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300
(Zack Snyder, EU - 2006)

[d'après la BD de Frank Miller]

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Sparte meurt, mais ne se rend pas !

1. Dulce et decorum est pro Patria mori

2. 300 - Le film (2006)

3. La BD de Frank Miller

Sur cette page

4. Quelques personnages

4.1. Les éphores
4.2. Le traître Éphialtès
4.3. La reine Gorgô
4.4. Léonidas
4.5. Autres personnages historiques...

5. Quelques faits de civilisation

5.1. La diamastigosis
5.2. La cryptie, les hilotes et les périèques
5.3. Historic fantasy

5.3.1. De l'Histoire au Mythe
5.3.2. Créatures mythologiques

5.3.3. La «bataille des Playmobiles»

5.4. Hémoglobine
5.5. Homophobie

Pages suivantes :

6. Martyrs de la démocratie

7. Pour conclure

8. Filmographie

8.1. Cinéma

8.2. Télévision & docufictions


4. Quelques personnages

4.1. Les éphores
Les éphores, magistrats spartiates, sont décrits dans la BD (et le film) comme «prêtres (1) des dieux anciens. Ordures consanguines [les éphores ou les dieux ?] que même un roi doit acheter et supplier. [Il doit s'agir des dieux !] (...) Ordures consanguines, vieux malades mystiques. Débris inutiles (... qui) choisissent les plus belles filles de Sparte pour en faire leurs oracles. (...) Les misérables ont des besoins et des âmes aussi noires que l'Enfer» [Là, il doit s'agir des éphores. A moins que... !?].

Même les rois étaient obligés (dèmagôgeia) de flatter les éphores, rapporte Aristote (2). A vrai dire, on se perd en conjectures sur l'origine de l'éphorat. Parmi d'autres hypothèses, les cinq éphores («surveillants», «intendants») à l'origine auraient peut-être été des prêtres ou astrologues avant de devenir, ces magistrats qui avaient barre sur les deux rois de Sparte, note H. Michell (3). Et Aristote - qui, au service des Macédoniens, n'aimait guère les Spartiates - dénonçait leur corruption (4). A sa manière, Frank Miller semble avoir voulu faire ici passer le constat que Sparte était aussi une gérontocratie. Un Grec affirma un jour que Sparte était, pour un homme, le meilleur endroit où vieillir, car le troisième âge y était tenu dans le plus haut respect ce qui n'était guère le cas ailleurs (PLUT., Apophtegmes laconiens, 235 E, 60). Sans cesse sous le contrôle de leurs aînés, les jeunes gens de Sparte vivaient en immersion avec les vieillards, recueillaient leurs avis et conseils, leur cédaient place assise, etc. A décharge il nous semble que - les Spartiates prenant le plus grand soin de leur condition physique, y compris ceux qui ayant atteint l'âge le plus vénérable continuaient à pratiquer l'art de la chasse - les vieillards spartiates étaient probablement plus alertes qu'ailleurs.

300 - ephialtes

A mi-chemin entre «The Thing» et le domestique du château hanté, Ephialtès n'a pas sa place dans le monde spartiate (Frank MILLER & Lynn VARLEY, 300, Rackham, 1998)

 

4.2. Le traître Éphialtès
Le pire est sans doute le traître hideux, le Spartiate malformé, rejeté enfant, rejeté adulte - né semble-t-il de l'improbable copulation d'Eléphant Man avec un mammouth femelle, et dont Mr Hyde aurait été le parrain. Quelque part, il fait songer au Quasimodo de Notre-Dame de Paris (cf. le Quasimodo US du Van Helsing de Stephen Sommers), dont le nom en latin médiéval signifie «d'une certaine manière», ce qui implique qu'il y a plusieurs manières. «Et le père Hugo - nous susurre notre vieux pote Fal - a montré que l'alliance entre le sublime et le grotesque n'était pas impossible.» Enfant, il a une première fois été disqualifié par les sages législateurs de Sparte - la pure -, mais il a échappé au gouffre des Apothètes. Et lorsqu'à l'heure du danger il vient offrir ses services, il est une seconde fois rejeté par le «bon roi Léonidas»; trop petit, il ne réussirait pas à intégrer son bouclier dans le tissu de la phalange. Car dans la phalange, tout le monde est pareil, et tous sont solidaires. Ephialtès est une tache. Ephialtès trahira.

La BD et le film en font un Spartiate renégat, mais Hérodote dit que c'était un Malien, fils d'Eurydémos; Diodore le nomme Trachinius, c'est-à-dire «le Trachinien». Dans l'un et l'autre cas, c'était donc un pâtre de la région, ce qui explique sa connaissance des sentiers de montagne.

4.3. La reine Gorgô
Avec l'approbation de F. Miller, le scénariste du film Kurt Johnstad a spécialement développé ce personnage féminin, quasi absent dans le roman graphique. «Elle permet de comprendre la notion de pouvoir de la femme dans la culture spartiate, laquelle faisant défaut à l'ouvrage. Les femmes étaient alors l'égal des hommes. Elles pouvaient être propriétaires terriennes et avaient leur mot à dire dans la vie politique de la société. J'ai rencontré plusieurs historiens qui m'ont fourni le matériel nécessaire pour écrire ces scènes, ensuite j'ai suivi mon instinct. A cette fin, il était aussi important pour moi de comprendre l'environnement culturel de l'époque que de rester fidèle à la bande dessinée» (5) . «Le principal ajout que nous avons fait a été de greffer une histoire secondaire sur la femme du roi Léonidas qui cherche à rallier les troupes pour aider son homme. On voulait apporter une touche féministe dans cette histoire virile. La Warner avait envie de voir ce que cela donnait comme résultat final, de voir comment le comic allait prendre vie à l'écran» (DVDrama). «Je voulais apporter une énergie féminine à l'histoire, une touche maternelle et plus d'humanité, raconte encore Snyder, le réalisateur. Et puis il y a cette histoire d'amour. Quand, à la fin, Léonidas dit : «Ma reine, ma femme, mon amour...», ça m'a touché. Gorgo ne fait qu'une apparition dans le roman graphique original [pour prononcer, en lui remettant son bouclier, la fameuse maxime : «Reviens avec lui ou sur lui»], mais sa présence se ressent dans toute l'histoire grâce à cette réplique»(6). Dans son développement filmique le personnage de la reine Gorgo accentue sa forte personnalité de femme spartiate, qui consent un sacrifice tout aussi grand que son époux et roi - lequel sait pertinemment bien qu'il va à une mort certaine. A Sparte, elle canalisera les fidèles de son mari, les partisans de la guerre, pour démonter les partisans de la paix, vendus à l'ennemi. Elle consentira même à se donner à Théron, pour qu'il rallie le camp des patriotes, mais celui-ci se moquera d'elle au conseil, aussi le transpercera-t-elle de son sabre. En s'effondrant, mourant, Théron laissera échapper des dariques (7) perses, prix de sa trahison. Mais surtout donnera à Gorgo l'occasion de replacer auprès de l'ambassadeur perse un mot historique dont Plutarque nous a conservé le souvenir. Une femme étrangère lui aurait dit : «Vous autres Lacédémoniennes, vous êtes les seules qui commandiez aux hommes. - C'est que, répondit Gorgo, nous sommes les seules qui mettions au monde des hommes» (PLUT., Lycurgue, XXVI).

La fille de Cléomène passait pour une femme subtile. C'est-elle qui eut l'idée de faire fondre la cire des tablettes vierges envoyées par Démarate, pour pouvoir lire le texte gravé à même le bois (HDT., VII, 239). L'anecdote fut reprise dans le film de Maté (Gorgo envoie un message à son époux, Léonidas), mais pas dans le film de Snyder.

La reine Gorgo est donc au centre d'un second récit qui court parallèlement au déroulement de la bataille des Thermopyles. «Chaque moment clef du drame se jouant dans le dos du roi Léonidas ou sur le champ de bataille est montré en une scène courte, presque symbolique, quasiment graphique, évitant ainsi la cohabitation de deux styles, l'un plein de rage et de sang, l'autre plus posé et théâtral, note Yann Lebecque. Cette constance dans l'esthétisation fait toute la puissance et la cohérence de 300, la particularité de cette expérience autant visuelle qu'émotionnelle (8).»

 

300 - gorgo

Il y avait, en effet, un aspect de Sparte que la BD de Miller - et donc aussi le film de Snyder - a négligé : la vie des femmes. Les jeunes filles spartiates s'entraînaient nues à la palestre, courraient, luttaient entre elles, lançaient le disque et le javelot, chantaient et dansaient devant les jeunes gens et tout ceci dans un climat de décence désexualisé, pareil à un centre de la FFN. «Mais quant à ce que les filles se montraient ainsi toutes nues en public, il n'y avait pour cela vilenie aucune, mais était l'ébattement accompagné de toute honnêteté, sans lubricité ni dissolution quelconque; et plutôt, au contraire, portait avec soi une accoutumance à la simplicité» (PLUT., Lyc., XXVI - trad. Jacques Amyot).

