officiers
pour hypocrites, lâches et dégénérés,
entourés d'esclaves nues qui servent leurs banquets,
et accumule les anachronismes (le télescope dont use
Giustinianni ne sera inventé que 150 ans plus tard) ou
induit de fausses motivations, notamment celles du ralliement
aux Turcs du fondeur de canons Orban (7).
Le pire, c'est qu'à la fin du film, le sultan est accueilli
quasiment en libérateur par la population chrétienne
convaincue de sa magnanimité : «Nous partageons
la même terre, alors célébrez votre religion
à votre guise» (!).
Fetih 1453 passe bien entendu sous silence le fait que
- selon le droit de la guerre de l'époque (8)
- la ville fut livrée au pillage et au viol trois jours
durant, que 50.000 Byzantins (la quasi totalité de la
population civile) furent vendus comme esclaves, et que les
plus belles églises (dont Sainte-Sophie) furent transformées
en mosquées. «C'est un film émouvant.
J'ai même versé quelques larmes, confiera le
Vice-Premier ministre turc Bülent Arinc. Toutes les
spécificités de la conquête sont expliquées.
C'est le meilleur film de ces dernières années.»
La prise de Constantinople «marque la fin du Moyen
Âge», expliquera le réalisateur, Faruk
Aksoy. C'est, bien sûr, une façon de voir les choses...
Naturellement, nous sommes bien conscient qu'au lieu de diffuser
le message de haine de 300 («... Ne rien leur laisser
!»), Fatih 1453 fait passer [ou essaye de faire passer]
celui de la «tolérance» qui plus tard sera
le credo de l'empire ottoman «multi-culturel»
et «multi-confessionnel». Nuançons justement
cette tolérance qui, tout de même, fera des millets
chrétiens grec orthodoxe et arménien, ou juif,
des sujets de seconde zone - discriminés tant dans leurs
aspirations sociales que fiscalement, parce que rayas
(non-musulmans). N'oublions ni les circonstances ni les conséquences
de ce funeste lundi 28 mai 1453 ! — Fin
de la digression 2.
Appendice :
Interview de Michel Éloy, recueillie par William Blanc
Prolégomènes
— |
Pourriez-vous d'abord présenter votre travail
sur les péplums ? Et pourquoi diable aimez-vous les
films de gladiateurs ? |
Mon premier péplum fut Les Travaux d'Hercule.
Jusqu'alors nourri de western (c'était dans les années
'50), je découvrais une civilisation maritime qui d'emblée
me fascina. Les flots bleus de la mer Tyrrhénienne, c'était
tout de même autre chose que notre grise mer du Nord où
tout petit je passais mes vacances. Mais en ramassant des coquillages
sur la grève et m'intéressant aux choses de la
mer, j'avais intégré de vagues notions de mythologie
à travers le légendaire marin (la Méduse,
Neptune, Triton etc.). Il y avait eu aussi quelques pages de
L'Île maudite de Jacques Martin lues dans le désordre
des épluchures ménagères. Mon premier amour
pour l'Antiquité fut la mythologie grecque; Rome n'est
venue que beaucoup plus tard.
C'est donc ainsi que, dans une salle de cinéma de quartier,
je me suis découvert le goût de l'Antiquité.
Je devais avoir neuf ans. Je voyais des films et, rentré
à la maison, je vérifiais dans le Larousse ce
qui m'avait été montré à l'écran...
Achetant de plus en plus de bouquins pour compléter ma
documentation, j'ai fini par prendre conscience que le cinéma
prenait parfois - sinon toujours - des libertés avec
les faits. Je me suis donc attelé à cette tâche
exégétique de démêler le vrai du
faux et du fantasmatique...

Dans la mythologie, Omphale,
reine de Lydie eut Hercule pour esclave durant sept années;
il lui avait été vendu en expiation du meurtre
de son épouse au cours d'une crise de folie. Dans
le roman de Pierre Benoît, Antinéa reine
de l'Atlantide transforme en statues d'orichalque les
corps de ses amants délaissés. Télescopant
le mythe grec avec le fantasme littéraire, le scénariste
Ennio De Concini imagina le second volet de la saga, Hercule
et la reine de Lydie, sur arrière fond du Cycle
thébain (la rivalité d'Étéocle
et Polynice, les Sept contre Thèbes). Éternité
du mythe de la mante religieuse, ici incarnée par
la rousse et pulpeuse Sylva Lopez, à la ville épouse
de Francis Lopez célèbre auteur d'opérettes
marseillaises. Un cocktail réussi ! |
Que faisait-il dans cette galère
?
Je pars de l'idée que la plupart des gens ne connaîtront
de l'Antiquité (et de l'Histoire en général)
que ce qu'ils en ont vu à l'écran, lu dans des
BD ou des romans «historiques». Prenez par exemple
Ben Hur... le commun des mortels s'imagine que, sur les
trirèmes romaines, de pauvres esclaves ramaient sous
le fouet... C'est faux. Dans sa documentation, Lewis Wallace
a télescopé la trière athénienne
avec les «chrétiennes» galères de
Louis XIV; il suffit de relire le passage dans son roman pour
le comprendre. Dans l'Antiquité, les rameurs étaient
des professionnels rémunérés. À
Athènes, c'étaient les citoyens les plus pauvres,
parce qu'ils ne pouvaient se payer le très onéreux
équipement d'hoplite (fantassin lourd). Mais lorsqu'on
avait besoin des «Marines», ils se transformaient
en infanterie légère. Il y en avait ainsi 170
sur une trière.
En fait, c'est seulement au XVe s. que les Chevaliers de Rhodes
- ex Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem - ont, les
premiers, eu l'idée de faire ramer des prisonniers turcs
sur leurs galères... Le nom de «Turc» est
resté attaché au chef de l'aviron - celui qui
se trouve à l'extrémité, près de
la coursive, et qui imprime le rythme à ses partenaires.
Mais voilà, parmi cent autres, un poncif sur les Romains
qui a la vie dure !
Les gladiateurs
Un seuxième exemple nous est fourni par les gladiateurs,
qui constituent un autre non moins incontournable cliché
du film sur la Rome antique. J'ai des connexions avec l'archéologie
expérimentale et les gens qui étudient cette institution
ainsi que les techniques de combat antiques. À la décharge
des cinéastes, je dirais que ces études sont assez
récentes (une quinzaine d'années) et que dans
les années '60, par exemple, on n'en avait aucune idée.
Aujourd'hui, les cinéastes consultent parfois ces spécialistes
mais finissent toujours par n'en faire qu'à leur tête,
histoire d'être entertainement ! Les clichés,
le pouce vers le bas, Spartacus etc. persistent ! Dommage.

