|
Jules César (DVD)
(Uli Edel - EU-AL-IT, 2002) |
Une nouvelle adaptation de Jules
César, signée Uli Edel (Les Mystères
d'Avalon), avec Jeremy Sisto dans le rôle titre, ex
Jésus-Christ dans le film homonyme de la Lube - J.C.
doivent être ses initiales fétiches ?
Cette mini-série en deux épisodes, soit plus de
trois heures de film est, chose plutôt rare, une vraie
biographie qui ne se contente pas de raconter la Guerre des
Gaules ou ses tumultueuses amours avec Cléopâtre
(ici réduites au strict nécessaire [1]),
ou encore son assassinat d'après Shakespeare. Il nous
semble bien que seul Enrico Guazzoni, dans les années
'10, en avait tenté la gageure. |
|
|
|
1. Un vrai «Jules»
L'histoire romaine vigoureusement «rewritée»
et simplifiée. Par exemple : 1) on omet de dire que César,
à peine sorti des griffes des pirates recruta une bande de
mercenaires pour se venger d'eux, et les fit tous crucifier ! 2)
Le scénario enchaîne l'expédition de Pompée
contre les pirates avec la crucifixion des bandes de Spartacus.
1) et 2) télescopés c'est donc Pompée qui crucifie
les prisonniers à la place de César (en fait, c'est
Crassus - mystérieusement disparu de ce scénario [2]
- qui avait crucifié les esclaves et gladiateurs rebelles;
Pompée s'était contenté d'écraser des
bandes de fuyards rescapés de la bataille du Silaros, où
périt/disparut Spartacus).
On s'étonne aussi de l'absence de certains épisodes
: César avait d'abord fui les proscriptions de Pompée,
puis malade était revenu à Rome où sa famille
lui avait obtenu le pardon de Sylla. Il se fit alors affecter dans
l'armée de Lucullus et participa au siège de Mitylène
: c'est à cette occasion que se situe l'épisode homosexuel
avec Nicomède IV, roi de Bithynie (qu'élude le film).
Retour à Rome, un procès contre Dolabella - qu'il
perdit - l'incita à prendre le large une nouvelle fois, ce
qu'il fit en se rendant à Rhodes pour suivre les cours du
célèbre rhéteur Apollonius Molôn (qui
n'était donc pas un esclave acheté pour sa fille !).
Finalement, Sylla expédia César sur une «voie
de garage» politique en le faisant nommer flamen dialis.
Sa fonction de prêtre de Jupiter le soumettait à toutes
sortes de contraintes dans sa vie quotidienne, dont le port d'un
costume spécifique (lituus, toge à rayures
de couleur).
|
La mort de Sylla, un an après son abdication, libéra
César des contraintes de son sacerdoce. Alors le jeune César
noua des liens avec le richissime Crassus, qui devint son mentor politique
[complètement oublié du scénariste, répétons-le
!], et Pompée. Il rapprocha les deux ambitieux et, ensemble, ils
formèrent le «premier triumvirat» - un pacte secret,
qui liait les trois associés. César fut nommé consul,
puis proconsul, et prit possession du gouvernement des provinces d'Illyrie
et des Gaules cisalpines et narbonnaise, qui furent la base de la conquête
de la Gaule chevelue.
Le film présente celle-ci comme une offensive romaine. En réalité,
les Romains y furent appelés par les Eduens pour lutter contre
les envahisseurs Helvètes et Germains. Tout au long des sept années
de lutte qu'y mena César, les Romains furent toujours soutenus
par des tribus gauloises amies (les plus civilisées, celles de
l'axe de pénétration commerciale Rhône-Rhin : Eduens,
Lingons, Trévires [3],
ainsi que les Rêmes).
Vercingétorix et Alésia
L'épisode de Vercingétorix est également fort
ellipsé, puisque la guerre des Gaules est résumée
en quelques plans (4).
