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La bataille des Thermopyles
(Three Hundred Spartans, Rudolf Maté, 1961)

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I. Les Guerres Médiques à l'écran

Sur cette page :

II. La bataille des Thermopyles

A. Sparte : fantasmes et réalités

Vaincre ou mourir ?
L'arc contre la lance
Des combattants rompus à l'art de la guerre
La kryptie
La diamastigôsis
Chronologie de la bataille des Thermopyles (16-24 août 480), d'après Apostolos Dascalakis

B. Les «300 Spartiates»

Les Périèques lacédémoniens
Les Ilotes, valets d'armes et troupes légères
Un pari insensé ?
Les Thermopyles furent franchies...

III. Bibliographie

Bibliographie historique
Bibliographie romanesque
Bibliographie BD
Gladiateurs spartiates à l'écran

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IV. Codicile de Francis Moury

V. Fiche technique

II. La bataille des Thermopyles

A. Sparte : fantasmes et réalités

Vaincre ou mourir ?
Lorsque «le Père de l'Histoire», Hérodote d'Halicarnasse - qui était un sujet de l'Empire perse -, entreprit de rédiger sa monumentale Enquête en neuf livres, sur les tenants et les aboutissants des Guerres médiques et la description de l'immense Empire perse «vaincu» par les Grecs, son propos était moralisateur et patriotique.
De larges extraits furent lus aux Jeux Olympiques. En fait, nous ne le répéterons jamais assez, on sait que, pour l'«historien» antique, l'Histoire est un matériau plastique qui doit se plier aux arts dramatique et rhétorique. Hérodote est donc allé à Athènes, écouter les Athéniens et leur version de la bataille de Marathon (490); il est allé à Sparte, interroger les Spartiates et entendre leur version de la bataille des Thermopyles (480). Ceux-ci ont embelli l'héroïque sacrifice de Léonidas et de ses hommes, ciselant un pur joyau d'honneur et de patriotisme. «Passant, va dire à Sparte que nous gisons ici pour obéir à ses lois», proclame l'inscription. Mais quelles lois ? Vaincre ou mourir ? Certes non. Sparte était un Etat aristocratique et guerrier, qui dominait par la force brutale une population de serfs - les Ilotes - descendants des précédents occupants du pays. Mais elle était économe de la vie de ses soldats. Au cours des siècles, sa démographie vacillante fut un problème constant. Mourir au champ d'honneur, oui. Mourir stupidement, non.

Comme tous les Etats aristocratiques (p. ex. Rome avant les Scipions), les ambitions de Sparte sont nettement limitées dans l'espace : continuer à diriger la Ligue du Péloponnèse. Sparte se doit à ses Alliés, rien de plus - elle n'a que faire des fourbes Athéniens, des lointains Thébains, etc. Dans le film de Rudolph Maté, on l'a vu, des propos de circonstances sont prêtés à Léonidas, «Pour un Grec, nulle région de Grèce n'est lointaine...». Ce discours appartiendrait plutôt à l'Etat grec structuré du XXe s. Mais au temps des Guerres médiques, il était parfaitement anachronique et, du reste, le film laisse clairement entrevoir les mesquines rivalités entre voisins grecs. Mais nous pénétrons ici sur le terrain glissant du «roman historique», c'est-à-dire une composition de la seconde moitié du XXe s., destinée à un public contemporain, et visant en filigrane des problématiques marquées du sceau de l'époque où l'oeuvre fut créée.

Reste le splendide mythe de Sparte ! Sparte et le communisme spartiate, qui séduiront des intellectuels athéniens comme Xénophon et Platon. Xénophon y envoya ses fils parfaire leur éducation, tandis que Platon imaginait les Gardiens de sa République idéale comme une caste militaire pratiquant la communauté des enfants et des femmes, lesquelles partageraient avec les mâles les travaux d'Arès (PLAT., Rép., V, 466d). Le modèle de Sparte s'imposera à certains révolutionnaires de 1789, mais aussi aux doctrinaires nazis et communistes. Dans le discours sur la Spartakiade des Peuples de l'ex-U.R.S.S., le concept de Sparte - soit la sélection des meilleurs - avait fini par remplacer celui de Spartacus, l'esclave révolté.