Quintus (à propos
des Germains) : «Les Hommes devraient savoir
quand ils sont vaincus.» Maximus : «Le
pourrais-tu, toi Quintus ? Et moi, le pourrais-je ?»
Belle illustration d'un lieu commun des historiens romains
: les Barbares sortent de la forêt tandis que les
Romains prennent position dans la plaine ! Détail
amusant : le rauque accent germanique en plus, le cri
de guerre des Marcomans ressemble à s'y méprendre
à celui des Zoulous dans Zoulou de Cy Endfield
(1963). |
Spartacus
Deux mots, à propos de Spartacus : Blood and Sand,
la série TV ultra-violente et sexuelle produite par Starz.
Elle a de quoi choquer les spécialistes, pourtant je
la trouve intéressante car elle montre une équipe
de têtes brûlées prêtes à combattre
jusqu'à la mort pour l'honneur du ludus. Un peu
comme ces fous-furieux dans les films de kung-fu ? Si l'on remet
un peu les choses en situation, on voit que la série
respecte assez bien les mentalités guerrières
de l'Antiquité. Rien à voir avec nos traditions,
récentes, pétries d'humanisme baba-cool et de
respect du vaincu (fin du XIXe s., Henri Dunant, fondateur de
la Croix-Rouge, fut fraîchement reçu lorsqu'il
alla exposer ses idées dans les différents Ministère
de la Guerre - on ne disait pas encore «de la Défense»).
Reste que cette série se plante fréquemment sur
la question des armaturæ (panoplies). C'est le
plus souvent n'importe quoi. Mais elle montre bien que les esclaves,
et notamment les gladiateurs-esclaves, ne sont que des outils-dotés-de-parole,
qui peuvent aussi servir de sex toys à de nobles
patriciennes. Il y a du reste une parenté sémantique
entre le leno (proxénète) et le lanista
(celui qui dresse des gladiateurs).
Archéologie du péplum
— |
Quel sont les origines du péplum en dehors du
cinéma ? Où les premiers réalisateurs
de péplums sont-ils allés puiser leur inspiration
? |
La Renaissance
Remontant à la Renaissance et même plus avant,
elles sont aussi vieilles que notre civilisation occidentale
gréco-romaine. En témoignent, au XIIe s., certains
romans de chevalerie comme Le Roman d'Alexandre. Jean
Lemaire de Belges nous a laissé une étonnante
compilation sur Hercule et les antiquités troyennes (Illustrations
de Gaule et Singularitez de Troye, 1511). Il faut rappeler
qu'en 1453, la chute de Constantinople a vu quantité
d'érudits Grecs fuir les Ottomans. Leurs bagages pleins
de manuscrits oubliés chez nous, ils viennent se réfugier
en Italie ou ailleurs en Europe. Voilà qui allait «booster»
l'intérêt pour l'Antiquité.
La peinture pompier
La peinture y puise, ainsi que dans la Bible, le sujet de ses
toiles qui est souvent prétexte à dénuder
des corps ou à suggérer d'effroyables supplices...
Sexe et sadisme sont de puissants moteurs pour nourrir nos pauvres
fantasmes. Incroyables les nudités que peignirent les
artistes de la très prude Angleterre victorienne !...
L'Antiquité propose un puissant alibi, en nous ouvrant
un univers réputé peuplé de déesses
et d'athlètes païens où tout est possible;
un espace virtuel totalement déconnecté du quotidien.
C'est ainsi que Napoléon III aurait, au Salon de 1853,
cinglé de sa cravache les Baigneuses de Courbet
parce que l'artiste avait représenté des femmes
ordinaires se séchant après s'être baignées
nues. S'il avait peint un «Actéon surprenant
Artémis et ses nymphes au bain...» c'eût
évidemment été bien différent !
Cependant, stricto sensu, je ferais remonter le péplum
aux fouilles de Winkelmann à Pompéi (1784) et
à l'expédition de Bonaparte en Égypte (1798-1801).
Ensuite de quoi égyptomanie, étruscologie etc.
marquent le XIXe s. : le mobilier «Empire», la peinture
archéologique (les «pompiers»), les premiers
romans historiques qui emboîtent le pas aux tragiques
des siècles précédents (Shakespeare, Racine,
Corneille...) comme au théâtre lyrique.

Reg Park incarne un Hercule
débonnaire et glouton, dans la lignée de
l'Alceste d'Euripide. Mais cette photo illustre
aussi les procédés industriels du péplum
italien, car cette séquence, en réalité,
figure dans deux productions Achille Piazzi de 1961 :
Hercule à la conquête de l'Atlantide
(Vittorio Cottafavi) et Hercule contre les Vampires
(Mario Bava). |
Les incunables du péplum
Voilà d'où nous vient le péplum. Des spectacles
de cirque reconstituent les frasques de Cléopâtre
ou de Néron, l'héroïsme de Vercingétorix
(Barnum aux États-Unis, l'Hippodrome du Pont de l'Alma
à Paris). Brodant sur la culture classique et officielle,
les premiers films cinématographiques sont des petites
bandes d'une ou deux minutes qui passent dans des baraques foraines.
Tourné en septembre 1897 pour les Frères Lumière
[cat. n° 747], Néron essayant des poisons sur des
esclaves fait 17 m, soit 55") et est considéré
comme le tout premier «péplum».
Mais ces petites bandes deviendront grandes...
Entre 1900 et 1910, la durée moyenne des films passe
d'une minute (15 mètres) à dix, voire quinze minutes
! En fait, la durée du métrage varie selon qu'il
s'agît du cinéma muet (16 à 22 images/seconde,
la vitesse n'étant pas encore standardisée) ou
du sonore (24 images/seconde). Dans les ouvrages de référence,
on indiquera le métrage - seul fiable - plutôt
que la durée, qui est fonction de la vitesse d'enregistrement,
mais aussi de la projection... à la manivelle (9).
Parmi d'autres tels Alice Guy et Victorin Jasset, Louis Feuillade
et le «Film d'Art» (fondé en 1908) se feront
une spécialité de ces «incunables»...
Le premier film mythologique de Méliès, Le
tonneau des Danaïdes (cat. n° 314) fait, en 1900, 1'17";
huit ans plus tard La Prophétesse de Thèbes
(1908 - cat. n° 1096-1101) du même Méliès
dure 1'42", mais la même année ses Torches
humaines [de Justinien] (1908 - cat. n° 1066-1068) en font
près du double : 2'56".
