site peplums

logo peplums
The Arena
(Steve Carver, EU - 1973)

 

the arena

Francis Moury a testé le DVD Zone 1 de THE ARENA (LA REVOLTE DES GLADIATRICES ou LA REVOLTE DES VIERGES), également connu en Italie sous le titre Livia, una vergine per l'Impero. Sortie en salle à Bruxelles en mars 1977, cette petite production fut une agréable surprise en ces temps où le cinéma boudait le péplum. La V.It et la VF étaient signées "Michael Wotruba", pseudonyme d'Aristide Massacessi [Wotruba était le nom de sa société], alias Joe D'Amato, alias David Hill etc. le roi du film d'aventure fauché mais juteux, et du hardcore historique. En réalité, il n'en fut que le directeur de la photographie, la réalisation revenant à l'américain Steve Carver. Toutefois, coproduction oblige, il fallait légalement un coréalisateur italien...
Donc, The Arena fut tourné à Rome : les séquences des "catacombes" furent réalisées dans les Thermes de Caracalla. Primitivement, le film devait être mis en scène en Israël; il fut ensuite question de l'Espagne.

Il y eut bien, à Rome, des gladiatrices : elles apparurent sous le règne de Néron - c'étaient généralement de jeunes patriciennes à la recherche de sensations fortes. Elles combattaient entre elles, ou contre des fauves - jamais contre des hommes. Septime Sévère finit par interdire ce genre de prestations, à cause d'émeutes que leurs participations avaient suscitées. Toutefois on ignore quel genre de tenues elle arboraient (étaient-elles demi-nues comme leurs collègues masculins, ou portaient-elles tunique ? C'est qu'ils étaient pudiques, les Romains. Pas comme ces Grecs lascifs !), de même que nous ne connaissons pas les conditions exactes de leur engagement. D'après les synopsis, The Arena se passe en 45 av. n.E., mais les dialogues font référence à la révolte de Spartacus encore récente (elle eut lieu en 73-71) et l'une des quatre héroïnes - il y a une Irlandaise, une Bretonne, une Africaine et une Romaine -, la Romaine Livia a été vendue comme esclave après que son père Scipion, partisan de Pompée, soit tombé victime des proscriptions (?) de César. Prête à toute les promiscuités pour survivre, Livia proteste de sa citoyenneté qui lui interdit de se commettre dans ces jeux dégradants. Aussi sera-ce une novice, Lucillia, une fille de cuisine qui devra combattre à sa place. Et se faire égorger par une de ses amies, sous la menace des archers. Très belle scène - soulignée par la musique de Francesco De Masi - où les gladiatrices arment leur infortunée compagne pour ce combat dont l'issue fatale ne fait aucun doute, et qui fait un peu songer à l'adoubement d'un chevalier au Moyen Age. Au départ, Livia (Marie-Louise Zetha) est donc un élément important du scénario - d'où le titre alternatif Livia... -, l'élément perturbateur de la patricienne qui pour réintégrer sa caste trahit ses compagnes de misère. Mais, finalement, c'est le tandem Pam Grier/Margaret Markov qui accaparera tout l'intérêt des spectateurs : on sent bien que le film cherche sa voie entre violence et érotisme soft, péplum et "film de prison de femmes".

Pamela Grier, qui incarne Mamawi, fut dans les années '70 la reine du "black cinema" américain (Coffy, Foxy Brown,Friday Foster, etc.). Margaret Markov (Bodicia) est l'épouse du producteur du film, Mark Damon, que l'on avait pu voir en jeune premier dans La chute de la Maison Usher (Roger Corman, 1960) et dans le rôle titualire d'El Kébir, le Fils de Cléopâtre.

Michel ELOY

 
the arena

The Arena
(Steve Carver, EU - 1973)

Bodicia et Mamawi vivaient sans se connaître dans deux provinces romaines bien éloignées l'une de l'autre. Elles sont capturées puis vendues comme esclaves à Timarchus, un organisateur de combats de gladiateurs. Elles sont, avec d'autres captives des quatre coins de l'Empire, les maîtresses contraintes de ces derniers la veille des combats et sont aussi employées pour diverses tâches domestiques. Mais Timarchus, désireux d'épicer le spectacle, décide de les faire combattre à leur tour dans l'arène. Le premier combat s'avère sanglant. Les novices gladiatrices comprennent vite qu'elles vont toutes mourir à moins d'organiser une évasion à travers les catacombes : ce qu'elles tentent avec l'aide de Septimus, un gladiateur navré de la mort de leur compagne Lucinia dont il était amoureux.

