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DE MURENA À LOLLIA PAULINA

 

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I. Murena : un héros de papier

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 II. Les lolos de Lollia : il y a murène sous roche...

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I. Murena : un héros de papier

Murena, la BD de Jean Dufaux (scénariste) et Philippe Delaby (dessinateur) fait actuellement "un malheur" aux éditions Dargaud Benelux. De quoi s'agit-il ? D'une vie de Néron vu par un de ses courtisans, Lucius Murena. Elle a fait l'objet d'une première série de quatre albums - parus respectivement en 1997, 1999, 2001 et 2002 - intitulée "Le Cycle de la Mère" et dédiée à Agrippine. Un second cycle de quatre albums est annoncé, "Le Cycle de l'Epouse", voué à Poppée cette fois (le premier album est prévu en 2004).
Il convient de préciser que le scénariste Jean Dufaux n'en était pas à son coup d'essai ayant, avec la complicité du dessinateur Xavier Musquera, précédemment donné le jour à un Sourire de la Murène (éd. des Archers, 1986) dont le héros était déjà Lucius Murena, et dont l'action se déroulait en 65. Une suite annoncée, L'homme au masque d'or, ne parut pas.
Scénariste de grand talent, Dufaux avait déjà traité de différentes tranches d'Histoire comme la dépression liée au crach boursier dans les années 1930 aux Etats-Unis (Dixie Road), l'époque de la Comedia à Venise (Giacomo C.) ou la France de Napoléon III (Les Voleurs d'Empires)…


1. Lucius Murena

Cette nouvelle saga raconte le règne de Néron vu par les yeux d'un personnage de fiction, ami de l'empereur. Lucius Murena nous est présenté comme étant le fils de Lollia Paulina qui, elle, a réellement existé puisqu'elle fut quelques mois mariée avec Caligula, puis - comme le rappelle la BD - faillit épouser l'empereur Claude (nous y reviendrons).

La pourpre et l'or (1997) se passe en 54 et raconte la mort de Claude et celle de Lollia Paulina ; De sable et de sang (1999) introduit le personnage d'Acté et voit mourir Britannicus ; dans La meilleure des mères (2001), l'intrigante Agrippine complote pour obtenir de Néron la condamnation à mort de Domitia Lepida (qui l'a élevé tout petit, pendant l'exil de sa mère sous Caligula), puis lui fait rencontrer Poppée ; Ceux qui vont mourir (2002), enfin, verra Néron ordonner l'inévitable matricide (58-59).

