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Anno Domini
[tv]
(Stuart Cooper, 1984) |
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DVD d'Anno
Domini
De nombreux visiteurs recherchent une copie d'ANNO DOMINI,
de préférence en VF. Nous ne sommes malheureusement pas
en mesure de les aider.
Il semble cependant que l'on puisse trouver cette série
en VO, mais raccourcie : 2 DVD (6 heures -
UPC/ISBN Number: 780701092633) (on peut commander
ici : www.christiancinema.com
et www.visionvideo.com
- attention, ce sont des ZONES 1). Dans son bulletin
électronique La 12e Heure, consacrée
au péplum, Claude Aubert écrit : «En
2004 est sorti un coffret DVD de cette série, mais
avec des amputations importantes : visiblement, toute
la partie historique a été élaguée
lourdement, au point de devenir sans doute peu claire
pour le spectateur qui ne s'y connaît pas.»
Toutefois il existerait une autre édition, plus
proche du minutage original - consistant en 13 épisodes
de moins d'une heure -, soit 5 DVD (9 heures) (voyez
ici http://unique-dvd.com/ad.htm
- site qui malheureusement semble en dérangement
au moment ou nous mettons en ligne).
Vous pouvez obtenir gratuitement La 12e Heure par
simple mail à son éditeur : Claude Aubert
(claudeaubert@bluewin.ch ).
06.04.2009 |
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Dans l'histoire du péplum,
outre les séquelles ixées de Caligula,
les années '80 resteront dans nos mémoires
comme celles des mini-séries TV (Masada
de Boris Sagal (1981), Les derniers jours de Pompéi
de Peter Hunt (1984), Quo Vadis de Franco Rossi
(1984) (incluons-y Moi Claude, empereur d'Herbert
Wise, qui est de 1976). Nombre de visiteurs nous interrogent
sur ces séries oubliées, jamais rediffusées
(sauf Masada, heureuse exception). Redécouvrons
aujourd'hui Anno Domini de Stuart Cooper, dont
les superbes décors du Forum romain furent reconstitués
à Monastir (Tunisie) ! |
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Anno Domini
(s/t. : La révolution de l'Amour)
Anno Domini [FR]
Anno Domini [BE]
Italie - Etats-Unis, 1984
A.D. Anno Domini - The Revolution of Love
A.D. Anno Domini - The Revolution of Love [EU]
Prod. : Procter & Gamble productions, Inc. et International
Film production / Technicolor / Série TV de 10 heures env.,
initialement prévue en 20 épisodes
La première diffusion française (1),
12 x 50'
Fiche technique
Réal. : Stuart Cooper; Scén. : Anthony Burgess &
Vincenzo Labella; Images : Ennio Guarnieri A.I.C.; Prod. : Vincenzo
Labella; Prod. délégué : John A. Martinelli;
Prod. exéc. : Jack Wishard & George Jensen; Montage
: John A. Martinelli A.C.E.; Prod. assoc. et distr. des rôles
: Michael d'Addio; Prod. assoc. et superv. de la production :
Mario Mariani; Concepteur : Enzo Bulgarelli; Costumes : Enrico
Sabbatini; Eff. spéc. : Albert J. Whitlock; Admin. et coord.
: Averell Fisk; Coord. 2e éq. : Mohamed Ali' Cherif; Prod.
2e éq. : Hamid Elleuch; Coord. fin. EU-IT-Tunisie : Edward
G. O'Neill; Ing. son : Ivan Sharrock; 1er assist. mont. : David
Gaines; Maq. : Guiliamo Laurenti; Coiff. : Elda Magnanti &
Renata Magnanti; Décors : Bruno Cesari; Cascades réglées
par : Giorgio Ubaldi; Assist. mont. : Eric Strand & Tyson
H. Colt; Assist. ing. son : Ronald Banks et David Motta; Distr.
des rôles en GB : Harriet Cooper; Casting figurants Tunisie
: Nouri Bouzid (2)
[non-crédité]; Dir. prod. : Vittorio Nola &
Anouar Ben Aissa; 1er assist. réal. : Bert Batt & Mohamed
Ali' El Okby; 2e assist. réal. : Peter Cotton & Slim
Mzali; 3e assist. réal. : Marco Polimeni; Cameraman : Giorgio
Urbinelli; Dir. phot. 2e éq. : Sandro Mancori; Photographe
: Paul Ronald Pellet; Illustration : David J. Negron; Resp. son
: Jeff Bushelman; Mont. son : Steve Bushelman, Paul Heslin &
John Bushelman; Mont. A.D.R. : Lettie Odney & Denise Whiting;
Mont. mus. : John Mick & Ted Roberts; Scripte : Marion Mertes;
Découpage : Catherine Schlesinger; Prod. et coord. à
Los Angeles : Lynn Risdon; Prod. et coord. à Rome : Paolo
Gargano; Prod. et coord. à Londres : London Connection
& Glady Pearce; Cons. jurid. Londres : Val Robins; Voyages
: Orbit International; Coord. voyages : Molly Bryant; Répétiteur
: Michela Prodan; Assist. costumiers : Gianni Viti & Simonetta
Leoncini; Eff. spéc. : Luciano Byrd; Compta. : Sergio Rosa,
Giancarlo Ciotti, Mace Jeffers & Ridha Turki; Assist. prod.
: Gianni Mariani; Publicité : ICPR; Régie de pub.
: Chuck Painter; Publicité internationale : Mario Longardi;
Dir. des programmes : Shel Stuart; Conseillers au script : Dr
Richard Gilbert & Rabbi Marc H. Tannembaum; Réenregistrement
par : Compact Sound Services; Mixage : John T. Reitz C.A.S., David
E. Campbell C.A.S. & Gregg C. Rudloff C.A.S.; Génériques
et trucages : F. Stop, Inc.; Musique : Lalo Schifrin.
