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Vercingétorix
(Jacques Dorfmann, France-Canada 2000)
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XIV. Conception et tournage
du film
1. Note d'intention (site
officiel)
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Je
ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne peux vouloir être rien.
A part ça je porte en moi tous les rêves du
Monde.
F. PESSOA
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Comment une épopée historique nous donne espoir
au quotidien, ou la découverte d'une histoire que l'on
croyait connaître.
Comme chacun le sait, l'histoire connue de Vercingétorix
tient en une quinzaine de pages écrites par Jules César
dans La Guerre des Gaules.
Tous les récits ultérieurs, notamment chez
Plutarque et chez Dion Cassius, reposent sur l'ouvrage de César,
les Gaulois et les Celtes en général n'ayant pas
laissé de trace écrite, bien que l'écriture
ne soit pas prohibée aux échelons inférieurs
(l'écriture grecque est utilisée pour les nécessités
commerciales); aux échelons supérieurs (pour l'étude
des philosophes, de l'astronomie, de l'astrologie, des courants
telluriques, de la médecine, de la loi des nombres), il
est préféré la leçon orale, qui demande
«concentration» puis «discussion» d'où
résulte la «compréhension» et la «mémoire».
Les Gaulois, contrairement aux idées reçues,
n'étaient pas des barbares. En effet derrière de
grandes murailles de pierres, s'abritaient de belles cités
aux maisons confortables et luxueuses. Chaque cité avait
son gouvernement, une curie où se réunissaient les
notables ou sénateurs. Les royautés démocratiques
voisinaient avec les républiques aristocratiques.
Les tonneaux, les voitures, les moissonneuses, les charrues fabriqués
en Gaule s'exportaient un peu partout. Le travail des métaux
y était intensif.
Un aréopage de sages,
les Druides, cumulait les plus hautes fonctions, tant laïques
que religieuses.
Ils se divisent en quatre catégories : |
- les bardes (poètes) sont vêtus
d'une robe bleue,
- les eubages (enseignants) sont vêtus
d'une robe verte, instruisent les enfants,
- les ovates (prédisent l'avenir) vêtus
d'une robe blanche,
- les druides (dont le sens exact est «très
savant») sages ou prêtres, vêtus d'une
robe blanche, conseillent les ministres, les rois et les
vergobrets (chefs des républiques municipales élus
pour un an),
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avec à leur tête,
un druide unique pour toute la Gaule, l'Archidruide, à
l'époque du film, Guttuart. |
Les cultes se rendaient dans les forêts et près
des sources; le fanum, temple gaulois, apparaît à
la moitié du Ier s. av. J.-C. Les Gaulois n'élevaient
pas de statue de pierre à leur Dieu : l'Incréé
était trop immense pour se rabaisser à la forme
humaine.
L'uvre de César, où l'homme politique
mais aussi l'historien instaure une hiérarchie entre les
faits et les informations et leur impose des enchaînements,
ou les disjoints, en fonction du but qu'il poursuit - Montaigne
le dénoncera comme «les fausses couleurs de quoi
il veut couvrir sa mauvaise et pestilente ambition» -
est le seul témoignage contemporain de la vie de Vercingétorix.
1.1. Une épopée dramatique à travers
un héros qui rassemble
Sachant que «tout discours humain est interprétation,
fusse (sic) le plus honnête», je vous proposerai
un film sur Vercingétorix (resté jusqu'à
ce jour, dans notre inconscient collectif, un grand héros
de notre enfance), à travers les principales étapes
de sa vie.
Douceurs d'une enfance heureuse auprès de son jovial
père Celtill. Horreur de le voir brûler vif sous
ses yeux, trahi par les siens. Longue initiation dans les écoles
druidiques cachées au cur des forêts de la
Gaule. Vengeance féroce de son père. Il s'enfuira
des armées de César, qui le déclarera hors-la-loi.
Elu Chef et Roi des Arvernes, sa foi soulèvera toute la
Gaule. Après le massacre de tous les habitants, vieillards,
femmes et enfants de Bourges par Jules César, il sera contraint
de livrer une bataille devant Gergovie.
Cette victoire l'obligera à une grande et meurtrière
bataille finale qui mettra fin à la Guerre des Gaules,
poussé par l'enthousiasme effréné de toute
la Gaule et par le désir de Jules César d'être
enfin Maître de Rome. Vercingétorix se donnera en
holocauste à Jules César avant d'être assassiné
quelques années plus tard.
Vercingétorix aura pu réunir la mosaïque
d'une soixantaine de tribus gauloises.
Il aura, avec l'aide de Guttuart l'Archidruide, seul élément
fédérateur de tous les Celtes, rassemblé
toutes les énergies par-delà les clans dans un intérêt
commun.
1.2. Comment Vercingétorix devient un mythe, ou le
dépassement poétique
Même dans la défaite, surtout quand l'on accepte
que défaite et victoire soient une seule et même
chose, Vercingétorix a pu former une entité que
l'on appellera la Gaule, que certains même n'hésitent
pas à qualifier de «naissance de la France».
L'Empire romain voulait la maîtrise de l'espace, de
la matière et du temps pour bâtir dans le concret
et le solide; il se voulait éternel.
Le monde celte passe sans cesse de l'autre côté
de la réalité, il voit les énergies et les
lignes de force du Monde, il perçoit la force vitale en
continuelle évolution.
Vercingétorix en se rendant, transforme et surpasse
la défaite, en offrant par-delà sa propre vie, une
continuité de la Gaule et de sa culture. |
Jacques DORFMANN (1)
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2.
Notes de production (press-book)
«Réalisé par Jacques Dorfmann, un des
réalisateurs et producteurs français les plus reconnus
(il a notamment produit L'Armée des Ombres et
La Guerre du Feu), ce film s'inscrit comme l'une des grosses
productions françaises de l'année 2001 et retrace,
au travers d'une grande fresque épique et romanesque, le
parcours méconnu d'un homme vaincu dont l'histoire a pourtant
fait un héros, Vercingétorix.
Film d'une grande rigueur historique, Vercingétorix
est d'abord un film à grand spectacle : «Tout
le monde connaît son nom, explique Jacques Dorfmann,
mais peu connaissent sa véritable histoire : une vie riche
de batailles, d'intrigues, d'histoires d'amour, d'amitié
et de trahison. De quoi faire un film des plus divertissants !»
Le film est construit comme une épopée centrée
autour d'un héros unificateur, qui suit les étapes
de sa vie. Dans le film, Jacques Dorfmann s'attache à décrire
«la tendresse d'une enfance heureuse passée avec
son père, l'horreur de voir ce dernier trahi et brûlé
par son propre peuple, une longue initiation par les druides au
cur des forêts gauloises, puis la vengeance, la diplomatie
avec l'occupant, la rupture avec César, l'élection
comme roi, les différentes batailles qui le conduisent
à Alésia, et enfin la reddition. Un long parcours,
déjà largement simplifié !»