Lucius Murena traverse ces intrigues un peu en spectateur, à la manière d'un Corto Maltese, avec toutefois une idée fixe : démasquer les assassins de sa mère (La pourpre et l'or) et en tirer vengeance. Murena n'est donc pas un de ces héros de BD sans peur et sans reproche, sauveur du monde romain dans la manière d'Alix "première période" (1948-1968), mais un témoin désabusé, comme le même Alix "deuxième période" - la ressemblance s'arrêtant-là. Jacques Martin fait de gros efforts de reconstitutions de différentes civilisations, architectures spectaculaires, tout en concoctant des scénarios à la limite du fantastique quand ce n'est de la science-fiction; les personnages historiques - toujours délicats à mettre en scène - n'intervenant que très peu. Au contraire, chez Dufaux et Delaby la reconstitution de Rome, où se confine l'action, est soignée et plausible. Toutefois, les protagonistes de l'histoire y ont le premier rôle, et, sans cesse en action, sont plus importants que les comparses fictifs. On est loin de la distanciation brechtienne chère au cinéaste V. Cottafavi (La rivolta dei gladiatori, 1958 ; Le legioni di Cleopatra, 1959 et Messalina, Venere Imperatrice, 1959), dont Martin a si bien assimilé la leçon sans pour autant connaître quoi que ce soit aux péplums de Cinecittà ! Il est toujours plus difficile d'animer des personnages historiques, de les faire agir et parler, de penser à leur place - au contraire des personnages fictifs, à qui l'on peut faire dire ce que l'on veut et même leur prêter des sentiments ou une sensibilité anachronique puisque leur regard est toujours un peu le nôtre. Au contraire de J. Martin, justement, les auteurs de "Murena" font grand cas des péplums. En particulier Spartacus de Kubrick (dont le générique inspire leurs couvertures) et Gladiator de Ridley Scott auquel ils ont du reste consacré une superbe lithographie. Chose agréable chez Dufaux & Delaby : leur humilité… Des notes en fin d'album, un glossaire, des références bibliographiques. Dans un dossier récent, publié en supplément par le magazine des éditions Dargaud, Avant-Première (n° 17, septembre 2002), à l'occasion de la sortie du quatrième album, les auteurs expliquent leur façon de travailler, leurs problèmes, les erreurs ou anachronismes qu'ils n'ont pu éviter, comme la longueur des tuniques ou la nudité des gladiateurs.
Parlons en justement, de la nudité des gladiateurs. Les Romains étaient beaucoup plus pudiques que les Grecs. Quelque part dans son roman (dont fut tiré le film de Kubrick), Howard Fast écrit que les gladiateurs combattaient nus. D'où sans doute les panoplies réduites à l'extrême des gladiateurs dans le film de Stanley Kubrick qui, tout de même, les affubla d'un pagne à l'écran, décence oblige dans les '60 ! C'est peut-être pour l'avoir lu que, dès les premières planches du premier album, Delaby campa ses gladiateurs rigoureusement dans la simplicité de leur naissance. Quel contraste avec Alix de J. Martin et la beauté statuaire de ses gladiateurs (dans Les légions perdues, p. ex.), que la rude virilté de ces bouchers aux trognes patibulaires, qui d'entrée de jeu éclaboussent d'hémoglobine le lecteur. Prix Staline, inscrit sur les listes noires du maccarthysme, Howard Fast était un écrivain de science-fiction avant d'être un auteur de romans historiques (1), ce qui lui permettait des écarts surréalistes comme d'affirmer que, dans leur rapacité, les Romains trouvèrent un ultime moyen de tirer profit de ces esclaves que, perte sèche, ils avaient été obligés de massacrer : ils utilisèrent leur chair pour en faire des saucisses qu'ils revendirent en Gaule et en Egypte ! Saisissante métaphore de l'écrivain communiste, surtout si l'on veut bien se souvenir que le sang encore chaud d'un gladiateur égorgé passait pour être un remède à l'épilepsie (Pline).


2. La vie à la cour de Néron

Aucun archéologue n'oserait sérieusement relever le défi que serait de reconstituer les monuments de telle époque, à telle date précise. Il suffira, et c'est assez, aux dessinateurs de BD de reconstituer un décor crédible.
Les auteurs de "Murena" vont louvoyer entre les pièges de l'archéologie et ceux de l'historiographie, dont l'incontournable Suétone. « (…) d'autres intrigues se greffent étroitement à l'histoire de la famille impériale - note Danielle De Clercq (2) -, plongeant le lecteur dans le milieu des gladiateurs et dans les bas-fonds de Rome, que Néron et Agrippine ne dédaignent pas de hanter. Le dessin se concentre sur les personnages, souvent présentés en buste, et surtout sur les visages, bien plus que sur le décor, qui n'a pas la minutie d'une reconstitution. Un réalisme assez cru(el) marque certaines images. Nudité, érotisme, sang et mise à mort ne se font pas rares dans ce récit complexe et rondement mené qui tient facilement le lecteur, même non initié, en haleine.
« Les auteurs s'appuient sur une documentation fournie et éprouvée dont Suétone et Tacite, J. Carcopino, P. Grimal, Demat/Laloup - qu'ils citent à la fin de chaque chapitre. Ceux-ci comportent chacun un glossaire (présentation de certains personnages historiques, expressions latines, etc.). La page arrière de couverture résume l'intrigue par des citations : pour les deux premiers chapitres, les auteurs citent Suétone pour évoquer le sadisme de Claude et l'apparition des vices de Néron. Par contre, le troisième décrit la personnalité d'un Néron qui se cherche par un extrait des Mémoires d'Agrippine de P. Grimal, ouvrage qui n'est pas cité dans la bibliographie, et un lecteur non averti peut croire à une citation tirée d'une œuvre antique. D'autre part, l'attention du lecteur n'est pas attirée par la reconstitution, qui, sans avoir l'importance et la minutie de celles de J. Martin, est, dans l'ensemble, plausible, sans plus. On remarquera en passant que le Canope de la villa d'Hadrien a inspiré la représentation de la demeure de Pétrone et que certaines fontaines de jardin sont plutôt baroques.