Fiche artistique
Anthony Andrews (Néron) - Colleen Dewhurst (Antonia) -
Ava Gardner (Agrippine) - David Heston (Festus) - John Houseman
(rabbi Gamaliel) - Richard Kiley (Claude) - James Mason (Tibère)
- John McEnery (Caligula) - Ian McShane (Séjan) - Jennifer
O'Neill (Messaline) - Millie Perkins (Marie) - Denis Quilley (Pierre)
- Fernando Rey (Sénèque) - Richard Roundtree (laniste
Serpenius) - Susan Sarandon (Livilla) - Ben Vereen (3)
(Roi-Mage éthiopien) - Tony Vogel (Aquila) - Jack Warden
(Cocceius Nerva) - Anthony Zerbe (Pilate) - Neil Dickson (Valérius)
- Cecil Humphreys (Caleb) - Amanda Pays (Sarah) - Philip Sayer
(Saul/Paul) - Diane Venora (Corinna) - Ralph Arliss (Samuel) -
Mike Gwilym (Pallas) - Davyd Harries (Thomas) - Peter Howell (Atticus)
- Harold Kasket (Caïphe) - Norma Martinelli (Apicata) - Vincenzo
Ricotta (l'Essénien) - Rebecca Saire (Ruth) - Michael Wilding
(Jésus-Christ) - Bruce Winant (Seth) - John Abbott (1er
garde) - Philip Anthony (Jacques le Majeur) - Brian Badcoe (père
de Corinna) - Joss Buckley (Mathieu) - Stephen Chase (le capitaine)
- Seth Cooper (le jeune homme) - Simon Cutter (le poète)
- Arnold Diamond (le prince du sénat) - Alan Downer (Barnabas)
- Tom Durham (Cléophas) - Christophe Ellison (Calpurnius)
- Matyelok Gibbs (Léa) - Jeremy Gittins (Jean) - Eddie
Grossman (Parménas) - Colin Haigh (Jacques) - Louisa Haigh
(Blandine, fille de Séjan) - Barbie Houghton (Anamias)
- Derek Hoxby (soldat 1) - Peter Hugo Daly (soldat 2) - Noureddine
Kasbaoui (le paralytique) - Jenny Lipman (une femme) - Gerrard
McArthur (le Samaritain) - Donald Morley (un sénateur)
- Tim Pearce (le pêcheur) - Anthony Pedley (Zachæus)
- Roy Purcell (un sénateur) - Ted Richards (Philippe) -
Renato Scarpa (Lucius Marinus) - Malcolm Stoddard (Quintilius)
- Arlen Stuart (Procula) - David Sumner (Mathias) - Donald Sumpter
(Macron) - Jonathan Tafler (Aaron) - Ann Tirard (la mère
de Samuel) - Robert Wentz (Trasyllus) - Tayeb Weslaty (capitaine
romain) - Walter Williams (un sénateur) - Gary Brown [=
Christian Brando (4)]
(Philippe, le Grec).
Distribution
BE/ TV : RTL, 21 décembre 1985
EU/ TV : Telepicture Corporation (1ère diff., NBC Television
Network, 25 avril 1985)
IT/ TV : 1ère diff., Canale 5, 1985
Notes
La production tient à remercier Jim Swackhmmer - les autorités
et les habitants de la Tunisie - la ville de Monastir - les Films
Carthago.
Pellicule : Eastmancolor Negative; Couleurs : Technicolor - Filmé
avec caméra Arriflex.
Tournage : Carthago Film Studios (Tarak Ben Amar), Monastir -
Tunisie.
Discographie
B.O. : réf. 33T LP Stereo BBC REB 561; cassette : BBC ZCR
561.
A.D. Anno Domini, musique composée et conduite par
Lalo Schifrin, Original Soundtrack from the B.B.C. TV Series.
Enregistré en décembre 1984 aux Studios de la Grande
Armée, à Paris, par l'Orchestre Philharmonique de
Paris [Ingénieur du son : Bruno Lambert].
P. britannique 1985, BBC Enterprises Ltd et copyright 1985 Scherzo
Music.
Bibliographie
Novelisation : Kirk Mitchell : A.D. Anno Domini, trad.
fr. Agnès Magnien, Acropole, 1986, 345 p.; A.D. Anno
Domini [La trionfale epopea di passioni e amori che cambio'
il mondo], trad. it. Lidia Perria, A. Mondadori ed., 1985, 347
p.
Du scénariste : Anthony Burgess : Le royaume des mécréants
(The Kingdom of the Wicked, éd. Hutchinson &
CÐ, 1985), éd. Grasset-Fasquelle, 1986; 465 p. (trad. Robert
Pépin) (5).
Articles : Pierre Laforêt, «A Monastir, je viens de
découvrir le Hollywod arabe» [source du périodique
perdue], samedi 9 juillet 1983; «Ava Gardner dans Anno
Domini», Clap ! magazine, n° 5, mai 1984; V.P.
«Les Romains à la baisse, les Chrétiens à
la hausse», Télé-Moustique, n° 3125,
19 décembre 1985; Joan McTrevor, «Anno Domini
et les drames de l'Empire romain : la terreur régnait aussi
en dehors du plateau de tournage !», Ciné-Télé
Revue, n° 51, 19 décembre 1985. |
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Scénario
Douze épisodes
1. Peu après sa crucifixion, le Christ apparaît
à deux de ses disciples sous les traits d'un voyageur
qui se rend à la ville d'Emmaüs. Non loin de Jérusalem,
Samuel s'apprête à épouser Ruth, dont le
frère Caleb, indigné par les brutalités
des occupants romains, attend avec impatience l'heure de la
révolte du peuple juif. Pendant ce temps, l'empereur
Tibère est à Capri. Ses amis Nerva et Atticus
l'engagent vivement à rentrer à Rome, où
Séjan complote pour s'emparer du trône.
2. Les élèves du rabbi Gamaliel discutent
avec âpreté. Caleb, Etienne, Saül de Tarse
et Seth ne sont en effet pas d'accord. Ils interprètent
différemment la doctrine juive. Caleb livre combat à
Etienne. Caleb est arrêté ainsi que toute sa famille.
A Capri, Séjan s'efforce d'obtenir de Tibère l'autorisation
d'épouser Livilla.
3. Caleb réussit à s'évader. Il
tente de se cacher tandis que ses surs Ruth et Sarah sont
envoyées comme esclaves à Rome. A Jérusalem,
l'apôtre Pierre accomplit son premier miracle en rendant
l'usage de ses jambes à un paralytique. Séjan
a bien manuvré. Le Sénat lui attribue les
fonctions de consul de Rome.
4. Bien que des nouvelles alarmantes lui parviennent
de Rome, Tibère n'envisage pas de quitter Capri. A Jérusalem,
Pierre, qui a accompli son premier miracle, révèle
la mission qu'il doit poursuivre au nom de Jésus. Mais
les Juifs demeurent divisés, mettant en péril
l'avenir même de Jérusalem, menacée de destruction
par les Romains...