Pour interpréter ce film, Jacques Dorfmann fait appel
à des «pointures» internationales : Christophe
Lambert, Klaus Maria Brandauer, Max von Sydow et Inès Sastre.
Christophe Lambert adhère tout de suite au projet.
«Le script était fort, le personnage impressionnant.
C'était à la fois un film romantique, un film lyrique,
un film d'action, un film de guerre. Du vrai cinéma ! Je
n'avais pas fait de film comme ça depuis Greystoke,
dans un genre complètement différent. Vercingétorix
est un personnage mythique, dont toute la vie se résume
dans cette phrase : «Plus hautes sont les aspirations,
plus cher est le prix à payer.»»
Klaus Maria Brandauer et Max von Sydow se joignent au projet.
«Klaus Maria Brandauer était un César pervers,
ironique, cinglant, très fin aussi, raconte Christophe
Lambert. Quant à Max von Sydow, il apportait, comme
son rôle d'archidruide, douceur et sagesse.»
Enfin, Inés Sastre complète ce casting international.
«Le rôle d'Epona, même si elle a réellement
existé, était assez romancé dans le film.
Mais j'ai surtout été séduite par cette femme,
qui représente la fidélité et le soutien
dans toutes les situations.»
Dès l'origine du projet, Jacques Dorfmann décide
d'apporter le maximum de rigueur historique à son film
et s'adjoint les services de Anne de Leseleuc, une historienne
du C.N.R.S. spécialisée dans la période gallo-romaine.
«Contrairement aux croyances communes, explique Anne
de Leseleuc, les Gaulois n'étaient pas des barbares. Quand
Vercingétorix gagne à Gergovie, ce n'est par une
horde de barbares qui arrive à massacrer une armée,
c'est véritablement un général qui fait un
plan de bataille, et qui arrive à acculer l'ennemi à
la fuite. Non, les Gaulois n'étaient pas des barbares :
derrière les grands murs de pierres se trouvaient de superbes
villes confortables aux luxuriantes maisons (2),
chaque ville avait son propre gouvernement, avec des notables
et des sénateurs. Les démocraties monarchiques côtoyaient
les républiques aristocratiques, et les druides étaient
déjà un clergé puissant. C'était déjà
une société élaborée, autre chose
qu'une tribu de barbares fabriquant des tonneaux !»
En discutant avec Anne de Leseleuc, Christophe Lambert avoue
avoir été très surpris de découvrir
ce que savent les historiens aujourd'hui sur cette période
ancienne. «Il n'y a plus beaucoup de zones d'ombres sur
cette période, même si elle date de deux mille ans
!, rapporte-t-il. En dehors du récit de César
dans La Guerre des Gaules, un peu suspect de partialité,
les différents travaux actuels ont permis une connaissance
plus précise de l'époque et de la culture gauloise.
Vercingétorix porte un nom connu, mais dans le fond, sa
vie est ignorée : c'est souvent le propre des vrais héros.»
2.1. Le scénario
Jacques Dorfmann et Anne de Leseleuc ont travaillé
pendant deux ans sur l'écriture du script, à partir
de documents historiques riches, dont principalement le livre
VII de La Guerre des Gaules de Jules César,
La Vie de César du Grec Dion Cassius, l'étude
des «batailles de César et Vercingétorix»
de Napoléon Ier, ainsi que des comptes rendus de fouilles
archéologiques (Bibracte, Gergovie, Alésia).
«Et la culture historique monumentale de Anne de Leseleuc
!» rajoute Jacques Dorfmann ! «Le déroulement
des faits historiques de Vercingétorix est rigoureux,
explique Anne de Leseleuc. Mais si César a exprimé
le point de vue romain dans sa Guerre des Gaules, nous
avons tenté d'exprimer le point de vue gaulois dans le
film.»
La collaboration de Jacques Dorfmann et Anne de Leseleuc fut constructive.
«Dans un premier temps, raconte Anne de Leseleuc,
j'ai établi (d'après Jules César) la succession
chronologique des actions de Vercingétorix. Nous l'avons
humanisé par la connaissance que j'avais de l'étude
de la civilisation gauloise. Pour l'intrigue romanesque, j'ai
veillé à ce qu'on reste dans le «vraisemblable»
quand la vérité historique était inconnue.
Norman Spinrad, auteur de science-fiction, a apporté au
film la touche qui en fait une uvre contemporaine.»
L'un des soucis de Jacques Dorfmann et d'Anne de Leseleuc
était de ne pas être récupérés
par des extrémistes de tous bords.
«Chaque période de l'Histoire a déformé
le personnage de Vercingétorix, raconte Anne de Leseleuc,
pour accréditer une démarche de propagande. Vercingétorix
est tombé complètement dans l'oubli aux premiers
temps du Christianisme où les seuls héros devaient
être des saints. Ensuite, Vercingétorix devient un
symbole d'union : il est vraisemblable que la défaite de
1870 a joué son rôle dans l'érection d'un
héros populaire, c'est-à-dire une force venant du
peuple, Vercingétorix incarnant cette idée qu'un
héros peut toujours surgir dans une époque de crise.
Vercingétorix a été également récupéré
pour avoir été leader d'une royauté héréditaire,
ou par les partisans de la démocratie populaire. On peut
lui faire dire ce que l'on veut !»
«Quand à la statue réalisée sous Napoléon
III, qui est en haut d'Alésia, poursuit Anne de Leseleuc,
elle est assez symbolique, parce qu'elle n'a rien à voir
historiquement avec l'aspect de Vercingétorix, mais qu'elle
représente un syncrétisme des hommes de Gaule :
un pantalon avec des lanières mérovingiennes, une
cuirasse de l'époque alchtatienne [«hallstattienne»,
bien sûr ! - N.d.M.E.] (VIe s. av. J.-C.), une moustache
de 250 av. J.-C. Ce sont vraiment des attributs gaulois, mais
qui se baladent sur cinq siècles d'histoire, comme si aujourd'hui
on réalisait une statue avec une perruque du XVIIe, avec
une armure de la Renaissance, un jean et des baskets ! C'est ce
genre d'écarts et de récupérations que nous
voulions éviter !» conclut Anne de Leseleuc.
2.2. Les décors
Afin de faire coexister véracité historique et
fresque épique, Jacques Dorfmann confie les décors
à Didier Naert.
«Le film est censé se passer pendant les 30 années
de vie de Vercingétorix, jusqu'en 46 av. J.-C., décrit
Didier Naert. Il fallait reconstituer les décors de
villes, appelées oppidums, telles que Bibracte, Gergovie
ou Alésia. Ces villes étaient construites sur des
hauteurs naturelles du relief. C'est à Sofia, en Bulgarie,
que nous avons trouvé le site le plus approprié
pour implanter les décors : un site vierge, sauvage et
magnifique à proximité de la ville et des studios.»