Il faudra attendre 1913 pour voir réaliser des films
plus ambitieux, parfois de plus d'une heure comme Cabiria
(240') qui, tout de même, reste exceptionnel; cette année-là,
L'Agonie de Byzance de Feuillade ne fait encore que 29'
(10).
N'oublions pas que les films, à l'époque comme
de nos jours, doivent s'insérer dans les créneaux
horaires des exploitants.
La mise en scène s'améliore aussi, du reste :
ne se contentant plus de décors peints sur toile, Cabiria
(G. Pastrone, 1913) s'approprie aussi l'espace en créant
des décors en volume où se déplace le carello
(travelling), bientôt imité aux Etats-Unis
par Intolérance (D.W. Griffith, 1916) (11).
Les Trois Âges
(mais sans Buster Keaton !)
— |
Existe-t-il un âge d'or du genre, et, si oui,
quand et pourquoi ? |
Moi j'en vois trois. Il y a celui des anté-péplums
ou incunables (1913-1925), celui des Golden Sixties (1957-1965),
et celui de l'«Effet Gladiator» (2000-....).
Mais entre ces trois âges, il ne faudrait pour autant
pas croire qu'on ait arrêté de faire des péplums
! Dans les années '30, C.B. DeMille en réalise
quelques uns parmi les plus fameux (Le Signe de la Croix,
1932; Cléopâtre, 1937). Dans les
années '80, prospère (youp-là boum !) le
péplum érotique dans le sillage de Caligula;
mais aussi les «série-TV» péplums
- Jésus de Nazareth (1975-77), Moi Claude Empereur
(1976), L'Aigle de la IXe Légion (1977), Masada
(1980), Les derniers jours de Pompéi (1983), Quo
Vadis ? (1984), Anno Domini (1984).
Et les '90, qui démarrèrent avec les série
bibliques télévisuelles de la Lube-R.A.I., se
prolongèrent avec les productions de Sam Raimi (Hercules
& Xena).
Enfin, pour la plus grande joie des «anciens», mais
aussi de la nouvelle génération, la redécouverte
du genre à travers la VHS d'abord, du DVD ensuite, y
participa aussi. Sans nul doute possible.
L'Asie antique
— |
Quelles limites peut-on assigner au genre (par exemple,
peut-on inclure la série de Conan dedans,
ou bien les films traitant du l'Antiquité asiatique)
? |
Conan le Barbare est border line, mais pourquoi
pas ? L'heroic fantasy est connexe au péplum car
elle explore - en principe - des mythologies celtiques et germaniques,
qui valent bien le gréco-romain-biblique. Et les maltraite
tout autant, ajouterais-je, mais... that's life !
L'Empire des «Fils du
Ciel»
Pour qui est imbibé de latin et de grec, prétendre
en outre maîtriser la civilisation chinoise ou japonaise
(ou hindoue) est peut-être excessif... Pour aussi sympathique
qu'elle soit, l'Antiquité asiatique n'existe - à
mes yeux - que dans la contiguïté chronologique.
Ainsi faut-il être prudent car ce sont deux mondes qui
ne communiquent guère. J'en parle d'autant plus à
mon aise que ces derniers temps je me suis intéressé
à la question d'éventuels contacts entre l'Empire
romain et l'Extrême-Orient (qu'il s'agisse de l'éventuelle
odyssée des survivants du désastre de Carrhæ
(- 53), qui auraient migré jusqu'en Chine, ou les tentatives
diplomatiques de Trajan, pour tourner la menace parthe (vers
+120)). La seule chose que les Chinois aient eu chose en commun
avec les Romains, c'est qu'ils furent les premiers, et sensiblement
à la même époque, à se doter d'une
armée professionnelle (12).
Ça s'arrête-là, je pense. On peut bien évidemment
s'intéresser à des périodes parallèles
à notre Antiquité. Myth de Stanley Tong
(2005), Les 3 Royaumes de John Woo (2009) qui se situe
en 208 de n.E., vers la fin de la période Han, ou The
Story of Han Dynasty de Wei Han Tao (TV 2007), relative
au premier empereur Qin (221 av. n.E.)... Mais cela ne nous
parle pas beaucoup.
Toutefois je m'étais intéressé
à un film malais de 2011, Le Choc des Empires
de Yusry Kru, inspiré d'une chronique intitulée
Hikayat Merong Mahawangsa (qui semble remonter au XVIIe
s., mais est peut-être plus ancienne). Il y est question
d'un prince malais nommé Merong Mahawangsa, qui serait
un descendant d'Alexandre le Grand; et d'une ambassade romaine
au pays des Han justement vers 120 de n.E. L'empereur romain
aurait voulu donner son fils à épouser à
Meng Li Hua - fille l'Empereur de Chine - afin de sceller une
alliance entre les deux empires. Mais il est surtout question
d'un pirate malais nommé Garuda (l'oiseau des tempêtes
dans la mythologie védique), dont l'intervention risque
de faire capoter l'ambassade de Marcus Carpenius. De fait, il
s'agit davantage d'un film d'arts martiaux que d'un film historique,
malgré quelque citation d'Horace, en bon latin :
(...) carpe diem,
quam minimum credula postero
«Cueille donc le jour présent,
sans trop te fier au lendemain.
(HOR., Odes, I, 11. 8)
Le Pays du Soleil Levant
À noter au Japon la redécouverte de l'Antiquité
romaine par le biais du manga : Cestus de Shizuya Wazarai
(Hakusensha éd.), quinze albums entre 1998 et 2009; Agrippa
de Tooru Uchimizu (Sueisha éd., 2011-2012), consacré
à Vercingétorix comme le titre ne le dit pas;
Virtus de Hideo Shinanogawa & Gibbon (Ki-oon éd.,
2012-2013), qui s'inspire du Gladiator de Ridley Scott,
etc. Mais l'un des plus curieux est Thermæ Romæ
de Mari Yamazaki, qui disserte sur la culture du bain commune
aux Romains et aux Nippons. Succès planétaire
(la traduction française chez Casterman); une série
TV en a été tirée, mais je n'ai pas encore
eu l'occasion de la voir.
Perspectives d'avenir ?
— |
Que pensez-vous des péplums actuels ? Personnellement,
à part quelques exception (Agora et Gladiator
par exemple), je trouve cette nouvelle vague de péplum
assez décevante. Selon vous, le genre s'essouffle-t-il
(à l'image du western) ou bien a-t-il un avenir (et
si oui, lequel) ? |
Ce troisième Age d'Or, dans le sillage de Gladiator,
a ses spécificités. Beaucoup de téléfilms
pas terribles; et des séries docufictions pas géniales
non plus. Agora est sympathique car, pour une fois, c'est
le fanatisme monothéiste qui est montré du doigt.
