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[ Les Héros du samedi soir ]

11. Conan le Barbare

 

 

conan aff conan metah

 

Les Eighties et l'heroic fantasy

Entre l'engloutissement d'Atlantis et de ses cités d'argent et l'avènement des fils d'Aryas, il fut un âge de rêve où des royaumes resplendissants s'étalaient de par le monde comme des voiles bleus sous les étoiles (...). Mais le plus fier royaume du monde était l'Aquilonia, perle de l'Occident fabuleux. Dans ces contrées vint Conan le Cimmérien, cheveux noirs, œil sombre, l'épée au poing, voleur, brigand, assassin, aux mélancolies et aux joies gigantesques, qui foula au pied les trônes somptueux de la Terre.
(Chroniques Némédiennes)

Ainsi démarre la chronique de l'antique Hyboria dont les habitants vécurent il y a douze mille ans, entre la fin de l'Atlantide et le début de l'Histoire officielle. Les exploits de Conan, qui la dominent, se déroulent tout au long d'une petite trentaine de nouvelles publiées, dans le désordre, dans des revues spécialisées, à partir de 1932.

Leur auteur est un jeune Texan, timide et introverti, exalté et imaginatif, Robert Erwin Howard (1906-1936) que le décès de sa mère, qu'il aimait tendrement, poussa au suicide. Cette brève existence, toute entière consacrée à l'écriture - il appartenait au cercle des correspondants d'H.P. Lovecraft - a enfanté de sombres récits, de grandioses épopées, des héros barbares et farouches : Kull roi d'Atlantis, Solomon Kane le Puritain, Bran Mac Morn le Picte sauvage, Cormac Mac Art le pirate irlandais, El Borak (en Afghanistan, le Texan F.X. Gordon émule de T.E. Lawrence "d'Arabie").

Mais le plus féroce d'entre tous restera Conan le Cimmérien, dont les aventures seront écrites (1932-1935) vers la fin de sa carrière - la première aventure publiée de Conan étant "The Phoenix on the Sword" (in Weird Tales, décembre 1932) (1)
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conan weird tales

Couverture de "Weird Tales",
dans les années '30

 

Héros de BD
"Howard [mort,] son héros devint dieu - commentera Claude Aziza en manière d'épitaphe - [Conan] entra dans le domaine public et rejoignit au Panthéon des mythes quelques autres barbares qui l'y avaient précédé, Enkidu le Babylonien, Sigurd le Nordique, Hercule l'Olympien et, plus près de nous, Maciste, né de la pierre, Tarzan, enfin, l'homme-singe" (2).

Vers la fin des années '60, dans le sillage du péplum italien qui, aux Etats-Unis, patrie du culturisme, a fait un véritable "malheur", on ressort des limbes de l'oubli les récits de R.E. Howard. Lyon Sprague de Camp retrouve dans les archives de l'écrivain texan des textes inachevés et des ébauches de synopsis; il complète les aventures de Conan le Barbare et détourne même quelques textes qui, au départ, n'avaient rien à voir avec la saga du Cimmérien. D'autres continuateurs, après Sprague de Camp (ou en collaboration avec lui, comme Lin Carter), mettront la main à la pâte : Bjorn Nyberg, Andrew Offutt, Poul Anderson...

En 1970, Stan Lee en fait le héros de deux séries de comic's de la Marvel Publishing : Conan the Barbarian et The savage Sword of Conan. Les scénarios sont signés par Roy Thomas, plus tard par Bruce Jones, Steven Grant, etc. Créé graphiquement par le dessinateur Barry Smith, le personnage est repris par John Buscema (mai 1973), puis continué par Pablo Marcos, Alfredo Alcala, Gil Kane, Ernie Chan, Mark Silvestri, Neal Adams. N'oublions pas de mentionner les magnifiques couvertures de Norem et les superbes compositions graphiques de Frank Frazetta.

