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300
(Zack Snyder, EU - 2006)
[d'après la BD de Frank Miller]
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4. Quelques personnages
4.1. Les éphores
Les éphores, magistrats spartiates, sont décrits
dans la BD (et le film) comme «prêtres (1)
des dieux anciens. Ordures consanguines [les éphores
ou les dieux ?] que même un roi doit acheter et supplier.
[Il doit s'agir des dieux !] (...) Ordures consanguines, vieux
malades mystiques. Débris inutiles (... qui) choisissent
les plus belles filles de Sparte pour en faire leurs oracles.
(...) Les misérables ont des besoins et des âmes
aussi noires que l'Enfer» [Là, il doit s'agir
des éphores. A moins que... !?].
Même les rois étaient obligés
(dèmagôgeia) de flatter les éphores,
rapporte Aristote (2).
A vrai dire, on se perd en conjectures sur l'origine de l'éphorat.
Parmi d'autres hypothèses, les cinq éphores («surveillants»,
«intendants») à l'origine auraient peut-être
été des prêtres ou astrologues avant de devenir,
ces magistrats qui avaient barre sur les deux rois de Sparte,
note H. Michell (3).
Et Aristote - qui, au service des Macédoniens, n'aimait
guère les Spartiates - dénonçait leur corruption
(4).
A sa manière, Frank Miller semble avoir voulu faire ici
passer le constat que Sparte était aussi une gérontocratie.
Un Grec affirma un jour que Sparte était, pour un homme,
le meilleur endroit où vieillir, car le troisième
âge y était tenu dans le plus haut respect ce qui
n'était guère le cas ailleurs (PLUT., Apophtegmes
laconiens, 235 E, 60). Sans cesse sous le contrôle de
leurs aînés, les jeunes gens de Sparte vivaient en
immersion avec les vieillards, recueillaient leurs avis et conseils,
leur cédaient place assise, etc. A décharge il nous
semble que - les Spartiates prenant le plus grand soin de leur
condition physique, y compris ceux qui ayant atteint l'âge
le plus vénérable continuaient à pratiquer
l'art de la chasse - les vieillards spartiates étaient
probablement plus alertes qu'ailleurs.
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A mi-chemin entre «The
Thing» et le domestique du château hanté,
Ephialtès n'a pas sa place dans le monde spartiate
(Frank MILLER & Lynn VARLEY, 300, Rackham, 1998) |
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4.2. Le traître
Éphialtès
Le pire est sans doute le traître hideux, le Spartiate malformé,
rejeté enfant, rejeté adulte - né semble-t-il
de l'improbable copulation d'Eléphant Man avec un mammouth
femelle, et dont Mr Hyde aurait été le parrain.
Quelque part, il fait songer au Quasimodo de Notre-Dame de
Paris (cf. le Quasimodo US du Van Helsing de
Stephen Sommers), dont le nom en latin médiéval
signifie «d'une certaine manière», ce qui implique
qu'il y a plusieurs manières. «Et le père
Hugo - nous susurre notre vieux pote Fal - a montré
que l'alliance entre le sublime et le grotesque n'était
pas impossible.» Enfant, il a une première fois
été disqualifié par les sages législateurs
de Sparte - la pure -, mais il a échappé au gouffre
des Apothètes. Et lorsqu'à l'heure du danger il
vient offrir ses services, il est une seconde fois rejeté
par le «bon roi Léonidas»; trop petit, il ne
réussirait pas à intégrer son bouclier dans
le tissu de la phalange. Car dans la phalange, tout le monde est
pareil, et tous sont solidaires. Ephialtès est une tache.
Ephialtès trahira.
La BD et le film en font un Spartiate renégat,
mais Hérodote dit que c'était un Malien, fils d'Eurydémos;
Diodore le nomme Trachinius, c'est-à-dire «le Trachinien».
Dans l'un et l'autre cas, c'était donc un pâtre de
la région, ce qui explique sa connaissance des sentiers
de montagne.
4.3. La reine Gorgô
Avec l'approbation de F. Miller, le scénariste du film
Kurt Johnstad a spécialement développé ce
personnage féminin, quasi absent dans le roman graphique.
«Elle permet de comprendre la notion de pouvoir de la
femme dans la culture spartiate, laquelle faisant défaut
à l'ouvrage. Les femmes étaient alors l'égal
des hommes. Elles pouvaient être propriétaires terriennes
et avaient leur mot à dire dans la vie politique de la
société. J'ai rencontré plusieurs historiens
qui m'ont fourni le matériel nécessaire pour écrire
ces scènes, ensuite j'ai suivi mon instinct. A cette fin,
il était aussi important pour moi de comprendre l'environnement
culturel de l'époque que de rester fidèle à
la bande dessinée» (5)
. «Le principal ajout que nous avons fait a été
de greffer une histoire secondaire sur la femme du roi Léonidas
qui cherche à rallier les troupes pour aider son homme.
On voulait apporter une touche féministe dans cette histoire
virile. La Warner avait envie de voir ce que cela donnait comme
résultat final, de voir comment le comic allait prendre
vie à l'écran» (DVDrama).
«Je voulais apporter une énergie féminine
à l'histoire, une touche maternelle et plus d'humanité,
raconte encore Snyder, le réalisateur. Et puis il y
a cette histoire d'amour. Quand, à la fin, Léonidas
dit : «Ma reine, ma femme, mon amour...», ça
m'a touché. Gorgo ne fait qu'une apparition dans le roman
graphique original [pour prononcer, en lui remettant son bouclier,
la fameuse maxime : «Reviens avec lui ou sur lui»],
mais sa présence se ressent dans toute l'histoire grâce
à cette réplique»(6).
Dans son développement filmique le personnage de la reine
Gorgo accentue sa forte personnalité de femme spartiate,
qui consent un sacrifice tout aussi grand que son époux
et roi - lequel sait pertinemment bien qu'il va à une mort
certaine. A Sparte, elle canalisera les fidèles de son
mari, les partisans de la guerre, pour démonter les partisans
de la paix, vendus à l'ennemi. Elle consentira même
à se donner à Théron, pour qu'il rallie le
camp des patriotes, mais celui-ci se moquera d'elle au conseil,
aussi le transpercera-t-elle de son sabre. En s'effondrant, mourant,
Théron laissera échapper des dariques (7)
perses, prix de sa trahison. Mais surtout donnera à Gorgo
l'occasion de replacer auprès de l'ambassadeur perse un
mot historique dont Plutarque nous a conservé le souvenir.
Une femme étrangère lui aurait dit : «Vous
autres Lacédémoniennes, vous êtes les seules
qui commandiez aux hommes. - C'est que, répondit Gorgo,
nous sommes les seules qui mettions au monde des hommes»
(PLUT., Lycurgue, XXVI).
La fille de Cléomène passait
pour une femme subtile. C'est-elle qui eut l'idée de faire
fondre la cire des tablettes vierges envoyées par Démarate,
pour pouvoir lire le texte gravé à même le
bois (HDT., VII, 239). L'anecdote fut reprise dans le film de
Maté (Gorgo envoie un message à son époux,
Léonidas), mais pas dans le film de Snyder.
La reine Gorgo est donc au centre d'un second
récit qui court parallèlement au déroulement
de la bataille des Thermopyles. «Chaque moment clef du
drame se jouant dans le dos du roi Léonidas ou sur le champ
de bataille est montré en une scène courte, presque
symbolique, quasiment graphique, évitant ainsi la cohabitation
de deux styles, l'un plein de rage et de sang, l'autre plus posé
et théâtral, note Yann Lebecque. Cette constance
dans l'esthétisation fait toute la puissance et la cohérence
de 300, la particularité de cette expérience
autant visuelle qu'émotionnelle (8).» |
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Il y avait, en effet, un aspect
de Sparte que la BD de Miller - et donc aussi le film de Snyder
- a négligé : la vie des femmes. Les jeunes filles
spartiates s'entraînaient nues à la palestre, courraient,
luttaient entre elles, lançaient le disque et le javelot,
chantaient et dansaient devant les jeunes gens et tout ceci dans
un climat de décence désexualisé, pareil
à un centre de la FFN. «Mais quant à ce
que les filles se montraient ainsi toutes nues en public, il n'y
avait pour cela vilenie aucune, mais était l'ébattement
accompagné de toute honnêteté, sans lubricité
ni dissolution quelconque; et plutôt, au contraire, portait
avec soi une accoutumance à la simplicité»
(PLUT., Lyc., XXVI - trad. Jacques Amyot).
S'agissant de femmes - ou plutôt de
vierges - vivant, tout de même, dans une culture méditerranéenne,
on a glosé sur le sens exact à attribuer à
l'adjectif «nues» (9).
Etaient-elles intégralement nues à la palestre,
comme les mâles, ou seulement légèrement vêtues
de ce qu'on pourrait appeler un «déshabillé»
(ainsi qu'incline à le penser l'historien victorien Grote
[10])
? On songe à cette courte tunique, ou plutôt ce péplos
retroussé pour laisser nues les jambes, comme celui dans
lequel la statuaire représente Artémis chasseresse
? Laissant les bras nus et ouvert de haut en bas sur le côté
gauche du corps, le péplos dorique était
déjà suffisamment léger pour nous convaincre
que les femmes spartiates n'éprouvaient aucune pruderie.
Aussi est-il probable que dans leurs exercices gymniques, nues
les vierges spartiates l'étaient intégralement -
pareilles aux hommes. La question ne s'était du reste pas
posée au malicieux Rolf Thiele, coupable dans les années
'70 d'une version coquine de Lysistrata, Les jeux olympiques
du sexe (Gelobt sei, was hart macht / Als die Männer
laufen lernten..., 1972), empli d'une solide bonne humeur
teutonne. Pour le film 300, le costumier s'est ingénié
à vêtir la reine Gorgo d'un «péplos»
fort peu dorique mais tout autant révélateur, qui
nous confirme que les dignes matrones de Lacédémone
savaient se contenter de peu...
