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Empire
[mini-série TV]
(J. GRAY, K. MANNERS, G. YAITANES - EU,
2005)
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(© ABC Media) |
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Bluette impériale...
Tout amateur de péplum connaît le Jules César
de Shakespeare, plusieurs fois porté à l'écran.
Il reste pourtant sur sa faim. Que s'est-il passé entre
l'Acte III, scène 2, où l'on voit Marc Antoine faire
l'éloge funèbre de César, avec toutes les
scènes d'émotion que ses propos suscitent dans la
foule, et l'Acte IV, scène 1 qui lui fait suite, où
on voit le même Antoine tranquillement occupé à
dresser la liste des proscriptions en compagnie de ses associés
Lépide et Octave ? Alors qu'en est passé de
plus de la moitié, c'est ici qu'ex nihilo Octave
fait sa première apparition dans cette tragédie
qui compte cinq actes.
Les quelques répliques de la brève scène
3, transitoire, où la foule met en pièces Cinna,
un malheureux poète dont le seul tort est de porter le
même nom qu'un des assassins, nous laisse néanmoins
entrevoir que la succession de César fut tumultueuse, à
défaut de nous apprendre ce qui se passa au cours de ces
dix-huit mois qui séparent la mort de César (15
mars) et la constitution du second triumvirat (27 novembre de
l'année suivante).
Or Shakespeare ne nous dit point de quelle façon le
jeune Octave, âgé de 18 ans, se positionna entre
les leaders du parti césarien : le consul Marc Antoine
et le maître de cavalerie Lépide.
Empire, la télésuite de Gray, Manner et
Yaitanes, nous propose une reconstitution partielle des événements
courant de ces Ides de mars 44 à la bataille de Mutina
- sur laquelle s'achève le sixième et dernier épisode.
Cette «bataille
de Modène» qui, le matin, vit Antoine vainqueur
d'Octave et Pansa; et, le soir, le même être mis en
déroute par le consul Hirtius (14 avril 43).
Bien sûr, il s'agit d'une reconstruction davantage que
d'une «reconstitution». Un peu dans l'esprit décontracté
des péplums des Golden Sixties, lesquels on s'en
souvient se focalisaient davantage sur des prouesses individuelles
de sympathiques spadassins que sur les détails d'intrigues
politiciennes et leurs enjeux géostratégiques. Octave
devra s'y battre pied à pied pour conserver son statut
de personnage central, que lui contestent les prouesses de son
dévoué garde du corps, le gladiateur Tyrannus.
C'est que les scénaristes n'ont que faire d'une restitution
scrupuleuse de tractations de banquiers ou d'intrigues sénatoriales
pour le contrôle de telle ou telle province... et des légions
qui s'y trouvent (1).
La colossale somme d'érudition que Colleen
McCullough peut - pour notre plus grand délice - mettre
dans ses épais romans, ne saurait tenir dans une minisérie-TV.
Comme souvent au cinéma, il ne faut pas espérer
trouver une relation très exacte des faits historiques
connus (voyez notre Chronologie)
- mais plutôt une ambiance, un contexte, avec un Marc Antoine
plus fielleux que le vrai, et un gentil jeune homme bien comme
il faut, que l'on veut spolier de son héritage. Poncif
obligé, la dantesque caserne des gladiateurs d'Arkham est
là pour nous rappeler la misérable condition des
esclaves (la révolte de Spartacus n'est pas si éloignée
dans le temps : elle a débuté exactement trente
ans plus tôt).
Alternant avec quelques brèves séances au Sénat,
les banquets de Marc Antoine où sont invités le
gratin de la politique et de l'armée romaines permettent
de faire passer l'essentiel de ce qu'il y a à savoir :
une poignée de légats partagés dans leurs
affections ou leurs intérêts - pour ou contre Antoine,
ou Octave, ou le Sénat - monnaient leur ralliement. Toutefois,
au contraire de ce que nous apprend la mini-série, ce n'est
pas Octave qui aurait été victime d'une tentative
d'empoisonnement par Marc Antoine. Bien au contraire, c'est ce
dernier qui - vrai ou faux - prétendit que le jeune Octave
aurait cherché à soudoyer quelques membres de sa
garde pour l'assassiner (SUÉT., Aug., X, 5). Le
scénariste s'est, bien sûr, empressé de gommer
les aspérités du futur empereur Auguste.