Maintenant, s'il s'agit de savoir si l'on nous a représenté
le vrai visage d'Hypatie... Les historiens en discutent encore,
et bien sûr ne tombent jamais d'accord. Alors, le pauvre
film-maker...
J'ai certes adoré Gladiator en dépit de
certaines libertés prises avec l'histoire, mais le chef-d'uvre
absolu du Troisième âge d'or est et reste, à
mes yeux, la série TV Rome (HBO). Pour une fois
les cinéastes tentent de pénétrer l'âme
romaine pour en faire une peinture assez exacte. L'exercice
est périlleux car il s'agit non pas de reproduire les
rites à l'identique, archéologiquement parlant,
mais de les faire percevoir au spectateur, et sans pédanterie.
Il me plaît de penser être plus spécialement
redevable de cette délicate attention à John Milius
(Conan le Barbare), un des trois concepteurs de la série
avec Bruno Heller et William J. MacDonald. Au niveau du scénario,
bien sûr, il y a des simplifications inévitables
: par exemple Atia, la mère d'Octave, emprunte davantage
à la débauchée Clodia - de célèbre
mémoire - qu'à la vertueuse Atia historique...
Besoin de ressourcement
Le péplum est à l'Ancien Monde ce que le western
fut au Nouveau. J'adore les westerns, et je pense que l'on fera
toujours des péplums. Simplement parce que toute civilisation,
toute culture a besoin de points de repères. A besoin
de mythes. On n'a jamais publié autant de romans historiques
que depuis le déclin de l'enseignement de l'Histoire
dans les écoles. C'est un besoin. Retrouver nos racines,
même si ce sont les marchands du temple qui nous les distillent
sous forme de fast-food ou de plats surgelés de
douteuse provenance ! Les gens se moquent de savoir si les constructeurs
des pyramides étaient des esclaves fouettés ou
de braves fellahs uvrant par dévotion pour Pharaon-Dieu.
Ce qu'ils veulent, c'est qu'on leur parle de ce Passé.
Même s'il s'agit de débiter de ces sympathiques
stupidités comme nous en propose, par exemple, la para-archéologie
! Dans 10.000 B.C., Roland Emmerich nous montre, cornaqués
par des Atlantes, des mammouths édifiant les pyramides
de Gizeh ! D'où venons-nous ? Où allons-nous ?
Tournons-nous en rond ? Toujours la même question. À
chacun sa vérité.
Une petite crucifixion ?
(13)
Le cinéma ressasse toujours les mêmes histoires,
avec chaque fois une petite nuance en sus. Vous savez, Jésus-Christ
a une toute autre carrure que Maciste (lequel, en additionnant
le muet et le parlant, ne totalise à son actif qu'une
quarantaine de films). Or on refait des films sur Jésus
tous les ans. Ce qui fait de lui le héros de plus d'une
centaine de films (14).
Bien que détestant le gore, j'ai adoré
La Passion du Christ de Mel Gibson parce que (en en rajoutant
un peu, je le reconnais) il donnait une idée réaliste
de ce qu'était une crucifixion, ce qui nous change du
lénifiant discours chrétien habituel. Techniquement
parlant, il y aurait à redire sur la position du supplicié
sur la croix dans son film. Reportez-vous plutôt à
L'Inchiesta de Damiano Damiani ou à La Dernière
tentation de Scorsese. Mais on n'imagine pas un chrétien
aussi intégriste que lui, tournant le dos à l'iconographie
traditionnelle en relevant ce que nous apprend la découverte
en 1968, dans le cimetière de Givat Hamitvar à
Jérusalem, du squelette d'un notable juif crucifié
en position de torsion.
Confusion des mentalités
Personnellement, je préfère les dieux de la Grèce.
J'ai la nostalgie des péplums mythologiques des '60,
d'Hercule et la Reine de Lydie, Hercule à la conquête
de l'Atlantide ou contre les Vampires. Ou de Jason
et les Argonautes. Une imagination débridée,
ironique, mais toujours respectueuse. Ce qui m'irrite le plus,
ce sont les récents films mythologiques dans le sillage
du Choc des Titans 2, sinon de l'Hercule de Walt
Disney. Voir Hadès, le Roi des Enfers, assimilé
à Satan va au-delà de mes forces; il ne faut pas
mélanger les torchons et les serviettes, ni le judéo-christianisme
avec la religion gréco-romaine.
— |
Pourriez-vous nous donner trois mots (n'importe lesquels)
qui définiraient, selon vous, le mieux le genre)
? |
Ce n'est pas moi qui l'ai dit, mais : «forain»,
«milliardaire» et «beau comme tout»
(15)
!
La vérité, si
je mens..
— |
Quels sont, d'après vous, les ingrédients
pour faire un bon péplum ? |
Une subtile alchimie entre l'exactitude et le poncif, entre
les faits et l'imaginaire. Je ne pense pas que la légende
soit plus belle que la simple réalité. Pour prendre
un exemple dans le western : je ne vois pas en quoi la légende
(Davy Crockett abattu sur le parapet d'El Alamo, alors que
faisant les moulinets avec sa vieille «Betsy» il
fauchait des rangs entiers de Mexicains) serait plus pathétique
que la simple vérité historique (il s'est rendu
avec une poignée de camarades, a été collé
au mur et fusillé séance tenante). Je rêve
d'un film qui donnerait une version plausible et honnête
de la bataille des Thermopyles ou du désastre de Varus.
Bref, qui irait plus loin que l'hagiographie.
|
|
(21
août 2013)
Luca BLENGINO (sc.) & Luca ERBETTA (d.), Sarrasins
!,
Quadrants éd. (Soleil Productions), 48 p.
(Jean-Marc LAINÉ (adapt. txt. & dial.), Filippo RIZZU
(coul.))
ISBN : 9782302030664
SYNOPSIS
An 927 (314 de l'Hégire). La Provence est déchirée
par les incessants conflits qui opposent entre eux les nombreux
seigneurs ou moines locaux. Elle est la proie de pirates sarrasins,
les Muwallad qui règnent en maîtres sur la quasi-totalité
des côtes méridionales françaises depuis
une centaine d'années ! Pillages, enlèvements
et demandes de rançon y sont monnaie courante. D'origine
chrétienne, Hazar - «pari», en dialecte musta'rab
- est un jeune pirate, téméraire et ambitieux,
aux cheveux blonds et aux yeux bleus.