5. Etienne est lapidé. Caleb a connaissance du
destin tragique de ses surs. A Rome, Valérius rencontre
Sarah au marché des esclaves.
6. Caleb commence son entraînement de gladiateur.
Il est stupéfait en découvrant au cours d'un combat
que son adversaire est une femme.
7. Pierre continue son entreprise de christianisation
en prêchant la parole divine. Les conversions ne sont
pas encore très nombreuses, mais au nombre d'elles figure
celle de Cornélius. Celui-ci a décidé de
devenir chrétien et c'est donc l'apôtre Pierre
qui le baptise. A Rome, Caleb reste partagé entre sa
passion pour Corinne, la jeune patricienne devenue volontairement
gladiatrice, et sa haine des Romains...
8. Claude, le nouvel empereur de Rome, fait une proclamation
au Sénat. Sa première décision est d'expulser
les Juifs. Il a l'intention de nommer un roi des Juifs à
Jérusalem, en la personne de Hérode.
9. Craignant pour sa vie, Messaline demande à
Valérius de tuer Claude. Mais celui-ci s'est montré
plus vigilant. Agrippine devient la nouvelle impératrice
et ne songe plus qu'à envoyer Claude au trépas
pour que son fils Néron devienne maître de Rome.
10. Le conflit entre Romains et Juifs s'accentue au
fil des années. Paul est chassé du temple au milieu
de son prêche. A Rome, les gladiateurs et, parmi eux,
Caleb continuent à se manifester dans les jeux du cirque
qui enchantent Néron. Au cours d'une virée nocturne,
celui-ci fait la connaissance de Tigellin, un aubergiste qui
vend du poisson, qui va se révéler être
son mentor en scélératesse. C'est au cours d'un
banquet qu'il a organisé que Britannicus meurt empoisonné.
De plus en plus sourd aux directives de sa mère, Néron
se complait dans les bras de son esclave noire Acté,
qu'il a affranchie.
Néanmoins, l'empereur décide pourtant de mettre
fin aux troubles qui agitent la Palestine en envoyant Valérius
et Festus dans cette contrée. Accusé par ses coréligionnaires,
Paul en appelle à l'empereur.
11. Caleb continue à combattre dans les arènes
pour le plus grand plaisir de Néron. Celui-ci fait le
désespoir de son précepteur Sénèque.
Après s'être débarassé de sa mère
Agrippine, qui avait réchappé à un naufrage
provoqué, Néron fait encore assassiner Octavie
pour épouser Poppée, mais Tigellin lui laisse
entendre perfidement que sa seconde femme le trompe. Il n'en
faut pas plus pour que la terreur s'amplifie à Rome.
Expédié à Rome sous la surveillance de
Valérius, l'apôtre Paul a embarqué à
Sidon après avoir baptisé son geôlier qui
a plaidé sa cause auprès de Proculus. Ils débarquent
à Puteoli, d'où ils se rendent à Rome.
Entendu par son juge, Paul est remis en liberté et est
libre d'aller enseigner la doctrine de Jésus dans de
nouveaux pays.
Néron caresse des projets urbanistiques pour Rome. Un
incendie se déclare dans une gargote, tandis que s'éloignent
tranquillement deux ivrognes en tunique rouge... qui en se bagarant
avaient reversé la lampe à huile...
12. Valérius part à la recherche de Ruth
qui a été enlevée par des hommes à
la solde de Tigellin. Ce même Tigellin et Néron
semblent se divertir beaucoup à un spectacle de cirque
au cours duquel des enfants chrétiens vont être
mis en pièces par des chiens féroces. Ecurée,
Poppée quitte la place qu'elle occupait dans la loge
impériale. Caleb et Corinne entrent dans l'arène
pour sauver de la mort une partie de ces enfants.
Analyse
30 millions de dollars, 25 architectes assistés de 400
décorateurs, 4.000 costumes originaux, 1.000 figurants,
un an de préparation et neuf mois de tournage. Le retour
à l'écran d'Ava Gardner et le dernier rôle
de James Mason (décédé le 27 juillet 1984,
peu après le tournage).
En fait, les studios de Tarak Ben Amar possèdent déjà
un solide back ground romain, puisqu'on y a déjà
tourné Le Messie (Rossellini), Le jour où
le Christ est mort, La vie de Brian, Le larron, Jésus
de Nazareth, Deux heures moins le quart av. J.C. (6).
40 ans d'histoire romaine, et quatre empereurs : Tibère,
Caligula, Claude et Néron. Cette troisième superproduction
biblique de Vincenzo Labella, suite logique de son Moïse
et de son Jésus de Nazareth démarre exactement
là où s'arrête le film de Zeffirelli. Les
films montrant les premiers chrétiens et leurs démêlés
avec les autorités religieuses juives, qui les persécutèrent,
sont rares.
La série n'est pas négligeable : on y voit un
zélote exalté venir à Rome dans l'intention
de retrouver ses surs vendues comme esclaves, et aussi
d'y semer quelques troubles... Il deviendra gladiateur, et le
film donne une image assez objective de cette profession, qui
en valait sans doute une autre. Regrettons néanmoins
l'image conventionnelle de Néron, présenté
comme un monstre assoiffé de sang, ce qu'il n'était
pas; la scène des enfants livrés aux chiens féroces
est une interprétation abusive de Tacite (An.,
XV, 44) qui ne précise pas l'âge des chrétiens
ainsi immolés, ficelés dans des peaux de moutons
: déplaisante surenchère à montrer les
Romains plus noirs qu'ils n'étaient.
En 1987, il était encore
possible de visiter le décor du Forum romain
reconstitué à Monastir (Tunisie),
dans l'enceinte des Studios Carthago Films, en cours
de démolition. Détail du Temple de
la Concorde. Saluons de travail épigraphique
du décorateur-architecte Bruno Cesari : les
inscriptions figurant sur les frontons des Temples
de César et de la Concorde ou de la basilique
Julia sont globalement vraisemblables. |
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Détail d'un des arcs du Forum romain
d'Anno Domini.
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L'auteur de ce site à la tribune
des rostres, bizarrement déplacée devant
le Temple du Divin César (Monastir, 1987). |
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Quelques extraits
Conflit de générations
Officier des Prétoriens, le jeune Valérius annonce
à ses parents qu'il désire racheter une jeune esclave
juive, l'affranchir et l'épouser.