S'agissant de femmes - ou plutôt de vierges - vivant, tout de même, dans une culture méditerranéenne, on a glosé sur le sens exact à attribuer à l'adjectif «nues» (9). Etaient-elles intégralement nues à la palestre, comme les mâles, ou seulement légèrement vêtues de ce qu'on pourrait appeler un «déshabillé» (ainsi qu'incline à le penser l'historien victorien Grote [10]) ? On songe à cette courte tunique, ou plutôt ce péplos retroussé pour laisser nues les jambes, comme celui dans lequel la statuaire représente Artémis chasseresse ? Laissant les bras nus et ouvert de haut en bas sur le côté gauche du corps, le péplos dorique était déjà suffisamment léger pour nous convaincre que les femmes spartiates n'éprouvaient aucune pruderie.
Aussi est-il probable que dans leurs exercices gymniques, nues les vierges spartiates l'étaient intégralement - pareilles aux hommes. La question ne s'était du reste pas posée au malicieux Rolf Thiele, coupable dans les années '70 d'une version coquine de Lysistrata, Les jeux olympiques du sexe (Gelobt sei, was hart macht / Als die Männer laufen lernten..., 1972), empli d'une solide bonne humeur teutonne. Pour le film 300, le costumier s'est ingénié à vêtir la reine Gorgo d'un «péplos» fort peu dorique mais tout autant révélateur, qui nous confirme que les dignes matrones de Lacédémone savaient se contenter de peu...

4.4. Léonidas
Selon Hérodote, Léonidas était le troisième des quatre fils (11) du roi Anaxandridès, fils de Léon, fils d'Eurycratidès, fils d'Anaxandros, fils d'Eurycratès, fils de Polydoros, fils d'Alcaménès, fils de Téléclos, fils d'Archélaos, fils d'Agésilaos, fils de Doryssos, fils de Léobotès, fils d'Echestratos, fils d'Agis, fils d'Eurysthénès, fils d'Aristodémos, fils d'Aristomachos, fils de Cléodéos, fils d'Hyllos, fils d'Hercule (HDT., VII, 204).
Ses frères aînés Cléomènes et Dorieus étant morts sans héritier mâle, Léonidas qui avait épousé sa nièce Gorgo, fille de Cléomènes (12), monta alors sur le trône (en 481 ?, en 487 ?). Il appartenait donc à la branche des Eurysthénides ou Agides, qui se partageait le double trône de Sparte avec les Proclides ou Eurypontides (HDT., VII, 205). Selon le mythe fondateur, les fils d'Aristodémos, Proclès et Eurysthénès étaient jumeaux. Mais dans les faits il faudrait plutôt comprendre qu'une dynastie locale coexistait avec celles des conquérants doriens.

Le roi Léonidas devait avoir approximativement soixante ans au moment des Thermopyles; mais F. Miller, tout comme R. Maté et Z. Snyder, lui confère la quarantaine. Evaluant la résistance des Grecs au port d'une armure dont le poids total approchait la moitié de celui qui la portait, V. Hanson compile les noms et âges respectifs d'hoplites vétérans - comme ce Phèdre, fils de Callias, qui périt à près de soixante-dix ans dans un combat contre Sytres en 323 -, mais ne parle pas de Léonidas. De fait, on ignore la date de naissance de ce roi de Sparte, mais son âge peut approximativement se déduire du fait qu'il avait épousé une fille de son demi-frère aîné Cléomènes. L'âge légal du mariage, à Sparte, étant fixé à trente ans pour les hommes et vingt pour les femmes, Cléomènes devait avoir au minimum cinquante et un ans quand son cadet Léonidas - probablement veuf d'une première épouse - devint son gendre. Ajoutons y le fait que, Gorgo n'étant pas l'unique enfant de Cléomènes, quelques années sont sans doute à rajouter (compensant l'écart Cléomènes-Dorieus-Léonidas) et qu'elle-même donna au moins un fils au héros des Thermopyles.

Xerxès ayant fait savoir à Léonidas qu'il ferait de lui le roi de toute la Grèce, s'il acceptait d'embrasser son parti, le roi de Sparte lui répondit : «Si vous saviez ce qui est bon dans la vie, vous vous abstiendriez de souhaiter des choses étrangères. Pour moi, mieux vaut mourir pour la Grèce que de devenir un monarque, à l'insu de mes compatriotes» (PLUT., Moralia, 225, 10). L'anecdote est bien reprise dans 300, qui brode en outre : «Comment oses-tu t'opposer à moi, qui suis prêt à tuer n'importe lequel de mes hommes pour obtenir la victoire ?» «Et moi, je mourrais pour n'importe lequel de mes hommes», répond Léonidas.

Hérodote nous rapporte qu'exaspéré par la résistance de Léonidas, Xerxès infligea à son cadavre un traitement barbare assez surprenant de la part des Perses, pourtant réputés pour leur magnanimité. Le corps décapité de Léonidas fut crucifié. La caméra de Snyder capte le corps de Léonidas, non pas crucifié mais les bras en croix, au milieu d'autres cadavres des Thermopylomaques et des boucliers frappés du lambda lacédémonien. Un jeu de lumière confère alors au héros la transparence d'un vitrail d'église et une aura christique (13), tandis que la caméra nous ramène à Sparte où l'unique survivant des 300, Dilios s'apprête, avec l'aide de la reine, à confondre le «Judas» Théron, de la tunique duquel s'échapperont les dariques d'or prix de sa forfaiture.

 
300 - leonidas
 
300 - leonidas

De la BD au film, Léonidas gît les bras en croix au milieu de ses hommes..

Son père tué, le fils de Léonidas, Pleistarchos, eut pour tuteur son cousin Pausanias - le vainqueur de Platées, plus tard condamné à une mort misérable par les éphores. Pleistarchos mourut peu de temps après son élévation au trône, sur lequel il fut remplacé par le fils de Pausanias, Pleistonax. Quarante ans après la bataille des Thermopyles - tandis qu'Hérodote composait ses Histoires - le fils de Pleistonax, nommé Pausanias comme son grand-père, ramena à Sparte les ossements de Léonidas où ils furent inhumés sous un monument magnifique où furent gravés les noms des 300 Thermopylomaques, les Hippeis de la Garde royale.

Nous revînmes dans un café de Sparte, et mon juge interrogea ses compagnons de manille pour savoir où se trouvait la tombe de Léonidas. Bien que ce fut l'heure du brouet, ils me conduisirent en troupe derrière une haie, dans une sorte de jardin, et me dirent :
- C'est là.
On ne trouve rien d'authentique sur les monticules onduleux de Sparte. Qu'est devenue la stèle, près du tombeau de Léonidas, où les enfants épelaient les noms des trois cents morts aux Thermopyles ?

Maurice BARRÈS, Sparte

Très différent de son illustre aïeul et homonyme fut Léonidas II, descendant à la huitième génération du Pausanias (14) qui vainquit Mardonius à Platées. Ce fils d'un Cléonyme monta sur le trône de Sparte en 257. Comme son ancêtre partisan du luxe et d'un mode de vie raffiné - Léonidas II avait longtemps vécu en Syrie, à la cour de Séleucos -, il contrecarra son collègue dans la dyarchie, Agis IV (roi en 244) - lequel voulait remettre en vigueur les lois de Lycurgue et les anciennes vertus qui jadis avaient fait la grandeur de Sparte. Cet Agis IV fut condamné à mort par les éphores et étranglé dans sa prison, après avoir été arraché au temple où il s'était réfugié. Plutarque, dans ses vies, met en parallèle les Spartiates Agis et Cléonyme et les Romains Tiberius et Caius Gracchus.

4.5. Autres personnages historiques
On peut regretter que Miller n'ait pas conservé les personnages spartiates qui sont nommés dans Hérodote. Deux hoplites de Léonidas étant atteint d'une affection aux yeux, le roi leur ordonna de se retirer car ils ne lui étaient d'aucune utilité; l'un, Eurytos, s'obstina à se battre en aveugle, se fit apporter ses armes par son hilote et se fit tuer aux Thermopyles; le second, Aristodamos, rentra à Sparte sans son camarade. Son attitude - non pas d'avoir obéi à l'ordre du roi, mais de s'être désolidarisé d'Eurytos - lui valut le mépris de ses compatriotes qui le surnommèrent Aristodamos-le-Trembleur. Celui-ci se fit délibérément tuer à Platées, l'année suivante, en faisant de l'excès de zèle. C'est lui le Dilios de la BD et du film. Un troisième soldat fut renvoyé à Sparte comme messager; il se nommait Pantitès et, honteux d'avoir survécu à ses camarades, se pendit. Celui qui prononça la fameuse phrase : «Les flèches perses obscurcissent le ciel ? Tant mieux, on se battra à l'ombre !» (15), se nommait Diénékès; dans la BD comme dans le film, elle est attribuée à Stelios (Michael Fissbender), peut-être parce que le nom de Diénékès aurait été jugé trop rébarbatif (?)... Dédaigneux des choses du sacré, Miller-Snyder ont également omis Mégistias d'Acarnanie, le devin qui accompagna Léonidas aux Thermopyles. Ce devin descendait de Mélampous; toutefois il refusa d'abandonner Léonidas, se contentant de renvoyer son fils unique, qui l'avait suivi dans cette expédition (HDT., VII, 221). Quand on voit le traitement infligé aux éphores par Miller, on ne s'étonne pas vraiment de l'absence de Mégistias dans son «roman graphique». Tous ces personnages étaient cités par Hérodote.

300 - thermopyles

Le tir des archers perses est si dense que leurs flèches obscurcissent le ciel. «Tant mieux, nous combattrons à l'ombre.» Comme dans Gladiator, l'infographie permet d'exagérer la portée des arcs perses

Pausanias mentionne deux autres Lacédémoniens, Maron et Alpheus, qui - sur le champ de bataille - furent ceux qui montrèrent le plus de valeur après Léonidas.
Curieux également le fait qu'au contraire d'Hérodote (et de Rudolph Maté), 300 n'ait pas mis en valeur les Thespiens et leur chef Démophile, fils de Diadromès - pour leur préférer un *Daxos, et son contingent arcadien. Selon Hérodote, Dithyrambos, fils d'Harmatidès fut le plus valheureux des Thespiens. Le capitaine des Thébains, pas mentionnés non plus dans la BD/film, se nommait, quant à lui, Léontiadès. On connaît également le nom de l'Athénien Abronichos, qui assurait auprès de Léonidas la fonction d'officier de liaison avec Eurybiade, Thémistocle et la flotte de l'Artémision (HDT., VIII, 21).