4.4. Léonidas
Selon Hérodote, Léonidas était le troisième
des quatre fils (11)
du roi Anaxandridès, fils de Léon, fils d'Eurycratidès,
fils d'Anaxandros, fils d'Eurycratès, fils de Polydoros,
fils d'Alcaménès, fils de Téléclos,
fils d'Archélaos, fils d'Agésilaos, fils de Doryssos,
fils de Léobotès, fils d'Echestratos, fils d'Agis,
fils d'Eurysthénès, fils d'Aristodémos, fils
d'Aristomachos, fils de Cléodéos, fils d'Hyllos,
fils d'Hercule (HDT., VII, 204).
Ses frères aînés
Cléomènes et Dorieus étant morts sans héritier
mâle, Léonidas qui avait épousé sa
nièce Gorgo, fille de Cléomènes (12),
monta alors sur le trône (en 481 ?, en 487 ?). Il appartenait
donc à la branche des Eurysthénides ou Agides, qui
se partageait le double trône de Sparte avec les Proclides
ou Eurypontides (HDT., VII, 205). Selon le mythe fondateur, les
fils d'Aristodémos, Proclès et Eurysthénès
étaient jumeaux. Mais dans les faits il faudrait plutôt
comprendre qu'une dynastie locale coexistait avec celles des conquérants
doriens.
Le roi Léonidas devait avoir approximativement
soixante ans au moment des Thermopyles; mais F. Miller, tout comme
R. Maté et Z. Snyder, lui confère la quarantaine.
Evaluant la résistance des Grecs au port d'une armure dont
le poids total approchait la moitié de celui qui la portait,
V. Hanson compile les noms et âges respectifs d'hoplites
vétérans - comme ce Phèdre, fils de Callias,
qui périt à près de soixante-dix ans dans
un combat contre Sytres en 323 -, mais ne parle pas de Léonidas.
De fait, on ignore la date de naissance de ce roi de Sparte, mais
son âge peut approximativement se déduire du fait
qu'il avait épousé une fille de son demi-frère
aîné Cléomènes. L'âge légal
du mariage, à Sparte, étant fixé à
trente ans pour les hommes et vingt pour les femmes, Cléomènes
devait avoir au minimum cinquante et un ans quand son cadet Léonidas
- probablement veuf d'une première épouse - devint
son gendre. Ajoutons y le fait que, Gorgo n'étant pas l'unique
enfant de Cléomènes, quelques années sont
sans doute à rajouter (compensant l'écart Cléomènes-Dorieus-Léonidas)
et qu'elle-même donna au moins un fils au héros des
Thermopyles.
Xerxès ayant fait savoir à Léonidas
qu'il ferait de lui le roi de toute la Grèce, s'il acceptait
d'embrasser son parti, le roi de Sparte lui répondit :
«Si vous saviez ce qui est bon dans la vie, vous vous
abstiendriez de souhaiter des choses étrangères.
Pour moi, mieux vaut mourir pour la Grèce que de devenir
un monarque, à l'insu de mes compatriotes» (PLUT.,
Moralia, 225, 10). L'anecdote est bien reprise dans 300,
qui brode en outre : «Comment oses-tu t'opposer à
moi, qui suis prêt à tuer n'importe lequel de mes
hommes pour obtenir la victoire ?» «Et moi, je mourrais
pour n'importe lequel de mes hommes», répond
Léonidas.
Hérodote nous rapporte qu'exaspéré
par la résistance de Léonidas, Xerxès infligea
à son cadavre un traitement barbare assez surprenant de
la part des Perses, pourtant réputés pour leur magnanimité.
Le corps décapité de Léonidas fut crucifié.
La caméra de Snyder capte le corps de Léonidas,
non pas crucifié mais les bras en croix, au milieu d'autres
cadavres des Thermopylomaques et des boucliers frappés
du lambda lacédémonien. Un jeu de lumière
confère alors au héros la transparence d'un vitrail
d'église et une aura christique (13),
tandis que la caméra nous ramène à Sparte
où l'unique survivant des 300, Dilios s'apprête,
avec l'aide de la reine, à confondre le «Judas»
Théron, de la tunique duquel s'échapperont les dariques
d'or prix de sa forfaiture.
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De la BD au film, Léonidas gît
les bras en croix au milieu de ses hommes.. |
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Son père tué, le fils
de Léonidas, Pleistarchos, eut pour tuteur son cousin Pausanias
- le vainqueur de Platées, plus tard condamné à
une mort misérable par les éphores. Pleistarchos
mourut peu de temps après son élévation au
trône, sur lequel il fut remplacé par le fils de
Pausanias, Pleistonax. Quarante ans après la bataille des
Thermopyles - tandis qu'Hérodote composait ses Histoires
- le fils de Pleistonax, nommé Pausanias comme son grand-père,
ramena à Sparte les ossements de Léonidas où
ils furent inhumés sous un monument magnifique où
furent gravés les noms des 300 Thermopylomaques, les Hippeis
de la Garde royale.
Nous revînmes dans un café
de Sparte, et mon juge interrogea ses compagnons de manille
pour savoir où se trouvait la tombe de Léonidas.
Bien que ce fut l'heure du brouet, ils me conduisirent en troupe
derrière une haie, dans une sorte de jardin, et me dirent
:
- C'est là.
On ne trouve rien d'authentique sur les monticules onduleux
de Sparte. Qu'est devenue la stèle, près du tombeau
de Léonidas, où les enfants épelaient les
noms des trois cents morts aux Thermopyles ?
Maurice BARRÈS, Sparte
Très différent de son illustre
aïeul et homonyme fut Léonidas II, descendant à
la huitième génération du Pausanias (14)
qui vainquit Mardonius à Platées. Ce fils d'un Cléonyme
monta sur le trône de Sparte en 257. Comme son ancêtre
partisan du luxe et d'un mode de vie raffiné - Léonidas
II avait longtemps vécu en Syrie, à la cour de Séleucos
-, il contrecarra son collègue dans la dyarchie, Agis IV
(roi en 244) - lequel voulait remettre en vigueur les lois de
Lycurgue et les anciennes vertus qui jadis avaient fait la grandeur
de Sparte. Cet Agis IV fut condamné à mort par les
éphores et étranglé dans sa prison, après
avoir été arraché au temple où il
s'était réfugié. Plutarque, dans ses vies,
met en parallèle les Spartiates Agis et Cléonyme
et les Romains Tiberius et Caius Gracchus.
4.5. Autres personnages historiques
On peut regretter que Miller n'ait pas conservé les personnages
spartiates qui sont nommés dans Hérodote. Deux hoplites
de Léonidas étant atteint d'une affection aux yeux,
le roi leur ordonna de se retirer car ils ne lui étaient
d'aucune utilité; l'un, Eurytos, s'obstina à
se battre en aveugle, se fit apporter ses armes par son hilote
et se fit tuer aux Thermopyles; le second, Aristodamos,
rentra à Sparte sans son camarade. Son attitude - non pas
d'avoir obéi à l'ordre du roi, mais de s'être
désolidarisé d'Eurytos - lui valut le mépris
de ses compatriotes qui le surnommèrent Aristodamos-le-Trembleur.
Celui-ci se fit délibérément tuer à
Platées, l'année suivante, en faisant de l'excès
de zèle. C'est lui le Dilios de la BD et du film.
Un troisième soldat fut renvoyé à Sparte
comme messager; il se nommait Pantitès et, honteux
d'avoir survécu à ses camarades, se pendit. Celui
qui prononça la fameuse phrase : «Les flèches
perses obscurcissent le ciel ? Tant mieux, on se battra à
l'ombre !» (15),
se nommait Diénékès; dans la BD comme
dans le film, elle est attribuée à Stelios (Michael
Fissbender), peut-être parce que le nom de Diénékès
aurait été jugé trop rébarbatif (?)...
Dédaigneux des choses du sacré, Miller-Snyder ont
également omis Mégistias d'Acarnanie, le
devin qui accompagna Léonidas aux Thermopyles. Ce devin
descendait de Mélampous; toutefois il refusa d'abandonner
Léonidas, se contentant de renvoyer son fils unique, qui
l'avait suivi dans cette expédition (HDT., VII, 221). Quand
on voit le traitement infligé aux éphores par Miller,
on ne s'étonne pas vraiment de l'absence de Mégistias
dans son «roman graphique». Tous ces personnages étaient
cités par Hérodote. |
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Le tir des archers perses
est si dense que leurs flèches obscurcissent le ciel.
«Tant mieux, nous combattrons à l'ombre.»
Comme dans Gladiator, l'infographie permet d'exagérer
la portée des arcs perses |
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Pausanias mentionne deux autres Lacédémoniens,
Maron et Alpheus, qui - sur le champ de bataille -
furent ceux qui montrèrent le plus de valeur après
Léonidas.
Curieux également le fait qu'au contraire d'Hérodote
(et de Rudolph Maté), 300 n'ait pas mis en valeur
les Thespiens et leur chef Démophile, fils de Diadromès
- pour leur préférer un *Daxos, et son contingent
arcadien. Selon Hérodote, Dithyrambos, fils d'Harmatidès
fut le plus valheureux des Thespiens. Le capitaine des Thébains,
pas mentionnés non plus dans la BD/film, se nommait, quant
à lui, Léontiadès. On connaît
également le nom de l'Athénien Abronichos,
qui assurait auprès de Léonidas la fonction d'officier
de liaison avec Eurybiade, Thémistocle et la flotte de l'Artémision
(HDT., VIII, 21). |
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5. Quelques faits de civilisation
La bataille des Thermopyles fut un grand moment de gloire et
d'héroïsme, superbement illustré par le roman
de Steven Pressfield, Les Murailles de Feu (Gates of Fire)
(16),
qu'il avait été question de porter à l'écran
voici trois-quatre ans. Nous étions, par contre, quelque
peu sceptique de voir prendre pour référence scénaristique
la BD 300 de Frank Miller, que nos estimons passablement
glauque et pas très historique, en dépit de ses
qualités esthétiques certaines.
