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Rome
[TV : HBO - BBC]
(Michael Apted, Allen Coulter, Julian Farino, etc. -
EU-GB, 2005)

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Sur cette page :

Rome, unique objet de mon assentiment...

INTRODUCTION

I. PAVÉS MOUILLÉS, RUELLES INTERLOPES...

1. Une saga historique & des séries noires

2. La série TV de la fin de la république

2.1. La production

2.1.1. Réalisateurs et scénaristes
2.1.2. H.B.O. et ses séries
2.1.3. Censure BBC
2.1.4. Censure RAI
2.1.5. Au fil des épisodes...

2.2. La reconstitution

2.2.1. Raccourcis
2.2.2. Aménagements
2.2.3. Mentalités

Pages suivantes :

II. QUELQUES THÈMES À LA LOUPE

3. Les esclaves et les affranchis

4. Les gladiateurs

5. La religion

Appendice : Familles patriciennes & plébéiennes (par Gricca)

6. Les Thermes

7. Sex in the Eternal City

III. NAISSANCE D'UN EMPIRE

IV. LE TRIOMPHE

V. LA LÉGION

VI. UN PEU D'EXOTISME : L'ÉGYPTE GRECQUE

Ô ROME ET CÆTERA... LES PERSONNAGES

DEUX DE LA XIIIe LÉGION : LUCIUS VORENUS - TITUS PULLO

AUTRES PERSONNAGES DE FICTION

LES PROTAGONISTES HISTORIQUES

APPENDICES : CLODIA & CLODIUS

Fiche technique

Résumés de la première saison

BIBLIOGRAPHIE

 

Forum consacré à la série Rome

serie rome
 

Rome, unique objet
de mon assentiment...

  Voici l'été... Comme Rome doit empester à présent !...
Henryk SIENKIEWICZ, Quo Vadis ?

Des rues sordides, enfumées, jonchées de détritus. Des masures lépreuses, aux murs couverts de graffiti obscènes, entourant des bâtiments officiels et des temples bariolés de couleurs criardes. On se croirait à Bombay ou à Mexico, mais la référence est voulue, revendiquée. Telle est Rome, la série d'HBO-BBC, qui vient d'entamer sa Deuxième Saison.

«Comme Rome doit empester à présent !... Et pourtant il faudra y rentrer pour les jeux estivaux», se lamente l'empereur urbaniste Néron, qui s'est retiré dans sa villégiature d'Antium où la brise du large amène des senteurs salines. Pour qui a connu autre chose, il ne fait pas bon vivre dans ce cloaque à ciel ouvert - un million d'habitants - où l'on vide les pots de chambre directement dans la rue, en les balançant par la fenêtre. Où l'on se chauffe - à en croire la documentation promotionnelle - en brûlant des briquettes faites d'excréments humains ou animaux mélangés avec de la paille (1). Martial et Juvénal, bien sûr, ont évoqué cette Rome grouillante, bruyante, où les charrois n'avaient le droit de circuler que la nuit. Mais toutes les versions cinématographiques de Quo Vadis etc. s'obstinaient à nous dépeindre en carton-pâte une Rome patricienne toute de marbre et de mosaïques, avec parfois des incursions dans le monde humble, mais digne, et propre, des pauvres chrétiens. En somme, Rome restait à tourner... HBO l'a fait !

Au terme de sept années de gestation, Home Box Office (HBO), les studios TV américains les plus créatifs du moment, ont accouché d'une nouvelle série intitulée Rome. La Première Saison (12 épisodes) débute en 52, alors que César vient de soumettre la Gaule, et s'achève huit ans plus tard sur les fatales Ides de Mars. Les concepteurs, John Milius (Conan le Barbare), Bruno Heller et W.J. MacDonald ont choisi de resituer l'Urbs dans ses contrastes sociologiques : sordide et magnifique à la fois.

Chose amusante, la diffusion de la série a démarré aux States sur la chaîne à péage HBO le 28 août 2005, dans le sillage d'Empire, une minisérie produite, elle, par ABC. Nous avons déjà consacré un dossier à Empire, dont l'action commence précisément avec l'assassinat de Jules César (mars 44), et, au long de six épisodes, suit le futur empereur Auguste dans ses pérégrinations sur la route du pouvoir, flanqué de son fidèle garde du corps, le gladiateur Tyrannus ! (WCHS-TV8, 28 juin 2005).
Toutefois, ne confondez point Empire avec la série italienne de la Lube-R.A.I., Imperium, plus discrète. Ca marche donc très fort pour les Romains. Déjà, de l'autre côté de l'Atlantique, MacDo est oublié pour Apicius. Passe-moi le garum, Darling !

INTRODUCTION

Dans sa Première Saison, Rome nous conte la prise du pouvoir puis la chute de Jules César, depuis la reddition de Vercingétorix à Alésia (automne 52) jusqu'à l'assassinat du dictateur le 15 mars 44 : la série couvre donc un peu moins de huit années. Nous y voyons les associés César et Pompée se brouiller pour d'obscures raisons de préséance - le décès de Julia en couches ayant rendu caduque l'alliance des deux leaders populistes. Pompée, déçu, se laisse gagner par le clan omnipuissant des optimates tandis que César franchit le Rubicon avec ses troupes. Une improbable coalition de conservateurs se retire en Grèce, avec Pompée; elle comprend son beau-père le plébéien Metellus Scipion, le radical Caton, le modéré Cicéron et l'hésitant Brutus. César vainc Pompée à Pharsale (48), le pourchasse jusqu'en Egypte où il «arbitre» le conflit opposant Cléopâtre VII à son frère-époux Ptolémée XIII. Brutus et Cicéron se rendent à César, qui généreusement leur pardonne. Les derniers partisans de Pompée - Metellus Scipion et Caton - se font écraser à Thapsus et se suicident. César pense alors pouvoir cueillir des lauriers bien mérités : il Triomphe, à Rome, qu'il s'efforce de rendre plus démocratique en plaçant des hommes à lui aux postes-clés, fut-ce par la corruption ou l'assassinat. Mais on ne change pas facilement les anciennes façons de penser. Las, il est assassiné par ceux là-même de ses ennemis vaincus qu'il avait amnistiés.