Respect de l'histoire et lois de la BD
« Un certain souci de respecter la vérité historique est présent et les auteurs reconnaissent à l'occasion l'une ou l'autre erreur (p. ex. la confusion, au Chap. 2, de Vespasien et de Titus) ou signalent une liberté qu'ils prennent avec la réalité (p. ex. le meurtre de Locuste par Agrippine). Toutefois d'autres événements reçoivent un éclairage assez particulier, comme l'attribution à Agrippine de l'empoisonnement de Britannicus.

D'autre part, pour accroître la tension dramatique, des faits, éloignés dans le temps sont présentés comme concomitants : l'assassinat de Lollia Paulina, commandité par Agrippine en 49 P.C., coïncide ici avec l'agonie de Claude. Pallas est encore assez jeune et devient en amour le rival de Néron, qui lui a ravi Acté. Le défi que lance Britannicus à Néron lors des Saturnales est repris dans le festin au cours duquel le poison est administré au jeune prince. Quant à Murena, il veut venger à tout prix sa mère assassinée, Lollia Paulina. Or celle-ci n'eut jamais d'enfant…
« Les personnages historiques, pris dans les inévitables schématisations inhérentes au genre, sont conformes à leur réputation, mauvaise pour la plupart : Claude aime les "arènes sanglantes" tout en se montrant aussi un père (tardivement) inquiet pour l'avenir de Britannicus. Au départ un adolescent contrarié dans ses affections, Néron devient peu à peu le jeune empereur qui s'affranchit difficilement mais inéluctablement d'Agrippine et assume, parfois à contrecœur, les noires réalités et contraintes du règne. Belle, intelligente et retorse, Agrippine, très présente dans le récit, est dévorée par le goût du pouvoir et étale sans complexe cynisme et cruauté, ses charmes aussi. Pallas est veule et sans scrupules. Acté aime Néron sans détours. Jeune et riche, Pétrone est un ami dévoué qui prend avec détachement la laideur morale ambiante. L'athlétique Burrhus, renonce à Agrippine, comme d'autres à Satan, et choisit de suivre fidèlement Néron. Sénèque est un barbon donneur de leçons et plutôt ennuyeux. Locuste devrait être effrayante comme une Gorgone, mais est surtout caricaturale. L'ensorcelante Poppée est aussi ambitieuse que ses yeux sont langoureux. Finalement on retrouve des personnages assez typés qu'on pourrait facilement rencontrer dans d'autres récits, pas nécessairement historiques, racontés en BD.
« C'est aussi le cas pour les personnages fictifs, parmi lesquels Murena, tenace et courageux redresseur de torts, et Balba, le gladiateur nubien qui reste humain dans la bestialité de son milieu, apportent une note positive. »


3. La saga, album par album

A. Le Cycle de la Mère

1. La Pourpre et l'or, « Murena » /1, Dargaud Benelux, 1997, 48 pl.

DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.) (coul. : Béatrice Delpire); 3e éd. 2001 (couleurs entièrement refaites par Dina Kathelyn).

4e plat de couverture : "Il [Claude] était d'un naturel féroce et sanguinaire qui se trahissait dans les moindres choses comme dans les grandes… Dans tous les combats de gladiateurs donnés par lui ou quelqu'un d'autre, il faisait égorger même ceux qui tombaient par hasard pour observer leur visage quand ils expiraient." (SUÉTONE, Claude, XXXIV.)