5. Quelques faits de civilisation

La bataille des Thermopyles fut un grand moment de gloire et d'héroïsme, superbement illustré par le roman de Steven Pressfield, Les Murailles de Feu (Gates of Fire) (16), qu'il avait été question de porter à l'écran voici trois-quatre ans. Nous étions, par contre, quelque peu sceptique de voir prendre pour référence scénaristique la BD 300 de Frank Miller, que nos estimons passablement glauque et pas très historique, en dépit de ses qualités esthétiques certaines.

A la fin de la Guerre du Péloponnèse, l'aristocratique et belliqueuse Sparte eut la grandeur d'âme de ne point raser Athènes vaincue, ainsi que l'exigeaient ses alliés. La démocratique Athènes était cependant loin de pouvoir se prévaloir d'autant de noblesse - en témoigne, entre autres méfaits, le cruel châtiment qu'elle avait infligé à son alliée Mitylène, seulement coupable d'avoir refusé de continuer à lui payer sa «protection». Une sulfureuse aura nimbe le mythe spartiate, communiste ou national-socialiste avant l'heure, qui avait séduit des intellectuels athéniens comme Xénophon et Platon. Sa réputation avait pénétré jusqu'au cœur de l'Italie. Ainsi, Denys d'Halicarnasse voyait dans les Sabins, guerriers réputés pour leur bravoure - avec les Latins et les Etrusques, une des trois composantes du peuple romain - les descendants de colons spartiates. Ce serait intéressant de redresser l'image de Sparte et des Spartiates, dont les romanciers, y compris Steven Pressfield, David Gemmell et F. Miller, ont surtout retenu les aspects les plus discutables comme la cryptie ou la diamastigosis. Pages obligées, qui font la délectation du public !

5.1. La diamastigosis
La diamastigosis, la flagellation rituelle des jeunes spartiates, est un vrai rituel sadomasochiste. Tout semble indiquer qu'à l'époque classique elle n'était pas pratiquée de la manière décrite par Pausanias, lequel - contemporain d'Hadrien - écrivait 600 ans plus tard, au temps de l'Empire romain. Bien sûr, nous sommes perplexe, lorsque nous songeons aux tortures rituelles et mutilations que pouvaient s'infliger volontairement certains peuples guerriers (comme la Danse du Soleil chez les Mandans, dont le célèbre film Un Homme nommé Cheval a reconstitué une version encore passablement soft).
Mais au long de son histoire, Sparte a toujours eu à lutter contre son déficit démographique; on peut douter qu'elle ait délibérément gaspillé son potentiel humain en fouettant ses fils souvent à mort, par simple plaisir de bravade.

Nous avons été frappé par une remarque de M.I. Finley (17) selon laquelle - en dépit de leur exceptionnelle réputation de bravoure - les Spartiates, dans leur organisation militaro-politique, n'étaient pas tellement différents de leurs voisins et alliés. De fait, un exemple qui nous vient à l'esprit est celui sus-évoqué des jeunes filles s'entraînant nues à la palestre. L'institution n'était pas spécifique aux seuls Spartiates, puisqu'il y avait, à Olympie, des jeux athlétiques féminins dédiés à Héra. Ce qui implique que des concurrentes spartiates s'opposaient à d'autres jeunes filles issues des villes péloponnésiennes alliées (doriennes ?). Un autre exemple, celui-ci proposé par Finley, est que l'hilotisme non plus n'est pas particulier à la seule Sparte : on le retrouve également en Thessalie (les pénestes), en Crète et en Sicile (18). C'est seulement à la fin de la Deuxième guerre messénienne - si nous résumons bien la pensée de Finley - que la société spartiate se referma sur elle-même et que le citoyen-hoplite devint un hoplite-citoyen, membre non plus d'une milice mais d'une armée professionnelle - la seule du monde grec classique. Dans les autres Etats grecs, la fonction guerrière était implicite de la condition de citoyen; à Sparte elle vira au militarisme policier frileux d'une minorité s'imposant par les armes aux populations asservies (hilotes, Messéniens) au milieu desquels elle vivait. Cette Sparte-là, celle dont le sacrifice de Léonidas forgea le symbole le plus prestigieux, n'exista que de ±550 à 371 av. n.E. et rendit son dernier souffle sur le champ de bataille de Leuctres (19).

Xénophon et, après lui, Plutarque exposent que Lycurgue - le législateur mythique - était un homme bon et doux, qui prêchait que l'obéissance s'obtient par l'exemple. Selon lui, la pauvreté était la meilleure garantie contre l'invasion étrangère : il n'y avait à Sparte aucune richesse matérielle susceptible d'exciter la convoitise d'autrui. La pauvreté et la frugalité étaient aussi la meilleure garantie de l'égalité entre tous, et plus sûr moyen de bannir à tout jamais l'envie, la convoitise et la jalousie. L'Histoire a retenu que si tous les Grecs connaissaient le bien, seuls les Spartiates le pratiquaient. Aussi, en toutes circonstances, les Grecs aimaient à se tourner vers ces Spartiates réputés pour leur intégrité, leur réclamant des harmostes, des officiers capables d'arbitrer leurs conflits, de les gouverner en cas de crise. Car les Spartiates pratiquaient la vertu la plus austère. Modestes, leurs jeunes gens marchaient les yeux baissés. Ils étaient le seul peuple respectant l'autorité des magistrats et des vieillards. Leur soumission et leur obéissance aux ordres des chefs était totale et absolue. Mais aussi les Spartiates n'aimaient pas trop sortir de leur pays, ni recevoir chez eux des étrangers de crainte de se voir contaminés par leurs idées subversives ou leurs mœurs dissolues. Bien sûr, Xénophon comme Platon - l'idéologue de la Cité idéale (20) -, sont des aristocrates qui considèrent le métier des armes comme le seul qui soit digne d'un homme libre (avec les fonctions dirigeantes qui y sont liées). Quand l'Athénien Xénophon glose sur ses amis spartiates - parmi lesquels il a vécu, exilé (21) - on a un peu l'impression d'entendre la Pravda parler de l'Armée rouge. Mais en notre XXe s., nombre d'intellectuels d'extrême-gauche ne jurant que par l'Union soviétique en sont bel et bien revenus : la déstalinisation d'abord, la chute du Mur de Berlin ensuite, révélateurs de bien des scandales... Aussi le, certes discuté, chapitre XIV de la République des Lacédémoniens, où Xénophon déplore la décadence des vertus spartiates, ne nous surprend pas vraiment.

Quid alors de ces «Templiers de la Grèce antique», de ces moines-soldats qui avaient fait vœu de pauvreté et qui s'infligeaient la «discipline» ? Quid de cette société égalitaire qui n'en était pas tout à fait une ? L'esprit d'émulation cultivé par Sparte, encouragé à toutes forces, fatalement laissait des scories, des laissés-pour-compte du système, dans une société où la bonne renommée est tout... Un monde où n'émergent du lot que les stakhanovistes de la castagne, où toute bévue est sanctionnée par le fouet. Un monde finalement assez hypocrite où, comme le rappelle M.I. Finley, «le conformisme et l'anti-individualisme étaient poussés au maximum»(22).

Lycurgue avait institué une monnaie de fer, dans les échanges internationaux absolument aussi commode que des bank-notes de Monopoli. «C'est sous le règne d'Agis [Agis II, roi de 427 à 397] que l'argent commença à faire irruption dans Sparte», note Xénophon, précisant que Lysandre, homme par ailleurs intègre, eut le tort de transgresser un des trois rhètes (ordonnances) de Lycurgue, en rapportant dans sa patrie un considérable butin de guerre d'or et d'argent. Si bien que la corruption des Spartiates devint proverbiale, comme le note Finley (23).
Nous n'insisterons pas sur la décadence de Sparte, laissant le soin de la conclusion à un romancier bien informé, Gore Vidal. Optant pour le point de vue achéménide - par le biais de son héros gréco-perse Cyrus Spitama, ambassadeur du Grand-Roi - Vidal ironise à propos de Marathon : «Comme d'habitude, les Spartiates s'excusèrent. Cette race belliqueuse invente toujours des prétextes remarquablement ingénieux pour ne pas honorer ses alliances militaires. Apparemment, la lune était pleine - ou ne l'était pas - que sais-je encore. Je n'ai jamais fait d'enquête approfondie sur ce sujet, mais je ne serais pas surpris d'apprendre que le trésor perse avait suborné les rois spartiates pour qu'ils restent chez eux. Baradkama, le trésorier, disait souvent avec amertume que, de tous les bénéficiaires des fonds secrets du trésor, les Spartiates étaient les plus gourmands et les moins dignes de confiance» (24).

Les spectateurs éclairés, tel l'animateur du blog Sur l'Octuple sentier, noteront anticipativement : «Faut-il (...) rappeler que Sparte, épuisée par les guerres continuelles, a fini par disparaître des nations qui comptaient (après une alliance avec la Perse ! [Le traité d'Antalcidas, par lequel les Spartiates abandonnaient au Grand Roi Artaxerxès les Grecs d'Asie Mineure (386) - N.d.M.E.]), et que c'est finalement Athènes, vrai modèle de démocratie, qui finit par dominer l'ensemble du monde grec classique ?»

5.2. La cryptie, les hilotes et les périèques
La cryptie, le «massacre secret des hilotes». On ne sait pas au juste en quoi consistait la cryptie, mais elle a fait pas mal gamberger l'imagination des historiens, sans parler des littérateurs... Police secrète, crimes rituels etc. Nous renvoyons à la thèse d'Henri Jeanmaire, Couroi et Courètes (25).

