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Vercingétorix
(Jacques Dorfmann, France-Canada 2000)

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I. Ami si tu tombes...

II. «I'am a poor lonesome vergobret...»

III. L'offensive médiatique

Sur cette page :

IV. Vercingétorix sur le grand écran

Quand dans l'Hexagone retentit l'épique chant des sirènes...
Images d'Epinal
Les légionnaires romains
Localisations du site d'Alésia

V. La Guerre des Gaules revue et corrigée

Les causes de la guerre
La Guerre des Gaules revisitée

Pages suivantes :

VI. Une ellipse majeure : l'expédition en Bretagne

VII. Le siège d'Alésia

VIII. Roi gaulois... ou mérovingien ?

IX. Et pour conclure...

X. Fiche technique

XI. Discographie

XII. Bibliographie

XIII. Scénario

XIV. Conception et tournage du film

XV. Critiques

XVI. Appendices

IV. Vercingétorix sur le grand écran

Dans les années '60, le cinéma italien nous avait habitué à tous les re-traitements possibles et imaginables de la conquête des Gaules par Jules César. Ainsi L'Esclave de Rome (Sergio Grieco, 1960) était une sorte de western. Les Gaulois y tenaient le rôle des Peaux-Rouges, les Romains l'US Cavalry et les mercenaires germains de César celui des scouts indiens. Une patrouille de cavaliers romains menait une action de retardement pour empêcher une armée de secours gauloise de rallier Alésia; le film finissait au son du clairon - Gary Owen «rewrité» trompettes thébaines ! - accompagnant la charge de la colonne de secours, venue tirer d'un mauvais pas l'héroïque patrouille encerclée au fond d'un canyon. Une séquelle de ce film, Seul contre Rome (Herbert Wise, 1962), imaginait les exactions des Romains dans la cité vaincue.

 
fort alesia jules cesar julius caesar

Affiche française Fort Alésia. - Affiche française Jules César, conquérant de la Gaule. -
Julius Cæsar, der Tyrann vom Rom,
affiche allemande de Jules César, conquérant de la Gaule

 

Avec Fort Alésia/Les Géants de Rome (Anthony Dawson [= Antonio Margheriti], 1963), on avait plutôt droit à un remake «à l'antique» des Canons de Navarone en péplum. Un commando de légionnaires romains doit réduire au silence une catapulte géante actionnée par des «druides-artilleurs», dont le tir meurtrier et efficace interdit à César l'accès d'une des vallées autour d'Alésia. Un troisième film enfin, Jules César conquérant de la Gaule (Amerigo Anton [= Tanio Boccia], 1963) drainait plutôt des réminiscences de l'entre-deux-guerres : c'est Astrid reine des Belges (ou des Suèves, mais qu'importe (1) (2) !), qui guide l'armée de secours, volant à la rescousse de son fiancé Vercingétorix, interprété par Rik Battaglia (c'est une première, car le héros arverne n'apparaissait pas dans L'Esclave de Rome, ni dans Fort Alésia). Une flèche romaine fichée sous le sein gauche, la farouche amazone tombait devant un mont Auxois qui avait singulièrement perdu de son relief. Mais lorsque le Gaulois rebelle venait faire sa soumission, Jules César, perché sur son cheval, ne lui répondait pas. Au contraire, il s'éloignait - tandis que se faisait entendre, en voix off : «J'ai combattu. J'ai gagné. Mais je n'ai pas conquis l'âme des hommes, car elle est indomptable et aussi insaisissable que les nuages dans le ciel.» Dans le ciné-photoroman qui en fut tiré, César, bon bougre, pardonnait et rendait sa liberté au chef ennemi.

Il y avait aussi une bluette entre un beau centurion de son état-major et sa pupille, Publia - hélas promise à Q. Cicéron... La politique ! Car au cinéma, nous l'avons déjà dit, il y a toujours une romance... Ainsi Epona, dans le film de Dorfmann.
La romance, du reste, était le principal ressort du premier Vercingétorix Pathé de 1909 (220 m, dont 170 en couleurs !) : une princesse gauloise y offrait sa coupe à Vercingétorix, ce qui chez les Gaulois équivaut à une demande en mariage (3). C'était alors un rival éconduit qui trahissait le jeune chef et permettait la victoire des Romains. En prison, Vercingétorix était étranglé en présence de sa femme... Il était également question de la lutte d'un Vercingétorix contre un certain Vitellius dans L'Honneur du Gaulois (FR - 1910), film dont nous ne savons rien. Sous les traits de Bruto Castellani, l'interprète d'Ursus dans Quo Vadis (1912 et 1924), le jeune chef arverne apparut également dans La Conspiration de Jules César (Caio Giulio Cesare, 1914) d'Enrico Guazzoni, où les tribus gauloises sont littéralement laminées par la puissance romaine. Ici, Vercingétorix n'avait rien du héros adulescens que décrit César : c'est un homme mûr, et un vrai colosse (4).

Quand dans l'Hexagone retentit l'épique chant des sirènes...

Le Second Age d'Or du péplum s'achève en 1965. Les années passent, sans que la France - pourtant partenaire attitrée des producteurs italiens, notamment en matière de péplums - n'ait risqué une seule lire sur un de ces désobligeants nanars susévoqués (5). Les scénaristes italiens ont donc eu toute latitude pour traiter par-dessus l'épaule le héros national des Français. Puis arrive le phénomène Astérix (BD 1959) et ses dessins animés (1967). Une première tentative live de Pierre Tchernia pour la télévision, Deux Romains en Gaule (1967), échoue lamentablement : on est encore loin, à l'époque et à l'O.R.T.F., d'imaginer les moyens dont disposeront trente ans plus tard Claude Zidi (1998), puis Alain Chabat (2001) !