Mai 54. L'empereur Claude commence à penser qu'il a eu tort de négliger son fils Britannicus au profit de son "demi-frère" Lucius Domitius Nero, fils de sa dernière épouse Agrippine. Pour être agréable à Britannicus, il gracie un gladiateur numide [Balba], puis se rend chez sa maîtresse Lollia Paulina, mère de Lucius Murena.
Néron, qui s'est teint les cheveux en roux, emmène le jeune Britannicus dans une de ses virées nocturnes dans les quartiers mal famés de Rome. Par hasard, ce dernier aperçoit Agrippine entrant chez l'empoisonneuse Locuste (qui pour elle teste un poison sur l'esclave Asper).

murena 1

Néron réside volontiers dans la villa des Ahenobarbi sur la via Flaminia, chez sa tante Domitia Lepida qui l'a élevé en l'absence de sa mère Julia Agrippina. Mais sa mère exige son retour à Rome, en lui rappelant que, de par son adoption par l'empereur Claude, il est entré dans la gens Claudii et ne se nomme plus Lucius Domitius Nero mais Tiberius Claudius Nero.
La nuit de Britannicus est agitée par un cauchemar concernant les poisons de Locuste; il s'en ouvre à son père l'empereur Claude.
Au cours de sa virée dans Suburre, Néron et ses amis ont dû faire le coup de poing contre les gardes d'une certaine prostituée de grand talent : l'esclave Acté "protégée" d'un notable de la cour, Pallas. C'est Murena qui, d'un coup de fronde bien placé entre les deux yeux d'un de ces nervis, a tiré d'affaire le fils d'Agrippine…

Claude annonce à ses conseillers son intention de prendre ses distances d'avec l'ambitieuse Agrippine et son fils Néron, pour en revenir à la chair de sa chair, son fils Britannicus. Sentant tourner le vent, Agrippine prend les devants et offre à Afranius Burrhus, préfet du prétoire, 15.000 sesterces pour chacun de ses hommes et d'autres avantages encore.
Claude annonce à Lollia Paulina son intention de l'épouser, mais un esclave à la solde de Pallas (l'affranchi et homme de confiance d'Agrippine) surprend cette conversation - avant d'être lui-même surpris par Lucius Murena, qui n'apprécie guère la relation de sa mère avec Claude.
Inquiet des réactions d'Agrippine qui a été informée, Murena se rend chez son ami Néron occupé à s'exercer à la conduite de son char, sa grande passion. Murena demande à son ami d'intercéder auprès d'Agrippine : il interdira à sa mère de revoir l'empereur sous son toit. Pour le convaincre d'entrer dans son jeu, il révèle à Néron que l'esclave Acté, à la beauté androgyne, est prostituée par Pallas, l'affranchi de sa mère - et qu'il sait la manière de la rencontrer en son lieu de baignade favori.

Agrippine continue à nouer ses intrigues. Assistant à un combat de gladiateur privé, elle offre à Sénèque 500.000 sesterces de rente annuelle à ceux des sénateurs désargentés qui consentiraient à la soutenir contre Claude. A Sénèque, elle offre l'éducation de Néron.
Agrippine convoque son gladiateur Draxius, qu'elle oblige à se mettre nu devant elle pour tester sa soumission. Elle lui offre la liberté s'il exécute Lollia Paulina. A Néron qui proteste en faveur de la mère de son ami Murena, elle propose un autre marché : qu'il la laisse régler comme elle l'entend ses comptes avec sa rivale et elle arrangera avec Pallas la question d'Acté.
Le 12 octobre, Lollia est assassinée par Draxius et deux prétoriens qu'il a recrutés, tandis que Claude annonce à ses conseillers son intention de répudier Agrippine et de l'exiler, ainsi que Néron. Cette même nuit où un banquet les réunit avec Xénophon de Cos, Lucius Murena, etc., Agrippine empoisonne Claude avec un plat de champignons fournis par Locuste. Comme l'empereur tarde à mourir, elle l'achève en lui présentant la tête tranchée de Lollia Paulina.
Exit Claude. Ainsi Néron, à 17 ans, est présenté aux cohortes prétoriennes et acclamé comme empereur.

2. De Sable et de sang, « Murena » /2, Dargaud Benelux, 1999, 48 pl.

DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.) (couleurs : Philippe Delaby & André Benn).

4e plat de couverture : "Son libertinage, sa lubricité, sa profusion, sa cupidité et sa cruauté se manifestèrent d'abord graduellement et d'une façon clandestine, comme dans l'égarement de la jeunesse, et pourtant, même alors, personne ne put douter que ces vices n'appartinssent à son caractère plutôt qu'à son âge." (SUÉTONE, Néron, XXVI.)