Selon le cliché scolaire reçu, les jeunes gens assassinaient ceux des hilotes qui leurs paraissaient les plus intelligents ou les plus rebelles. D'où l'idée d'une sorte de «police secrète». H. Jeanmaire rapproche ces jeunes spartiates des jeunes africains noirs qui se retirent de la tribu le temps de leur initiation pour passer dans la catégorie des adultes. Comme ils sont des guerriers, c'est l'occasion de se faire la main sur tous individus suspects. Il les rapproche des Hommes-Léopards d'Afrique. Les jeunes Spartiates seraient donc des Hommes-Loups, leur institution ayant été fondée par le législateur mythique Lycurgue (dont le nom signifie «ouvrage du loup»).

Dans Le Chasseur Noir, Pierre Vidal-Naquet montre que la même institution a existé à Athènes : aux irènes spartiates (18-20 ans) il fait correspondre les éphèbes athéniens (16-18 ans) : eux aussi se retirent de la cité, pour vivre sur les frontières de l'Attique; mais leurs armes légères ne sont pas celles des citoyens, les lourds hoplites cuirassés (qu'ils ne deviendront qu'au terme de leur éphébie). Toutefois il ne semble pas qu'ils assassinaient qui que ce soit. Bien sûr, ils avaient un rôle de gardes-frontières, et comme tels pouvaient être amenés à sévir contre tous individus suspects.

Chaque citoyen spartiate était un guerrier tout entier adonné à son art; il recevait un kléros, un lopin de terre inaliénable (26) auquel étaient attachés des serfs d'Etat, les hilotes, qui la cultivaient pour lui et lui fournissaient ainsi la subsistance de sa famille, et sa quote-part aux syssities (les tables communes des soldats-citoyens, dans leur caserne, car les Egaux ne voyaient pas souvent leurs femmes sauf pour leur faire des enfants). Un guerrier spartiate aimerait-il que les jeunots viennent lui trucider ses meilleurs paysans... lui coupant les vivres, donc menaçant sa citoyenneté conditionnée par sa capacité à assumer ses charges aux syssities ?

A propos de la cryptie, H. Michell note : «C'était la question la plus controversée dans toute l'Hellade, les uns disant que les Spartiates (...) traitaient bien [les hilotes], les autres, mal. La vérité est probablement intermédiaire. Quand ils ne redoutaient rien des hilotes, les Spartiates les traitaient convenablement, du moins autant que le permettait leur arrogance impérieuse de suzerains. (...) Aristote, selon Plutarque (Lyc., XXVIII), dit que chaque année les éphores déclaraient la guerre aux hilotes, en sorte que tout massacre devenait légal. Grote (II, 378) met en doute ce fait, non sans raison, car Aristote n'aurait pas manqué de commenter cette remarquable pratique dans sa Politique; mais il est visible aussi que la connaissance qu'il a des coutumes spartiates est imparfaite sur bien des points. Xénophon ne dit rien à ce sujet, mais il parle très peu des hilotes» (27).

De fait, les spécialistes ne sont pas d'accord entre-eux sur les différentes catégories sociales qui vivaient à Sparte. Par exemple, qui étaient les périèques, qui étaient les mothaces ? On peut s'étonner que Steven Pressfield et Cristina Rodriguez, dans leurs romans respectifs, aient totalement oublié d'évoquer les périèques. C'étaient eux pourtant qui fournirent à Léonidas, à côté de ses 300 Spartiates, les 700 hoplites d'appoint qui, selon Hérodote, font prédire par Démarate, l'ex-roi de Sparte passé aux Perses : «Ne seraient-ils que mille, les Lacédémoniens combattront.» On sait que Lycurgue avait créé 9.000 kléroï spartiates et 30.000 périèques. On sait également qu'à Platées, chaque homme spartiate amena jusqu'à sept de ses hilotes. Il y aurait donc eu 5.000 hoplites spartiates, 10.000 hoplites périèques et (?) 35.000 hilotes, servant d'infanterie légère. Si l'on en croit la littérature, ce n'est que beaucoup plus tard - aux alentours de 425 (défaite spartiate à Pylos) -, que leur constant déficit démographique contraignit les Spartiates à accepter des hilotes ou anciens hilotes (neodamôdeis) au sein du corps des hoplites (THUC., IV, 80. 5) (28).

Les deux romanciers précités montrent des hilotes servant comme hoplites dans les rangs spartiates. En 480, c'est probablement ridicule. Les hilotes qui suivaient leurs maîtres à la guerre étaient des goujats, des valets d'armes qui servaient de troupes légères (archers, lanceurs de javelot, frondeurs) un peu comme les calones des légions romaines. Le poids de l'armure d'un hoplite était tel que celui-ci ne l'endossait qu'au moment de combattre et, en campagne, avait besoin de domestiques pour l'aider à la transporter outre son paquetage. Bien sûr, Hérodote dit que les hilotes combattirent bravement, à côté de leurs maîtres. Certes, mais comme infanterie légère. Et, comme le reflètent les chiffres hérodotéens, ceux-ci étaient bien trop méprisables pour entrer dans les décomptes de troupes.

Les hoplites ne pouvaient provenir que des deux catégories de citoyens lacédémoniens : les seigneurs spartiates qui s'intitulaient eux-mêmes les Homoïoï, les «Pairs» (ou «Egaux»); et ces citoyens de seconde classe, les périèques (encore faut-il s'entendre sur le sens exact du mot «périèque», ceux-qui-habitent-autour : étaient-ils des Doriens ou des descendants des Achéens soumis ?).

Xerxès fit visiter le champ de bataille à celles de ses troupes qui n'y avaient pas combattu, non sans organiser une macabre mise en scène. Selon Hérodote, il aurait perdu «deux myriades» de soldats (20.000 ?); il n'en laissa que mille sur le terrain et dissimula les cadavres des autres. Mais sur le kolônos, il rassembla les corps de 4.000 grecs ramenés d'un peu partout, mêlant ceux des hilotes aux Spartiates et aux Thespiens (HDT., VIII, 25).

 

300 - spartiates

Tout en muscles comme des culturistes, les Spartiates font des pompes, un camarade juché sur leurs épaules : «C'est la vie de château, pourvu que ça dure. Et merci mon adjudant-chef !» (F. MILLER, 300, Rackham éd.)

5.3. Historic fantasy
On est en droit de ne pas outre mesure apprécier le dessin de F. Miller, tout en rugosité et en exagération. Dans ses vignettes, le respect des proportions n'est pas toujours au rendez-vous. Certains détails sont outrageusement simplifiés, manquent par exemple l'aménagement intérieur des boucliers : le brassard (porpax) et la poignée (antilabé)... (n'est pas Jacques Martin qui veut !). Quant aux compositions géométriques de la phalange, elles semblent nées du monstrueux accouplement d'une photocopieuse avec une planche à dessin industriel. Reste que pas plus Miller que Snyder n'ont capté que ladite phalange fonctionnait sur les files d'hoplites, non sur les rangs, et que les excellents principes que, dans le film, Léonidas expose à Ephialtès à propos de l'indislocable compacité des rangs sont bien vite oubliés au profit de chorégraphies spectaculaires de guerriers homériques (29).

 

300 - leonidas

Léonidas rompt les rangs. L'examen approfondi de la littérature par V. Hanson montre que, passé le choc frontal, la phalange perdait un peu de sa cohésion et que les hoplites engageaient alors des duels individuels

Pourtant, Miller n'est pas l'Américain inculte qu'un certain anti-américanisme primaire aimerait à montrer du doigt. Le fan de Rudolph Maté, dont il a, à sept ans, vu le film qui devait durablement le marquer, s'est solidement documenté : «Je suis parti en Grèce où j'ai fait le maximum de recherches possible - je me suis notamment promené sur le champ de bataille - et j'ai tout jeté sur le papier. Il m'a fallu digérer le récit original, puis j'ai pris d'horribles libertés sur d'innombrables points, mais c'est la nature-même de mon travail. Si vous recherchez la vérité historique, plongez-vous dans un documentaire» (30).
Miller a notamment lu et médité l'excellent essai de Victor Davis Hanson, The Western Way of War, infantry battle in classical Greece (31) (1989) que, du reste, il cite en référence de l'édition originale de son roman graphique. Lequel Hanson préfacera aimablement le making of du film de Snyder (32). «C'est un historien et l'on s'attendait, en toute logique, à ce qu'il nous donne une mauvaise note, dira à son propos le réalisateur. Mais je crois, d'après ce qu'il a écrit dans sa préface, qu'il a trouvé que nous avions bien respecté l'esthétique de Sparte, l'essence des Spartiates. On pourrait contester le fait qu'ils étaient libres ou le niveau de démocratie que nous dépeignons (qui n'était certainement pas très élevé). Nous nous sommes basés sur les écrits de l'historien du Ve s. av. n.E., Hérodote, qui nous a donné la vision des Thermopyles telle qu'elle est conçue actuellement, soit une démocratie combattant la tyrannie et nous nous sommes placés du point de vue antique. Ainsi, au plan des détails, par exemple, Victor ne trouvait pas notre façon de recréer les nus ornant les vases grecs conforme à la réalité. Mais lorsque l'on se plonge dans le roman graphique, on ne peut que succomber à son charme et vouloir l'adapter au cinéma» (33).