Mais le traitement de la bataille d'Alésia est un grand moment
de ce téléfilm et, à certains égards, est
bien supérieur au Vercingétorix de J. Dorfmann. La
description des travaux de circonvallation; l'épisode («oublié»
par Dorfmann) des bouches gauloises inutiles que l'on laisse mourir entre
les deux camps... L'arrivée de l'armée de secours est synthétique
(on n'en voit guère les chefs, ni l'intervention des mercenaires
germains). Le traitement de la reddition de Vercingétorix est plus
sobre, évidemment, que dans le film avec Christophe Lambert, dont
c'était le «grand moment».
On verra ensuite le chef arverne derrière le char de César,
lors de son triomphe; mais par charité, à la demande du
vaincu, César fait décapiter celui-ci dans sa prison (et
non étrangler : le scénario ménage l'image de César
!). Oui, le film d'Edel prend quelques libertés... Assurément,
la configuration de la Mamertine est, dans Julius Cæsar,
plus «agréable» que celle de la vraie, abject cul de
basse-fosse, vrai pourrissoir humain (5)
! La relation de César avec Vercingétorix fut certainement
plus subtile que celle décrite par le film, quoique Heino Ferch
nous en offre une interprétation assez intéressante, même
si archéologiquement anachronique car on lui a fait le look
du blond «Vercingétorix» de Millet, dont la statue
domine le mont Auxois.
L'unique reproche que nous pourrions faire à la description de
ce siège fameux est que le site choisi ne convenait qu'à
moitié : l'oppidum aurait dû se jucher sur une hauteur
plus importante, les distances sont rétrécies, comme si
on avait retourné les jumelles d'approche. Mais nous sommes au
petit écran, n'est-ce pas ? Et même Bondartchouck, malgré
les imposants moyens dont il disposait (collaboration de l'Armée
Rouge, dont les bulldozer déplacèrent des collines entières)
avait dû «rétrécir» son champ de la bataille
de Waterloo, quitte à en exagérer les reliefs pour que les
images filmées soient plus éloquentes !
L'image même des Gaulois est erronée, et évoque
davantage les Germains tels qu'on les voit dans la bataille d'ouverture
de Gladiator (en fait, un plan y fait directement référence).
Or les Gaulois aimaient les vêtements de couleurs vives, et portaient
des cottes de mailles, au contraire des barbares pouilleux vêtus
de couleurs terreuses que nous montre le téléfilm (l'un
des lieutenants de Vercingétorix porte même le «nud
suève», c'est-à-dire que ses cheveux sont noués
sur le côté de la tête, coiffure typiquement germanique
!).
Film fort condensé. Cent soixante-dix minutes ne suffisent pas
pour évoquer dans tous les détails la vie de César,
bien évidemment. Il faut s'incliner devant les règles de
la syntaxe télévisuelle ou cinématographique : dans
un film on ne peut pas développer trente-six batailles (comme l'avait
fait Mustapha Akkad dans Le Message)
ou trente-six discours au sénat, ce qui oblige à synthétiser
et parfois même à intervertir la chronologie de certains
événements. Saluons l'intéressante interprétation
de Chris Noth dans le rôle de Pompée et de Christopher Walken
en Caton d'Utique - que certes, on regrettera un peu de le voir si abondamment
chevelu.
Reconstituer l'Antiquité romaine est une gageure, souvent soumise
à clichés, et le «bien observé» (les
voiles orange de la mariée, l'absence de fer de hache aux faisceaux
des six licteurs du consul dans Rome etc.) côtoie l'aberrant (ne
citons que les larges bannières noires de Sylla, bleues de Pompée,
rouges de César). Si elle convient parfaitement à Cicéron,
homme nouveau, on reste rêveur devant la tunique angusticlave -
notant l'appartenance à l'ordre équestre - que portent l'aristocrate
César et les plébéiens Caton d'Utique et Bibulus,
tandis que l'homme nouveau Pompée arbore sans complexe le laticlave
de l'ordre sénatorial. Par ailleurs, nombre de répliques
qui par leur anachronisme choqueront le connaisseur pointilleux, se conçoivent
parfaitement dans une uvre destinée au grand public et qui
doit aller à l'essentiel. A l'écran, en effet, pas de notes
de bas de page ! Quant aux pensées intimes de César, ses
convictions politiques et la portée de son uvre, de Napoléon
III et Jérôme Carcopino à Max Gallo et Luciano Canforta,
les historiens spécialistes et les vulgarisateurs, les thuriféraires
et les dénigreurs continueront encore longtemps à se quereller
!