La Seconde Saison narre les démêlés d'Antoine et Octave pour la succession de César, leur alliance contre Cassius et Brutus, et leur victoire à Philippes (42); enfin, leur conflit final qui aboutit à l'avènement d'Octave-Auguste empereur.

Tout au long de la grande Histoire, nous suivons le parcours de deux soldats, le centurion primipilaire L. Vorenus et le légionnaire T. Pullo, deux personnalités antinomiques que les circonstances vont rapprocher. La vie n'est pas facile pour les humiliores démobilisés. C'est le chômage qui les attend, et comme il n'y a pas de sécurité sociale... Car tout le travail a été donné aux esclaves, qui ne coûtent pas grand chose. Ce drame de l'Antiquité trouve d'étranges résonnances dans notre propre société livrée à la mondialisation, avec tout ce que cela entraîne de précarité, délocalisations etc.(2). La société antique court au suicide, occupée qu'elle est à consciencieusement scier la branche sur laquelle elle s'est installée - comme la nôtre. En portant au petit écran la fin de la République romaine, Home Box Office a visé juste et frappé très fort. La série est la plus coûteuse de toute l'histoire de la télévision. Vouée à être regardée par le public choisi des chaînes câblées et à des heures d'audience tardives, elle frappe par ses outrances, elle choque par sa violence et sa crudité. Au point que ses partenaires britanniques et italiens levèrent les bras au ciel. Ainsi la BBC a diffusé Rome aux heures normales, mais âprement censurée au point de n'être plus intelligible. Les trois premiers épisodes ont été à ce point charcutés, qu'ils ont été ramenés à deux. Quant à la RAI, elle s'est fait confectionner des plans... plus chastes. D'après son porte-parole, les «conceptions américaines» de l'Antiquité auraient été incompréhensibles pour le public italien (qui semble en être resté aux «Histoires de l'Oncle Paul», à moins que ce ne soit à Don Camillo ?).

Initialement, Rome était prévue en cinq saisons, qui furent finalement ramenées à deux. La première compte douze épisodes, diffusés aux USA en 2005 et, sur les chaînes à péage francophones (Canal+, BeTV), en 2006. La seconde (dix épisodes), devrait sortir chez nous en 2007, toujours sur Canal+ (mars 2007 sur BeTV, pour la Belgique).

 
serie rome

I. PAVÉS MOUILLÉS, RUELLES INTERLOPES...

1. UNE SAGA HISTORIQUE & DES SÉRIES NOIRES

Le déclin de la République romaine au Ier s. av. n.E. est de mieux en mieux connu du grand public, en particulier grâce à la littérature romanesque. La saga historique de Colleen McCullough, les séries noires de Steven Saylor, John Maddox Roberts - et, pour le Ier s. après, Anne de Leseleuc, Danila Comastri Montanari, Lindsey Davis, Marie Visconti, David Wishart - ont fait d'un grand nombre de lecteurs des familiers de C. Julius Cæsar, de P. Clodius Pulcher ou de M. Tullius Cicero. Cela avec des éclairages divers. Ainsi, les Cæcilii Metelli ne sont pas en odeur de sainteté chez Colleen McCullough, qui ne voit dans les membres de cette célèbre et puissante famille plébéienne qu'un ramassis de dangereux incompétents. Contre quoi s'insurge John Maddox Roberts qui a fait de l'un d'eux, Décius Cécilius Métellus, le héros de sa série de polars-péplums S.P.Q.R. Fils de Decius Cecilius Metellus «Nez Coupé», il est membre de la commission des vingt-six, ayant en charge les vigiles de Rome. Notre magistrat-détective est, bien entendu, un personnage imaginaire, le prénom «Decius» n'ayant du reste pas cours chez les Cæcilii Metelli (3), comme non sans malice le fait remarquer l'auteur dès son second opus, La République en péril, qui y revient dans Le temple des Muses.

Pour peu qu'il ait la mémoire des noms, le lecteur lamba va donc côtoyer et identifier les membres des «200 familles» de l'époque, les maiorum gentium qui à la fin de la république n'étaient plus que quatorze (4) - les Ahenobarbi rougeauds, les arrogants Claudii, les Cornelii de tout poil et plumes..., les dignes Julii Cæsares, les Livii Drusi, les Servilii Cæpiones, les Aurelii Scauri, nous en passons et de plus pittoresques. D'un auteur à l'autre, découvrant toutes les facettes de leurs personnalités, notre lecteur va devenir leur intime. D'autant qu'à côté de l'Histoire avec un grand «H» - dont nous sommes redevables aux calames de Plutarque, Appien, Valère Maxime, Velleius Paterculus et autre Dion Cassius -, nous sont restés les lettres et les discours de Cicéron prononcés à l'occasion de procès criminels ou politiques comme le Pro Roscio Amerino et le Pro Milone, qui lèvent un voile sur de sordides affaires comme celle du parricide Sextus Roscius (5), ou les règlements de compte entre milices privées comme l'assassinat de P. Clodius Pulcher (6).

 
dvd rome cd-rom - rome

Le coffret DVD Rome (Première Saison)
et un CD-Rom de jeu, plus ou moins inspiré de la série-TV.