A la fin de la Guerre du Péloponnèse,
l'aristocratique et belliqueuse Sparte eut la grandeur d'âme
de ne point raser Athènes vaincue, ainsi que l'exigeaient
ses alliés. La démocratique Athènes était
cependant loin de pouvoir se prévaloir d'autant de noblesse
- en témoigne, entre autres méfaits, le cruel châtiment
qu'elle avait infligé à son alliée Mitylène,
seulement coupable d'avoir refusé de continuer à
lui payer sa «protection». Une sulfureuse aura nimbe
le mythe spartiate, communiste ou national-socialiste avant l'heure,
qui avait séduit des intellectuels athéniens comme
Xénophon et Platon. Sa réputation avait pénétré
jusqu'au cur de l'Italie. Ainsi, Denys d'Halicarnasse voyait
dans les Sabins, guerriers réputés pour leur bravoure
- avec les Latins et les Etrusques, une des trois composantes
du peuple romain - les descendants de colons spartiates. Ce serait
intéressant de redresser l'image de Sparte et des Spartiates,
dont les romanciers, y compris Steven Pressfield, David Gemmell
et F. Miller, ont surtout retenu les aspects les plus discutables
comme la cryptie ou la diamastigosis. Pages obligées, qui
font la délectation du public !
5.1. La diamastigosis
La diamastigosis, la flagellation rituelle des jeunes spartiates,
est un vrai rituel sadomasochiste. Tout semble indiquer qu'à
l'époque classique elle n'était pas pratiquée
de la manière décrite par Pausanias, lequel - contemporain
d'Hadrien - écrivait 600 ans plus tard, au temps de l'Empire
romain. Bien sûr, nous sommes perplexe, lorsque nous songeons
aux tortures rituelles et mutilations que pouvaient s'infliger
volontairement certains peuples guerriers (comme la Danse du Soleil
chez les Mandans, dont le célèbre film Un Homme
nommé Cheval a reconstitué une version encore
passablement soft).
Mais au long de son histoire,
Sparte a toujours eu à lutter contre son déficit
démographique; on peut douter qu'elle ait délibérément
gaspillé son potentiel humain en fouettant ses fils souvent
à mort, par simple plaisir de bravade.
Nous avons été frappé
par une remarque de M.I. Finley (17)
selon laquelle - en dépit de leur exceptionnelle réputation
de bravoure - les Spartiates, dans leur organisation militaro-politique,
n'étaient pas tellement différents de leurs voisins
et alliés. De fait, un exemple qui nous vient à
l'esprit est celui sus-évoqué des jeunes filles
s'entraînant nues à la palestre. L'institution n'était
pas spécifique aux seuls Spartiates, puisqu'il y avait,
à Olympie, des jeux athlétiques féminins
dédiés à Héra. Ce qui implique que
des concurrentes spartiates s'opposaient à d'autres jeunes
filles issues des villes péloponnésiennes alliées
(doriennes ?). Un autre exemple, celui-ci proposé par Finley,
est que l'hilotisme non plus n'est pas particulier à la
seule Sparte : on le retrouve également en Thessalie (les
pénestes), en Crète et en Sicile (18).
C'est seulement à la fin de la Deuxième guerre messénienne
- si nous résumons bien la pensée de Finley - que
la société spartiate se referma sur elle-même
et que le citoyen-hoplite devint un hoplite-citoyen, membre non
plus d'une milice mais d'une armée professionnelle - la
seule du monde grec classique. Dans les autres Etats grecs, la
fonction guerrière était implicite de la condition
de citoyen; à Sparte elle vira au militarisme policier
frileux d'une minorité s'imposant par les armes aux populations
asservies (hilotes, Messéniens) au milieu desquels elle
vivait. Cette Sparte-là, celle dont le sacrifice de Léonidas
forgea le symbole le plus prestigieux, n'exista que de ±550
à 371 av. n.E. et rendit son dernier souffle sur le champ
de bataille de Leuctres (19).
Xénophon et, après lui, Plutarque
exposent que Lycurgue - le législateur mythique - était
un homme bon et doux, qui prêchait que l'obéissance
s'obtient par l'exemple. Selon lui, la pauvreté était
la meilleure garantie contre l'invasion étrangère
: il n'y avait à Sparte aucune richesse matérielle
susceptible d'exciter la convoitise d'autrui. La pauvreté
et la frugalité étaient aussi la meilleure garantie
de l'égalité entre tous, et plus sûr moyen
de bannir à tout jamais l'envie, la convoitise et la jalousie.
L'Histoire a retenu que si tous les Grecs connaissaient le bien,
seuls les Spartiates le pratiquaient. Aussi, en toutes circonstances,
les Grecs aimaient à se tourner vers ces Spartiates réputés
pour leur intégrité, leur réclamant des harmostes,
des officiers capables d'arbitrer leurs conflits, de les gouverner
en cas de crise. Car les Spartiates pratiquaient la vertu la plus
austère. Modestes, leurs jeunes gens marchaient les yeux
baissés. Ils étaient le seul peuple respectant l'autorité
des magistrats et des vieillards. Leur soumission et leur obéissance
aux ordres des chefs était totale et absolue. Mais aussi
les Spartiates n'aimaient pas trop sortir de leur pays, ni recevoir
chez eux des étrangers de crainte de se voir contaminés
par leurs idées subversives ou leurs murs dissolues.
Bien sûr, Xénophon comme Platon - l'idéologue
de la Cité idéale (20)
-, sont des aristocrates qui considèrent le métier
des armes comme le seul qui soit digne d'un homme libre (avec
les fonctions dirigeantes qui y sont liées). Quand l'Athénien
Xénophon glose sur ses amis spartiates - parmi lesquels
il a vécu, exilé (21)
- on a un peu l'impression d'entendre la Pravda parler
de l'Armée rouge. Mais en notre XXe s., nombre d'intellectuels
d'extrême-gauche ne jurant que par l'Union soviétique
en sont bel et bien revenus : la déstalinisation d'abord,
la chute du Mur de Berlin ensuite, révélateurs de
bien des scandales... Aussi le, certes discuté, chapitre
XIV de la République des Lacédémoniens,
où Xénophon déplore la décadence des
vertus spartiates, ne nous surprend pas vraiment.
Quid alors de ces «Templiers de
la Grèce antique», de ces moines-soldats qui avaient
fait vu de pauvreté et qui s'infligeaient la «discipline»
? Quid de cette société égalitaire
qui n'en était pas tout à fait une ? L'esprit d'émulation
cultivé par Sparte, encouragé à toutes forces,
fatalement laissait des scories, des laissés-pour-compte
du système, dans une société où la
bonne renommée est tout... Un monde où n'émergent
du lot que les stakhanovistes de la castagne, où toute
bévue est sanctionnée par le fouet. Un monde finalement
assez hypocrite où, comme le rappelle M.I. Finley, «le
conformisme et l'anti-individualisme étaient poussés
au maximum»(22).
Lycurgue avait institué une monnaie
de fer, dans les échanges internationaux absolument aussi
commode que des bank-notes de Monopoli. «C'est sous le
règne d'Agis [Agis II, roi de 427 à 397] que
l'argent commença à faire irruption dans Sparte»,
note Xénophon, précisant que Lysandre, homme par
ailleurs intègre, eut le tort de transgresser un des trois
rhètes (ordonnances) de Lycurgue, en rapportant
dans sa patrie un considérable butin de guerre d'or et
d'argent. Si bien que la corruption des Spartiates devint proverbiale,
comme le note Finley (23).
Nous n'insisterons pas sur la décadence de Sparte, laissant
le soin de la conclusion à un romancier bien informé,
Gore Vidal. Optant pour le point de vue achéménide
- par le biais de son héros gréco-perse Cyrus Spitama,
ambassadeur du Grand-Roi - Vidal ironise à propos de Marathon
: «Comme d'habitude, les Spartiates s'excusèrent.
Cette race belliqueuse invente toujours des prétextes remarquablement
ingénieux pour ne pas honorer ses alliances militaires.
Apparemment, la lune était pleine - ou ne l'était
pas - que sais-je encore. Je n'ai jamais fait d'enquête
approfondie sur ce sujet, mais je ne serais pas surpris d'apprendre
que le trésor perse avait suborné les rois spartiates
pour qu'ils restent chez eux. Baradkama, le trésorier,
disait souvent avec amertume que, de tous les bénéficiaires
des fonds secrets du trésor, les Spartiates étaient
les plus gourmands et les moins dignes de confiance» (24).
Les spectateurs éclairés, tel
l'animateur du blog Sur
l'Octuple sentier, noteront anticipativement : «Faut-il
(...) rappeler que Sparte, épuisée par les guerres
continuelles, a fini par disparaître des nations qui comptaient
(après une alliance avec la Perse ! [Le traité
d'Antalcidas, par lequel les Spartiates abandonnaient au Grand
Roi Artaxerxès les Grecs d'Asie Mineure (386) - N.d.M.E.]),
et que c'est finalement Athènes, vrai modèle de
démocratie, qui finit par dominer l'ensemble du monde grec
classique ?»
5.2. La cryptie, les hilotes
et les périèques
La cryptie, le «massacre secret des hilotes».
On ne sait pas au juste en quoi consistait la cryptie,
mais elle a fait pas mal gamberger l'imagination des historiens,
sans parler des littérateurs... Police secrète,
crimes rituels etc. Nous renvoyons à la thèse d'Henri
Jeanmaire, Couroi et Courètes (25).
Selon le cliché scolaire reçu,
les jeunes gens assassinaient ceux des hilotes qui leurs paraissaient
les plus intelligents ou les plus rebelles. D'où l'idée
d'une sorte de «police secrète». H. Jeanmaire
rapproche ces jeunes spartiates des jeunes africains noirs qui
se retirent de la tribu le temps de leur initiation pour passer
dans la catégorie des adultes. Comme ils sont des guerriers,
c'est l'occasion de se faire la main sur tous individus suspects.
Il les rapproche des Hommes-Léopards d'Afrique. Les jeunes
Spartiates seraient donc des Hommes-Loups, leur institution ayant
été fondée par le législateur mythique
Lycurgue (dont le nom signifie «ouvrage du loup»).