3e jour avant les Ides d'octobre 54 [13 octobre]. Néron prend le pouvoir au Castra Prætoria, sur la rive gauche du Tibre. Au Sénat, il est acclamé comme Princeps Juventutis (Prince de la Jeunesse). La mort de Lollia - officiellement massacrée par des pillards - est annoncée pendant la fête célébrant l'avènement du jeune empereur : Agrippine traite l'affaire d'"incident", et demande à son gladiateur Draxius d'aller un peu "bousculer" le jeune Britannicus qui malgré son deuil s'est mêlé aux convives. Mais le jeune fils de Claude est défendu par son gladiateur numide, et fait même montre d'autorité et de dignité.
Néron, Othon et leurs amis organisent une expédition "punitive" pour arracher Acté à l'emprise de son maquereau Pallas.
Lorsque vient s'en plaindre l'affranchi, Agrippine le remet vertement à sa place.
De son côté Lucius Murena éteint le feu domestique de sa maison où sa mère fut assassinée, et se réfugie chez son ami Petronius Arbiter. Pour sa part, Néron a ramené chez Domitia Lepida sa captive Acté dont, par sa gentillesse, il fait sa maîtresse. Mais aux ordres d'Agrippine, Sénèque vient vite l'y rechercher.

murena 2

La vie continue. A la caserne de Bacchus Soroctos, un nouveau gladiateur nommé Massam se distingue par sa cruauté et sa fougue homicide. Enquêtant de son côté sur les responsables de l'assassinat de Lollia Paulina, Pétrone présente à Murena un centurion prétorien, Marcus Brutus, qui a remarqué quelques anomalies dans l'emploi du temps de ses subordonnés. Pour sa part, Pallas se venge de sa peu reconnaissante patronne en remettant à Britannicus l'acte de répudiation d'Agrippine, signé par l'empereur Claude, qui le désigne ipso facto comme héritier de l'Empire - l'empereur légitime.
Fort des renseignements fournis par Marcus Brutus, Murena demande justice à Néron. Mais celui-ci fait disparaître tous les témoins qui pourraient accuser sa mère, à commencer par le centurion prétorien. Agrippine se rend chez Locuste pour obtenir : 1) un philtre d'amour pour consolider la liaison de Néron et Acté, dont les embrassements, en détournant son fils des affaires publiques, arrangent bien les siennes ; 2) un poison pour Britannicus. Or, informé par Pallas, ce dernier a assisté à la transaction, dissimulé dans la maison voisine !

Pendant les Sigillaires, Britannicus décide de faire valoir ses droits. Au cours du banquet, il exhibe le testament paternel que lui a remis Pallas… et ce faisant, tombe raide mort. Poison ou pas ? Ce ne fut peut-être qu'une rupture d'anévrisme, mais Agrippine se divertit très fort de l'embarras de son rejeton, soupçonné d'avoir ainsi éliminé son rival…


2b. Murena. Chapitres I & II,
JEM Diffusion (Bruxelles), s.d. (2000).

DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.).

Edition de luxe (brochée - cv. coul. inédite - planches N&B - 1.000 ex. numérotés) des deux premiers albums, suivis de La Mort Blanche (sc. et d. Ph. Delaby, 8 pl.) précédemment publié sous le titre "Présages" dans Hello Bédé BEs 44-45 / FR n°s 163-164, 3 et 10 novembre 1992.

3. La Meilleure des mères, « Murena » /3, Dargaud Benelux, 2001, 46 pl.

DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.) (couleurs : Dina Kathelyn (pl. 1-36) & Philippe Delaby (pll. 37-46)),

4e plat de couverture : "Lorsque Néron fait le mal, il le fait parce qu'il est lui-même malheureux. Qu'il se sent ou se croit méprisé. Alors il se venge, et, plus encore, éprouve le besoin de s'affirmer… Et c'est pour cela qu'il se déguise et commet toutes ces vilenies dans la ville… Il aspire à être aimé, ou craint, pour lui-même. Il veut exister, sous les vêtements du Prince, et ne pas simplement incarner une idée, un fantôme, celui de l'Imperator." (Lettre de JULIA AGRIPPINA à L. ANNÆUS SENECA.)

