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Rome
[TV : HBO - BBC]
(Michael Apted, Allen Coulter, Julian Farino, etc. -
EU-GB, 2005)
(page 6/18)
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CASSIUS (Guy Henri)
Avec P. Servilius Casca, il est un des meneurs du complot
fatal à César. Dans Rome (HBO), C. Cassius
Longinus n'apparaît que dans les derniers épisodes
de la Première Saison et sans que soit précisée
sa parenté. En fait, il était un gendre de Servilia,
ayant épousé une des trois filles qu'elle avait
données à son second mari, le consul D. Junius Silanus.
C. Cassius Longinus avait été
le questeur de M. Licinius Crassus, et un survivant de la bataille
de Carrhæ (Harran, en Syrie) qui le 12 juin 53 avait vu
périr le fameux crucificateur de la voie Appienne.
C'est lui, le Cassius
qui entraîna Brutus dans le complot républicain visant
à assassiner le «tyran» César. L'envie,
la jalousie furent ses seuls mobiles, à ce césarien
retourné. On ne lui trouvera aucune excuse.
Son frère cadet L. Cassius Longinus
avait été le légat de César, en Grèce,
dans ses opérations contre Pompée, en 48 (1).
Cousin des deux précédents,
un autre C. Cassius Longinus était tribun de la
plèbe avec Marc Antoine, en 49, et le suivit dans le camp
de César, ainsi que Scribonius Curio (tribun de la plèbe
sortant) lorsque ce fameux 7 janvier Antoine, déguisé
en esclave, courut se
réfugier chez le proconsul des Gaules. César
le fit gouverneur de l'Espagne ultérieure (49). |
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CATON D'UTIQUE (Karl
Johnson)
(95 ?-46)
Membre du Sénat. Leader de l'aile conservatrice du Sénat
(optimates). Intellectuellement supérieur et moralement
au-dessus de tout soupçon, il pèche par la férocité
de son fanatisme. |
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Le farouche républicain conservateur
Caton (à gauche), l'ennemi mortel de quiconque à
Rome briguait un pouvoir personnel, qui s'était opposé
à Pompée avant de s'opposer à César,
et Metellus Scipion (à droite). Tous deux se suicideront
après avoir été vaincus par César
à Thapsus.. |
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M. Porcius Cato - mieux connu
comme «Caton le Jeune» ou «Caton
d'Utique» (2)
- était le petit-neveu du fameux Caton l'Ancien
ou «Caton le Censeur», l'un et l'autre
parangons de la frugalité et des anciennes vertus romaines.
Dédaignant le cheval, Caton l'Ancien allait à la
guerre nu-pied. Il peinait aux champs avec ses esclaves et partageait
leur ordinaire. Dans son traité d'agriculture, De Re
Rustica, le vieil avare expliquait comment agir avec eux :
un esclave devait ou travailler ou dormir, mais certes pas rester
à ne rien faire ou, pire, à penser ! Il en resta
des séquelles au jeune Caton, qui par tous les temps se
présentait au Sénat nu sous sa toge.
L'ennemi de César, Caton le Jeune étant
la décalcomanie de Caton l'Ancien, il vaut la peine de
rappeler ici qui furent-ils l'un et l'autre.
M. Porcius Cato, dit «l'Ancien»
ou «le Censeur»
Ecrivain et politique romain né à Tusculum d'une
famille obscure (234-149 av. n.E.). Il combattit pendant la Seconde
Guerre punique sous les ordres de Fabius Maximus. Il fut d'abord
questeur en Afrique sous Scipion l'Africain, puis tribun des soldats
en Sicile, puis enfin préteur dans l'île de Sardaigne,
qu'il acheva de soumettre aux Romains. Commandant ensuite avec
le titre de consul en Espagne - il guerroya avec un tel succès
que le Sénat lui décréta un triduum
d'actions de grâces - et en Grèce (195 av. n.E.).
A son retour à Rome, il fut honoré du triomphe.
Célèbre pour son austérité, il fut
élu censeur en 184, charge dont il s'acquitta avec la plus
grande rigueur, dénonçant le luxe et la corruption
qui menaçaient Rome et combattant sans cesse les influences
des murs et de la littérature helléniques
dont le cercle des Scipion. Ainsi traîna-t-il en justice
et sur une civière, Scipion l'Africain malade, qui décéda
peu de temps après. Ainsi laissa-t-il «le souvenir
d'un homme d'une grande sévérité et d'une
austérité exemplaire, et donna au terme de «censeur»,
la signification qu'il conserve encore aujourd'hui»,
comme le note Jean H. Croon.
Arbitrant le différend qui opposait Masinissa à
Carthage, Caton s'inquiéta de la prospérité
florissante de la métropole punique en qui il vit une rivale
potentielle de Rome. Il en prévint le Sénat, terminant
chacun de ses discours par la phrase célèbre «Il
faut détruire Carthage» (Ceterum censeo Carthaginem
esse delendam). Il fut ainsi l'initiateur de la Troisième
Guerre punique.
Romain traditionaliste, Caton pensait que sa patrie devait concentrer
son attention dans la Méditerranée occidentale,
tout en étendant son influence sur un Orient satellite.
Ses discours et son uvre historique sur les Origines
de Rome ont été perdus, mais nous possédons
de lui un traité sur l'agriculture (De re rustica).
(Caton le Censeur est apparu à l'écran sous
les traits de Umberto Scalpellini dans Delenda Carthago -
La caduta di Cartagine (Luigi Maggi, 1914), de Memo Benassi
dans Scipion l'Africain (Carmine Gallone, 1937), et de
Vittorio Gassman dans Scipione,
detto anche «l'Africano» (Luigi Magni, 1971).
M. Porcius Cato, «le Jeune»
ou «d'Utique»
Petit-fils de Cato Salonius - le demi-frère (3)
de Caton-le-Censeur - M. Porcius Cato (95-46) fit preuve,
contrairement à son grand-oncle qui avait le rire facile,
d'un caractère autrement abrupt. «Dès l'enfance,
dit-on, Caton laissait paraître dans sa voix, sur son visage
et dans ses amusements un caractère inflexible, impassible
et ferme à tous égards. Il avait pour réaliser
ses désirs une force au-dessus de son âge. Apre et
rude envers les flatteurs, il était encore plus inaccessible
à la crainte. Il était bien malaisé de le
faire rire, et même il ne se déridait pas souvent
pour sourire. Ni prompt, ni enclin à la colère,
une fois irrité, il était impossible à calmer»
(PLUT., Caton le Jeune, 1).
Appartenant à l'illustre famille patricienne
des Servilii Q. Servilius Cæpio - tué pendant
la guerre contre les Italiques - avait eu de son épouse
Livia une fille, Servilia et un fils, nommé comme son père
Q. Servilius Cæpio. Remariée avec le moins prestigieux
Cato Salonianus, Livia donna le jour à Caton-le-Jeune,
le «demi-frère qu'elle [Servilia] méprisait.
Elle ne se lassait jamais de rappeler à Brutus que l'oncle
était issu d'un paysan tusculan et d'une esclave celtibère»
(4).
Il resta attaché au parti de Pompée, même
après la mort de celui-ci. Républicain, ennemi de
tout compromis, animé de l'idéalisme du stoïcien,
il détestait la monarchie et se suicida à Utique
(d'où l'épithète «d'Utique» associé
à son nom) après la bataille de Thapsus. Les républicains
et les stoïciens honorèrent longtemps sa mémoire.
Caton d'Utique, note M.N. Bouillet, «annonça
dès son enfance cette magnanimité et cet intrépide
courage qui devaient en faire un des plus beaux caractères
de son siècle. A 14 ans, conduit par un de ses oncles au
palais de Sylla, et y voyant apporter les têtes sanglantes
des proscrits, il demanda un poignard, afin, disait-il, d'affranchir
Rome du tyran. Toujours fidèle dans la suite aux principes
de liberté qu'il manifestait dans un âge si tendre,
il porta dans les affaires publiques et dans les emplois qu'il
exerça le plus noble patriotisme, le plus vrai désintéressement.
A la tête des armées il rétablit dans toute
sa rigueur l'ancienne discipline militaire; et cependant il sut
se faire aimer des soldats, au point, que son départ fut
considéré comme une calamité publique; au
Sénat il émettait toujours, sans acception de personnes,
sans distinction de parti, ce qu'il croyait vrai et utile. Ainsi
quand Pompée semblait marcher sans opposition à
la dictature perpétuelle, Caton, sans haine contre lui,
surveillait néanmoins ses moindres démarches, et
avertissait la république de se défier, et quand
ensuite le Sénat donna pour cinq ans à César
le gouvernement des Gaules, il dit le jour même en pleine
assemblée qu'ils se décrétaient un tyran
pour l'avenir. Il avait peu de goût pour la charge de tribun;
mais voyant un citoyen pervers sur le point de l'obtenir, il se
mit sur les rangs, et se fit nommer lui-même afin de l'écarter.
Lors de la conspiration de Catilina il ouvrit le conseil de punir
de mort les coupables, et contribua ainsi à étouffer
à sa naissance la révolte la plus terrible qu'aient
eu à craindre les Romains. Lorsque Ptolémée,
roi d'Egypte, se révolta, ses ennemis lui firent confier
la direction de cette guerre, dans l'espérance qu'il y
perdrait sa réputation; mais Caton surmonta avec courage
tous les obstacles, battit Ptolémée, soumit l'Egypte,
et après une campagne brillante, refusa les honneurs qu'on
voulait lui rendre à son entrée. Il s'opposa de
toutes ses forces au triumvirat entre Pompée, Crassus et
César, et prédit hautement aux Romains tous les
désastres qui résulteraient de l'alliance de ces
trois personnages. Lorsque César eut passé le Rubicon,
Caton ouvrit l'avis de confier à Pompée le salut
des Romains. Il suivit avec son fils ce général
à Dyrrachium, où, après avoir remporté
un léger avantage, il fut chargé de l'approvisionnement
de l'armée et du commandement de quinze cohortes. Enfin
quand la bataille de Pharsale et le meurtre de Pompée eurent
soumis presque le monde entier à César, Caton ne
désespéra point encore du salut de Rome, il se mit
à la tête de la flotte de Corcyre, et après
l'assassinat de Pompée, il traversa les déserts
de la Libye pour se joindre à Scipion [Metellus Scipion].