«Une fois de plus - écrit V.D. Hanson -, les puristes doivent garder à l'esprit que [le film] 300 vise à adapter à l'écran une bande dessinée, et non pas Hérodote. Pourtant, malgré le besoin de coller aux conventions du graphisme et de l'intrigue de Frank Miller (...), l'histoire telle que nous la rapportent les historiens grecs demeure dans sa globalité : Léonidas, contre l'opposition de sa cité, insiste pour envoyer un groupe de reconnaissance vers le nord lors d'une mission suicide» (34). Le reste, donc, n'est qu'ergotage de spécialistes. Pour notre part, nous faisons nôtre la thèse d'Apostolos Daskalakis (parue en 1962, l'année du film de Maté !), qui nuance le mythe du Spartiate-qui-meurt-mais-ne-se-rend-pas. Pour les Grecs, y compris les Spartiates, fuir le champ de bataille en abandonnant son bouclier est une lâcheté... doublée d'imprudence, car ce sont toujours les fuyards qui subissent les plus lourdes pertes, étant pourchassés et frappés dans le dos. Aussi, si le recul - entendez, la fuite - dans la mêlée est connotée d'infamie, une retraite stratégique, elle, ne l'est nullement. Le film exagère la capacité de sacrifice des Spartiates, le moyen devenant le but en soi. Les combats n'ont pas encore commencé que déjà Dilios espère trouver parmi la masse des ennemis le combattant exceptionnel capable de lui donner la mort héroïque à laquelle il aspire. Son camarade, l'Arcadien Daxos, est quelque peu surpris (et nous aussi) de cette vocation au martyre...
Nous soupçonnons Hanson de complaisance pour le sujet du film. Car Léonidas n'est pas monté aux Thermopyles en vue d'une mission suicide, mais pour encourager par son exemple concitoyens spartiates et compatriotes grecs à défendre un nœud stratégique. S'il n'y avait eu ce fameux sentier d'Ephialtès, il aurait sans doute - contre toute attente ? - pu remporter son défi car :

 
1) les Perses - qui devaient être loin d'être aussi nombreux que l'affirme Hérodote - restaient néanmoins handicapés... par leur trop grand nombre;
  • Effectifs perses

Hérodote donne pour effectifs à l'armée perse : marins : 517.610; fantassins : 1.700.000; cavaliers : 80.000; Arabes et Libyens : 20.000; alliés grecs : 324.000 - soit au total : 2.641.610 hommes. Avec les valets, on arrivait à 5.283.220 hommes, sans compter les eunuques, les femmes et les animaux.

Pour d'évidentes raisons d'intendance, les historiens modernes réduisent l'exagération poétique des «trois cents myriades», souvent traduites par «trois millions», à 300.000 hommes, ce qui reste énorme (35). Les estimations les plus récentes ramènent les effectifs perses plus modestement à 70.000 fantassins et 9.000 cavaliers (36).

  • Effectifs grecs

Péloponnèse - Sparte : 300 (ou 1.000 Lacédémoniens, selon Diodore et Isocrate); Mantinée (Arcadie) : 500; Tégée (Arcadie) : 500; Orchomène (Arcadie) : 120; Arcadiens divers : 1.000; Corinthe : 400; Phlionte : 200; Mycènes : 80.
Grèce centrale - Thespies : 700; Thèbes : 400; Phocide : pas de chiffres; Locride opuntienne : 1.000.
Soit, selon Hérodote, un total de 5.200 hommes sans compter les Phocidiens venus avec leur armée complète. Diodore de Sicile parle de seulement 4.400 hommes en tout (37), mais Pausanias en compte 11.200... Recoupant les sources, Apostolos Daskalakis évalue l'armée des Thermopylomaques à environ 7.000 hommes, soit 3.800-4.000 (38) Péloponnésiens et environ 3.100 hoplites de Grèce centrale (39).

 
 
2) une tempête au cap Sépias avait détruit une partie de la flotte perse transportant les approvisionnements (400 navires de combat perdus, sans compter les cargos (HDT., VII, 188 et 190)). Ne pouvant vivre sur le pays, trop pauvre, Xerxès, dégoûté après l'échec des deux premiers assauts, «ne savait quel parti prendre» (HDT., VII, 213) lorsque Ephialtès vint le trouver. Il s'apprêtait à rentrer chez lui, selon le film de R. Maté qui anticipe Salamine (quand l'empereur perse se rallia à cette solution, dont Eschyle se gargarisera dans Les Perses).

Ce ne fut que, lorsque contre toute attente, il vit sa position contournée, que Léonidas renvoya ses alliés, demeurant sur place avec les Spartiates et les Thespiens (40) comme unités sacrifiées. Ce n'était donc pas une «mission suicide», décidée dès le départ et dans un moment d'hystérie guerrière, mais une stratégie froidement réfléchie. Les Péloponnésiens bâtirent en retraite stratégiquement, mais ne fuirent pas. S'étant regroupés, ils eurent l'année suivante leur revanche à Platées.

5.3.1. De l'Histoire au Mythe
A Platées, justement, un officier Spartiate nommé Amompharetos voulut imiter l'«exemple» de Léonidas et trouver une mort héroïque en refusant de se replier (HDT., IX, 50-58). Il en fut blâmé par ses pairs, mais la légende était née. Le roi historique Léonidas entrait dans la légende comme «le Spartiate-qui-meurt-mais-ne-se-rend-pas», un héros surhumain, mythique. Les Thermopylomaques se réduisirent désormais aux seuls «300 Spartiates», sur foi d'un oracle bien évidemment inventé a posteriori : «Sparte sera détruite ou son roi mourra.» Marchandant avec le sacré, Léonidas aurait donc choisi en pleine conscience de sacrifier sa vie en échange de la victoire pour sa patrie. Dès lors, il pouvait poser pour David en nudité héroïque, tel un héros du Passé fabuleux. Nouvel Hercule qui va affronter les Amazones, ces femmes guerrières que la céramique grecque représente habituellement en costume perse.
Dans l'art grec, les Amazones sont beaucoup plus que des femmes guerrières un brin sexy (c'est nous, 2000 ans plus tard, qui les voyons ainsi - Ah ! Les Amazones de Terence Young !). Plus spécifiquement pour les Hellènes, elles représentent l'anormalité, l'irrationnel - bref ce qui n'est pas grec. Les Amazones sont pareilles à ces Perses, qui sont des Barbares, qui sont une armée d'esclaves osant se mesurer à des hommes libres ! Comment s'étonner, dès lors, si renchérissant sur Miller, Snyder représente les Perses comme une cohorte de mutants dégénérés, toutes races métèques confondues, toutes licences sexuelles et débauches affirmées : une maléfique armée d'Orques et de Trolls, tout droit sortie de l'imagination d'un Tolkien. Des légions de cauchemar au milieu desquelles s'avancent d'improbables rhinocéros de combat et des oliphants hauts de cinq étages. Sous la tente de Xerxès, au milieux des éphèbes transsexuels et des enlacements saphiques d'odalisques ravagées de tares - l'une d'elle porte les marques de la syphilis sur la face droite de son visage -, le monstrueux bossu Ephialtès ne détonne pas. Ce terrifiant sabbat aurait pu être peint par Jérôme Bosch ou Goya.

La magie ici puise sa source dans la médecine et l'alchimie, bien loin des djinns échappés de lampes à huile. Des pestiférés se voient conférer des pouvoirs surnaturels, tels les sages reclus au sommet d'une inaccessible montagne et lisant leurs oracles dans les divagations d'une magnifique contorsionniste possédée par les effluves narcotiques dansant autour d'elle. Le bourreau Perse, improbable colosse obèse, use de pattes de crabes greffées sur ses avant-bras pour décapiter les généraux ayant failli à leur mission. L'armée ennemie compte en ses rangs des Immortels masqués cachant des visages de morts-vivants lépreux. Un géant libéré de ses chaînes balaye d'un revers de la main quelques Perses malchanceux avant de fondre sur Léonidas, rappelant l'assaut du Troll des cavernes dans les mines de la Moria. Des «magiciens» utilisent des grenades primitives qu'on imagine volées à la Chine, sans aucun respect historique, la découverte de la poudre noire par les Chinois datant du VIe s. Ce dernier point reste essentiel pour comprendre la philosophie des 300, les scénaristes, Frank Miller et Zack Snyder, ayant sacrifié le respect de l'Histoire sur l'autel du grand spectacle. (Yann LEBECQUE) (41).
 

5.3.2. Créatures mythologiques
L'ennui, c'est que si les Armées du Mordor - les Armées du Mal tolkiennes - sont acceptables parce qu'indéterminées, situées au niveau des universaux, celles de l'épisode historique de Léonidas réfèrent, quant à elles, à une réalité précise, inscrite bon gré mal gré dans la conjoncture politique actuelle.
Xerxès le Perse, c'est clairement Satan déployant ses séductions, à la fois aimable et cruel, accueillant son nouveau guerrier Ephialtès au milieu de quarante vierges expertes dans tous les vices... On n'ose imaginer ce que donnerait - tout second degré enfui - une adaptation par Snyder du Rêve de Fer (Le Chevalier du Swastika) de Norman Spinrad !

leonidas - nudite heroique leonidas - jl david 300 - nudite heroique

Au contraire des hoplites de la guerre réelle, qui luttent revêtus d'une lourde armure de bronze, les héros mythologiques combattent tels des athlètes en «nudité héroïque», comme sur ce vase corinthien de 600 av. n.E. Au centre : Léonidas aux Thermopyles, vu par Jacques-Louis David (1814). A droite : Les héros de F. Miller ont dépouillé leur armure pour opposer leur poitrine nue aux coups de l'ennemi - mais n'était-ce pas elle la meilleure muraille de Sparte ?

  • A propos de la «nudité héroïque»

[«Nudité héroïque» est un terme d'histoire de l'art, pour désigner les héros de la mythologie grecque, toujours représentés nus comme des athlètes.]