2. LA SÉRIE-TV DE LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE

2.1. La production

A l'origine du projet, il y a John Milius, dont l'intérêt pour le paganisme a été révélé par le frazérien Apocalypse Now et le culto-allemand Conan le Barbare. Ne nomma-t-il pas sa société de production «Valkyrie» ? Milius s'était aperçu que sur les huit livres de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, César «ne mentionn(ait) que deux de ses soldats : Lucius Vorenus et Titus Pullo. Milius décide de faire du centurion et du légionnaire les héros de son incroyable feuilleton», rapporte après tant d'autres Muriel Monton (7). Cette version officielle est un peu réductrice, nous y reviendrons, mais soit ! Milius élabore un premier jet de scénario en 1998, mais il lui faudra attendre encore six années avant de voir son projet se concrétiser. Pour la conception définitive de la série, Milius s'adjoindra Bruno Heller - qui rédigera les scenarii de neuf épisodes -, puis William J. Macdonald (et sur le set, le trio sera encore rejoint par Jonathan Stamp, le conseiller historique). Bref. «Productrice des déjà audacieuses séries Oz et Band of Brothers, Anna Thomopoulos reçut un jour de 2003 un scénario sur son bureau : Rome coécrit par Bruno Heller (scénariste de l'éphémère série Les Forces du Mal) et John Milius. Après l'arrêt de Carnivale et la fin annoncée de Six Feet Under, HBO cherchait un projet neuf pour perpétuer sa réputation. Anna Thomopoulos était obsédée depuis quelques années par l'envie d'un péplum télé» (8). L'affaire s'enclenche. En septembre 2003, Canal+ lit le scénario et l'achète. Gageons que tout l'aspect religieux-superstitieux des Romains est probablement redevable à Milius. Paradoxalement, au générique il ne signera l'écriture que d'un seul scénario sur les 22 des deux saisons confondues : l'épisode 6, Egeria, celui qui montre Marc Antoine «régnant» sur Rome tandis que le jeune Octave est envoyé par sa maman se faire déniaiser au lupanar.

Le premier coup de manivelle fut donné début 2004, en Bulgarie. Hélas les dieux n'étaient pas avec eux : certains désordres climatiques en disposèrent autrement. Le décor du camp de César fut emporté par des pluies torrentielles et, deux mois après son arrivée, l'équipe dut remballer son matériel. Les prises de vue reprirent trois mois plus tard dans les mythiques studios de Cinecittà. Retour aux sources du péplum et de l'Histoire ! Du fait de ce contre-temps, le budget de 75 millions de dollars initialement prévu connaît une première hausse; finalement il dépassera la somme pharaonique de 100 millions de dollars.

Cent millions de dollars (77,72 millions EUR) pour les douze épisodes de la Première Saison, dont 85 décaissés par HBO et 15 à charge de la BBC. Plus de 350 personnes venant des quatre coins du monde ont travaillé sur le plateau de tournage. Jamais la télévision britannique n'avait encore consacré une telle somme en co-production pour une série américaine, en partenariat avec la RAI. A telle enseigne que, bien que le plan d'ensemble était au départ prévu pour cinq saisons, HBO et la BBC décideront de ne pas aller au-delà de la deuxième, dont le tournage démarrera à Rome en mars 2006. La plupart des acteurs sont britanniques ou irlandais - c'est devenu quasiment une tradition, dans le cinéma américain. Les accents britanniques régionaux des acteurs ont été employés à dessein pour suggérer les clivages sociaux de la société romaine antique; néanmoins, certains de ces accents trop appuyés furent refaits au doublage pour le public américain.

Si Band of Brothers (précédente collaboration entre HBO et la BBC) remporta six Emmy Awards (9), la Première Saison de Rome fut nominée à deux reprises aux Golden Globes 2006 dans les catégories «Meilleure série dramatique» (le trophée échéant finalement à Lost) et «Meilleure actrice de série» pour Polly Walker, interprète d'Atia, la nièce de César.

2.1.1. Réalisateurs et scénaristes
Les trois premiers épisodes de Rome ont été filmés en Italie par Michael Apted (Coal Miner's Daughter, et le 007 Le Monde ne suffit pas [The World Is Not Enough]). Se succéderont ensuite à la mise en scène les réalisateurs habituels des productions HBO : Allen Coulter (The Sopranos), Julian Farino (Entourage), Jeremy Podeswa (Carnivale, Six Feet Under), Alan Poul (prod. exéc. de Six Feet Under), Mikael Salomon (Band of Brothers), Steve Shill (The Wire), Alan Taylor (Deadwood) et Timothy Van Patten (Sex and the City, The Sopranos).

Parmi les scénaristes, outre les initiateurs du concept - John Milius, Bruno Heller et William J. Macdonald - on retrouvera Alexandra Cunningham (Desperate Housewives), David Frankel (Sex and the City) et Adrian Hodges.

2.1.2. H.B.O. et ses séries
Aux Etats-Unis, où elle fit exploser l'audience avec un audimat de 3.800.000 de téléspectateurs le premier soir (un record !), Rome, osa présenter l'Antiquité romaine de manière très réaliste, avec nus intégraux masculins et féminins et scènes de violence et de sexe - une véritable volonté de provocation. La série était produite par la chaîne américaine HBO, connue pour ses programmes décapants (Les Sopranos, Sex and the City, Six Feet Under).