C'est toutefois peut-être la première fois qu'un film permet
un développement complet du personnage de Jules César. Et
met en scène les femmes autour de César, telle sa mère
Aurelia, Cornelia sa première épouse, sa fille Julia qui
épousa Pompée, et Calpurnia (déjà plus familière
des [télé]spectateurs qui l'ont déjà croisée
dans les diverses adaptations du Jules César de Shakespeare).
Une mention pour la touchante Portia, épouse de Brutus, qui apprenant
la mort de son mari se suicida en avalant un charbon ardent - comme le
rappelle un carton du générique de fin.
2. Fiche technique
Jules César [tv]
Jules César. Veni, vidi, vici [dvd]
Etats-unis - Allemagne - Italie, 2002
t.o. Julius Cæsar
{titres}
Julius Cæsar [EU]
Julius Cæsar [AL]
Prod. : The DeAngelisgroup - T.N.T. (Turner Network Television) - Five
Mile River Bank (Victory Mediagroup : Victory 11 TV Productions GmbH,
Victory 12 TV Productions GmbH & Multikapital Vermittlungsgesellschaft
GmbH) - ARD 1 Degeto / Coul. / Minisérie TV : 2 épisodes
/ 170' [DVD NL] - 135' [DVD FR]
Fiche technique
Réal. : Uli EDEL [Edel ULRICH]; Scén. : Peter PRUCE
& Craig WARNER; Images : Fabio CIANCHETTI; Prod. : Guido De ANGELIS
(executive producer), Bauer JONAS (producer), Russell KAGAN & John
G. PHELAN (co-executive producer), Lorenzo MINOLI (executive producer),
Piria PAOLO (producer), Giuseppe PEDERSOLI (associate european producer),
Gianfranco PIERANTONI (line producer), Paolo PIRIA (line producer), Plamen
VOYNOVSKY (co-producer); Casting : Jeremy ZIMMERMAN; Production Design
: Francesco BRONZI, Antonello RUBINO; Art Direction : Ino BONELLO; Costume
Design : Simonetta LEONCINI; Mont. : Mark CONTE A.C.E. - Production
Management : Emanuela MINOLI (unit manager), Gianfranco PIERANTONI
(production manager). - Second Unit Director or Assistant Director
: Victor BOJINOV (first assistant director: second unit). - Art
Department : Tamara MARINI (set designer), Igor TOSEVSKI (storyboard
artist). - Sound Department : Tommy GOODWIN (foley mixer), Dean
OKRAND (sound re-recording mixer). - Special Effects : Maurizio
CORRIDORI (special effects technician). - Visual Effects : Adam
AVITABILE (digital compositor), Jay Mark JOHNSON (visual effects supervisor),
Matthew PULLICINO (visual effects technical assistant), Tefft SMITH (digital
artist), Allison TROXELL (visual effects producer). Divers : Alessio
BASTIANELLI (focus puller: «A» camera), Giancarlo CHECCHI
(electrician), Marco CUZZUPOLI (assistant camera), Alessandro Di MEO (assistant
camera), D.C. DOUGLAS (additional voice), Eugenio GALLI (camera operator),
Gian Claudio GIACOMINI (assistant camera: «A» camera), Augusto
GRASSI (assistant costume designer), Andrea PIRIA (production accountant),
Marta RAZZANO (production secretary); Chanson originale du générique
«Maximus» enregistré par CANTARA; Musique : Ruy FOLGUERA,
Carlo SILIOTTO (Musique de Al BARBER, Bernd HOFFMAN & Carlo SILIOTTO
- partiellement basée sur la Septième symphonie de
BEETHOVEN).