L'arc contre la lance
En fait, aucune loi, à Sparte, ne fait obligation à ses hoplites de vaincre ou mourir. Pour justifier la mort tragique de Léonidas il faudra fabriquer de toutes pièces et a posteriori un oracle delphique («Sparte vivra, mais son roi mourra»). Si, du fait de la dégradation sociale qui sanctionne les lâches, la mort est bien préférable à la fuite honteuse, il est certes permis d'opérer une retraite stratégique. En 479, l'année qui suit la bataille des Thermopyles, un officier spartiate imitant à Platée l'exemple de Léonidas, refusera de reculer, de céder à la pression des Perses. Et se fit tuer sur place avec ses hommes, inutilement. Son «geste héroïque» lui valut la désapprobation de ses pairs spartiates. Deux poids, deux mesures ? Ici va naître, en tout cas, la réputation du Spartiate-qui-ne-se-rend-pas. Aussi quand, en août 425, dans l'île de Sphactérie, le démagogue Cléon obtint la reddition des 300 Lacédémoniens (dont 120 Spartiates) qu'il avait encerclés, le monde grec tout entier n'en crut pas ses yeux, ou plutôt ses oreilles puisque CNN n'existait pas encore (THUCYDIDE, IV, 32-41). Euripide, dans Héraclès furieux, alla même jusqu'à célébrer la supériorité sur l'hoplite de l'archer Héraclès, qui tue à distance, sans s'exposer lui-même. En effet, la victoire athénienne fut obtenue autant par la faim que grâce à l'habileté des archers mercenaires étoliens qui décimaient les formations lacédémoniennes.
Quand on aura rappelé qu'Euripide écrivait, justement, pour un public de citoyens servant dans le corps des hoplites (1), le lecteur mesurera tout le poids de cette défaite spartiate et la leçon qu'en tirèrent les stratèges du temps.

Des combattants rompus à l'art de la guerre
Comme dans notre Moyen Age occidental, les Grecs avaient coutume de se battre en des endroits convenus, favorables à l'évolution de la phalange, selon des règles et un rituel précis (2). Pendant les Guerres léliennes (VIIe s.) les belligérants avaient même d'un commun accord déclaré prohibées toutes les armes de jet (flèches, javelots, balles de fronde). Les hoplites étaient un peu comme ces costauds des fêtes villageoises, qui se donnent des coups sur la tête, chacun à son tour, jusqu'à ce que l'un des deux s'écroule. Pourtant, les Spartiates sont aussi de fins manœuvriers, rompus aux coups de mains et aux actions de commandos. Tout ce que nous savons de l'éducation spartiate tend à le confirmer : il est permis aux jeunes gens de voler, à condition de ne pas se laisser prendre. Ceci n'étant pas un constat hypocrite, mais une volonté pédagogique d'enseigner la ruse, l'endurance, la survie dans une troupe où la logistique brille le plus souvent par son absence.

La kryptie
Un des rites d'initiation des adolescents spartiates est la kryptie - qu'on traduit par «le [massacre] secret [des Ilotes]». Ce rite consistait à exclure momentanément de la communauté des jeunes gens armés seulement d'un poignard, qui, nus, vivront «sur le pays», égorgeant des serfs trop arrogants, donc suspects. En fait les informations que l'on possède sur la kryptie sont contradictoires (3). Ce qui est normal, vu son nom même de «secret». Confrérie initiatique liée à l'irènie (l'éphébie spartiate), police politique... Henri Jeanmaire a comparé ce rite à ceux qui se pratiquaient encore dans les tribus d'Afrique noire au début du siècle, dont les Hommes-Léopards sont restés le plus célèbre exemple.

La diamastigôsis
Au temps de sa gloire, Sparte connut un rituel consistant, pour les jeunes gens, à voler des fromages placés sur l'autel de la déesse - lesquels fromages étaient défendus par des gardiens armés de bâtons. Jeu viril, qui n'allait pas sans plaies et bosses, mais jeu de guerriers.
En revanche, ne mérite qu'un haussement d'épaules le célèbre rituel de la flagellation longue, la diamastigôsis exécutée en l'honneur de la déesse protectrice de la ville, Artémis Orthia. Tous les ans les jeunes Spartiates se laissaient fouetter jusqu'au sang devant l'autel de la déesse, en dissimulant leur souffrance. Encouragés par leurs parents et amis, certains se seraient laissé battre à mort. Aristote, qui n'appréciait guère la sévérité des Spartiates, n'en parle nulle part dans le livre qu'il leur consacra. En fait, comme l'a montré Bosanquet (4), ce rite ne nous est connu que par des auteurs d'époque romaine (Plutarque, Pausanias, Cicéron, Sénèque, Stace). Sous l'Empire romain, un cercle de réactionnaires qui prétendaient remettre à l'honneur les «usages du bon vieux temps», inventèrent de toutes pièces cette flagellation plus cruelle que l'originale. Au Ier s. de n.E., probablement déjà sous Auguste, Sparte était devenue «le Club Med' de l'Empire» - l'expression, qui dit bien ce qu'elle veut dire, était de notre ami Jacques Van Herp - et l'on installa devant le temple de la déesse des sièges destinés aux notables. Et au IIIe s. (5), pour accueillir la foule des curieux, l'on y construisit des gradins en pierre que les fouilles de l'Ecole anglaise ont mis à jour : le supplice des jeunes garçons était devenu une attraction touristique, Sparte ayant depuis près de 400 ans cessé d'être une puissance militaire.