«Les oppidums, poursuit Anne de Leseleuc, étaient
des lieux très actifs de transactions commerciales, traversés
par plusieurs voies qui en structuraient l'urbanisme. Les récentes
fouilles ont permis de mettre au jour sur le mont Beuvray d'anciennes
fondations de l'habitat gaulois et des objets de la vie quotidienne
de la civilisation celtique. C'est à partir de ces documents,
et du travail fait avec Jacques Dorfmann et Didier Naert, qu'ont
été imaginés les décors du film.»
«Pour les décors, poursuit Didier Naert,
il ne s'agissait pas de reconstruction mais plutôt de restitutions.
On ne reconstruit pas une ambiance mais on en cherche les éléments
les plus évocateurs, les plus significatifs ou en tout
cas ceux qui vont dans le sens du récit du film. L'espace
cinématographique n'est pas celui de la réalité
: les décors sont souvent construits en perspective forcée
afin de simuler l'étendue des villes, avec des fortifications
monumentales et des remparts armés de poutres.»
«Afin de reconstituer plusieurs villes, poursuit Didier
Naert, certains décors étaient déplacés
ou substitués pour transformer les espaces publics. Des
bâtiments types tel que le fanum (lieu de culte)
ou la halle (lieu de rassemblement politique) ont servi à
ces substitutions. De la même façon, les toitures
d'une ville étaient recouvertes de chaume pour certaines,
de lauze (des pierres plates) pour d'autres. Enfin, le découpage
des séquences du film, les champs et contrechamps tournés
alternativement à Belogradchik et Sofia, ont permis de
varier les décors.»
Les décors ne s'arrêtaient pas à des plans
larges de villes fortifiées. Didier Naert raconte :
«Nous avons aussi restitué au mieux des maisons spacieuses,
modestes, mais décorées. Il n'existe pas de documents
pouvant traduire les couleurs utilisées à l'époque
: nous nous sommes donc rapprochés des teintures naturelles
utilisées pour les vêtements tissés.»
La plupart des armes venaient de France, de l'armurier Maratier,
des accessoires spécifiques venaient de Londres, le mobilier
avait été dessiné et construit selon les
documentations fournies dans les studios de Sofia.
«Notre base de documentation, conclut Didier Naert,
était très précise et très dense,
ce qui présentait donc du même coup d'énormes
contraintes historiques. Il nous fallait cependant réinventer
un univers visuel riche, juste et vraisemblable, qui puisse être
le socle d'un film de divertissement épique : c'était
un challenge incroyable et passionnant.»
2.3. Alésia
La principale reconstitution de décors fut évidemment
Alésia, reconstituée à Belogradchik, au nord
de la Bulgarie :
«Alésia devait être une guerre psychologique,
raconte Christophe Lambert. Affamer ses adversaires et
tenir. C'était une guerre des nerfs. Quand les armées
de secours attaquent, César sait qu'il a gagné,
et Vercingétorix qu'il a perdu. C'est là tout le
côté lyrique du film, car Vercingétorix sait
dès l'attaque qu'il a perdu.»
Anne de Leseleuc apporte quelques précisions historiques
sur ce siège.
«Alésia était située sur le mont
Auxois qui est un site naturellement fortifié par des corniches
rocheuses qui dominent les vallées d'environ 150 m. César
avait bloqué les forces de Vercingétorix par une
ligne fortifiée - la contrevallation - flanquée
de tours, tous les 15 à 17 m, et précédée
par un système de fossés et de pièges. Les
Romains s'étaient à leur tour protégés
contre l'armée gauloise envoyée au secours de Vercingétorix
en édifiant une seconde ligne - la circonvallation - construite
tantôt en pierre tantôt en bois et en terre. Des travaux
gigantesques, réalisés par 40.000 soldats : plus
de 40 km de fortifications édifiés en si peu de
temps !»
«Pour les décors, sourit Didier Naert, il
ne s'agissait pas de rivaliser avec César ! Plutôt
d'utiliser des astuces de caches et d'axes de prises de vues qui
donnent l'illusion recherchée. Les duplications numériques
ont été réalisées en postproduction
pour compléter les décors déjà grands
que nous avions construits.»
2.4. Les costumes
C'est Edith Vespérini qui se charge de la réalisation
des costumes, avec les mêmes contraintes historiques et
de spectacle.
«Nous avons dû faire avec les mêmes matières
qu'il y a deux mille ans ! s'exclame Edith Vespérini.
Nous savions qu'ils utilisaient la laine, le lin, et même
la soie qui venait de Chine, car ils faisaient beaucoup de commerce.
Les Celtes étaient de bons vivants, ils aimaient ce qui
est beau, mais ils étaient aussi fainéants, et leurs
vêtements étaient parfois grossièrement aboutis.
En revanche, ils portaient de superbes parures d'or et de métaux
précieux.»
Un peu comme les Ecossais, les Gaulois avaient des tissus
spécifiques dans chaque tribu, considérés
comme des blasons. «On en a retrouvé dans des
tombeaux, réalisés avec des teintures naturelles
à base de plantes. Il fallait donc que nous choisissions
des couleurs pour chaque ville. Pour Gergovie, par exemple, j'ai
pensé à des tons chauds à base de jaune,
rouge et vert, tandis que pour Alésia, j'ai utilisé
des tons plus froids à base de bleu, vert, et de noir.»
La réalisation des costumes de Vercingétorix
fut un travail considérable, souligne Edith Vespérini
: plus de 3.500 costumes ont été réalisés
en 4 mois !»
2.5. La photographie
Stefan Ivanov, le directeur de la photographie, était
chargé de donner une image imposante et authentique.
«C'est un défi de superviser la photographie
d'un film historique du premier siècle avant Jésus-Christ.
Avec des moyens techniques contemporains, nous devions créer
une lumière adéquate à l'époque historique,
un équilibre assez délicat entre les scènes
complexes de fêtes, de brasiers, de vie ou de batailles.»
«Le tournage d'un film historique n'est pas chose simple,
raconte Stefan Ivanov. Il exige une logistique très
complexe mais malgré la composition internationale de l'équipe,
nous avons réussi à fonctionner efficacement. Le
tournage des scènes à dialogues qui devaient être
filmées en deux versions - française et anglaise
- exigeait le double de temps et raccourcissait le temps de préparation
de chaque plan. Ceci nous faisait des horaires très chargés
et il fallait trouver des solutions fonctionnelles et pas trop
complexes, sans pour autant faire de compromis.»
Jacques Dorfmann souhaitait vraiment respecter dans les scènes
de batailles une réelle authenticité de la confrontation
entre les deux armées.
«Mais en même temps, poursuit Stefan Ivanov,
il ne fallait pas perdre de vue les personnages principaux ! Le
prises de vue des scènes de bataille ont été
tournées à quatre caméras et avec une grande
diversité d'angles. Il y avait toujours une caméra
en longueur focale qui ne perdait pas de vue Vercingétorix
et César avec l'idée de garder la dimension humaine,
même au cur de la confrontation. Il fallait donner
le sentiment, complète Jacques Dorfmann, d'une confrontation
entre deux armées mais aussi d'un affrontement entre deux
personnages historiques, porteurs de deux systèmes de valeur.»