conan BD

11.1. Vingt ans après

Vingt ans après l'âge d'or du péplum, vingt ans après la résurrection cinématographique de Maciste dans la Vallée des Rois, Conan le Barbare était porté à l'écran dans une production de Dino De Laurentiis. Vieux bateleur d'estrade en matière de péplum, De Laurentiis avait été, au temps de son association avec Carlo Ponti dans les années '50, l'un des décideurs de la Lux Film (Attila, Ulysse, etc.) - avant de faire cavalier seul pour le superbe Barabbas (R. Fleischer, 1962). Mais la crise du cinéma italien l'avait contraint, depuis, à émigrer aux Etats-Unis où il s'ingéniait à ressusciter les vieux mythes cinématographiques d'avant-guerre : King-Kong (John Guillermin, 1976), Flash Gordon (Mike Hodges, 1980).
Tourné en Espagne, avec pour interprète un culturiste d'origine autrichienne fan de Steve Reeves et de Reg Park, Arnold Schwarzenegger, le film est placé sous les auspices de Nietzsche - que cite un carton du générique :

"Ce qui ne nous tue pas nous rend forts..."

conan croix

Comme le Christ, comme Spartacus aussi, Conan subit le supplice de la croix, qui lui a été infligé par les sectateurs de Thulsa Doom, le Serpent.
Thulsa Doom est une créature cruelle et anthropophage qui se nourrit de jeunes "baba cool", adeptes du Flower Power. Difficile de ne pas l'identifier au spectre du communisme manipulateur, tandis que le héros hyborien incarne la génération sacrifiée au Viêt-Nam, qui rentrée dans ses foyers n'y a rencontré que le mépris - les "loosers" de la sale guerre !

11.1.1. Conan le Barbare (1981)

Qu'y a-t-il de mieux dans la vie ?
- L'immense steppe, un rapide coursier, des faucons à ton poing, et le vent... dans tes cheveux !
- Faux ! Conan, qu'y a-t-il de mieux dans la vie ?
- Ecraser ses ennemis, les voir mourir devant soi, et entendre les lamentations de leurs femmes !
Conan le Barbare [extrait du dialogue]

Capturé enfant par les Vanirs, qui ont volé l'épée paternelle, Conan a été vendu comme esclave; d'abord condamné à tourner la roue, il échoue chez les guerriers touraniens de la steppe, qui l'initient aux arts martiaux. Après avoir été gladiateur, il reconquiert la liberté. La liberté de retrouver les assassins de ses parents, adorateur du serpent Set. Dans une tombe atlante, il vole l'épée du défunt; une femme-loup lui révèle que son destin l'attend à Zamora - où il se rend en compagnie de l'Hyrcanien Subotaï, voleur et archer. Ayant voulu dérober le trésor de la Tour de Set, il fait la connaissance de la guerrière Valéria - et identifie ses ennemis : Thulsa Doom et ses séides. Le roi de Zamora, Osric, le charge de délivrer sa fille Yasmina, disciple de Thulsa Doom, qui l'a subjuguée par son pouvoir hypnotique. Après bien des péripéties, Conan et Subotaï délivreront la fille d'Osric et tueront Thulsa Doom qui n'a pu leur révéler le "secret de l'acier"; mais la vie de Valéria sera le prix de leur victoire. Lors du combat final toutefois, celle-ci sortira du monde des morts quelques instants pour lutter aux côtés du Cimmérien et lui sauver la vie.

