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Vercingétorix
(Jacques Dorfmann, France-Canada 2000)

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Pages précédentes :

I. Ami si tu tombes...

II. «I'am a poor lonesome vergobret...»

III. L'offensive médiatique

IV. Vercingétorix sur le grand écran

V. La Guerre des Gaules revue et corrigée

VI. Une ellipse majeure : l'expédition en Bretagne

VII. Le siège d'Alésia

VIII. Roi gaulois... ou mérovingien ?

X. Fiche technique

XI. Discographie

XII. Bibliographie

XIII. Scénario

Sur cette page :

XIV. Conception et tournage du film

1. Note d'intention (site officiel)
1.1. Une épopée dramatique à travers un héros qui rassemble
1.2. Comment Vercingétorix devient un mythe, ou le dépassement poétique

2. Notes de production (press-book)
2.1. Le scénario
2.2. Les décors
2.3. Alésia
2.4. Les costumes
2.5. La photographie

3. Les personnages (site officiel)

XV. Critiques

XVI. Appendices

1. Vercingétorix (André Simon)
2. La droite préfère Jeanne d'Arc, la gauche Vercingétorix
3. Anne de Leseleuc écrit des romans policiers - La mère de Vercingétorix, c'est elle !
4. Vercingétorix, «fabriqué» par César ? (Jean Lartéguy)

 

XIV. Conception et tournage du film

1. Note d'intention (site officiel)

 
Je ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne peux vouloir être rien.
A part ça je porte en moi tous les rêves du Monde.

F. PESSOA
 

Comment une épopée historique nous donne espoir au quotidien, ou la découverte d'une histoire que l'on croyait connaître.

Comme chacun le sait, l'histoire connue de Vercingétorix tient en une quinzaine de pages écrites par Jules César dans La Guerre des Gaules.

Tous les récits ultérieurs, notamment chez Plutarque et chez Dion Cassius, reposent sur l'ouvrage de César, les Gaulois et les Celtes en général n'ayant pas laissé de trace écrite, bien que l'écriture ne soit pas prohibée aux échelons inférieurs (l'écriture grecque est utilisée pour les nécessités commerciales); aux échelons supérieurs (pour l'étude des philosophes, de l'astronomie, de l'astrologie, des courants telluriques, de la médecine, de la loi des nombres), il est préféré la leçon orale, qui demande «concentration» puis «discussion» d'où résulte la «compréhension» et la «mémoire».

Les Gaulois, contrairement aux idées reçues, n'étaient pas des barbares. En effet derrière de grandes murailles de pierres, s'abritaient de belles cités aux maisons confortables et luxueuses. Chaque cité avait son gouvernement, une curie où se réunissaient les notables ou sénateurs. Les royautés démocratiques voisinaient avec les républiques aristocratiques.
Les tonneaux, les voitures, les moissonneuses, les charrues fabriqués en Gaule s'exportaient un peu partout. Le travail des métaux y était intensif.

Un aréopage de sages, les Druides, cumulait les plus hautes fonctions, tant laïques que religieuses.
Ils se divisent en quatre catégories :
  • les bardes (poètes) sont vêtus d'une robe bleue,
  • les eubages (enseignants) sont vêtus d'une robe verte, instruisent les enfants,
  • les ovates (prédisent l'avenir) vêtus d'une robe blanche,
  • les druides (dont le sens exact est «très savant») sages ou prêtres, vêtus d'une robe blanche, conseillent les ministres, les rois et les vergobrets (chefs des républiques municipales élus pour un an),
avec à leur tête, un druide unique pour toute la Gaule, l'Archidruide, à l'époque du film, Guttuart.

Les cultes se rendaient dans les forêts et près des sources; le fanum, temple gaulois, apparaît à la moitié du Ier s. av. J.-C. Les Gaulois n'élevaient pas de statue de pierre à leur Dieu : l'Incréé était trop immense pour se rabaisser à la forme humaine.

L'œuvre de César, où l'homme politique mais aussi l'historien instaure une hiérarchie entre les faits et les informations et leur impose des enchaînements, ou les disjoints, en fonction du but qu'il poursuit - Montaigne le dénoncera comme «les fausses couleurs de quoi il veut couvrir sa mauvaise et pestilente ambition» - est le seul témoignage contemporain de la vie de Vercingétorix.

1.1. Une épopée dramatique à travers un héros qui rassemble
Sachant que «tout discours humain est interprétation, fusse (sic) le plus honnête», je vous proposerai un film sur Vercingétorix (resté jusqu'à ce jour, dans notre inconscient collectif, un grand héros de notre enfance), à travers les principales étapes de sa vie.

Douceurs d'une enfance heureuse auprès de son jovial père Celtill. Horreur de le voir brûler vif sous ses yeux, trahi par les siens. Longue initiation dans les écoles druidiques cachées au cœur des forêts de la Gaule. Vengeance féroce de son père. Il s'enfuira des armées de César, qui le déclarera hors-la-loi. Elu Chef et Roi des Arvernes, sa foi soulèvera toute la Gaule. Après le massacre de tous les habitants, vieillards, femmes et enfants de Bourges par Jules César, il sera contraint de livrer une bataille devant Gergovie.

Cette victoire l'obligera à une grande et meurtrière bataille finale qui mettra fin à la Guerre des Gaules, poussé par l'enthousiasme effréné de toute la Gaule et par le désir de Jules César d'être enfin Maître de Rome. Vercingétorix se donnera en holocauste à Jules César avant d'être assassiné quelques années plus tard.

Vercingétorix aura pu réunir la mosaïque d'une soixantaine de tribus gauloises.
Il aura, avec l'aide de Guttuart l'Archidruide, seul élément fédérateur de tous les Celtes, rassemblé toutes les énergies par-delà les clans dans un intérêt commun.

1.2. Comment Vercingétorix devient un mythe, ou le dépassement poétique
Même dans la défaite, surtout quand l'on accepte que défaite et victoire soient une seule et même chose, Vercingétorix a pu former une entité que l'on appellera la Gaule, que certains même n'hésitent pas à qualifier de «naissance de la France».

L'Empire romain voulait la maîtrise de l'espace, de la matière et du temps pour bâtir dans le concret et le solide; il se voulait éternel.

Le monde celte passe sans cesse de l'autre côté de la réalité, il voit les énergies et les lignes de force du Monde, il perçoit la force vitale en continuelle évolution.

Vercingétorix en se rendant, transforme et surpasse la défaite, en offrant par-delà sa propre vie, une continuité de la Gaule et de sa culture.

Jacques DORFMANN (1)

 
 
vercingetorix - ch lambert
 

2. Notes de production (press-book)

«Réalisé par Jacques Dorfmann, un des réalisateurs et producteurs français les plus reconnus (il a notamment produit L'Armée des Ombres et La Guerre du Feu), ce film s'inscrit comme l'une des grosses productions françaises de l'année 2001 et retrace, au travers d'une grande fresque épique et romanesque, le parcours méconnu d'un homme vaincu dont l'histoire a pourtant fait un héros, Vercingétorix.