«Vercingétorix, dont l'élection marque le
premier vote démocratique occidental, a réussi à
rassembler une mosaïque d'environ 60 tribus gauloises, à
unifier toutes les énergies de la nation, indifféremment
aux querelles de clans, afin de sauvegarder la culture celte.
A l'heure où l'on nous parle de mondialisation, c'est un
personnage d'une étonnante actualité»,
conclut Jacques Dorfmann.
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press-book
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3. Les personnages
(site officiel)
Vercingétorix (Christophe Lambert)
Enfant qui a vu mourir son père brûlé vif
et trahi par les siens.
Après une éducation druidique, il mène la
quête du Père dans le sens mythologique, ce qui l'amène
d'abord à venger ce dernier en tuant son oncle Gobannitio,
puis à s'affranchir de l'esprit de vengeance pour accomplir
le rêve de Celtill : la fédération des tribus
gauloises, et enfin, à le dépasser, en choisissant
le sacrifice de sa liberté et de sa vie pour atteindre
le but qu'il s'était fixé, et qui est plus grand
que lui. Un héros.
Jules César (Klaus Maria Brandauer)
Un génie. A la poursuite éternelle du pouvoir qu'il
obtiendra en devenant maître de l'Empire romain et immensément
ambitieux, il finira, faute d'ennemis dignes de lui, par jouer
avec le seul adversaire possible, lui-même, jusqu'à
perdre sa propre vie...
Epona (Inès Sastre)
Princesse des Bellovaques, fille de la chef guerrière Mosa,
c'est la promise de Vercingétorix qui viendra la chercher
dans les bras de César (3).
C'est l'archétype de la femme-mère, qui soutient
son époux et maintient la continuité de la vie.
Elle s'émancipera cependant un peu de cette position en
s'affirmant comme l'égale féminine de Vercingétorix.
Guttuart (Max Von Sydow)
C'est l'archidruide, le chef de tous les druides de Gaule.
Personnage énigmatique et mystérieux, il place la
réflexion et la sagesse au-dessus de tout.
Il voit en Vercingétorix l'homme sur lequel repose la destinée
de la Gaule. Il deviendra le mentor de Vercingétorix et
lui enseignera la magie, le Destin.
Rhia (Maria Kavardjikova)
Rhia est une druidesse et un Maître guerrier. C'est elle
qui va initier Vercingétorix à l'art du combat.
C'est l'archétype de la femme transcendante qui va permettre
à Vercingétorix de mourir et de renaître à
lui-même et d'accéder à la sagesse druidique.
Litavic (Yannis Baraban)
Ami d'enfance de Vercingétorix, il est le symbole de l'amitié
et du mélange qui régnaient dans les écoles
druidiques, où les enfants des différentes tribus
gauloises se côtoyaient sans référence à
leur niveau social ou à la tribu à laquelle ils
appartenaient, symbole de ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui
l'école républicaine.
Dumnorix (Bernard-Pierre Donnadieu)
Lui et son frère Diviciac symbolisent la division qui existe
au sein des peuples gaulois, entre ceux qui souhaitent un accord
commercial avec Rome et l'appartenance à l'Empire (Diviciac)
et ceux pour qui prime le respect de ses propres valeurs et de
sa culture, à travers un esprit de rébellion (Dumnorix).
Moscatos (Vincent Moscato)
Porteur d'armes de Vercingétorix, il incarne la joie de
vivre des Gaulois, la fidélité en amitié
jusqu'à la mort (4). |
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XV. Critiques
(Par ordre alphabétique du support de presse)
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On n'est guère transporté
au-delà d'une plate leçon d'histoire, un brin sentencieuse
et engluée dans une musique insupportable. |
Philippe PIAZZO (Aden)
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Echappé de ses films de science-fiction,
Christophe Lambert goûte aux joies de la reconstitution historique
avec cette grande fresque épique et romanesque sur un héros
martyr. A noter qu'on retrouve Max Von Sydow (L'exorciste) en
druide, Inès Sastre (Par-delà les nuages) en
Epona, épouse du valeureux guerrier, et Bernard-Pierre Donnadieu
qui avait déjà joué sous la direction de Jacques
Dorfmann dans Agaguk. |
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Nous sommes en 2001 après
Jésus-Christ. Toute l'industrie du cinéma est occupée
par des réalisateurs de talent, soucieux de leur mise en
scène, de la cohérence de leurs scénarios et
du talent des acteurs. Toute ? Non ! Un groupe d'irréductibles
tâcherons résiste encore et toujours à la qualité.
Leur secret réside dans une potion magique, Christophe Lambert,
qui leur donne une nanarité surhumaine. Et la vie n'est pas
facile pour les camps retranchés de Nanarorum et de Cinébix.
(...) César et Vercingétorix, les personnages principaux
du film, sont tous deux dénués de la moindre stature,
et balbutient tout du long des dialogues pathétiques dans
lesquels le mot «destin» apparaît dans une phrase
sur deux. |
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Gaulois sans filtre. - Franchement
Christophe, tu déconnes ! Très bien que tu incarnes
Tarzan dans Greystoke et un immortel dans Highlander.
Passe encore que tu interprètes le gangster Salvatore
Giuliano dans Le Sicilien, que tu te laisses tenter par
un rôle de dieu du Tonnerre dans Mortal Kombat. Formidable
même que tu tiennes à jouer les Rantanplan de la
gâchette dans Max & Jérémie... Mais
Vercingétorix, là non, ça craint, même
avec les moustaches de José Beauvais (sic) et la
perruque de Julia Roberts dans Hook. Question de crédibilité.
Crédible dans le rôle de Vercingétorix, Lambert
l'est à peu près autant que John Wayne dans celui
de Genghis Khan dans Le Conquérant, l'une des plus
drôles erreurs de casting de l'histoire du cinéma.
Alors, évidemment, le film part d'un mauvais pied, surtout
que rien autour de l'acteur fourvoyé ne tourne rond. Les
autres comédiens et figurants semblent avoir été
refoulés du plateau du nouvel Astérix &
Obélix tellement ils présentaient ringards, Max
von Sydow livre la plus mauvaise prestation de sa prestigieuse
carrière sous les oripeaux d'un pseudo-Obi Wan Kenobi,
la divinement belle Inès Sastre ferait passer Pamela Anderson
pour la plus douée des élèves de l'Actor's
Studio... Y a même dans le chaudron un ébouriffé
qui ressemble comme un frère jumeau à Jacquouille
la Fripouille... D'autant plus burlesque que le film, abusivement
vendu comme une fresque à la Gladiator, se prend
terriblement au sérieux dans la confrontation du Gaulois
unificateur à un Jules César machiavélique.
Références mystiques complètement oiseuses,
dialogues ampoulés jusqu'au ridicule... Ne manquerait plus
que la réalisation accumule les maladresses de débutant
pour que le naufrage soit entier. C'est le cas. (...) Film
prétentieux et involontairement comique.
