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Die Hermannsschlacht
(La bataille d'Arminius)

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aigles de rome

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I. L'aventure est dans la Forêt...
DIE HERMANNSSCHLACHT (1993-1995)

1. Arminius dans la littérature allemande, avant Kleist

2. Heinrich von Kleist (1777-1811)

3. Christian Dietrich Grabbe (1801-1836)

Sur cette page :

ENCYCLOPÉDIE

1. Les Romains en Germanie

2. Arminius (18 av. n.E. - 19 de n.E.)

2.1. Le personnage historique
2.2. Le Vercingétorix allemand

3. Marbod, roi des Marcomans

4. P. Quintilius Varus (46 av. n.E. (?) - 9 de n.E.)

Pages suivantes :

5. Le massacre du Teutoburger Wald

6. L'emplacement de la bataille

7. Arminius à l'écran

II. Pour qui sonne le glas...
IL MASSACRO DELLA FORESTA NERA (1965)

FILMOGRAPHIE

8. Documentaires

9. Fictions

BIBLIOGRAPHIE

BANDE DESSINÉE

MUSICOGRAPHIE

INTERNET

SOURCES

En guise d'épitaphe...

ENCYCLOPÉDIE

1. Les Romains en Germanie

Jules César avait établi sur le Rhin la frontière de l'Empire. Le Rhin, qu'au nord des Balkans prolongeait le cours du Danube, constituait un rempart naturel contre le barbaricum. Entre les sources des deux fleuves, un large triangle de territoires - les Champs Décumates - s'enfonçait comme un coin dans l'Empire romain, mobilisant de part et d'autre de nombreuses légions pour en garder les frontières. Pour réduire cette poche, la seule solution était de l'occuper et de reporter la frontière plus loin, sur un autre fleuve. Au-delà du Rhin, trois grands fleuves parallèles traversaient ce qu'on n'appelait pas encore l'Allemagne, pour se déverser dans la mer du Nord, entre la Hollande et la péninsule danoise : l'abord l'Ems (Amafuis), ensuite la Weser (Visurgis), enfin l'Elbe (Suebi ou Albis). La frontière idéale aurait été l'Elbe, le plus long de trois fleuves, celui qui - traversant les territoires des Suèves, lesquels à l'époque n'habitaient pas encore la Souabe (1) - s'approchait le plus du Danube.

 

romains en germanie

Les axes de pénétration des Romains en Germanie (Source : Antikefan.de)

 

En 16 av. n.E., l'empereur Auguste confia à Agrippa d'abord, puis à son fils adoptif Drusus I le soin de pacifier la Germania Magna ou Germania Libera et d'ainsi réduire la longueur du limes. Ce Drusus Claudius Nero (38-9 av. n.E.) était le frère cadet de Tiberius Claudius Nero (le futur Tibère). Leur mère, Livia, était enceinte du second lorsqu'elle épousa Auguste, qui l'adopta - ce qu'il refusa à l'aîné, dont il détestait le caractère fermé. Drusus était un brillant général, qui volait de victoires en victoires. Ses légions envahirent la vaste plaine marécageuse du nord de l'Allemagne par la vallée de la Lippe, affluent du Rhin, ainsi que - grâce à la flotte - par l'estuaire des fleuves de la mer du Nord.

Entre -12 et -9, les légions de Drusus atteignirent l'Ems (Münster), puis la Weser (Minden) soumettant les tribus les unes après les autres - Sicambres, Bructères, Marses - et allèrent jusqu'à l'Elbe. Là, sur son flanc, retranchée derrière une boucle de la Weser, se tenait la puissante nation des Chérusques, dont le roi Ségeste néanmoins se soumit et devint le loyal allié de Rome. Drusus conquit ainsi la quasi totalité de la plaine du Nord, limitée par la Lippe au S. et la Weser à l'E.
Pourtant, la brillante conquête de Drusus ne put être parachevée, le grand général étant décédé d'une chute de cheval alors qu'il regagnait sa base (-9). Rappelé d'urgence de Pannonie où il était en train de subjuguer des hordes hostiles qui menaçaient directement l'Italie, son frère Tibère (2) établit un statu quo précaire.