«Au fil de ses recherches, Miller apprend que les Spartiates revêtaient une lourde armure avant de partir au combat. Graphiquement, cela ne passe pas. Miller est plus intéressé par les corps que par des amas de métal. Il se tourne alors vers les représentations traditionnelles des guerriers dans l'art antique. Bien que les soldats aient combattu en armure, les artistes de l'époque les représentaient systématiquement nus, simplement équipés de leur armement. 2.500 ans plus tard, Miller effectue le même raisonnement et estime que des guerriers quasiment nus auront un impact graphique bien plus grand. Il développe alors le look spartiate qui contribuera largement au succès de la future BD : bottes montantes, sous-vêtement en cuir, longue cape rouge, et armement couleur bronze... Autre altération de la réalité, le ciel éternellement bleu azur de la Grèce lui semble d'un ennui prodigieux. Miller préfère les ciels nuageux et tourmentés, à l'image de ses héros» (Philippe DESROIS, S.F.X., n­ 126, février-mars 2007).

 

En fait, comme dit plus haut, Maté avait signé un film historique, et Snyder un film mythologique - avec des Spartiates combattant en nudité héroïque, tels qu'on les voit dans la BD de Miller certes, aussi sur la célèbre toile de David, mais surtout tels les Lapithes combattant les Centaures sur les métopes du Parthénon ou au fronton du Temple de Zeus à Olympie.
C'est ainsi également que les Perses sont vus comme des êtres absolument anormaux, tels les Amazones que la céramique grecque dépeint la plupart du temps en costume perse - précisément. Ce sont des barbares, des «bafouilleurs qui ne parlent pas bien le grec», une race d'esclaves qui obéissent au fouet d'un tyran, et qui ont honte de dénuder leur corps. S'ils n'étaient si proche géographiquement, on leur attribuerait par surcroît les caractéristiques physiques de ces monstrueux humanoïdes que les anciens prêtaient aux peuples lointains, ces Arimaspes, cavaliers à l'œil unique, qui combattent des Griffons au fin fond de la lointaine steppe scythique, peut-être la Sibérie (42) (?) (HDT., IV, 27; PLINE, H.N., VII, 11), ou ces hommes à tête de chien, ces lions à face humaine (les Martichores) ou ce peuple des Sciapodes, qui n'ont qu'une jambe, mais avec un pied si large qu'il leur sert de parasol (43) ! (PLINE, H.N., VII, 11), etc.
Prenons par exemple ce géant qui écrase aussi bien les Perses que les Grecs, et que les geeks assimilent aux Trolls des romans d'heroic fantasy : ayant fait sauter le verrou des Thermopyles, une armée perse marche sur Delphes en vue de la piller. Les Phocidiens s'apprêtent à leur résister; c'est alors qu'apparaît parmi eux «deux hoplites d'une taille surhumaine (...) qui seraient aux dire des Delphiens les héros locaux Phylacos et Autonoos», et qui se ruent sur les pillards perses, qu'ils massacrent (HDT., VIII, 39). Les Guerres médiques ont beau avoir été un fait historique, il subsistait une part de surnaturel et d'irrationnel dans l'esprit des gens du temps. Assurément, si dans son film Zack Snyder avait voulu représenter cette part d'irrationnel, il en aurait parlé dans ses interviewes, ce qui ne fut pas le cas. N'empêche...

 

300 - troll

Une armée d'envahisseurs aussi cruels que monstrueux, issus des coins les plus reculés de la planète - tel celui-ci, surnommé «le Troll» par les spectateurs, et, par John Wheaton qui le conçut, l'Uber Immortel, «le Super Immortel» (cf. Making of, et S.F.X., n­ 127)

5.3.3. La «bataille des Playmobiles»
Certes, «... le film n'a d'autre but que de divertir. Nous sommes là pour retracer une histoire fascinante et elle contient suffisamment d'événements réels pour que l'on oublie les inexactitudes», assurait Frank Miller (44).
... Reste que, de l'Antiquité, bien souvent ne subsistera dans la mémoire du public que ce qu'il aura vu au cinéma, lu dans des BD ou - au mieux - dans un roman historique. Parcourir les Forums dédiés au film de Snyder nous laisse partagé entre la délectation cynique et la résignation perverse :

«Vous savai pa lé gars y paré que se filme ai tiré d'une vrai histoir, la bataye des Tairmopil, et que Spart sa a vrémen existai ?
En tou ca le film il e super sai entre
galdiator et kilbil et sai filmé com Matrix alor allai tous le voire» (AlloCiné)

«un peu d'histoire: ils etaient reellement 300 et ils se sont combattus contre des dizaines de milliers d'hommes,dans ce film pratiquement tt est vrai,pour etre un spartiate l'enfant de 7ans etait amener dans les montagnes et etait livré a lui meme pendant un an,il devait se debrouiller pour survivre ,beaucoup aussi ne sont pas revenu,ca s'appele la cryptie,tu vous croyez que c'etaient des rigolos??eh non vous devriez avoir un profond respect pour ces hommes,ils n'ont pas hesités a defendre leurs valeurs et ca fait 2487 ans qu'ils ont disparus et pourtant ils sont tjs la^^...» (Skyrock blog de mustlapinou)

«Qu'est-ce qu'on se marre à la Fac de Lettres...», chantait in illo tempore une certaine Jacqueline Taieb. Allons, secouons-nous. Les Spartiates - paraît-il - enivraient leurs hilotes pour l'édification des enfants. Rien de changé sous le soleil...

5.4. Hémoglobine
«Il y a un côté irréel dans la violence du film, admet Zack Snyder, mais plus c'est irréel et moins les gens sont dégoûtés. Ce n'est pas un film d'horreur, mais on a besoin d'un peu de sang ici et là. Il fait partie de la chorégraphie des combats et de l'esthétisme du film» (45). En effet, en dépit des nombreuses morts par armes blanches, pas une seule goutte d'hémoglobine ne fut répandue sur le plateau. Pour un contrôle précis de la quantité mais surtout de la façon dont il est projeté, toutes les effusions sanguines seront réalisées en images de synthèse et rajoutées en postproduction.

Snyder et Miller ont consciencieusement potassé Le modèle occidental de la guerre de V.D. Hanson. L'historien américain y insiste sur l'homogénéité du bloc de la phalange au moment du choc avec l'ennemi, mais est bien forcé d'admettre qu'à partir de ce moment-là, les lignes se désagrègent, la plupart des lances étant brisées, et chaque combattant doit désormais se battre individuellement. Ecrire «se débattre» conviendrait d'ailleurs mieux, car chaque hoplite des premiers rangs est désormais pressé entre ses camarades qui le poussent dans le dos et les ennemis qui se dressent devant lui. Hanson a trouvé dans les textes des descriptions effarantes, qu'il cite. Hérodote raconte qu'acculés sur le kolônos, avant d'être exterminés à coups de flèches les compagnons de Léonidas, leurs armes brisées, se battirent avec leurs mains, avec leurs dents ! A notre connaissance aucun film - pas même 300 - n'a à ce jour si bien montré l'acharnement bestial de la bataille que Frères de sang (46) de Je-Gyu Kang.

C'est pourquoi le cinéaste, qui d'Excalibur à Conan le Barbare connaît ses classiques, doit constamment innover, comme le souligne Gilles Penso : «L'un des plus gros pièges du récit était la monotonie qu'aurait pu induire une telle accumulation de scènes de batailles. Or, coupant court à tout effet répétitif, Snyder joue d'emblée la carte du crescendo. Chaque combat est plus ardu, plus sanglant, plus complexe que le précédent. Et si les premiers pugilats nous permettent d'apprécier le génie stratégique des Spartiates, maniant avec une adresse infinie leurs boucliers et leurs lances pour compenser la faiblesse de leurs effectifs, les dernières phases de la guerre basculent de plain-pied dans l'heroic-fantasy la plus débridée. Car, bientôt, les envahisseurs n'ont plus rien d'humain. Géant aux allures de Troll déchaîné, hideux démons masqués, éléphants titanesques, rhinocéros antédiluvien animent ainsi cette folle sarabande, tandis qu'à la cour du roi Xerxès, les femmes possédées se déhanchent lascivement autour d'un homme bouc qui a tous les attributs du Diable» (47).

Et Yann Lebecque d'abonder dans le même sens : «Ce long-métrage vient après plusieurs retranscriptions récentes de batailles épiques autant qu'héroïques menées par un héros hors du commun lancé dans un combat impossible, les deux plus marquants étant Braveheart de Mel Gibson et bien évidemment Gladiator de Ridley Scott. La force du second est certainement la clarté des combats, à l'image du long morceau de bravoure d'ouverture décrivant comment les légions romaines de Marc Aurèle commandées par Maximus défont les barbares. La grande différence qu'apporte le film de Zack Snyder réside dans la chorégraphie de la violence, la mise en image des charges de fantassins, véritables raz-de-marée humains s'entrechoquant dans la confusion la plus complète, mais au sein desquelles chaque soldat connaît le rôle qu'il a à jouer. Si Scott a choisi de retranscrire l'acharnement sauvage des combats singuliers entre légionnaires et Wisigoths (48) avec des images stroboscopiques d'où émergent quelques instants-clefs à peine entrevus, Snyder, lui, opte pour de longs travellings, plans séquences isolant un unique protagoniste courant au ralenti lorsqu'il prend la décision de son prochain coup, puis s'accélérant pour mieux faire ressentir la violence de l'impact et de la mort. Cela permet au réalisateur de cadrer, en arrière-plan, les actions d'autres hoplites tout aussi redoutables, dévoilant la nature profonde de la machine à tuer faisant la force de Sparte» (49).