(En deux mots : Nos ancêtres les Gaulois avaient seulement
peur que le ciel leur tombe sur la tête. C'est fait.) |
Marc TOULLEC (Ciné Live)
( 5)
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Fidèle aux promesses de ringardise
des derniers films avec Christophe Lambert (Max et Jérémie
qui date de 1992 est son dernier film correct), Vercingétorix...
est un truc long, lent, bavard, bourré d'erreurs, avec
une seule scène de bataille que le réalisateur est
absolument incapable de filmer correctement. |
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Vercingétorix, c'est tout
simplement la nullité 24 images par seconde : un Christophe
Lambert au regard plus inexpressif que jamais, des scènes
de bataille «épiques» qui donnent l'impression
d'avoir été tournées dans un potager (...). |
Nathalie PIERNAZ (Chronic'Art)
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Grande production et hélas
! film raté. |
Jean-Pierre DUFREIGNE (L'Express)
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Bénéficiant d'une image
de qualité mais d'un son faiblard, le film de Jacques Dorfmann
reste l'un des plus drôle (involontairement) jamais diffusé.
Seul à pouvoir rivaliser contre l'incommensurable charisme
médiatique de Jean-Claude Van Damme, Christophe Lambert qui
avait annoncé son retour avec cette grande fresque historique
avait comblé ses fans les plus hardcores (ceux qui se ruent
en salles en bandes pour décrypter le Xieme degré
de ses films et rigoler). |
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Après l'expérience
inoubliable et hilarante de Résurrection, on espérait
ardemment que Christophe Lambert retente l'expérience du
commentaire audio. Malheureusement, ici, c'est uniquement Jacques
Dorfmann qui s'y colle. On se demandait bien comment les propos
du réalisateur allaient pouvoir supporter la mise à
l'épreuve de l'image, si le décalage n'allait pas
être gigantesque. On espérait secrètement qu'il
se justifie mais il n'en est rien et à l'écouter parler
(rarement sur la durée toutefois), il ne semble pas se rendre
compte de l'énormité qu'il a commise. Il se consacre
surtout à évoquer les faits historiques de l'histoire
et les aléas du tournage. Pour comprendre une partie du désastre,
ses interventions sur le générique du début
suffisent largement tout comme celles sur celui de fin. |
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Certes, d'aucuns ironiseront sur
le très relatif charisme de Christophe Lambert et regretteront
que la rigueur extrême du metteur en scène bride la
dimension romanesque du sujet. Peu importe : leurs critiques s'envoleront,
l'uvre restera. |
Laurence HALOCHE (Le Figaro
magazine)
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Alors que la critique s'est déchaînée
avec une rare délectation sur le film, le pire était
à craindre quant au démarrage de Vercingétorix.
Une semaine après sa sortie, le film de Jacques Dorfmann
n'a pourtant pas à rougir de ses premiers résultats
: 222.602 entrées dans 312 salles, soit une moyenne de 713
spectateurs par écran. La débâcle a donc été
évitée. |
Le Film Français,
2 février 2001
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(...) une série Z hypertrophiée
en film de prestige, la pire des catégories. |
Frédéric BONNAUD
(Les Inrockuptibles)
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On est venu,
on a vu, on a été déçu. |
Stéphanie BELPÊCHE
et Barbara THÉATE (Le Journal du Dimanche)
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Maintenant c'est certain : Christophe
Lambert est l'immortel des navets du cinéma français.
Sa stature bancale et son regard de bovin malade contribuent pleinement
à faire de lui l'éternel looser qu'on aime
tant. Rajoutez les moustaches josébovesques et vous obtenez
Vercingétorix, héros du film du même nom que
vous n'irez pas voir. Scène d'ouverture et scène finale,
le Futuroscope de Poitiers est décidément à
l'honneur depuis Mission to Mars : c'est en définitive
une métaphore astucieuse pour ce film débarqué
dans le paysage cinématographique français comme un
OVNI. Ce long métrage de l'inconnu - mais qui devra le rester
- Jacques Dorfmann a pour mérite de rester fidèle
à l'Histoire mais c'est bien le seul : côté
dialogue, parmi les nombreuses subtilités du genre vous avez
Vercingétorix s'adressant à ses fidèles guerriers
: «Vous serez le marteau et je serai l'enclume»,
excusez du peu... Sans oublier les affreux décors, les costumes
immondes (ah ! les capes et couvertures équestres cousues
dans le même tissu à carreaux !), la musique pseudo-techno
rythmant les batailles incompréhensibles et cette «bataille
finale» que tout le monde attend pour enfin quitter la salle
de projection. |
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Articulé autour d'un projet
ambitieux, Vercingétorix échoue pourtant sur
tous les tableaux. Une interprétation désastreuse,
des dialogues anachroniques (...) font basculer le spectateur
dans une vision au second degré. |
Samuel BLUMENFELD (Le Monde)
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(...) Vercingétorix est un
film qui voudrait ressembler à un grand film épique.
Malheureusement, le pari est raté ! Ce film-là s'apparente
plutôt à une mauvaise pièce de théâtre
où les acteurs se sentent obligés de déclamer
(...). |
Nathalie LANIER (Monsieurcinema.com)
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(...) d'une nullité sans nom
(...). |
Pascal MÉRIGEAU (Le
Nouvel Observateur)
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(...) quand l'inspiration pointe
aux abonnés absents, le résultat est souvent décevant
car notre cinéma n'a pas, sur ce terrain, le savoir-faire
et la compétence des professionnels d'outre-Atlantique. |
Olivier DE BRUYN (Le Point)
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Pas une image
qui ne donne l'impression de déjà vu, des moments
inoubliables de comique involontaire (...), une absence totale
de sens dramatique : le fiasco est d'importance. |
Michel CIMENT (Positif)
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Des marteaux, une enclume et des astres.
- Après trente ans d'Astérix, traiter Vercingétorix
au premier degré était un pari aussi ambitieux que
risqué. Aidé de deux scénaristes prestigieux,
Rospo Pallenberg, collaborateur habituel de John Boorman, et l'écrivain
de science-fiction Norman Spinrad, le producteur-réalisateur-scénariste
Jacques Dorfmann traite l'histoire sous l'angle du destin, comme
l'indique une insistante métaphore astrale en prégénérique.
Malgré ces efforts et le luxe de la reconstitution, le film
est difficile à prendre au sérieux. Avec ses postiches
variés, Christophe Lambert ressemble plus au bassiste de
Spinal Tap qu'à un chef gaulois. Les scènes de
bataille, visiblement inspirées de Braveheart, sont
loin d'avoir la lisibilité de leur modèle. Les dialogues,
tantôt trop explicites, tantôt pas assez, contiennent
des perles d'humour involontaire («Gauloises, Gaulois
!») qui donnent au film un second degré. |
Gérard DELORME (Première)
( 7)
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On aurait...
vivement souhaité que cette production relance, enfin,
la carrière plus que déclinante de Christophe Lambert.