Roger Corman avait tout d'abord pensé confier la réalisation du film au jeune Martin Scorsese qui venait de terminer Boxcar Bertha. C'est finalement Steve Carver (auteur du remarquable Capone, de l'estimable Drum [L'enfer des Mandingo] - séquelle du film de Richard Fleischer - et d'autres films produits ou distribués par la société de Corman, New World Pictures) qui assura la réalisation. Joe D'Amato n'est que réalisateur de la seconde équipe : la divine actrice Rosalba Neri (créditée sous son pseudonyme américain) est formelle sur ce point. Il signe en revanche la direction de la photographie du film sous son véritable nom. La production du film est signée Mark Damon - le jeune premier du film inaugural de la classique série Edgar Allan Poe, réalisé par Corman en 1960 : House of Usher - qui s'était en effet reconverti dans ce métier vers 1970. Joe Dante monte la version américaine, considérée paraît-il comme bien meilleure par D'Amato lui-même lorsqu'il la visionna par hasard un soir à la télévision. Le casting est intéressant : Paul Müller (l'acteur bien connu des cinéphiles-bis depuis Amanti d'Oltre-Tomba) croise Pam Grier et Margaret Markov réunies dans une variation antique de la noble espèce "W.I.P." (Women In Prison) du non moins noble genre "violence". Mimmo Palmara se souvient qu'il fut un des plus grand acteur du second âge d'or du peplum italien (1953-1965) et Lucretia Love est alors au sommet de sa carrière érotico-bis.

À noter que le DVD zone 1 réédité aux USA avec une interview de Corman en bonus est scandaleusement recadré en 1.33 alors que le film est tourné d'origine en format "Cinémascope" 2.35 comme en témoignent de plus anciennes éditions VHS.

À noter enfin que Corman a produit en Russie en 2001 un remake tourné "direct-to-vidéo" par Timur Bekmambetoy et intitulé Gladiatrix sur le marché russe. Il reprend le scénario de l'original en espérant profiter du renouveau d'intérêt pour le peplum suscité par le film de Ridley Scott et confie les rôles vedettes à deux playmates : Lisa Dergan et Karen Mc Dougal. Aux dires de ceux qui l'ont vu, il est honorable.

Steve Carver est né le 5 avril 1945 à, Brooklyn (New York, U.S.A.). Il étudie à l'American Film Institute's Center for Advancec Studies : il est assistant de Dalton Trumbo en 1970 pour Johnny Got His Gun. Repéré par Roger Corman, cet excellent technicien devient un des réalisateurs fétiches de la New World Pictures et signe pour cette société les réalisations de The Arena (1973), Big Bad Mama (1974) qui est un remake de Bloody Mama avec Angie Dickinson remplaçant Shelley Winter. Il accède à la série A tout en gardant le punch de la "B" grâce à son chef-d'oeuvre Capone (1975) avec Ben Gazzara, John Cassavetes, Harry Guardino, Sylvester Stallone. Il continue en roue libre sans Corman avec Drum [L'enfer des Mandingo] (1976), son second grand film avec Warren Oates, Isola Vega et Fiona Lewis tandis que l'intéressant Steel [Des nerfs d'acier] (1979) est produit par l'acteur Lee Majors. Steel fait indéniablement retomber Carver d'un cran dans l'échelle bugdétaire et esthétique. Carver, décidé à œuvrer dans ce qui lui convient le mieux, c'est à dire la violence, contribue ensuite à installer Chuck Norris en vedette avec Lone Wolf Mc Quade [Œil pour œil] (1982). Il tournera aussi avec Michael Dudikoff (River of Death), mais sa grande époque est désormais derrière lui. Il a réalisé en tout 16 films.

La rivolta delle gladiatrice / La révolte des vierges / Naked Warriors. Avec Pamela Grier, Margaret Markov, Rosalba Neri [sous son pseudonyme US : Sara Bay], Lucretia Love, Paul Müller, Daniele Vargas, Dick Palmer [Mimmo Palmara], Salvatore Baccaro. Prod. : Roger Corman [non crédité] et Mark Damon. Scn : John William Corrington & Joyce Hooper Corrington. Photo : Aristide Massaccesi [véritable nom de Joe d'Amato]. Mont. : Joe Dante. Mus. : Francesco de Masi. Durée : 83' [version originale] ou 78' [version USA] Cinemascope 2.35 couleurs.

Francis MOURY

(Reproduit avec l'aimable autorisation de www.cineastes.net [copyright L'étrange Festival] - site consacré au cinéma expérimental.)