Film d'une grande rigueur historique, Vercingétorix est d'abord un film à grand spectacle : «Tout le monde connaît son nom, explique Jacques Dorfmann, mais peu connaissent sa véritable histoire : une vie riche de batailles, d'intrigues, d'histoires d'amour, d'amitié et de trahison. De quoi faire un film des plus divertissants !»
Le film est construit comme une épopée centrée autour d'un héros unificateur, qui suit les étapes de sa vie. Dans le film, Jacques Dorfmann s'attache à décrire
«la tendresse d'une enfance heureuse passée avec son père, l'horreur de voir ce dernier trahi et brûlé par son propre peuple, une longue initiation par les druides au cœur des forêts gauloises, puis la vengeance, la diplomatie avec l'occupant, la rupture avec César, l'élection comme roi, les différentes batailles qui le conduisent à Alésia, et enfin la reddition. Un long parcours, déjà largement simplifié !»

Pour interpréter ce film, Jacques Dorfmann fait appel à des «pointures» internationales : Christophe Lambert, Klaus Maria Brandauer, Max von Sydow et Inès Sastre.
Christophe Lambert adhère tout de suite au projet.
«Le script était fort, le personnage impressionnant. C'était à la fois un film romantique, un film lyrique, un film d'action, un film de guerre. Du vrai cinéma ! Je n'avais pas fait de film comme ça depuis Greystoke, dans un genre complètement différent. Vercingétorix est un personnage mythique, dont toute la vie se résume dans cette phrase : «Plus hautes sont les aspirations, plus cher est le prix à payer.»»
Klaus Maria Brandauer et Max von Sydow se joignent au projet.
«Klaus Maria Brandauer était un César pervers, ironique, cinglant, très fin aussi, raconte Christophe Lambert. Quant à Max von Sydow, il apportait, comme son rôle d'archidruide, douceur et sagesse.»
Enfin, Inés Sastre complète ce casting international.
«Le rôle d'Epona, même si elle a réellement existé, était assez romancé dans le film. Mais j'ai surtout été séduite par cette femme, qui représente la fidélité et le soutien dans toutes les situations.»

Dès l'origine du projet, Jacques Dorfmann décide d'apporter le maximum de rigueur historique à son film et s'adjoint les services de Anne de Leseleuc, une historienne du C.N.R.S. spécialisée dans la période gallo-romaine.

«Contrairement aux croyances communes, explique Anne de Leseleuc, les Gaulois n'étaient pas des barbares. Quand Vercingétorix gagne à Gergovie, ce n'est par une horde de barbares qui arrive à massacrer une armée, c'est véritablement un général qui fait un plan de bataille, et qui arrive à acculer l'ennemi à la fuite. Non, les Gaulois n'étaient pas des barbares : derrière les grands murs de pierres se trouvaient de superbes villes confortables aux luxuriantes maisons (2), chaque ville avait son propre gouvernement, avec des notables et des sénateurs. Les démocraties monarchiques côtoyaient les républiques aristocratiques, et les druides étaient déjà un clergé puissant. C'était déjà une société élaborée, autre chose qu'une tribu de barbares fabriquant des tonneaux !»

En discutant avec Anne de Leseleuc, Christophe Lambert avoue avoir été très surpris de découvrir ce que savent les historiens aujourd'hui sur cette période ancienne. «Il n'y a plus beaucoup de zones d'ombres sur cette période, même si elle date de deux mille ans !, rapporte-t-il. En dehors du récit de César dans La Guerre des Gaules, un peu suspect de partialité, les différents travaux actuels ont permis une connaissance plus précise de l'époque et de la culture gauloise. Vercingétorix porte un nom connu, mais dans le fond, sa vie est ignorée : c'est souvent le propre des vrais héros.»

2.1. Le scénario
Jacques Dorfmann et Anne de Leseleuc ont travaillé pendant deux ans sur l'écriture du script, à partir de documents historiques riches, dont principalement le livre VII de La Guerre des Gaules de Jules César, La Vie de César du Grec Dion Cassius, l'étude des «batailles de César et Vercingétorix» de Napoléon Ier, ainsi que des comptes rendus de fouilles archéologiques (Bibracte, Gergovie, Alésia). «Et la culture historique monumentale de Anne de Leseleuc !» rajoute Jacques Dorfmann ! «Le déroulement des faits historiques de Vercingétorix est rigoureux, explique Anne de Leseleuc. Mais si César a exprimé le point de vue romain dans sa Guerre des Gaules, nous avons tenté d'exprimer le point de vue gaulois dans le film.»
La collaboration de Jacques Dorfmann et Anne de Leseleuc fut constructive.
«Dans un premier temps, raconte Anne de Leseleuc, j'ai établi (d'après Jules César) la succession chronologique des actions de Vercingétorix. Nous l'avons humanisé par la connaissance que j'avais de l'étude de la civilisation gauloise. Pour l'intrigue romanesque, j'ai veillé à ce qu'on reste dans le «vraisemblable» quand la vérité historique était inconnue. Norman Spinrad, auteur de science-fiction, a apporté au film la touche qui en fait une œuvre contemporaine.»

L'un des soucis de Jacques Dorfmann et d'Anne de Leseleuc était de ne pas être récupérés par des extrémistes de tous bords.
«Chaque période de l'Histoire a déformé le personnage de Vercingétorix, raconte Anne de Leseleuc, pour accréditer une démarche de propagande. Vercingétorix est tombé complètement dans l'oubli aux premiers temps du Christianisme où les seuls héros devaient être des saints. Ensuite, Vercingétorix devient un symbole d'union : il est vraisemblable que la défaite de 1870 a joué son rôle dans l'érection d'un héros populaire, c'est-à-dire une force venant du peuple, Vercingétorix incarnant cette idée qu'un héros peut toujours surgir dans une époque de crise. Vercingétorix a été également récupéré pour avoir été leader d'une royauté héréditaire, ou par les partisans de la démocratie populaire. On peut lui faire dire ce que l'on veut !»

«Quand à la statue réalisée sous Napoléon III, qui est en haut d'Alésia, poursuit Anne de Leseleuc, elle est assez symbolique, parce qu'elle n'a rien à voir historiquement avec l'aspect de Vercingétorix, mais qu'elle représente un syncrétisme des hommes de Gaule : un pantalon avec des lanières mérovingiennes, une cuirasse de l'époque alchtatienne [«hallstattienne», bien sûr ! - N.d.M.E.] (VIe s. av. J.-C.), une moustache de 250 av. J.-C. Ce sont vraiment des attributs gaulois, mais qui se baladent sur cinq siècles d'histoire, comme si aujourd'hui on réalisait une statue avec une perruque du XVIIe, avec une armure de la Renaissance, un jean et des baskets ! C'est ce genre d'écarts et de récupérations que nous voulions éviter !» conclut Anne de Leseleuc.