Mal nous en a pris ! C'était peut être trop en demander.
Il est maintenant évident que l'acteur Lambert est fini.
A seulement 43 ans !
Comment définir le dégoût profond, la rage immense
que l'on peut ressentir à la vue d'un tel désastre
? Volontairement, je vous propose une «analyse» de ce
film tournant autour de quelques mots clés : stupide, idiot,
crétin, débile. |
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Au départ, j'avais une bonne
intention : aller voir un film avec Christophe Lambert. L'exploit
mérite quelque part d'être inscrit au livre des records.
Bref, après une queue interminable, qui, elle, était
composée de privilégiés qui avaient opté
pour Le Pacte des Loups, je me retrouve dans la salle en
compagnie de quelques acolytes. Le générique commence
: l'espace, frontière de l'infini... Euh, je m'égare
quelque peu. Que fait l'univers là dedans ? Peut être
se sont-ils trompés de bobines et que nous avons droit à
Highlander 4, malheureusement avec quelques semaines d'avance
? (...) Des décors sortis tout droit du Parc Astérix,
des acteurs navrants (que fait Von Sydow là dedans ? Cela
doit être un film alimentaire...), des dialogues tirés
du Grand dictionnaire des dictons et des maximes, un montage
affligeant et pour finir, un Christophe Lambert désolant.
(...) Que va-t-on faire de Christophe Lambert, à part
lui faire tourner des publicités pour les verres correcteurs
pour le strabisme divergent de chez Afflelou ? |
|
|
(...) ceux qui ont vu Braveheart
ne manqueront pas de faire le jeu des sept erreurs entre les
deux films. |
Julien WELTER (Repérages)
|
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Une belle occasion manquée. -
L'idée était séduisante, le projet ambitieux
et le pari audacieux. Mais d'où vient alors que l'ensemble
ne fonctionne pas ? Comment Jacques Dorfmann, réalisateur
du Palanquin des larmes, et Christophe Lambert ont-ils pu
se laisser dépasser par cette entreprise ? Certes, il y a
bien ici ou là des scènes réussies, certaines
spectaculaires et d'autres touchantes. Mais un scénario trop
pressé et des dialogues trop lourds, des seconds rôles
trop caricaturaux et des figurants peu motivés (sans parler
des coiffures, littéralement impossibles !) empêchent
le film de décoller. Là où il devrait être
lyrique, il n'est que laborieux. Là où il devrait
nous renseigner, il ne fait que nous perdre.
Finalement, les moments les plus intéressants sont ceux où
flotte cette amertume des lendemains de victoire. D'autant que Christophe
Lambert n'est jamais aussi vrai, aussi émouvant qu'en héros
triste, qu'en homme blessé... |
Jean-Pierre LAVOIGNAT (Studio)
( 8)
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Le bide du siècle, par Toutatis
! |
Aurélien FÉRENZCI
(Télérama)
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Projet ambitieux, murmuré
de-ci de-là comme le Gladiator français,
Vercingétorix souffre de mille manques : de moyens lorsque
l'armée romaine de César se résume à
trente figurants; de temps quand, dans une même scène,
le ciel est tantôt radieux tantôt orageux; de crédibilité,
là où, faute de maquillages convaincants, les soldats
de Vercingétorix, grossièrement perruqués,
tombent raides morts en serrant tant bien que mal une épée
ou une lance entre le bras et le torse. Ces défauts rapprocheraient
le film du péplum italien des années '60, si, malheureusement,
tout, des dialogues ampoulés à l'interprétation,
ne constituait un monument de comique involontaire. Ce n'est pas
la première fois pour Lambert, mais Klaus Maria Brandauer
et Max von Sydow connaissent à présent le plus gros
navet de leurs illustres filmographies. Le plus mauvais film de
la décennie. |
Thierry JOBIN (Le Temps)
( 9)
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«Je mesure avec ce dernier
film que mon enthousiasme et ma passion sont restés intacts.
- commente Christophe Lambert - Vercingétorix est simplement
plus lourd en infrastructure et en équipe, si bien qu'il
faut montrer une rigueur plus importante. Quand mille mecs descendent
une colline en criant, le personnage du premier plan ne peut pas
commencer à se marrer.»
[«Mais peut-être le spectateur ?», ajoute pince-sans-rire
le critique du Temps.]2001. |
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Devant cette déferlante de
comique involontaire, ce sérieux inébranlable, cette
somme incroyable de tentatives (narratives et visuelles) totalement
ratées, devant ces aberrations flagrantes, on a parfois du
mal à y croire. |
Jean-Philippe TESSÉ (Urbuz)
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XVI. Appendices
1.Vercingétorix
Le héros gaulois avait été au XIXe s.
le sujet de nombreuses pièces de théâtre (une
cinquantaine), de nombreux romans, de nombreux poèmes.
Plus récemment il avait figuré dans la bande dessinée
aux côtés de trois héros (Astérix,
Alix, Taranis). Le voici porté au cinéma, avec un
déchaînement de publicité commerciale.
Reconstitution historique ou péplum à la française
? Des coups d'épée, le déploiement de foules,
une histoire sentimentale, il faut quelques ingrédients
pour intéresser le grand public à l'histoire.
Le film utilise donc les personnages dont il est question dans
La guerre des Gaules, seule source d'information sur cette
période. Et de nous faire assister au bûcher de Celtil,
le père de Vercingétorix, aux dissensions entre
chefs gaulois, aux grandes étapes de la lutte de Vercingétorix,
la guerre contre César, le siège de Bourges, celui
de Gergovie, celui d'Alésia, l'appel de César aux
mercenaires germains. Il reprend les épisodes devenus légendaires
: les femmes dénudant leur poitrine devant les légionnaires
romains à Gergovie, Vercingétorix, à cheval,
venant se rendre à César, parcourant le camp entre
les haies de légionnaires, faisant le tour du trône
de César, puis s'agenouillant pour offrir son épée.
Tout cela est fort classique et se rencontre dans de multiples
uvres depuis 1840.
Plus discutables de faire de la Gaule dès le début
du film une unité politique, de montrer une assemblée
de tous les peuples, et de montrer Vercingétorix servant
dans l'armée de César, de faire du grand druide
l'inspirateur de la lutte contre César.
Le film reprend donc l'histoire en modernisant les images d'Epinal,
et en rendant hommage à l'esprit de résistance et
au patriotisme des Gaulois-Français.
Sans doute ce film peut donner aux jeunes, et à quelques
adultes des notions d'histoire, on est loin du chef-d'uvre,
ni d'une réflexion historique. |
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2. La droite préfère
Jeanne d'Arc, la gauche Vercingétorix
A l'occasion de la sortie du nouveau film de Luc Besson, Ipsos
a interrogé pour France Soir les Français
sur les personnages historiques non contemporains les ayant marqués.
Napoléon, Charlemagne et Jeanne d'Arc forment le trio de
tête des personnages les plus souvent cités.