Il refusa de prendre le commandement de l'armée d'Afrique,
et s'en repentit bientôt; car Scipion fut battu pour ne
pas avoir voulu écouter ses conseils. Caton alors se renferma
dans Utique, non pour s'évader, non pour se défendre,
mais seulement pour ne point tomber vivant entre les mains de
César, et ne pas avoir l'humiliation de devoir la vie à
sa pitié. En effet, quelques jours après il se perça
de son épée après avoir passé une
partie de la nuit à lire le Phédon et à
méditer les preuves de l'immortalité de l'âme
(l'an 46 av. n.E.). Il était alors dans la 59e [lisez
: 49e] année de son âge. Caton avait adopté
pour règle de sa vie l'abnégation de soi-même;
sa simplicité n'était pas moins admirable que son
désintéressement; il marchait souvent sans chaussure,
et allait toujours à pied. Son amour pour la vérité
devint un proverbe. On dit qu'après la mort de Pompée
Caton porta toujours le deuil, et prit tous ses repas debout,
ne croyant devoir se permettre aucun délassement depuis
la perte des défenseurs de la liberté. Les anciens,
Sénèque surtout, ont beaucoup vanté l'éloquence
de Caton. On y retrouvait son âme, la même simplicité,
la même élévation et le même enthousiasme
toutes les fois qu'il s'agissait de patrie.»
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Caton au Sénat. |
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Parmi tous les sénateurs
en toges blanches, le Caton de la série-TV HBO fait tache,
avec son sombre manteau. Il a également l'air d'un vieillard,
alors qu'en fait il mourut à 49 ans. Pour tragique qu'elle
fut, la mort de Caton ne fut pas aussi misérable que celle
que nous représente le 9e
ÉPISODE (le Jules
César d'Uli Edel la représente plus vraisemblable
dans une maison confortable, pas dans le bouge infâme de
la série-TV HBO); elle nous est racontée par Plutarque
: «Caton lui dit [à son serviteur] de fermer
la porte et se recoucha comme pour reposer encore le reste de
la nuit. Butas une fois sorti, il tira l'épée et
se l'enfonça dans la poitrine; mais, comme il se servit
de sa main avec moins de vigueur à cause de son enflure,
il ne se tua pas sur le coup. Il avait de la peine à mourir.
Il tomba de son lit et fit du bruit en renversant un tableau de
figures géométriques placé auprès.
Aussi les serviteurs, qui s'en aperçurent, poussèrent-ils
de grands cris; et son fils et ses amis entrèrent tout
de suite. En le voyant tout souillé de sang et presque
toutes ses entrailles tombées à terre, mais respirant
encore et les yeux ouverts, tous furent épouvantés,
et le médecin qui survint tentait de remettre en place
les entrailles restées indemnes, et de refermer la plaie.
Mais lorsque Caton, reprenant ses sens, s'aperçut de cette
tentative, il repoussa le médecin, déchira ses entrailles
de ses mains, et, rouvrant sa blessure, il mourut» (PLUT.,
Caton le Jeune, LXX).
Ses enfants
De son épouse Atilia, Caton d'Utique eut plusieurs enfants,
dont un fils prénommé comme lui Marcus, qui
après s'être fait connaître par sa débauche
accompagna son père dans sa guerre contre César
et trouva une mort héroïque à Philippes. Sa
fille Porcia
épousa en premières noces M. Calpurnius
Bibulus, puis se remaria avec son cousin Brutus;
elle se serait suicidée en apprenant la mort de ce dernier
à Philippes (quoiqu'une autre source, Cicéron, nous
assure qu'elle mourut avant son mari).
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CÉSAR (Ciaràn
Hinds)
(12 juillet 100-15 mars 44)
Jules César est le proconsul des Gaules, naguère
associé du consul Pompée Magnus dans le triumvirat.
Energique, brillant, méthodique, charmant... motivé
par un seul objectif, celui de dominer, il brigue la dictature.
Son mariage avec Calpurnia a renforcé son ascendant sur
les familles patriciennes.
Dans le rôle de Caius
Julius Cæsar, nous avons Ciaràn Hinds. Né
à Belfast en 1953, cet acteur a commencé sa carrière
comme comédien à Glasgow, interprétant
Faust et Arsenic et vieilles dentelles. Il a également
joué avec la prestigieuse Royal Shakespeare Company, dans
Richard III. Sa carrière cinématographique a
débuté en 1981 avec Excalibur, où
il incarne le roi Lot. Depuis on a pu le retrouver notamment dans
Veronica Guérin, Le fantôme de l'Opéra, Calendar
Girls, Tomb Raider 2 et Road to Perdition. Plus récemment
Ciaràn Hinds a obtenu un rôle important dans
Munich.
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Ciaràn Hinds est C. Julius Cæsar. |
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Ciaràn Hinds donne une bonne
interprétation de C. Julius Cæsar, brillant
et rusé. Conscient de sa valeur et de sa destinée.
Rome (HBO) le montre n'hésitant pas à faire
pression sur ses contradicteurs, voire à les faire discrètement
éliminer. C'est dans ce dernier cas de figure qu'il lui
faut - bien à regret et bien hypocritement - laisser condamner
à mort le fidèle Pullo, de son fait impliqué
dans une délicate affaire.
Toutefois César préfère corrompre les hésitants,
comme Vorenus, en enrobant la pilule d'habiles promesses. Après
tout, ses réformes ne sont pas si mal que ça, même
si parfois ça coince un peu. C'est ainsi que ses gorilles
quadrillent les réunions politiques. Leurs méthodes
d'intimidation rappellent celles des fascistes italiens des années
'30, qui après avoir attiré leurs contradicteurs
dans un endroit discret, les secouaient un peu puis les purgeaient
à l'huile de ricin ! Bien sûr, César aurait
aimé donner à ses vétérans des terres
en Italie, mais ces terres il ne les possédait pas, et
ne souhaitait pas en obtenir de nouvelles selon la bonne vieille
méthode syllanienne des proscriptions (la série-TV
ne s'étend pas sur la question de l'ager publicus,
qui théoriquement appartient à l'Etat, mais en réalité
est squatté par les grands propriétaires fonciers),
c'est-à-dire en accusant d'une quelconque trahison les
propriétaires dont on convoite les biens. En effet, César
souhaite être le dictateur de tous les Romains. De
ceux qui l'ont soutenu, mais aussi de ceux qui l'ont combattu.
Et il est finalement plus simple d'acheter le porte-parole des
vétérans, et d'envoyer ceux-là sur des terres
lointaines - des colonies hors d'Italie, où ils porteront
le message de la civilisation latine ! Une terre est une terre,
par Jupiter !
Ciaràn Hinds campe un César
extrêmement crédible. Toutefois, contrairement à
l'acteur César souffrait, semble-t-il, de sa calvitie précoce
et ramenait ses cheveux vers l'avant pour la dissimuler autant
qu'il le pouvait, au point que Cicéron s'en amusait publiquement
: «Mais quand je regarde ses cheveux si artistement arrangés,
quand je le vois se gratter la tête du bout du doigt, je
ne puis croire qu'un tel homme puisse concevoir le dessein si
noir de renverser la république» (PLUT., César,
IV). Mais Sylla n'avait-il pas mis en garde son entourage contre
ce jeune homme à la ceinture lâche, qui contenait
en lui «plusieurs Marius» ?
Dans leur souci de synthétiser, les
scénaristes font l'impasse sur tous les événements
qui précèdent les Ides de Mars, notamment la scène
des Lupercales quand le coureur Antoine offre sa couronne à
César, que celui-ci repousse par trois fois le diadème
royal que lui présentait Marc Antoine - provocation des
conspirateurs ou manuvre de César pour sonder l'opinion
publique.
Rome (HBO) privilégie les intrigues privées
opposant les deux «pestes» de service, Atia
et Servilia. Il est
à noter qu'aucun auteur n'a fait mention d'une rupture
entre César et Servilia; bien au contraire, il semble que
leurs relations aient été à tout le moins
amicales jusqu'à la fin, quoique comme mère de Brutus
et belle-mère de Cassius, Servilia ait été
fort proche des principaux conspirateurs.
César avait un grand mérite,
il était capable de pardonner à ses ennemis quand
ils se rendaient à sa merci. Mais cette clémence
calculée, il allait la payer très cher... La plupart
de ses assassins
étaient des envieux, ou tout au moins des redevables. A
commencer par le stoïcien Brutus
et l'épicurien Cassius, deux à
qui il avait pardonné après la bataille de Pharsale.
D'autres encore étaient de ses anciens légats, comme
C. Trebonius et Decimus Brutus.
Lorsque César fut assassiné,
le Sénat se réunissait non pas dans la Curie sur
le Forum - laquelle incendiée huit ans plus tôt par
les partisans de Clodius, était en cours de reconstruction
-, mais dans un lieu du Champ de Mars, aménagé sous
les portiques du Théâtre de Pompée. Tous les
récits de l'assassinat de César s'accordent sur
un point : il fut abattu, ironie du destin, au pied de la statue
de Pompée, locus sceleratus qu'Octavien fit murer
par la suite (en -32). «Il est étonnant que les
réalisateurs aient négligé cet élément
d'un certain intérêt dramatique, surtout si l'on
pense que c'est César lui-même qui fit relever les
statues de Pompée», fait observer l'auteur de
la notice Rome (HBO) dans Wikipedia.