Fiche artistique
Jeremy SISTO (Julius Cæsar) - Richard HARRIS (Lucius Sulla [Sylla])
- Christopher WALKEN (Marcus Caton [Caton d'Utique]) - Valeria GOLINO
(Calpurnia) - Chris NOTH (Pompée) - Pamela BOWEN (Aurelia) - Heino
FERCH (Vercingétorix) - Tobias MORETTI (Caius Cassius) - Samuela
SARDO (Cléopâtre) - Daniela PIAZZA (Cornelia) - Nicole GRIMAUDO
(Julia) - Sean PERTWEE (Labienus) - Paolo BRIGUGLIA (Marcus Brutus) -
Kate STEAVENSON-PAYNE (Portia) - Ian DUNCAN (Brutus) - Constantine GREGORY
(Pythias) - Jay JORDAN (Marc Antoine) - Christian KOHLUND (Lépide)
- Brendan HOOPER (Bibulus) - Clive MERRISON (Metellus) - Colin MAHER (Casca)
- John SUDA (Tillius) - Chris GATT (Ligarius) - Andrew GRAINGER (Critognatus)
- Robert WILLOX (Hano) - Pete Lee WILSON (Darius) - Nigel HOYLE (Lysandre)
- Christopher ETTRIDGE (Apollonius) - Alexandra MORRIS (Julia, enfant)
- Ralph BROWN (Xanthus) - Andy GREENHALGH (Polydorus) - Christopher SIMON
(soldat de Sylla 1) - Jes CAMILLERI (soldat de Sylla 2) - Anthony ELLUL
(boucher, forum) - Thimoty BATESON (Isaac, marchand forum) - Gabriella
BARBUTI (femme pêcheur) - Manuel CAUCHI (Cinna) - Alfred MALLIA
(Flavius) - Charles ARRIGO (sénateur prison) - Paul CILIA (prisonnier)
- Matthew DIEGAN (Marcus, enfant) - Peter KELLY (Brutus, enfant) - Richard
N. JAMES (comédien 1) - Michael WEBBER (comédien 2) - David
LANGHAM (comédien 3) - Lilian PACE (costumière) - Paul PORTELLI
(boulanger forum) - Peter Mark MERCIECA (homme 1) - Ray ARDILLA (homme
2) - Gustv KYSELICA (voyou 1) - Lubomir MISAK (voyou 2) - Edward MERCIECA
(gardien prison) - Denys HAWTHORSE (Spurinna) - David FONNE (Pothinus)
- Polly MARCH (nourrice) - Lino VELLA (licteur) - Radosveta VASSILEVA
(gauloise 1) - Elissaveta GOSPODINOVA (gauloise 2) - Milena KOPRALEVA
(gauloise 3).
DISTRIBUTION
AL/ TV : ARD (1ère chaîne all.), vendredi 27 et samedi
28 décembre 2002
FR/ TV : Canal+, mercredi 21 janvier 2004 (plusieurs fois repris dans
les différents programmes de la semaine)
NOTES
Tourné à Malte dans les décors recyclés de
Gladiator et en Bulgarie pour la guerre des Gaules
VIDÉOGRAPHIE
DVD : Julius Cæsar, distr. Bridge Pictures (Pays-Bas), langues
anglaise, s/t. néerl., format 4 : 3, zone 2 (pal), durée
env. 170'.