2. Arminius (18 av. n.E. - 19 de n.E.)

2.1. Le personnage historique

Trente années passèrent. La Germanie était pacifiée, mais la guerre faisait toujours rage en Pannonie, où était retourné Tibère. Parmi les auxiliaires combattant sous ses ordres, il y avait un contingent chérusque (3), au sein duquel se distinguait un jeune prince nommé Arminius qui, vraisemblablement, le commandait. Pour ses éminents services, il reçut la citoyenneté romaine et fut admis dans l'ordre des chevaliers. Enfant, il avait probablement été otage à Rome, où il avait reçu une éducation romaine; Pierre Cosme (4) suppute que son nom romain complet avait dû être C. Julius Arminius, puisqu'il devait le droit de cité au Prince, C. Julius Cæsar Octavianus - dont il hérita automatiquement du nom gentilice -, et qu'il aurait combattu en Orient, d'où son cognomen, avant d'aller en Pannonie. Point trop n'en faut, le cognomen «Arminius» ne provient certainement pas d'une hypothétique campagne en Arménie, mais est tout simplement la forme latinisée de son nom germanique, *Erminameraz (Hermann [5]) - lequel devient, comme toujours, un cognomen dans le cas des barbares ayant obtenu la citoyenneté. Son nom fait évidemment référence à l'Irminsûl ou Irmenessûl, l'arbre sacré d'Irmin ou Ermnaz (6) sous lequel Kleist aimait à le montrer rendre la justice (Hermann., Acte III), et que la soldatesque romaine jeta bas, ce dont il exigera et obtiendra réparation (Acte III, sc. 5). Le culte de l'Irmenessûl - axis mundi analogue au frêne Yggdrasill de la tradition scandinave - s'était perpétué chez les Saxons païens du Moyen Age, descendants des Chérusques, dont Charlemagne fit abattre l'un d'eux, en 772. Selon Velleius Paterculus, Arminius avait intégré l'état-major de Tibère, et peut-être se trouvait-il encore avec lui lorsque le 3 août +8 tomba la forteresse illyrienne d'Audetrium (Much, au-dessus de Salone) et que fut capturé leur chef, Baton. Mais plus probablement avait-il réintégré ses pénates dès +7. En Illyrie-Pannonie, la guerre que l'on avait cru finie continua néanmoins, les partisans de Baton ne déposant pas tous les armes. Arminius devait semble-t-il avoir été démobilisé sur ces entre-faites et, avec ses troupes, être rentré chez lui pour, à l'automne de l'an 9 de n.E., avoir rendez-vous avec l'Histoire. En tout cas, il semblait entretenir les meilleurs rapports du monde avec le propréteur Varus, récemment arrivé lui aussi...

 
arminius - hermann arminius - hermann arminius - hermann

Arminius-Hermann tel que l'a fixé la peinture du XIXe s. : 1) gravure de Carl Mayer, Die Hermannschlacht, in BÖTTINGER, Geschichte des deutschen Volkes und des deutschen Landes, 1836; 2) peinture anonyme Hermanngemalt, 1909;
3) Hermann der Cherusker, affiche originale allemande du film de 1965, dont l'esthétique doit tout à l'imagerie romantique... et rien du tout aux images mises en boîte par le réalisateur F. Baldwyn

 

Arminius, Hermann en allemand, Armand en français, est le fils de Ségimer, frère de Ségeste, le roi du peuple Chérusque. On peut supposer que pendant ces six années passées au service de Rome, tout en s'initiant aux tactiques du vainqueur, le fils de Ségimer ruminait déjà quelque sombre projet de vengeance. Et le fait que son oncle et roi Ségeste, ami des Romains, lui ait refusé la main de sa fille Thusnelda - qu'il aimait et dont il était aimé en retour - n'arrangea certes pas les choses.