Depuis le Freinet de Saint-Tropez, le Farakhshanit, il accompagne
ses frères les Muwallad dans leurs incursions sur la
terre ou sur la mer. Quel sombre complot trame l'ambassadeur
de la cour de Mâdinat al-Zahrâ', la capitale du
sultanat d'al-Andalus ? Lors d'un raid qui vise un émissaire
de l'abbaye de Cluny en route vers Rome, son père adoptif
est sauvagement massacré et lui-même accusé
de traîtrise. Il ne sera jamais un «vrai»
Muwallad !
Hazar n'aura de cesse de prouver son innocence, quel que soit
le prix qu'il devra payer.
 |
|
Luca Erbetta est né
à Gênes le 27 avril 1979. Il a passé
son diplôme au Lycée Artistique Ego Bianchi
de Cuneo. Il a ensuite étudié un an dans une
école d'Arts Plastiques à Nice. Après
avoir collaboré avec le magazine italien de moto
Tuttomoto comme dessinateur, il publie en France
1881, sa première BD, en collaboration avec le scénariste
Luca Blengino (Éditions Semic). De 2005 à
2008, il a travaillé sur la série Watch
(Editions Delcourt), pour un total de 6 tomes. Avec Luca
Blengino, il est aussi co-scénariste. En 2008, il
rejoint l'équipe, toujours plus cosmopolite, du projet
Alter Ego, où il travaille en tandem de dessinateurs
avec Efa. En 2010, aux USA pour l'Editeur Image, il a dessiné
l'histoire en quatre chapitres The Writer, dans la
série Sam & Twitch. |
[@Texte - © Dupuis]
|
OPINION
Selon la légende scolaire, en 732, à Poitiers,
Charles Martel arrêta l'invasion arabe. Ce que l'histoire
universitaire nuance : il ne s'agissait pas d'une invasion mais
d'un simple raid de pillards (oh ben, alors...). Traitant d'un
sujet rarement abordé, sinon jamais, la BD que voici
nous rappelle que deux siècles plus tard, les musulmans
occupaient toujours le sud de ce qui n'était pas encore
la France - quoique néanmoins et de longue date terre
chrétienne. «Et ils y sont toujours»,
persifle une amie marseillaise. En Espagne, ils s'y maintinrent
plus longtemps encore, apportant aux pauvres ignorants d'Espagnols
- qui pourtant n'étaient nullement demandeurs - les lumières
de leurs brillantes civilisation et religion.
Voici donc une bande dessinée historique qui sort des
sentiers battus. D'abord par son sujet : la présence
des Sarrasins dans la Provence française au Xe s., leur
installation brutale et la lutte intestine entre les pirates
Mullawad et le sultanat d'Andalousie.
Construite comme une de ces fameuses auberges espagnoles où
l'on ne trouve que ce qu'on veut bien y apporter, cette BD -
assez équivoque - autorise des lectures diamétralement
opposées comme la paix entre les communautés (les
deux héros, Hazar le chrétien islamisé
et Fatima la musulmane christianisée) ou la lecture identitaire
(Hazar n'a d'autre choix que de demeurer un Sarrasin). L'allusion
au djihâd al-andalus, vieille revendication islamiste
- avant que de convertir le restant de l'Europe à la
pointe du cimeterre - n'aura pas échappé à
qui sait lire entre les lignes. Mais justement, mettant en évidence
la trahison du sultan d'Andalousie qui abandonne aux chrétiens
le destin des Muwallad, la BD peut s'interpréter de différentes
manières. Les Muwallad sont des pirates, donc des voyous.
Mais le sultanat d'Andalousie perdurera quelques siècles
encore (jusqu'en 1492), affirmant la pérennité
de l'Islam en Espagne, donc en Europe. D'un autre côté,
il serait également vain d'opposer Islam et Chrétienté.
Le fameux Cid, au gré de ses intérêts du
moment, ne dédaigna point d'à l'occasion mettre
son épée cruciforme au service de l'un ou l'autre
émir espagnol. Trêve de futiles anecdotes : la
compréhension du lecteur moyen sera toujours métahistorique...
CRITIQUE
«Période historique méconnue, personnages
forts et subtilement brossés, dessin réaliste
à la fois dynamique et précis (les petites
imprécisions anatomiques sont vite oubliées
devant la fougue de l'ensemble), montée dramatique
puissante... Tout est ici réuni pour rendre ce récit
palpitant de bout en bout, même un lecteur allergique
aux aventures médiévales. Le scénariste
Luca Blengino (L'Astrolabe de glace, 7 survivants, Le
Casse - Gold Rush) démontre une nouvelle fois
qu'il maîtrise sur le bout des doigts l'art et les
ressorts de la dramaturgie en bande dessinée, ce
qui lui permet de construire un univers riche et documenté,
et de le faire vivre avec la dose nécessaire d'action.
Du beau boulot.» |
Bo-Doï
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(15 août
2013)
Pantelis MICHELAKIS & Maria WYKE (éd.),
The Ancient World in Silent Cinema,
Cambridge University Press, cartonné, 398 p. (24,8 x
17,4 x 3,4 cm)
ISBN-10 : 110701610X - ISBN-13 : 978-1107016101
PRÉSENTATION
In the first four decades of cinema, hundreds of films were
made that drew their inspiration from ancient Greece, Rome,
Egypt and the Bible. Few of these films have been studied, and
even fewer have received critical attention. The films in question,
ranging from historical and mythological epics to adaptations
of ancient drama, burlesques, animated cartoons and documentaries,
suggest a preoccupation with the ancient world that competes
in intensity and breadth with that of Hollywood's classical
era. What contribution did the worlds of antiquity make to early
cinema, and how did perceptions of them change as a result ?
Existing prints as well as ephemera scattered in film archives
and libraries around the world constitute an enormous field
of research, and this edited collection is a first systematic
attempt to focus on the instrumental role of silent cinema in
early twentieth-century conceptualisations of the ancient Mediterranean
and Middle East.