Pour écrire le scénario de Conan le Barbare, John Milius et Oliver Stone (3) sont partis de plusieurs nouvelles contenues dans le premier tome de la saga (4), notamment La chose dans la crypte (Conan est fils d'un forgeron tué par les Vanirs, sa captivité, son combat contre les loups, la prise d'une épée dans la tombe à la momie), et - plus largement transposé - La tour de l'Eléphant (à Zamora, Conan cherche à s'emparer de joyaux conservés dans une tour gardée par une araignée géante, correspondant au serpent géant de Set dans le film - lequel provient, lui, du Dieu dans l'urne [même recueil]).
Héroïne des Clous Rouges, Valéria n'était pas une "Walkyrie", mais une femme pirate de la Fraternité Rouge ! -, mais le film emprunte la plus large part de sa personnalité à Belît, la femme-pirate de La reine de la Côte Noire (c'est elle qui, par amour de Conan, venait le sauver au delà de la mort), ainsi qu'à Vanir, fille d'Ymir (La fille du géant du gel).
Enfin, la crucifixion de Conan est tirée de Une sorcière viendra au monde; quant à Thulsa Doom et son peuple de serpents, ils ne proviennent pas de la saga de Conan mais de celle de Kull.

conan destructeur
conan destructeur - film

11.1.2. Conan le Destructeur (1984)

Suite au succès rencontré par le film de John Milius, Dino De Laurentiis et sa fille Rafaella en mettent un second volet en chantier, cette fois sous la férule de Richard Fleischer (qui a déjà tourné Barabbas [1962] pour De Laurentiis). La raison de ce choix est qu'on espère le voir rééditer son mémorable chef d'œuvre Les Vikings (prod. Kirk Douglas, 1958), superbe hommage rendu aux Hommes du Nord.

Conan est chargé par la reine de Shadizar, Taramis, de s'emparer du "Cœur d'Ahriman", un joyaux qui doit permettre à la vierge Jehnna de retrouver la corne de Dagoth, un dieu cruel qui, une fois recouvré son appendice mutilé, détruira le monde excepté ses Elus (dont Taramis).

Le scénario est de Stanley Mann, d'après une histoire des scénaristes de BD Roy Thomas et Gerry Conway. La reine Taramis est un personnage "rewrité" d'Une sorcière viendra au monde (dans Conan le Flibustier), mais Shadizar, la cité du vice, est la capitale de Zamora dans La chambre des morts. Toth-Amon, le méchant magicien adorateur de Set, qui détient le "Cœur d'Ahriman" a été pour sa part emprunté au Phénix sur l'épée (5) (dans Conan l'Usurpateur).


11.1.3. Red Sonja (1985)

Dans un troisième volet, Red Sonja (sorti en France sous le nom de Kalidor - La légende du Talisman), Conan/Arnold Schwarzenegger rencontre Sonja-la-Rouge, autre héroïne de R.E. Howard, à plusieurs reprises déjà côtoyée par le Cimmérien dans des épisodes BD de la Marvel.

Le thème central est plus ou moins repompé des Nibelungen : de même que dans la saga nordique Brunhilde, la Walkyrie, ne peut sacrifier sa virginité que pour un homme qui l'aura vaincue les armes à la main, Red Sonja ne saurait aimer Conan sans s'être mesurée à lui. Mais les occasions de régler le contentieux leur seront comptées, car nos deux héros doivent - prioritairement - reprendre à la méchante reine Gedren un Talisman qui, utilisé par elle, devrait anéantir le monde.
C'est, en somme, le thème de la Ragnarok ou Götterdämmerung - le Crépuscule des Dieux, déjà exploité dans Conan le Destructeur. La conflagration finale qui doit anéantir l'Univers sera du reste un thème récurrent de l'heroic fantasy des Eighties : cf. Dark Crystal (Jim Henson & Frank Oz - EU, 1982), L'histoire sans fin (Wolfgang Petersen - AL, 1984).

Pour des raisons de copyright, Conan est ici rebaptisé Kalidor (Yod, en Italie !). Cette production "Dino De Laurentiis", produite par Christian Ferry est également signée par Richard Fleischer.

 

11.2. Au crible de la critique

Lors d'un débat télévisé à la RTBF (6), Conan le Barbare devait servir de base de départ - ou de bouc émissaire pour intellectuels "de gauche"... la personnalité de J. Milius, cinéaste reaganien, a un lourd passif à assumer - à une table ronde ayant pour sujet... la préhistoire humaine. Il nous semble qu'il eut alors mieux valu programmer La guerre du feu de J.-J. Annaud, mais soit !