Père : J'ai terminé mon service dans l'armée.
Des années qui ne m'ont pas rapporté gros : un morceau
de terrain, perdu quelque part en Campanie, et... quelques vilaines
cicatrices. Mais je pensais que je t'avais facilité la
vie. (Pause) Ca, ça serait la fin de ta carrière.
Une carrière, si je peux te le rappeler, qui a été
suivie par tous les hommes de la famille depuis la république...
Valérius (expliquant) : Le monde est en train de changer,
Père. Il va s'effondrer. Pour être rebâti.
Autrement ! (Insistant :) Et je veux faire partie de ceux
qui vont le rebâtir...
Mère (ton de reproche) : En te mariant avec une Palestinienne,
une esclave ?
Valérius (avec conviction) : L'esclavage, ma chère
mère, est un état créé par la tyrannie.
Non par la valeur, l'origine ou la naissance... Si une fille d'une
bonne famille de Palestine est réduite à l'esclavage
par le désir de vengeance d'un procurateur, ce n'est pas
cette jeune fille qui est méprisable : c'est le système
romain d'oppression et de corruption !
Père (réprobateur) : Etranges paroles pour un
officier romain !
Valérius : Rome n'est plus ce qu'elle était...
et Dieu sait quand elle pourra retrouver son éclat...
(Il passe dans la cuisine pour se servir à boire. Son père
l'y suit)
Père (interloqué) : Tu as dis... Tu as dit :
«Dieu sait.» Quel dieu ? Est-ce que tu as appris quelque
chose des Hébreux ?
Valérius (exaspéré) : Oui... la tolérance
! Un mot que nous, nous avons oublié. Et aussi que...
Père (sceptique, poussant son fils dans ses derniers retranchements)
: ... que quoi ?
Valérius (prenant tout son courage) : Et aussi qu'ils
ont un seul et unique Dieu. Chez nous les dieux se multiplient
tous les jours. (Temps) Notre «divin» Caligula,
notre nouveau dieu gaspille des fortunes pour d'absurdes campagnes.
Il est lourdement endetté. Les impôts ne peuvent
plus remplir les caisses de l'Etat. Il est en train de vendre
ce qui reste des biens de ses surs. Leurs esclaves vont
être vendus aux enchères. (Il martèle
:) Je veux affranchir cette jeune fille juive qui a été
réduite en esclavage.
Anno Domini, 7e épisode
Mariage romain
Maison des parents de Valérius. Devant un laraire peint
à la fresque, devant lequel ont été disposées
quelques statuettes de pénates, un augure examine la victime
sacrifiée. Sarah, la tête couverte du voile orange
vif (le flammeum) et Valérius se font face. Le jeune
homme prend la parole.
Valérius : Père, Mère, mes chers amis...
Je vous demande à tous d'être mes témoins.
Je déclare faire de cette femme, Sarah, une femme libre.
Et je souhaite qu'elle devienne ma femme. (Musique)
Augure (la tête recouverte d'un pan de sa toge blanche)
: J'ai bien examiné les entrailles de l'agneau que tu
as sacrifié. Tous les signes sont favorables à l'accomplissement
de ce mariage.
Mère (brandissant un fuseau et une quenouille) : Et
voici... Et voici les symboles de tes vertus, dans l'administration
de ton nouveau foyer : la quenouille et le fuseau. (Musique)
Mère : Maintenant, les formules de mariage...
Sarah (après avoir confié quenouille et fuseau à
une assistante. Mains sur mains) : Où que tu sois Valérius,
je ne te quitterai jamais...
Valérius : Où que tu sois Sarah, je... (émotion)
ne te quitterai... jamais... (Valérius embrasse
son épouse sur la joue)
Mère (émue) : Puisse le bonheur vous accompagner,
pour toutes les années que vous vivrez... (Murmures
approbateurs)
Aquilla : Tous mes vux à Sarah et Valérius
! (Applaudissements de l'assistance)
Un magistrat : Signez ici...
Mère : Voilà le gâteau traditionnel qui
consacre cette belle journée. (Rires approbateurs.)
Musique joyeuse. La caméra suit le cortège de
la mariée que des parents et amis conduisent à la
maison de son époux. Cris joyeux de la foule («Beaucoup
de joie ! Beaucoup de bonheur ! Soyez heureux !»), qui
répand des pétales de fleurs à leur passage.
Valérius, qui attendait à l'intérieur et
les a entendus arriver, vient ouvrir la porte.
Valérius : Sois la bienvenue, maîtresse de maison.
Reçois l'eau et la lumière. (Il lui présente
une coupe d'eau fraîche et une lampe allumée. Musique.
Sarah les prend et les passe à une assistante tandis que
la mère de Valérius lui remet une burette d'huile)
Mère : Sarah, met cette huile d'olive sur ton seuil,
que ta maison soit toujours pure. (La jeune épouse
s'exécute. Musique)
Mère (se reculant) : Portez la mariée...
(Deux amis saisissent Sarah par la taille et les épaules
et l'aident à enjamber le seuil où Valérius
vient de disposer une serviette blanche. La caméra capte
son pied chaussé de sandales orange, assorties à
sa robe jaune et son voile orange (7).
Les deux jeunes époux saluent leurs amis et le cortège
repart)
Anno Domini, 7e épisode
Le retour à
la république ?
Discours inaugural de Claude, à propos du rétablissement
de la république.
Un Sénateur (démonstratif) : La puissance impériale
s'est déshonorée. Notre récente expérience
de l'Empire conduit beaucoup d'entre nous, probablement une majorité,
à souhaiter le rétablissement de la république.
Au temps de la république, Rome était puissante
: elle pourra l'être dans l'avenir. (Applaudissements)
Rome retrouvera son éclat en redevenant une république.
Claude (après avoir compulsé ses notes) : No-Nobles
Sénateurs... (Il bafouille lamentablement) C'est...
C'est... (Il hésite, indécis. Bruits de voix
dans l'assemblée, qu'ennuie par avance ce piètre
orateur.) C'est avec une grande dé-déférence
que-que... que j'ai... (Il s'interrompt. Murmures impolis,
narquois. Claude dépose ses notes et se redresse en criant
:) Assez ! Ceux d'entre-vous qui approuviez d'un silence respectueux
les excès de l'empereur Ti-Tibère (Claude, qui
bafouille déjà moins, donne libre cours à
son indignation [A partir d'ici, nous ne transcrirons plus ses
difficultés d'élocution] :) ou de l'empereur
Caius Caligula seront tout heureux de prendre un plaisir puéril
à mes difficultés d'élocution. (Temps.