Même en 1981, tandis que sort à l'écran Conan le Barbare et que Jean Yanne démarre le tournage - en Tunisie - de Deux Heures moins le quart av. J.-C., l'annonce d'une Guerre des Gaules, superprode avec Paul Preboist et... Greta Garbo, secrètement tournée par Francis Ford Coppola sur un scénario de Marguerite Yourcenar, ne sera rien de plus que le «Poisson d'Avril» du magazine Télérama.
Ah ! la couverture : l'affiche d'Autant en emporte le vent, avec la tronche pas possible de Préboist à la place de Clark Gable ! Quelques semaines plus tard, à Cannes, Patrice Drevet de TF1 et Michel Thoulouse de L'Evénement surenchérissaient avec un autre canular, Le Barbare des Dieux. Aveu d'un désir inavoué et inavouable de la cinématographie française ? Le chant des sirènes ? Un mirage...

 

guerre des gaulkes - garbo et preboist

La Guerre des Gaules de Francis Ford Coppola (1981)... avec le plus franchouillard des acteurs dans le rôle du héros romantique : seulement un canular, ou bien une pensée inavouable ?

 

Images d'Epinal

Le producteur de L'Armée des Ombres avait soigneusement astiqué sa mythologie républicaine. Un premier jet de scénario fut préparé avec le concours d'une historienne du C.N.R.S., Anne de Leseleuc - mieux connue des téléspectateurs et des amateurs de théâtre sous le nom d'Anne Carrère. Le romancier américano-parisien Norman Spinrad et le scénariste Rospo Pallenberg, qui avait travaillé sur Excalibur et Le Seigneur des Anneaux, révisèrent sa copie. On était donc en droit d'espérer beaucoup de ce premier super-péplum 100 % f-r-a-n-ç-a-i-s. Enfin... franco-canadien, tout comme La Guerre du Feu de J.-J. Annaud d'après le roman préhistorique de Rosny Aîné, autre superproduction de Dorfmann. Le producteur-réalisateur voulait faire quelque chose de très éloigné de ce que produit ordinairement le cinéma français, par essence allergique aux sujets historiques antérieurs au XVIIe s. (6).

Il ne s'agit donc pas de refaire Deux Heures Moins le Quart av. J.-C. et moins encore Astérix et Obélix contre César, en dépit du fait que le film, en somme, traite des mêmes personnages historiques et ceci quasiment dans les mêmes costumes.

«En 52 av. J.-C. toute la Gaule est conquise (...) sauf un petit village qui résiste encore.» Tirant sa légitimité des derniers soubresauts de la Gaule après la chute d'Alésia - dont question au Livre VIII (7) de La Guerre des Gaules -, Astérix, symbole du Français cocardier et râleur, n'était rien d'autre que la démarque comique et le prolongement de Vercingétorix. Quasiment dans les mêmes costumes, disions-nous. Car si les accoutrements et cottes de mailles gaulois du film sont plus ou moins justes, hors les ridicules casques à cornes, ceux des Romains en revanche perpétuent le cliché de la lorica segmentata. L'armure faite de bandes métalliques articulées ne se généralisera pas avant le règne de Tibère, au siècle suivant (on en a toutefois trouvé des fragments au pied du mont Kalkriese, dans le Teutoburgerwald, là où en 9 de n.E. furent exterminées trois légions d'Auguste). Ce cliché historiographique dont témoigne, parmi d'autres, la BD de Goscinny et Uderzo, remonte - en fait - à L'Histoire de Jules César de Napoléon III (8). Après l'expert tacticien qu'avait été son oncle Napoléon Ier, l'empereur-historien - qui n'était pas un foudre de guerre ainsi qu'il le démontra en 1870 - s'était lui-aussi plongé dans l'étude des campagnes de Jules César en France. De 1861 à 1865, il avait fait fouiller le site d'Alise-Sainte-Reine où furent reconnues les fondations d'Alésia, l'oppidum des Mandubiens et les travaux de contrevallation et circonvallation de César. Tout en proclamant la gloire du grand Jules, l'Empereur des Français tira de l'oubli la mémoire de Vercingétorix, allant jusqu'à prêter ses traits à la statue du chef des Arvernes que, sur son ordre, le sculpteur André Millet érigea sur le mont Auxois en 1865. C'est de cette époque que date l'image de Vercingétorix, le Gaulois moustachu armé d'une épée de bronze et revêtu d'une armure des temps protohistoriques.

 
vercingetorix vercingetorix

Napoléon III inspira les traits de la statue de Vercingétorix par Aimé Millet, érigée à la pointe ouest du Mont-Auxois en 1865 (photo Ph. Gillet - extr. Dossiers d'Archéologie, n° 305). Mais Vercingétorix était glabre et avait les cheveux courts, comme l'atteste cette monnaie à son effigie (statère d'or de Vercingétorix provenant du trésor de Pionsat, Puy-de-Dôme. Musée des Antiquités nationales)

 

Les légionnaires romains

Pour les équipements Romains, l'Empereur avait fait relever ceux des légionnaires figurés sur la Colonne trajane, postérieurs de près de cent cinquante ans. En fait les légionnaires de César, en -52, portaient des chemises de mailles (lorica hamata) ou d'écailles (lorica squamata), et différents modèles de casques italiques «Montefortino» et étrusco-corinthiens, ainsi que l'a révélé dans les années '70 l'examen par Jean-Pierre Adam (9) de plus de 300 monuments funéraires romains de Provence, datés du Ier s. av. n.E.