TABLE DES MATIÈRES
- Introduction : silent cinema, antiquity and «the exhaustless
urn of time» (Pantelis MICHELAKIS & Maria WYKE)
Part I. Theories, histories, receptions
- The ancient world on silent film : the view from the archive
(Bryony DIXON)
- On visual cogency : the emergence of an antiquity of moving
images (Marcus BECKER)
- Cinema in the time of the pharaohs (Antonia LANT)
- «Hieroglyphics in motion» : representing ancient
Egypt and the Middle East in film theory and criticism of
the silent period (Laura MARCUS)
- Architecture and art dance meet in the ancient world (David
MAYER)
- Ancient Rome in London : classical subjects in the forefront
of cinema's expansion after 1910 (Ian CHRISTIE)
- Gloria Swanson as Venus : silent stardom, antiquity and
the classical vernacular (Michael WILLIAMS)
- Homer in silent cinema (Pantelis MICHELAKIS)
Part II. Movement, image, music, text
- Silent Saviours : representations of Jesus' Passion in early
cinema (Caroline Vander STICHELE)
- The Kalem Ben-Hur (1907) (Jon SOLOMON)
- Judith's vampish virtue and its double market appeal (Judith
BUCHANAN)
- Competing ancient worlds in early historical film : the
example of Cabiria (1914) (Annette DORGERLOH)
- Peplum, melodrama and musicality : Giuliano l'Apostata
(1919) (Giuseppe PUCCI)
- «An orgy Sunday School children can watch» :
the spectacle of sex and the seduction of spectacle in Cecil
B. DeMille's The Ten Commandments (1923) (David SHEPHERD)
- Silent laughter and the counter-historical : Buster Keaton's
Three Ages (1923) (Maria WYKE)
- From Roman history to German nationalism : Arminius and
Varus in Die Hermannschlacht (1924) (Martin M. WINKLER)
- The 1925 Ben-Hur and the «Hollywood Question»
(Ruth SCODEL)
- Consuming passions : Helen of Troy in the jazz age
(Margaret MALAMUD)
General bibliography
Index of films discussed
General index
CONTRIBUTEURS
Marcus Becker is an art historian at Berlin's Humboldt University.
He is Research Fellow at the Collaborative Research Centre «Transformations
of Antiquity» and at a research project on set design
and set designers in the Babelsberg film studios. He has published
numerous articles on the reception of antiquity around 1800
as well as on cinematic scenography and is co-editor of a volume
on Prussia and King Frederic II in film (Preußen aus
Celluloid : Friedrich II. im Film, 2012).
Judith Buchanan is Professor of Film and Literature
in the Department of English and Related Literature and currently
Director of the Humanities Research Centre at the University
of York. Publications include the monographs Shakespeare
on Film (2005) and Shakespeare on Silent Film : An Excellent
Dumb Discourse (Cambridge University Press, 2009), the edited
volume The Writer on Film : Screening Literary Authorship
(2013) and numerous articles on film and literature in the silent
era. Current projects include work on the Bible and silent film,
painting and early cinema, myths and fairy tales in film and
literature and the body and The Tempest in performance.
Ian Christie is a film historian, curator, broadcaster
and consultant. He has written and edited books on Powell and
Pressburger, Russian cinema, Scorsese, and Gilliam, and worked
on many film-related exhibitions. From 2003 to 2005, he was
director of the AHRC Centre for British Film and Television
Studies and in 2006 Slade Professor of Fine Art at Cambridge
University. A Fellow of the British Academy, he is Professor
of Film and Media History at Birkbeck College, director of the
London Screen Study Collection and president of Europa Cinemas,
of which he was a co-founder. Current research includes the
early motion picture industry in Britain; film in the digital
era; the history of production design, on which he published
The Art of Film : John Box and Production Design (2009)
and audienceship, about which he has edited Audiences
(2012).
Bryony Dixon is a curator at the BFI National Archive
with particular responsibility for silent film. She has researched
and written on many aspects of early and silent film and co-directs
and programmes the annual British Silent Film Festival (now
in its sixteenth year) as well as programming for the BFI and
a variety of film festivals, conferences and events worldwide.
She is the author of 100 Silent Films in the BFI Screen
Guides series (2011) and is most recently lead curator on the
BFI silent Hitchcock restoration project.
Annette Dorgerloh is Senior Lecturer in the Department
of Art History at Humboldt University, Berlin and member of
the Collaborative Research Centre «Transformations of
Antiquity», working on the project «Brave Old World
: Sites, Programs, and Materials around 1800». Since 2011
she has been the head of a research project in history of production
design in German cinema. She is the author of a book on tomb
and memorial monuments in early German landscape gardens (Strategien
des Überdauerns : Das Grab- und Erinnerungsmal im frühen
deutschen Landschaftsgarten, 2012); co-author of a book
on the Berlin Wall in film (Die Berliner Mauer in der Kunst
: Bildende Kunst, Literatur und Film, 2011) and co-editor
of a volume on Prussia and King Frederic II in film (Preußen
aus Celluloid : Friedrich II. im Film, 2012).
Antonia Lant is Professor of Cinema Studies, New York
University. She is the author of Blackout : Reinventing Women
for Wartime British Cinema (1991) and editor of The Red
Velvet Seat : Women's Writings on the First Fifty Years of Cinema
(2006). She is a member of the National Film Preservation Board,
Library of Congress, and is founding director of the MA Program
in Moving Image Archiving and Preservation at New York University.
Her active research interests are in silent cinema, women's
film history and egyptomania in the arts. In addition, she is
currently international research partner in «Texture Matters
: The Optical and Haptical in Media», a project supported
by the Austrian Science Fund and based at the University of
Vienna.
Margaret Malamud is Professor of Ancient History and
Islamic Studies at New Mexico State University. She is the author
of Ancient Rome in Modern America (2009), and co-editor
of Imperial Projections : Ancient Rome in Modern Popular
Culture (2001). She is currently working on Classics
as a Weapon : Debating Slavery and Liberty through Classical
Exempla, funded by the National Endowment for the Humanities.
Laura Marcus is the Goldsmiths' Professor of English
Literature at the University of Oxford and Professorial Fellow
of New College Oxford. Her research and teaching interests are
predominantly in nineteenth- and twentieth-century literature
and culture, including life-writing, modernism, Virginia Woolf
and Bloomsbury culture, contemporary fiction, and literature
and film. Her book publications include Auto/biographical
Discourses : Theory, Criticism, Practice (1994), Virginia
Woolf : Writers and their Work (1997, 2004), The Tenth
Muse : Writing about Cinema in the Modernist Period (2007)
and, as co-editor, The Cambridge History of Twentieth-Century
English Literature (Cambridge University Press, 2004). She
is on the editorial boards of a number of journals and is one
of the editors of the journal Women : a Cultural Review.
She is currently completing a book on writers and the cinema,
from the beginnings to the present.