Dans Le Chasseur Noir, Pierre Vidal-Naquet
montre que la même institution a existé à
Athènes : aux irènes spartiates (18-20 ans)
il fait correspondre les éphèbes athéniens
(16-18 ans) : eux aussi se retirent de la cité, pour vivre
sur les frontières de l'Attique; mais leurs armes légères
ne sont pas celles des citoyens, les lourds hoplites cuirassés
(qu'ils ne deviendront qu'au terme de leur éphébie).
Toutefois il ne semble pas qu'ils assassinaient qui que ce soit.
Bien sûr, ils avaient un rôle de gardes-frontières,
et comme tels pouvaient être amenés à sévir
contre tous individus suspects.
Chaque citoyen spartiate était un guerrier
tout entier adonné à son art; il recevait un kléros,
un lopin de terre inaliénable (26)
auquel étaient attachés des serfs d'Etat, les hilotes,
qui la cultivaient pour lui et lui fournissaient ainsi la subsistance
de sa famille, et sa quote-part aux syssities (les tables
communes des soldats-citoyens, dans leur caserne, car les Egaux
ne voyaient pas souvent leurs femmes sauf pour leur faire des
enfants). Un guerrier spartiate aimerait-il que les jeunots viennent
lui trucider ses meilleurs paysans... lui coupant les vivres,
donc menaçant sa citoyenneté conditionnée
par sa capacité à assumer ses charges aux syssities
?
A propos de la cryptie, H. Michell
note : «C'était la question la plus controversée
dans toute l'Hellade, les uns disant que les Spartiates (...)
traitaient bien [les hilotes], les autres, mal. La vérité
est probablement intermédiaire. Quand ils ne redoutaient
rien des hilotes, les Spartiates les traitaient convenablement,
du moins autant que le permettait leur arrogance impérieuse
de suzerains. (...) Aristote, selon Plutarque (Lyc.,
XXVIII), dit que chaque année les éphores déclaraient
la guerre aux hilotes, en sorte que tout massacre devenait légal.
Grote (II, 378) met en doute ce fait, non sans raison, car Aristote
n'aurait pas manqué de commenter cette remarquable pratique
dans sa Politique; mais il est visible aussi que la connaissance
qu'il a des coutumes spartiates est imparfaite sur bien des points.
Xénophon ne dit rien à ce sujet, mais il parle très
peu des hilotes» (27).
De fait, les spécialistes ne sont pas
d'accord entre-eux sur les différentes catégories
sociales qui vivaient à Sparte. Par exemple, qui étaient
les périèques, qui étaient les mothaces
? On peut s'étonner que Steven Pressfield et Cristina Rodriguez,
dans leurs romans respectifs, aient totalement oublié d'évoquer
les périèques. C'étaient eux pourtant
qui fournirent à Léonidas, à côté
de ses 300 Spartiates, les 700 hoplites d'appoint qui, selon Hérodote,
font prédire par Démarate, l'ex-roi de Sparte passé
aux Perses : «Ne seraient-ils que mille, les Lacédémoniens
combattront.» On sait que Lycurgue avait créé
9.000 kléroï spartiates et 30.000 périèques.
On sait également qu'à Platées, chaque homme
spartiate amena jusqu'à sept de ses hilotes. Il y aurait
donc eu 5.000 hoplites spartiates, 10.000 hoplites périèques
et (?) 35.000 hilotes, servant d'infanterie légère.
Si l'on en croit la littérature, ce n'est que beaucoup
plus tard - aux alentours de 425 (défaite spartiate à
Pylos) -, que leur constant déficit démographique
contraignit les Spartiates à accepter des hilotes ou anciens
hilotes (neodamôdeis) au sein du corps des hoplites
(THUC., IV, 80. 5) (28).
Les deux romanciers précités
montrent des hilotes servant comme hoplites dans les rangs
spartiates. En 480, c'est probablement ridicule. Les hilotes qui
suivaient leurs maîtres à la guerre étaient
des goujats, des valets d'armes qui servaient de troupes légères
(archers, lanceurs de javelot, frondeurs) un peu comme les calones
des légions romaines. Le poids de l'armure d'un hoplite
était tel que celui-ci ne l'endossait qu'au moment de combattre
et, en campagne, avait besoin de domestiques pour l'aider à
la transporter outre son paquetage. Bien sûr, Hérodote
dit que les hilotes combattirent bravement, à côté
de leurs maîtres. Certes, mais comme infanterie légère.
Et, comme le reflètent les chiffres hérodotéens,
ceux-ci étaient bien trop méprisables pour entrer
dans les décomptes de troupes.
Les hoplites ne pouvaient provenir que des
deux catégories de citoyens lacédémoniens
: les seigneurs spartiates qui s'intitulaient eux-mêmes
les Homoïoï, les «Pairs» (ou «Egaux»);
et ces citoyens de seconde classe, les périèques
(encore faut-il s'entendre sur le sens exact du mot «périèque»,
ceux-qui-habitent-autour : étaient-ils des Doriens
ou des descendants des Achéens soumis ?).
Xerxès fit visiter le champ de bataille
à celles de ses troupes qui n'y avaient pas combattu, non
sans organiser une macabre mise en scène. Selon Hérodote,
il aurait perdu «deux myriades» de soldats (20.000
?); il n'en laissa que mille sur le terrain et dissimula les cadavres
des autres. Mais sur le kolônos, il rassembla les
corps de 4.000 grecs ramenés d'un peu partout, mêlant
ceux des hilotes aux Spartiates et aux Thespiens (HDT., VIII,
25).
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Tout en muscles comme des
culturistes, les Spartiates font des pompes, un camarade
juché sur leurs épaules : «C'est
la vie de château, pourvu que ça dure. Et merci
mon adjudant-chef !» (F. MILLER, 300, Rackham
éd.)
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5.3. Historic fantasy
On est en droit de ne pas outre mesure apprécier le dessin
de F. Miller, tout en rugosité et en exagération.
Dans ses vignettes, le respect des proportions n'est pas toujours
au rendez-vous. Certains détails sont outrageusement simplifiés,
manquent par exemple l'aménagement intérieur des
boucliers : le brassard (porpax) et la poignée (antilabé)...
(n'est pas Jacques Martin qui veut !). Quant aux compositions
géométriques de la phalange, elles semblent nées
du monstrueux accouplement d'une photocopieuse avec une planche
à dessin industriel. Reste que pas plus Miller que Snyder
n'ont capté que ladite phalange fonctionnait sur les files
d'hoplites, non sur les rangs, et que les excellents principes
que, dans le film, Léonidas expose à Ephialtès
à propos de l'indislocable compacité des rangs sont
bien vite oubliés au profit de chorégraphies spectaculaires
de guerriers homériques (29).
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Léonidas rompt les
rangs. L'examen approfondi de la littérature par
V. Hanson montre que, passé le choc frontal, la phalange
perdait un peu de sa cohésion et que les hoplites
engageaient alors des duels individuels |
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Pourtant, Miller n'est pas l'Américain
inculte qu'un certain anti-américanisme primaire aimerait
à montrer du doigt. Le fan de Rudolph
Maté, dont il a, à sept ans, vu le film qui
devait durablement le marquer, s'est solidement documenté
: «Je suis parti en Grèce où j'ai fait
le maximum de recherches possible - je me suis notamment promené
sur le champ de bataille - et j'ai tout jeté sur le papier.
Il m'a fallu digérer le récit original, puis
j'ai pris d'horribles libertés sur d'innombrables points,
mais c'est la nature-même de mon travail. Si vous recherchez
la vérité historique, plongez-vous dans un documentaire»
(30).
Miller a notamment lu
et médité l'excellent essai de Victor Davis Hanson,
The Western Way of War, infantry battle in classical Greece
(31)
(1989) que, du reste, il cite en référence de l'édition
originale de son roman graphique. Lequel Hanson préfacera
aimablement le making of du film de Snyder (32).
«C'est un historien et l'on s'attendait, en toute logique,
à ce qu'il nous donne une mauvaise note, dira à
son propos le réalisateur. Mais je crois, d'après
ce qu'il a écrit dans sa préface, qu'il a trouvé
que nous avions bien respecté l'esthétique de Sparte,
l'essence des Spartiates. On pourrait contester le fait qu'ils
étaient libres ou le niveau de démocratie que nous
dépeignons (qui n'était certainement pas très
élevé). Nous nous sommes basés sur les écrits
de l'historien du Ve s. av. n.E., Hérodote, qui nous a
donné la vision des Thermopyles telle qu'elle est conçue
actuellement, soit une démocratie combattant la tyrannie
et nous nous sommes placés du point de vue antique. Ainsi,
au plan des détails, par exemple, Victor ne trouvait pas
notre façon de recréer les nus ornant les vases
grecs conforme à la réalité. Mais lorsque
l'on se plonge dans le roman graphique, on ne peut que succomber
à son charme et vouloir l'adapter au cinéma»
(33).
«Une fois de plus - écrit
V.D. Hanson -, les puristes doivent garder à l'esprit
que [le film] 300 vise à adapter à l'écran
une bande dessinée, et non pas Hérodote. Pourtant,
malgré le besoin de coller aux conventions du graphisme
et de l'intrigue de Frank Miller (...), l'histoire telle que nous
la rapportent les historiens grecs demeure dans sa globalité
: Léonidas, contre l'opposition de sa cité, insiste
pour envoyer un groupe de reconnaissance vers le nord lors d'une
mission suicide» (34).
Le reste, donc, n'est qu'ergotage de spécialistes. Pour
notre part, nous faisons nôtre la thèse d'Apostolos
Daskalakis (parue en 1962, l'année du film de Maté
!), qui nuance le mythe du Spartiate-qui-meurt-mais-ne-se-rend-pas.