En revanche, si César ne décima point les survivants
de la légion durement étrillée à Bibracte
(sept cents légionnaires et une quarantaine de centurions
tués, d'après La guerre des Gaules), Marc
Antoine eut bien, lui, à recourir à cette
détestable extrémité quand l'argent corrupteur
d'Octave détacha de lui ses soldats les plus vénaux.
Dure époque. |
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1. L'intrigue
Elle est tout entière contenue dans le chapitre X de la
Vie d'Auguste de Suétone : «(1) (...)
Dès qu'il fut revenu d'Apollonie,
il [Octave] résolut d'attaquer à l'improviste
Brutus et Cassius; mais ils prévinrent ce danger par la
fuite. Alors, s'armant de l'autorité des lois, il les accusa,
en leur absence, du meurtre de César. (2) Il célébra
lui-même les jeux institués en mémoire de
la journée de Pharsale, parce que ceux qui en étaient
chargés n'osaient pas s'en acquitter. (3) Pour assurer
l'exécution de ses volontés, il se porta candidat
à la place d'un tribun du peuple qui venait de mourir,
et cela, quoiqu'il fût patricien, mais non encore sénateur.
(4) Toutefois, éprouvant beaucoup d'opposition de la part
du consul Marc Antoine qu'il avait cru devoir être son principal
appui, et qui ne lui accordait rien que le droit commun, celui
qui découlait des règles établies, encore
en stipulant pour lui d'immenses avantages, il passa dans la faction
des grands. Il savait qu'Antoine leur était odieux,
surtout depuis qu'il tenait Decimus Brutus assiégé
dans Modène, et qu'il voulut le chasser d'une province
qu'il avait reçue de César avec l'approbation du
Sénat. (5) D'après le conseil de quelques-uns,
Auguste lui suscita des assassins; mais le complot fut découvert.
Alors, craignant à son tour, il leva des vétérans
qu'il combla de largesses pour les appeler au secours de la république
et au sien. Il reçut ordre de se mettre à la tête
de cette armée, comme propréteur, et d'aller avec
Hirtius et Pansa, nommés consuls, soutenir Decimus Brutus.
Cette expédition fut terminée en trois mois et en
deux combats. (6) Dans le premier, il prit la fuite, s'il faut
en croire Antoine, et ne reparut que deux jours après,
sans cheval et sans cotte d'armes. On convient que, dans le second,
il remplit les devoirs d'un chef et d'un soldat, et que le porte-enseigne
de sa légion ayant été grièvement
blessé dans la mêlée, il prit l'aigle sur
ses épaules et la porta longtemps» (SUÉT.,
Aug., X).
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2. Octave
Campé par Santiago Cabrera, un jeune acteur latino, le
personnage d'Octave se doit d'être sympathique. Le genre
teenager coureur de jupons. Certes Octave - qui, devenu
Auguste, devait plus tard se parer du masque de la vertu romaine
la plus austère - n'était sans doute pas un ange.
On n'insistera pas sur ses préférences sexuelles,
qui lui permettront de résister à l'appétissante
vestale Camane (d'où
l'a-t-on sortie, celle-là, d'un thriller genre «course
à l'héritage» où elle aurait campé
la gentille clerc de notaire volant au secours du pauvre orphelin
dépouillé par des aigrefins ?). Blond, cheveux courts,
le teint souffreteux, pas précisément l'étoffe
du héros, le jeune Octave historique était plutôt
du genre lucide, froid, et implacable. Et convenablement entouré
de tout un état-major de conseillers (2)
décidés à miser sur lui, peut-être
parce qu'ils le croyaient moins finaud que Marc Antoine. N'empêche
que quand Santiago Cabrera - hésitant d'abord, puis avec
de plus en plus d'entêtement - s'obstine à nous répéter
«Je suis César», on aimerait pouvoir
le croire.
Etre chef d'armée à dix-neuf ans, ce n'est pas
rien. Alexandre le Grand, qui l'était devenu à vingt,
avait été élevé dans ce but.