 

legionnaire romain

legionnaire romain

legionnaire romain

Trois aspects du légionnaire romain. Depuis la fondation de Rome (-753), jusqu'à sa chute en +476, l'équipement du légionnaire - dans l'imaginaire collectif - n'aurait jamais évolué...
A. Le légionnaire de Jules César (-50 : fin de la République. Remarquez le casque italique «Montefortino», la cotte de mailles (lorica hamata) d'origine celtique, avec surajouté un protège épaules en U, à la grecque, et le grand bouclier ovale (clipeus). Notez le glaive court accroché au ceinturon - dessin de Peter CONNOLLY, L'Armée romaine, Chantecler, 1976.
B. Le légionnaire du Haut-Empire (+30). Avec son casque «impérial gaulois» à large couvre nuque, sa cuirasse à bandes métalliques articulées (lorica segmentata) et son grand bouclier quadrangulaire (scutum), ce type de légionnaire apparaît vers l'époque de Tibère (emp. 14-37). La cuirasse faite de larges plaques de métal est plus économique à réaliser (une chemise de mailles étant faite de quelque 40.000 anneaux de fer rivetés un à un) tombe à peu près droite sur les hanches. Notez le glaive suspendu à un baudrier (balteus) - doc. Ermine Street Guard.
C. Le légionnaire de la Colonne trajane (campagnes de Trajan en Dacie : 101-102 et 105-106 de n.E.). Il porte lui aussi la lorica segmentata, mais son scutum est beaucoup plus petit et à peine bombé. Notez son casque caractéristique avec sa médiocre protection de la nuque et son renfort cruciforme, sommé d'un anneau de fixation - extr. d'Albert MALET, L'Antiquité. L'Orient, la Grèce, Rome - Classe de sixième, Hachette, 1916.

 
Trois aspects du légionnaire romain. Depuis la fondation de Rome (-753), jusqu'à sa chute en +476, l'équipement du légionnaire - dans l'imaginaire collectif - n'aurait jamais évolué... Il n'en est rien, bien évidemment.
C. est le légionnaire romain type, tel que l'a fixé la vision «romantique» (?) du Second Empire et les modèles de Saint-Germmain-en-Laye, puis popularisé par les «Histoire du Costume» (Hottenroth, 1883, Racinet, 1876-1888). Notez la lorica élégamment cintrée, les protèges-épaules étroits, les couvre-joues menus. Pendant un siècle - de 1865 à 1973 - on n'imaginera pas les Romains autrement : en BD, c'est celui des «Alix» de Jacques Martin (1ère manière) et des aventures d'Astérix. Au cinéma, on va le retrouver dans les péplums tant américains qu'italiens (Perruzzi, Bermans & Nathans). Dans les réserves de Cinecittà, on en trouve des modèles «façon métal», aussi «façon cuir» (dont on ne voit pas l'intérêt mais, soit...).
B. Dans le courant des années '70, sous l'impulsion des travaux de Robinson Russell, ce modèle impérial - qui correspond à la conquête de la Grande-Bretagne, sous Claude - rencontre la faveur des groupes de reconstitutions comme la XX Legio Valeria Victrix, l'«Ermine Street Guard». Inusable, on va le retrouver à l'écran dans les films des années '80 (Masada) et suivantes. Dans Vercingétorix et Astérix et Obélix contre César, il coexiste avec C. (niveau casques). On le trouve également dans Gladiator (sauf que les casques avec la visière dans le prolongement du bord et le couvre-nuque façon «queue d'écrevisse» factice, font davantage songer à la Guerre Civile anglaise (la grille faciale en moins) qu'à l'Empire romain).
A. Le modèle que l'on devrait voir dans tous les films consacrés à l'époque de Jules César, si le cliché de la lorica segmentata n'était si incontournablement figé dans l'imagination du grand public (sans oublier la circonstance de l'impondérable économique, encore qu'il soit possible de faire des cottes de mailles factices à bon marché, en cordelette tricotée).
 

legionnaire romain

Les légionnaires romains... façon Second Empire de Vercingétorix !

 
Jacques Dorfmann et Maratier, son armurier, ont-ils voulu perpétuer l'imagerie napoléonienne de la Guerre des Gaules ? Peu probable. Ils se sont plus vraisemblablement inclinés devant des impératifs économiques en réutilisant le matériel déjà disponible chez les costumiers. Leurs légionnaires portent du reste le casque de type «impérial gaulois», à large couvre-nuque, très différent de ceux que l'on voit aux modèles de Saint-Germain-en-Laye proposés par les archéologues officiels du Second Empire (10).
De toute évidence, le producteur-réalisateur de Vercingétorix a surtout voulu célébrer le mythe républicain issu de la Révolution française. Dans son «Commentaire audio» sur le DVD, il se réfère : 1) aux clichés scolaires de son enfance; 2) à son interprétation personnelle des événements. Jusqu'avant la Révolution, le chef arverne n'avait été qu'un obscur protagoniste de l'Histoire romaine. Avec la chute de l'Ancien Régime, l'Histoire de France cessa toutefois de commencer avec son premier roi, Clovis, mais ajouta un nouveau chapitre «Les Gaulois». Autant dire que l'épopée de la Guerre des Gaules allait désormais évoluer dans une autre dimension. Avec le «mythe des races», les révolutionnaires de 1789 allaient distinguer les descendants des Gaulois (le peuple) des descendants des Francs oppresseurs (l'aristocratie). Bientôt, Amédée Thierry célébrerait Vercingétorix comme un jeune héros «romantique», tandis que Michelet le priverait de son nom (vercingétorix, le «roi des grands guerriers» aurait été un titre de chef de guerre, un peu comme vergobret). Mais après l'épisode de Napoléon III, le mythe de Vercingétorix - tout en restant populaire - s'écailla un peu.
Localisations du site d'Alésia