Pour les Grecs, y compris les Spartiates, fuir le champ de bataille
en abandonnant son bouclier est une lâcheté... doublée
d'imprudence, car ce sont toujours les fuyards qui subissent les
plus lourdes pertes, étant pourchassés et frappés
dans le dos. Aussi, si le recul - entendez, la fuite - dans la
mêlée est connotée d'infamie, une retraite
stratégique, elle, ne l'est nullement. Le film exagère
la capacité de sacrifice des Spartiates, le moyen devenant
le but en soi. Les combats n'ont pas encore commencé que
déjà Dilios espère trouver parmi la masse
des ennemis le combattant exceptionnel capable de lui donner la
mort héroïque à laquelle il aspire. Son camarade,
l'Arcadien Daxos, est quelque peu surpris (et nous aussi) de cette
vocation au martyre...
Nous soupçonnons
Hanson de complaisance pour le sujet du film. Car Léonidas
n'est pas monté aux Thermopyles en vue d'une mission suicide,
mais pour encourager par son exemple concitoyens spartiates et
compatriotes grecs à défendre un nud stratégique.
S'il n'y avait eu ce fameux sentier d'Ephialtès, il aurait
sans doute - contre toute attente ? - pu remporter son défi
car : |
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1) |
les Perses - qui devaient être
loin d'être aussi nombreux que l'affirme Hérodote
- restaient néanmoins handicapés... par leur
trop grand nombre; |
|
Hérodote donne pour effectifs à
l'armée perse : marins : 517.610; fantassins
: 1.700.000; cavaliers : 80.000; Arabes et Libyens
: 20.000; alliés grecs : 324.000 - soit
au total : 2.641.610 hommes. Avec les valets,
on arrivait à 5.283.220 hommes, sans
compter les eunuques, les femmes et les animaux.
Pour d'évidentes raisons d'intendance,
les historiens modernes réduisent l'exagération
poétique des «trois cents myriades»,
souvent traduites par «trois millions»,
à 300.000 hommes, ce qui reste énorme
(35).
Les estimations les plus récentes ramènent
les effectifs perses plus modestement à
70.000 fantassins et 9.000 cavaliers
(36).
Péloponnèse - Sparte :
300 (ou 1.000 Lacédémoniens, selon
Diodore et Isocrate); Mantinée (Arcadie)
: 500; Tégée (Arcadie) : 500;
Orchomène (Arcadie) : 120; Arcadiens
divers : 1.000; Corinthe : 400; Phlionte : 200;
Mycènes : 80.
Grèce centrale - Thespies : 700;
Thèbes : 400; Phocide : pas de chiffres;
Locride opuntienne : 1.000.
Soit, selon Hérodote, un total de 5.200
hommes sans compter les Phocidiens venus avec
leur armée complète. Diodore de
Sicile parle de seulement 4.400 hommes en tout
(37),
mais Pausanias en compte 11.200... Recoupant
les sources, Apostolos Daskalakis évalue
l'armée des Thermopylomaques à
environ 7.000 hommes, soit 3.800-4.000 (38)
Péloponnésiens et environ 3.100
hoplites de Grèce centrale (39). |
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2) |
une tempête au cap Sépias
avait détruit une partie de la flotte perse transportant
les approvisionnements (400 navires de combat perdus, sans
compter les cargos (HDT., VII, 188 et 190)). Ne pouvant vivre
sur le pays, trop pauvre, Xerxès, dégoûté
après l'échec des deux premiers assauts, «ne
savait quel parti prendre» (HDT., VII, 213) lorsque
Ephialtès vint le trouver. Il s'apprêtait à
rentrer chez lui, selon le film de R. Maté qui anticipe
Salamine (quand l'empereur perse se rallia à cette
solution, dont Eschyle se gargarisera dans Les Perses). |
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Ce ne fut que, lorsque contre toute
attente, il vit sa position contournée, que Léonidas
renvoya ses alliés, demeurant sur place avec les Spartiates
et les Thespiens (40)
comme unités sacrifiées. Ce n'était donc
pas une «mission suicide», décidée dès
le départ et dans un moment d'hystérie guerrière,
mais une stratégie froidement réfléchie.
Les Péloponnésiens bâtirent en retraite stratégiquement,
mais ne fuirent pas. S'étant regroupés, ils eurent
l'année suivante leur revanche à Platées.
5.3.1. De l'Histoire au Mythe
A Platées, justement, un officier Spartiate nommé
Amompharetos voulut imiter l'«exemple» de Léonidas
et trouver une mort héroïque en refusant de se replier
(HDT., IX, 50-58). Il en fut blâmé par ses pairs,
mais la légende était née. Le roi historique
Léonidas entrait dans la légende comme «le
Spartiate-qui-meurt-mais-ne-se-rend-pas», un héros
surhumain, mythique. Les Thermopylomaques se réduisirent
désormais aux seuls «300 Spartiates», sur foi
d'un oracle bien évidemment inventé a posteriori
: «Sparte sera détruite ou son roi mourra.»
Marchandant avec le sacré, Léonidas aurait donc
choisi en pleine conscience de sacrifier sa vie en échange
de la victoire pour sa patrie. Dès lors, il pouvait poser
pour David en nudité héroïque, tel un héros
du Passé fabuleux. Nouvel Hercule qui va affronter les
Amazones, ces femmes guerrières que la céramique
grecque représente habituellement en costume perse.
Dans l'art grec, les
Amazones sont beaucoup plus que des femmes guerrières un
brin sexy (c'est nous, 2000 ans plus tard, qui les voyons
ainsi - Ah ! Les Amazones de Terence Young !). Plus spécifiquement
pour les Hellènes, elles représentent l'anormalité,
l'irrationnel - bref ce qui n'est pas grec. Les Amazones
sont pareilles à ces Perses, qui sont des Barbares, qui
sont une armée d'esclaves osant se mesurer à des
hommes libres ! Comment s'étonner, dès lors, si
renchérissant sur Miller, Snyder représente les
Perses comme une cohorte de mutants dégénérés,
toutes races métèques confondues, toutes licences
sexuelles et débauches affirmées : une maléfique
armée d'Orques et de Trolls, tout droit sortie de l'imagination
d'un Tolkien. Des légions de cauchemar au milieu desquelles
s'avancent d'improbables rhinocéros de combat et des oliphants
hauts de cinq étages. Sous la tente de Xerxès, au
milieux des éphèbes transsexuels et des enlacements
saphiques d'odalisques ravagées de tares - l'une d'elle
porte les marques de la syphilis sur la face droite de son visage
-, le monstrueux bossu Ephialtès ne détonne pas.
Ce terrifiant sabbat aurait pu être peint par Jérôme
Bosch ou Goya. |
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La magie ici puise sa
source dans la médecine et l'alchimie, bien loin
des djinns échappés de lampes à
huile. Des pestiférés se voient conférer
des pouvoirs surnaturels, tels les sages reclus au sommet
d'une inaccessible montagne et lisant leurs oracles
dans les divagations d'une magnifique contorsionniste
possédée par les effluves narcotiques
dansant autour d'elle. Le bourreau Perse, improbable
colosse obèse, use de pattes de crabes greffées
sur ses avant-bras pour décapiter les généraux
ayant failli à leur mission. L'armée ennemie
compte en ses rangs des Immortels masqués cachant
des visages de morts-vivants lépreux. Un géant
libéré de ses chaînes balaye d'un
revers de la main quelques Perses malchanceux avant
de fondre sur Léonidas, rappelant l'assaut du
Troll des cavernes dans les mines de la Moria. Des «magiciens»
utilisent des grenades primitives qu'on imagine volées
à la Chine, sans aucun respect historique, la
découverte de la poudre noire par les Chinois
datant du VIe s. Ce dernier point reste essentiel pour
comprendre la philosophie des 300, les scénaristes,
Frank Miller et Zack Snyder, ayant sacrifié le
respect de l'Histoire sur l'autel du grand spectacle.
(Yann LEBECQUE) (41). |
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5.3.2. Créatures mythologiques
L'ennui, c'est que si les Armées du Mordor - les Armées
du Mal tolkiennes - sont acceptables parce qu'indéterminées,
situées au niveau des universaux, celles de l'épisode
historique de Léonidas réfèrent, quant à
elles, à une réalité précise, inscrite
bon gré mal gré dans la conjoncture politique actuelle.
Xerxès le Perse, c'est clairement Satan déployant
ses séductions, à la fois aimable et cruel, accueillant
son nouveau guerrier Ephialtès au milieu de quarante vierges
expertes dans tous les vices... On n'ose imaginer ce que donnerait
- tout second degré enfui - une adaptation par Snyder du
Rêve de Fer (Le Chevalier du Swastika) de Norman
Spinrad !
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Au contraire des hoplites
de la guerre réelle, qui luttent revêtus d'une
lourde armure de bronze, les héros mythologiques
combattent tels des athlètes en «nudité
héroïque», comme sur ce vase corinthien
de 600 av. n.E. Au centre : Léonidas aux Thermopyles,
vu par Jacques-Louis David (1814). A droite : Les
héros de F. Miller ont dépouillé leur
armure pour opposer leur poitrine nue aux coups de l'ennemi
- mais n'était-ce pas elle la meilleure muraille
de Sparte ? |
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- A propos de la «nudité héroïque»
[«Nudité héroïque»
est un terme d'histoire de l'art, pour désigner
les héros de la mythologie grecque, toujours
représentés nus comme des athlètes.]
«Au fil de ses recherches, Miller apprend
que les Spartiates revêtaient une lourde armure
avant de partir au combat. Graphiquement, cela ne
passe pas. Miller est plus intéressé
par les corps que par des amas de métal. Il
se tourne alors vers les représentations traditionnelles
des guerriers dans l'art antique. Bien que les soldats
aient combattu en armure, les artistes de l'époque
les représentaient systématiquement
nus, simplement équipés de leur armement.