(Construit en 55, le Théâtre de Pompée a aujourd'hui
disparu. Sur son emplacement, le visiteur ne trouvera plus que
l'hôtel Teatro di Pompeo, qui possède encore
des voûtes d'origine.)
Seul Suétone a fait mention - du reste,
comme d'un «on-dit» - de la fameuse phrase prononcée
en grec «Toi aussi mon fils» (SUÉT.,
Cæs., LXXXII, 3). Toutes nos autres sources rapportent
que César eut le réflexe de se couvrir la tête
avec un pan de sa toge afin que nul ne le voie mourir. La série-TV
HBO a également omis le fameux et très attendu «Alea
jacta est» (SUÉT., Cæs., XXXII,
3) prononcé au moment du franchissement du Rubicon. Ces
«mots historiques», sont fameux et très attendus
de tous, même du public américain pourtant réputé
inculte. Nous n'en voulons pour preuve que le parallèle
fait par Ronald F. Maxwell entre la guerre civile américaine
et celle des Romains dans Gods and Generals (préquelle
de son superbe Gettysburg) : lorsque les troupes de l'Union
s'apprêtent à franchir la rivière Rappahannock
avant d'engager la bataille de Fredericksburg (5),
le colonel Chamberlain (Jeff Daniels) cite longuement - la séquence
dure quatre minutes - le poème épique de Lucain
montrant César franchissant le gué.
«Déjà César
avait franchi le sommet glacé des Alpes, l'esprit violemment
agité, le cur plein de la guerre future. À
peine fut-il arrivé aux bords étroits du Rubicon,
une grande ombre lui apparut : c'était l'image de la
Patrie ! Elle brillait dans l'ombre de la nuit. Elle était
tremblante et consternée. De son front couronné
de tours, ses cheveux blancs tombaient épars. Debout
devant lui, les bras nus, elle prononce ces paroles entrecoupées
de gémissements : «Où allez-vous, soldats,
où portez-vous mes enseignes ? Si vous respectez les
lois, si vous êtes citoyens, arrêtez ! Un pas de
plus serait un crime.» À ces mots, le cur
de César est saisi d'horreur; ses cheveux se dressent
sur sa tête, et la langueur dont il est abattu enchaîne
ses pas au rivage. Mais bientôt : «O Jupiter
! s'écria-t-il, ô toi ! que mes aïeux
ont adoré dans Albe naissante, et qui, du haut du Capitole,
veilles aujourd'hui sur la reine du monde; et vous, dieux tutélaires
des Troyens, qu'Énée apporta dans l'Ausonie; et
toi, Romulus, qui, enlevé au ciel, devins l'objet de
notre culte; et toi, Vesta, qui vois sur tes autels brûler
sans cesse le feu sacré; et toi, Rome, qui fus toujours
une divinité pour moi, favorisez mon entreprise. Non,
Rome, ne crois pas voir César te poursuivre, armé
du flambeau des Furies. Vainqueur sur la terre et sur les mers,
il est encore à toi, si tu le veux; il est ton soldat,
il le sera partout. Celui-là seul sera criminel qui fera
de César l'ennemi de Rome.» À ces mots,
sans plus différer, il fit passer le fleuve à
ses troupes.
Tel dans les déserts ardents de la poudreuse Libye, un
lion, dès qu'il aperçoit le chasseur, s'arrête,
paraît hésiter, et rassemble toute sa fureur. Sitôt
qu'il s'est battu les flancs de sa queue, qu'il a dressé
sa crinière, et que le bruit sourd du rugissement a retenti
dans sa gueule profonde, soit que le Maure léger lui
darde sa lance ou lui présente la pointe de l'épieu,
il se précipite lui-même, sans crainte, au-devant
du fer.
Le Rubicon aux flots rouges, faible dans sa source, roule à
peine ses eaux défaillantes sous les signes brûlants
de l'été; il serpente au fond des vallées,
et sépare les champs de la Gaule, des campagnes de l'Italie.
Mais l'hiver lui donnait alors des forces : trois mois de pluies
avaient grossi ses ondes, et les neiges des Alpes, fondues par
l'humide haleine du vent du midi, l'enflaient encore de leurs
torrents.
Pour soutenir le poids des eaux, la cavalerie s'élance
la première, et dans son oblique passage, elle oppose
une digue à leur cours. L'impétuosité du
fleuve, alors suspendue, permet aux bataillons de s'ouvrir un
chemin facile à travers les ondes obéissantes.
Déjà César a franchi le fleuve, il touche
à la rive opposée; et dès qu'il a mis un
pied rebelle dans cette Italie interdite à ses vux
: «C'est ici, dit-il, c'est ici que je laisse la paix
et les lois déjà violées. Fortune ! Je
m'abandonne à toi ! Plus de lien qui me retienne. J'ai
pris pour arbitre le sort, et la guerre sera mon juge.»
À l'instant son ardeur infatigable presse les pas
de ses guerriers à travers les ombres de la nuit; il
va, plus rapide que la pierre lancée par la fronde du
Baléare ou que la flèche du Parthe fuyard. Et
le soleil à peine avait effacé les étoiles,
lorsque César entra menaçant dans les murailles
d'Ariminum» (LUCAIN, La Pharsale, I).
C'est dire si l'analogie des situations a pu marquer l'imaginaire.
Mais le critique de DVDrama a bien noté la propension du
scénariste Bruno Heller de prendre à contre-pied
les attentes des spectateurs, le spoiling de l'Histoire
qui ajoute du plaisir au visionnage.
Le dictateur démocrate
César est ambitieux, comme doit l'être tout Romain
de sa condition sociale : chaque gens patricienne n'a qu'une
seule obsession, donner un consul de plus à la République,
issu de ses rangs. César est un aristocrate; il descend
de la déesse Vénus et du Troyen Enée, et
par conséquent de Romulus, le fondateur de Rome. Il joue
la carte du populisme, peut-être par démagogie, peut-être
par lucidité politique, les deux n'étant pas incompatibles
: il faut bien créer les moyens de sa politique. Ses réalisations
tant politiques qu'urbanistiques témoigneront néanmoins
d'un réel souci d'améliorer la condition des classes
populaires et d'assurer le développement de la ville et
de l'Empire.
Il entreprit des réformes de grande
envergure, posant les bases d'une administration qui durera plusieurs
siècles, et dans laquelle il ne pensa pas seulement à
Rome, mais à toute l'Italie et à tout le monde romain.
César consentit à avantager les provinciaux jusqu'alors
obstinément tenus à l'écart. La Gaule cisalpine
reçut le droit
de cité. Des Gaulois (CLICK
et CLICK) et des
Espagnols entrèrent au Sénat. Nombre d'entre eux
étaient ses clients, qui avaient servi dans ses légions.
Le Sénat de Rome - qu'il dépouilla de presque tous
ses pouvoirs - comprit désormais 800 membres, parmi lesquels
des provinciaux, ses créatures. César nomma lui-même
et contrôla étroitement les gouverneurs de province,
ainsi que les sociétés de publicains (6).
Les villes d'Italie reçurent une large autonomie; le droit
de cité leur fut attribué sur une grande échelle.
Chaque cité d'Italie put élire ses magistrats et
en appeler à Rome contre ceux-ci. Désormais l'Italie
n'était plus dirigée par une ville conquérante
mais par une capitale.
Comme consul en 59, César avait obtenu des terres en
Italie pour les vétérans
de son associé Pompée. Sous sa dictature, des colonies
furent fondées en Gaule et en Espagne (7).
Distribuant des terres à ses vétérans et
à des pères de famille, César y envoya 80.000
citoyens, qui contribuèrent à romaniser ces nouvelles
provinces. Il réduisit les dettes d'un quart, mais sans
les abolir comme on l'espérait (8).
Luttant contre le parasitisme, il rendit sa dignité au
peuple sans verser dans la démagogie mais en contraignant
les citoyens défavorisés à travailler, ce
qu'il obtint en réduisant considérablement les distributions
gratuites de blé. «Libéralisme»,
diront les esprits chagrins ! Mais il convient de considérer
avec beaucoup de prudence l'abîme qui, en la matière,
sépare les Romains des modernes idées socialistes.
Le travail ennoblit-il l'Homme ? Certes, mais à condition
de ne pas se faire vilement exploiter... Quoiqu'en disent certains
soi-disant spécialistes de la question de l'esclavagisme,
ni les Romains, ni avant eux les Grecs ne méprisaient le
travail : mais chacun savait où était sa place dans
la société, et pour les humiliores, l'esclave
avait jusque-là été l'auxiliaire apprécié
de l'humble artisan, presque un membre de la famille. Songeons
à ce vieux grigou de Caton l'Ancien, qui peinait aux champs
avec les siens et partageait leur ordinaire - schéma qui,
bien évidemment, se reproduisait aux échelons les
plus modestes de la société.
César mit en route de vastes programmes de construction.
Il réaménagea et agrandit le port d'Ostie, à
l'embouchure du Tibre. Les grandes métropoles maritimes
Carthage et de Corinthe avaient été rasées
en -146, la même année ! Conscient de leur importance
dans le contexte de l'Empire, César en ordonna la reconstruction,
qui commença en -44 pour Corinthe, mais il faudra attendre
le règne d'Octave-Auguste pour que la Carthage romaine
- vieux rêve des Gracques - se voie mettre en chantier,
en -29.
Enfin, le calendrier romain était en perpétuel
décalage par rapport aux saisons : il le réforma
aussi. Inspiré des travaux de l'astronome alexandrin Sosigène,
le calendrier julien fut adopté, et l'année compta
désormais 365,25 jours.