Par esprit de contradiction, en effet, les opposants politiques au maître du défunt Second Empire prirent parti pour l'une ou l'autre identification d'Alésia, qui ne pouvait avoir été Alise Sainte-Reine ! On en dénombra plus d'une demi-douzaine dont Alès dans le Gard (!), Izernore dans l'Ain, Novalaise en Savoie, Aluze en Saône-et-Loire, Auxonne en Côte-d'Or, Luxeuil dans la Haute-Saône et Salins dans le Jura, toutes plus improbables les unes que les autres - mais qu'est-ce que c'est bon de dénigrer l'archéologie officielle du «tyran» !
 

alesia

Neuf «Alésia» hypothétiques, parmi d'autres : il manque Syam-Cornu, en Franche-Comté (1962). Néanmoins, à ce jour Alise-Sainte-Reine est demeurée incontournable ! (extr. Préhistoire et archéologie, n° 37, décembre 1981, p. 26)

 

Défendue par le fameux Georges Colomb - sous le pseudonyme de Christophe, auteur du «Sapeur Camembert» et de «La Famille Fenouillard» -, l'identification d'Alésia avec Alaise, dans le Doubs, eut la vie dure. Et à peine Jérôme Carcopino croyait-il l'avoir définitivement réfutée (11) que, last but not least, une nouvelle théorie voyait le jour en 1962, localisant cette fois Alésia à Syam (Jura) (12). S'érigeant contre la discutable hypothèse de Carcopino - qui avait dû imaginer des «Séquanes de l'Est» pour justifier l'identification «officielle» d'Alésia avec Alise-Sainte-Reine (13) -, André Berthier s'appuyait sur l'examen minutieux des cartes d'état-major. En fait, faute de permis de fouilles, l'on ignore aujourd'hui encore si les vestiges pressentis sont romains ou mérovingiens.

C'est cependant la IIIe République qui porta Vercingétorix au pinacle de la popularité patriotique. Sublimant la défaite française de 1870, la reddition puis la mort du héros arverne lui conférèrent l'aura du martyr. Le vaincu d'Alésia incarna désormais l'esprit français de sacrifice, et l'espérance d'une revanche contre ces Prussiens dont la cavalerie, au temps de César déjà, avait à maintes reprises brisé les espoirs gaulois de liberté. La peinture officielle va alors célébrer Vercingétorix : Henri-Paul Motte (1860), Francis Ehrmann (1869), Lionel Royer (1899). De nombreux autres sujets gaulois seront traités par Evariste Luminais, Jean Lecomte de Nouÿ, Octave Penguilly-L'Haridon, Alphonse Cornet, F. Schutzenberger, etc.

 
vercingetorix

Henri-Paul Motte, Vercingétorix se rendant au camp de César (1860) (couv. A. de LESELEUC, Vercingétorix, Archipel, 2000); François Ehrmann, «Vercingétorix appelle les Gaulois à la défense d'Alaise» (1869) (Musée des Beaux-Arts, Clermont Ferrand - extr. M. REDDÉ, Alésia, op. cit.); Lionel Royer, Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César (1899) (Musée Crozatier, Le Puy-en-Velay - couv. Georges Bordonove, Vercingétorix, PressesPocket)

 

En 1900, Camille Jullian bétonne définitivement la figure du héros sacrifié dans un ouvrage enfin scientifique où il célèbre le rêve d'une union des tribus gauloises. C'était le discours que voulait entendre la France irrédentiste. Leurs moustaches gauloises au vent, les «poilus» de 14 iront à l'hécatombe en réclamant la restitution de l'Alsace et de la Lorraine. La Grande Guerre finie, plus d'un monument aux morts figurera le héros arverne.

Arrive la Guerre 40-45, qui fera planer une certaine ambiguïté sur notre personnage car, si tout naturellement la figure de Vercingétorix inspire la Résistance (d'autant que par une curieuse coïncidence, à Londres, c'est un certain général «de Gaulle» qui lance l'appel du 18 juin), Vichy ne se fait pas faute de s'en réclamer elle-aussi. «En 1942, rappelle Patrick Girard (14), lors d'une cérémonie sur le site historique de Gergovie, le maréchal Pétain, qui avait, lui aussi, fait don de sa personne à la France, évoquait, à l'appui de sa politique de rapprochement avec l'Allemagne, «le sacrifice salvateur de Vercingétorix qui a permis aux Gaulois de sortir du marasme en collaborant avec le vainqueur»

 

gaule (centre)

Les principaux peuples du centre de la Gaule (extr. Dossiers d'Archéologie, n° 305)

V. La Guerre des Gaules revue et corrigée

Les causes de la guerre

Il est bon de le rappeler, la conquête romaine fut d'abord une guerre civile entre Gaulois. Ce sont les Eduens (Bourgogne), depuis plus d'une demi-siècle «amis et alliés du peuple romain» (-120), qui à la demande de leur druide Diviciacos ont appelé Jules César en Gaule pour qu'il les débarrasse des Germains d'Arioviste. Or ces Germains avaient été appelés contre eux par les Séquanes et les Arvernes, leurs ennemis héréditaires. Le «roi» des Arvernes, Celtill, et Catamantal roi des Séquanes, avaient lancé contre les Eduens le Suève Arioviste et sa horde de 120.000 âmes. Le «barbare germain» - qui soit-dit en passant pouvait lui aussi se prévaloir du titre d'ami des Romains - occupa sans façons le territoire des Eduens et, tant qu'à faire, une partie de celui des Séquanes !

Il ne restait plus aux Eduens qu'à solliciter les secours de leurs amis, les Romains. Durant de longues années, le Sénat ne voulut rien entendre. Jusqu'à ce jour de -58 où entra en fonction un nouveau proconsul des Gaules cisalpine et transalpine et d'Illyrie, Jules César. En quête de quelqu'action d'éclat, celui-ci les écouta favorablement. «Toutes les catastrophes avaient surgi depuis la chute de Bituit (15) : querelles politiques, guerres fratricides, appel aux étrangers germains ou romains. L'alliance des trois rois [le riche aristocrate éduen Dumnorix (16), Orgetorix roi des Helvètes et Casticus fils de Catamantal, roi déchu des Séquanes] pouvait sauver la Gaule de l'anarchie, défendre son autonomie face à la menace germaine au nord et empêcher Diviciacos d'introduire en terre celte les légions romaines», écrira A. de Leseleuc (17).