Il martèle solennellement :) Je m'adresse aux lâches...
aux meurtriers par complicité, toujours prêts à
faire des courbettes à Caligula ! Mais pas à comprendre
que la maladie de Rome sera guérie par un profond changement
de mentalité, et non par un changement de ses institutions
politiques ! Vous avez aujourd'hui devant vous un médecin,
ou un chirurgien... qui administrera l'émétique
et retirera l'ulcère. Rome sera bientôt, comme autrefois,
une société dans laquelle aucun homme n'aura peur
de l'injustice. Sa capitale... une cité dans laquelle on
puisse se promener librement la nuit. Son peuple sera uni dans
un retour aux vertus traditionnelles et de culte pour nos vieilles
divinités qui ne sont pas efféminées ni contaminées
par d'autres rites. J'ai... je souhaite une plus large extension
du terme de «romain». Tous ceux qui se prononcent
pour le mode de vie romain, même s'ils viennent de Gaule,
de Germanie ou d'Asie peuvent s'appeler aussi des Romains.
(Murmures commentateurs. Claude, avec force :). Oui, Romains
! (Commentaires prolongés. Un Sénateur se lève
:)
Un Sénateur (indigné) : Tu pourrais aller encore
plus loin, Claude : fais de Rome la capitale bâtarde d'un
empire lui-même bâtard. Ouvre-le aux Juifs ! Qui réciteront
leurs prières à leur propre divinité. Et
aux Bretons ! Pour que leurs répugnants mangeurs d'huîtres
puissent brailler leurs barbarismes dans notre noble enceinte
et cracher sur ses vieux marbres ! (Applaudissements)
Claude : Comme beaucoup de professionnels de l'art rhétorique,
le Sénateur a émis plus de bruit que de paroles
sensées. Bien sûr que la Bretagne sera conquise,
mais il faudra des années, peut-être des siècles
pour pouvoir en faire autre chose qu'une marche soumise à
un tribut annuel. (Temps.) Tu parles des Juifs ? (Avec
animosité :) Ils ne sont pas souhaités, à
Rome ! Ils n'arriveront jamais à s'assimiler à nous
! Avec leurs discussions qui n'en finissent pas, ils seront toujours
une race d'errants ! Et peut-être qu'il vaudrait mieux les
laisser bientôt... bientôt repartir pour la Palestine
! Ils seraient contents de retrouver bientôt un roi hébreu
qui les attend là-bas. Un roi mis sur le trône...
par Rome ! (Ton définitif :) Les Juifs devront quitter
Rome.
Si ce n'est pas une politique acceptable pour le Sénat,
alors c'est que le Sénat ne sait pas conseiller son empereur
! (Applaudissements prolongés du Sénat.)
Anno Domini,
8e épisode
La fête des moissons
Les Juifs ayant été chassés de Rome, Caleb-Metellus
et son épouse Corinna ont émigré à
la campagne, en Etrurie. Corinna y retrouve son ami d'enfance
Linus [qui va succéder à l'apôtre Pierre].
Linus : Tu te rappeles ?
Corinna : C'était la Fête des Moissons. Mon père
et ma mère dansaient et chantaient. Nos esclaves portaient
leurs vêtements. On faisait des feux de joie et on buvait
sous les étoiles. Oui c'était merveilleux.
Caleb (avisant un Laraire) : Les dieux Lares ! (Méprisant
:) Voilà encore des dieux !
Linus : On m'a parlé de ton dieu, Caleb ! Et de ton
Messie, Jésus de Nazareth...
Caleb : Pas «mon» Messie ! Tu as dû parler
à des nazaréens. Des chrétiens, comme on
les appelle maintenant !
Anno Domini, 8e épisode
Tigellin, le marchand
de poisson
Néron et un groupe de fêtards font la connaissance
de Tigellin, qui tient une gargote dans Suburre.
Tigellinus (sur le pas de la porte de son établissement,
brandissant un bar de belle taille dans un geste d'offrande) :
Ave noble Néron... Un cadeau du dieu Neptune pour le
dieu qui règne sur Rome...
Néron (perplexe) : Comment as-tu deviné... que
c'était moi ? (Il soulève son masque)
Tigellinus : Il émane de toute ta personne un éclat
qui révèle ta majesté impériale. Il
embaume la divinité comme ce poisson embaume le...
(Il hésite, cherche ses mots, fronce les narines :) comme
il embaume le poisson. (Rire des courtisans) A vrai dire,
il a dû passer sa première jeunesse. Je peux t'offrir
à ma table le plus frais des poissons, avec de l'ail et
du beurre fondu, des olives et un excellent vin (8)
!
Néron (menaçant) : Tu as l'audace... d'inviter
ton empereur à souper !
Tigellinus (obséquieux) : Avec humilité, Majesté.
Et le zèle d'un de tes sujets dévoués...
Et je pourrais faire venir des danseuses. (Temps) Ou des
danseurs, si tu préfères... (Temps) Hum...
Déshabillés !
Néron (complice et curieux) : Alors, on peut gagner
beaucoup d'argent... en vendant des poissons ?
Tigellinus (avec une moue) : Oui... de l'argent pour le dépenser.
Je déteste les économies. J'aime trop la vie ! Les
sensations fortes, si l'empereur voit ce que je veux dire ? Le
sang de poisson est léger. Mais le sang peut être
aussi épais, comme du miel. Le jus de la vie, Majesté.
On doit le faire couler (9).
Néron (les narines palpitantes) : Ton empereur a un
grand plaisir à te considérer comme... un homme
selon son cur. Quel est ton nom ?
Tigellinus : Ofonius Tigellinus, au service de mon empereur.
Mais mes amis m'appellent Euphorius, pour faire un jeu de mot
! L'euphorique Euphorius Tigellinus... le petit tigre ! (il
mime un rugissement). Ah ! Ah ! Un amateur de plaisirs... sauvages
! Un épicurien, voilà ce que je suis... Un étudiant
dans l'art passionnant d'une débauche éhontée.
Néron (martelant chaque mot) : Sans aucun amour pour
les stoïciens ?