De nombreux romans historiques (6) feront leurs choux gras de cette coutume d'un pittoresque barbare, qui prouvait seulement la dégénérescence de Sparte. Un médecin, le Dr Charles Seltman, précise que la flagellation longue et prolongée ou diamastigôsis aurait à coup sûr détruit l'équilibre nerveux des cadets. Et le décès sanctionnant l'hémorragie rénale ou hépatique qui résulte fréquemment de ce genre de traitement aurait décimé la jeunesse spartiate. La Sparte classique des VIIe-IVe s. n'aurait jamais pu se permettre le luxe d'ainsi gaspiller son potentiel militaire, elle qui prenait toujours soin de n'exposer dans des combats difficiles que des hommes mariés, ayant déjà un héritier.

bataille des thermopyles
 
thermopyles - perses
thermopyles  -phalange

Chronologie de la bataille des Thermopyles (16-24 août 480),
d'après Apostolos Dascalakis
(7)

(16 août) Thermopyles, 1er jour / Dans le camp d'Alpenoi-Thermopyles, Léonidas procède depuis quatre jours (approximativement) à la réparation du mur phocidien tout en essayant d'attirer des alliés.
Artémision / Vers la tombée du jour, la flotte perse arrive au cap Sépias. - Les Grecs à Artémision sont informés par les torches de Skiathos que les trois bateaux observateurs ont été capturés ou détruits. - 200 vaisseaux perses contournent l'Eubée pour bloquer l'Euripe. - 53 trières athéniennes se portent à la défense du détroit de Chalcis.
(17 août) Thermopyles, 2e jour / Léonidas poursuit ses préparatifs aux Thermopyles.
Artémision / Un vent puissant, accompagné d'une violente tempête, retient la flotte perse au cap Sépias et détruit plusieurs vaisseaux perses.
(18 août) Thermopyles, 3e jour / L'armée de Xerxès arrive de Thermè en Malide après douze jours de marche. Les Grecs décident en conseil de guerre de tenir leurs positions pour défendre le défilé (dans la nuit du 3e au 4e jour probablement).
Artémision / La tempête fait toujours rage. - La flotte perse est confinée à Sépias.
(19 août) Thermopyles, 4e jour / Xerxès fait des préparatifs dans l'attente de la flotte. - Les Phocidiens sont envoyés pour monter la garde aux sentiers (datation approximative).
Artémision / La tempête se poursuit. - La flotte perse demeure toujours à Sépias.
(20 août) Thermopyles, 5e jour / Xerxès poursuit ses préparatifs dans l'attente de l'issue du combat sur mer. Les Grecs effectuent de leur côté des préparatifs.
Artémision / La tempête s'apaise. - La flotte perse navigue vers les Aphètes. - Les commandants de la flotte grecque décident de passer à l'attaque. Le premier engagement sur mer se produit en fin d'après-midi. Les adversaires regagnent leurs positions de départ à la tombée de la nuit.
(21 août)

Thermopyles, 6e jour / Xerxès poursuit toujours ses préparatifs dans l'attente de l'issue du combat sur mer. Les Grecs, aux Thermopyles, s'attendent à l'attaque.
Artémision / Un orage qui éclate pendant la nuit, de pair avec un soulèvement des eaux, cause des dégâts à la flotte perse mouillant aux Aphètes et détruit près des Koila ceux des vaisseaux qui essayaient de contourner l'Eubée. Les 53 trières athéniennes assignées à la garde du détroit de Chalcis, retournent à l'Artémision. - Tard dans l'après midi, la flotte grecque se porte à l'attaque. - 2e combat naval et destruction d'une escadre de vaisseaux ciliciens.

(22 août)

Thermopyles, 7e jour / Xerxès passe à l'attaque. - Première bataille des Thermopyles; durée du matin au soir.
Artémision
/ Pas d'action sur mer.

(23 août) Thermopyles, 8e jour / Deuxième bataille des Thermopyles, environ jusqu'à midi. - Ephialte se présente dans le camp de Xerxès. - L'encerclement des Grecs est décidé. - Dès la tombée de la nuit, l'armée d'Hydarnès entreprend à travers de sentier d'Anopée une marche qui devait durer toute la nuit.
Artémision / Pas d'action sur mer.
(24 août) Thermopyles, 9e jour / Léonidas est informé, à l'aube, de l'imminence de l'encerclement. - Après le conseil de guerre, les alliés se retirent. Les Thespiens et les Thébains demeurent aux côtés des Lacédémoniens. - Assaut de l'armée perse entre 9h et 10h du matin. - Léonidas contre attaque. - Lutte acharnée et à mort; Léonidas est tué et le combat se poursuit autour de son corps. - L'armée d'Hydarnès survient à l'arrière. - Les survivants Lacédémoniens et Thespiens se retirent au Kolônos où ils sont tués jusqu'au dernier. Les survivants Thébains sont capturés. - Xerxès occupe le défilé des Thermopyles.
Artémision / La flotte perse quitte les Aphètes vers midi. - Les Grecs prennent leurs formations de combat. Le 3e combat naval est engagé aux premières heures de l'après-midi. Le soir, les adversaires se retirent dans leurs ports de mouillages respectifs. - Arrive Abronichos avec le bateau observateur, embossé au large des Thermopyles, pour annoncer le désastre. - La flotte grecque prend immédiatement la mer en direction des rivages de l'Attique.

B. Les «300 Spartiates»

La bataille des Thermopyles a suscité les commentaires de nombre d'exégètes. Nous renverrons le lecteur à l'excellente étude d'Apostolos Dascalakis, Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles (1962), publiée cette même année où sortit sur les écrans le film de Rudolph Maté.