 

eduens sequanes

Les frontières des peuples du Centre-Est de la Gaule : on y voit entre les Arvernes au S.-O. et les Séquanes à l'E., le territoire des Héduens ou Eduens. Et, au N.-E., celui des Lingons sur le plateau de Langres. Eduens et Lingons sont, tous deux, pro-romains comme c'est souvent le cas chez les tribus par où passe l'axe commercial rhodanien. Entre Eduens et Lingons : Alésia et le territoire des Mandubiens, peuple satellite. Séquanes et Arvernes avaient appelé Arioviste et ses Germains pour occuper le territoire des Eduens, avec la complicité du chef du parti républicain-aristocratique Dumnorix, gendre du roi des Helvètes. D'où l'appel à l'aide du frère de Dumnorix, le druide Diviciac, chef du parti populiste - appel que Rome mit, tout de même, dix-sept ans à entendre ! Comme dans la fable de La Fontaine, les plaideurs en furent pour leurs frais, et le conflit gallo-gaulois se termina par l'annexion par Rome.
(D'après un dessin de Ph. Barral dans Territoires Celtiques. Actes du XXIVe Colloque international de l'AFEAF (D. Garcia & F. Verdin éd.), Errance, 2002 - extr. M. REDDÉ, Alésia, op. cit.)

 

La Guerre des Gaules revisitée
Reste la problématique scénaristique d'imaginer un «point de vue» gaulois en se basant sur l'unique source, César (et ceux qui s'en sont inspirés).
Du haut des murs de Gergovie, les Gauloises se dénudent la poitrine pour s'offrir à la pitié des vainqueurs (G.G., VII, 47); dans le film, c'est pour narguer la virilité des Romains, les ralentir, qu'elles se dévêtent avec des gestes provocants.

 
femmes gergovie
 
femmes gergovie

Lors du siège d'Avaricum, comme les défenseurs s'apprêtaient à subrepticement évacuer la ville, abandonnant femmes et enfants à la discrétion des légionnaires romains, celles-ci n'eurent d'autre ressource que l'alerter l'ennemi romain en criant du haut des murailles afin que ceux-ci empêchassent leurs hommes de quitter la ville (G.G., VII, 26).
A Gergovie, le scénario fut un peu différent. Tandis que s'avançaient les Romains, «les mères de famille jetaient du haut des murs des étoffes et de l'argent et, le sein découvert, penchées et tendant leurs mains ouvertes, elles suppliaient les Romains de les épargner, de ne pas les massacrer, comme ils avaient fait à Avaricum (...); plusieurs, se suspendant aux mains de leurs compagnes et se laissant glisser, venaient se rendre aux soldats» (G.G., VII, 47). César n'en dit pas plus, mais nombre d'historiens ont rapproché cet épisode de récits irlandais - par exemple lorsque les femmes d'Emain Macha se dénudent pour arrêter l'enfant Cûchulainn, qui alors pudiquement détourne la tête -, où il est question de femmes qui, troussant leurs jupes, montrent leur sexe dans le but de décontenancer l'ennemi, de lui jeter une sorte de «mauvais œil». Les auteurs de bandes dessinées ont aimé à en faire un épisode paillard : les femmes exhibent leurs parties naturelles en se moquant des Romains, les défiant de venir les rejoindre. Elles espèrent ainsi les voir rompre leurs formations. Dans la BD de Mitton et Rocca, Væ Victis, elles finissent même par descendre de leurs murs, armes à la main, et se mêler aux combattants. Le film de J. Dorfmann a bien entendu lui aussi tiré parti de la croustillante anecdote.
(Jean-Yves MITTON & Simon ROCCA, Critovax, au-delà de l'ignominie ! (Væ Victis/14), Toulon, Soleil éd., 2004)

 

Le jeu des scénaristes va consister à systématiquement dire noir quand Jules avait dit blanc, ou l'inverse. A passablement le diaboliser, aussi. Ainsi le César du film justifie-t-il - en les endossant cyniquement - les accusations de Dumnorix, du reste rapportées par le César historique dans ses «commentaires» (18). Mieux, dans le film, le proconsul romain envoie en Grande-Bretagne les seuls Gaulois, restant lui-même tranquillement sur le continent avec ses légions (?). Faut pas pousser ! César enjolivait peut-être la relation de ses exploits militaires, mais pas au point de falsifier des faits dont pouvaient témoigner ses officiers (19). Donc, s'il a écrit avoir débarqué en Grande-Bretagne avec deux légions et 2.000 cavaliers gaulois, c'est qu'il l'avait réellement fait !

Du point de vue césarien, Dumnorix était un traître avéré : préfet de la cavalerie auxiliaire éduenne, cet anti-romain convaincu était le frère et protégé du druide pro-romain Diviciacos. En outre, il était le gendre du roi des Helvètes, Orgétorix. De connivence avec eux, Dumnorix s'était délibérément laissé battre par ceux-ci à Montmort, manquant de conduire au désastre l'armée de César (-58) (G.G., I, 18-20).
Bon prince mais nullement dupe, le proconsul romain ne le ménageait que pour ne pas se mettre à dos son frère Diviciacos, pion majeur de sa stratégie. Mais c'était un peu comme si en 1944 les Américains auraient confié le commandement de la 101e Airborne à Sepp Dietrich !