David Mayer Emeritus Professor of Drama and Research
Professor, University of Manchester, studies British and American
popular entertainment of the nineteenth and early twentieth
century. Recent writings explore links between the Victorian
stage and early motion pictures. He is co-founder of The Victorian
and Edwardian Stage on Film Project, a contributing member to
The [D.W.] Griffith Project developed between Le Giornate del
Cinema Muto, Pordenone, the British Film Institute and the US
Library of Congress. His books include Harlequin in his Element
: English Pantomime, 1806-1836 (1968), Henry Irving and
The Bells (1984), Playing Out the Empire : Ben-Hur and other
Toga-Plays and Films (1994) and Stagestruck Filmmaker
: D. W. Griffith and the American Theatre (2009).
Pantelis Michelakis is Senior Lecturer in Classics at
the University of Bristol. His research interests are in Greek
theatre, literature and culture, and in their ancient and modern
reception. He is the author of Achilles in Greek Tragedy
(Cambridge University Press, 2002), Euripides' Iphigenia
at Aulis (2006) and Greek Tragedy on Screen (2013).
He has co-edited Homer, Tragedy and Beyond : Essays in Honour
of P.E. Easterling (2001) and Agamemnon in Performance,
458 BC to AD 2004 (2005). He has also published articles
on Greek tragedy and Greek literature, and their reception on
stage and screen. He is currently continuing his collaborative
research project on silent cinema with his co-investigator Maria
Wyke.
Giuseppe Pucci is Emeritus Professor of Greek and Roman
Art and Archaeology at the University of Siena, Italy. He has
been Getty Scholar (1995-6), Senior Visiting Scholar at the
Center for Advanced Study in the Visual Arts, Washington (2000)
and visiting professor in many leading universities in Europe
and the USA. He is Fellow of the Deutsches Archaeologischen
Institut and of the Società Italiana di Estetica. He
has devoted a List of contributors xvii number of papers to
the cinematic fortunes of Caesar, Cleopatra, Agrippina, Zenobia
and other characters of Roman history.
Ruth Scodel is D.R. Shackleton Bailey Collegiate Professor
of Greek and Latin at the University of Michigan. Her publications
include The Trojan Trilogy of Euripides (1979); Sophocles
(1984); Lysias, Orations I and III (1986); Credible
Impossibilities : Conventions and Strategies of Verisimilitude
in Homer and Greek Tragedy (1999); Listening to Homer
(2002); Whither Quo Vadis ? (2008; with Anja Bettenworth);
Epic Facework : Selfpresentation and Social Interaction in
Homer (2008) and An Introduction to Greek Tragedy
(Cambridge University Press, 2010). She was President of the
American Philological Association in 2007 and Leventis Visiting
Research Professor at the University of Edinburgh in 2011.
David Shepherd is Senior Lecturer in Hebrew Bible at
the University of Chester. His research interests include the
reception and interpretation of the Bible in its ancient and
modern contexts. His publications in relation to the representation
of biblical narratives in the cinema include Images of the
Word : Hollywood's Bible and Beyond (2008). He is currently
co-chair of the «Bible and the Moving Image» programme
unit of the International Meeting of the Society of Biblical
Literature.
Jon Solomon Novak Professor of Western Civilization
and Culture, and Professor of the Classics at the University
of Illinois at Urbana-Champaign, received his Ph.D. (Classics)
from the University of North Carolina in 1980. He publishes
in a wide range of disciplines including the classical tradition
in opera and the cinema, ancient Greek music theory, ancient
Greek poetry, Greek mythology, ancient Roman cuisine, pedagogical
computer applications, and The Three Stooges. He has published
the first of three volumes of Boccaccio's Genealogy of the
Pagan Gods (2011), a translation and commentary of Ptolemy's
Harmonics (2000), The Ancient World in the Cinema
(1978 and 2001), and co-authored Up the University : Re-Creating
Higher Education in America (1993). His works in progress
include a book on Ben-Hur and opera and the ancient world.
Caroline Vander Stichele is Lecturer in Biblical Studies
at the Department of Art, Religion and Culture, University of
Amsterdam, the Netherlands. Her research and publications focus
on hermeneutics and the reception history of biblical texts
and characters, representations of gender in Early Christian
literature, and the Bible and modern media, especially film.
She is co-author of Contextualizing Gender in Early Christian
Discourse : Thinking beyond Thecla (2009) and co-editor
of several volumes, including most recently Text, Image,
& Otherness in Children's Bibles : What is in the Picture
? (2012). She is currently working on a book about Herodias.
Michael Williams is Senior Lecturer in Film Studies
at the University of Southampton. His monograph Film Stardom,
Myth and Classicism : The Rise of the Hollywood Gods, exploring
the use of antiquity in the creation of Hollywood stardom, was
published in 2012. He is also author of Ivor Novello : Screen
Idol, a contextual study on Britain's first major film star
(2003), and co-editor of the collection British Silent Cinema
and the Great War (2011). Other work includes : queer readings
of the heritage film; Belgian filmmaker Bavo Defurne; film adaptations
of Highsmith's The Talented Mr. Ripley; Anton Walbrook;
and the relationship between stars and antiquity in Ben-Hur
(1925) and 300 (2006). He is an editorial advisor for
The Velvet Light Trap and continues to research the relationship
between stardom, classicism and sexuality.
Martin M. Winkler is University Professor and Professor
of Classics at George Mason University in Fairfax, Virginia.
His books are The Persona in Three Satires of Juvenal
(1983), Der lateinische Eulenspiegel des Ioannes Nemius
(1995), Cinema and Classical Texts : Apollo's New Light (Cambridge
University Press, 2009) and The Roman Salute : Cinema, History,
Ideology (2009). He also edited the anthology Juvenal in English
(2001) and the essay collections Classics and Cinema (1991),
Classical Myth and Culture in the Cinema (2001), Gladiator :
Film and History (2004), Troy : From Homer's Iliad to Hollywood
Epic (2006), Spartacus : Film and History (2007) and The Fall
of the Roman Empire : Film and History (2009). He has published
articles, book chapters, reviews, etc., on Roman literature,
on the classical tradition and on classical and medieval culture
and mythology in film.
Maria Wyke is Professor and Chair of Latin at University
College London. Her research interests include the reception
of ancient Rome, especially in popular culture. In both Projecting
the Past : Ancient Rome, Cinema and History (1997) and The
Roman Mistress : Ancient and Modern Representations (2000),
she explored cinematic reconstructions of ancient Rome in the
film traditions of Italy and Hollywood. She won a Leverhulme
Major Research Fellowship to investigate the reception of Julius
Caesar in Western culture, since published as Caesar : A
Life in Western Culture (2007) and Caesar in the USA
(2012). She continues now to work on the Antiquity in Silent
Cinema project, investigating in particular representations
of Roman history in the film industries of the USA, France and
Italy.
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(1er
juin 2013)
Jean DUFAUX & Philippe DELABY,
Murena/9 : Les Épines,
Dargaud éd.