DVD : Jules César. Veni, vidi, vici. «Son histoire entra
dans la légende.» Au dos du boîtier : «L'homme
qui vainquit Vercingétorix.» Editeur : UFG (Union Films
Group - Distr. : Seven 7 Sept. Version française réalisée
par MADE IN EUROPE; Prod. art. : Raphaël ANCIAUX; Adapt. fr. : Dimitri
BOTKINE & Laurence CROUZET. Voix françaises : Maurice DECOSTER
(Jules César), Philippe ALLARD, Benoît GRIMAUX, Fanny ROY,
Xavier PERCY, Erwin GRUNSPAN, Benoît BULTE, Guy THEUNISSEN, Anne
RONDELEUX, Robert DUBOIS, Michel PAPINESCHI, Ninou FRATELLINI, Patrick
POIVEY, Michel HEINDRICKX, Gabriel LEDOZE, Laurent VERNIN, Marc CASSOT,
Michel GOUILLOUX, Bernard FAURE. L'édition française «recommandée
par Historia» contient deux DVD et un petit livret de 12
pages retraçant succinctement la biographie de Jules César
(«L'histoire fascinante du fondateur de l'empire romain»).
Elle contient en outre divers bonus : des bandes annonces, des filmographies,
le «making of», un album photo, une carte interactive et un
historique de Jules César. Dolby Digital 5.1 VF et VO s/t. Durée
indiqué : 135'
Toutefois, par rapport aux allemande et anglaise, un certain nombre
de scènes manquent dans la version française, soit env.
35' de film : notamment 1) tout ce qui se rapporte au rhéteur
Apollonius (6)
(son achat en Bithynie, l'éducation de Julia, sa captivité,
sa grâce obtenue de Pompée par Julia, sa crucifixion); 2)
la bataille d'Alésia a également été raccourcie
et se résume désormais à l'assaut de l'armée
de secours, appuyée par une sortie des assiégés,
et la reddition de Vercingétorix. Il manque notamment l'épisode
des femmes et autres inutiles bouches gauloises expulsées de l'oppidum,
que César laisse mourir de faim sur le glacis. Du coup, les allusions
que Vercingétorix - se constituant prisonnier, puis étant
en prison - fait à César à propos de femmes qui ont
donné leur vie pour la cause gauloise deviennent obscures pour
le spectateur non averti ! L'entrevue de César et Vercingétorix
en son cachot a également été amputée des
plans faisant référence à ce pénible drame
de la guerre dont le souvenir hante vainqueur et vaincu.
|
3. Scénario
1. (82 av. n.E.) Sylla entre en vainqueur
dans Rome. Des listes de proscription sont affichées. Le jeune
César aide son beau-père Cinna à fuir Rome, mais
est arrêté. Partout, on exécute ou torture les ennemis
politiques de Sylla. César est amené devant le dictateur,
qui lui offre son pardon à condition qu'il répudie son épouse
Cornelia, fille de Cinna - son ennemi. César refuse de répudier
celle qu'il aime. Sylla le laisse repartir libre, mais devinant qu'il
y a dix Marius en César il ordonne à Pompée, son
implacable âme damnée, d'exécuter le jeune homme et
de lui en ramener le cur encore saignant. Ayant eu lui-même
la faiblesse d'un jour céder à pareille pression de son
maître, Pompée prend le fier César en sympathie. Il
lui recommande de se réfugier à la cours de son ami Nicomède,
roi de Bithynie. Et il trompe le vieux dictateur en lui rapportant un
cur de porc acheté à l'étal d'un boucher du
Forum...
Sur le conseil de Pompée, donc, César prend la mer. Le bateau
où il a embarqué arrive au large de la Crète, mais
est capturé par des pirates (-78). Il fixe lui-même le montant
de sa rançon - cinquante talents - et inflige même à
leur chef une solide leçon d'escrime... qui pour lui s'achèvera
en crise d'épilepsie. La rançon est payée. Entre-temps,
à Rome, Sylla meurt d'une crise cardiaque, dans son bain, sous
le regard indifférent de Pompée qui interdit qu'on lui porte
secours.