En fait, les Grecs étaient 7.000 environ, à défendre les Thermopyles. Quatre mille d'entre eux venaient du Péloponnèse; les autres - dont 700 Thespiens et 400 Thébains - étaient de Grèce centrale. Ces chiffres n'incluent pas les effectifs de la flotte athénienne, commandée par Thémistocle, qui couvrait le flanc droit de Léonidas : l'Euripe (bras de mer entre le continent et l'Eubée).

Le film de Maté ne montre que les 300 Spartiates et les Thespiens (dont il ne précise pas le nombre); accessoirement, il évoque la présence de la flotte athénienne. C'est dommage et injuste; il faut reconnaître ici l'influence partisane d'Hérodote relayant la propagande spartiate, génératrice de nos clichés scolaires (8) et dont les thèses sont reprises par l'historiographie officielle néo-hellénique.

Les 400 Thébains, par exemple, selon Sparte/Hérodote, étaient des otages dont Léonidas se méfiait, et qu'il ne retint près de lui qu'à la seule fin de compromettre l'aristocratique et persophile Thèbes. Mais comment comprendre - s'interroge Dascalakis - que Léonidas aurait livré son «baroud d'honneur» avec une moitié de son effectif considérée comme suspecte ? Ces Thébains n'étaient-ils pas plutôt des volontaires démocrates qui savaient qu'en cas de défaite grecque, c'était de toute façon la mort qui les attendait, retour dans leur patrie où la victoire perse aurait donné toute licence à leurs compatriotes de la faction aristocratique ?

Un autre problème est l'effectif exact des Spartiates. Trois cents dit-on : la Garde Royale, les hippeis, lesquels en dépit de ce que leur nom suggère combattaient à pied. (Fort de 400 chevaux, le premier corps de cavalerie spartiate, médiocre, ne sera créé qu'en 425.) Quand on connaît les mœurs militaires des Spartiates, on peut douter de ce chiffre. Chaque hoplite emmenait avec lui au moins un valet d'arme - un Ilote. Inexistants sur le rôle, ces goujats pouvaient se muer en archers, frondeurs ou lanceurs de javelot : «appui feu» non négligeable contre le Perse, lui-même archer. En fait, se méfiant des Ilotes qu'ils laisseraient derrière eux à Sparte, chaque guerrier en emmenait le plus possible, allant exceptionnellement jusqu'à sept Ilotes par hoplite comme ce fut le cas à Platée, l'année suivante (5.000 Spartiates - 35.000 Ilotes). Le film de Maté en laisse entrevoir une poignée, tirant à l'arc derrière la ligne des hoplites (9). Même si le chiffre de 7 x 300 est rejeté par Dascalakis, on peut penser que Léonidas en emmena un maximum.

Les Périèques lacédémoniens
Isocrate et Diodore de Sicile affirment, quant à eux, qu'aux Thermopyles les Lacédémoniens (10) étaient au nombre de 1.000 et Hérodote lui-même, dont le texte fourmille de contradictions, reconnaît implicitement ce chiffre lorsqu'il fait dire par Démarate, que les Lacédémoniens «ne seraient-ils que mille» n'hésiteraient pas à s'opposer à la multitude perse.

Il faut sans doute comprendre que Léonidas amenait dans l'Alliance grecque 1.000 fantassins lourds, dont 300 hoplites citoyens spartiates et 700 hoplites lacédémoniens - des Périèques qui devaient le service militaire mais n'étaient que des citoyens de seconde zone.
Classe intermédiaire entre les Homoïoï (les Egaux = les Spartiates) et les Hypomeniones (les Inférieurs, c'est-à-dire les serfs d'Etat, les Ilotes), les Périèques, qui représentaient la vie sociale de la cité par leurs activités commerciales ou industrielles, étaient astreints au service militaire dans le corps des hoplites -, ainsi que plusieurs centaines, voire milliers de valets d'armes (Ilotes).

Les Ilotes, valets d'armes et troupes légères
Le roman de Steven Pressfield, Les Murailles de Feu, met l'accent sur le rôle des valets d'arme dans la logistique : chaque combattant non seulement porte un matériel très lourd, mais aussi des armes de rechange, des vivres etc. On évalue entre vingt et trente kilogrammes la panoplie complète d'un hoplite - bouclier (7 kg), casque (2 kg ou plus), cuirasse de bronze (entre 15 et 20 kg (11), jambières, épée et lance.
De frêne ou de cornouiller, la lance mesurait entre 1,80 et 2,50 m, pour un diamètre de 2,5 cm. Mais l'hoplite devait en emmener plusieurs de rechange, et aussi plusieurs boucliers, lesquels se rompaient facilement. C'est sans doute pour cela que le brassard de bronze (porpax) qui servait à les tenir était amovible.