2.2. Les décors
Afin de faire coexister véracité historique et fresque épique, Jacques Dorfmann confie les décors à Didier Naert.
«Le film est censé se passer pendant les 30 années de vie de Vercingétorix, jusqu'en 46 av. J.-C., décrit Didier Naert. Il fallait reconstituer les décors de villes, appelées oppidums, telles que Bibracte, Gergovie ou Alésia. Ces villes étaient construites sur des hauteurs naturelles du relief. C'est à Sofia, en Bulgarie, que nous avons trouvé le site le plus approprié pour implanter les décors : un site vierge, sauvage et magnifique à proximité de la ville et des studios.»

«Les oppidums, poursuit Anne de Leseleuc, étaient des lieux très actifs de transactions commerciales, traversés par plusieurs voies qui en structuraient l'urbanisme. Les récentes fouilles ont permis de mettre au jour sur le mont Beuvray d'anciennes fondations de l'habitat gaulois et des objets de la vie quotidienne de la civilisation celtique. C'est à partir de ces documents, et du travail fait avec Jacques Dorfmann et Didier Naert, qu'ont été imaginés les décors du film.»

«Pour les décors, poursuit Didier Naert, il ne s'agissait pas de reconstruction mais plutôt de restitutions. On ne reconstruit pas une ambiance mais on en cherche les éléments les plus évocateurs, les plus significatifs ou en tout cas ceux qui vont dans le sens du récit du film. L'espace cinématographique n'est pas celui de la réalité : les décors sont souvent construits en perspective forcée afin de simuler l'étendue des villes, avec des fortifications monumentales et des remparts armés de poutres.»

«Afin de reconstituer plusieurs villes, poursuit Didier Naert, certains décors étaient déplacés ou substitués pour transformer les espaces publics. Des bâtiments types tel que le fanum (lieu de culte) ou la halle (lieu de rassemblement politique) ont servi à ces substitutions. De la même façon, les toitures d'une ville étaient recouvertes de chaume pour certaines, de lauze (des pierres plates) pour d'autres. Enfin, le découpage des séquences du film, les champs et contrechamps tournés alternativement à Belogradchik et Sofia, ont permis de varier les décors.»

Les décors ne s'arrêtaient pas à des plans larges de villes fortifiées. Didier Naert raconte : «Nous avons aussi restitué au mieux des maisons spacieuses, modestes, mais décorées. Il n'existe pas de documents pouvant traduire les couleurs utilisées à l'époque : nous nous sommes donc rapprochés des teintures naturelles utilisées pour les vêtements tissés.»

La plupart des armes venaient de France, de l'armurier Maratier, des accessoires spécifiques venaient de Londres, le mobilier avait été dessiné et construit selon les documentations fournies dans les studios de Sofia.
«Notre base de documentation, conclut Didier Naert, était très précise et très dense, ce qui présentait donc du même coup d'énormes contraintes historiques. Il nous fallait cependant réinventer un univers visuel riche, juste et vraisemblable, qui puisse être le socle d'un film de divertissement épique : c'était un challenge incroyable et passionnant.»

2.3. Alésia
La principale reconstitution de décors fut évidemment Alésia, reconstituée à Belogradchik, au nord de la Bulgarie :

«Alésia devait être une guerre psychologique, raconte Christophe Lambert. Affamer ses adversaires et tenir. C'était une guerre des nerfs. Quand les armées de secours attaquent, César sait qu'il a gagné, et Vercingétorix qu'il a perdu. C'est là tout le côté lyrique du film, car Vercingétorix sait dès l'attaque qu'il a perdu.»

Anne de Leseleuc apporte quelques précisions historiques sur ce siège.
«Alésia était située sur le mont Auxois qui est un site naturellement fortifié par des corniches rocheuses qui dominent les vallées d'environ 150 m. César avait bloqué les forces de Vercingétorix par une ligne fortifiée - la contrevallation - flanquée de tours, tous les 15 à 17 m, et précédée par un système de fossés et de pièges. Les Romains s'étaient à leur tour protégés contre l'armée gauloise envoyée au secours de Vercingétorix en édifiant une seconde ligne - la circonvallation - construite tantôt en pierre tantôt en bois et en terre. Des travaux gigantesques, réalisés par 40.000 soldats : plus de 40 km de fortifications édifiés en si peu de temps !»
«Pour les décors, sourit Didier Naert, il ne s'agissait pas de rivaliser avec César ! Plutôt d'utiliser des astuces de caches et d'axes de prises de vues qui donnent l'illusion recherchée. Les duplications numériques ont été réalisées en postproduction pour compléter les décors déjà grands que nous avions construits.»

2.4. Les costumes
C'est Edith Vespérini qui se charge de la réalisation des costumes, avec les mêmes contraintes historiques et de spectacle.
«Nous avons dû faire avec les mêmes matières qu'il y a deux mille ans ! s'exclame Edith Vespérini. Nous savions qu'ils utilisaient la laine, le lin, et même la soie qui venait de Chine, car ils faisaient beaucoup de commerce. Les Celtes étaient de bons vivants, ils aimaient ce qui est beau, mais ils étaient aussi fainéants, et leurs vêtements étaient parfois grossièrement aboutis. En revanche, ils portaient de superbes parures d'or et de métaux précieux.»

Un peu comme les Ecossais, les Gaulois avaient des tissus spécifiques dans chaque tribu, considérés comme des blasons. «On en a retrouvé dans des tombeaux, réalisés avec des teintures naturelles à base de plantes. Il fallait donc que nous choisissions des couleurs pour chaque ville. Pour Gergovie, par exemple, j'ai pensé à des tons chauds à base de jaune, rouge et vert, tandis que pour Alésia, j'ai utilisé des tons plus froids à base de bleu, vert, et de noir.»
La réalisation des costumes de Vercingétorix fut un travail considérable, souligne Edith Vespérini : plus de 3.500 costumes ont été réalisés en 4 mois !»

2.5. La photographie
Stefan Ivanov, le directeur de la photographie, était chargé de donner une image imposante et authentique.
«C'est un défi de superviser la photographie d'un film historique du premier siècle avant Jésus-Christ. Avec des moyens techniques contemporains, nous devions créer une lumière adéquate à l'époque historique, un équilibre assez délicat entre les scènes complexes de fêtes, de brasiers, de vie ou de batailles.»
«Le tournage d'un film historique n'est pas chose simple, raconte Stefan Ivanov. Il exige une logistique très complexe mais malgré la composition internationale de l'équipe, nous avons réussi à fonctionner efficacement. Le tournage des scènes à dialogues qui devaient être filmées en deux versions - française et anglaise - exigeait le double de temps et raccourcissait le temps de préparation de chaque plan. Ceci nous faisait des horaires très chargés et il fallait trouver des solutions fonctionnelles et pas trop complexes, sans pour autant faire de compromis.»