Tigellinus (feignant d'être scandalisé) : Les
stoïciens ? Pfff ! Sénèque et ses semblables
? Des hypocrites qui ont des... des prétentions à
la vertu pour mieux cacher leurs vices. (Moue dégoûtée
:) Non, je déteste la débauche honteuse...
(Avec force :) Il faut s'amuser au soleil !
Néron (avec exaltation) : Euphorius Tigellinus !
(Rieur :) Ton poisson commence à sentir très
bon !
Tigellinus (faussement candide) : C'est à cause de l'ail,
Majesté ! Oh, rien de vaut l'ail ! (Rires)
Anno Domini, 10e épisode
A la table de Tigellin
(Musique. Deux serviteurs apportent des plateaux de poissons)
Tigellinus (maître d'hôtel) : Pêchés
ce matin même en mer devant Ostie. J'ai supervisé
la cuisson moi-même. (Il montre un vase d'argent porté
par le second esclaves) Et... là-dedans tu vois de tout
petits poissons... vivants. C'est un plaisir de les sentir glisser
dans la gorge. (Gloussements voluptueux de Néron) Surtout
qu'ils... ils remuent en descendant. (Rire ravi de Néron)
Notre empereur veut essayer ce plaisir peu courant ? (Musique)
Néron (hésitant) : Essaie avec Sénèque,
d'abord. Il a besoin de plaisirs. (Sur le lit d'à côté,
Sénèque semble dubitatif) Il a passé une
longue vie à s'en priver ! Un poisson froid ! (Il se
tourne vers le lit de Britannicus). J'ai une surprise, pour
mon cher beau-frère... Britannicus... (Il lui porte
une coupe de vin chaud) Goûte cette boisson, préparée
en Bretagne, tu dois l'apprécier. Sens-là bien.
Britannicus : Merci, je préfère de l'eau.
Tigellinus (mielleux) : L'eau... est un breuvage dangereux
!
Néron (insistant) : Essaie, essaie ce vin aromatisé.
Il est délicieux ! Il est parfumé aux herbes sauvages
!
(On fait venir le goûteur de Britannicus. Attention, dit
Néron, c'est peut-être un poison lent. Britannicus
ne décide enfin à boire. Le vin est trop chaud.
Complaisamment Tigellin le coupe avec un peu d'eau fraîche.
C'est elle qui contient le poison...)
Anno Domini, 10e épisode
Tigellin, maître de philosophie
Tigellinus : (...) la nature du pouvoir, noble Néron.
Ne dis-tu pas souhaiter l'ordre ? Mais pour lui c'est déjà
un progrès si demain n'est pas pire qu'aujourd'hui. Des
hommes d'exception... perturbent l'ordre, et comme l'empereur
est le plus exceptionnel des hommes, il lui faut se montrer le
premier à perturber l'ordre. Lorsque l'ordre dit : famille,
sécurité, acte d'amour pour la reproduction de la
vie... le désordre lui répond : promiscuité,
meurtre, acte de haine pour la destruction de la vie. (Démonstratif
:) Et voilà ! La logique du désordre est facile
et efficace.
Néron (ironique) : Tu devrais écrire tout ça
! (Temps) Comme Sénèque !
Tigellinus (modeste) : Oooh ! Allons...
Néron (ironique enthousiasme) : On l'appellerait «Philosophie
de l'immoralité» ! (Rires de Tigellin) Mais
tu te trompes sur... un seul point. En fait, l'Art, c'est l'Ordre
! Poésie, musique, danse, drame : ça n'est pas l'ordre
?
Tigellinus (dénégateur) : L'Art n'a rien à
voir avec la moralité. En fait, il y a une espèce
d'ordre dans la destruction... une espèce de... de cosmos
dans le chaos. On aperçoit les flammes de ce nouveau pouvoir
qui émergent de l'acte de destruction. C'est la porte vers
une réalité que le commun des mortels ne sauvait
même pas soupçonner. (Il enchaîne, soucieux
:) Ce qui me rappelle, d'ailleurs, des ennuis... à propos
de ta femme [Poppée].
Néron (assuré) : Elle m'adore !
Tigellinus (insinuant) : Est-ce qu'elle adore ce que tu fais
? Tes visites la nuit, dans les mauvais lieux. Les interminables
banquets et... les beaux garçons. Les eunuques...
Néron : Elle ne sait rien de tout ça. C'est une
sage impératrice. Qui sait quand elle doit fermer les yeux...
Tigellinus : Mmmm... ses yeux restent toujours ouverts. On
prétend que son lit est aussi fréquenté que
la voie Appienne. L'enfant qu'elle porte n'est certainement pas
de toi.
Néron (d'une voix blanche) : Mais c'est de la trahison...
Tigellinus...
Tigellinus (accent de regret) : Peut-être est-ce que
je me trompe... Mon dévouement à l'empereur est
tel que je vois du mal là où il n'y en a aucun !
N'en parlons plus, elle est une femme estimable. Et pardonne moi
de l'avoir injustement soupçonnée. (Temps. Musique)
(Professoral :) Nous commençons une nouvelle leçon
dans l'art de prendre du bon temps ?
Néron (attentif) : La destruction, à ce que tu
prétends, serait un devoir. Quelque fois...
Tigellinus (reprenant le mauvais élève) : Si
tu ne sais pas détruire, comment sauras-tu créer
?
Néron (devant l'évidence) : Oui, c'est vrai...
Anno Domini, 10e épisode
Pierre et Linus
(10)
: quel avenir pour l'Eglise de Rome ?
Pierre : C'est une belle maison pour toi, Linus. Beaucoup de
gens peuvent s'y réunir.
Linus : Un patricien converti me l'a donnée... nous
l'a donnée. Il est mort en paix et dans la lumière...
Pierre : Dieu soit remercié de l'avoir sauvé.
Bénie soit sa mémoire. (Temps) Je resterai
là, désormais. (Il se perd dans ses pensées)
A Rome ! J'ai fait tellement de rêves... et de visions.
(Musique) Ca me fait plaisir que tu sois prêt.
Linus : Quand j'ai quitté ma maison de Toscane pour
venir te rejoindre ici, mon seul but c'était de te servir
et de t'aider.
Pierre : Hmmm... j'aproche de la fin de mon voyage, tu sais.
Je n'ai plus longtemps à vivre. L'âge, ou la hache,
ou n'importe quoi. Je suis sûr de mes prémonitions.