Donc, 12.000 ans avant notre Ere : entre l'engloutissement de l'Atlantide et l'épanouissement des cultures indo-européennes... Conan, en effet, est bien supposé avoir vécu en des temps préhistoriques. Il ne précède que de deux mille ans l'apparition de l'Homo sapiens recens (-10.000). Si, il y a 14.000 ans, l'Homme avait bien domestiqué le chien il était loin d'avoir dressé le cheval (encore moins de le monter comme on le voit faire dans le film), ni ne travaillait le fer ou l'acier, rappelera le paléo-anthropologue Yves Coppens (Musée de l'Homme; prof. au Collège de France), qui estime qu'il serait sage de diviser par deux la date proposée par Howard, soit -6.000 ans. "Histoire d'un continent, l'Eurasie... cinq mille ans d'histoire en marmelade, Conan le Barbare - selon Coppens -, est par son côté européocentrique, avant tout un fantastique document sur l'Amérique émigrée. (...) Parlez avec un Américain, et avant un quart d'heure, il évoquera son ascendance européenne."

Passons rapidement sur l'intervention grimacière d'un Pierre Schaeffer (auteur de De la guerre du silex à la guerre des étoiles) et de son langage fleuri, qui dénonça un film "pute", "abject", "déguelasse" (nous citons), plein de "supermecs" et de "nanas" à mi-chemin entre la pute et la bonne sœur, à la religiosité diffuse en "fond de teint", et visant à l'exploitation commerciale du mythe, lequel est ici piétiné, galvaudé, ridicule... (Sans commentaire.)

Claude-Henri Rocquet (professeur de lettre et d'histoire de l'art à la Sorbonne), tout en regrettant le manque de pathétique de Conan le Barbare, sut, en bon sémioticien, reconnaître le mythe en le film - celui d'Orphée - et aussi sa fonction mythique, car cette bande a généré une suite cinématographique, une adaptation BD, sans oublier tout l'univers howardien dans lequel il s'est inscrit. Comme Orphée, Conan descend dans ces Enfers que sont la cour infernale de Thulsa Doom et de ses disciples, pour le rachat d'une âme perdue (celle de Yasmina) qu'il paiera d'une partie de lui-même.

Guère convaincu non plus, Jean Markale - assurément le celtisant le plus médiatique de la télévision française, auteur e.a. d'un Carnac et l'énigme de l'Atlantide (1987) au titre racoleur (7) ! - n'y verra pour sa part qu'un ramassis hétéroclite de mythes qui n'ont rien de celtiques, de germaniques, ou même d'eurasiens, leur préférant l'humour des Monty Pythons.

Avec ses frustrations refoulées, sa confusion archéologique etc., "Conan" serait, avant tout, un curieux document sur la société américaine de la seconde moitié du XXe s.

L'intervention du slavisant Régis Boyer (8), autre sorbonnard, ne manque pas d'intérêt non plus - film imbécile, "supercherie que cette imagerie-là" - lorsqu'il voit en Conan la preuve évidente du primitivisme mental des Américains !
Que Conan soit de la BD, avec ses stéréotypes (les casques à cornes, qui n'existèrent jamais que dans l'imagerie romantique du XIXe s. Ah, Bayreuth !), nous semble une évidence. Mais c'est de bonne BD qu'il s'agit, avec un souffle épique, les décors de Ron Cobb... et la musique de Basil Poledouris ! Bien sûr, la reconstitution de ce monde hyborien - imaginaire, rappelons-le - impliquait une salade archéologique. Mais, n'était-ce son côté ludique, serait-elle si différente des élucubrations des indo-européanistes du XIXe s. ? Ou de leurs successeurs ? Ce n'est pas demain la veille qu'on tirera un film épique des Mythes romains de G. Dumézil, ou du Vocabulaire des institutions indo-européennes d'E. Benvéniste (9) !