1997 — Oz
Scén. : Tom Fontana / Avec : J.K. Simmons, Zeliko Ivanek, Kristin Rohde, B.D. Wong, Kirk Acevedo, Rita Moreno, Terry Kinney, Ernie Hudson, Adewale Akinnuoye-Agbaje

Oz n'est pas une prison comme les autres. Le maître des lieux, Tim McManus, croît en une détention plus humaine. A l'intérieur du pénitencier a donc été créée Emerald City, une unité expérimentale où les prisonniers vivent en autogestion...
Violence, drogue, sexe... Une série coup de poing parfois très dure, à ranger au panthéon des séries exceptionnelles !


1998 — Sex and the City (six saisons)
Scén. : Darren Star / Avec : Kim Cattrall, Kristin Davis, Sarah Jessica Parker, Cynthia Nixon

New-yorkaise pur jus et journaliste brillante, Carrie écrit une chronique au titre équivoque, Sex & The City. Etudiant les comportements sexuels et amoureux de ses contemporains, Carrie s'inspire dans son entourage. Avec trois amies très différentes, elle vit des expériences plus ou moins agréables et intéressantes dont elle tire ses articles. Mais entre confidences, mésaventures et rencontres, Carrie et ses copines, ont bien du mal à cacher leur solitude...

1999 — Les Soprano (cinq saisons)
Réal. : David Chase, Brad Grey / Avec : Nancy Marchand, Lorraine Bracco, Michael Imperioli, Edie Falco, James Gandolfini

Anthony «Tony» Soprano, chef de la mafia du New Jersey, déprime. Pour résoudre ses problèmes il décide d'aller consulter une psychiatre, le docteur Jennifer Melfi. Désormais il confie à son docteur les problèmes qu'il rencontre avec ses deux «familles». D'un côté, il a sa vie stressante de père de famille avec sa femme, ses deux enfants et sa mère. D'un autre côté, il a sa vie de gangster qu'il partage avec son oncle, son neveu et ses copains de toujours.

2001 — Six Feet Under (cinq saisons)
Réal. : David Janollari, Alan Ball, Robert Greenblatt / Avec : Peter Krause, Frances Conroy, Lauren Ambrose, Rachel Griffiths, Michael C. Hall, Lili Taylor, Richard Jenkins

L'humour noir domine dans cette série télévisée originale signée Alan Ball, le scénariste oscarisé de Beauté Américaine (American Beauty). La vie et la mort vues par les Fisher, une famille californienne complètement désunie qui dirige une entreprise de pompes funèbres. Lorsque Nathaniel Fisher, le propriétaire de Fisher & Son Funeral Home à Los Angeles, se fait tuer dans un accident de bus, la joie du retour au bercail du fils «perdu» Nate est tragiquement perturbée. Avec sa mère Ruth, son frère David et sa sœur Claire, Nate doit maintenant faire face à la mort d'un des siens, sans perdre de vue les intérêts de l'entreprise familiale. Six Feet Under offre un regard tragi-comique sur une famille américaine en deuil... qui travaille elle-même dans l'industrie de la mort.

2001 — Band of Brothers, frères d'armes (Band of Brothers) (une saison)
Prod. & Réal. : Stephen Ambrose, Stephen Spielberg & Tom Hanks / Avec : David Schwimmer, Damian Lewis, Donnie Wahlberg, Ron Livingston, Matthew Settle

Le parcours d'un groupe de soldats d'une division aéroportée, l'Easy company (dix épisodes). Forts du succès d'Il faut sauver le Soldat Ryan Tom Hanks et Steven Spielberg se lancèrent dans la production de cette mini-série, qui suit les aventures d'une compagnie du 506e régiment de la fameuse 101th Airborne depuis son parachutage en Normandie le 6 juin 1944 jusqu'à la prise du nid d'aigle d'Hitler en mai 1945. Ils découvriront l'horreur des camps de concentration avant de retourner à leur vie ordinaire. Un vrai travail de mémoire, incluant notamment les témoignages de soldats survivants..

2003 — La caravane de l'étrange (Carnivàle) (deux saisons)
Créateur : Daniel Knauf / Avec : Nick Stahl, Clancy Brown, Patrick Bauchau

L'Amérique de la Grande Dépression. En 1934, Ben Hawkins (18 ans), voit sa mère mourir. Une mystérieuse caravane lui propose de se joindre à elle. Sans attaches, il décide d'accompagner cette troupe peu ordinaire - conduite par un nain, le charismatique Samson - dont les membres sont des monstres de foire. Depuis de nombreuses années, Ben a le don de sauver des vies. Entre Dieu et Diable, Ben va vivre un étonnant itinéraire spirituel.

2004 — Deadwood (Deadwood) (trois saisons)
Créateur : David Milch / Avec : Timothy Olyphant, Ian McShane, Jim Beaver, W. Earl Brown, Keith Carradine, Kim Dickens

La conquête de l'ouest et la ruée vers l'or. Sur le territoire (10) du Dakota, Deadwood est un camp qui accueille chercheurs d'or, aventuriers, hors-la-loi et prostituées. C'est dans cette enclave que viennent s'installer, parmi d'autres arrivants, Seth Bullock et son ami Sol Star, décidés à créer leur business. Au cours de luttes d'influences pour le pouvoir - qui passe souvent par l'argent - Deadwood va progressivement se transformer en une véritable ville...
 