Plus tard, la propagande spartiate d'efforcera de focaliser toute la gloire sur le sacrifice sublime de ses 300 citoyens. Les Périèques furent oubliés. Quant aux Ilotes, serviles de condition, ils n'ont de toute façon jamais compté... quoique Hérodote dise qu'ils se battirent avec courage, et moururent aux côtés de leurs maîtres sur le kolônos. La liberté... c'est peut-être, tout simplement, le droit de choisir ses chaînes.

leonidas aux thermopyles

Jacques-Louis DAVID, Léonidas aux Thermopyles (1814), huile sur toile, 395 x 531 cm - Musée du Louvre, Paris (CLICK / CLICK / CLICK / CLICK.)

 

Un pari insensé ?
Sept mille hommes contre 300.000 et 53 trières contre 200 tinrent donc un défilé (12) de la Thessalie, verrou de la Grèce, du 16 au 24 août 480 - dont trois jours de combat, les 22, 23 et le matin du 24. Une gageure insensée ? Non, car la chance était du côté des Grecs. Une tempête inopinée venait de détruire au cap Sépias une bonne partie de la flotte perse, qui transportait les approvisionnements de l'armée de terre. Une campagne avec des effectifs aussi imposants que ceux des Perses dans un pays aussi pauvre que la Grèce, se calcule au jour près sur le plan logistique. Son infanterie bloquée devant les Thermopyles, sa flotte tenue en échec devant le cap Artémision - Xerxès, privé de munitions, devait être aux abois. Il lui fallait absolument piller la Grèce centrale pour refaire des vivres, sinon renoncer et rentrer chez soi. Epousant le point de vue perse, Gore Vidal, dans Création, expédie en deux lignes la bataille des Thermopyles qu'il décrit comme un incident de frontière où un roitelet grec s'était fait tuer. L'importance même des effectifs engagés, que les historiens modernes réduisent à 300.000 h (plutôt que les 2.600.000 h dont parle Hérodote !) marchant sur trois colonnes - mer, littoral et intérieur - prouve toutefois le contraire.

Xerxès envisage de rentrer chez lui, sous prétexte d'une vision qu'il a eue cette nuit là... Il a perdu. Mais il faut sauver la face. C'est alors qu'un traître malien, Ephialtès, renseigne un chemin de chevriers - le sentier de l'Anopæa - permettant de contourner la position de Léonidas à travers le mont Callidromos. Cette tâche est confiée aux troupes d'élite d'Hydarnès, les 10.000 Immortels qui ont été fort malmenés la veille.

Informé par des transfuges avant l'aube du 24 août, Léonidas tient un conseil de guerre avec les chefs alliés. Dès le début de la guerre, les Péloponnésiens avaient égoïstement manifesté préférer défendre l'Isthme de Corinthe et abandonner aux Perses la Grèce centrale - la Béotie (Thèbes, Thespies), les deux Locrides et la Phocide - ainsi que l'Attique. Léonidas ne les retint pas. Il fallait «sauver les meubles» et préserver du massacre ces troupes excellentes. Pour lui-même, il se sacrifia avec ses Lacédémoniens, ainsi que les contingents de Grèce centrale (les Thespiens et les [démocrates] Thébains de toute façon condamnés) afin de retarder de quelque six heures le franchissement des Thermopyles par la redoutable cavalerie médo-perse. On a un peu tendance, autre cliché scolaire, à mépriser les armées perses, vaincues dans les Guerres médiques, puis écrasées par Alexandre le Grand. Il est vrai que nombre de troupes sujettes, réquisitionnées, offraient peu de «mordant». Mais l'élite de l'armée, reflétant l'ethnie au pouvoir - l'infanterie des Immortels et la cavalerie médo-perse -, constituaient des troupes motivées et redoutables. A propos des Perses qui combattirent à Platées, Hérodote note qu'«ils n'étaient inférieurs ni en courage ni en force, mais en même temps que d'un armement solide, ils manquaient d'instruction militaire» (HDT., IX, 62).

Le cliché de la supériorité du fantassin lourd contre l'archer légèrement armé fait sourire : pourtant, avec son casque, son bouclier, son thorax et ses cnémides de bronze - plus de trente-cinq kilos, plus de la moitié du poids de celui qui les porte et qui doit se faire aider par un ou deux valets pour les transporter - l'hoplite est fortement handicapé sous le soleil de l'été grec. Les hoplites, la chose est connue, n'endossaient leur cuirasse qu'à la dernière seconde, et ne peuvent combattre que pendant un temps limité.
L'histoire des guerres de l'Antiquité est éloquente : le vaincu a toujours des pertes disproportionnées par rapport à celles du vainqueur. Pas seulement parce que c'est le vainqueur qui écrit l'Histoire - mais surtout parce que la coutume était de poursuivre et massacrer l'ennemi en déroute.
Cela, Léonidas le savait pertinemment. Lui et un millier de volontaires se sont donc sacrifiés, non par vaine gloriole, mais pour gagner ces quelques heures - une matinée - qui mettraient hors de portée de la cavalerie perse la précieuse infanterie péloponnésienne en retraite.

Les Perses seront à ce point furieux de leur victorieux... échec, qu'ils décapiteront et crucifieront le cadavre de Léonidas. Ce qui, dira Hérodote - qui les connaissait bien - était assez inaccoutumé de leur part, eux d'ordinaire vainqueurs magnanimes.