 Les funérailles de Britannicus ont lieu sous la pluie, qui délaie le plâtre dont son corps a été enduit, révélant les chairs boursouflées et noirâtres… La pluie éteint les torches des prétoriens : c'est son fidèle Numide Balba qui réussira à enflammer le bûcher du maître qu'il a juré de venger. Au ludus, où il a trouvé à s'engager pour perfectionner son art de tueur, le Numide fait la connaissance de Massam qui le reconnaît pour un rival potentiel. Pour le provoquer, Massam n'hésite pas à massacrer le jeune Proyas avec qui Balba s'était pris d'amitié.
Néron évite désormais Agrippine et exile Pallas en le consignant dans sa maison de l'Esquilin. Il veut effacer l'infâme passé d'Acté. Draxius, dont les oreilles traînent partout, informe Agrippine de ce que Néron - qui a décidé de s'affranchir de la tutelle maternelle - la soupçonne d'avoir empoisonné Britannicus. Des témoins ne n'ont-ils pas vue sortir de chez Locuste ?

murena 3

Interrogée par Néron, Locuste avoue avoir préparé le poison qui tua Claude - ce qui lui permit, à lui Néron, de monter sur le trône avant la majorité de Britannicus -, et Britannicus eut dû être le suivant. Néron décide de prendre Locuste à son service, l'installe dans les caves du palais, et commence par lui demander, pour leur lier la langue, d'empoisonner les deux bourreaux qui en ont déjà trop entendu.
Dans sa villa, Pétrone entreprend de changer les idées de Lucius Murena, qu'il pousse dans les bras de son esclave Arsilia… très douées pour les choses de l'amour. Arsilia est une ancienne esclave de Poppée Sabine, ex épouse du préfet des cohortes prétoriennes Rufus Crispinus, maintenant femme d'Othon.
Habillement "cuisiné" sur l'oreiller par Agrippine, le jeune Titus Flavius Sabinus Vespasianus (le futur empereur(3)), ami de Néron qui avait assisté à la mort de Britannicus, lui confirme les soupçons de l'empereur à son sujet.
Informé de la mort de son informateur, le centurion Marcus Brutus, et de celle du prétorien "suicidé" en prison, Lucius Murena se met en quête du second soldat, celui qui avait été relaxé. Mais ce Quintus Arenus a également péri au cours de manœuvres, dans un "stupide accident". Néron "avoue" à Murena que le responsable de l'assassinat de sa mère - qu'il s'obstine à vouloir protéger - est l'affranchi Pallas. Celui-ci aurait fait de l'excès de zèle, pensant être agréable à sa mère qui n'avait donné aucun ordre. Lucius Murena ayant haussé le ton, Néron le chasse de sa cour… mais lui abandonne Pallas !

Ayant assisté à un combat du Numide de Britannicus, Murena le prend à son service. Balba et lui se rendent chez Pallas pour en tirer vengeance, mais constatent que les tueurs de Néron sont passés avant eux, laissant sur le carreau l'affranchi mal en point. Murena commence à entrevoir le rôle trouble de Néron en cette affaire.
Comme le jeune empereur a décidé de faire venir au palais sa tante Domitia Lepida, qu'il considère comme sa véritable mère, Agrippine - jalouse de son influence - organise un nouveau complot : au Sénat, Néron est invité à condamner à mort, sans le connaître, un riche personnage qui entretiendrait une véritable milice privée de gladiateurs qui se seraient livrés à des déprédations. Il s'avère que celui-ci n'est autre que Domitia Lepida, sur les terre en Calabre de laquelle des gladiateurs se seraient révoltés. "Comme j'aimerais ne jamais avoir appris à écrire", soupire-t-il en signant le décret la condamnant. Ulcéré d'avoir ainsi été manœuvré par "la meilleure des mère", Néron décide la mort d'Agrippine. Entre-temps, celle-ci a localisé le nouveau laboratoire de Locuste, dans les caves du palais impérial, et oblige celle qui a parlé à avaler de son propre poison.
Néron est maintenant au faîte de sa popularité. Mais dans la foule, l'ambitieuse Poppée Sabine attend son tour…

4. Ceux qui vont mourir, « Murena » /4, Dargaud Benelux, 2002, 46 pl.

DUFAUX, Jean (sc.) & DELABY, Philippe (d.) (couleurs : Dina Kathelyn).