2.1.3. Censure BBC
Pour sa diffusion en Grande-Bretagne, quelques scènes furent remontées dans une version plus soft, afin de ne point choquer le public par certaines outrances - notamment verbales, comme l'utilisation du mot «chatte» (cunt)). Cette attitude fut critiquée par d'aucuns, qui firent observer que d'autres programmes de HBO, tels que Les Sopranos et Oz, n'avaient pas été censurés par la télévision britannique. Cependant, la diffusion de Rome occupait une plage horaire plus avancée que les deux autres programmes, et que la BBC visait une audience plus large que celle qu'ambitionnait Channel 4 avec les Sopranos et Oz.

D'autre part, la BBC décida également de totalement remanier les trois premiers épisodes (tous dirigés par Michael Apted) ramenés à deux, sous prétexte que le public britannique était plus au fait de l'histoire romaine que l'américain, ce qui rendait inutiles certaines précisions complaisantes. Dans une interview publiée dans le Times, Apted s'étonnera : «Je suis vraiment outré de voir la BBC désarticuler mes trois premiers épisodes, réduits à deux et, de cette manière, évacuer des éléments politiques essentiels. Ce qui me rend également très grincheux, c'est d'entendre prétexter par la BBC que ces coupes se justifiaient par le fait que les téléspectateurs britanniques connaissaient déjà l'histoire. Le seul résultat de cette intervention est l'incohérence, qui rend la série difficile à suivre pour les spectateurs.»

2.1.4. Censure RAI
En Italie, la diffusion de la série fut également perturbée par cette polémique. Les expressions trop épicées ont été gommées au doublage; quant aux scènes plus explicites de violence ou de sexualité, elles furent remplacées par des versions alternatives «safe», filmées spécialement pour le public italien. Parmi les séquences coupées : les scènes de lutte sanglantes et de sexualité, celles qui montrent les graffiti obscènes qui barbouillaient les murs de la Ville Eternelle et surtout les références aux relations homosexuelles.

Cofinancée par la RAI, la télévision publique italienne, la diffusion de Rome fut reportée après le printemps 2006 en raison des travaux de réfection auxquels se livrèrent les censeurs. Selon le Times, un porte-parole de la RAI déclara : «On savait que les réalisateurs américains avaient une conception de la Rome ancienne différente de la nôtre, celle-ci aurait été incompréhensible pour le public italien.» La RAI et sa politique de censure, conjuguées à des contingences politiques et religieuses s'attaquent, de plus en plus, à tout ce qui concerne le sexe et l'homosexualité. Et sans doute aussi à l'image de la Romanité : qu'on songe au Spartacus (1952) de Freda et au Caligula (1981) de Bob Guccione et Tinto Brass, qui ne sortirent que dans des versions mutilées. (Et la Grèce n'est pas logée à meilleure enseigne, ainsi l'Alexandre d'Oliver Stone.)

2.1.5. Au fil des épisodes...
La Première Saison dévale allègrement l'échelle du temps, puisque le premier épisode, The Stolen Eagle, se passe à l'automne 52, que le second An Owl in a Thornbush s'achève sur le franchissement du Rubicon (nuit du 11-12 janvier 49, selon le calendrier préjulien), le septième, Pharsalus, aboutit à la fameuse bataille du 9 août 48, le huitième, Cæsarion, voit naître un fils à César et Cléopâtre, le 29 août 47, tandis que dans Utique assiégée (neuvième épisode, Utica), Caton le Jeune se donne la mort dans la nuit du 12-13 avril 46. Enfin, le douzième et dernier épisode de la Première Saison voit s'achever le destin de César sous le poignard de ses assassins, le 15 mars 44 - les Ides de Mars.

Qu'en sera-t-il de la Seconde Saison ? Nous savons déjà que le treizième opus s'intitule The Passover, et traite du passage vers le Monde des Morts qui s'achève sur les funérailles parallèles de Niobé et de César. La monnaie dans la bouche pour payer Charon. Notons une curieuse scène d'allaitement du cadavre de César par une plantureuse nourrice : ce n'est nullement une coutume funéraire romaine, mais doit faire référence à la divinisation de César (né de Zeus et d'Alcmène - un dieu et une mortelle - Hercule n'était qu'à moitié divin. Zeus le posa alors sur le sein d'Héra, la reine des dieux. Celle-ci, se réveillant en sursaut, repoussa le nourrisson et le lait qui s'échappa de sa bouche forma dans le firmament la Voie Lactée. Mais Hercule, désormais, était un demi-dieu à part entière !).
Tout est prêt, alors, pour l'affrontement d'Octave qui s'affirme et de la sombre brute Antoine (ce qui était déjà, nous l'avons dit, le sujet de la minisérie ABC Empire), puis leur alliance contre Brutus et Cassius. Le dix-huitième, Philippi, sera de toute évidence consacré à la bataille de Philippes où l'on verra Antoine (et Octave, qui avait la migraine) écraser l'armée de Brutus et de Cassius (24 octobre 42).

Rome se démarque des autres péplums par son respect des événements, ce qui ne veut pas dire que - nécessités scénaristiques obligent - l'on n'ait pas élagué quelques protagonistes (CLICK & CLICK), simplifié (11) ou rapproché certains faits (12). En fait, ce qui fait le charme et l'intérêt de Rome (HBO), c'est la finesse de l'observation de la vie quotidienne, le respect des mentalités romaines, qu'elles soient politiques ou religieuses. Nous ne jurerions pas que tout les rituels décrits soient parfaitement exacts, mais ils sont toujours justifiés. Ainsi l'obsession de l'observance des rites, qui octroient l'approbation des dieux (Vorenus passe sa vie à se mettre en règle avec l'au-delà) et l'idée que tout a un prix à payer, de préférence par le versement du sang. Mais au contraire de l'épisode 7 où l'on voit, à Pharsale, César s'entailler la paume et verser un peu de son sang avant d'engager la bataille, il est permis de douter que le consul romain se soit ainsi scarifié dans l'intimité de sa tente. Il serait plus justifié de penser qu'il ait sacrifié quelque bétail devant ses troupes. C'est toujours utile, pour le moral, que de se savoir la faveur des dieux, et que chaque légionnaire en soit conscient.