Jacques Dorfmann souhaitait vraiment respecter dans les scènes de batailles une réelle authenticité de la confrontation entre les deux armées.
«Mais en même temps, poursuit Stefan Ivanov, il ne fallait pas perdre de vue les personnages principaux ! Le prises de vue des scènes de bataille ont été tournées à quatre caméras et avec une grande diversité d'angles. Il y avait toujours une caméra en longueur focale qui ne perdait pas de vue Vercingétorix et César avec l'idée de garder la dimension humaine, même au cœur de la confrontation. Il fallait donner le sentiment, complète Jacques Dorfmann, d'une confrontation entre deux armées mais aussi d'un affrontement entre deux personnages historiques, porteurs de deux systèmes de valeur.»

«Vercingétorix, dont l'élection marque le premier vote démocratique occidental, a réussi à rassembler une mosaïque d'environ 60 tribus gauloises, à unifier toutes les énergies de la nation, indifféremment aux querelles de clans, afin de sauvegarder la culture celte. A l'heure où l'on nous parle de mondialisation, c'est un personnage d'une étonnante actualité», conclut Jacques Dorfmann.

press-book

 
film vercingetorix

3. Les personnages (site officiel)

Vercingétorix (Christophe Lambert)
Enfant qui a vu mourir son père brûlé vif et trahi par les siens.
Après une éducation druidique, il mène la quête du Père dans le sens mythologique, ce qui l'amène d'abord à venger ce dernier en tuant son oncle Gobannitio, puis à s'affranchir de l'esprit de vengeance pour accomplir le rêve de Celtill : la fédération des tribus gauloises, et enfin, à le dépasser, en choisissant le sacrifice de sa liberté et de sa vie pour atteindre le but qu'il s'était fixé, et qui est plus grand que lui. Un héros.

Jules César (Klaus Maria Brandauer)
Un génie. A la poursuite éternelle du pouvoir qu'il obtiendra en devenant maître de l'Empire romain et immensément ambitieux, il finira, faute d'ennemis dignes de lui, par jouer avec le seul adversaire possible, lui-même, jusqu'à perdre sa propre vie...

Epona (Inès Sastre)
Princesse des Bellovaques, fille de la chef guerrière Mosa, c'est la promise de Vercingétorix qui viendra la chercher dans les bras de César
(3). C'est l'archétype de la femme-mère, qui soutient son époux et maintient la continuité de la vie. Elle s'émancipera cependant un peu de cette position en s'affirmant comme l'égale féminine de Vercingétorix.

Guttuart (Max Von Sydow)
C'est l'archidruide, le chef de tous les druides de Gaule.
Personnage énigmatique et mystérieux, il place la réflexion et la sagesse au-dessus de tout.
Il voit en Vercingétorix l'homme sur lequel repose la destinée de la Gaule. Il deviendra le mentor de Vercingétorix et lui enseignera la magie, le Destin.

Rhia (Maria Kavardjikova)
Rhia est une druidesse et un Maître guerrier. C'est elle qui va initier Vercingétorix à l'art du combat. C'est l'archétype de la femme transcendante qui va permettre à Vercingétorix de mourir et de renaître à lui-même et d'accéder à la sagesse druidique.

Litavic (Yannis Baraban)
Ami d'enfance de Vercingétorix, il est le symbole de l'amitié et du mélange qui régnaient dans les écoles druidiques, où les enfants des différentes tribus gauloises se côtoyaient sans référence à leur niveau social ou à la tribu à laquelle ils appartenaient, symbole de ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui l'école républicaine.

Dumnorix (Bernard-Pierre Donnadieu)
Lui et son frère Diviciac symbolisent la division qui existe au sein des peuples gaulois, entre ceux qui souhaitent un accord commercial avec Rome et l'appartenance à l'Empire (Diviciac) et ceux pour qui prime le respect de ses propres valeurs et de sa culture, à travers un esprit de rébellion (Dumnorix).

Moscatos (Vincent Moscato)
Porteur d'armes de Vercingétorix, il incarne la joie de vivre des Gaulois, la fidélité en amitié jusqu'à la mort
(4).

XV. Critiques
(Par ordre alphabétique du support de presse)

 
On n'est guère transporté au-delà d'une plate leçon d'histoire, un brin sentencieuse et engluée dans une musique insupportable.
Philippe PIAZZO (Aden)
 
Echappé de ses films de science-fiction, Christophe Lambert goûte aux joies de la reconstitution historique avec cette grande fresque épique et romanesque sur un héros martyr. A noter qu'on retrouve Max Von Sydow (L'exorciste) en druide, Inès Sastre (Par-delà les nuages) en Epona, épouse du valeureux guerrier, et Bernard-Pierre Donnadieu qui avait déjà joué sous la direction de Jacques Dorfmann dans Agaguk.
 
Nous sommes en 2001 après Jésus-Christ. Toute l'industrie du cinéma est occupée par des réalisateurs de talent, soucieux de leur mise en scène, de la cohérence de leurs scénarios et du talent des acteurs. Toute ? Non ! Un groupe d'irréductibles tâcherons résiste encore et toujours à la qualité. Leur secret réside dans une potion magique, Christophe Lambert, qui leur donne une nanarité surhumaine. Et la vie n'est pas facile pour les camps retranchés de Nanarorum et de Cinébix. (...) César et Vercingétorix, les personnages principaux du film, sont tous deux dénués de la moindre stature, et balbutient tout du long des dialogues pathétiques dans lesquels le mot «destin» apparaît dans une phrase sur deux.
Philippe HEURTEL (Cinebis)
 

Gaulois sans filtre. - Franchement Christophe, tu déconnes ! Très bien que tu incarnes Tarzan dans Greystoke et un immortel dans Highlander. Passe encore que tu interprètes le gangster Salvatore Giuliano dans Le Sicilien, que tu te laisses tenter par un rôle de dieu du Tonnerre dans Mortal Kombat. Formidable même que tu tiennes à jouer les Rantanplan de la gâchette dans Max & Jérémie... Mais Vercingétorix, là non, ça craint, même avec les moustaches de José Beauvais (sic) et la perruque de Julia Roberts dans Hook. Question de crédibilité. Crédible dans le rôle de Vercingétorix, Lambert l'est à peu près autant que John Wayne dans celui de Genghis Khan dans Le Conquérant, l'une des plus drôles erreurs de casting de l'histoire du cinéma. Alors, évidemment, le film part d'un mauvais pied, surtout que rien autour de l'acteur fourvoyé ne tourne rond. Les autres comédiens et figurants semblent avoir été refoulés du plateau du nouvel Astérix & Obélix tellement ils présentaient ringards, Max von Sydow livre la plus mauvaise prestation de sa prestigieuse carrière sous les oripeaux d'un pseudo-Obi Wan Kenobi, la divinement belle Inès Sastre ferait passer Pamela Anderson pour la plus douée des élèves de l'Actor's Studio... Y a même dans le chaudron un ébouriffé qui ressemble comme un frère jumeau à Jacquouille la Fripouille... D'autant plus burlesque que le film, abusivement vendu comme une fresque à la Gladiator, se prend terriblement au sérieux dans la confrontation du Gaulois unificateur à un Jules César machiavélique. Références mystiques complètement oiseuses, dialogues ampoulés jusqu'au ridicule... Ne manquerait plus que la réalisation accumule les maladresses de débutant pour que le naufrage soit entier. C'est le cas. (...) Film prétentieux et involontairement comique.
(En deux mots : Nos ancêtres les Gaulois avaient seulement peur que le ciel leur tombe sur la tête. C'est fait.)