«Ipsos a proposé aux Français de se remémorer
l'école primaire, et en particulier leur cours d'histoire,
en leur demandant de citer les trois personnages historiques les
ayant le plus marqué. Globalement, le trio de tête
est composé de Napoléon, Charlemagne et Jeanne d'Arc.
Cependant, l'analyse détaillée des résultats
par catégorie fait apparaître des réponses
sensiblement différentes selon le sexe, l'âge, ou
la proximité politique des répondants.
La mémoire est sélective, et semble fortement
influencée par les intérêts et la sensibilité
de chacun. Ainsi, les femmes ont été particulièrement
marquées par Jeanne d'Arc, comme les plus jeunes (moins
de 35 ans). Les 35-50 ans se souviennent davantage de Charlemagne
et les plus de 50 sont plus de six sur dix à avoir été
impressionnés par les campagnes guerrières de Napoléon.
Les clivages idéologiques sont-ils déjà
présents dans la petite enfance, ou l'idéologie
fait-elle par la suite le tri dans les souvenirs ? Toujours est-il
que la proximité politique déclarée des sondés
clive nettement les réponses.
Ainsi Robespierre a particulièrement marqué
les proches de l'extrême-gauche. Les sympathisants du Parti
Communiste sont les seuls à placer dans leur trio de tête
le «leader Gaulois» Vercingétorix (35 % de
citations). Fascination pour les Lumières ou héritage
mitterrandien, Louis XIV, le Roi-Soleil, jouit d'une cote de popularité
relativement élevée auprès des proches du
parti socialiste (46 %). En revanche à droite, c'est surtout
Napoléon qui a marqué les esprits. Il est cité
par 78 % de sympathisants du RPF, 67 % des sympathisants de Démocratie
libérale et 58 % des proches du RPR.
Jeanne d'Arc, l'héroïne du nouveau film de Luc
Besson arrive en troisième position des personnages historiques
les plus souvent cités par les Français (42 % de
citations). La pucelle d'Orléans est elle aussi particulièrement
populaire auprès des électeurs de droite (en tête
des suffrages pour les sympathisants de l'extrême droite
(FN et MN), et en deuxième position pour les proches du
RPF).
Le tiers des personnes interrogées déclare
avoir l'intention d'aller voir le film au cinéma, soit
un potentiel impressionnant de 20 millions d'entrées. Mais
de l'intention à l'action...» |
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3. Anne de Leseleuc
écrit des romans policiers - La mère de Vercingétorix,
c'est elle !
«Avec les traits de notre Christophe Lambert national,
Vercingétorix est devenu un peu plus genevois depuis quelques
semaines. Et comme il a combattu César qui nous avait cassé
notre pont, on ne peut qu'avoir de l'affection pour lui. Mais
savez-vous que derrière le film de Jacques Dorfmann se
cache une spécialiste de l'histoire antique et une admirable
plume de romans policiers ? C'est le moment où jamais de
découvrir la saga de Marcus Aper, le héros gaulois
d'Anne de Leseleuc.
La mode est au gallo-romain. Astérix envahit le marché
avec Latraviata, Bernard Clavel sort un Brutus (Albin Michel)
qui promet, Anthony Hopkins, avant de revenir sous le masque d'Hannibal
est devenu Titus sur les écrans depuis le 14 février,
Gladiator décroche des Oscars et on parle d'un film
sur Jules César qui serait en préparation avec Tom
Hanks devant la caméra de Michael Mann. Vercingétorix
s'inscrit donc parfaitement dans l'esprit du moment et son «petit
frère» l'avocat Marcus Aper, a le vent en poupe.
Etonnant parcours que celui d'Anne de Leseleuc, fait de coïncidences
et de hasards. Dans les années soixante, elle commença
à brûler les planches sous le nom d'Anne Carrère.
On la vit dans des pièces classiques sous la baguette de
Barrault. Lors de tournées dans le monde entier, elle fut
Andromaque, Antigone ou Iphigénie. Elle fit quelques apparitions
dans des pièces plus discrètes puis devint directrice
de théâtre aux côtés de son mari. Une
vie trépidante, pleine de contacts. Et puis le théâtre
fut vendu et ce fut le vide.
Depuis toujours attirée par l'histoire de l'Antiquité,
la voilà qui s'inscrit à 37 ans à l'Ecole
du Louvre puis à la Sorbonne et se lance dans des études
difficiles, couronnées quelques années plus tard
par un titre de docteur en Histoire et Civilisations de l'Antiquité.
Au cours de ses études, Anne de Leseleuc se lance dans
le roman. Historique tout d'abord, avec Le Douzième
Vautour puis Eponine.
C'est Jean-Claude Zylberstein, fondateur de la collection «Grands
détectives» chez 10/18 qui lui réclame un
détective gaulois. D'abord surprise, la spécialiste
se souvient alors d'un texte de Tacite relatant les propos d'un
certain Marcus Aper, avocat gaulois de son état. Le héros
était né. Et Anne de Leseleuc, qui avait notamment
tourné dans des polars comme Les cinq dernières
minutes et qui a toujours aimé ce type de littérature,
trouve son style et ses aises dans les aventures du nouvel enquêteur.
Après Les Vacances de Marcus Aper, Marcus Aper chez
les Rutènes, Marcus Aper et Laureolus, Les calendes de
septembre, Le trésor de Boudicca constitue le dernier
volume en date de la collection. Les fans d'Anne de Leseleuc -
ils se comptent par dizaines de milliers - connaissent bien aujourd'hui
le justicier gaulois : il porte une superbe moustache qu'il triture
abondamment lorsqu'il réfléchit et ne refuse jamais
une petite cervoise. C'est un bon vivant, un gourmand. A défaut
de plaider la cause de ses clients devant un tribunal dont le
système ne lui laisse que peu de marge, il recherche lui-même
le coupable et le livre à la justice.
Tous les personnages de ces récits ont existé. Les
intrigues, elles, ont été inventées. Décors
et détails démontrent la parfaite connaissance de
l'auteur sur la vie quotidienne et économique de ce Ier
s. après J.-C. C'est ce mélange qui confère
ce sentiment de vérité aux histoires dans lesquelles
on se plonge avec plaisir. Une manière comme une autre
de revoir ses connaissances en histoire romaine ou, plus simplement,
de s'immerger dans le monde d'Astérix ou de ses nombreux
cousins.»
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4. Vercingétorix,
«fabriqué» par César ?
Dans un roman de Jean Lartéguy, le colonel Mark J. Craight,
dirigeant le Service d'Information de la Escuela de las Americas
à Panama, soumet au général William D. Dawson,
commandant le Southern Command, un projet machiavélique
pour liquider une fois pour toutes les guérilleros qui
écument l'Amérique latine : leur donner un leader
autour duquel ils se regrouperont. Il suffit pour cela de «monter
en épingle» un doux rêveur soixante-huitard
comme Manrique le Licenciado [id. est Ernesto «Che»
Guevarra] - ainsi que Jules César l'aurait fait avec
Vercingétorix, il y a 2.000 ans.