Nous l'avons vu, le péplum italien nous avait habitué à une certaine désinvolture avec Vercingétorix, lequel, d'un point de vue transalpin, n'est - après tout - qu'un chef barbare parmi d'autres. On était toutefois en droit d'espérer un peu plus de fidélité de la part de la réplique française. Bien sûr, on ne peut pas faire un film en mettant bout-à-bout une demi-douzaine de batailles rangées (20). Aussi fallait-il s'attendre à quelques ellipses, quelques simplifications de sa déjà courte existence. Entre le moment où Vercingétorix se met à la tête des révoltés et celui de sa reddition, à peine neuf mois se sont écoulés... On pouvait aussi s'attendre à ce que soient gommées les atrocités qu'il commit à l'encontre de ses compatriotes récalcitrants (yeux crevés, membres tranchés, bûchers) (21) ou des Romains qui eurent la malchance de tomber entre ses mains ou entre celles de ses alliés... César a évoqué les cruautés de Vercingétorix sans chercher à dissimuler celles de ses propres légions (p. ex. G.G.,, VI, 28, 34 [22], 44; VIII, 44 [23]). Les guerres d'autrefois appliquaient la loi du talion, et il n'est pas si éloigné le temps où tout un chacun applaudissait aux tapis de bombes lancées sur des objectifs civils comme Dresde. Mais à l'heure du droit international et des soldats humanitaires en Casque Bleu, allez montrer au grand public que le héros «résistant» appliquait les mêmes méthodes que l'«occupant». On ose espérer qu'Anne de Leseleuc avait fourni un scénario historiquement fidèle : malheureusement la vérité historique ne suffit pas à faire un bon film et les deux scénaristes «professionnels» qui furent appelés à la rescousse s'en donnèrent à cœur joie, s'employant à rendre Jules César plus noir qu'il était, au mépris de toute vraisemblance d'ailleurs. «Norman Spinrad, auteur de science-fiction, a apporté au film la touche qui en fait une œuvre contemporaine», reconnaîtra Anne de Leseleuc.

Le cinéaste doit louvoyer entre les idées reçues et les réalités archéologiques. Ainsi cette vaste caverne sous Gergovie, qui sert de salle du conseil à Celtill, est ornée de macabres trophées, des crânes humains placés dans des niches (on en voit aussi décorant les portes de la ville), qui rappellent le sanctuaire salyen de Roquepertuse (Bouches-du-Rhônes), mais aussi ceux de Nages et Entremont. Elle contraste avec le palais du chef arverne, lequel dans sa conception n'a rien à envier à l'architecture romaine. Egalement ce fanum (24) que l'on aperçoit au centre de Bibracte, et qui nous semble un peu en avance sur son temps : ce «temple gaulois, apparaît à la moitié du Ier s. av. J.-C.», explique J. Dorfmann. Tout dans le film concourt à donner l'impression que, malgré sa rusticité, la civilisation gauloise n'avait pas grand chose à envier aux Romains. Pourtant, rencontrant Vercingétorix sur le chantier d'une route romaine en construction, l'Archidruide Guttuart remarque avec amertume : «(C'est) un véritable glaive de pierre en plein cœur de la Gaule». Occupé à se battre, César construisit-il des routes empierrées à travers le pays ? En tout cas, le celtisant Yann Brékilien (25), était pour sa part d'avis que les Gaulois disposaient déjà d'un remarquable réseau routier, lequel en permettant aux Romains de déplacer facilement les légions, aurait facilité leur conquête. Mais ces fameuses routes romaines n'étaient-elles pas un parfait symbole de cette «mondialisation», comme ces aqueducs, ces échanges commerciaux, ce progrès dont parle César ?

C'est dans la même séquence que César et Vercingétorix se rencontrent pour la première fois. Par hasard. A moins que ce soit le Destin. Vercingétorix vient de quitter l'école des Druides - ces farouches opposants à Rome - et porte encore leurs braies et leur tunique de toile blanche, au lieu du tartan aux couleurs du clan. Comment croire que César, rencontrant le fils de ce Celtill dont il a six ans plus tôt provoqué la perte (26), et sachant pertinemment qui il est, lui propose tout de go la royauté sur les Arvernes et la citoyenneté romaine, et pour les Gaulois la moitié du butin s'ils consentent à l'accompagner en Grande-Bretagne ? Et même, pourquoi pas - renchérit-il -, la royauté sur toute la Gaule (27) ?
Mais le plus gros reste, sans doute, l'excès de perfidie prêtée à César, déjà évoquée plus haut : le conquérant romain rassemble tous les chefs gaulois et leur propose d'aller envahir (sans lui) la Grande-Bretagne, espérant bien in petto qu'elle serait leur tombeau, ce qui lui laisserait les mains libres sur le continent («J'envoie les Gaulois ! [Pause. A ses banquiers, cynique :] Il faut que m'en débarrasse...»). Or César est bel et bien allé combattre les Bretons dans leur île, à la tête de troupes romaines et de cavalerie auxiliaire gauloise. Il y est même allé à deux reprises. Un premier raid de trois semaines eut lieu à l'automne -55, expédition de reconnaissance au cours de laquelle des rapports diplomatiques furent établis avec quelques tribus. Et l'année suivante, de juillet à l'équinoxe d'automne, une seconde expédition dura une dizaine de semaines au plus, au cours de laquelle il soumit les tribus bretonnes du Sud-Est, obligeant le roi Cassivellaunos à traiter avec lui.

A la suite de quoi, César réintégra le Continent, sans laisser de garnison sur place. C'est à cette seconde expédition que fait allusion le film. César nous dit (G.G., V, 5 sq.) que sur les 4.000 cavaliers gaulois qu'il avait convoqués, il en embarqua la moitié sur dix-huit navires de transport - ceux dont il se méfiait, histoire de les avoir à l'œil en Grande-Bretagne, précise-t-il -, ne laissant en Gaule que les cavaliers fidèles. Ces cavaliers embarqués ne lui furent guère de très grande utilité, car leur flottille fut séparée de celle portant son infanterie.