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Deux visages de Jules César.
A gauche : Musée du Louvre (ph. Giraudon) (extr.
Benoist-Méchin, Cléopâtre ou le rêve
évanoui, Clairefontaine, 1964) ...
... A droite : Musée du Vatican (ph. Alinari) (extr.
A. Weigall, Cléopâtre, Payot, 1952)
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Cæsar Imperator
Il convient de tordre le cou à une idée reçue.
Ni César, ni même Octave-Auguste ne furent des «empereurs
romains» au sens moderne du terme. Tous deux accumulèrent
des magistratures qui concentraient les pouvoirs entre leurs mains,
mais César fut seulement dictateur «à vie»...
pendant à peine quatre ans, et Auguste le premier des sénateurs
- le «prince du Sénat» -, d'où le nom
de Principat associé à son règne, par opposition
à Dominat, qui apparut à partir de Domitien. Cependant,
c'est bien à Auguste que le 16 janvier -27, le Sénat,
en remplacement de son prénom, ajouta Imperator
à sa titulature : «Imperator Cæsar Augustus».
Tous deux furent divinisés après leur mort, mais
le troisième - Tibère - dédaigna cet honneur,
preuve que l'usage était loin d'être entré
dans les murs.
Jusqu'alors, le titre d'Imperator avait toujours été
décerné à un général vainqueur,
par l'acclamation de des troupes, sur un champ de bataille et
était purement honorifique.
Dion Cassius commente ce changement sémantique : «Le
titre d'Imperator, non plus seulement dans le sens antique,
tel que souvent d'autres et lui-même l'avaient reçu
à la suite de guerres, ni dans le sens qu'on lui donnait
en le décernant à des citoyens qui avaient exercé
quelque autorité suprême ou quelque autre commandement,
mais au sens où l'on désigne aujourd'hui ceux qui
se succèdent au pouvoir, lui fut alors, à lui le
premier, attribué comme premier nom et même comme
nom propre» (DION CASSIUS, Hist. rom., XLIII,
41-45).
Toute l'histoire de l'Empire romain l'atteste,
pour s'élever au-dessus de ses pairs - les grands propriétaires
fonciers qui constituent la classe patricienne siégeant
au Sénat - le populisme est la seule possibilité.
Les Romains haïssaient viscéralement la monarchie
et, dès le premier chapitre de son Empire gréco-romain,
Paul Veyne démontrera que la notion d'«empereur romain»
va rester au fil des siècles et théoriquement, celle
d'un administrateur entouré de son clan qui gère
momentanément l'Empire, ce en totale opposition avec le
concept de royauté où le territoire est la propriété
privée d'une famille donnée, qui passe de mains
en mains par filiation héréditaire.
Tous les Julio-Claudiens (Caligula et Néron
en particulier) ont été des populistes, adorés
par le peuple. Ils ne persécutèrent jamais que les
patriciens, qui étaient leurs opposants politiques naturels.
Ces derniers, hors leur clientèle propre, se souciaient
comme d'une guigne des intérêts de la plèbe,
sauf bien sûr lorsque le Forum se changeait en champ de
bataille... ou que la populace décidait de faire sécession
(p. ex. la retraite sur le Mont Sacré, au temps de la guerre
contre les Volsques).
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César |
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A l'aune de l'ambition
L'argent étant le nerf de la guerre, lorsque César
entra dans Rome son premier soin s'apparenta à l'action
d'un chef de gang mafioso : aller perquisitionner le Trésor
public, entreposé dans le Temple de Saturne. Les Pompéiens
n'avaient pas eu le temps d'évacuer les lingots d'or, au
contraire de ce que l'on voit dans la série-TV HBO. Comme
le tribun L. Metellus s'y opposait, le proconsul l'apostropha
en ces termes : «Le temps des armes n'est pas celui des
lois ! Ouvre ! Tu feras ton discours après !»
Alors Metellus couvrit de son corps la porte sacrée. «Ouvre
ou je te tue !, rugit César. Et sache, jeune homme,
que cela m'est encore moins difficile à faire qu'à
dire !» Il ne resta plus à Metellus qu'à
livrer le Trésor, comme le ferait un simple caissier de
banque menacé par des bandits (9).
Le prix de l'ambition d'un homme, le prix
de la guerre civile... Après le quadruple triomphe de César
en août 44, eut lieu un recensement des citoyens et, «au
lieu de 320.000 citoyens qu'il y avait auparavant, on n'en dénombr[a]
que 150.000 en tout, tant la guerre civile avait causé
de pertes, tant elle avait fait disparaître de citoyens,
et cela en laissant hors du compte les malheurs qui avaient frappé
le reste de l'Italie et les provinces» (PLUT., Cæs.,
55, 2-3). Quelque part, cette saignée démographique
n'est pas sans rappeler celle de la Deuxième
guerre punique. A vrai dire, d'autres avant lui ne s'étaient
pas gênés pour faire périr un grand nombre
de leurs concitoyens - ne parlons même pas des alliés
italiques - et après sa mort, la guerre civile allait durer
encore une quinzaine d'années. Qui plus est, sa campagne
de huit ans en Gaule avait été l'occasion d'une
guerre au caractère souvent génocidaire (en particulier
chez les Nerviens et les Eburons, rayés de la carte). On
l'évalue à un million de morts gaulois, sans oublier
des centaines de milliers de personnes déplacées,
réduites en esclavage (et notre centurion Vorenus, pétri
de grands principes stoïciens, n'hésite pas à
essayer d'en tirer quelques bénéfices substantiels).
Ne nous y trompons pas, toutefois. Si Caton dénonce au
Sénat la guerre illégale menée par le traître
César, ce n'est pas par sentiment humanitaire : c'est,
tout simplement, parce que César a agi de sa propre initiative,
sans la permission du Sénat. Il a saisi le prétexte
de secourir les Eduens «amis et alliés du Peuple
romain» attaqués par le Germain Arioviste (lui aussi
«ami et allié du Peuple romain», soit dit en
passant), pour entreprendre une action à laquelle se refusait
le Sénat depuis... dix sept-ans déjà. Et
surtout Caton, conservateur rétrograde,
est l'ennemi politique de ce Julii mieux né que
lui, ce réformateur qui en 69, prétextant faire
l'éloge funèbre de sa tante Julia - veuve de Caius
Marius - a fait le panégyrique du grand leader démocrate,
celui qui a ouvert les rangs des légions aux prolétaires.
Il en a même ressorti les effigies ! Ce Marius, que Sylla
avait voué à la damnatio memoriæ, mais
qui était resté vivant dans le cur le la plèbe
romaine. Et comment oublier l'attitude de César au moment
de la conjuration de Catilina, en 63, qui fut des plus équivoques
?...
Soyons clair : les Romains sont, exactement comme nous, pétris
de grands principes humanistes, mais qui à la différence
des nôtres ne s'appliquent qu'aux citoyens romains - de
préférence bien-nés. Qu'importent alors les
pays étrangers ravagés, les villes ruinées,
les femmes violées, les hommes massacrés ou réduits
en esclavage ? On a besoin de bras pour faire marcher l'économie,
de butin pour faire ripaille et enrichir la ville.
Seul Octave - dans la série-TV Rome (HBO) - a bien
vu que les soldats faisaient la guerre contre leur propre intérêt.
Au fil des décennies, leurs lopins de terre tombés
entre les mains des nobles propriétaires étaient
maintenant cultivés par les esclaves étrangers...
Esclaves qu'ils avaient eux-mêmes ramenés, ô
ironie. Il ne leur restait plus, désormais, qu'à
aller faire la file avec les chômeurs... Octave annonce
déjà l'Auguste de la Pax Romana et la Deuxième
Saison de Rome...
César et les femmes
Aussi exigeant avec lui-même qu'avec les autres, César
n'hésite pas - pour préserver l'équilibre
de ses alliances politiques - à rompre avec Servilia, sa
maîtresse devenue encombrante. Un divorce d'avec Calpurnia,
jalouse, serait catastrophique car il perdrait ainsi l'adhésion
du puissant clan des Calpurnii. Cela ne signifie nullement
que le César de la minisérie HBO l'ait fait de gaîté
de cur - «il l'a gros sur la patate»,
comme chantait quelque part le Grand Georges - mais il lui faut
sauver sa vision du monde, et rentrer dans les rangs de la respectabilité.
«Tout le monde s'accorde à
dire qu'il était porté au plaisir, généreux
dans ses amours, et qu'il séduisit un très grand
nombre de femmes d'une illustre naissance, entre autres Postumia,
l'épouse de Servius Sulpicius, Lollia, celle d'Aulus Gabinius,
Tertulla, celle de Marcus Crassus et même Mucia, la femme
de Cn. Pompée [qui] ne cessait, en gémissant,
de l'appeler Egisthe» (SUÉT., Cæs.,
50)... sans oublier, bien sûr, Servilia, la demi-sur
de Caton et épouse du consul Junius Silanus. Et Dion Cassius
de renchérir, le présentant comme «très
porté sur l'amour et nouant des liaisons avec un très
grand nombre d'autres femmes : toutes celles qui croisaient son
chemin» (DION CASSIUS, XLII, 34). Ce que Mérimée
nuance : «Ses vices mêmes avaient un but politique;
ses maîtresses étaient les femmes des magistrats
les plus influents» (10).
|
|
Outre ses maîtresses, le
«séducteur chauve» fut fiancé une
fois et marié trois fois. En voici la chronologie : |
83 |
— |
[César a 17 ans] César rompt avec sa petite
fiancée Cossutia, de rang équestre, qu'il
avait «épousée» en 87 - il avait
alors 13 ans - en prenant sa charge de Flamen Dialis.