Régis Boyer s'étonne aussi de la notion de néant dans Conan, concept qui n'existe pas dans les religions anciennes et pour lequel il n'y a pas de mot correspondant dans les langues indo-européennes.
Pourtant, dans la mythologie germanique, c'est bien ce nihilisme eschatologique qui frappe le non-spécialiste : les héros morts vont au Valhalla, la salle de banquets d'Asgard, le palais des Ases - les Dieux. Cependant, ces mêmes Ases seront appelés, un jour, à succomber sous les coups des Géants, malgré l'héroïsme d'Odin qui a donné son œil pour connaître la science des runes, et de Thor qui a sacrifié sa main droite pour enchaîner le loup Fenrir. Un jour tombera le Crépuscule des Dieux, lesquels périront jusqu'au dernier entraînant dans leur anéantissement les héros du Valhalla. Et après, il n'y aura plus rien. "Le Chrétien croyait... à une éternité bienheureuse, le Nordique n'espérait rien de tel", notait Edith Hamilton (10), qui ajoutait : "Au sein de toutes ces ténèbres, la seule lueur est l'héroïsme." Nous ne voyons pas en quoi la Weltanschauung de Conan le Cimmérien divergeait des Eddas, excepté peut-être son impiété fondamentale qui n'est qu'apparente puisqu'il croit en Crom et en Mitra... mais pas en les forces surnaturelles mauvaises, qui n'ont aucune prise sur lui.

La notion de néant ne figure donc pas à proprement parler dans Conan. Même dans les BD de la Warren Publishing (New York) qui, en France, connurent leur heure de gloire dans l'éphémère Vampirella (11), le "néant" est en réalité le Chaos primordial peuplé de dieux anciens, de Grands Ancêtres. C'est lui qui chez les Grecs a généré Gé et Ouranos, et chez les Babyloniens Apsou et Tiamat, l'eau douce et l'eau salée qui coulaient côte à côte, avant que le Temps ne soit.
Tout le système logique des comic's de la Warren gravitait autour de la notion du Chaos, dont les serviteurs sur la Terre manigancent les pires complots contre l'Humanité. Les aventures de l'héroïne - Vampirella - télescopaient Superman, Dracula, Barbarella, Lovecraft et tout le bestiaire du fantastique des vieux films de l'Universal, tout faisant farine au moulin. Aussi, parmi les dieux du Chaos, même ce brave Moloch (12) était au rendez-vous...

 

Suite...

 


 

NOTES :

(1) Cf. Le Fulmar, n° 22, juillet-août 1983. - Retour texte

(2) Claude AZIZA, dans Le Monde, jeudi 25 décembre 1987. - Retour texte

(3) L'engagement idéologique d'Oliver Stone - il faut le noter - est diamétralement inverse de celui de J. Milius. Scénariste de Midnight Express (un touriste américain, passeur de drogue occasionnel, dans l'enfer d'une prison turque), cet ancien combattant du Viêt-Nam, deux fois blessé, est certes marqué par cette guerre - son "mal jaune", aurait pu dire Lartéguy - mais sa lecture en est fort différente, comme le démontreront ses films de metteur en scène (Platoon, J.F.K. ...). - Retour texte

(4) Seize volumes chez Lattes, coll. Titres SF. Seuls les huit premiers, toutefois, sont de la plume d'Howard. - Retour texte

(5) Remaniement par Howard d'une aventure de Kull, Par cette hache, je règne. - Retour texte

(6) "Les origines de l'Homme", présentation Joseph Buron, lundi 17 novembre 1986. - Retour texte

(7) Comme quoi, il n'y a pas que les saltimbanques hollywoodien qui galvaudent les mythes pour vendre... Bien sûr, Markale a fait aussi d'autres excellents bouquins telles ses Epopée celtique d'Irlande et de Bretagne, etc. - Retour texte

(8) La saga de Njall le Brûlé, Aubier Montaigne, 1976; Les sagas islandaises, Payot, 1978; La saga de Harald l'Impitoyable, Petite Bibliothèque Payot, n° 363, 1979, etc. - Retour texte