Et il était soutenu par des généraux compétents,
qui avaient été formés par son père,
des hommes qui le connaissaient et qu'il connaissait. Tel n'était
pas le cas d'Octave, fils d'un petit banquier, qui ignorait à
peu près tout de la chose militaire, et ne savait pas même
- paraît-il - que son grand-oncle l'avait adopté
et désigné pour être son
héritier.
La télésuite Rome
(HBO) donne du jeune Octave une image diamétralement opposée
à celle du naïf héros d'Empire : Octave
y est un personnage sérieux, studieux, perspicace. Le genre
«fort en thème», à la limite : déplaisant.
A la demande de sa mère Atia, Titus Pullo doit le traîner
au bordel pour qu'il apprenne son «métier d'homme».
Car il est encore puceau, notre Octave qui n'a guère de
temps à consacrer à de telles futilités,
et n'en a pas davantage pour l'escrime, dont l'ancien légionnaire
s'efforce de lui inculquer les rudiments. En revanche, sa lucidité
politique est sans faille, et il sait jauger les hommes avec une
rigueur clinique. Les scénaristes d'HBO lui prêtent
d'avoir visité son oncle César en Gaule, tout à
la fin de sa campagne, où jouant de malchance il se fait
en route détrousser par des brigands, ce qui - à
toute chose malheur est bon - lui permettra d'aider Pullo et Vorenus
à remettre la main sur l'aigle césarienne volée
par un agent de Pompée. Plus tard (et ceci n'est pas une
invention de scénariste), on le verra parfaire son éducation
militaire en rejoignant son grand-oncle en Espagne, à la
poursuite des derniers Pompéiens.
Dans Empire au contraire, Octave a tout de l'ado américain
nourri au milk-shake et à la tarte aux pommes, la
crinière au vent, entouré de plein de «super-copines»,
mais à qui il reste encore beaucoup à apprendre
de la vie... et du manipulateur Marc Antoine.
Le véritable Octave devait se situer entre celui de Rome
et celui d'Empire : un gringalet boutonneux, maladif, prodigieusement
retors mais toujours prêt à lutiner les servantes
de sa mère... |
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3. L'effet Gladiator
A l'évidence, dans l'esprit de ses concepteurs, cette
télésuite était un hommage à Gladiator.
Le sujet est identique, soit la succession d'un «empereur»
(Marc Aurèle, Jules César), dont l'héritier
de la vingt-cinquième heure (Maximus, Octave) doit disputer
à celui que d'évidence, tout désignait comme
tel (Commode, Marc Antoine).
Hanté par le souvenir de sa défunte épouse,
«le» héros mûrit dans une caserne de
gladiateur, véritable hall de l'horreur, et doit renoncer
à un amour impossible (Lucilla, Camane). Sauf que «le»
héros de Gladiator, Maximus, s'est ici dédoublé
en Tyrannus et en Octave. Voici donc Brutus le fils naturel, Marc
Antoine le fils spirituel et Octave le fils adoptif, donc légal,
... qui vont s'affronter sans pitié pour recueillir l'héritage
de César. Marc Antoine est un concurrent particulièrement
déterminé et corrompu, qui va tantôt chercher
à capter la confiance d'Octave, tantôt vouloir l'assassiner,
tout en essayant de rallier un maximum de légions contre
la faction sénatoriale conduite par Brutus et Cassius.
Il n'y a quasiment rien d'historique dans le scénario de
la télésuite qui n'adhère aux faits connus
que de très loin. Le jeune Octave est flanqué du
gladiateur Tyrannus, son garde du corps et mentor, un ancien fidèle
de Jules César. Brun, barbu, le front barré-de-la-frange-qui-fait-romain
comme aurait dit Barthes, l'incorruptible Jonathan Cake-Tyrannus
cultive le look de Russell Crowe-Maximus. Comme Maximus,
il est étiré entre sa mission et le souci de mettre
sa femme et son fils à l'abri. La musique de Richard Marvin
et John Van Tongeren fait souvent référence à
celle d'Hans Zimmer et nombre de plans ou scènes font explicitement
allusion à Gladiator : ainsi lorsque César
affranchit Tyrannus,
il l'emmène dans un champ de blé ondoyant qui rappelle
les premières images du film de Ridley Scott; de même
celle où Tyrannus baise la
figurine à l'effigie de sa défunte épouse
Moïra qui l'attend dans l'Elyseum,
au pays des morts.