Il se marie avec Cornelia Cinna (que Colleen McCullough
a rebaptisée «Cinnilla»), fille de
L. Cornelius Cinna, le bras-droit de son oncle Marius. |
82 |
— |
[César a 18 ans] Il refuse d'obtempérer à
l'ordre de Sylla de répudier Cornelia, et prend le
chemin de l'exil (voyez le téléfilm d'Uli
Edel, Jules César,
2002, et aussi le film de Sergio Grieco, Jules César
contre les Pirates, 1962). |
69 |
— |
[César a 31 ans] Il prononce l'éloge funèbre
de son épouse Cornelia (et aussi celui de sa tante
Julia, veuve de Caius Marius). |
68 |
— |
[César a 32 ans] Il épouse Pompeia Sylla,
fille de Q. Pompeius Rufus (et par sa mère Cornelia
Sylla, petite-fille du dictateur), un mariage politique qui
lui permet de se placer dans la parentèle de Pompeius
Magnus, l'astre montant alors.
(Fait prisonnier à Thapsus, Q. Pompeius n'évitera
d'être lynché par les légionnaires de
César qu'en se réfugiant auprès de son
ancien gendre, lequel lui accorda sa protection.) |
62 |
— |
[César a 38 ans] Il répudie Pompeia, suite
à la profanation par l'amant de celle-ci - P. Clodius
Pulcher - et dans sa propre maison, des Mystères
de la Bonne Déesse. (Cf. le roman de
John Maddox Roberts, S.P.Q.R. - The Sacrilege, 1992
(Sacrilège
à Rome, 2006).) |
59 |
— |
[César a 41 ans] Sa fille Julia, qu'il a eue
de Cornelia, épouse Pompée (elle décédera
en couches en septembre 54).
César épouse Calpurnia - fille de L.
Calpurnius Piso Cæsonianus, «personnage
assez terne, mais jouissant dans les milieux politiques d'une
haute considération», écrit Gérard
Walter. Elle lui survivra.
(Le père de Calpurnia, L. Calpurnius Piso fut consul
en 58 avec Aulus Gabinius et fit
exiler Cicéron. Comme gouverneur de la Macédoine,
en 57, il se fera connaître par ses débauches
et ses rapines. Ce qui ne l'empêchera pas de devenir
censeur en 50 (G.G., I, 6, 12).) |
|
|
César écrivain
«Les Commentaires de César, nettement tendancieux,
exigent une lecture critique, mais, précis et clairs, ils
révèlent toute l'originalité et le génial
esprit de leur auteur, note Jean Croon (11).
César est, avec Cicéron, le plus important représentant
de la littérature latine classique en prose, et c'est avec
juste raison que ses écrits servent toujours de base pour
l'enseignement du latin. Mais il ne parvint pas à assurer
la stabilité réalisée plus tard par Auguste,
avec beaucoup plus de diplomatie. En effet, l'activité
de César, son génie, son autorité et, bien
qu'il eût refusé le titre de Rex, son amour
orgueilleux de la gloire heurtaient les sentiments républicains
encore très vifs à cette époque. Les milieux
antimonarchiques espéraient toujours rétablir la
République. Ce mécontentement et cet espoir furent
les causes de la conspiration ourdie par Brutus et Cassius : César
fut assassiné en plein Sénat, aux Ides de mars 44.
Ses adversaires ne tardèrent pas à se rendre compte
que leur idéal n'était qu'une illusion, la République
de Rome avait cessé d'exister et, malgré Cicéron,
le Sénat fut impuissant contre Marc Antoine et les vétérans
de César. L'Empire romain était sur le point de
naître dans le rayonnement du siècle d'Auguste.»
De l'uvre
écrite de César, nous sont parvenus ses Commentaires
: |
a) |
sur la Guerre des Gaules (Commentarii
de Bello Gallico), 7 livres (et un huitième, d'Aulus
Hirtius); |
b) |
sur la Guerre civile (Commentarii
de Bello civili), 3 livres (et un quatrième, anonyme). |
Tous ses autres ouvrages ont été
perdus, notamment trois volumes de correspondance (mais il subsiste
quelques lettres de sa plume dans celle de Cicéron); des
discours («admirés par Tacite et par Quintilien,
dignes, dit ce dernier, d'être mis en parallèle avec
ceux de Cicéron», note Jean Laloup); un Anticaton,
réfutation de Caton d'Utique (45); un De Analogia,
traité de grammaire dédié à Cicéron
(43 ?); un Iter, voyage en Espagne (46); des Apophtegmes,
recueil de sentences; une tragédie dipe; et,
enfin, un poème Laudes Herculis (Louanges d'Hercule),
dont Octave-Auguste interdit la publication.
On lui attribue, mais à tort, certains récits de
campagne probablement rédigés par des officiers
de son armée : De Bello Alexandrino (guerre d'Egypte,
en 47), De Bello Africano (guerre d'Afrique, en 46) et
De Bello Hispaniensi, en 45).
|
|
César (British Museum)
(extr. A. Weigall, Cléopâtre, Payot,
1952) |
|
|
Chronologie de Jules César
100
(ou 101 ?) |
— |
(12 juillet) Naissance de Caius Julius Cæsar. |
87 |
— |
[César a 13 ans] Flamen Dialis. |
82 |
— |
[César a 18 ans] Neveu de Marius et gendre de Cinna,
César échappe à grand peine à
la proscription de Sylla qui aurait dit de lui : «En
ce jeune homme se cachent plusieurs Marius.» |
81 |
— |
[César a 19 ans] S'étant fait pardonner grâce
à ses relations, il juge néanmoins prudent de
se tenir quelques temps encore à l'écart de
Rome. Il se fait affecter comme contubernalis (cadet)
à l'état-major du propréteur M. Minucius
Thermus, légat de Lucullus. Siège de Mitylène
où, selon Suétone, à vingt ans, il gagne
la «couronne civique» - ce qui de droit le fait
entrer au Sénat dix ans avant l'âge normal. |
80 |
— |
[César a 20 ans] Légat de Thermus chez Nicomède
IV de Bithynie. |
78 |
— |
[César a 22 ans] Sylla décédé,
il rentre à Rome, et y devient avocat. |
77-76 |
— |
[César a 23-24 ans] Comme avocat, perd deux procès
contre les prévaricateurs syllaniens Cn. Cornelius
Dolabella et C. Antonius Hybrida. |
76-75 |
— |
[César a 24-25 ans] Voyage à Rhodes, où
il étudie chez Apollonius Molon. Il est capturé
par les pirates de Pharmacuse, qu'il fait ensuite arrêter
et crucifier (voyez le téléfilm d'Uli Edel,
Jules César,
2002, et aussi le film de Sergio Grieco, Jules César
contre les Pirates, 1962). De sa propre initiative,
il lève un corps franc pour participer à la
guerre contre Mithridate. |
73 |
— |
[César a 27 ans] De retour à Rome, il est
élu dans le Collège des Pontifes. |
72
(ou 71) |
— |
[César a 28 (ou 29)
ans] Tribun militaire - mais on ignore sur quel théâtre
d'opérations (12). |
70 |
— |
De manière inconstitutionnelle, Pompée
et Crassus - les vainqueurs de Spartacus - sont élus
consuls pour la première fois. Aucun des deux ne remplissait
les conditions légales pour pouvoir y prétendre,
mais il est vrai qu'ils s'étaient l'un et l'autre prudemment
abstenus de licencier leurs troupes... Ils restaureront les
pouvoirs des tribuns de la plèbe, auxquels la Constitution
de Sylla avait rogné les griffes. |
69 |
— |
[César a 31 ans] César prononce l'éloge
funèbre de sa tante Julia, veuve de Marius, et ressort
les effigies interdites du vieux leader démocrate,
dont il fait un vibrant panégyrique. |
68 |
— |
[César a 32 ans] Questeur. |
67 |
— |
[César a 33 ans] Soutient la lex Gabinia de piratis
persequentis qui confère à Pompée
l'imperium maius qui lui donnera les moyens d'éradiquer
la piraterie en Méditerranée. |
66 |
— |
[César a 34 ans] Soutient avec Cicéron la
lex Manilia de imperio Pompeii. |
65 |
— |
[César a 35 ans] Edile curule. Il offre des jeux
coûteux. |
63 |
— |
[César a 37 ans] Préteur urbain. Opposé
à Cicéron, il proteste contre la mise à
mort des partisans de Catilina aussi le soupçonne-t-on
de connivence avec eux.
Il dépense d'énormes sommes pour se faire élire
Pontifex Maximus. |
62 |
— |
[César a 38 ans] Propréteur de la Bétique
(Espagne). Talonné par ses créanciers, il ne
peut se rendre dans sa province qu'après que Crassus
se soit porté garant de ses dettes. P. Clodius Pulcher
profane les Mystères
de la Bonne Déesse. (Cf. le roman
de John Maddox Roberts, S.P.Q.R. - The Sacrilege, 1992
(Sacrilège
à Rome, 2006).) |
60 |
— |
[César a 40 ans] A son retour à Rome, le Sénat
s'oppose à lui lorsqu'il prétend briguer le
consulat. Avec Pompée (qui a lui aussi des difficultés
avec les Pères Conscrits) et Crassus, il conclut le
1er triumvirat, entente entièrement privée. |
59 |
— |
[César a 41 ans] Consul I. Son collègue
est l'insignifiant M.
Calpurnius Bibulus, aussi la plèbe en parlera-t-elle
de ce consulat comme celui de «Julius et de Cæsar»,
au lieu de Bibulus et Cæsar. Il fait voter les lois
proposées par Pompée et - contre la volonté
du Sénat - se fait attribuer les provinces de la Gaule
Cisalpine et de l'Illyrie. Pris de peur, le Sénat y
ajoute la Gaule Transalpine, l'actuelle Provence. |
58-50 |
— |
[César a 42-50 ans] César soumet la Gaule.