2.2. La reconstitution

La série risque de demeurer dans les annales du péplum comme la première tentative sérieuse de restituer le monde romain tel qu'il fut, en l'occurrence la fin de la république. En restituant assez scrupuleusement les faits historiques - ce qui n'exclut pas, nous l'avons dit, quelques raccourcis et aménagements scénaristiques - mais, surtout, en témoignant d'un grand souci de respecter la peinture des mentalités et les faits sociologiques de l'époque, comme on va le voir.

2.2.1. Raccourcis
C'est un raccourci inévitable que d'élaguer certains personnages secondaires comme Scribonius Curio le collègue d'Antoine ou L. Marcius Philippus le mari d'Atia. C'en est encore un autre de présenter Marc Antoine comme l'amant d'Atia, nièce de César, ou s'affichant avec une prostituée comme Cynthia. Son épouse de l'époque - sa cousine Antonia - n'apparaît pas non plus dans Rome, si ce n'est à travers le persiflage d'un de ses compagnons («il a peur de rentrer à Rome où l'attend sa femme»). Et, de fait, Antoine n'allait pas tarder à divorcer de celle-ci qui le trompait avec Dolabella, le gendre de Cicéron - mais cela est une autre histoire !

Fille de la sœur de César, Julia, Atia Balba Cæsonia nous est connue comme un matrone honnête et discrète qui, à en croire Suétone, n'osait paraître nue aux bains à cause d'une marque en forme de serpent apparue sur son ventre lorsqu'elle était enceinte d'Octave. Bonne fille, la nièce de César, se prodigue si volontiers que d'une séquence à l'autre, elle n'a guère le temps de rajuster son péplum..., persifle un journaliste ! De l'aveu même des scénaristes, c'est le sulfureux personnage de Clodia qui a été décalqué pour camper ce personnage de «méchante», amorale et égocentrique. De Steven Saylor à John Maddox Roberts, Clodia - la «Lesbie» de Catulle - a fait le bonheur des auteurs de polars en péplum.
Atia symbolise un nouveau type de romaine émancipée, qui apparut parallèlement au déclin de la république patriarcale, vertueuse et grincheuse, caricaturée à travers l'austère Caton le Jeune.

On a également pu noter que certains événements très importants - quoique pas vraiment indispensables - n'ont pas même été mentionnés dans l'exposé, par exemple la campagne de César contre Pharnace, le roi du Bosphore cimmérien («Veni, Vidi, Vici»), ou celle contre les Pompéiens d'Espagne, conclue par la victoire de Munda. De même l'échec de César à Dyrrachium, télescopé avec Pharsale (une conversation fait cependant allusion à Dyrrachium, mais sans la nommer, en parlant des «difficultés de César en Grèce» (ép. 6)).

2.2.2. Aménagements
Lucius Vorenus et Titus Pullo étaient deux centurions dont César lui-même a rapporté les exploits dans sa Guerre des Gaules (V, 44). Des aménagements scénaristiques étaient indispensables, pour animer ces personnages de la petite histoire afin de les insérer dans la grande, dont ils sont les témoins. Certes, ce n'est pas eux mais l'esclave sicilien Apollodore qui introduisit Cléopâtre en présence de César.
Au demeurant, Cléopâtre campe un beau personnage de garce arriviste et intelligente, mais aussi opiomane - vice sur lequel nous la verrons brusquement tirer un trait, preuve d'un caractère bien trempé. L'épisode égyptien, huitième de la Première Saison, ne nous a déçu que par la description conventionnelle de l'Egypte des Ptolémées, plus africaine que grecque alors que l'inverse eut sans doute été mieux venu.

2.2.3. Mentalités

 
  • Politique
    Au contraire des précédentes productions chrétiennes-édifiantes dédaigneuses des valeurs du paganisme - excluons-en tout de même l'excellent Gladiator -, Rome (HBO) montre la grande importance de la religion dans la vie des Romains. Même la politique est un acte religieux : les réunions du Sénat sont validées par l'observance de rites sacrés. Aussi Vorenus peut-il crier au sacrilège en voyant truquer des élections, car celles-ci sont sanctifiées par la divine autorité de Jupiter Capitolin. Vorenus est un républicain pur jus, un «mur catonien» - même s'il sert le déviant César, à qui il a prêté un serment qui le lie à vie, mais avec qui il est de plus en plus en désaccord. En vérité, cet humble plébéien ne voit pas pourquoi la coutume des ancêtres, le mos maiorum, devrait changer. Chacun à sa place, dans la société romaine. Le nobles dirigent le Sénat, le peuple obéit. Normal. Senatus Populusque romanus : le Sénat et le Peuple romain. S.P.Q.R., C.Q.F.D. !
    Son complice Pullo incarne, lui, les nouvelles valeurs de ces soldats de fortune davantage attachés à leur général qu'à Rome, et prêts à bousculer les «vaches sacrées» de l'establishment. C'est un homme à femmes, qui ne crache pas sur l'argent, quitte à se faire tueur à gages quand les légions sont au chômage. Pris et jeté en prison, il refuse de dénoncer le chef de bande qui lui a désigné sa victime. Il a donné sa parole, et il est prêt à mourir. Il est vrai qu'une déception amoureuse l'a également rendu fataliste et indifférent à la vie. Mais Marc Antoine marque le même mépris de la mort, lorsqu'il est sommé de trahir son ami César, ou sinon périr avec lui : «Crois-tu que je tienne à ce point à la vie ?» Tels sont les Romains, qui veulent tout et tout de suite, ne reculant devant rien, jouant chaque instant à quitte ou double !