5.5. Homophobie
300 est-il un péplum homophobe ou crypto-gay ? Chacun sans doute décodera le film de Snyder selon son orientation ou ses préventions personnelles. En notre monde sublunaire, il est à craindre qu'il n'y ait que les naturistes pour dissocier la nudité de la sexualité; par ailleurs, il est de notoriété publique que les péplums ont toujours eu la faveur de la «planète gay» du fait des pectoraux huilés de ses protagonistes et de ses rituels sado-masochistes. D'un autre côté, le message «bushiste» prêté à 300 ne peut qu'être en contradiction avec un supposé discours homophile. Léonidas-Butler est d'ailleurs très clair à ce sujet, lorsqu'il déclare à l'ambassadeur perse que si ces pédophiles d'Athéniens philosophes osent refuser de se soumettre aux Perses, les Spartiates ne peuvent faire moins. Les ennemis de la Grèce «sont emmenés par un fourbe chef, maquillé et couvert de bijoux, qui a tout l'air de ne pas être hétérosexuel», note sobrement le critique du Monde (50). Quand au chroniqueur du blog «Sur l'octuple sentier», il met bien en évidence l'ambiguïté du film : «Que Sparte ait été une nation guerrière pratiquant l'eugénisme à grande échelle, certes. Mais était-il nécessaire de faire d'Ephialtès un Spartiate difforme qui trahit son pays ? Pourquoi autant d'handicapés, d'homosexuels/lesbiennes à la cour de Xerxès, dépeint lui-même comme un éphèbe efféminé sur un char de Gay-Pride ? On notera également les Athéniens traités avec mépris (car «ils préfèrent les garçons»), l'émissaire perse d'origine africaine (51), les visages hideux des «Immortels», le rôle des autres grecs fortement minimisé.
Une pseudo-démocratie obsédée par la pureté génétique d'un côté, un empire pluri-ethnique et multi-culturel systématiquement présenté comme dégénéré de l'autre. Qui sont les «bons», qui sont les vrais «méchants» ?»
(Sur l'Octuple sentier).

Ambigu, on le serait à moins si l'on considère que Miller, puis Snyder, ont choisi de montrer les Spartiates en nudité héroïque, avec toutefois un slip de cuir - concession à la pudeur américaine, et pas seulement américaine reconnaissons-le - avec une plastique athlétique d'autant plus irréprochable (G. Butler reconnaît l'avoir travaillée huit mois durant et jusqu'à six heures par jour) que le galbe de ses abdominaux fut encore retouché par ordinateur. Mettons donc sur le compte de l'humour les déclarations ou allusions «homophobes» du film pour ne considérer que le spectacle : «Le plus amusant étant sans doute le traitement outrageusement érotique de ces empoignades entre robustes gaillards en slip de cuir, adeptes de l'épilation intégrale et de l'abdo huilé. Si les Spartiates apparaissent comme des Chippendales de combat, leurs ennemis ont l'allure de drag-queens en folie. Le pompon pour Xerxès, chouchou évaporé, sanglé dans une quincaillerie dorée que même Mata Hari aurait trouvé trop voyante. Un look glam-SM qui atteint des sommets de grotesque quand il pique de grosses colères toutes rouges», notent Alexis Bernier et Bruno Icher dans Libération (52).

Bref, pour tout résumer en deux lignes, il «y a 300 pédés au torse luisant et aux abdominaux comme jamais je n'en aurai qui arrivent à eux seuls à repousser toute une armée d'handicapés dirigés par un travelo mégalomane» (Through My Eyes).

Que savons-nous, exactement, de l'homosexualité à Sparte ? Pas grand chose : au temps de sa gloire, Sparte était déjà figée dans le mythe de l'idéalité, à mi-chemin entre l'exaltation aveugle et un dénigrement qui l'était tout autant. Relisons Xénophon :

«12. Je crois devoir parler aussi de l'amour entre garçons, parce que ce point aussi touche à l'éducation. Or chez les autres Grecs, par exemple chez les Béotiens, les hommes faits et les enfants forment des couples qui vivent ensemble; chez les Eléens, on achète par des présents les faveurs des garçons à la fleur de l'âge; ailleurs il est absolument interdit aux soupirants d'adresser la parole aux enfants.
«13. Lycurgue avait encore sur cet objet des principes opposés. Quand un homme qui était lui-même honnête, épris de l'âme d'un jeune garçon, aspirait à s'en faire un ami sans reproche et à vivre avec lui, il le louait et voyait dans cette amitié le plus beau moyen de former un jeune homme. Mais si quelqu'un ne semblait épris que du corps, il le déclarait infâme, et il fit ainsi qu'à Lacédémone les amants n'étaient pas moins retenus dans leurs amours pour les enfants que les pères à l'égard de leurs fils et les frères à l'égard de leurs frères.
«14. Que certains aient peine à le croire, je ne m'en étonne pas; car, dans beaucoup d'Etats, des lois ne s'opposent point à cet amour des garçons.» (XÉNOPHON, République des Lacédémoniens, II, 12-14)

Le dernier alinéa est spécialement étonnant, sous le calame du spartophile Athénien : «Que certains aient peine à le croire, je ne m'en étonne pas.» Comme toujours, lorsque le législateur légifère, c'est qu'il y a matière à le faire. Le monde grec, ne l'oublions pas, appartient à ces cultures méditerranéennes où les femmes - perpétuatrices de la race et gardiennes du culte des Ancêtres - sont cloîtrée. Sauf à Sparte, justement, où elles sont connues pour se montrer aux hommes «les cuisses nues» (phainomèridés). Ce qui ne signifie nullement que l'amour libre y soit permis, ni que l'on y fornique à tout va. L'encasernement y est tel que le mari retrouve son épouse presque en se cachant. En revanche, il passe sa vie en compagnie des autres hommes, toutes générations confondues, mais qui s'épient mutuellement pour dénoncer aux magistrats toute forme d'anticonformisme.
Edmond Lévy (53) nuance la vision idyllique d'une Sparte idéale, telle que les Spartiates voulaient se voir eux-même, mais sans doute pas tout à fait comme elle était réellement. Quand en Elide et en Béotie elles s'affichaient sans honte, les pédérasties spartiate et athénienne aimaient sans doute à se draper dans les plis de la respectabilité et de la bienséance - mais n'en étaient pas moins réelles. Du reste Platon, qui lui aussi était plutôt philospartiate, signalait ces «amours contre nature» pratiquées en Crète et à Sparte (PLAT., Lois, I, 636 b-c et VIII, 836 b).

Suite…

NOTES :

(1) A l'époque qui nous intéresse, les éphores sont des magistrats, non des prêtres. Les rois de Sparte, en revanche, cumulent la fonction sacerdotale. Toutefois, il se peut que dans des temps plus anciens, les éphores aient été davantage que seulement des magistrats. - Retour texte

(2) ARISTOTE, Pol., 1270 b 14 - cité par M.I. FINLEY, «Sparte», in Jean-Pierre VERNANT, Problèmes de la guerre en Grèce ancienne (1968), Seuil, coll. «Points - Histoire», n­ H265, 1999, p. 200. - Retour texte

(3) H. MICHELL, Sparte et les Spartiates, Payot, coll. «Bibliothèque Historique», 1953, p. 96. - Retour texte

(4) ARISTOTE, Pol., 1270 b - cité par MICHELL, Op. cit., p. 104. Rappelons tout de même qu'Aristote écrivait à l'époque du déclin de Sparte, que dénonça aussi le pourtant spartophile Xénophon au Chap. XIV de sa République des Lacédémoniens. - Retour texte

(5) K. Johnstad, scénariste, interviewé par Staci Layne WILSON, L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, p. 28. - Retour texte

(6) V. TROUILLET, Ciné Live, n­ 110, mars 2007, p. 26. - Retour texte

(7) Pièces d'or. Une loi de Lycurgue interdisait aux Spartiates de posséder de l'or ou de l'argent, sauf leur peu commode monnaie de fer. - Retour texte

(8) Y. LEBECQUE, L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, p. 23. - Retour texte

(9) A Athènes ou ailleurs, une citoyenne ne serait pas sortie de chez elle sans un voile sur la tête... A Athènes, les femmes libres avaient les cheveux longs, leurs esclaves les portaient court. A Sparte, en revanche, la jeune épousée était tondue par la nympheutria (PLUT., Lyc., XXVIII) et revêtait pour sa nuit de noces une tunique et des sandales masculines; les jeunes garçons également avaient le crâne rasé. En revanche les hommes adultes avaient les cheveux longs («le seul ornement qui soit naturel et gratuit», PLUT., Apopht., 232 C, 6) au contraire de leurs vieux ennemis les Argiens, dont les hoplites se coiffaient court. - Retour texte

(10) GROTE, cité par MICHELL, Op. cit., pp. 40-42. - Retour texte

(11) Le quatrième se nommait Cléombrote. - Retour texte

(12) Selon PAUSANIAS (III (Laconie)), Anaxandridès n'obtenant pas d'héritiers de son épouse, obtint d'en épouser une seconde qui lui donna Cléoménès. Là-dessus, sa première épouse mit au monde successivement Dorieus, Léonidas et Cléombrote. Gorgo était donc la demi-nièce de Léonidas. - Retour texte

(13) Dans le même ordre d'idée, mais traité différemment, cf. la mort de Charlton Heston les bras en croix dans la fontaine, à la fin du Survivant (The Omega Man), le flanc percé d'une lance, après avoir donné à l'Humanité son sang rédempteur. - Retour texte

(14) Ce Pausanias guerroya ensuite en Asie, et bientôt gagné par le luxe oriental, finit par conspirer avec les Perses contre sa patrie. Démasqué par les éphores, il se barricada dans le temple de Poséidon, où on le laissa mourir de faim emmuré (et ce fut sa propre mère qui apporta la première pierre). - Retour texte