Cf. Vercingétorix. |
56 |
— |
[César a 44 ans] Le triumvirat est renouvelé
à Lucques. |
53 |
— |
[César a 47 ans] (12 juin 53) Crassus est tué
par les Parthes à Carrhæ.
Le fossé se creuse de plus en plus entre Pompée
et César. Pompée s'appuie surtout sur les optimates,
lesquels redoutent le jour où César reviendrait
à Rome avec ses dix légions, devenues en Gaule
une redoutable armée professionnelle, entièrement
dévouée à son général. |
50 |
— |
[César a 50 ans] In absentia, César
brigue le consulat; il offre de démobiliser 8 légions
et de n'en garder que 2. Mais le Sénat et Pompée
posent comme condition préalable la démobilisation
de toute son armée. |
49 |
— |
[César a 51 ans] Dictateur I. Rejoint en son
camp par ses créatures Marc Antoine et C. Scribonius
Curio, César évente la manuvre.
(10 janvier) César, qui dispose de 10 (ou 12 ?) légions,
franchit le Rubicon avec la seule XIIIe. C'est le pronunciamiento.
Pompée - qui ne possède en Italie que trois
légions (13)
(dont deux (14) dans
le sud, en Apulie), et sept autres... en Espagne - s'enfuit
en Grèce avec les consuls C. Claudius Marcellus II
et L. Cornelius Lentulus Crus. César, entré
dans Rome, ne veut pas l'y poursuivre avant d'avoir assuré
ses arrières en liquidant d'abord ses troupes stationnées
dans son proconsulat d'Espagne. César marche avec six
légions, mais en laisse trois devant Marseille sous
le commandement de Decimus Junius Brutus. En Espagne, il en
lève une quatrième parmi ses clients (il y a
été propréteur en 62). Et c'est la bataille
d'Ilerida (8 août 49 [calendrier julien : 27 ou 5 mai]).
Les troupes d'Afranius et de Petreius sont licenciées
en Gaule; quelques légionnaires rallient les rangs
césariens. Ensuite c'est Varron qui est soumis.
César peut
maintenant se tourner vers Pompée; d'abord il envoie
Scribonius Curio en Afrique (8 août 49), où douze
jours plus tard celui-ci se fait massacrer par les Numides
alliés des Pompéiens. (La désastreuse
expédition de Curion sert d'arrière-plan à
Steven Saylor, La
dernière prophétie,une enquête
de Gordien.)
(Fin octobre) César obtient la capitulation de Marseille.
(Du 2 au 12 décembre) Il est à Rome où
il obtient la dictature, et le consulat pour 48.
(13 décembre) César quitte Rome
pour Brundisium et fait traverser la mer par... |
48 |
— |
[César a 52 ans] Consul II (avec P. Servilius
Vatia Isauricus).
(4-5 janvier)... ses troupes, qui débarquent en Grèce.
i(27 mars) Antoine vient l'y rejoindre.
17 juillet) Echec de César à Dyrrachium où
Pompée s'était réfugié.
(9 août 48 [calendrier julien : 29 juin ou 7 juin])
Victoire à Pharsale, malgré son infériorité
numérique.
Il poursuivit Pompée en Egypte
(2 octobre) César débarque à Alexandrie.
Il place sur le trône Cléopâtre, dont a
fait sa maîtresse.
(Du 2 novembre 48 au 27 mars 47) Une révolte va y retenir
César assiégé cinq mois durant. |
47 |
— |
[César a 53 ans] Dictateur II (avec Marc Antoine,
maître de cavalerie), succède aux consuls de
l'année, Quintius Fusius Calvus et P. Vatinius).
(2 août) Campagne en Asie Mineure contre Pharnace, qui
est battu à Zéla. |
46 |
— |
[César a 54 ans] Consul III avec M. Æmilius
Lepidus. Campagne contre les restes de l'armée pompéienne
en Afrique (Thapsus, 6 avril 46). En août, César
célèbre ses quatre triomphes. |
45 |
— |
[César a 55 ans] Consul IV (seul), puis dictateur
III (avec M. Æmilius Lepidus, maître de cavalerie);
consuls pour trois mois : Q. Fabius Maximus (décédé,
remplacé par Caninius Rebilus) et C. Trebonius.
Campagne contre les restes de l'armée pompéienne
en Espagne (Munda, 17 mars 45). Début octobre, César
célèbre un cinquième triomphe sur l'Espagne. |
44 |
— |
[César a 56 ans] Dictateur IV, consul V. Marc
Antoine est son coconsul et maître de cavalerie. César
substitue consul à sa propre place M. Æmilius
Lepidus.
César est désormais le maître absolu de
Rome. On lui avait déjà conféré
la dictature auparavant; cette fois-ci il l'obtient pour dix
ans. Il était déjà Pontifex Maximus
depuis longtemps; il reçoit encore la puissance tribunicienne
qui le rend désormais intouchable - ainsi contrôle-t-il
tout l'Etat.
Aux Ides de mars (15 mars), César tombe percé
de vingt-trois coups de couteau, alors qu'il s'apprêtait
à partir en campagne contre l'Empire parthe.
Après la mort de César, les consuls sont Marc
Antoine et Cornelius Dolabella. |
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CICÉRON (David
Bamber)
(106-43)
Cicéron est membre du Sénat. Entre
optimates et populares, il est le chef de file des modérés,
opposé à la politique impérialiste de César
en Gaule (la troisième voie, celle des «viri
boni»). Son art oratoire est incontesté et reconnu.
C'est un homme à l'esprit élégant et au jugement
profond. Le plus grand orateur de son temps; il mène une
perpétuelle lutte intérieure entre ses principes
et ses désirs. Mais il veille aussi au respect des lois
contre les généraux ambitieux.
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Cicéron
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C'est dans une famille équestre
du municipe d'Arpinum, en pays volsque que naquit le 3 janvier
106 Marcus Tullius Cicero. Son père s'établit
à Rome pour lui permettre de faire des études auprès
du jurisconsulte Mucius Scævola, des philosophes Philon
de Larissa (académicien) et Diodote (stoïcien).
Originaire d'Arpinum comme Caius Marius, il était à
l'instar de celui-ci un «homme nouveau» (homo novus)
en butte à la suspicion des fiers aristocrates romains.
Mais à la différence de Marius, il ne se précipita
pas dans le camp radical des populares mais, toujours,
cherchera à composer avec les conservateurs, les optimates.
Au début, il fut seulement avocat
et se fit remarquer en 80, en prenant la défense d'un jeune
homme accusé de parricide, contre un des plus puissants
favoris de Sylla (Pro Roscio Amerino); il fallait un certain
courage pour oser entreprendre une telle tâche. Il fit ensuite
des études à Athènes (où il se lia
d'amitié pour toute sa vie avec Atticus) et à Rhodes
où il suivit les cours de Posidonios.
«Cicéron fut plus ou moins
estimé selon les époques. C'est au XIXe s., avec
Mommsen, qu'il fut le plus décrié. Aujourd'hui encore
certains érudits se servent de ses lettres pour noircir
son souvenir. Il était certainement opportuniste et vaniteux
(comme en témoigne sa fierté à propos des
vers de mauvaise qualité qu'il écrivit pour glorifier
son propre consulat), mais il possédait néanmoins
de nombreux côtés positifs, note Jean H. Croon.
Jeune homme, il osa défier les complices de Sylla et,
pendant les dernières années de sa vie, il s'attaqua
à Antoine avec le courage d'un lion. Son idéal d'une
concordia ordinum (union et collaboration des différentes
classes) aurait pu, sous Pompée, se réaliser.
Cependant, la valeur de Cicéron réside surtout dans
ses ouvrages littéraires. Ses discours et autres traités
font autorité dans la prose classique latine. Dans ses
ouvrages philosophiques, il adapta les doctrines des philosophes
grecs depuis Aristote selon un genre qui lui était personnel,
et influença ainsi la civilisation occidentale, au-delà
de la culture latine de la fin de l'Antiquité, des premiers
temps de la chrétienté et du moyen âge. Cicéron
fut ainsi un des plus grands éducateurs de l'humanité»
(15).
Velléitaire ou opportuniste ?
Voici un demi-siècle, un historien de César, Jérôme
Carcopino, publiait un ouvrage révélant les «secrets»
de la «Correspondance de Cicéron». «II
y montr[ait] que ce recueil, rendu public, très
probablement par Octavien, vers 33 av. J.-C., avait été
composé de manière à donner de l'orateur,
victime des proscriptions du même Octavien, dix années
auparavant, une image défavorable, notait Pierre Grimal.
Et cela, afin d'exorciser son souvenir, d'empêcher qu'il
n'apparût comme un martyr de la Liberté perdue. Ces
Lettres, nous dit-on, révèlent un homme adonné
au plaisir, prodigue, et, par conséquent, avide, sacrifiant
sa vie de famille aux exigences de sa carrière, sans courage
devant l'adversité, servant successivement plusieurs maîtres,
commettant de graves erreurs dans l'appréciation des situations
politiques, flattant César au moment même où
il le hait secrètement, fourbe, velléitaire et,
plus que tout, vaniteux.