Marc TOULLEC (Ciné Live) (5)
 
Fidèle aux promesses de ringardise des derniers films avec Christophe Lambert (Max et Jérémie qui date de 1992 est son dernier film correct), Vercingétorix... est un truc long, lent, bavard, bourré d'erreurs, avec une seule scène de bataille que le réalisateur est absolument incapable de filmer correctement.
Thim N. (6nema.com)
 
Vercingétorix, c'est tout simplement la nullité 24 images par seconde : un Christophe Lambert au regard plus inexpressif que jamais, des scènes de bataille «épiques» qui donnent l'impression d'avoir été tournées dans un potager (...).
Nathalie PIERNAZ (Chronic'Art)
 
Grande production et hélas ! film raté.

Jean-Pierre DUFREIGNE (L'Express)

 
Bénéficiant d'une image de qualité mais d'un son faiblard, le film de Jacques Dorfmann reste l'un des plus drôle (involontairement) jamais diffusé. Seul à pouvoir rivaliser contre l'incommensurable charisme médiatique de Jean-Claude Van Damme, Christophe Lambert qui avait annoncé son retour avec cette grande fresque historique avait comblé ses fans les plus hardcores (ceux qui se ruent en salles en bandes pour décrypter le Xieme degré de ses films et rigoler).
PHILIP (DVDrama)
 
Après l'expérience inoubliable et hilarante de Résurrection, on espérait ardemment que Christophe Lambert retente l'expérience du commentaire audio. Malheureusement, ici, c'est uniquement Jacques Dorfmann qui s'y colle. On se demandait bien comment les propos du réalisateur allaient pouvoir supporter la mise à l'épreuve de l'image, si le décalage n'allait pas être gigantesque. On espérait secrètement qu'il se justifie mais il n'en est rien et à l'écouter parler (rarement sur la durée toutefois), il ne semble pas se rendre compte de l'énormité qu'il a commise. Il se consacre surtout à évoquer les faits historiques de l'histoire et les aléas du tournage. Pour comprendre une partie du désastre, ses interventions sur le générique du début suffisent largement tout comme celles sur celui de fin.
Laurent PÉCHA (DVDrama)
 
Certes, d'aucuns ironiseront sur le très relatif charisme de Christophe Lambert et regretteront que la rigueur extrême du metteur en scène bride la dimension romanesque du sujet. Peu importe : leurs critiques s'envoleront, l'œuvre restera.
Laurence HALOCHE (Le Figaro magazine)
 
Alors que la critique s'est déchaînée avec une rare délectation sur le film, le pire était à craindre quant au démarrage de Vercingétorix. Une semaine après sa sortie, le film de Jacques Dorfmann n'a pourtant pas à rougir de ses premiers résultats : 222.602 entrées dans 312 salles, soit une moyenne de 713 spectateurs par écran. La débâcle a donc été évitée.
Le Film Français, 2 février 2001
 
(...) une série Z hypertrophiée en film de prestige, la pire des catégories.
Frédéric BONNAUD (Les Inrockuptibles)
 
 On est venu, on a vu, on a été déçu.
Stéphanie BELPÊCHE et Barbara THÉATE (Le Journal du Dimanche)
 
Maintenant c'est certain : Christophe Lambert est l'immortel des navets du cinéma français. Sa stature bancale et son regard de bovin malade contribuent pleinement à faire de lui l'éternel looser qu'on aime tant. Rajoutez les moustaches josébovesques et vous obtenez Vercingétorix, héros du film du même nom que vous n'irez pas voir. Scène d'ouverture et scène finale, le Futuroscope de Poitiers est décidément à l'honneur depuis Mission to Mars : c'est en définitive une métaphore astucieuse pour ce film débarqué dans le paysage cinématographique français comme un OVNI. Ce long métrage de l'inconnu - mais qui devra le rester - Jacques Dorfmann a pour mérite de rester fidèle à l'Histoire mais c'est bien le seul : côté dialogue, parmi les nombreuses subtilités du genre vous avez Vercingétorix s'adressant à ses fidèles guerriers : «Vous serez le marteau et je serai l'enclume», excusez du peu... Sans oublier les affreux décors, les costumes immondes (ah ! les capes et couvertures équestres cousues dans le même tissu à carreaux !), la musique pseudo-techno rythmant les batailles incompréhensibles et cette «bataille finale» que tout le monde attend pour enfin quitter la salle de projection.
Julien BERNARD (6)
 
Articulé autour d'un projet ambitieux, Vercingétorix échoue pourtant sur tous les tableaux. Une interprétation désastreuse, des dialogues anachroniques (...) font basculer le spectateur dans une vision au second degré.
Samuel BLUMENFELD (Le Monde)
 
(...) Vercingétorix est un film qui voudrait ressembler à un grand film épique. Malheureusement, le pari est raté ! Ce film-là s'apparente plutôt à une mauvaise pièce de théâtre où les acteurs se sentent obligés de déclamer (...).
Nathalie LANIER (Monsieurcinema.com)
 
(...) d'une nullité sans nom (...).
Pascal MÉRIGEAU (Le Nouvel Observateur)
 
(...) quand l'inspiration pointe aux abonnés absents, le résultat est souvent décevant car notre cinéma n'a pas, sur ce terrain, le savoir-faire et la compétence des professionnels d'outre-Atlantique.
Olivier DE BRUYN (Le Point)
 
 Pas une image qui ne donne l'impression de déjà vu, des moments inoubliables de comique involontaire (...), une absence totale de sens dramatique : le fiasco est d'importance.
Michel CIMENT (Positif)
 
Des marteaux, une enclume et des astres. - Après trente ans d'Astérix, traiter Vercingétorix au premier degré était un pari aussi ambitieux que risqué. Aidé de deux scénaristes prestigieux, Rospo Pallenberg, collaborateur habituel de John Boorman, et l'écrivain de science-fiction Norman Spinrad, le producteur-réalisateur-scénariste Jacques Dorfmann traite l'histoire sous l'angle du destin, comme l'indique une insistante métaphore astrale en prégénérique. Malgré ces efforts et le luxe de la reconstitution, le film est difficile à prendre au sérieux. Avec ses postiches variés, Christophe Lambert ressemble plus au bassiste de Spinal Tap qu'à un chef gaulois. Les scènes de bataille, visiblement inspirées de Braveheart, sont loin d'avoir la lisibilité de leur modèle. Les dialogues, tantôt trop explicites, tantôt pas assez, contiennent des perles d'humour involontaire («Gauloises, Gaulois !») qui donnent au film un second degré.
Gérard DELORME (Première) (7)
 