Linus : Oh, tu as encore des années devant toi. Tu ne
risques pas la hache. (Naïf) Nous sommes une religion
tolérante. Mais... Rome est une ville de païens. Nous
regardons toujours vers notre Eglise-mère, Jérusalem.
Pierre (amical) : Il y a deux religions différentes
à Jérusalem : il y a des frères, dans la
famille de Dieu. Et... comme ça arrive souvent, ces frères
ont du mal à vivre ensemble. (Temps) Mais nos boutures
ont pris racine au cur même de l'empire. (Musique)
Après moi, tu seras le Berger. Le Berger de Rome ! Tu
seras le Berger au nom de Jésus...
Linus (grave) : J'en suis tout-à-fait indigne.
Pierre (confiant) : Non... Tu es le premier de nous qui soit
venu jusqu'ici. Tu es Romain. Enfin, comme tu le dis toi-même,
tu es un Etrusque, qui connaît Rome ! Non seulement la Rome
lumineuse avec ses rues, ses places, ses fontaines. Mais l'autre
Rome aussi, la Rome des caves, des endroits secrets. La Rome des
souterrains.
Linus : Nous pratiquons notre religion sans nous cacher...
Nous n'avons pas besoin de refuges.
Pierre (prophétique) : La victoire ne sera pas aussi
facile, Linus. Tu apprécieras peut-être des cachettes.
Anno Domini,
11e épisode
Le sénateur Sabinus et Pierre
Flavius Sabinus (interpellant Pierre qu'il a entendu parler aux
enfants) : Attends ! (Contrechamp :) Je m'appelle Sabinus,
je suis sénateur de Rome. Tu es le prêcheur de Palestine
?
Pierre : Je m'appelle Pierre. Un disciple de Jésus de
Nazareth.
Sabinus : Je viens de t'écouter...
Pierre : Tu veux en savoir plus sur ma religion ?
Sabinus : Oh non ! Je m'intéresse plutôt aux choses
matérielles. Mais... oui, j'aimerais en savoir plus. Tu
as fait un long chemin pour prêcher, pour répandre
la nouvelle.
Pierre : Je ne sais pas prêcher...
Sabinus : ... et quelle est cette nouvelle ?
Pierre : Le temps de l'Amour est arrivé. Nous mourrions
dans le péché. Aujourd'hui nous pouvons ressusciter.
Sabinus (avec un soupçon de déception) : Tu veux
dire que tout est fini... pour nos dieux ?
Pierre (catégorique) : Ils n'ont jamais existé
! Ils étaient des ombres. Des projections de nos propres
frayeurs... de nos espoirs... de nos rêves. Des êtres
humains déifiés.
Sabinus : Mais tu parles d'un dieu qui était aussi un
être humain ?
Pierre : Un Dieu qui s'est fait Homme. Tu comprends la différence
? Jésus est venu parmi nous. Il a vécu comme l'un
de nous. Pour être plus près des hommes et pour que
nous soyons plus près de Dieu ! (Il se retourne :)
Les enfants, venez près de moi, venez !
Anno Domini, 11e épisode
Après l'incendie, la reconstruction
de Rome
Après l'incendie, Néron annonce la reconstruction
de Rome à une délégation du Sénat.
En compagnie de Tigellin, Néron examine en connaisseur
le modèle d'un temple. Sur la table, une maquette du Forum.
Poppée est allongée sur un divan. Entrent deux sénateurs
en toge, et un troisième personnage.
Un Sénateur : Noble empereur... (Il désigne
le jeune homme qui les accompagnent :) Voilà Caius Calpurnius
Pison...
Pison : J'ai été choisi par le Sénat pour
rechercher les origines de ce désastre. Et pour m'assurer
de la préparation d'abris provisoires pour les infortunées
victimes...
Néron (ironique) : Pison ! Ouuui... On m'a parlé
de toi, je crois (11).
(Regards entendus échangés avec Tigellin) Et
quant aux sans foyers - pauvres gens ! - votre empereur a déjà
pris certains arrangements. (Avec une moue affectée
:) Les jardins impériaux sont à leur entière
disposition. Les charpentiers se sont mis au travail pour leur
construire des abris temporaires... Et aussi, je crois bien, une
grande partie du Champ de Mars. Des messagers sont partis pour
Ostie, avec des ordres pour faire rapporter tout de suite
à Rome les fournitures nécessaires. Les secours
sont mis en place, comme tu vois. (Satisfait) (Les envoyés
du Sénat échangent des regard étonnés)
Est-ce qu'on pourrait faire mieux ?
Pison (se ressaisissant) : Nous admirons la rapidité...
avec laquelle l'empereur a réalisé cette opération.
Néron : Révérends Sénateurs, demain
nous nous reverrons pour discuter le montant de l'effort financier
nécessaire à la reconstruction de la ville.
(Tout doucement :) Il ne va pas y avoir un moment à
perdre...
Pison (insistant) : Est-ce que l'empereur a une idée
de la façon dont l'incendie a commencé ?
Néron (ennuyé d'énoncer une évidence)
: Oh ! Mais... Rome a toujours été terriblement
vulnérable au feu. Des maisons de bois sec, des lampes
à huile... Un coup de vent, inattendu. (Consternation
feinte :) Hélas, en cette occasion nous avons été
plus malheureux que d'ordinaire...
Vieux Sénateur (le coupant) : Est-ce que l'empereur
ne devrait pas dire «plus heureux» ?
Néron (étonné) : Je ne crois pas... très
bien saisir...
Vieux Sénateur (restant sur ses positions) : Une ville
détruite sera nécessairement rebâtie. Je n'ai
rien de plus à dire, Noble Empereur.
Néron (songeur) : Non... (Plein d'allant :) Mais
il faut voir le bon côté de cette catastrophe. Oui...
Dans quelques temps - et ce sera bientôt ! - vous verrez
une Rome dont vous serez fiers...
Anno Domini, 12e épisode
Tigellin fait le procès
des chrétiens
Tigellinus : Noble César ! Révérends Sénateurs...
Je vais vous communiquer les conclusions de la commission nommée
pour enquêter sur le récent désastre causé
par l'incendie d'une partie de la ville. Ce feu a été
un attentat délibérément perpétré
par un certain groupe de dissidents, des gens qui méprisent
Rome ! (Venimeux) ... se moquent de ses dieux, regardent
avec dégoût les vertus qui ont fait la grandeur de
Rome. Je veux parler des chrétiens ! Une petite secte de
Juifs, bien vus par les esclaves et les plébéiens,
les pervers et les étrangers, pour qui le vice est la vertu,
et la vertu est le vice. (Brouhaha parmi les sénateurs.