Il en va de même pour l'amphithéâtre de bois,
que l'on pourrait naïvement croire être une référence
archéologique au fait qu'à l'époque de Jules
César, il n'y avait pas encore à Rome d'arène
construite en dur, mais seulement des installations temporaires,
en bois, érigées sur le Forum. Ce décor,
tout compte fait, renvoie plus sûrement le spectateur à
celui de Zucchabar - comme, du reste, les «Donjons
d'Arkham», en réalité de sinistres cavernes,
renvoient à la fruste barbarie de l'école de Proximo.
C'est particulièrement évident dans l'épisode
5, lorsque Tyrannus dit «le Cypriote» (comme Maximus
est «l'Espagnol»), lui aussi coiffé - si l'on
veut - d'un casque «Art Deco», est envoyé affronter
à mains nues trois gladiateurs armés jusqu'aux dents.
Le thème de l'«héritage
impérial» détourné, le rêve
d'un Empire romain
universel, comme l'emblème légionnaire que se
fait tatouer Octave,
et jusqu'à l'humour de la harangue de Maximus (3)à
laquelle fait écho
Octave s'adressant à sa «légion oubliée»
(«Vous êtes morts depuis douze ans déjà
! Vous vaincrez car on ne peut plus vous tuer !»), enfin
son aveu à Marius («Je
suis... gladiateur») : tout cela renvoie bien sûr
à Gladiator.
Sans compter les personnages annexes comme l'orateur Cicéron
jardinant, dont les manières ne sont pas sans rappeler
celles du sénateur Gracchus dans Gladiator (Cicéron
étant par ailleurs le nom de l'affranchi de Maximus); la
figure de Rapax
et son escadron de gladiateurs-mercenaires, évoque les
exécuteurs de Maximus et de sa famille; ou encore la rudis,
ou glaive de bois, offerte à Proximo ou à Tyrannus.
Enfin, l'ambiguïté de Servilia,
l'ancienne maîtresse de César, véritable double
en négatif de la Lucilla de Gladiator (l'aspect
positif de Lucilla étant reporté sur Camane). |
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4. A propos de quelques personnages
On l'a dit, la mini-série s'achève sur la bataille
de Mutina (Modène) en Gaule Cisalpine, en 43. Marc
Antoine y assiège son rival Decimus Brutus, l'ancien légat
de César, qui avait obtenu cette province à gouverner.
D. Brutus en fut dégagé par l'arrivée du
consul Hirtius et du propréteur Octave qui battirent Marc
Antoine et l'obligèrent à se retirer. Dans le film,
on oublie Decimus Brutus, Hirtius etc. (et aussi le riche Mécène,
qui avait soutenu sa carrière) pour les remplacer par des
personnages imaginaires tel ce général pro-césarien
Magonius, commandant la IVe légion : un nègre (4),
désopilante naïveté yankee ! Comme dans Gladiator,
cette bataille de Mutina se déroule en pleine forêt
et non sous les murs de la ville, mais avec beaucoup moins de
moyens, partant moins de souffle que dans le modèle de
Ridley Scott.
Marc Antoine, qui avait déjà réussi à
extorquer à Octave la précitée IVe légion,
avait compté sans le ralliement à la cause de son
rival d'une «légion perdue» retrouvée,
la IIIe, une légion d'élite de César que
celui-ci avait néanmoins été contraint de
décimer suite à sa lâcheté à
la bataille de Bibracte douze ans plus tôt. Les survivants
avaient déserté en bloc et, depuis, se terraient
dans la forêt où Octave alla les chercher. Inutile
d'ajouter que le contexte de la vraie bataille de Mutina n'est
ici guère respecté.
Autre passage croquignol, le séjour d'Octave dans une
école de gladiateurs, authentique camp de concentration
ou préfiguration de l'Enfer de Dante, dénommé
Arkham (sic). Le scénariste de service a dû
confondre «caverne» et «caserne de gladiateurs».
Ca peut arriver aux meilleurs ! En tout cas, reflétant
quelques réflexions-bateau sur la société
esclavagiste, l'épisode trahit une totale méconnaissance
du monde de la gladiature.