(9) Notons quand même l'intéressante tentative d'Anthony Burgess qui tira des travaux des linguistes un lexique indo-européen de quelque 75 mots pour le film de J.J. Annaud, La guerre du feu... mais au prix d'un léger anachronisme : en une intrigue censée se dérouler en neuf mois, mais résumant 40.000 ans d'histoire de l'Humanité, le spectateur voyait défiler à l'écran les Wagabous, des néanderthaliens qui disparaîtront vers -35.000, qui attaquaient le camp des Ulams (Homo sapiens fossilis, apparus vers -80.000)... lesquels finissaient par apprendre d'une espèce d'Homo sapiens plus évoluée, les Ivakas (Homo sapiens recens), l'art de soi-même produire le feu.
(Cette remarque n'enlevant rien aux mérites de cette superbe réalisation. Mais l'unité de temps et de lieu reste la règle d'or du spectacle théatral comme du cinématographique...) - Retour texte

(10) Edith HAMILTON, La mythologie, Marabout Université, MU 20, 1962, pp. 376-378. - Retour texte

(11) La principale série était "Vampirella", curieuse héroïne-vampire issue de la planète Drakulon (comme Superman de la planète Krypton) pour voler au secours de l'Humanité en butte aux complots des anciens dieux, serviteurs du Chaos. On voit l'influence de Lovecraft ! Traquée par des chasseurs de vampires - un Dr Van Helsing aveugle (au propre comme au figuré) et son fils Adam qui, tout disposé à se laisser tenter par cette Eve d'outre tombe, la défend contre son père - Vampirella, généreusement dénudée, doit également se défendre contre Dracula lui-même, lequel désire s'approprier le puissant ouvrage de magie qu'elle détient. - Retour texte

(12) Dans "Carnaval des damnés" de Tom Sutton (d.) & Archie Goodwin (sc.) (Vampirella, n° 4, janvier 1972), Moloch est le plus redoutable des sept serviteurs du Chaos : "Quelque part au delà de notre perception, dans une dimension secrète, indiscernable et pourtant dangereusement proche, il est une région de ténèbres et de froid. Là, hors du temps et de l'espace, des êtres reposent et... attendent ! Formes vagues, sombres et menaçantes, ce sont les ombres des dieux fous et déchus d'une Terre que les hommes ont oubliée... Car des éons et des éons avant que l'homme paraisse la Terre était le furieux champ de bataille où s'affrontaient les forces de la Lumière et celles du Chaos... Et le Chaos vaincu, repoussé dans cette région vague, accompagné de ses sept démons, observe désormais le monde des humains. Dans l'attente que ses serviteurs lui en ouvrent les portes... Tel est l'univers qu'affronte Vampirella.
Demogorgon, Pursan, Zabulon, Asmodée, Moloch, Valefar, Nubérus. Sept noms, sept démons qui hantent désormais le sommeil de Vampirella, depuis que, telle Pandore entrouvrant la boîte, elle les a libérés en posant son regard sur les pages du livre maudit,
Les Chroniques Pourpres, la Bible du Chaos..."
Main droite du Chaos (op. cit., p. 15, 3e v.), Moloch a suspendu le temps sur un cirque forain dont l'incendie a commencé quinze ans plus tôt. Son propriétaire, Ashton, serviteur de Moloch, capture des vies humaines pour régénérer le dieu et permettre sa libération des ténèbres où il est encore partiellement retenu ("un pied dans notre monde, l'autre dans les ténèbres" (p. 15, 4e v.)). Capable, donc, de "suspendre le temps" (p. 15, 5e et 6e v.), il laisse voir dans les miroirs d'un palais des glaces, "l'instant de sa vie" que le visiteur "voudrait le plus voir changer" En fait, c'est un piège, et ses victimes passant à travers le miroir sont aspirées vers ce vide où réside encore une partie du dieu. - Retour texte