Dans Rome ruinée par le grand incendie de 64, des intrigues
se nouent autour de Néron. Qui a bouté le feu
à la ville ? Qui faut-il livrer à la vengeance
du peuple romain ? Qui doit expier ? Les Juifs ? Difficile,
car ils sont protégés par la judaïsante impératrice
Poppée, que suit partout son confident Joseph ben Mattias
- le futur historien Flavius Josèphe. Ou seulement la
secte juive des chrétiens, ces individus suspects qui
adorent un certain charpentier crucifié ? Néron
tergiverse car il a pris l'un d'eux en sympathie - et rien moins
que l'apôtre Pierre.
Seul Massam, le gladiateur borgne, connaît la vérité
: l'incendie est parti d'une torche que lui a lancée
Lucius Murena, au cours d'une bagarre qui les mettait aux prises...
Massam compte bien, auprès de sa maîtresse Poppée,
chèrement monnayer cette information qui mettrait hors
cause ses protégés juifs...
Pour en savoir plus : click
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NOTES :
(1) Ce Publius Rubrius Barbarus a
réellement été préfet d'Égypte
en 13-12 av. n.E. Mais il ne nous est connu que par une inscription
trouvée à Philæ; on ne sait rien de ses
actions ni de sa personnalité. - Retour
texte
(2) Cf. Maria Adriana PROLO,
Giovanni Pastrone - Cabiria. Visione storica del III secolo
a. C. - Didascalie di Gabriele D'Annunzio, Turin, Museo
Nazionale del Cinema, 1977. - Retour texte
(3) Paolo ALATRI, Gabriele D'Annunzio
(1983), Fayard, 1992. - Retour texte
(4) Dossier «Guerre du Péloponnèse
: Athènes contre Sparte» (Guerres & Histoire
[Science & Vie], n° 14, août 2013). Nicolas Chevassus-au-Louis
- entre-autres - remet les pendules à l'heure en rappelant
que les «champions de la démocratie», en
l'occurrence les Spartiates, par une de ces ironies dont l'Histoire
est friande, étaient en fait la pire oligarchie fascistoïde
qui soit. Du moins selon notre point de vue moderne, devrions-nous
ajouter, car qui sommes-nous pour juger les critères
moraux d'hommes vivant il y a 2.500 ans ? Et que pensera-t-on
de nous, dans deux mille ans, qui avons ravagé la planète
? - Retour texte
(5) Sur la perception de l'ennemi,
voyez l'excellent petit livre : Jean BACON, Les Saigneurs
de la guerre. Brève histoire de la guerre et de ceux
qui la font (préface gnl de BOLLARDIÈRE),
Phébus, coll. «Libretto», 2003 (éd.
révisée de 1981). - Retour
texte
(6) Il s'agit d'une réévaluation
de l'Histoire turque et de sa période ottomane, dénigrée
par la révolution kémaliste à la fin de
la WWI. - Retour texte
(7) Dans le film, il a recueilli une
jeune musulmane dont le village a été exterminé
par les chrétiens, et qu'il considère comme sa
fille; en réalité, Orban avait d'abord proposé
ses services à l'Empereur byzantin, mais les caisses
de celui-ci étant vides, le vénal Autrichien s'était
tourné vers le plus offrant. - Retour
texte
(8) Que nous ne contestons pas. Une
fois de plus : qui sommes-nous pour juger ? - Retour
texte
(9) Cependant, pour le muet, on peut
évaluer les durées de la manière suivante
: 15 mètres = 1 minutes 250 mètres = 15
minutes, approximativement 300 mètres (1 acte)
= 15-20 minutes 600 mètres (2 actes) = 40 minutes
900-1.000 (3 actes) mètres = env. 1 heure
1.500 mètres = env. 1h 30' 7 actes = plus de deux
heures (remerciements à Hervé Dumont). - Retour
texte
(10) Sa Nativité, en
1910, faisait 14', mais son Orgie romaine (Héliogabale),
en 1911, seulement 9'. - Retour texte
(11) Exceptionnellement Cabiria
(1913) dure 240' (ramenées à 148' dans les copies
sonores des années '30).
Quant à Intolérance (D.W. Griffith, 1916),
il s'agissait de l'assemblage de plusieurs films redistribués
en montage alterné : l'épisode babylonien, la
naissance du Christ, la Saint-Barthélémy et un
épisode moderne. Dans sa version originale, inédite,
le film durait 8 heures. Dans son exploitation commerciale,
la première version aurait été de 220'.
Selon les sources, on lui assigne une longueur de 5.200 m, soit
env. 275' (G. SADOUL, Dict. du cinéma, Seghers,
pp. 118-119), ou 210' (copie Gallery of Modern Art de New York,
la plus longue connue à ce jour), ou 183' (copie Cinémathèque
royale de Belgique). La version disponible en DVD chez Bach
Films, coll. «L'Odyssée du Ciné»,
indique sur le boîtier : 150'. - Retour
texte
(12) Il ne faut pas confondre les
sociétés guerrières, comme les Celtes ou
les Grecs, qui fournirent des mercenaires à tous les
empires méditerranéens de l'époque, avec
la notion d'«armée de métier», qui
se moque bien des hiérachies sociales ou de la fortune
personnelle de ceux qui y adhèrent.
Chez les Grecs, les soldats-citoyens, comme à l'origine
à Rome, prenaient les armes chaque fois que la patrie
était en danger. C'est-à-dire tous les ans, au
printemps, dans des affrontements ritualisés. Puis retournaient
à leurs occupations. Perpétuellement raidis sous
leurs armures, les Spartiates constituaient sans doute l'unique
exception à la règle générale prévalant
dans le monde grec.
En ce qui concerne les Romains, le brave soldat-citoyen, qui
de sa poche payait son équipement militaire, disparaîtra
à partir de Marius lequel, aux alentours de -100, ouvrira
les rangs de la légion à toutes les catégories
sociales, y compris les plus démunies, les prolétaires,
assurant leur équipement aux plus pauvres. - Retour
texte
(13) ... comme demandait à
Brian le centurion gay des Monty Python's Life of Brian.
En approuvant : «Bien, prenez une croix et aller rejoindre
vos petits camarades qui font la file.» - Retour
texte
(14) Pour un bilan provisoire, arrêté
en 1990 : Roy KINNARD & Tim DAVIS, Divine Images. A History
of Jesus on the Screen, Citalel, 1992. - Retour
texte
(15) Cf. Pierre Philippe,
dans Cinéma 64, n° 85. - Retour
texte
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