Les Thermopyles furent franchies...

avant -480 :
par les Thessaliens pillards - ensuite de quoi les Phocidiens construisirent un mur pour le barrer, que Léonidas fera restaurer;
août -480 : par les Perses, qui tuèrent Léonidas;
-279 : Brennus y fut arrêté par Callipos - mais les Gaulois contourneront la position des Grecs, lesquels pourront toutefois décrocher sans problème;
-191 : 40.000 Romains, conduits par le consul M. Acilius Glabrio et son légat M. Porcius Cato, descendant du nord, s'y heurtent aux 10.000 Gréco-Syriens d'Antiochos III - les Romains encercleront les Syriens (seulement 500 d'entre eux survivront au massacre);
-146 : Critolaos, stratège de la Ligue achéenne, y sera vaincu et capturé (il se suicidera) par le Romain Q. Cecilius Metellus Macedonicus, préteur de Macédoine; 395 de n.E. : les Goths d'Alaric;
VIe s. : Justinien en fait restaurer les fortifications;
1205 : les Croisés y passent;
21-23 avril 1941 : les Allemands forcent les Thermopyles, défendues par les Australiens.
 
thermopyles - hoplites

III. Bibliographie

Bibliographie historique

  • Jack CASSIN-SCOTT (texte et planches), The Greek and Persian Wars 500-323 B.C., Londres, Osprey, «Men-at-Arms Series», 1977;
  • Eugène CAVAIGNAC, Sparte, Arthème Fayard, Les Grandes études historiques, 1948;
  • Jean-Nicolas CORVISIER, Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av. J.-C.), Armand Colin, 1999;
  • Apostolos DASCALAKIS, Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles, Ecole française d'Athènes, éd. E. De Boccard, 1962;
  • Pierre DUCREY, Guerre et guerriers dans la Grèce antique, Fribourg, Office du Livre, 1985;
  • Victor Davis HANSON, Le modèle occidental de la guerre (The Western Way of War, infantry battle in classical Greece, 1989), Paris, Les Belles Lettres, 1990;
  • Henri JEANMAIRE, Couroï et Courètes. Essai sur l'éducation spartiate et sur les rites d'adolescence dans l'Antiquité hellénique, Université de Lille, 1939;
  • François LISSARRAGUE, L'autre guerrier. Archers, peltastes, cavaliers dans l'imagerie attique, Paris-Rome, Editions la Découverte/Ecole française de Rome, coll. «Images à l'appui», n­ 3, 1990;
  • H. MICHELL, Sparte et les Spartiates, Paris, Payot, 1953;
  • Raymond V. SCHODER, La Grèce antique vue du ciel. Les sites archéologiques photographiés d'avion, Seghers, 1975 [vues aériennes du site des Thermopyles];
  • Nick SEKUNDA (texte) & Angus McBRIDE (planches), The Ancient Greeks, Londres, Osprey, «Elite Series», n­ 7, 1986;
  • Jean-Pierre VERNANT (sous la dir.), Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, Ecoles des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Points-Histoire, n­ H265, 1968;
  • Pierre VIDAL-NAQUET, Le Chasseur Noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, Paris, Maspero, 1981; rééd., Paris, Editions la Découvertes, coll. «Textes à l'appui», 1991, pp. 123-177.

Bibliographie romanesque

livre pressfield
livre cotton
livre rodriguez

Trois romans consacrés à la bataille des Thermopyles :

  • Gérard COTTON, Callimaque soldat des Thermopyles, Paris, P. Lethielleux éd. - Bruxelles, Durendal éd., coll. «Roitelet», 1944.
    Commencé, semble-t-il, en 1939 et publié à la Libération, c'est le type même de ces romans scolaires, distribués lors de la remise des prix. En référence au roi des Belges Albert Ier et à son héroïque résistance sur l'Yser, en 14-18, G. Cotton décrit - sans fard, mais aussi sans indignation - la civilisation spartiate comme une nation combattante, prête à tous les sacrifices pour la liberté. Bien qu'historiquement le traître Ephialtès soit un Malien, donc un Thessalien, le roman le décrit comme un Ilote spartiate, un traître abject - de la race des «collabos», si l'on lit en filigrane. Lu enfant, ce livre nous a fait aimer Sparte;
  • Steven PRESSFIELD, La Muraille de Feu (Gates of Fire, 1998), L'Archipel, 2001.
    St. Pressfield est un scénariste professionnel, et il fut question de porter à l'écran ce roman de toute évidence composé en vue d'une adaptation cinématographique. Michael Mann (Le dernier des Mohicans) en était le réalisateur pressenti, et le casting devait réunir George Clooney (également producteur) et Bruce Willis.
    Oscillant entre la soumission par le fouet (Histoire d'O revue par Conan le Barbare !) et la fable-réflexion sur le corps des «Marines» dans leur combat pour le Monde Libre, l'ambiance de La Muraille de Feu est parfois un peu glauque ! En témoignent certains dialogues que l'on croirait issus de Full Metal Jacket ou du Maître de Guerre :
    «- Tuer un homme, c'est comme baiser, garçon. (...) Est-ce que ta bite est dure ?
    - Non, seigneur.
    - Quoi ? Tu as ta lance dans le ventre d'un homme et ton braquemart n'est pas raide ? Qu'est-ce que tu es, une femme ?»