(...) Replaçons son action dans la suite des événements
et la complexité d'une vie politique où les choix
et les alliances se faisaient moins d'après des doctrines
(il n'existait pas, alors, de «partis», au sens où
nous l'entendons) que d'après les amitiés, les relations
personnelles, les exigences toujours changeantes d'une stratégie
à court terme - les magistratures sont alors annuelles
et les citoyens sont appelés, sans répit, à
élire consuls, préteurs, édiles, questeurs,
tribuns, il faut gagner leurs bonnes grâces, assurer sa
popularité, aider ceux qui vous aideront plus tard. Il
faut ménager les factions qui existent au Sénat,
les groupes familiaux, formés chaque fois autour d'un ou
deux personnages prestigieux. Tout cela ne saurait s'accommoder
de positions doctrinales arrêtées. Dans cette république
finissante, les affaires de la cité sont gérées
souvent au jour le jour, les constantes sont restreintes à
des positions surtout négatives. Si l'on veut jouer le
jeu, il faut infiniment de souplesse, d'habileté, de subtilité,
la ligne suivie dissimulant celle que l'on s'efforce de suivre,
en secret, et l'historien moderne doit faire un effort d'imagination
pour comprendre une mentalité et un milieu qui diffèrent
beaucoup de ce que nous voyons de notre temps» (16).
«Je n'ai pas aimé le portrait qui est fait de Cicéron,
s'insurge à propos de Rome (HBO) un Internaute
dans un Forum. Un grand orateur comme lui, qu'on fait passer
pour un fourbe, un anti-plèbe (si on peut dire) et un lèche-cul.
Mais, bon, qui sait comment il était vraiment ?»
Cette réflexion illustre la méconnaissance de
l'Histoire par le grand public, qui semble croire que les scénaristes
sont en droit de la réinventer à leur gré,
de faire du roman plutôt que de l'historique.
La licence poétique, la liberté du romancier
n'est valable que pour la fiction; mais le roman historique appelle
le respect de certaines contingences. Cicéron est un personnage
dont tout le monde a entendu parler comme d'un grand écrivain
et un grand homme politique. Mais qui - sinon, paraît-il,
les «spécialistes» - sait exactement qui fut
Cicéron, ses revirements, son opportunisme, sa lâcheté
peut-être ? Cicéron étant un grand homme,
il ne pouvait dans l'esprit de cet Internaute, qu'être favorable
à la plèbe, un démocrate, voire un partisan
de César...
Son uvre
On peut diviser l'uvre de Cicéron en trois catégories
: les discours (on en a conservé 57), les écrits
politiques et la correspondance (864 lettres de sa main, écrites
entre 68 et 43, et 90 du calame de ses correspondants).
1) |
Les discours. Parmi les
plus fameux, citons en 80 le Pro Roscio Amerino, procès
d'un parricide qui a inspiré un docufiction
et un roman policier
de Steven Saylor; en 70, les Verrines, contre le
concussionnaire C. Verres, propréteur de Sicile; en
63, les quatre Catilinaires (qui inspireront encore
Steven Saylor
et John Maddox Roberts);
en 62, le Pro Archia pta, plaidoyer pour le poète
Archias, où il tresse un éloge de l'art poétique;
en 56, le Pro Cælio, relatif aux frasques de
M. Cælius, amant de la fameuse Clodia accusé
de meurtre (cf. le roman de Steven
Saylor); en 52, le Pro Milone, où il plaide
la cause de T. Annius Milo, le chef de bande conservateur
meurtrier de Clodius (mais ce discours trop parfait, qui a
lui aussi inspiré un roman
policier à Steven Saylor, a été réécrit
après la condamnation à l'exil de Milon, les
complices de Clodius l'ayant empêché de prononcer
son discours pendant le procès); en 44-43, enfin, les
quatorze Philippiques - ainsi nommées par allusion
à celles de Démosthène -, contre Marc
Antoine. |
|
|
2) |
Les ouvrages de rhétorique,
philosophie et de poésie. Cicéron y exprime
ses conceptions de l'éloquence, ni «asiatique»
(emphase), ni «néo-attique» (dépouillement);
parmi eux, épinglons le Brutus, ouvrage de critique
littéraire où l'auteur dialogue avec ses amis
Brutus et Atticus. En philosophie, il penche pour le platonisme
à travers la «Nouvelle Académie»;
en morale, il est proche des stoïciens (De Re publica,
De natura deorum, Cato maior...). La plupart sont des
recherches originales, mais on a dit aussi que ses traités
philosophiques n'étaient que des compilations des Grecs.
L'importance de Cicéron réside dans le fait
qu'il préféra le latin pour exprimer des théories
philosophiques. Il traduisit du reste plusieurs auteurs grecs,
notamment Aratos. Nous avons perdu son Eloge de Caton. |
|
|
3) |
La correspondance : La
majorité de ces épîtres relevant de la
sphère privée, elles ne furent publiées
qu'après sa mort - surtout grâce à son
secrétaire Tiron.
De tous les Romains, Cicéron est sans doute celui qui
nous est le plus familier, justement grâce à
cette correspondance qui nous donne un aperçu de sa
vie privée, de ses pensées intimes, «renseignements
que nous ne possédons sur aucun personnage important
de l'Antiquité; nous y trouvons ses réactions
immédiates aux événements politiques
de son époque, ainsi que les cris de son cur
comme, par exemple, sa douleur devant la mort de sa fille
Tullia» (17). |
|
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Chronologie de Cicéron
106 |
— |
(3 janvier) Naissance de Cicéron. |
89 |
— |
[Cicéron a 17 ans] Il sert pendant la guerre sociale
sous les ordres de Pompeius Strabo (le père de Pompeius
Magnus). |
80 |
— |
[Cicéron a 26 ans] Démobilisé, il plaide
la cause de Sextus Roscius accusé de parricide et dénonce
la corruption de Chrysogonus, affranchi de Sylla (Pro Roscio
Amerino) (cf. téléfilm docu-fiction Meurtre
à Rome). |
75 |
— |
[Cicéron a 31 ans] Questeur en Sicile. Il est témoin
de la corruption du fameux Caius Verrès. |
70 |
— |
[Cicéron a 36 ans] (août) A Rome, il intente
un procès à Verrès (les Verrines),
qu'il emportera contre son collègue Q. Hortensius Hortalus,
le plus grand avocat de l'époque. |
69 |
— |
[Cicéron a 37 ans] Edile. |
66 |
— |
[Cicéron a 40 ans] Préteur. Il défend
le projet de loi du tribun de la plèbe Manilius, qui
propose de nommer Pompée commandant en chef des opérations
d'Orient, contre Mithridate VI; son discours De lege Manilia
marque ainsi une prise de distance par rapport au parti conservateur
des optimates, opposés à ce projet. Cicéron
songe à incarner une troisième voie en politique,
celle des «hommes de bien» (uiri boni),
entre le conservatisme des optimates et le «réformisme»
de plus en plus radical des populares. Toutefois, l'émergence
entre -66 et -63 de personnalités comme César
ou Catilina dans le camp des populares amène
Cicéron à se rapprocher des optimates. |
63 |
— |
[Cicéron a 43 ans] Consul. Cicéron démasque
la conspiration populiste de Catilina (ses fameuses Catilinaires).
Par un senatum consultum ultimum, procédure
illégale car il a empêché les suspects
d'en appeler à l'Assemblée du Peuple - approuvé
par Caton le Jeune, mais contre l'avis de Jules César
- il obtient la mise à mort de cinq conjurés
dont l'ancien consul P. Cornelius Sura (le beau-père
de Marc Antoine, qui deviendra son ennemi acharné)
(3e et 4e Catilinaires).
Cette même année, en collaboration avec son
confrère et rival Q. Hortensius Hortalus, il défend
le consul désigné de 62, L. Licinius Murena
(Pro Murena). |
62 |
— |
[Cicéron a 44 ans] Il témoigne contre P. Clodius
Pulcher dans l'affaire de la profanation des Mystères
de Bona Dea. |
59 |
— |
[Cicéron a 47 ans] Lors de la formation du triumvirat
en 60, le consul Jules César tente d'associer Cicéron
au triumvirat secret qu'il a constitué l'année
précédente avec Pompée et Crassus. Se
méfiant des démagogues, Cicéron s'en
abstient, perdant ainsi, pour plusieurs années, la
possibilité de jouer un rôle prépondérant
sur la scène politique. |
58 |
— |
[Cicéron a 48 ans] (mars) Tandis que César,
proconsul des Gaules, entame une guerre qui durera huit ans,
Cicéron est condamné à l'exil par le
consul Pison et le tribun de la plèbe Clodius. Ce dernier
ne lui a pas pardonné le coup des Mystères
: retour de manivelle de l'affaire Catilina ! Clodius fait
raser sa maison sur le Palatin. |
56 |
— |
[Cicéron a 50 ans] Il rentre d'exil grâce
au soutien du nouveau tribun de la plèbe T. Annius
Milon. C'est la guéguerre entre les ouvriers chargés
de reconstruire sa maison et les bandes armées de Clodius.
Pompée intervient en faveur de Cicéron qui,
en échange, se charge d'obtenir la prolongation du
pouvoir proconsulaire de César en Gaule (De Provinciis
Consularibus).
C'est au cours de ces années qu'il écrivit ses
principaux traités oratoires et politiques. |
53 |
— |
[Cicéron a 53 ans] (12 juin) M. Licinius Crassus
et son fils, l'augure Publius, périssent sous les coups
des Parthes dans le désastre de Carrhæ (Harran,
en Syrie). A Rome, Marc Antoine brigue l'augurat vacant, mais
c'est Cicéron qui est élu.
Marc Antoine brigue la questure. Pour ce faire il se réconcilie
avec Cicéron.
Sur le Forum, Antoine poursuit l'arme au poing l'agitateur
populiste P. Clodius Pulcher, qui doit se cacher dans la boutique
d'un libraire. |
52 |
— |
[Cicéron a 54 ans] (18 janvier) Son vieil ennemi
Clodius est assassiné sur la voie Appienne par des
hommes appartenant à Milon.
Au Forum, il plaide la cause de Milon, mais la perd (Pro
Milone). Milon est condamné à l'exil, à
Marseille.