2.500 ans plus tard, Miller effectue le même
raisonnement et estime que des guerriers quasiment
nus auront un impact graphique bien plus grand. Il
développe alors le look spartiate qui
contribuera largement au succès de la future
BD : bottes montantes, sous-vêtement en cuir,
longue cape rouge, et armement couleur bronze... Autre
altération de la réalité, le
ciel éternellement bleu azur de la Grèce
lui semble d'un ennui prodigieux. Miller préfère
les ciels nuageux et tourmentés, à l'image
de ses héros» (Philippe DESROIS,
S.F.X., n 126, février-mars 2007). |
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En fait, comme dit plus haut, Maté
avait signé un film
historique, et Snyder un film mythologique - avec des Spartiates
combattant en nudité héroïque, tels qu'on les
voit dans la BD de Miller certes, aussi sur la célèbre
toile de David, mais surtout tels les Lapithes combattant les
Centaures sur les métopes du Parthénon ou au fronton
du Temple de Zeus à Olympie.
C'est ainsi également
que les Perses sont vus comme des êtres absolument anormaux,
tels les Amazones que la céramique grecque dépeint
la plupart du temps en costume perse - précisément.
Ce sont des barbares, des «bafouilleurs qui ne parlent pas
bien le grec», une race d'esclaves qui obéissent
au fouet d'un tyran, et qui ont honte de dénuder leur corps.
S'ils n'étaient si proche géographiquement, on leur
attribuerait par surcroît les caractéristiques physiques
de ces monstrueux humanoïdes que les anciens prêtaient
aux peuples lointains, ces Arimaspes, cavaliers à l'il
unique, qui combattent des Griffons au fin fond de la lointaine
steppe scythique, peut-être la Sibérie (42)
(?) (HDT., IV, 27; PLINE, H.N., VII, 11), ou ces hommes
à tête de chien, ces lions à face humaine
(les Martichores) ou ce peuple des Sciapodes, qui n'ont qu'une
jambe, mais avec un pied si large qu'il leur sert de parasol (43)
! (PLINE, H.N., VII, 11), etc.
Prenons par exemple
ce géant qui écrase aussi bien les Perses que les
Grecs, et que les geeks assimilent aux Trolls des romans
d'heroic fantasy : ayant fait sauter le verrou des Thermopyles,
une armée perse marche sur Delphes en vue de la piller.
Les Phocidiens s'apprêtent à leur résister;
c'est alors qu'apparaît parmi eux «deux hoplites
d'une taille surhumaine (...) qui seraient aux dire des
Delphiens les héros locaux Phylacos et Autonoos»,
et qui se ruent sur les pillards perses, qu'ils massacrent (HDT.,
VIII, 39). Les Guerres médiques ont beau avoir été
un fait historique, il subsistait une part de surnaturel et d'irrationnel
dans l'esprit des gens du temps. Assurément, si dans son
film Zack Snyder avait voulu représenter cette part d'irrationnel,
il en aurait parlé dans ses interviewes, ce qui ne fut
pas le cas. N'empêche...
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Une armée d'envahisseurs
aussi cruels que monstrueux, issus des coins les plus reculés
de la planète - tel celui-ci, surnommé «le
Troll» par les spectateurs, et, par John Wheaton qui
le conçut, l'Uber Immortel, «le Super
Immortel» (cf. Making of, et S.F.X.,
n 127)
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5.3.3. La «bataille des
Playmobiles»
Certes, «... le film n'a d'autre but que de divertir.
Nous sommes là pour retracer une histoire fascinante et
elle contient suffisamment d'événements réels
pour que l'on oublie les inexactitudes», assurait Frank
Miller (44).
... Reste que, de l'Antiquité,
bien souvent ne subsistera dans la mémoire du public que
ce qu'il aura vu au cinéma, lu dans des BD ou - au mieux
- dans un roman historique. Parcourir les Forums dédiés
au film de Snyder nous laisse partagé entre la délectation
cynique et la résignation perverse :
«Vous savai pa lé gars y
paré que se filme ai tiré d'une vrai histoir,
la bataye des Tairmopil, et que Spart sa a vrémen existai
?
En tou ca le film il e super sai entre galdiator et
kilbil et sai filmé com Matrix alor allai tous
le voire» (AlloCiné)
«un peu d'histoire: ils etaient
reellement 300 et ils se sont combattus contre des dizaines
de milliers d'hommes,dans ce film pratiquement tt est vrai,pour
etre un spartiate l'enfant de 7ans etait amener dans les montagnes
et etait livré a lui meme pendant un an,il devait se
debrouiller pour survivre ,beaucoup aussi ne sont pas revenu,ca
s'appele la cryptie,tu vous croyez que c'etaient des rigolos??eh
non vous devriez avoir un profond respect pour ces hommes,ils
n'ont pas hesités a defendre leurs valeurs et ca fait
2487 ans qu'ils ont disparus et pourtant ils sont tjs la^^...»
(Skyrock
blog de mustlapinou)
«Qu'est-ce qu'on se marre à la
Fac de Lettres...», chantait in illo tempore une
certaine Jacqueline Taieb. Allons, secouons-nous. Les Spartiates
- paraît-il - enivraient leurs hilotes pour l'édification
des enfants. Rien de changé sous le soleil...
5.4. Hémoglobine
«Il y a un côté irréel dans la violence
du film, admet Zack Snyder, mais plus c'est irréel
et moins les gens sont dégoûtés. Ce n'est
pas un film d'horreur, mais on a besoin d'un peu de sang ici et
là. Il fait partie de la chorégraphie des combats
et de l'esthétisme du film» (45).
En effet, en dépit des nombreuses morts par armes blanches,
pas une seule goutte d'hémoglobine ne fut répandue
sur le plateau. Pour un contrôle précis de la quantité
mais surtout de la façon dont il est projeté, toutes
les effusions sanguines seront réalisées en images
de synthèse et rajoutées en postproduction.
Snyder et Miller ont consciencieusement potassé
Le modèle occidental de la guerre de V.D. Hanson.
L'historien américain y insiste sur l'homogénéité
du bloc de la phalange au moment du choc avec l'ennemi, mais est
bien forcé d'admettre qu'à partir de ce moment-là,
les lignes se désagrègent, la plupart des lances
étant brisées, et chaque combattant doit désormais
se battre individuellement. Ecrire «se débattre»
conviendrait d'ailleurs mieux, car chaque hoplite des premiers
rangs est désormais pressé entre ses camarades qui
le poussent dans le dos et les ennemis qui se dressent devant
lui. Hanson a trouvé dans les textes des descriptions effarantes,
qu'il cite. Hérodote raconte qu'acculés sur le kolônos,
avant d'être exterminés à coups de flèches
les compagnons de Léonidas, leurs armes brisées,
se battirent avec leurs mains, avec leurs dents ! A notre connaissance
aucun film - pas même 300 - n'a à ce jour
si bien montré l'acharnement bestial de la bataille que
Frères de sang (46)
de Je-Gyu Kang.
C'est pourquoi le cinéaste, qui d'Excalibur
à Conan le Barbare connaît ses classiques,
doit constamment innover, comme le souligne Gilles Penso : «L'un
des plus gros pièges du récit était la monotonie
qu'aurait pu induire une telle accumulation de scènes de
batailles. Or, coupant court à tout effet répétitif,
Snyder joue d'emblée la carte du crescendo. Chaque combat
est plus ardu, plus sanglant, plus complexe que le précédent.
Et si les premiers pugilats nous permettent d'apprécier
le génie stratégique des Spartiates, maniant avec
une adresse infinie leurs boucliers et leurs lances pour compenser
la faiblesse de leurs effectifs, les dernières phases de
la guerre basculent de plain-pied dans l'heroic-fantasy la
plus débridée. Car, bientôt, les envahisseurs
n'ont plus rien d'humain. Géant aux allures de Troll déchaîné,
hideux démons masqués, éléphants titanesques,
rhinocéros antédiluvien animent ainsi cette folle
sarabande, tandis qu'à la cour du roi Xerxès, les
femmes possédées se déhanchent lascivement
autour d'un homme bouc qui a tous les attributs du Diable»
(47).
Et Yann Lebecque d'abonder dans le même
sens : «Ce long-métrage vient après plusieurs
retranscriptions récentes de batailles épiques autant
qu'héroïques menées par un héros hors
du commun lancé dans un combat impossible, les deux plus
marquants étant Braveheart de Mel Gibson et bien
évidemment Gladiator de Ridley Scott. La force du
second est certainement la clarté des combats, à
l'image du long morceau de bravoure d'ouverture décrivant
comment les légions romaines de Marc Aurèle commandées
par Maximus défont les barbares. La grande différence
qu'apporte le film de Zack Snyder réside dans la chorégraphie
de la violence, la mise en image des charges de fantassins, véritables
raz-de-marée humains s'entrechoquant dans la confusion
la plus complète, mais au sein desquelles chaque soldat
connaît le rôle qu'il a à jouer. Si Scott a
choisi de retranscrire l'acharnement sauvage des combats singuliers
entre légionnaires et Wisigoths (48)
avec des images stroboscopiques d'où émergent
quelques instants-clefs à peine entrevus, Snyder, lui,
opte pour de longs travellings, plans séquences isolant
un unique protagoniste courant au ralenti lorsqu'il prend la décision
de son prochain coup, puis s'accélérant pour mieux
faire ressentir la violence de l'impact et de la mort. Cela permet
au réalisateur de cadrer, en arrière-plan, les actions
d'autres hoplites tout aussi redoutables, dévoilant la
nature profonde de la machine à tuer faisant la force de
Sparte» (49).
5.5. Homophobie
300 est-il un péplum homophobe ou crypto-gay ? Chacun
sans doute décodera le film de Snyder selon son orientation
ou ses préventions personnelles. En notre monde sublunaire,
il est à craindre qu'il n'y ait que les naturistes pour
dissocier la nudité de la sexualité; par ailleurs,
il est de notoriété publique que les péplums
ont toujours eu la faveur de la «planète gay»
du fait des pectoraux huilés de ses protagonistes et de
ses rituels sado-masochistes. D'un autre côté, le
message «bushiste» prêté à 300
ne peut qu'être en contradiction avec un supposé
discours homophile. Léonidas-Butler est d'ailleurs très
clair à ce sujet, lorsqu'il déclare à l'ambassadeur
perse que si ces pédophiles d'Athéniens philosophes
osent refuser de se soumettre aux Perses, les Spartiates ne peuvent
faire moins. Les ennemis de la Grèce «sont emmenés
par un fourbe chef, maquillé et couvert de bijoux, qui
a tout l'air de ne pas être hétérosexuel»,
note sobrement le critique du Monde (50).