Libéré de chez les pirates, César arrive en Bithynie,
où il achète un esclave, Apollonius, un rhéteur grec
qu'il compte offrir comme précepteur à sa fille Julia. Rentré
à Rome, il y retrouve avec joie son épouse Cornelia... qui
décédera peu après. Marcus Caton, qui se souvient
de la dictature de Sylla, est opposé à ce que des moyens
trop considérables soient confiés à Pompée
pour détruire les pirates qui affament Rome. César fait
alliance avec Pompée, et l'appuie politiquement pour que lui soit
confié le commandement de l'expédition contre les pirates
[pas montrée] (-67), avec des moyens suffisants. [Saut temporel.
Le scénario inverse deux campagnes de Pompée :]
Ayant écrasé les dernières bandes de Spartacus
(-71) (!) [en fait, le nom de Spartacus n'est même pas cité],
Pompée revient en triomphateur (nouvelle crise d'épilepsie
de César, consul). Parmi les gladiateurs et esclaves vaincus qui
défilent dans Rome, la fourche au cou, figure le rhéteur
grec esclave, Apollonius, qui s'était enfui pour rejoindre les
rebelles. Julia intercède en sa faveur auprès de Pompée,
qui lui accorde la liberté d'Apollonius. Mais l'esclave la refuse,
préférant mourir avec ses camarades de misère. Question
de dignité. Les esclaves sont tous crucifiés le long de
la voie Appienne, y compris le précepteur marron.
Malgré l'hostilité de Marcus Caton, Pompée
- renvoyant l'ascenseur - a fait nommer consul Jules César, et
lui prête ses légions pour conquérir la Gaule. En
retour, Pompée épouse Julia. Au cours d'une fête,
César rencontre Calpurnia et la demande en mariage.
En 58, César est, avec ses légions, aux frontières
de la Gaule dont il entreprend la conquête, tandis qu'à Rome
Caton poursuit ses intrigues contre lui. Les légionnaires brûlent
la maison d'un noble gaulois nommé Vercingétorix, mais César
lui offre un cheval pour fuir. Quelque temps plus tard, les deux hommes
s'affrontent à Alésia, où Marc Antoine - criblé
de dettes - a rejoint son ami César. Julia est enceinte de Pompée,
tandis que Caton continue à critiquer avec virulence la campagne
de César enlisé devant Alésia.
2. César mène à bien un siège
difficile. Intransigeant, il refuse d'ouvrir les portes de son camp aux
femmes et enfants gaulois, bouches inutiles que Vercingétorix a
expulsées de sa citadelle. Ils mourront de faim et de misère
sur le glacis qui sépare les lignes romaines de l'oppidum
gaulois. César reçoit une lettre de sa mère Aurelia,
l'avisant de ce qu'en essayant de donner un enfant à Pompée,
sa fille Julia est morte en couches. Pour donner l'assaut final lorsqu'arrive
l'armée de secours, les Gaulois devront d'abord ramasser les cadavres
de leurs femmes et enfants, entassés devant la porte.
Ces images obséderont César le restant de ses jours...
Les intrigues de Caton et Cicéron à Rome
sont telles que César se voit contraint de franchir le Rubicon.
Pompée et ses partisans fuient en Grèce. A Rome, César
célèbre son triomphe, exhibant Vercingétorix enchaîné
derrière son char. Un vieil homme le met en garde contre les Ides
de mars (7).
... Mais les mêmes images de femmes et d'enfants mourant de faim
et de froid poursuivent Vercingétorix jusque dans son cachot. Vercingétorix
explique à César qu'il ne doit pas croire qu'ils sont l'un
et l'autre pareils : lui, Vercingétorix, ne combat que ses ennemis.
Il est serein, n'ayant aucune ambition, ce qui n'est manifestement pas
le cas de César. Toutefois, il supplie son vainqueur de lui donner
une épée pour se supprimer, plutôt que de mourir exhibé
pour le plaisir de la plèbe romaine. Finalement César enverra
un soldat lui trancher la tête dans son cachot.