    Certes, Pressfield s'est bien documenté - on s'étonnera néanmoins de ne pas y trouver mention des Périèques, ces citoyens de Sparte de deuxième catégorie, les seuls à mener une vie normale, selon nos critères - mais nous avons dit plus haut ce qu'il convenait de penser de ces histoires de flagellations sanglantes.
    Parallèlement à l'écriture de ce roman, le créateur de Daredevil, Frank Miller et Lynn Varley en concotèrent une version graphique, 300.
  • Cristina RODRIGUEZ, Thyia de Sparte, Flammarion, 2004.
    Un brin de féminité, sinon de féminisme, dans l'univers machiste des hoplites grecs ! Le roman démarre très fort par une scène de nouveau-né mal constitué, précipité dans le gouffre des Apothètes. Puis, après une scène de gymnase où les jeunes filles quasi nues s'entraînent avec les garçons en rêvant de mariage, c'est la kryptie, cette abomination. Thyia finira par percer les «petits secrets» des mâles en pénétrant, déguisée en homme, dans l'univers des casernes... et de la guerre !

... Sans oublier, bien sûr, Mary RENAULT, Le Lion aux portes de la ville (The Lion in the Gateway, 1964), NRF-Gallimard, coll. «La bibliothèque blanche», 1967 - pour la jeunesse -, ni la novelization de John BURKE, The Lion of Sparta (cf. infra).

On pourrait y ajouter Frank YERBY, Le chant du sacrifié (Goat Song), Trévise, 1970, autre roman spartiate mais qui ne concerne pas la bataille des Thermopyles : pendant la guerre du Péloponnèse, Ariston - Spartiate capturé à Sphactérie - est emmené comme esclave à Athènes.

Bibliographie BD

Courts récits
  • W.Y. GROUX, «La Muraille de bois», Cino Del Duca éd., Hurrah !, n­ 198, 3 août 1957, pp. 2-9 (8 pl.)
    Marathon, les Thermopyles et Salamine... télescopés avec l'épisode d'Alcibiade (ici rebaptisé Anytos) passant du camp athénien à celui des Spartiates. Un vrai délire;
  • MURTIN, «Salamine», (Pilotorama), Pilote, n­ 113 (3e an.), 21 décembre 1961;
  • Y. DUVAL (sc.) & William VANCE (d.), «Léonidas, le Lion de Sparte», Tintin FR, n­ 745 (15e an.), 31 janvier 1963, pp. 5-8;
  • HUBUC, «Passant, va dire à Sparte» (mini-récit/255), Spirou, n­ 1399 (28e an.), 4 février 1965.
    Parodie sur les guerres médiques;
  • X., «Le Déserteur», Arédit, Brûlant, n­ 10, 1980, 7 pl.;
  • BARA (sc./d.), «Lamybidas - On a souvent besoin d'un plus pythie que soi», Spirou, n­ 2272 (44e an.), 29 octobre 1981, pp. 3-7 et cv.
    Parodie sur les guerres médiques;
  • CRESPIN (sc.), JO-EL AZARA (d.), «Zagazik - Un terme aux piles», Spirou [histoire à suivre - 1980].
    Parodie sur les guerres médiques;
  • X, «Les Grecs - Un peuple de héros», Pif-gadget, n­ 660 (37e an.), novembre 1981, pp. 41-50.
 
Albums
  • Hector OESTERHELD (sc.) & Alberto BRECCIA (d.), «Les Thermopyles», Mort Cinder, n­ 3, Glénat, coll. «BD Noire», 1983, 27 pl. - Mort Cinder a vécu de nombreuses vies. Ici, il est Dieneces, l'unique survivant de la bataille des Thermopyles, voué aux pires supplices par les Perses qui l'ont capturé. Mais le Grand Roi, las, finira par le gracier ce qui n'est pas sans faire songer à Agathon, au début du film de R. Maté (Hérodote mentionnait un Diénékès parmi les compagnons de Léonidas);
  • Frank MILLER & Lynn VARLEY, 300 (Dark House Comics, Inc.), Rackham, octobre 1999.
    Une bande puissante, traitée sur le mode de l'heroic fantasy, et où les divinités de Sparte sont montrées plutôt comme des démons. Les vieux fantasmes judéo-chrétiens ont la vie dure (à propos de Frank Miller : CLICK / CLICK / CLICK / CLICK / CLICK) ! Très contestable sur le plan historique, la BD 300 ne présente aucun rapport avec le gros roman de St. Pressfield, si ce n'est le goût de l'exaltation de la force virile des guerriers de Léonidas - leur sophrosynè.
 