  On aurait... vivement souhaité que cette production relance, enfin, la carrière plus que déclinante de Christophe Lambert. Mal nous en a pris ! C'était peut être trop en demander. Il est maintenant évident que l'acteur Lambert est fini. A seulement 43 ans !
Comment définir le dégoût profond, la rage immense que l'on peut ressentir à la vue d'un tel désastre ? Volontairement, je vous propose une «analyse» de ce film tournant autour de quelques mots clés : stupide, idiot, crétin, débile.
Christophe DORDAIN (Le Quotidien du cinéma)
 
Au départ, j'avais une bonne intention : aller voir un film avec Christophe Lambert. L'exploit mérite quelque part d'être inscrit au livre des records. Bref, après une queue interminable, qui, elle, était composée de privilégiés qui avaient opté pour Le Pacte des Loups, je me retrouve dans la salle en compagnie de quelques acolytes. Le générique commence : l'espace, frontière de l'infini... Euh, je m'égare quelque peu. Que fait l'univers là dedans ? Peut être se sont-ils trompés de bobines et que nous avons droit à Highlander 4, malheureusement avec quelques semaines d'avance ? (...) Des décors sortis tout droit du Parc Astérix, des acteurs navrants (que fait Von Sydow là dedans ? Cela doit être un film alimentaire...), des dialogues tirés du Grand dictionnaire des dictons et des maximes, un montage affligeant et pour finir, un Christophe Lambert désolant. (...) Que va-t-on faire de Christophe Lambert, à part lui faire tourner des publicités pour les verres correcteurs pour le strabisme divergent de chez Afflelou ?
Pierre GODON (Le Quotidien du cinéma)
 
(...) ceux qui ont vu Braveheart ne manqueront pas de faire le jeu des sept erreurs entre les deux films.
Julien WELTER (Repérages)
 
Une belle occasion manquée. - L'idée était séduisante, le projet ambitieux et le pari audacieux. Mais d'où vient alors que l'ensemble ne fonctionne pas ? Comment Jacques Dorfmann, réalisateur du Palanquin des larmes, et Christophe Lambert ont-ils pu se laisser dépasser par cette entreprise ? Certes, il y a bien ici ou là des scènes réussies, certaines spectaculaires et d'autres touchantes. Mais un scénario trop pressé et des dialogues trop lourds, des seconds rôles trop caricaturaux et des figurants peu motivés (sans parler des coiffures, littéralement impossibles !) empêchent le film de décoller. Là où il devrait être lyrique, il n'est que laborieux. Là où il devrait nous renseigner, il ne fait que nous perdre.
Finalement, les moments les plus intéressants sont ceux où flotte cette amertume des lendemains de victoire. D'autant que Christophe Lambert n'est jamais aussi vrai, aussi émouvant qu'en héros triste, qu'en homme blessé.
..
Jean-Pierre LAVOIGNAT (Studio) (8)
 
Le bide du siècle, par Toutatis !
Aurélien FÉRENZCI (Télérama)
 
Projet ambitieux, murmuré de-ci de-là comme le Gladiator français, Vercingétorix souffre de mille manques : de moyens lorsque l'armée romaine de César se résume à trente figurants; de temps quand, dans une même scène, le ciel est tantôt radieux tantôt orageux; de crédibilité, là où, faute de maquillages convaincants, les soldats de Vercingétorix, grossièrement perruqués, tombent raides morts en serrant tant bien que mal une épée ou une lance entre le bras et le torse. Ces défauts rapprocheraient le film du péplum italien des années '60, si, malheureusement, tout, des dialogues ampoulés à l'interprétation, ne constituait un monument de comique involontaire. Ce n'est pas la première fois pour Lambert, mais Klaus Maria Brandauer et Max von Sydow connaissent à présent le plus gros navet de leurs illustres filmographies. Le plus mauvais film de la décennie.
Thierry JOBIN (Le Temps) (9)
 
«Je mesure avec ce dernier film que mon enthousiasme et ma passion sont restés intacts. - commente Christophe Lambert - Vercingétorix est simplement plus lourd en infrastructure et en équipe, si bien qu'il faut montrer une rigueur plus importante. Quand mille mecs descendent une colline en criant, le personnage du premier plan ne peut pas commencer à se marrer.»
[«Mais peut-être le spectateur ?», ajoute pince-sans-rire le critique du Temps.]2001.
Le Temps (10)
 
Devant cette déferlante de comique involontaire, ce sérieux inébranlable, cette somme incroyable de tentatives (narratives et visuelles) totalement ratées, devant ces aberrations flagrantes, on a parfois du mal à y croire.
Jean-Philippe TESSÉ (Urbuz)

XVI. Appendices

1.Vercingétorix

Le héros gaulois avait été au XIXe s. le sujet de nombreuses pièces de théâtre (une cinquantaine), de nombreux romans, de nombreux poèmes. Plus récemment il avait figuré dans la bande dessinée aux côtés de trois héros (Astérix, Alix, Taranis). Le voici porté au cinéma, avec un déchaînement de publicité commerciale.
Reconstitution historique ou péplum à la française ? Des coups d'épée, le déploiement de foules, une histoire sentimentale, il faut quelques ingrédients pour intéresser le grand public à l'histoire.
Le film utilise donc les personnages dont il est question dans
La guerre des Gaules, seule source d'information sur cette période. Et de nous faire assister au bûcher de Celtil, le père de Vercingétorix, aux dissensions entre chefs gaulois, aux grandes étapes de la lutte de Vercingétorix, la guerre contre César, le siège de Bourges, celui de Gergovie, celui d'Alésia, l'appel de César aux mercenaires germains. Il reprend les épisodes devenus légendaires : les femmes dénudant leur poitrine devant les légionnaires romains à Gergovie, Vercingétorix, à cheval, venant se rendre à César, parcourant le camp entre les haies de légionnaires, faisant le tour du trône de César, puis s'agenouillant pour offrir son épée. Tout cela est fort classique et se rencontre dans de multiples œuvres depuis 1840.
Plus discutables de faire de la Gaule dès le début du film une unité politique, de montrer une assemblée de tous les peuples, et de montrer Vercingétorix servant dans l'armée de César, de faire du grand druide l'inspirateur de la lutte contre César.
Le film reprend donc l'histoire en modernisant les images d'Epinal, et en rendant hommage à l'esprit de résistance et au patriotisme des Gaulois-Français.
Sans doute ce film peut donner aux jeunes, et à quelques adultes des notions d'histoire, on est loin du chef-d'œuvre, ni d'une réflexion historique.