 

jules cesar

Jules César (Klaus Maria Brandauer) pose pour la postérité

 

Opposé à son frère Diviciacos, pro-romain, l'Eduen Dumnorix avait autrefois joui de l'entière confiance de César, jusqu'à ce que celui-ci apprenne que l'intrigant s'était vanté de ce qu'il lui aurait proposé la royauté sur les Eduens.
Dumnorix refusa catégoriquement de participer à l'aventureuse expédition de Bretagne, alléguant sa peur de la mer (G.G., V, 6 - cf. le film : «J'ai le mal de mer !» [Hilarité générale.]) et se mit à colporter que César avait en réalité l'intention, une fois en Grande-Bretagne, de massacrer sans témoins les plus nobles des Gaulois, dont il se méfiait. César dut faire exécuter le diffamateur (28).

Tel que nous l'avons reçu, ce passage des Commentaires est suffisamment ambigu pour faire le bonheur d'un scénariste, surtout s'il prétend adopter un «point de vue gaulois» qui reste à inventer : «Mais si César a exprimé le point de vue romain dans sa Guerre des Gaules, nous avons tenté d'exprimer le point de vue gaulois dans le film» (Anne de Leseleuc).
César a fait valoir le sien dans ce qui reste notre unique source, ses [Commentaires sur la] Guerre des Gaules. Mais y a-t-il livré le fond de sa pensée ? Etait-ce bien dans le but de tenir à l'œil des alliés remuants ? Chacun d'eux n'était qu'ambition, rêvait d'augmenter son patrimoine à la faveur de la guerre, mais était toujours prêt à courber l'échine quand la fortune des armes souriait aux Romains, quitte à se retourner contre eux au premier revers essuyé par les aigles... En tout cas, les scénaristes choisirent de développer le «point de vue» de Dumnorix, en y rajoutant des détails gratinés :
1) César n'avait pas l'intention d'aller en Bretagne : la seconde expédition n'eut donc pas lieu pour les légionnaires romains, seuls les cavaliers gaulois envoyés à la mort embarquèrent, sous le commandement de Vercingétorix - le héros ! - qui reviendra sur le Continent, en vainqueur des Bretons (29), pour le compte de César;
2) pire encore, c'était César lui-même qui, jadis, aurait tiré les fils de l'assassinat de Celtill, car il redoutait le retour d'une royauté arverne et la constitution d'un Etat fort, capable de s'opposer à ses ambitions. Une certaine morsure d'Epona sur le poignet d'un des hommes de mains, officier de César - plus tard, également meurtrier de Dumnorix - agira comme révélateur de la duplicité romaine... mais nous pose de sérieux problèmes de chronologie. César intriguait-il en Gaule déjà avant son proconsulat de -58 (le film situe en -60 l'exécution de Celtill) ?
C'est la révélation de ce complot qui fait «craquer» Vercingétorix, lequel bascule dans la rébellion...
 
Suite…

 

NOTES :

(1) Reine des Belges selon la documentation de presse, des Suèves selon le CR français imprimé en Italie. Mais l'épouse de Léopold III, Astrid de Belgique (1905-1935) n'était-elle pas d'origine suédoise ?
(Confusion entre le latin Suevi, «Suève» et l'italien Svèzia, «Suède» ? Certes, à part la ressemblance fortuite des noms, il n'y a aucune continuité historique entre les Suédois et les antiques Suèves - lesquels, vaincus par la confédération des Chérusques fin du Ier s. av. n.E. se fixèrent sur les bords du Danube où, sous le nom de Marcomans ils devinrent un satellite de l'Empire romain; lors des invasions barbares du Ve. s. de n.E., les Suèves se fixèrent dans le sud-ouest de la péninsule ibérique...) - Retour texte

(2) Dominique «La Môme Vert-de-Gris» Wilms, qui incarnait Astrid, est d'origine belge. Ce n'était peut-être pas plus compliqué que cela ! (Cf. Ciné Zine Zone, n° 89.) En fait, la VF n'indique pas la nationalité d'Astrid, mais bien la documentation de presse. - Retour texte

(3) C'est ainsi, en effet, que la princesse Gyptis choisit son époux le Grec Protis - fondateur de Marseille (la scène, qui inspira Flaubert dans Salammbô, est incluse en flash back dans Honoré de Marseille de Maurice Regamey, 1956).
Elle avait également été reprise par Jean-Louis VINCENT dans ses Veillées gauloises ou Derniers efforts des Gaulois devant Alise contre l'invasion romaine (1839) à propos du mariage de l'Armoricain Dumnorix. - Retour texte

(4) En fait, adulescens désigne un homme qui, à Rome, n'a pas encore atteint l'âge d'entrer dans la carrière politique (30 ans). Vercingétorix n'était donc pas nécessairement un adolescent tel que nous l'entendons aujourd'hui, contrairement à ce que certains romanciers ont compris. - Retour texte

(5) Si, quand même ! Un certain Georges Combret (Radius Film, Paris) - plus tard réalisateur d'une Malédiction de Belphégor (1967), médiocre séquelle du cultissime feuilleton télévisé de 1965 - est coproducteur de Fort Alésia (1964), dont la vedette était Richard Harrison dans le rôle du chef du commando romain. Et au générique VF de Jules César conquérant de la Gaule un René Thévenet est indiqué comme producteur associé (sans être mentionné dans le Gremese 3, toutefois). - Retour texte