Enfin, reflets de préjugés judéo-chrétiens,
les approximations sur les vestales
romaines. Camane,
la vestale amoureuse d'Octave, qui sauve des griffes sénatoriales
le testament de Jules César. Bonne fille ! Heureusement,
elle ne faute qu'en rêve. Sinon...
Bien sûr, les vestales
peuvent avoir des sentiments de femmes et manquer à leurs
vux, comme nous le confirment les textes. Dans l'ensemble
- abstraction faite de ce qui est nécessaire au «roman»
-, ce que le téléfilm dit d'elles est assez juste
: elles ont été choisies enfants,
et leur pureté est indissociable de l'équilibre
cosmique de Rome, etc.
Il nous faut encore parler d'un
personnage assez étonnant : Fulvia
(Fiona Shaw), l'épouse de Marc Antoine. Une mégère
passablement revêche qui passe son temps à faire
des remontrances à son mari, de préférence
lorsqu'il cherche à se détendre dans ses thermes
privés.
Veuve du fameux chef de bande populiste P. Clodius Pulcher, elle
était-donc la belle-sur de la sulfureuse Clodia,
celle qui fit le désespoir de Catulle. Fulvia était
une femme à poigne, qui déclencha des émeutes
à la mort de son premier mari (incendie de la moitié
du Forum Romain : à propos de ces événements,
Steven Saylor
a dressé d'elle un portrait assez pittoresque dans un de
ses polars-peplums, Meurtre sur la voie Appia). Fille d'une
affranchie, elle fut la farouche ennemie de Cicéron (que
la télésuite nous présente comme un ami de
Jules César, sans déconner). Et elle obtint la tête
de l'avocat, qu'elle ficha sur la pointe d'une lance, perçant
d'un poinçon sa langue fielleuse.
Quand, après sa victoire à Philippes, Antoine fila
le parfait amour avec Cléopâtre, Fulvia - jalouse
- voulut pousser Octave à illico déclarer
la guerre à son mari infidèle. N'y étant
pas parvenue, elle réussit néanmoins à dresser
Lucius Antonius, frère de Marc Antoine, contre l'indocile
Octave. Alors on la vit revêtue d'une cuirasse à
la tête des légions antoniennes. Finalement, Octave
l'assiégea dans Pérouse qu'il réduisit par
la famine, expédiant la virago en exil en Grèce.
Mais ceci est une autre histoire; Empire laisse seulement
entrevoir que Fulvia n'était pas quelqu'un de facile à
vivre.
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Fulvia a laissé
le souvenir d'une dame de tempérament, non point
érotique mais politique. En vérité,
cela ne l'empêchera pas l'éditeur français
de Messalina, un fumetti per adulti, désireux
de dérouter la censure hexagonale, d'utiliser son
nom comme titre alternatif de Poppée et
autre Vénus de Rome
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5. Une minisérie ABC
Drame de l'été 2005, Empire est une série
de six heures contant l'ascension du neveu de Jules César,
Octave, obligé de trouver son salut dans l'exil après
le meurtre de son oncle le dictateur - flanqué d'un gladiateur
déshonoré, Tyrannus (personnage de fiction), qui
a fait à César le serment de le protéger.
L'élévation d'un héros face à la corruption,
l'intrigue, et les ambitions de la Rome antique.
La minisérie a été entièrement filmée
à Rome et en Italie centrale et méridionale. Empire
est considéré comme la série la plus somptueuse
et techniquement la plus complexe jamais entreprise par ABC. Initiée
par Thomas Wheeler (The Prometheus Project, The Mission),
qui en est le créateur, elle fut menée à
bien par les producteurs exécutifs de Chicago, titulaires
de l'Academy Award, Craig Zadan et Neil Meron (Life with Judy
Garland : Me and My Shadows; The Beach Boys : An American Family;
Brian's Song; ABC's Annie, Rodgers & Hammerstein's Cinderella),
Tony Jonas (Queer as Folk, Leap Years), titulaire de plusieurs
Oscars, et Chip Johannessen (24, The X-Files). La série
est produite par Taranus Ltd., en association avec Storyline Entertainment,
et est distribuée par Touchstone Television.