Flavius Sabinus se lève)
Sabinus (d'une voix ferme) : Je connais les chrétiens.
Je les ai écoutés. Ils sont honnêtes et pacifiques.
Peut-être plus honnêtes que nous-mêmes !
(Voix de sénateurs)
Tigellinus : Contrairement à ce que le noble sénateur
Flavius Sabinus voudrait nous faire croire, les chrétiens
sont bien connus pour s'adonner en secret à un hideux cannibalisme.
Comme le Christ a dit : «Prenez et mangez, ceci est mon
corps.» Ils sont connus pour pratiquer l'inceste. (Temps)
Pour ne pas honorer nos dieux. Pour refuser de servir la Patrie
d'une manière quelconque et de combattre les ennemis de
Rome ! Ils sont des incendiaires !
Un sénateur : Je propose qu'une autre commission soit
formée pour rechercher ces animaux sauvages au fond de
leur repaire, et de les traiter non pas en leur accordant les
garanties de la loi, mai en obéissant à notre profond
sentiment de dégoût et de vengeance ! On ne traduit
pas des chiens enragés devant des juges. Non, on les abats
sur le champ !
Néron (cupide) : Euh ! Peut-être que... si on
pouvait les faire payer lourdement ? La Justice serait satisfaite
?
Tigellinus : Ah ! Comme d'ordinaire notre noble empereur se
laisse attendrir. Non ! Non ! Laissons notre indignation suivre
son cours. (Brouhaha approbateur. Acclamations)
Anno Domini,
12e épisode
La
révolte d'un officier
Le centurion chrétien Valérius Licinius et Sarah,
son épouse juive, ont retrouvé leur fillette Ruth,
miraculeusement arrachée à son tragique destin.
D'autres petite filles cousues dans des peaux de moutons n'ont
pas eu cette chance, qui sont tombées sous les crocs des
molosses.
Valérius Licinius (articulant avec peine)
: Je pleure de joie et de bonheur parce que ma fille est sauvée.
Je devrais pleurer de douleur parce que cette petite est morte.
(Il désigne le corps d'une petite victime) (Musique) Morte
! Toute seule dans le sable. Avec le peuple qui applaudissait
autour d'elle ! (Temps) Le peuple de Rome... (Musique)
(Douloureux :) Mon peuple... (Musique) (Révolté
:) Je ne pourrai pas rester plus longtemps au service de ce
monstre ! (Il jette son manteau de soldat à un vigile)
Tiens, prends ça ! Je ne veux plus servir un boucher
et une meute de loups féroces. Rome, ce n'est pas ça
! Ca ne peut pas être ça ! Ce carnage, cette folie
sanguinaire... (Il se dépouille de ses armes)
Gavius, un vigile ami : Valérius ! Prends garde à
ce que tu dis !
Valérius Licinius (hurlant) : Tu m'as compris ?
(Musique) J'ai honte, et je renonce à mon grade d'officier.
Je renie mon service ! Et l'empereur ! Et cette cité !
(Musique)
Gavius (effaré) : Je ne t'ai pas entendu. Je ne t'ai
pas vu. (Temps) Tu ferais bien de disparaître...
Valérius Licinius (pour lui-même) : De la folie
! Le monde entier est devenu fou !
A.D., 12e épisode
Tigellin et Sénèque visitent
Paul en prison
Tigellinus : J'espérais bien que tu allais revenir.
Comme tous les coupables de trahison, tu seras exécuté...
Paul : Je suis un citoyen loyal !
Sénèque : Prouve-le par un sacrifice au dieu
vivant, qui est l'empereur.
Paul : Je ne peux pas. (Temps) Il n'y a qu'un seul Dieu.
Tigellinus : Tu vois, tu es arrogant. Tu es entêté.
Tu mérites d'être exécuté.
Paul : Ca ne m'effraye pas, Tigellinus... Jésus est
mort pour moi. Il a déjà transformé ma mort
en une nouvelle vie. En tout cas je sais que tu n'avais pas besoin
de m'interroger. Tu avais déjà prononcé la
sentence. (Changeant de ton :) Laisse-moi prier avec mes
frères qui sont enfermés quelque part dans cette
prison et qui partagent avec moi un bonheur que tu ne possèdes
pas.
Sénèque : Ah oui ? Peux-tu me dire quel bonheur
?
Paul (exalté) : L'Espoir ! J'entends leurs voix, épargne-les,
et laisse-moi prier avec eux...
Tigellinus : Tu es le brochet que je voulais prendre, Paul.
Les autres sont de petits vairons, ils sont perdus sans toi...
Ils retrouveront vite le droit chemin, quand tu les auras quittés.
Anno Domini, 12e épisode
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NOTES :
(1) RTL, du 21 décembre 1985
au 3 janvier 1986. - Retour texte
(2) Nouri Bouzid, passé depuis
à la réalisation, a fait un malheur en Tunisie
avec L'homme de cendres (1986). - Retour
texte
(3) Héros de la série
Timide et sans complexe. - Retour
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(4) Fils de Marlon Brando. - Retour
texte
(5) En relation avec la série
TV Anno Domini, dont Burgess fut le scénariste.
Les origines du christianisme, par un narrateur vivant sous
Domitien. - Retour texte
(6) Et aussi La Traviata, La guerre
des Etoiles, Les aventuriers de l'Arche perdue. - Retour
texte
(7) Catulle insiste sur la couleur
des chaussures de la jeune mariée qu'il dit jaunes (luteum
pede soccum) ou dorées (limen aureolos pedes)
(Cat., LXI, 10 et 167).- Retour texte
(8) «... Un bar frais. Il est
déjà à la poêle avec de l'ail, du
beurre, des clous de girofles et des olives» (novelisation,
p. 268). - Retour texte
(9) «Les beaux liquides de la
vie, le sang et la semence, sont faits pour couler, pour inonder
nos jours et nos nuits. Ah ! quelle sottise de les économiser
!» (novelisation, loc. cit.). - Retour
texte
(10) Linus, qui sera le premier évêque
de Rome. - Retour texte
(11) La télésuite,
pour ne pas disperser l'intérêt, élude la
description de la conspiration de Pison. - Retour
texte
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