Entouré d'un escadron d'avocats, le nouveau gouverneur romain, P. Quintilius Varus, prétendait régenter le pays selon le droit romain, sans considération aucune pour le droit coutumier des pauvres barbares germaniques. Constatant que Varus écrasait ses compatriotes sous les taxes, Arminius recruta secrètement une armée qu'il instruisit à la romaine. De nombreux chefs voisins se rallièrent à ses plans. Ayant persuadé à Varus de l'existence d'un groupe de rebelles qu'il se faisait fort de lui livrer, il attira le Romain et ses trois légions dans la forêt de Teutoburgium, entourée de marécages, où ils furent exterminés.
Pendant quelques années Arminius tint les Romains en échec. Mais, entre 14 et 16, le vieux baroudeur d'empereur Tibère, envoya contre lui son fils adoptif C. Julius Cæsar Germanicus(7). Germanicus commença par rallier à sa cause le beau-père d'Arminius, Ségeste (8), s'assurant ainsi de l'épouse enceinte du rebelle, qu'il fit mettre sous bonne garde. Sur le terrain, les Romains remportèrent plusieurs victoires. L'épisode de la bataille des «Longs-Ponts» où, ayant bâti un camp de fortune pour ses quatre légions, le légat Cæcina par une sortie soudaine prit à revers ses assiégeants qu'il avait laissés s'approcher de ses palissades, est un moment fort d'Il Massacro della Foresta Nera (9) inspiré de Tacite (TAC., An., I, 68). Finalement, à Idistaviso (10), les Romains infligèrent une semi-défaite à Arminius en personne, anéantissant sa réputation d'invincibilité (TAC., An., II, 16-17). En 17, Tibère rappela Germanicus.

Arminius ne devait pas tarder à entrer en conflit avec certains de ses alliés. Le roi des Chattes, Adgandestrius offrit même aux Romains de l'empoisonner. Après avoir lu sa lettre au Sénat, Tibère déclarera formellement que Rome domptait ses ennemis avec le fer, non avec le poison.
Arminius était entré en compétition avec Marbod, chef d'une puissante confédération de tribus (Marcomans, Lugiers, Lombards, Semnones, Quades, Celtes boïens). En 17, les Lombards et les Semnones rallièrent la fédération chérusque. Mais celle-ci ne devait pas longtemps survivre à la dislocation de celle des Marcomans. Inquiète de la tyrannie d'Arminius, la noblesse se retourna contre son prince. Arminius périt, poignardé ou empoisonné, en 19 ou en 21. Il était âgé de trente-sept ou trente-neuf ans.

2.2. Le Vercingétorix allemand

«... Nous ne trouvons pas de termes plus injurieux pour insulter nos ennemis que celui de Romains (Welches); ce seul mot désigne pour nous tout ce qui est ignoble, lâche, sordide, obscène...», cite Léon Poliakov, qui précise : «On peut ainsi observer qu'au début du XXe s. encore, certains manuels scolaires allemands opposaient Welschland à Deutschland, dans le sens de pays étrangers (11).»
En Allemagne, traditionnellement, le personnage d'Arminius a servi de support à la «Welchophobie» germanique, notamment pendant les guerres napoléoniennes (Kleist, etc.) - quand les Français étant assimilés aux «immondes Romains» du «Welchland», concept qui s'oppose à l'héroïque et noble peuple du «Deutschland».
Au cœur du territoire chérusque, à Detmold où l'historiographie du XIXe s. situait la forêt de Teutberg, les Allemands érigeront un monument à la mémoire de Hermann barrant la route de l'Elbe. Composé d'une colonne et d'une statue, l'Hermannsdenkmal bâti sur les hauteurs de Grotenbirg est l'œuvre de J.E. von Bandel. Avec sa base, il mesure vingt-six mètres de haut et sa construction dura 37 ans. En effet, le projet de monument était bien antérieur à la guerre franco-prussienne, mais son inauguration, qui eu lieu en 1875, arrivait à point nommé pour symboliser la victoire du Kaiser germanique sur Napoléon III à Sedan.