    Les femmes, l'argent. La sienne est un mystère pour Vorenus, aussi amoureux et fidèle que maladroit et carré. C'est qu'il s'en est passé des choses dans la tête de celle-ci, qui ne l'a plus vu depuis huit ans qu'il est parti à la guerre et le croyait mort (depuis un an elle n'a plus touché sa solde. Erreur administrative ? Oui, mais... lourde de conséquences). C'est l'occasion pour le scénariste d'implicitement rappeler que, depuis la réforme de Marius, les légionnaires n'ont plus le droit de se marier (qui, à Rome, s'occuperait des femmes de ces capite cenci, de ces prolétaires par définition sans le moindre sesterce vaillant [13] ?). Il avait, donc, fallu au centurion Vorenus une dérogation spéciale pour pouvoir convoler en justes noces avant de partir pour la Gaule... Il serait intéressant d'analyser la bio de Vorenus à la lueur d'une documentation scrupuleuse, et des contradictions du scénario. En fait, il n'est pas aisé - faute de notes de bas de page - de distiller pour le spectateur profane les us et coutumes, les realia d'une époque révolue, que celui-ci ne maîtrise pas. La réussite de Rome (HBO) n'en est que plus méritoire.
 
  • Religion
    A Rome, la religion est tout, et s'apparente largement à la superstition. Vorenus n'arrête pas de se faire purifier ou de se faire disculper. Disculper du meurtre de 309 guerriers gaulois au long de la guerre, par les prêtres de Mars «qui font des prix à partir du centième». Se faire pardonner par Janus du bris de l'effigie qui ornait son «atrium», dans l'insula minable où il réside avec sa famille. Se purifier encore pour prendre la fonction de préfet parmi les evocati, etc. Même l'impie Marc Antoine doit se soumettre bon gré mal gré aux rites qu'exige son investiture comme tribun de la plèbe. La série nous fait assister à quelques rites spectaculaires comme cette defixio au cours de laquelle Servilia, de la pointe de son stylet lacérant des feuilles de plomb, voue César aux dieux infernaux («que son sexe se dessèche») (ép. 5) ou ce rituel du taurobole, particulièrement sanguinolent, auquel se soumet Atia dans le temple de Cybèle (ép. 1), voire les scarifications que s'inflige Octavia lorsqu'elle trouve refuge chez les Galles, prêtres de la même déesse... (ép. 10). Les concepteurs ont fait une intéressante recherche sur les dieux romains. En particulier sont évoquées des divinités spécifiquement latines, peu connues des péplums : nous avons déjà mentionné Cybèle et Janus; ajoutons Forculus (ép. 1), Spes (ép. 2), Dis (ép. 11), Rusina (ép. 12) ou Bona Dea... Peinturlurée de rouge, une femme obèse, fellinienne, trône dans la rue comme Bona Dea et reçoit les offrandes de femmes désireuses d'avoir une enfant; Pullo salue une idole démoniaque aux mâchoires barbelées de crocs : Rome s'ouvre tout doucement au cosmopolitisme, on y rencontre même des Hindous !
 

pullo & rusina

Pullo a une dévotion toute particulière pour la champêtre déesse Rusina.

 

Sans aller jusqu'à jurer que les nombreux rituels auxquels nous assistons sont rigoureusement conformes à ceux de l'Antiquité - pour ce que nous en savons ! - nous apprécierons le message subliminal : l'esprit profondément religieux des Romains. On n'a rien sans rien. Le sacrifice commande tout. Nous doutons un peu que Vorenus se soit entaillé la paume et, pour retrouver l'amour de sa femme, ait offert quelque gouttes de son sang (14) sur l'autel de Vénus (ép. 3), ou César, pour obtenir la victoire à Pharsale (ép. 7), ou encore l'esclave Iras, qui se mord le pouce jusqu'au sang pour que se réalisent les desseins de sa maîtresse Cléopâtre. Mais l'esprit est là : on n'obtient rien des dieux sans contrepartie. L'axiome latin est bien connu : Do, das («Je donne, tu donnes»).
Lorsque Vorenus partage gravement entre les membres de sa famille les grains de raisin consacrés la veille à son dieu protecteur, Janus, on a un peu l'impression d'assister à une communion chrétienne dont le prêtre serait le pater familias. Ce qu'il était effectivement, de fait. Mais si dans les grandes circonstances la chair des animaux sacrifiés était partagée entre les assistants... quoi d'étonnant - à son humble niveau - si un simple citoyen partage avec son épouse et ses enfants la grappe de raisins qu'il a consacrée à son dieu protecteur ?

 
  • Sociologie
    Pourquoi se voiler la face ? La société romaine est esclavagiste. Les vaincus d'Alésia sont vendus à des maquignons, qui en organisent le trafic. La pauvre Eiréné qui passait par là est saisie par des soudards qui en font leur esclave (ép. 3). «On ne remercie pas les esclaves, grogne Vorenus - bougon - à son ami Pullo, à qui l'esclave Eiréné vient de remettre un morceau de pain. Question de discipline !»
    Rentré de la guerre, Vorenus ne se fait aucun scrupule de ramener une douzaine de captifs gaulois qu'il escompte vendre à bon prix. Mais seul un garçonnet survit au typhus qui a décimé son bien; toutefois le centurion ne le ramènera chez lui que dans l'espoir de le «retaper» suffisamment pour qu'il soit vendable...