«Pour mieux montrer sa méchante humeur, le général
s'enfonça dans son fauteuil. Il disparaissait presque derrière
la table.
- De quoi s'agit-il, Mark ?
- De César, Sir.
- Hein ?
- Comme je parle à un spécialiste, cette partie
de mon exposé sera brève.
Craight avait marqué un point. Le général,
intrigué, avait retrouvé une taille normale et décroché
son téléphone :
- Je suis en conférence. Que personne ne me dérange.
«Allez-y, mon vieux.
«Mais je me demande bien ce que César vient foutre
dans ce foutu continent où tout le monde semble se foutre
de tout ce qui est logique et rationnel.
«Dans mon cours à l'Ecole de Guerre, j'avais tenu
à faire ressortir la lucidité de César par
rapport à l'incohérence de ses adversaires.»
- Jules César, je ne vous l'apprends pas, Sir, avait besoin,
lorsqu'il se lança à la conquête des Gaules,
de regonfler son personnage. Or, cette série de batailles,
souvent mal gagnées, cette série de marches et de
contremarches n'eut rien de très glorieux.
«César, pour intéresser Rome à son
aventure, fut obligé de dramatiser la situation, d'exalter
la vaillance de l'ennemi pour faire valoir ses qualités
de chef militaire.
«Le public - et c'est lui qu'il visait - s'y retrouvait
très mal dans ces noms barbares.
«Alors César prend l'habile décision de se
choisir un seul adversaire, dont le nom soit facile à retenir
: Vercingétorix le «grand roi des héros».
C'est très important un nom, ou un surnom, quand on veut
bâtir un mythe ou une légende.
«Ce Vercingétorix, quand César commence, à
le tirer de l'ombre n'est guère connu; un chef gaulois
parmi tant d'autres, ni meilleur ni pire, plutôt meilleur.
Mais César est sûr de le vaincre quand il le voudra,
à l'endroit où il le voudra, parce qu'il connaît
bien ses faiblesses qui sont celles de tout son peuple.
«Dans un premier temps, César facilite les desseins
de Vercingétorix. Il le laisse agir à sa guise pour
qu'il entraîne dans son aventure tous les autres chefs qui,
d'ailleurs, étaient prêts à se révolter.
«Il en fait une sorte de roi des Gaules, un guerrier invincible,
un stratège habile. On en parle sur le Forum. On s'affole.
Les Gaulois ont mauvaise réputation. Une fois déjà,
ils ont pris Rome.
«Puis la révolte devient générale...
On n'en doute plus. Cette révolte s'appelle maintenant
Vercingétorix. Le personnage s'enfle démesurément.
Son vainqueur sera un héros.
«Les Romains sont intoxiqués par cette habile propagande,
comme les Gaulois. Il arrive un moment où la défaite
du jeune chef arverne ne pourra plus que sonner la fin de la résistance
en Gaule. Il en est ainsi de ces personnages sans grande substance,
sans grande valeur, dont le hasard ou la propagande font soudain
un drapeau. Leur chute consomme parfois la défaite de toute
une cause, de tout un mouvement qui les dépassaient.
«Dans un troisième temps, César agit avec
sa rapidité coutumière. Il enferme Vercingétorix
dans Alésia et l'oblige à se rendre. Puis l'ayant
enchaîné à son triomphe, il le fait égorger,
car il n'a plus rien à en tirer.
«Une remarquable opération de guerre psychologique
: créer de toutes pièces l'adversaire et ensuite
l'abattre.
«Je vous propose, Sir, de la recommencer.»
Dave se frappa sur les cuisses :
- Je n'ai pas envie de franchir le Potomac et de prendre Washington.
- Il n'est question que de l'Amérique latine. Je voudrais
simplement drainer toutes les révoltes confuses, tous les
mouvements de violence de ce continent, créer un abcès
de fixation à l'endroit que nous aurons choisi. Puis le
crever, et en finir avec un certain nombre d'hommes qui deviendront
un jour ou l'autre très gênants pour nous, s'ils
trouvent le crédit que certains d'entre eux méritent.
«Le pays choisi, si vous me donnez votre accord, ce sera
le Costa Verde; Vercingétorix : un révolutionnaire
mexicain, Manrique le Licenciado. Nous jouerons le rôle
de César, dans le plus grand secret s'entend.
- Le Licenciado ! Cette espèce de vagabond de la révolution,
à mi-chemin entre le ridicule de Don Quichotte, l'exaltation
de Bolivar et la fumisterie d'un intellectuel de Berkeley ?
- Don Quichotte n'est pas ridicule pour les Latins. Bolivar est
toujours le symbole de la libération de l'Amérique
latine, et à Berkeley, on apprend des tas de choses intéressantes,
par exemple que les Etats-Unis se cherchent désespérément
des mythes. J'ai toujours désiré créer un
mythe.» |
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|
Les principaux peuples gaulois (extr. Dossiers
d'Archéologie, n 305) |
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NOTES :
(1) Site officiel : http//:www.vercingetorix-lefilm.com
(Le lien Internet est actuellement désactivé).
- Retour texte
(2) Pour autant, ce n'était
pas encore des villas gréco-romaines contrairement à
l'Alésia de Marco Vicario dans Seul
contre Rome ! (N.d.M.E.) - Retour texte
(3) Otage de César, qui l'a
chargée de s'occuper des enfants otages, les fils des
chefs gaulois ralliés à César, elle s'est
latinisée et est devenue sa proche collaboratrice, lorsque
Vercingétorix - rallié à César,
lui aussi - la retrouve. - Retour texte
(4) Site officiel : http//:www.vercingetorix-lefilm.com
(Le lien Internet est actuellement désactivé).
- Retour texte
(5) M. TOULLEC, «Gaulois sans
filtre - Sastre & Lambert se foutent de notre gueule»,
Ciné Live, n 43, février 2001, p. 52.
- Retour texte
(6) perso.worldonline.fr/julienbernard.
- Retour texte
(7) G. DELORME, «Histoire du
général de Gaule», Première,
n 288, mars 2001, p. 45. - Retour texte
(8) J.-P. LAVOIGNAT, «Une belle
occasion manquée», Studio Magazine, n 164,
février 2001, p. 32. - Retour texte
(9) Th. JOBIN,
Le Temps (Genève), 18 janvier 2001. - Retour
texte
(10) Le Temps (Genève),
20 janvier - Retour texte
(11) Auteur de Vercingétorix
et l'idéologie française, Imago, Paris, 1989
et Vercingétorix héros républicain,
Ramsay, Paris, 1996. - Retour texte
(12) www.canalipsos.com
- Retour texte
(13) Chronique parue dans GHI,
25 avril 2001 : www.polar
-ge.ch - Retour texte
(14) J. LARTÉGUY, Tout
homme est une guerre civile, Presses de la Cité,
2 vols, 1969-1970, I, pp. 180-182. - Retour
texte
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