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Une mention spéciale pour deux albums de Jacques Martin, «Alix», Le dernier Spartiate (Casterman, 1967) et «Orion», Le lac sacré (Bagheera, 1990). Contemporain de Jules César, Alix découvre une nouvelle Sparte, nostalgique de sa gloire enfuie. Au temps de la Guerre du Péloponnèse, l'Athénien Orion séjourne à Sparte : flagellations, Ilotes, kryptie... rien ne manque.
Un épisode d'Olac le Gladiateur dessiné par Ruggero Giovannini se passe à Sparte (13). L'un des plus intéressants héros de «BD antique» britannique est le centurion romain d'origine spartiate Heros the Spartan, créé par Tom Tully et continué par Luis Bermejo; ce personnage fit les beaux jours du magazine Eagle dans les années '60.

Gladiateurs spartiates à l'écran

Comme dans la BD, les Spartiates ont une présence diffuse au cinéma où ils deviennent volontiers gladiateurs (I Sette Gladiatori (Los siete Espartanos) de Pedro Lazaga, 1962; Gli Invincibili sette d'Alberto De Martino, 1963; La Rivolta di Sparta (The Spartan Gladiators) d'Alberto De Martino, 1964 et Maciste il Gladiatore di Sparta (Maciste et les 100 gladiateurs) de Mario Caiano, 1964; sans oublier «L'Exterminateur de Sparte» dans le récent L'honneur des gladiateurs de Jorgo Papavassiliou, 2003).

Suite…


 

NOTES :

(1) Dans l'Iliade, les héros combattent avec la lance, le bouclier, et l'épée. Seuls quelques «bâtards» - comme Teucros, le demi-frère d'Ajax - utilisent l'arc. Si quelques héros populaires, comme Héraclès ou Ulysse sont aussi des archers, il faut souligner qu'aucun des quatre grands jeux panhelléniques (olympiques, néméens, isthmiques et pythiques) ne comporte de compétition d'archerie. On signale l'arc, toutefois, dans les jeux de Larissa, en Thessalie. L'arc est une arme de chasse : à la guerre, seules des milices de citoyens pauvres l'utilisent. Le préjugé grec contre l'arc est partagé par les Romains et les Celtes. - Retour texte

(2) Cf. Victor Davis HANSON, Le modèle occidental de la guerre, 1990.
C'est après les Guerres médiques - pendant la Guerre du Péloponnèse, donc - que, le théâtre des opérations s'éloignant dans l'espace, et la durée de celles-ci s'allongeant dans le temps, l'hoplite se «professionnalisa». Il troqua le thorax de bronze contre la linothorax faite de couches de lin superposées renforcées de plaques de métal, plus légère, donc plus agréable à porter - cependant que la stratégie, désormais, aurait la préséance sur la tactique.- Retour texte

(3) Sur la valeur de ces «rites militaires» à rebours, où l'on enseigne aux adolescents les valeurs exactement opposées à celles qui font un hoplite-citoyen, on se reportera aux rites liés à l'éphébie à Athènes, tels qu'examinés par P. VIDAL-NAQUET dans Le Chasseur Noir, op. cit. - Retour texte

(4) BOSANQUET, A.B.S.A., XII, 314 - cité par H. MICHELL, op. cit., p. 139. - Retour texte

(5) C'est-à-dire, précisément, l'époque où écrivaient Plutarque et Pausanias. - Retour texte

(6) Gérard COTTON, Callimaque, soldat des Thermopyles, 1949 et Frank YERBY, Le chant du sacrifié, 1970. - Retour texte

(7) A. DASCALAKIS, Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles, 1962. - Retour texte

(8) Hydarnès : «Rends tes armes - Viens les prendre !», rétorque Léonidas - le bon mot historique n'est pas dans Hérodote, mais provient d'un recueil d'apophtegmes laconiens attribué à Plutarque... lequel écrivait 800 ans après les faits. - Retour texte

(9) Bien que la course d'hoplites - casque, bouclier, jambières, mais pas de cuirasse - fut une des épreuves normales des jeux grecs, l'hoplite en marche ne portait pas lui-même son équipement, laissant ce soin aux goujats (il ne revêtait son armure qu'au moment du combat). Ici encore, un plan du film montrant Léonidas et ses hommes marchant en armes de Sparte aux Thermopyles est inexact. - Retour texte

(10) Sparte ou Lacédémone est la capitale de la Laconie. Les Ilotes sont des serfs d'Etat, attachés aux lots de terre attribués aux Spartiates (klèros). Les Périèques, «Ceux qui habitent autour [des Spartiates]» forment une middle-class d'artisans et de commerçants. - Retour texte

(11) Démétrios de Macédoine possédait une cuirasse de 21 kg, mais un de ses officiers en portait une de... 50 kg (V.D. HANSON, op. cit., p. 113). - Retour texte

(12) A noter que la célèbre toile de David, Léonidas aux Thermopyles est inexacte. Le «défilé», où en certains endroits un seul char pouvait passer, est entre la montagne et la mer, comme le montre le film - et non une gorge encaissée entre deux falaises comme sur le célèbre tableau, qui inspirera bizarrement les affiches américaines du film. - Retour texte

(13) In Olac, Chapelle éd., n­s 56/59, septembre/décembre 1965. - Retour texte