    Les Romains boivent de l'eau plus souvent que du vin. De l'eau, c'est ce que Niobé propose à Pullo chaque fois qu'il passe à la maison de Vorenus; de l'eau et du miel pour sa sœur Lydé, avec laquelle elle vient de se réconcilier. Avec la même simplicité, Servilia offre de l'eau citronnée à son amie Octavia. César aussi est un buveur d'eau, tout comme Vorenus qui lui en offre lorsque le consul débarque chez lui avec ses licteurs. «Elle est bonne, ton eau», remercie César après en avoir goûté (ép. 9).
    Le jour où Vorenus décide de se saouler, il ne tient pas la distance aussi bien que son ami Pullo, lequel n'est guère plus tempérant que Marc Antoine.
Suite…

 


NOTES :

(1) Pour notre part, nous émetterions quelques réserves à propos d'un tel combustible, du moins dans Rome-même. Bien sûr à la campagne (il y avait encore cours dans nos régions il n'y a pas si longtemps), c'est différent... - Retour texte

(2) Cf. la lecture du critique de DVDrama : «Le propos de Bruno Heller est alors peut-être également de mettre en garde les Américains contre leurs tendances à laisser les affaires personnelles et privées régir leur politique, au risque de voir leur démocratie s'effriter. De nos jours, une série américaine dont l'un des thèmes est l'impérialisme peut difficilement ne pas être lue comme un commentaire sur les Etats-Unis, quand bien même cette série relate des évènements vieux de plusieurs centaines de siècles. La série elle-même établit ce parallèle entre la puissance impérialiste romaine et les Etats-Unis : lors d'une discussion au Sénat, on peut notamment entendre : «His illegal war is over. Gaul is long since on its knees. Why does Caesar keep his brave soldiers from their families and friends ? / Sa guerre illégale est terminée. La Gaule est sur les genoux depuis bien longtemps. Pourquoi César empêche-t-il ses soldats courageux de rejoindre leurs familles et leurs amis ?» Un tel discours n'est pas sans rappeler certaines critiques formulées contre le président George W. Bush à propos de la deuxième Guerre du Golfe. Mais si on suppose que Bruno Heller établit un tel parallèle entre la campagne en Gaule et la guerre d'Irak, on doit également considérer que César est victorieux en Gaule : Rome semble alors réaliser le fantasme américain d'une victoire incontestée qui fait défaut au conflit irakien. A travers l'évocation de cet empire en chute, Rome offre incontestablement un commentaire sur l'impérialisme américain, qui peut peut-être se résumer par la toute première phrase de la série : «The Republic of Rome rules many nations, but cannot rule itself. / La République de Rome contrôle de nombreuses nations, mais est incapable de se contrôler elle-même» (Maxime BERTHEMY - DVDrama). - Retour texte

(3) J. VAN OOTEGHEM, s.j., Les Cæcilii Metelli de la république, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1967. - Retour texte

(4) A Rome, elles avaient été jusqu'à cinquante, mais l'érosion des guerres... - Retour texte

(5) Cf. Steven SAYLOR, Du sang sur Rome (Roman Blood, 1991), Ramsay, 1997, et le docu-fiction BBC Meurtre à Rome (David Stewart, GB, 2005). - Retour texte

(6) Cf. Steven SAYLOR, Meurtre sur la voie Appia (A Murder on the Appian Way, 1996), Ramsay, 2001 - Rééd. Coll. 10/18, nÆ 3413, mai 2002. Voir aussi : Florence DUPONT, L'affaire Milon. Meurtre sur la voie Apienne, Denoël, 1987. - Retour texte

(7) Muriel MONTON (recherche : Frank ROUSSEAU), «La série la plus chère de la télé», Ciné-TéléRevue, n­ 1, 4 janvier 2007. - Retour texte

(8) Fernand LETIST, in «Les séries télé. L'univers des séries - Le guide DVD - Les productions pionnières - Les nouveautés», Télé-Moustique, HS n­ 1, s.d. (janvier 2007), p. 75. - Retour texte

(9) Pour la télévision, l'équivalent des Oscars du grand écran. - Retour texte

(10) A cette époque, le Dakota n'est pas encore un Etat constitué, mais un «territoire», autant dire un no man's land. - Retour texte

(11) C'est au moment où il soumet Alésia (automne 52), que César apprend la mort de sa fille Julia. Dans l'Histoire, Julia était morte en couches deux ans auparavant, en 54. - Retour texte

(12) Ainsi, par exemple, Octave ne se trouvait pas à Rome quand son père adoptif César fut assassiné sous le portique du théâtre de Pompée, sur le Champ de Mars, où se réunissait le Sénat : il se trouvait en voyage, à Apollonia, en Illyrie. Disons que c'est un raccourci scénaristique. - Retour texte

(13) Avant la réforme démocratique - liée à la chute démographique - de Marius, les légionnaires étaient essentiellement des propriétaires grands et petits, qui fournissaient eux-même leurs armes et vivres. On estimait que seuls des propriétaires avaient la motivation nécessaire pour défendre la république. A partir de Marius, c'est l'Etat romain qui fournit les armes aux démunis, lesquels doivent néanmoins les rembourser sur leur solde. - Retour texte

(14) Encore que ce genre d'ingrédient puisse toujours être utile dans la composition d'un philtre pour un retour d'affection. - Retour texte