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(© ABC Media) |
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5.1. Casting
Fils d'un diplomate chilien, Santiago Cabrera (Haven),
campe le jeune Octave, héritier de Jules César
interprété par Colm Feore (Chicago; And Starring
Pancho Villa as Himself) qui jouera aussi le rôle de
l'envieux Cassius dans Jules César, à Broadway.
Octave est entouré de Tyrannus, alias Jonathan Cake,
qui fut sire Gareth dans First Knight et Japhet dans Noah's
Ark (TV) d'Hallmark, et du centurion Agrippa, Chris
Egan, déjà remarqué dans Alpha Male
et dans la série australienne Home & Away.
Enfin, déjà vue dans un rôle antique, celui
de la Bretonne Isolda dans Boudica - Warrior
Queen (Bill Anderson, TV, 2003), il y a là Emily
Blunt. Emily interprète le rôle de Camane
(My Summer of Love), la vestale qui refuse de livrer le
testament de César aux sbires du Sénat qui veulent
le détruire. Nous avons déjà eu, ailleurs,
l'occasion de gloser sur ce personnage et le rôle des vestales
à Rome.
Coté «méchants», il y a d'abord les
représentants du Sénat, la noblesse arrogante et
corrompue : Brutus, James Frain vu dans 24, qui
incarna aussi le gladiateur David dans Spartacus
(TV) et le prince Schahzenan dans Arabian Nights (Hallmark
(TV)); et Cassius, Michael Maloney (Kenneth Branagh's
Hamlet; Painted Lady). Trudie Styler (Friends; Confessions
of an Ugly Stepsister) incarne Servilia, la mère
de Brutus et ancienne maîtresse de César.
Quand à l'impitoyable et ambitieux Marc Antoine,
Vincent Regan - qui lui prête ses traits - semble bien parti
pour se spécialiser dans les rôles antiques : après
avoir été dans Troy Eudorus, le lieutenant
d'Achille, et un homme d'armes britannique dans la Jeanne d'Arc
de Luc Besson, il tient le rôle d'un capitaine spartiate
à la bataille des Thermopyles dans 300,
tourné à Montréal d'après la BD
de Frank Miller.
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Jonathan Cake incarne le
gladiateur Tyrannus, fidèle garde du corps d'Octave,
le futur empereur Auguste (© ABC Media) |
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5.2. Réalisation
La réalisation d'Empire a été assurée
par John Gray (Brian's Song; Helter Skelter; Martin and Lewis),
Kim Manners (X-Files) et Greg Yaitanes (Line of Fire;
Cold Case; CSI Miami).
La production a filmé les extérieurs dans le centre
et le sud de l'Italie, notamment sur la voie Appienne et l'Aqua
Appia - l'aqueduc bimillénaire qui apporta à
Rome la première eau courante -, le tombeau du Romulus
(IVe s.), des paysages plantés de pins et les environs
d'Ostia Antica, ainsi que les rivages d'Antium (Anzio, célèbre
par le débarquement pendant la Deuxième Guerre mondiale)
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Au temps de Jules César, les combats
ont encore lieu sur le Forum, dans une arène de bois
démontable (© ABC Media) |
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Au temps de Jules César,
les combats avaient encore lieu sur le Forum, dans une arène
de bois démontable (César innovera en construisant
deux théâtres de bois qui, pivotant sur eux-mêmes,
formaient un amphithéâtre). En 65, il avait offert
320 paires de gladiateurs - soit 640 combattants - pour les jeux
funèbres de son père, décédé...
vingt-deux ans auparavant. Mais à l'automne 45, quelques
mois avant d'être assassiné, le grand Jules disposait
d'une véritable milice privée que - dans la foulée
de ses quatre triomphes - il produisit pour honorer la mémoire
de sa fille Julia morte neuf ans plus tôt, en 54.
Dans un premier temps, César n'entretenait pas ses gladiateurs
dans une caserne (ludus), mais les logeait chez des sénateurs
ou chevaliers de ses amis, tous bons escrimeurs, qui les formaient
eux-mêmes (SUÉT., Cés., 26). Il finit
par en posséder un millier, qu'il installa alors dans des
casernes à Ravenne et à Capoue.