André SIMON (11)

2. La droite préfère Jeanne d'Arc, la gauche Vercingétorix

A l'occasion de la sortie du nouveau film de Luc Besson, Ipsos a interrogé pour France Soir les Français sur les personnages historiques non contemporains les ayant marqués. Napoléon, Charlemagne et Jeanne d'Arc forment le trio de tête des personnages les plus souvent cités.

«Ipsos a proposé aux Français de se remémorer l'école primaire, et en particulier leur cours d'histoire, en leur demandant de citer les trois personnages historiques les ayant le plus marqué. Globalement, le trio de tête est composé de Napoléon, Charlemagne et Jeanne d'Arc. Cependant, l'analyse détaillée des résultats par catégorie fait apparaître des réponses sensiblement différentes selon le sexe, l'âge, ou la proximité politique des répondants.

La mémoire est sélective, et semble fortement influencée par les intérêts et la sensibilité de chacun. Ainsi, les femmes ont été particulièrement marquées par Jeanne d'Arc, comme les plus jeunes (moins de 35 ans). Les 35-50 ans se souviennent davantage de Charlemagne et les plus de 50 sont plus de six sur dix à avoir été impressionnés par les campagnes guerrières de Napoléon.

Les clivages idéologiques sont-ils déjà présents dans la petite enfance, ou l'idéologie fait-elle par la suite le tri dans les souvenirs ? Toujours est-il que la proximité politique déclarée des sondés clive nettement les réponses.

Ainsi Robespierre a particulièrement marqué les proches de l'extrême-gauche. Les sympathisants du Parti Communiste sont les seuls à placer dans leur trio de tête le «leader Gaulois» Vercingétorix (35 % de citations). Fascination pour les Lumières ou héritage mitterrandien, Louis XIV, le Roi-Soleil, jouit d'une cote de popularité relativement élevée auprès des proches du parti socialiste (46 %). En revanche à droite, c'est surtout Napoléon qui a marqué les esprits. Il est cité par 78 % de sympathisants du RPF, 67 % des sympathisants de Démocratie libérale et 58 % des proches du RPR.

Jeanne d'Arc, l'héroïne du nouveau film de Luc Besson arrive en troisième position des personnages historiques les plus souvent cités par les Français (42 % de citations). La pucelle d'Orléans est elle aussi particulièrement populaire auprès des électeurs de droite (en tête des suffrages pour les sympathisants de l'extrême droite (FN et MN), et en deuxième position pour les proches du RPF).

Le tiers des personnes interrogées déclare avoir l'intention d'aller voir le film au cinéma, soit un potentiel impressionnant de 20 millions d'entrées. Mais de l'intention à l'action...»

P.H. (12)

3. Anne de Leseleuc écrit des romans policiers - La mère de Vercingétorix, c'est elle !

«Avec les traits de notre Christophe Lambert national, Vercingétorix est devenu un peu plus genevois depuis quelques semaines. Et comme il a combattu César qui nous avait cassé notre pont, on ne peut qu'avoir de l'affection pour lui. Mais savez-vous que derrière le film de Jacques Dorfmann se cache une spécialiste de l'histoire antique et une admirable plume de romans policiers ? C'est le moment où jamais de découvrir la saga de Marcus Aper, le héros gaulois d'Anne de Leseleuc.
La mode est au gallo-romain. Astérix envahit le marché avec Latraviata, Bernard Clavel sort un
Brutus (Albin Michel) qui promet, Anthony Hopkins, avant de revenir sous le masque d'Hannibal est devenu Titus sur les écrans depuis le 14 février, Gladiator décroche des Oscars et on parle d'un film sur Jules César qui serait en préparation avec Tom Hanks devant la caméra de Michael Mann. Vercingétorix s'inscrit donc parfaitement dans l'esprit du moment et son «petit frère» l'avocat Marcus Aper, a le vent en poupe.
Etonnant parcours que celui d'Anne de Leseleuc, fait de coïncidences et de hasards. Dans les années soixante, elle commença à brûler les planches sous le nom d'Anne Carrère. On la vit dans des pièces classiques sous la baguette de Barrault. Lors de tournées dans le monde entier, elle fut Andromaque, Antigone ou Iphigénie. Elle fit quelques apparitions dans des pièces plus discrètes puis devint directrice de théâtre aux côtés de son mari. Une vie trépidante, pleine de contacts. Et puis le théâtre fut vendu et ce fut le vide.
Depuis toujours attirée par l'histoire de l'Antiquité, la voilà qui s'inscrit à 37 ans à l'Ecole du Louvre puis à la Sorbonne et se lance dans des études difficiles, couronnées quelques années plus tard par un titre de docteur en Histoire et Civilisations de l'Antiquité. Au cours de ses études, Anne de Leseleuc se lance dans le roman. Historique tout d'abord, avec
Le Douzième Vautour puis Eponine.
C'est Jean-Claude Zylberstein, fondateur de la collection «Grands détectives» chez 10/18 qui lui réclame un détective gaulois. D'abord surprise, la spécialiste se souvient alors d'un texte de Tacite relatant les propos d'un certain Marcus Aper, avocat gaulois de son état. Le héros était né. Et Anne de Leseleuc, qui avait notamment tourné dans des polars comme Les cinq dernières minutes et qui a toujours aimé ce type de littérature, trouve son style et ses aises dans les aventures du nouvel enquêteur.
Après
Les Vacances de Marcus Aper, Marcus Aper chez les Rutènes, Marcus Aper et Laureolus, Les calendes de septembre, Le trésor de Boudicca constitue le dernier volume en date de la collection. Les fans d'Anne de Leseleuc - ils se comptent par dizaines de milliers - connaissent bien aujourd'hui le justicier gaulois : il porte une superbe moustache qu'il triture abondamment lorsqu'il réfléchit et ne refuse jamais une petite cervoise. C'est un bon vivant, un gourmand. A défaut de plaider la cause de ses clients devant un tribunal dont le système ne lui laisse que peu de marge, il recherche lui-même le coupable et le livre à la justice.
Tous les personnages de ces récits ont existé. Les intrigues, elles, ont été inventées. Décors et détails démontrent la parfaite connaissance de l'auteur sur la vie quotidienne et économique de ce Ier s. après J.-C. C'est ce mélange qui confère ce sentiment de vérité aux histoires dans lesquelles on se plonge avec plaisir. Une manière comme une autre de revoir ses connaissances en histoire romaine ou, plus simplement, de s'immerger dans le monde d'Astérix ou de ses nombreux cousins.»

GHI, 25 avril 2001 (13)

4. Vercingétorix, «fabriqué» par César ?

Dans un roman de Jean Lartéguy, le colonel Mark J. Craight, dirigeant le Service d'Information de la Escuela de las Americas à Panama, soumet au général William D. Dawson, commandant le Southern Command, un projet machiavélique pour liquider une fois pour toutes les guérilleros qui écument l'Amérique latine : leur donner un leader autour duquel ils se regrouperont. Il suffit pour cela de «monter en épingle» un doux rêveur soixante-huitard comme Manrique le Licenciado [id. est Ernesto «Che» Guevarra] - ainsi que Jules César l'aurait fait avec Vercingétorix, il y a 2.000 ans.