Quand au chroniqueur du blog «Sur l'octuple sentier»,
il met bien en évidence l'ambiguïté du film
: «Que Sparte ait été une nation guerrière
pratiquant l'eugénisme à grande échelle,
certes. Mais était-il nécessaire de faire d'Ephialtès
un Spartiate difforme qui trahit son pays ? Pourquoi autant d'handicapés,
d'homosexuels/lesbiennes à la cour de Xerxès, dépeint
lui-même comme un éphèbe efféminé
sur un char de Gay-Pride
? On notera également les Athéniens traités
avec mépris (car «ils préfèrent
les garçons»), l'émissaire perse d'origine
africaine (51),
les visages hideux des «Immortels», le rôle
des autres grecs fortement minimisé.
Une pseudo-démocratie
obsédée par la pureté génétique
d'un côté, un empire pluri-ethnique et multi-culturel
systématiquement présenté comme dégénéré
de l'autre. Qui sont les «bons», qui sont les vrais
«méchants» ?» (Sur
l'Octuple sentier).
Ambigu, on le serait à moins si l'on
considère que Miller, puis Snyder, ont choisi de montrer
les Spartiates en nudité héroïque,
avec toutefois un slip de cuir - concession à la pudeur
américaine, et pas seulement américaine reconnaissons-le
- avec une plastique athlétique d'autant plus irréprochable
(G. Butler reconnaît l'avoir travaillée huit mois
durant et jusqu'à six heures par jour) que le galbe de
ses abdominaux fut encore retouché par ordinateur. Mettons
donc sur le compte de l'humour les déclarations ou allusions
«homophobes» du film pour ne considérer que
le spectacle : «Le plus amusant étant sans doute
le traitement outrageusement érotique de ces empoignades
entre robustes gaillards en slip de cuir, adeptes de l'épilation
intégrale et de l'abdo huilé. Si les Spartiates
apparaissent comme des Chippendales de combat, leurs ennemis ont
l'allure de drag-queens en folie. Le pompon pour Xerxès,
chouchou évaporé, sanglé dans une quincaillerie
dorée que même Mata Hari aurait trouvé trop
voyante. Un look glam-SM qui atteint des sommets de grotesque
quand il pique de grosses colères toutes rouges»,
notent Alexis Bernier et Bruno Icher dans Libération
(52).
Bref, pour tout résumer en deux lignes,
il «y a 300 pédés au torse luisant et aux
abdominaux comme jamais je n'en aurai qui arrivent à eux
seuls à repousser toute une armée d'handicapés
dirigés par un travelo mégalomane» (Through
My Eyes).
Que savons-nous, exactement, de l'homosexualité
à Sparte ? Pas grand chose : au temps de sa gloire, Sparte
était déjà figée dans le mythe de
l'idéalité, à mi-chemin entre l'exaltation
aveugle et un dénigrement qui l'était tout autant.
Relisons Xénophon :
«12. Je crois devoir parler aussi
de l'amour entre garçons, parce que ce point aussi touche
à l'éducation. Or chez les autres Grecs, par exemple
chez les Béotiens, les hommes faits et les enfants forment
des couples qui vivent ensemble; chez les Eléens, on
achète par des présents les faveurs des garçons
à la fleur de l'âge; ailleurs il est absolument
interdit aux soupirants d'adresser la parole aux enfants.
«13. Lycurgue
avait encore sur cet objet des principes opposés. Quand
un homme qui était lui-même honnête, épris
de l'âme d'un jeune garçon, aspirait à s'en
faire un ami sans reproche et à vivre avec lui, il le
louait et voyait dans cette amitié le plus beau moyen
de former un jeune homme. Mais si quelqu'un ne semblait épris
que du corps, il le déclarait infâme, et il fit
ainsi qu'à Lacédémone les amants n'étaient
pas moins retenus dans leurs amours pour les enfants que les
pères à l'égard de leurs fils et les frères
à l'égard de leurs frères.
«14. Que certains
aient peine à le croire, je ne m'en étonne pas;
car, dans beaucoup d'Etats, des lois ne s'opposent point à
cet amour des garçons.» (XÉNOPHON, République
des Lacédémoniens, II, 12-14)
Le dernier alinéa est spécialement
étonnant, sous le calame du spartophile Athénien
: «Que certains aient peine à le croire, je ne
m'en étonne pas.» Comme toujours, lorsque le
législateur légifère, c'est qu'il y a matière
à le faire. Le monde grec, ne l'oublions pas, appartient
à ces cultures méditerranéennes où
les femmes - perpétuatrices de la race et gardiennes du
culte des Ancêtres - sont cloîtrée. Sauf à
Sparte, justement, où elles sont connues pour se montrer
aux hommes «les cuisses nues» (phainomèridés).
Ce qui ne signifie nullement que l'amour libre y soit permis,
ni que l'on y fornique à tout va. L'encasernement y est
tel que le mari retrouve son épouse presque en se cachant.
En revanche, il passe sa vie en compagnie des autres hommes, toutes
générations confondues, mais qui s'épient
mutuellement pour dénoncer aux magistrats toute forme d'anticonformisme.
Edmond Lévy (53)
nuance la vision idyllique d'une Sparte idéale, telle que
les Spartiates voulaient se voir eux-même, mais sans doute
pas tout à fait comme elle était réellement.
Quand en Elide et en Béotie elles s'affichaient sans honte,
les pédérasties spartiate et athénienne aimaient
sans doute à se draper dans les plis de la respectabilité
et de la bienséance - mais n'en étaient pas moins
réelles. Du reste Platon, qui lui aussi était plutôt
philospartiate, signalait ces «amours contre nature»
pratiquées en Crète et à Sparte (PLAT., Lois,
I, 636 b-c et VIII, 836 b). |
Suite… |
NOTES :
(1) A l'époque qui nous intéresse,
les éphores sont des magistrats, non des prêtres.
Les rois de Sparte, en revanche, cumulent la fonction sacerdotale.
Toutefois, il se peut que dans des temps plus anciens, les éphores
aient été davantage que seulement des magistrats.
- Retour texte
(2) ARISTOTE, Pol., 1270 b
14 - cité par M.I. FINLEY, «Sparte», in Jean-Pierre
VERNANT, Problèmes de la guerre en Grèce ancienne
(1968), Seuil, coll. «Points - Histoire», n H265,
1999, p. 200. - Retour texte
(3) H. MICHELL, Sparte et les Spartiates,
Payot, coll. «Bibliothèque Historique», 1953,
p. 96. - Retour texte
(4) ARISTOTE, Pol., 1270 b
- cité par MICHELL, Op. cit., p. 104. Rappelons
tout de même qu'Aristote écrivait à l'époque
du déclin de Sparte, que dénonça aussi
le pourtant spartophile Xénophon au Chap. XIV de sa République
des Lacédémoniens. - Retour
texte
(5) K. Johnstad, scénariste,
interviewé par Staci Layne WILSON, L'Écran
Fantastique, n 274, mars 2007, p. 28. - Retour
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(6) V. TROUILLET, Ciné Live,
n 110, mars 2007, p. 26. - Retour texte
(7) Pièces d'or. Une loi de
Lycurgue interdisait aux Spartiates de posséder de l'or
ou de l'argent, sauf leur peu commode monnaie de fer. - Retour
texte
(8) Y. LEBECQUE, L'Écran
Fantastique, n 274, mars 2007, p. 23. - Retour
texte
(9) A Athènes ou ailleurs,
une citoyenne ne serait pas sortie de chez elle sans un voile
sur la tête... A Athènes, les femmes libres avaient
les cheveux longs, leurs esclaves les portaient court. A Sparte,
en revanche, la jeune épousée était tondue
par la nympheutria (PLUT., Lyc., XXVIII) et revêtait
pour sa nuit de noces une tunique et des sandales masculines;
les jeunes garçons également avaient le crâne
rasé. En revanche les hommes adultes avaient les cheveux
longs («le seul ornement qui soit naturel et gratuit»,
PLUT., Apopht., 232 C, 6) au contraire de leurs vieux
ennemis les Argiens, dont les hoplites se coiffaient court.
- Retour texte
(10) GROTE, cité par MICHELL,
Op. cit., pp. 40-42. - Retour texte
(11) Le quatrième se nommait
Cléombrote. - Retour texte
(12) Selon PAUSANIAS (III (Laconie)),
Anaxandridès n'obtenant pas d'héritiers de son
épouse, obtint d'en épouser une seconde qui lui
donna Cléoménès. Là-dessus, sa première
épouse mit au monde successivement Dorieus, Léonidas
et Cléombrote. Gorgo était donc la demi-nièce
de Léonidas. - Retour texte
(13) Dans le même ordre d'idée,
mais traité différemment, cf. la mort de
Charlton Heston les bras en croix dans la fontaine, à
la fin du Survivant (The Omega Man), le flanc percé
d'une lance, après avoir donné à l'Humanité
son sang rédempteur. - Retour texte
(14) Ce Pausanias guerroya ensuite
en Asie, et bientôt gagné par le luxe oriental,
finit par conspirer avec les Perses contre sa patrie. Démasqué
par les éphores, il se barricada dans le temple de Poséidon,
où on le laissa mourir de faim emmuré (et ce fut
sa propre mère qui apporta la première pierre).
- Retour texte
(15) HDT., VII, 226, repris par
PLUT., Apopht., 234 E. - Retour
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(16) Porté par le succès
de Gladiator, un premier projet de remake du film
de 1961 Three Hundred
Spartans (La bataille des Thermopyles), par la 20th
Century-Fox elle même, sur un scénario d'Erik Jendresen
avait été annoncé fin 2002.