 
arminius arminius

La peinture romantique idéalise Arminius, avec son casque ailé qui fait de lui un émule de Donner, le dieu de la guerre. A gauche, Friedrich Tüshaus, Schlacht zwischen Germanen und Römern am Rhein, 1876 (Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte Münster). A droite, anonyme, le retour d'Arminius victorieux, détail - The Bettemann Archive, extrait de Terence PRITTIE, L'Allemagne. Life autour du Monde, Time-Life (1961), éd. fr. 1967. On trouvera d'autres représentations d'Arminius sur le site de l'Université d'Osnabrück

 

De même qu'en France pour Alésia, ou en Belgique pour la bataille de la Sabis ou l'identification de l'Atuatuca, les spécialistes ne sont pas d'accord entre eux quant à la localisation de la défaite de Varus. Ce que l'on nomme actuellement le Teutoburger Wald (entre la Weser et le Rhin) est en tout cas en opposition formelle avec la solution retenue par le film de F. Baldi, qu'évoque à la fois une carte où Arminius pointe son glaive (une vallée entre le Rhin et le Danube) et le titre «... la Foresta Nera». La Forêt-Noire, en effet, se trouve en Bade-Wurtemberg.
On sait aujourd'hui que Varus fut vaincu en Basse-Saxe, à Kalkriese (CLICK et CLICK) près d'Osnabrück (12), c'est-à-dire entre le Teutoburgerwald et les Wiehengebirge, où d'importants gisements d'armes et de monnaies romaines de l'époque augustéenne ont été découverts (CLICK et CLICK).

(On visitera également, à propos de la localisation de la bataille le site de Ralf-Rainer Sass et celui de Wolfgang et Sina Schulenberg (Musée et parc archéologique de Kalkriese), très beau site sur les Germains et la vie des légionnaires.)

3. Marbod, roi des Marcomans

Marbod ou Marobaud (Maroboduus) était un prince marcoman qui, dans sa jeunesse, fut otage à Rome comme l'avait probablement été Arminius, lui aussi. Rentré dans son pays, il fonda autour des Marcomans («Gens de la frontière») une puissante fédération de tribus comprenant les Lugiers et les Lombards de la basse vallée de l'Elbe, les Semnones du Havel, les Quades du Danube, et les Celtes boïens (Bohême).

En 6 de n.E., redoutant l'extension de sa puissance, Auguste envoya contre eux Tibère. Mais sur ces entrefaites, une révolte ayant éclaté en Pannonie et en Illyrie, l'empereur romain se vit contraint à signer une trêve avec Marbod pour pouvoir pallier au plus pressé.
La puissance de Marbod grandissant sans cesse, ce fut alors à ses voisins occidentaux - la confédération chérusque dirigée par Arminius - de prendre ombrage de son extension. En 17, la guerre éclata. Après une première bataille indécise, les Lombards et les Semnones passèrent dans le camp d'Arminius. Refusant prudemment de nouvelles hostilités, Marbod se retira en Bohême, chez ses alliés Boïens. Il sollicita, d'abord vainement, puis avec succès, l'aide de Tibère, lequel n'y consentit que par crainte d'Arminius. Cependant ses sujets, excédés par sa dureté, finirent par le chasser et Marbod dut chercher refuge chez les Romains qui lui octroyèrent une pension et lui assignèrent une résidence à Ravenne (en 19), où il mourra en 41.

La pièce de Kleist suggère que c'est contre le rebelle Marbod qu'Arminius orienta les Romains - lui-même tombant sur leur arrière-garde avec les Chérusques. L'examen du terrain montre qu'en fait de rebelles, c'est vers le territoire des Bructères que marchaient les légions de Varus lorsqu'elles tombèrent dans le traquenard. Selon les historiens romains, Marbod n'a aucunement aidé Arminius contre les légions de Varus; Tacite ne mentionne que trois tribus coalisées, les Chérusques, les Bructères et les Marses. Bien au contraire, Marbod combattra contre Arminius, mais après la bataille de Teutberg. Chez Kleist au contraire, Marbod est de connivence avec Arminius. Le film de 1995 suit ici la version de Kleist. «Pour Kleist, Marbod représente la maison de Habsbourg. Son idée est que l'Autriche (Marbod) et la Prusse (Arminius) doivent se réunir pour vaincre Napoléon, commente Stefan Mischer. Ce qui nous a fasciné, c'est la discussion entre Grabbe et Kleist, qui disputent leurs idées le long d'une promenade imaginaire sur le champ de la bataille.
Un point concerne le rôle de Marbod. A la fin il apparaît en chair et en os. Kleist triomphe. Grabbe perd sa peine à vouloir chasser Marbod. Afin de calmer son collègue Kleist invite Grabbe à boire un petit verre d'eau-de-vie !»