(15) HDT., VII, 226, repris par PLUT., Apopht., 234 E. - Retour texte

(16) Porté par le succès de Gladiator, un premier projet de remake du film de 1961 Three Hundred Spartans (La bataille des Thermopyles), par la 20th Century-Fox elle même, sur un scénario d'Erik Jendresen avait été annoncé fin 2002.
Simultanément Universal annonçait un sujet identique, Gates of Fire d'après le roman de Steven Pressfield, sur un scénario de David Self (Les Sentiers de la perdition), production Maysville Pictures (George Clooney). George Clooney et Bruce Willis étant les vedettes de ce film dont la réalisation aurait été confiée à Michael Mann. - Retour texte

(17) M.I. FINLEY, Op. cit., pp. 189-212. - Retour texte

(18) M.I. FINLEY, Op. cit., p. 208. - Retour texte

(19) M.I. FINLEY, Op. cit., p. 189. - Retour texte

(20) On a vu ce que pouvait concrètement donner la Cité idéale sous la férule des Khmers rouges de Pol Pot, nourri de Platon en Sorbonne ! - Retour texte

(21) En 399, retour de son expédition en Asie Mineure avec les «Dix-Mille» (401-400), Xénophon d'Athènes (427 (?)-355 (?)), disciple de Socrate, est frappé d'exil et se réfugie à Sparte.
En 396, il retourne en Asie Mineure accompagnant son ami le roi de Sparte Agésilas - dont il composera plus tard la biographie. A Coronée (394), il combat dans les rangs spartiates contre ses - anciens - compatriotes. (On a longtemps cru que ses «exploits» de mercenaire au service d'un prince perse lui valut cette sentence d'exil; mais il est plus probable que c'est son choix à Coronée qui en fut la vraie raison,)
De 391 (?) à 371, Xénophon résidera à Scillonte en Elide, où les Spartiates lui ont offert un petit domaine. C'est là qu'il rédigera la plupart de ses ouvrages. Mais en 371, c'est le désastre de Leuctres, dont Sparte ne se relèvera jamais. L'Elide et Sparte étant entrées en guerre, Xénophon - son domaine saccagé - erre quelques temps et finit par s'établir à Corinthe. Aux alentours de 367-364, les Athéniens rapportent leur décret d'exil à son encontre, mais nous ignorons si Xénophon daigna réintégrer sa patrie. Il décédera vers 355, alors qu'émerge la nouvelle puissance macédonienne. - Retour texte

(22) M.I. FINLEY, Op. cit., p. 194. - Retour texte

(23) M.I. FINLEY, Op. cit., p. 199. - Retour texte

(24) G. VIDAL, Création, Grasset, 1982, pp. 311-312. A décharge de la Sparte de Léonidas, nous rappellerons que Cyrus Spitama, âgé de soixante-quinze ans, est censé avoir composé ses mémoires en 445 en prémices de la Guerre du Péloponnèse (431-404). L'année suivante (444), aux Jeux olympiques, Hérodote allait faire une lecture publique de ses œuvres, dont le récit de la bataille des Thermopyles... - Retour texte

(25) H. JEANMAIRE, Couroi et Courètes. Essai sur l'éducation spartiate et sur les rites d'adolescence dans l'Antiquité hellénique, Univ. Lille, 1939. - Retour texte

(26) L'application concrète de ce système a fait s'arracher les cheveux à plus d'un historien de Sparte. Les kléroï étaient en nombre limité et ne pouvaient être fractionnés. Le premier fils recevait-il son kléros du vivant de son père, ou devait-il attendre son décès pour prendre possession du sien ? Quid de ses frères ? - Retour texte

(27) MICHELL, Op. cit., p. 67. - Retour texte

(28) Sur les hilotes servant comme hoplites : MICHELL, Op. cit., p. 66. Sur les Néodamodes, Idem, p. 194. - Retour texte

(29) Dans l'Iliade, composée avant la «révolution hoplitique», il n'est nullement question d'hoplites ni de phalange - mais de héros combattant en char, d'où ils descendent pour livrer des duels individuels. - Retour texte

(30) Frank Miller interviewé par Staci Layne WILSON (trad. : Yann LEBECQUE), L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, p. 24. - Retour texte

(31) Traduit en français aux Belles Lettres l'année suivante : Le Modèle Occidental de la Guerre. La bataille d'infanterie dans la Grèce classique (préf. John Keegan; trad. Alain Billault), Paris, Belles Lettres, coll. «Histoire», 1990, 298 p. - Retour texte

(32) V.D. HANSON, «Avant-propos : L'Histoire et les Trois Cents», in 300 : De l'autre côté du grand écran, Montreuil, Rackham éd., mars 2007, n.p. - Retour texte

(33) Zack Snyder interviewé par Staci Layne WILSON, L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, p. 25. - Retour texte

(34) V.D. HANSON, «Avant-propos», in 300 : De l'autre côté du grand écran, Op. cit.
Il nous apparaît toutefois que ce sont Diodore et Elien qui, des siècles après les faits, ont exalté l'idée d'une «mission suicide». Hérodote, qui leur en était contemporain, ne va pas si loin ! - Retour texte

(35) Cf. Faure, Les armées d'Alexandre, évoquant les difficultés de ravitaillement de l'armée d'Alexandre qui n'en comptait que 30.000 (longueur de la colonne etc.). Les troupes vivaient sur le terrain, et l'intendance était embryonnaire. Xerxès toutefois y avait paré en embarquant sur ses navires des vivres en quantité ce qui ne veut pas dire que son planning n'était pas serré... En fait l'Empire perse incluait la Macédoine, cependant que la Thessalie - dont les Thermopyles étaient la porte méridionnale - théoriquement neutre était un de ses satellites.
Dans son roman Création (les voyages d'un ambassadeur perse, Cyrus Spitaménès, en Inde, Chine et Grèce pendant les guerres médiques) Gore Vidal, ramène les effectifs perses à... 60.000 hommes et évoque la bataille des Thermopyles avec condescendance : simple incident de frontière. Voir note ci-après. - Retour texte

(36) La véritable histoire de Sparte et de la bataille des Thermopyles (textes réunis et commentés par Jean MALYE), Les Belles Lettres, 2007, p. 145.
Pour sa part, le romancier Gore Vidal ramenait les effectifs de l'armée perse à 60.000 hommes au lieu «des six millions (bigre !) dont parlait Hérodote», et note laconiquement : «La guerre commença bien. Parfaitement coordonnées, la flotte et l'armée longèrent la côte de la Thessalie. En route, un roi de Sparte fut tué avec tous ses hommes»; ensuite il montre Xerxès en Attique (G. VIDAL, Création, Op. cit., pp. 483-484). Quel fut l'exact poids stratégico-politique de la bataille des Thermopyles ?, s'interroge Cyrus Spitama : pour l'Empire perse, ce ne fut assurément qu'un incident de frontière ! - Retour texte

(37) 1.000 Lacédémoniens et (ou dont ?) 300 Spartiates, 1.000 Maliens (il omet les 700 Thespiens, qu'il remplace par des improbables Maliens dont la cité était déjà occupée par les Perses - et, donc, leurs familles otages), 400 Thébains, 1.000 Locriens, 1.000 Phocidiens. - Retour texte

(38) L'épigramme citée par Hérodote confirme : 4.000 Péloponnésiens (HDT., VII, 228). - Retour texte

(39) A. DASKALAKIS, Problèmes..., p. 18. - Retour texte

(40) Ce derniers n'avaient plus rien à perdre : sise aux portes de l'Attique et sur la route des Perses, leur cité subirait inéluctablement les représailles de l'ennemi vainqueur. - Retour texte

(41) Y. LEBECQUE, L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, p. 23. - Retour texte

(42) Willy LEY & Lyon SPRAGUE DE CAMP, De l'Atlantide à l'Eldorado, Plon, 1957, p. 93. - Retour texte

(43) W. LEY & L. SPRAGUE DE CAMP, Op. cit., pp. 96-98. - Retour texte

(44) Frank Miller interviewé par Staci Layne WILSON, L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, p. 25. - Retour texte

(45) V. TROUILLET, Ciné Live, n­ 110, mars 2007, p. 28. - Retour texte

(46) Taeguki hwinalrimyeo (Corée du Sud, 2004). En dépit d'une stylisation certaine, comme le fauchage de rangs entiers de fantassins par les salves de fusils, les impacts de balles d'armes qu'on ne voit jamais recharger, la chair mutilée par l'explosion des grenades et une fascination toute asiatique pour les arts martiaux, les protagonistes de Frères de sang s'étripent comme des chiffonniers, avec une horrible conviction. - Retour texte

(47) G. PENSO, L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, pp. 16-17. - Retour texte

(48) C'étaient des Marcomans. Marc Aurèle n'a jamais combattu les Wisigoths dont le nom n'était pas encore apparu à l'époque (N.d.M.E.). - Retour texte

(49) Y. LEBECQUE, L'Écran Fantastique, n­ 274, mars 2007, p. 23. - Retour texte

(50) Thomas SOTINEL, Le Monde, 21 mars 2007. - Retour texte

(51) Une page du Making of montre les croquis ayant servi à l'élaboration des costumes de l'armée perse. Le contingent libyen a disparu au profit de... «Massaïs», jugés plus pittoresques. Dans le film on les apercevra le temps d'un ou deux plans (N.d.M.E.). - Retour texte

(52) A. BERNIER & B. ICHER, «This is merdaaaaa ! Péplum bushiste belliqueux, 300 exalte un héroïsme puéril», Libération, mercredi 21 mars 2007. - Retour texte

(53) Ed. LÉVY, Sparte. Histoire politique et sociale jusqu'à la conquête romaine, Seuil, coll. «Points», n­ H329, pp. 60-63. - Retour texte