(juillet) Tout en guerroyant en Gaule, Marc Antoine est élu
questeur pour l'année 51. |
51 |
— |
[Cicéron a 55 ans] Il est envoyé comme proconsul
en Cilicie. Son mandat y sera un exemple de probité. |
50 |
— |
[Cicéron a 56 ans] Les deux anciens triumvirs César
et Pompée s'opposent politiquement; Cicéron
prend le parti de Pompée tout en essayant d'éviter
de contrarier César.
L'avocat rival de Cicéron, Q. Hortensius Hortalus,
célèbre par ses viviers, étant décédé,
Marc Antoine brigue une seconde fois l'augurat et l'obtient
grâce à l'aide de Jules César et de C.
Scribonius Curio, son ancien amant. |
49 |
— |
[Cicéron a 57 ans] César franchit le Rubicon.
Après de nombreuses hésitations, Cicéron
suit Pompée et son armée en Grèce. |
48 |
— |
[Cicéron a 58 ans] Après Pharsale, Cicéron
abandonne le parti pompéien et obtient le pardon de
César. Ayant trouvé grâce aux yeux de
ce dernier, il se consacre de nouveau aux études et
à des traités philosophiques. |
46 |
— |
[Cicéron a 60 ans] Il divorce de la terrible Terentia
et épouse la jeune Publia. |
45 |
— |
[Cicéron a 61 ans] (mi-février) Sa fille Tullia
décède. Cicéron à Astura.
(7-11 mars) Cicéron rédige la Consolation.
(novembre) Cicéron plaide au procès de Déjotarus.
(19 décembre) Visite de César à Cicéron,
à Cumes. |
44 |
— |
[Cicéron a 62 ans] (15 mars) [Ides de mars] Vingt-trois
conjurés assassinent César sous le portique
du Théâtre de Pompée, où se réunissait
provisoirement le Sénat.
Après l'assassinat de César, Cicéron
revient dans l'arène politique pour attaquer Antoine
dans ses Philippiques.
(avril) A Cumes Octavien a une entrevue avec Cicéron,
que lui ont ménagé Oppius et Balbus. Dans sa
correspondance, Cicéron estime avoir affaire à
un homme déterminé, mais qu'il pense pouvoir
manipuler.
(17 août) Cicéron rentre de Grèce. Sur
le chemin du retour pour Rome, Cicéron s'arrête
à Velia, où il voit Brutus.
(mi-août) Les «libérateurs» inquiets
quittent l'Italie : Cassius se rend en Syrie et Marcus Brutus
en Macédoine.
(21 août) Cicéron à Tusculum.
(31 août) Cicéron rentre à Rome.
(2 septembre) Première Philippique de Cicéron
contre Marc Antoine.
(19 septembre) Réponse d'Antoine.
(9 octobre) Cicéron quitte Rome. Il écrit la
Deuxième Philippique.
(1er novembre) Cicéron reçoit une lettre d'Octavien
sollicitant une entrevue. Pour contrer Marc Antoine, l'ancien
ennemi de César est prêt à s'allier au
«fils» de ce dernier. Cicéron conseille
à Octavien d'amener ses vétérans à
Rome, au mépris de cette légalité dans
laquelle l'avocat s'était toujours vertueusement drapé !
(du 2 au 11 novembre) Cicéron voyage : Pouzzoles, Sinuessa,
Aquinum, Arpinum sa ville natale. |
43 |
— |
[Cicéron a 63 ans] (3 février) Cicéron
prononce la Huitième Philippique.
(4 février (?)) Cicéron prononce la Neuvième
Philippique.
(15 février (?)) Cicéron prononce la Dixième
Philippique.
(8 mars (?)) Cicéron prononce la Onzième
Philippique.
(10 mars (?)) Cicéron prononce la Douzième
Philippique.
En vain Marc Antoine envoie en médiateurs au Sénat
L. Munatius Plancus et Lépide. Et tout aussi vainement
prêche-t-il l'union de tous les césariens, y
compris Octavien.
(20 mars) Cicéron prononce la Treizième Philippique.
La plus violente.
(14 avril) Première bataille devant Mutina (Modène)
: Marc Antoine y assiège Decimus Brutus.
(16 avril) Première salutation impériale d'Octavien.
(21 avril) Cicéron prononce la Quatorzième
Philippique.
(25 ou 26 avril) Marc Antoine est vaincu devant Mutina
(Modène) par les deux consuls, Hirtius et Pansa (lesquels
toutefois sont tués dans la bataille) et le propréteur
Octavien. Anciens légats de César en Gaule,
Hirtius et Pansa n'étaient pas trop heureux de combattre
leur ancien camarade et marchèrent au combat avec des
pieds de plomb. La «légende noire» d'Octavien
insinue d'ailleurs que celui-ci se serait arrangé pour
qu'ils ne survécussent point à leurs blessures...
les consuls morts, la route du consulat lui était ouverte.
(26 et 27 avril) A l'instigation de Cicéron (les Philippiques)
et au vu des rapports envoyés par Octavien et Pansa,
Antoine est déclaré ennemi public. Decimus Brutus
reçoit les honneurs du triomphe et le commandement
des légions d'Italie.
(27 novembre) Rencontre à Bologne d'Antoine, Lépide
et Octavien : formation du Second triumvirat (6) (la Lex
Titia, ainsi nommée d'après le tribun de
la plèbe Publius Titius, créant pour la circonstance
et pour cinq ans les «triumvirs à pouvoirs constituants»).
Cicéron est à Tusculum. Les trois associés
établissent des listes de proscriptions. Début
de la Troisième Guerre civile.
(7 décembre) Exécution de Cicéron dans
sa villa d'Astura : le tribun Popilius et le centurion Herennius
(18)
(que l'avocat avait autrefois lavé d'une accusation
de parricide), arrêtent sa litière et lui tranchent
la gorge qu'il leur tendait stoïquement. Antoine avait
mis son nom en bonne place sur la liste des proscriptions;
Fulvia mutilera son cadavre et accrochera sa tête aux
Rostres. Il fut une des premières victimes des proscriptions
d'Antoine et Octavien réconciliés. |
|
Suite… |
NOTES :
(1) Y. LE BOHEC, Jules César,
chef de guerre, Editions du Rocher, coll. «L'Art de
la Guerre», 2001. - Retour texte
(2) C'est à Utique, ville d'Afrique
du Nord, qu'il se donna la mort après sa défaite
à Thapsus. - Retour texte
(3) Leur père Caton avait à
70 ans «épousé» (ou pris pour concubine)
la fille d'un de ses esclaves celtibères, nommé
Salonius. - Retour texte
(4) C. McCULLOUGH, Les Maîtres
de Rome/5, Jules César,
la violence et la passion, p. 21 - Retour
texte
(5) 11-13-décembre 1862. Solidement
retranchés, les Confédérés tirèrent
comme des lapins les Nordistes dans leurs embarcations : Burnside
perdit 13.000 hommes dans l'affaire, Lee moins de la moitié
(5.000). - Retour texte
(6) Dans le système fiscal romain,
des fermiers d'impôts (des publicains) avancent à
l'Etat romain la contribution fixée pour leur province.
Ils récupéraint ensuite - avec des marges d'intérêt
somptuaires - les sommes avancées, en tondant le contribuable.
Tous les abus étaient possibles. - Retour
texte
(7) Et non en Pannonie, comme l'affirme
la série-TV HBO. - Retour texte
(8) Cet aspect est bien mis en évidence
par Steven Saylor dans La
dernière prophétie où l'on voit l'agitateur
M. Cælius exploiter la déception du peuple, toujours
à la merci les banquiers et des usuriers dans les difficiles
conditions économiques d'une nouvelle guerre civile. -
Retour texte
(9) D'après Ph. LEFRANÇOIS,
La Rome antique, Paris, Bellenand, p. 76. - Retour
texte
(10) Prosper
MÉRIMÉE, La conjuration de Catilina (1844)
- Retour texte
(11) J.H. CROON, Encyclopédie
de l'Antiquité classique, Sequoia, 1962, s.v. «César».
- Retour texte
(12) C'est une lacune dans nos biographies
de César. Colleen McCullough en a fait un des tribuns de
Crassus dans la guerre contre Spartacus (73-71), mais c'est-là
pure conjecture de romancière. Il en va de même de
l'importance politique que confère à César,
lors de cette même guerre servile, le film de Stanley Kubrick,
Spartacus : César y est l'allié du tribun
du peuple «Gracchus» (personnage de fiction), opposé
au riche Crassus. Basé sur un schéma marxiste primaire
- l'opposition du capitaliste Crassus au démocrate César
-, ce scénario a : 1) complètement éludé
la figure politique de Pompée, qui doit tirer pas mal de
ficelles à Rome tout en guerroyant contre Sertorius en
Espagne comme «proconsul faisant fonction» (non
pro consule, sed pro consulibus); 2) omis de considérer
le fait qu'une communauté d'intérêt, loin
de les opposer, réunissait César et Crassus. - Retour
texte
(13) Pourtant, c'est bien une cinquantaine
de cohortes, soit
cinq légions, qui suivent Pompée en Grèce.
- Retour texte
(14) Et en lesquelles il n'avait aucune
confiance, car il s'agissait de la I et de la XV, à lui
restituées par César. - Retour
texte
(15) J.H. CROON, Encyclopédie
de l'Antiquité classique, Sequoia, 1962, s.v. «Cicéron».
- Retour texte
(16) P. GRIMAL, Cicéron,
P.U.F., coll «Que-sais-je ?», n 2199, 1984, pp. 5-7.
- Retour texte
(17) J.H. CROON, Encyclopédie
de l'Antiquité classique, Sequoia, 1962, s.v. «Cicéron».
- Retour texte
(18) Dans la Deuxième Saison
de Rome (HBO), ép. 18, c'est Pullo qui est envoyé
par Antoine égorger Cicéron dans sa villa. - Retour
texte
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