Le dimachère
et le rétiaire que l'on voit ici s'affronter (photo)
feront grincer les dents aux puristes, car si l'on ne sait à
peu près rien du dimachère, sinon qu'il combattait
peut-être avec deux épées. Quant à
ce rétiaire corseté et pourvu de deux jambières,
il perd sa spécificité de «poids plume».
Mais sans doute les Romains ont-ils «tout essayé»
comme possibilités avant de fixer les armaturæ
définitives. On peut rêver. Les glaives surdimensionnés
qu'on leur voit ici en mains sont ceux qu'utilisaient à
la guerre les légionnaires et nous rappellent qu'à
l'origine les gladiateurs étaient le plus souvent des prisonniers
de guerre combattant avec leurs armes nationales. Quelques décennies
plus tard, ils offriront une toute
autre allure...
Sur 270 acres à Cinecittà, la production a recréé
une arène de bois pour les combats de gladiateurs, le Forum
romain (y inclus le Sénat), et divers autres décors
comme l'intérieur de la villa d'Antoine, dont la construction
nécessita 72.000 briques «romaines», 11.000
tuiles et, le revêtement du sol, 16.000 pieds carrés
de mosaïque.
Renouant avec les techniques de l'antiquité romaine,
plus de 6.000 yards de tissu ont été importés
d'Inde, d'Allemagne et d'Italie et teintés avec 320 livres
de colorants végétaux. La petite armée des
costumiers et accessoiristes a également fourni 150 ensembles
de bijoux faits mains, 700 paires de chaussures et sandales confectionnées
à Pompei (5)
et en Tunisie, et quantité d'accessoires récupérés
de productions comme Cléopâtre et Ben Hur.
Les combats de gladiateurs et leurs techniques ont été
reconstitués par les maîtres d'armes Jan Bryant et
Dan Speaker, titulaires d'un Award, mari et femme dans la vie
(Master and Commander : The Far Side of the World; Hidalgo;
Hook). Ceux-ci entraînèrent plus particulièrement
Jonathan Cake, interprète du champion gladiateur Tyrannus. |
Suite… |
NOTES :
(1) Dans la télésuite,
ce sont les généraux qui individuellement se rallient
ou non à Marc Antoine. - Retour texte
(2) Selon VELLEIUS PATERCULUS (II,
60) et APPIEN (G. civ., III, 11) de nombreux anciens
partisans de César s'empressèrent de se rallier
à lui, mais aussi des banquiers comme C. Rabirius Postumus,
L. Cornelius Balbus de Gadès et C. Oppius; son beau-père
L. Marcius Philippus (au départ fort timoré) qui
lui fit également bénéficier de ses largesses;
C. Claudius Marcellus son beau-frère; ses petits-cousins
Q. Pedius et L. Pinarius; et ses camarades M. Vipsanius Agrippa
et Q. Salvidienus Rufus.
N'oublions pas non plus le riche et influent descendant des
rois étrusques, C. Clinius Mæcenas, que nous nommons
Mécène, qui le conjura de ne pas restaurer la
république anarchique, mais de conserver les rênes
du pouvoir. - Retour texte
(3) «Et si vous vous retrouvez
tout seul dans un champ verdoyant, n'en soyez pas étonnés.
C'est que vous avez atteint l'Elysée... et vous êtes
morts.» - Retour texte
(4) Si tant est qu'ils aient eu la
peau noire (c'étaient plutôt le cas des Maures),
César avait eu des mercenaires Numides en Gaule; et il
dut en recruter d'autres encore en Afrique du Nord, pendant
la Guerre Civile. Mais un général romain à
la peau couleur de chocolat... O mos maiorum ! Laissez-nous
rire un tantinet. - Retour texte
(5) Hmmm... la traduction du communiqué
de presse nous pose problème. Rien n'empêche, bien
sûr, qu'il y eut à Pompéi des ateliers de
chaussures. Mais il serait plus logique de penser que ce nom
désigne en réalité la célèbre
Maison Pompei, spécialiste de la chaussure de cinéma
et de théâtre, dont le nom figure au générique
de la plupart des péplums italiens et même américains
(N.d.M.E.). - Retour texte
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