4. P. Quintilius Varus (46 av. n.E. (?) - 9 de n.E.)

(Velleius Paterculus et Dion Cassius nomment sa gens «Quintilius», les autres auteurs écrivent «Quinctilius».)

«Quintilius Varus (CLICK, CLICK et CLICK) descendait d'une famille plutôt illustre que noble, note Velleius Paterculus. C'était un homme naturellement doux, de mœurs tranquilles, un peu lourd d'esprit comme de corps, et plus accoutumé à la calme vie des camps qu'aux fatigues de la guerre. Il était loin de mépriser l'argent, comme peut en témoigner la Syrie qu'il eut sous son autorité : elle était riche et lui pauvre quand il arriva; à son départ elle était pauvre et il était riche. Placé à la tête des troupes qui se trouvaient en Germanie, il s'imagina que ces barbares qui n'avaient d'humain que la voix et les membres, étaient véritablement des hommes et que les lois pourraient adoucir ceux que l'épée n'avait pu dompter. C'est avec de tels desseins qu'il pénétra au cœur de la Germanie. Il s'y comporta comme s'il était parmi des gens qui goûtent la douceur de la paix et passa le temps de la campagne d'été à rendre la justice et à prononcer des arrêts du haut de son tribunal.»

Varus avait épousé une nièce d'Auguste, Claudia Pulchra, fille de Marcella II, elle-même fille de C. Claudius Marcellus et d'Octavie, la sœur d'Auguste. Autrement dit, comme époux d'une petite-nièce d'Auguste, il en était son petit-neveu par alliance.
Par alliance également, il était l'oncle de la fameuse Messaline (Valeria Messalina); toutefois Messaline naquit quinze ans après sa mort et ils ne se rencontrèrent jamais.
Quant au fils de Varus, il épousa une fille de Germanicus qui était, lui, tout à la fois le neveu et le fils adoptif de Tibère, ainsi que le petit-fils d'Auguste.

Consul en -13, Varus avait eu pour collègue Tib. Claudius Nero, le futur empereur Tibère. On le retrouve ensuite proconsul en Afrique en 7 et 6 av. n.E., comme en témoigne une monnaie de la ville d'Achula à son effigie. Il fut ensuite nommé gouverneur de Syrie. Les Juifs exigeaient la destitution de leur roitelet, le tétrarque Archélaos. Varus permit à cinquante d'entre-eux d'aller à Rome, exposer leurs desiderata à Auguste. Il n'en dut pas moins rétablir l'ordre manu militari, crucifiant 2.000 Juifs rebelles.

Rappelé à Rome en +7, il fut l'année suivante nommé legatus Augusti pro prætor (propréteur) de la province de Germanie. Moins de deux ans plus tard, ne sachant - dans son arrogance naïve - distinguer ses amis de ses ennemis, il tombait dans une embuscade et, suivant l'exemple de ses ancêtres, se donnait la mort. Il devait avoir 55 ans. Trois légions, six cohortes d'auxiliaires et trois ailes de cavalerie partagèrent son tragique destin.

Le 17 octobre 1868, des soldats prussiens exhumèrent à Hildesheim un important mobilier ménager romain (vaisselle, vases, calices, trépieds) d'or et, surtout, d'argent. Il se pourrait que ce soit-là la vaisselle du fastueux propréteur, prise de guerre d'Arminius, butin enterré là au terme d'on ne sait quelles vicissitudes. Ceci n'étant toutefois qu'une pure hypothèse de travail.