Simultanément Universal annonçait un sujet identique,
Gates of Fire d'après le roman de Steven Pressfield,
sur un scénario de David Self (Les Sentiers de la
perdition), production Maysville Pictures (George Clooney).
George Clooney et Bruce Willis étant les vedettes de
ce film dont la réalisation aurait été
confiée à Michael Mann. - Retour
texte
(17) M.I. FINLEY, Op. cit.,
pp. 189-212. - Retour texte
(18) M.I. FINLEY, Op. cit.,
p. 208. - Retour texte
(19) M.I. FINLEY, Op. cit.,
p. 189. - Retour texte
(20) On a vu ce que pouvait concrètement
donner la Cité idéale sous la férule des
Khmers rouges de Pol Pot, nourri de Platon en Sorbonne ! - Retour
texte
(21) En 399, retour de son expédition
en Asie Mineure avec les «Dix-Mille» (401-400),
Xénophon d'Athènes (427 (?)-355 (?)), disciple
de Socrate, est frappé d'exil et se réfugie à
Sparte.
En 396, il retourne en Asie Mineure accompagnant son ami le
roi de Sparte Agésilas - dont il composera plus tard
la biographie. A Coronée (394), il combat dans les rangs
spartiates contre ses - anciens - compatriotes. (On a longtemps
cru que ses «exploits» de mercenaire au service
d'un prince perse lui valut cette sentence d'exil; mais il est
plus probable que c'est son choix à Coronée qui
en fut la vraie raison,)
De 391 (?) à 371, Xénophon résidera à
Scillonte en Elide, où les Spartiates lui ont offert
un petit domaine. C'est là qu'il rédigera la plupart
de ses ouvrages. Mais en 371, c'est le désastre de Leuctres,
dont Sparte ne se relèvera jamais. L'Elide et Sparte
étant entrées en guerre, Xénophon - son
domaine saccagé - erre quelques temps et finit par s'établir
à Corinthe. Aux alentours de 367-364, les Athéniens
rapportent leur décret d'exil à son encontre,
mais nous ignorons si Xénophon daigna réintégrer
sa patrie. Il décédera vers 355, alors qu'émerge
la nouvelle puissance macédonienne. - Retour
texte
(22) M.I. FINLEY, Op. cit.,
p. 194. - Retour texte
(23) M.I. FINLEY, Op. cit.,
p. 199. - Retour texte
(24) G. VIDAL, Création,
Grasset, 1982, pp. 311-312. A décharge de la Sparte de
Léonidas, nous rappellerons que Cyrus Spitama, âgé
de soixante-quinze ans, est censé avoir composé
ses mémoires en 445 en prémices de la Guerre du
Péloponnèse (431-404). L'année suivante
(444), aux Jeux olympiques, Hérodote allait faire une
lecture publique de ses uvres, dont le récit de
la bataille des Thermopyles... - Retour
texte
(25) H. JEANMAIRE, Couroi et Courètes.
Essai sur l'éducation spartiate et sur les rites d'adolescence
dans l'Antiquité hellénique, Univ. Lille,
1939. - Retour texte
(26) L'application concrète
de ce système a fait s'arracher les cheveux à
plus d'un historien de Sparte. Les kléroï
étaient en nombre limité et ne pouvaient être
fractionnés. Le premier fils recevait-il son kléros
du vivant de son père, ou devait-il attendre son décès
pour prendre possession du sien ? Quid de ses frères
? - Retour texte
(27) MICHELL, Op. cit., p.
67. - Retour texte
(28) Sur les hilotes servant comme
hoplites : MICHELL, Op. cit., p. 66. Sur les Néodamodes,
Idem, p. 194. - Retour texte
(29) Dans l'Iliade, composée
avant la «révolution hoplitique», il n'est
nullement question d'hoplites ni de phalange - mais de héros
combattant en char, d'où ils descendent pour livrer des
duels individuels. - Retour texte
(30) Frank Miller interviewé
par Staci Layne WILSON (trad. : Yann LEBECQUE), L'Écran
Fantastique, n 274, mars 2007, p. 24. - Retour
texte
(31) Traduit en français aux
Belles Lettres l'année suivante : Le Modèle
Occidental de la Guerre. La bataille d'infanterie dans la Grèce
classique (préf. John Keegan; trad. Alain Billault),
Paris, Belles Lettres, coll. «Histoire», 1990, 298
p. - Retour texte
(32) V.D. HANSON, «Avant-propos
: L'Histoire et les Trois Cents», in 300 : De l'autre
côté du grand écran, Montreuil, Rackham
éd., mars 2007, n.p. - Retour texte
(33) Zack Snyder interviewé
par Staci Layne WILSON, L'Écran Fantastique, n
274, mars 2007, p. 25. - Retour texte
(34) V.D. HANSON, «Avant-propos»,
in 300 : De l'autre côté du grand écran,
Op. cit.
Il nous apparaît toutefois que ce sont Diodore et Elien
qui, des siècles après les faits, ont exalté
l'idée d'une «mission suicide». Hérodote,
qui leur en était contemporain, ne va pas si loin ! -
Retour texte
(35) Cf. Faure, Les armées
d'Alexandre, évoquant les difficultés de ravitaillement
de l'armée d'Alexandre qui n'en comptait que 30.000 (longueur
de la colonne etc.). Les troupes vivaient sur le terrain, et
l'intendance était embryonnaire. Xerxès toutefois
y avait paré en embarquant sur ses navires des vivres
en quantité ce qui ne veut pas dire que son planning
n'était pas serré... En fait l'Empire perse incluait
la Macédoine, cependant que la Thessalie - dont les Thermopyles
étaient la porte méridionnale - théoriquement
neutre était un de ses satellites.
Dans son roman Création (les voyages d'un ambassadeur
perse, Cyrus Spitaménès, en Inde, Chine et Grèce
pendant les guerres médiques) Gore Vidal, ramène
les effectifs perses à... 60.000 hommes et évoque
la bataille des Thermopyles avec condescendance : simple incident
de frontière. Voir note ci-après. - Retour
texte
(36) La véritable histoire
de Sparte et de la bataille des Thermopyles (textes réunis
et commentés par Jean MALYE), Les Belles Lettres, 2007,
p. 145.
Pour sa part, le romancier Gore Vidal ramenait les effectifs
de l'armée perse à 60.000 hommes au lieu «des
six millions (bigre !) dont parlait Hérodote»,
et note laconiquement : «La guerre commença
bien. Parfaitement coordonnées, la flotte et l'armée
longèrent la côte de la Thessalie. En route, un
roi de Sparte fut tué avec tous ses hommes»;
ensuite il montre Xerxès en Attique (G. VIDAL, Création,
Op. cit., pp. 483-484). Quel fut l'exact poids stratégico-politique
de la bataille des Thermopyles ?, s'interroge Cyrus Spitama
: pour l'Empire perse, ce ne fut assurément qu'un incident
de frontière ! - Retour texte
(37) 1.000 Lacédémoniens
et (ou dont ?) 300 Spartiates, 1.000 Maliens (il
omet les 700 Thespiens, qu'il remplace par des improbables Maliens
dont la cité était déjà occupée
par les Perses - et, donc, leurs familles otages), 400 Thébains,
1.000 Locriens, 1.000 Phocidiens. - Retour
texte
(38) L'épigramme
citée par Hérodote confirme : 4.000 Péloponnésiens
(HDT., VII, 228). - Retour texte
(39) A. DASKALAKIS, Problèmes...,
p. 18. - Retour texte
(40) Ce derniers n'avaient
plus rien à perdre : sise aux portes de l'Attique et
sur la route des Perses, leur cité subirait inéluctablement
les représailles de l'ennemi vainqueur. - Retour
texte
(41) Y. LEBECQUE, L'Écran
Fantastique, n 274, mars 2007, p. 23. - Retour
texte
(42) Willy LEY &
Lyon SPRAGUE DE CAMP, De l'Atlantide à l'Eldorado,
Plon, 1957, p. 93. - Retour texte
(43) W. LEY & L.
SPRAGUE DE CAMP, Op. cit., pp. 96-98. - Retour
texte
(44) Frank Miller interviewé
par Staci Layne WILSON, L'Écran Fantastique, n
274, mars 2007, p. 25. - Retour texte
(45) V. TROUILLET, Ciné
Live, n 110, mars 2007, p. 28. - Retour
texte
(46) Taeguki
hwinalrimyeo (Corée du Sud, 2004). En dépit
d'une stylisation certaine, comme le fauchage de rangs entiers
de fantassins par les salves de fusils, les impacts de balles
d'armes qu'on ne voit jamais recharger, la chair mutilée
par l'explosion des grenades et une fascination toute asiatique
pour les arts martiaux, les protagonistes de Frères
de sang s'étripent comme des chiffonniers, avec une
horrible conviction. - Retour texte
(47) G. PENSO, L'Écran
Fantastique, n 274, mars 2007, pp. 16-17. - Retour
texte
(48) C'étaient
des Marcomans. Marc Aurèle n'a jamais combattu les Wisigoths
dont le nom n'était pas encore apparu à l'époque
(N.d.M.E.). - Retour texte
(49) Y. LEBECQUE, L'Écran
Fantastique, n 274, mars 2007, p. 23. - Retour
texte
(50) Thomas SOTINEL,
Le
Monde, 21 mars 2007. - Retour texte
(51) Une page du Making
of montre les croquis ayant servi à l'élaboration
des costumes de l'armée perse. Le contingent
libyen a disparu au profit de... «Massaïs»,
jugés plus pittoresques. Dans le film on les apercevra
le temps d'un ou deux plans (N.d.M.E.). - Retour
texte
(52) A. BERNIER &
B. ICHER, «This is merdaaaaa ! Péplum bushiste
belliqueux, 300 exalte un héroïsme puéril»,
Libération,
mercredi 21 mars 2007. - Retour texte
(53) Ed. LÉVY,
Sparte. Histoire politique et sociale jusqu'à la conquête
romaine, Seuil, coll. «Points», n H329, pp.
60-63. - Retour texte
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