(6) Constitue une heureuse exception, mais c'est plutôt du théâtre filmé : Les Rois Maudits, d'après Maurice Druon, dont l'ambition déclarée avait été de donner à la France une saga de référence, comparable à celle dont le théâtre shakespearien avait pourvu l'Angleterre.
Sur l'horizon d'attente de la télévision française en matière de reconstitution historique, on se reportera à Jacques BAUDOU et Jean-Jacques SCHLERET, Les feuilletons historiques de la télévision française. De Thierry la Fronde à Maria Vandamme, Huitième Art, 1992. - Retour texte

(7) Ce huitième livre, qui traite des événements de -51, n'est pas de la main de César mais fut composé par son lieutenant, Aulus Hirtius. - Retour texte

(8) Publiée anonymement en 1865-1866. Rééd. chez Errance (2001).
Les dossiers de Napoléon III disparurent au cours de la mise à sac de son palais, le 4 septembre 1870 (quelques mois plus tard incendié par la Commune). - Retour texte

(9) Le même Jean-Pierre Adam fit profiter de ses travaux à Jacques Martin qui, lui-aussi, dessinait les légionnaires de Jules César selon la documentation du Second Empire. Dès 1974 et Le Fils de Spartacus, la panoplie des légionnaires romains changea radicalement dans les «Aventures d'Alix». Il vaut la peine de comparer ses évocations d'Alésia respectivement dans Le Sphinx d'Or (1949) et Vercingétorix (1985).
Depuis la fin des '70 la connaissance précise des costumes militaires romains de toutes époques est facilement accessible au public curieux, par le biais des nombreuses publications uniformologiques, destinées notamment aux figurinistes et aux fans d'archéologie expérimentale. C'est le cas notamment de la fameuse collection Osprey, qui a popularisé les travaux de Robinson Russell, l'armurier de la Tour de Londres, dont se sont inspirés de nombreux groupes de reconstitutions en Grande-Bretagne comme sur le Continent. Citons également les ouvrages de Markus Junkelmann, Dan Peterson, Peter Connolly et, en France, Michel Feugère. - Retour texte

(10) Les réserves de la S.F.P. regorgent de médiocres versions «théâtrales» des modèles de Saint-Germain-en-Laye. Gageons que l'armurier français Maratier, costumier de Vercingétorix, s'est tourné plutôt vers les mêmes sources d'approvisionnement que celles auxquelles ont recours les actuels groupes de reconstitution d'époque impériale. - Retour texte

(11) J. CARCOPINO, Alésia et les ruses de César, Flammarion, 1958, 219 p. - Retour texte

(12) On en trouvera un résumé dans la série d'articles de Thierry SECRETAN, «Les mystères d'Alésia», dans Libération, lundi 13-samedi 18 août 2001. Pour plus d'explications sur la localisation d'Alésia à Syam-Cornu, en Franche-Comté, soutenue par André Berthier : COLLECTIF, «Alésia», Les dossiers de l'histoire, n° 38, juillet-août 1982, n° 40, novembre-décembre 1982 et n° 43, mai-juin 1983. - Retour texte

(13) Et voici peu (1992), un officier à la retraite, Emile Mourey, remettait en question d'interprétation des fortifications de César devant Alise-Sainte-Reine. - Retour texte

(14) Marianne, n° 196, 22-28 janvier 2001, p. 69. - Retour texte

(15) Célèbre roi arverne du IIIe s. av. n.E. - Retour texte

(16) Sur les intrigues et la déloyauté de Dumnorix, interprété dans le film par Bernard-Pierre Donnadieu, cf. CÉSAR, G.G., I, 3, 9, 18, 20. - Retour texte

(17) A. de LESELEUC, Vercingétorix ou L'Epopée..., op. cit., p. 71. - Retour texte

(18) CÉSAR, G.G., V, 6 et 7. - Retour texte

(19) Les officiers de César n'étaient pas nécessairement de ses amis : nombre d'entre eux étaient liés à Pompée, à commencer par son bras doit, T. Labiénus. Quant à Q. Cicero, il était le frère puîné de l'orateur M. Cicero (Cicéron), son principal détracteur au Sénat. - Retour texte

(20) Mustapha Akkad l'a fait, dans Le Message, sans doute plutôt par respect religieux. Mais c'est lourd, très lourd, cinématographiquement parlant. - Retour texte

(21) J. Dorfmann les évoque d'ailleurs dans le «Commentaire audio» (bonus DVD). - Retour texte

(22) Selon Léopold Génicot, la soumission des Belges par César fut un véritable génocide (L. GÉNICOT, Histoire de la Wallonie, Univers de la France et des pays francophones, Paris, Privat, 1973, pp. 61-68 - cité par Baudouin DECHARNEUX, «De tous les peuples de la Gaule les Belges sont les plus braves», in Anne MORELLI (sous la dir.), Les grands mythes de l'Histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie, Bruxelles, Editions Vie Ouvrière, coll. EVO-Histoire, 1995, p. 30). - Retour texte

(23) VIII, 44, toutefois, est du calame d'Hirtius. - Retour texte

(24) Temple gallo-romain. On peut en visiter une reconstitution à l'Archéosite d'Aubechies (Belgique). - Retour texte

(25) Yann BRÉKILIEN, La Louve et le Sanglier. Les chemins d'Alésia, éd. du Rocher, 1985. - Retour texte

(26) Dans la logique du film, s'entend. - Retour texte

(27) En fait, c'est à Dumnorix - qui s'en vantait - que César aurait promis la royauté non pas sur toute la Gaule, mais sur les seuls Eduens, sa tribu (G.G., V, 6). - Retour texte

(28) Dumnorix exécuté, la Guerre des Gaules ne mentionne plus son frère Diviciacos, le druide pro-romain des Eduens. Qu'advint-il de lui ? Mystère. - Retour texte

(29) Le film traite toute cette partie du scénario par ellipse. Seul le spectateur très attentif et au courant de l'Histoire risque de réagir... - Retour texte