 
Suite…

NOTES :

(1) La Rétie (Rætia) des Romains. - Retour texte

(2) Tibère guerroya au Tyrol et dans les Grisons en -14, puis en Dalmatie et en Pannonie de -11 à -9; en -8, Drusus décédé, il finalisa la conquête de la Germanie. Nouvelle campagne en Germanie en +4 et +5, puis retour en Pannonie et Dalmatie de +6 à +9. Suite au désastre de Varus, Tibère revient alors en Germanie de 9 à 12 pour contenir Arminius; Germanicus l'y rejoint en 11. Monté sur le trône d'Auguste pendant l'automne 14, il laisse les opérations en Germanie entre les mains de Germanicus, qui doit d'abord réprimer la mutinerie des légions. Traquant Arminius, Germanicus va «casser» du Teuton jusqu'en 16, quand Tibère le rappelle à Rome. - Retour texte

(3) Probablement fourni à titre de dommage de guerre après le soubresaut de la révolte chérusque de +2. - Retour texte

(4) P. COSME, Auguste, Perrin, 2005, p. 252. - Retour texte

(5) Il nous faut mentionner ici une autre hypothèse : ayant remarqué qu'autour du vainqueur de Varus, tous les membres de son clan portaient des noms commençant par la lettre «S» (Segimerus, Segimundus, Segestes, Sesithacus), Otto Höfler a supputé que son nom germanique aurait été «Siegfried». Arminius aurait ainsi été l'archétype historique païen du héros des Nibelungen, dont la saga christianisée ne fut fixée par écrit qu'au XIIIe s. Siegfried, le fils de Siegmund et de Sieglinde qui règnent sur Xanten, est lié au site qui était le principal axe de pénétration romain en Germanie; son combat victorieux contre le dragon Fafner symboliserait sa retentissante victoire sur les trois légions; et Arminius comme Siegfried finirent assassinés par un de leurs proches (O. HÖFLER, «Siegfried, Arminius und die Symbolik», in Festschift für F.R. Schröder, Heidelberg, 1959 - cité par Helmut BERNDT, Le message des Nibelungen, Robert Laffont, 1970, p. 118).
Thèse aussi séduisante qu'aventureuse. Nous ne croyons pas utile de vouloir identifier avec un personnage historique de l'Antiquité celui qui, de toute évidence, est une pure figure mythologique, issue du fond des âges. - Retour texte

(6) Inhwa, Ermnaz et Istwaz sont des hypostases du dieu du ciel et du soleil Tiwaz, le dieu terrible à qui l'on offre des sacrifices humains. Tiwaz ou Tius est adoré comme Ingwa «le Venu» (le dieu du ciel Tius Ingwa visible et sa parèdre et épouse invisible, la déesse Nerthus) par les Ingævones (Ingwäonen), comme Irmin, «le Grand», «le Puissant» chez les Herminones (Erminonen), et chez les Istævones (Istwäonen) est connu comme Istwaz «le Flamboyant». - Retour texte

(7) C. Julius Cæsar Germanicus, frère de Claude [futur empereur] et père de Caligula. Son cognomen Germanicus («Vainqueur des Germains») est un surnom qu'il tenait de son père Drusus I. - Retour texte

(8) Arminius lui avait enlevé sa fille de force. - Retour texte

(9) Dans le film, Cæcina a caché dans les bois le gros de ses forces. Les Romains feignent de défendre leur camp, puis finalement laissent entrer les Germains et y mettent le feu. - Retour texte

(10) BOUILLET, Dict., identifie Idistaviso (CLICK et CLICK) sur la Weser avec un lieu qu'il nomme tantôt Vegesak, tantôt Hasbach (s.v. Idistaviso). SCHMIDT (Westfäl. Zeitschrift, XX, p. 301), cité par MOMMSEN (Hist. rom.), situe les champs d'Idistavisus près de Bückeburg. - Retour texte

(11) L. POLIAKOV, Le mythe aryen. Essai sur les sources du racisme et des nationalismes (1971), Bruxelles, éd. Complexe, 1987, p. 87. - Retour texte

(12) Sur la Hase, affluent de l'Ems. - Retour texte