4e plat de couverture : "La vie n'est qu'une pièce de théâtre : ce qui compte ce n'est pas qu'elle dure longtemps mais qu'elle soit bien jouée. L'endroit où tu t'arrêtes, peu importe. Arrête-toi où tu voudras pourvu que tu te ménages une bonne sortie." (SÉNÈQUE, lettre à LUCILIUS, LXXVII.)

An 58. Lucius, qui a été chassé de la cour de Néron, rencontre son ami Titus Vespasianus devant la porte Tiburtina où agonise un crucifié à qui il fera donner un peu d'eau. Geste charitable qui en rappelle un autre (4), ainsi que le lui apprend un certain Pierre, qui passait par là ! Le jeune officier, emmène ses troupes pour une expédition lointaine [en Palestine - N.d.M.E.].

Chez Pétrone, Murena continue de filer le parfait amour avec la voluptueuse Arsilia. Agrippine tente de séduire son fils Néron, qu'elle reçoit nue dans ses appartements. Mais celui-ci ne jure que par Acté, dont le sulfureux passé a été effacé par ses soins. Acté, du reste, négocie le retour en grâce de Lucius Murena ; à défaut d'obtenir de Néron la "tête" (l'impératrice), Murena consent à se contenter de la "main" qui frappa sa mère - le gladiateur Draxius, l'homme de confiance… et de main d'Agrippine. Pour ce faire, Néron organise dans l'amphithéâtre un combat à quatre sur des passerelles surplombant un lit de braises. Un seul survivra : le Numide Balba qui, en tuant Draxius venge la mère de son allié Lucius Murena, lequel en retour l'aidera à venger son maître Britannicus. A la suite d'un pari relatif à ce combat, Néron profite de la circonstance pour retirer à sa mère sa garde de prétoriens. Néron et Murena se réconcilient.

murena 4

Son influence définitivement sapée, Agrippine sent venir la fin. Aussi ourdit-elle un ultime complot en poussant dans les bras de Néron l'insatiable et ambitieuse Poppée Sabine, munie d'un philtre d'amour jadis concocté par Locuste.

19 mars 59, à Baies. Anicetus organise pour Néron le naufrage de la trirème qui porte sa mère. Comme celle-ci survit au naufrage, l'amiral romain se rend à son domicile et plonge son glaive dans le ventre qui jadis porta Néron. Au Sénat, Sénèque fait approuver l'exécution d'Agrippine convaincue de haute trahison contre la personne de Néron, du Sénat et du peuple romain.
Néron fait la connaissance de Poppée, entre les bras de laquelle il ne va pas tarder à oublier Acté. Le poète Pétrone lui est présenté par Murena. Et aussi : l'empereur prend à son service un nouveau champion gladiateur, le cruel Massam et sa panthère noire…

(Il existe en outre deux albums de croquis préparatoires, Dargaud, ainsi qu'un tirage de tête du tome 4, BD First, 2002 [hors format, N&B].)


B. Le Cycle de l'Epouse
(En préparation.)

Suite...

 


 

NOTES :

(1) Il en commit un autre, My Glorious Brothers (1950) - la révolte des frères Macchabées, en Judée - Retour texte

(2) Danielle DE CLERCQ (Bull. FPGL, nŽ 132, novembre-décembre 2001)- Retour texte

(3) Dans le tome 2, pl. 48 (avec un renvoi à la note 12), Titus Flavius Vespasianus a bu dans la coupe de Britannicus et s'est senti mal. Poison ? La note précise qu'il s'agit du futur empereur Vespasien, alors âgé de 14 ans.
Dans le tome 3, pl. 19, Agrippine tente de séduire le jeune Vespasien pour lui tirer des vers du nez au sujet des symptômes de son indisposition. La note 4 nous précise qu'il s'agit en réalité de Titus Flavius Sabinus Vespasianus, le fils du futur empereur Vespasien, et que cette erreur sera corrigée à l'occasion d'une réédition de l'album (tome 2). Ce jeune Vespasien, le futur empereur Titus, réapparaît quatre ans plus tard dans les premières pages du tome 4. - Retour texte

(4) La crucifixion du Christ - Retour texte