«Pour mieux montrer sa méchante humeur, le général s'enfonça dans son fauteuil. Il disparaissait presque derrière la table.
- De quoi s'agit-il, Mark ?
- De César, Sir.
- Hein ?
- Comme je parle à un spécialiste, cette partie de mon exposé sera brève.
Craight avait marqué un point. Le général, intrigué, avait retrouvé une taille normale et décroché son téléphone :
- Je suis en conférence. Que personne ne me dérange.
«Allez-y, mon vieux.
«Mais je me demande bien ce que César vient foutre dans ce foutu continent où tout le monde semble se foutre de tout ce qui est logique et rationnel.
«Dans mon cours à l'Ecole de Guerre, j'avais tenu à faire ressortir la lucidité de César par rapport à l'incohérence de ses adversaires.»
- Jules César, je ne vous l'apprends pas, Sir, avait besoin, lorsqu'il se lança à la conquête des Gaules, de regonfler son personnage. Or, cette série de batailles, souvent mal gagnées, cette série de marches et de contremarches n'eut rien de très glorieux.
«César, pour intéresser Rome à son aventure, fut obligé de dramatiser la situation, d'exalter la vaillance de l'ennemi pour faire valoir ses qualités de chef militaire.
«Le public - et c'est lui qu'il visait - s'y retrouvait très mal dans ces noms barbares.
«Alors César prend l'habile décision de se choisir un seul adversaire, dont le nom soit facile à retenir : Vercingétorix le «grand roi des héros». C'est très important un nom, ou un surnom, quand on veut bâtir un mythe ou une légende.
«Ce Vercingétorix, quand César commence, à le tirer de l'ombre n'est guère connu; un chef gaulois parmi tant d'autres, ni meilleur ni pire, plutôt meilleur. Mais César est sûr de le vaincre quand il le voudra, à l'endroit où il le voudra, parce qu'il connaît bien ses faiblesses qui sont celles de tout son peuple.
«Dans un premier temps, César facilite les desseins de Vercingétorix. Il le laisse agir à sa guise pour qu'il entraîne dans son aventure tous les autres chefs qui, d'ailleurs, étaient prêts à se révolter.
«Il en fait une sorte de roi des Gaules, un guerrier invincible, un stratège habile. On en parle sur le Forum. On s'affole. Les Gaulois ont mauvaise réputation. Une fois déjà, ils ont pris Rome.
«Puis la révolte devient générale... On n'en doute plus. Cette révolte s'appelle maintenant Vercingétorix. Le personnage s'enfle démesurément. Son vainqueur sera un héros.
«Les Romains sont intoxiqués par cette habile propagande, comme les Gaulois. Il arrive un moment où la défaite du jeune chef arverne ne pourra plus que sonner la fin de la résistance en Gaule. Il en est ainsi de ces personnages sans grande substance, sans grande valeur, dont le hasard ou la propagande font soudain un drapeau. Leur chute consomme parfois la défaite de toute une cause, de tout un mouvement qui les dépassaient.
«Dans un troisième temps, César agit avec sa rapidité coutumière. Il enferme Vercingétorix dans Alésia et l'oblige à se rendre. Puis l'ayant enchaîné à son triomphe, il le fait égorger, car il n'a plus rien à en tirer.
«Une remarquable opération de guerre psychologique : créer de toutes pièces l'adversaire et ensuite l'abattre.
«Je vous propose, Sir, de la recommencer.»
Dave se frappa sur les cuisses :
- Je n'ai pas envie de franchir le Potomac et de prendre Washington.
- Il n'est question que de l'Amérique latine. Je voudrais simplement drainer toutes les révoltes confuses, tous les mouvements de violence de ce continent, créer un abcès de fixation à l'endroit que nous aurons choisi. Puis le crever, et en finir avec un certain nombre d'hommes qui deviendront un jour ou l'autre très gênants pour nous, s'ils trouvent le crédit que certains d'entre eux méritent.
«Le pays choisi, si vous me donnez votre accord, ce sera le Costa Verde; Vercingétorix : un révolutionnaire mexicain, Manrique le Licenciado. Nous jouerons le rôle de César, dans le plus grand secret s'entend.
- Le Licenciado ! Cette espèce de vagabond de la révolution, à mi-chemin entre le ridicule de Don Quichotte, l'exaltation de Bolivar et la fumisterie d'un intellectuel de Berkeley ?
- Don Quichotte n'est pas ridicule pour les Latins. Bolivar est toujours le symbole de la libération de l'Amérique latine, et à Berkeley, on apprend des tas de choses intéressantes, par exemple que les Etats-Unis se cherchent désespérément des mythes. J'ai toujours désiré créer un mythe.»

Jean LARTÉGUY (14)
 

carte gaule

Les principaux peuples gaulois (extr. Dossiers d'Archéologie, n­ 305)

 

 

NOTES :

(1) Site officiel : http//:www.vercingetorix-lefilm.com (Le lien Internet est actuellement désactivé). - Retour texte

(2) Pour autant, ce n'était pas encore des villas gréco-romaines contrairement à l'Alésia de Marco Vicario dans Seul contre Rome ! (N.d.M.E.) - Retour texte

(3) Otage de César, qui l'a chargée de s'occuper des enfants otages, les fils des chefs gaulois ralliés à César, elle s'est latinisée et est devenue sa proche collaboratrice, lorsque Vercingétorix - rallié à César, lui aussi - la retrouve. - Retour texte

(4) Site officiel : http//:www.vercingetorix-lefilm.com (Le lien Internet est actuellement désactivé). - Retour texte

(5) M. TOULLEC, «Gaulois sans filtre - Sastre & Lambert se foutent de notre gueule», Ciné Live, n­ 43, février 2001, p. 52. - Retour texte

(6) perso.worldonline.fr/julienbernard. - Retour texte

(7) G. DELORME, «Histoire du général de Gaule», Première, n­ 288, mars 2001, p. 45. - Retour texte

(8) J.-P. LAVOIGNAT, «Une belle occasion manquée», Studio Magazine, n­ 164, février 2001, p. 32. - Retour texte

(9) Th. JOBIN, Le Temps (Genève), 18 janvier 2001. - Retour texte

(10) Le Temps (Genève), 20 janvier - Retour texte

(11) Auteur de Vercingétorix et l'idéologie française, Imago, Paris, 1989 et Vercingétorix héros républicain, Ramsay, Paris, 1996. - Retour texte

(12) www.canalipsos.com - Retour texte

(13) Chronique parue dans GHI, 25 avril 2001 : www.polar -ge.ch - Retour texte

(14) J. LARTÉGUY, Tout homme est une guerre civile, Presses de la Cité, 2 vols, 1969-1970, I, pp. 180-182. - Retour texte