César écrase les Pompéiens à
Pharsale et pardonne aux officiers du vaincu. Parmi eux se trouvent le
fourbe Cassius et le jeune Brutus; il invitera ce dernier à sa
table.
En Egypte, Pompée est assassiné. César,
qui arrive sur ses talons, reçoit avec horreur la bague et la tête
tranchée de son ancien gendre. Un soir, Cléopâtre
se présente à lui et le prie de lui remettre les rênes
de son pays.
Ensuite César assiège les derniers «Pompéiens»
à Utique. Caton s'y suicide. De retour à Rome, où
l'attend son lieutenant Marc Antoine, il présente au peuple, sur
le forum, la reine d'Egypte... et son fils Césarion [on est,
ici, dans une vraie bande dessinée !]. Bel affront pour la
pauvre Calpurnia qui néanmoins, les Ides de mars venues, le met
en garde contre le sénat. Brutus vient le chercher, en dépit
des frayeurs de son épouse Portia, qui a surpris sa conversation
avec les conspirateurs.
Au Sénat, César tombe sous leurs coups, expirant dans les
bras de Brutus, le dernier à frapper.
NOTES :
(1) Le scénario met, au contraire,
l'accent sur son amour pour sa première femme, Cornelia,
la fille de L. Cornelius Cinna dont il fait - dans le téléfilm
- un panégyrique quelque peu... féministe avant la
lettre (il y est question «des hommes et des femmes
qui rêvaient d'une Rome nouvelle»), mais il faut
bien réinventer l'oraison funèbre qu'il prononça
effectivement !
Et l'amour de Pompée pour Julia. - Retour
texte
(2) Le téléfilm présente
César comme le poulain de Pompée, alors qu'en réalité
il fut celui de Crassus, mais fit son trou en réconliliant
l'homme le plus riche de Rome avec le plus brillant général
de celle-ci. - Retour texte
(3) Bien sûr, dans chaque tribu
gauloise il y avait un parti monarchiste populiste anti-romain et
un parti républicain aristocratique pro-romain. La guerre
des Gaules fut aussi, et d'abord, une guerre civile entre gaulois.
- Retour texte
(4) La guerre des Gaules démarre
par deux plans particulièrement gratinés. Qu'on en
juge. Il s'agit, semble-t-il, d'une bataille contre les Helvètes
ou, plus probablement, contre Arioviste : ostensiblement infographié,
le premier plan montre, vues d'en haut, les trois lignes d'infanterie
légionnaire. Pris au niveau du sol, le second plan capte
la première ligne : un mur serré de boucliers quadrangulaires.
Ce mur s'entrouvre brusquement et vomit la cavalerie qui se cachait
derrière lui... mais qui était inexistante sur le
plan précédent !
Oui, bien sûr : la recherche du suspens, de l'effet dramatique;
l'aménagement d'une surprise visuelle.... - Retour
texte
(5) On se demande comment Vercingétorix
- si rustique fut sa constitution - aurait pu y survivre six années
durant, entre sa reddition en -52 et son exécution en -46.
Et demeurer «présentable», le jour du Triomphe
ex Gallio de Jules César.
Colleen McCullough, dans sa série Les maîtres de
Rome, suggérait que Vercingétorix passa ces années
de captivité auprès de César, le suivant dans
tous ses déplacements : en Grèce, Egypte, Afrique
du Nord, Espagne. César ne l'aurait fait enfermer dans la
Mamertine qu'au moment de son retour à Rome, après
sa victoire à Munda.- Retour texte
(6) D'Apollonius il ne subsiste plus dans
la VF, outre sa mention dans le générique de fin,
que son nom dans la bouche du jeune Brutus, commentant pour César
la République de Platon. - Retour
texte
(7) Mais sans préciser de quelle
année. - Retour texte
|
|