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Agora

(Alejandro Amenábar, SP-EU — 2009)

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Sur cette page :

Les femmes savantes...

1. La guerre des sectes

2. Au feu les païens : la destruction du Sérapeion (391)

3. Hypatie d'Alexandrie (350-415)

3.1. Quelques protagonistes...

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3.2. Un peu d'empathie pour Hypathie

3.3. Une mort hideuse (415) : les textes

4. L'Ecole d'Athènes

5. Bibliographie

AGORA

Les Jours d'Hypatie : Chronologie du Bas-Empire
[en construction]

 
agora - alejandro amenabar

Les femmes savantes...

A l'heure où en Afghanistan, en Iran et ailleurs les femmes se voient encore interdire l'accès à l'éducation, où des fillettes se font couper les mains pour s'être mis du vernis à ongle, et où leurs aînées sont lapidées, brûlées vives ou vitriolées pour avoir un tant soit peu dérogé à l'implacable loi des mâles, le film d'Alejandro Amenábar est loin d'être un péplum innocent. Evoquant le tragique destin de la «païenne» Hypatie d'Alexandrie, femme philosophe, mathématicienne et astronome, massacrée par des chrétiens radicaux et fanatiques à la conquête du pouvoir politique, Agora vient à point nommé pour rappeler une situation insupportable.

Sorti en Espagne le 9 octobre 2009, Agora, (Extraits vidéo) le nouveau film de l'hispano-chilien Alejandro Amenábar (Les autres, Mar Adentro) y a enregistré plus d'un million d'entrées en trois jours, réussissant ainsi le cinquième plus gros démarrage du cinéma ibérique - le second en 2009, après Harry Potter (473 salles - 5,2 millions d'EUR de recette).

(En France, le 6 janvier 2010 dans 316 salles.)

Du genre «épique», Agora reprend avec pertinence les codes et la logique binaire : la sagesse d'une femme/la démesure des hommes, l'amour/la raison d'Etat, la foi/la science, les passions humaines/la philosophie etc. - pour jouer avec finesse du manichéisme et construire des personnages convaincants. Dans le rôle d'Hypatie, voici Rachel Weisz, Oscar du meilleur second rôle en 2006 pour sa prestation dans The Constant Gardener, mais qui a déjà eu l'occasion de traverser les époques avec The Fountain. Comment oublier l'égyptologue-bibliothécaire gaffeuse dans La Momie de Stephen Sommers ?
Quant à Max Minghella - Davus l'esclave amoureux mais christianisant - on a pu l'apercevoir dans Syriana. Parmi les autres acteurs au générique d'Agora, on compte Oscar Isaac (Le Che : Guérilla) qui est Oreste, le «préfet augustal d'Egypte», Ashraf Barhom (Paradise Now) en Ammonios, Michael Lonsdale (Munich) en Théon le Bibliothécaire, Rupert Evans (Hellboy) en évêque Synesius et Homayoun Ershadi (Les Cerfs-volants de Kaboul). La reconstitution est somptueuse et plonge le spectateur dans une débauche de mosaïques et de marbres polychromes. Bien sûr - et en dépit d'un réel souci d'authenticité, comme de se référer aux célèbres portraits du Fayoum pour le look des acteurs -, les légionnaires portent encore les équipements du Haut-Empire; mais en combinant l'art grec hellénistique avec des éléments d'époque pharaonique, Guy Dyas (le directeur artistique) a composé un cadre architecturalement vraisemblable, allant dans le sens des découvertes archéologiques de Jean-Yves Empereur sur le site d'Alexandrie (1).

amenabar - legionnaires

Le réalisateur, Alejandro Amenábar et ses légionnaires (2)...

Le film d'Amenábar, l'enfant terrible et surdoué des Festivals qui alterne productions ibériques et coproductions internationales, a été présenté hors compétition à Cannes où il n'a rencontré qu'un succès mitigé. «Comme Kubrick auquel on pense souvent, [Amenábar] s'empare donc du péplum hollywoodien pour le transfigurer. Apex classique, fresque postmoderne gonflée. Agora convoque des références écrasantes (Ben Hur), pose sa réflexion sur la liberté de pensée et emballe le tout dans une histoire pleine de bruit, de discours et de fureur», écrit Magneto, dans Première. «Je voulais explorer des questions essentielles», déclarera le réalisateur. A travers une histoire empruntée à l'«Antiquité obscurantiste» (sic), comme la définira un communiqué de presse, Agora raconte «comment une civilisation stable et raffinée meurt rongée par le fanatisme. Les barbus étaient chrétiens hier, aujourd'hui se sont les Talibans» (Première). En fait de Talibans, le film écorne aussi un tantinet - et plus directement - l'image du christianisme des origines. Ce qui, bien entendu, n'a pas échappé aux plumes les plus acérées de la droite catholique espagnole comme celle de Fernando Alonso Barahona, qui stigmatise le film et le public qui va le voir. Aux Etats-Unis et en Italie, il est même question de l'interdire - en Belgique, nous restons dans l'expectative. L'affaire n'est pas nouvelle : quand on touche à la religion, il faut s'attendre à ce genre de réactions. Mel Gibson (La Passion du Christ) et Martin Scorsese (La dernière tentation du Christ) en savent quelque chose. Dans l'Espagne franquiste, l'étudiant Enrique Irazoqui, qui incarna un Christ «marxiste» dans Evangile selon Saint Matthieu de Pasolini, connut la prison. Toutefois, comme le rappelaient les auteurs de la pétition italienne «pro Agora», qui se réclament d'Adriano Petta (Ipazia, Scienziata Alessandrina) et de Gemma Beretta (Ipazia d'Alessandria), le film d'Amenábar parle d'«une période historique qui, pour des raisons évidentes, est ignorée des citoyens ordinaires».

En effet, à moins d'être théologien ou spécialiste du Bas-Empire, peu de gens sont au courant des circonstances qui amenèrent les chrétiens au pouvoir, et quelle fut l'attitude des anciens persécutés. Pour le commun des mortels, c'est Constantin qui, en 313, fit de l'Empire romain païen un Empire chrétien. Belle image d'Epinal qui - par comparaison - occulterait des images dignes de 1945 et des excès de la Libération (vous savez, les brebis qu'on tondait parce qu'elles avaient couché avec le berger allemand, et autres sordides règlements de comptes; ceci n'allant pas sans cela !).
Ce n'est qu'après bien des tergiversations que l'Empire devint «chrétien», vers la fin (et non le début) de ce sinistre IVe s. Ce, sous le ministère de Théodose dit «le Grand», un Espagnol catholique - tiens, déjà ! - qui mit hors-la-loi aussi bien les païens et les Juifs que les chrétiens «hérétiques». Les chrétiens de l'époque s'étripèrent entre eux, Monophysites contre Nestoriens ou Nicéens, et ceux-ci contre les Ariens et autres Donatistes, Montanistes, Manichéens, Gnostiques, Monothélistes, Macédoniens... Sans oublier d'allégrement persécuter, au passage, tous ceux qui, demeurés fidèles aux cultes de leurs pères, n'envisageaient nullement d'adhérer à une quelconque de ces chapelles. Logique.

 

1. La guerre des sectes

Dans le polythéisme, pratiquement chaque ville avait des traditions spécifiques relatives à tel ou tel dieu commun dans une culture donnée. Sparte, qui préfère Artémis, n'accorde pas à Athéna la même importance que chez les Athéniens. Et en Egypte, l'ennéade d'Héliopolis n'est pas l'ogdoade d'Hermopolis. Ce qui n'a jamais fait d'ombre à qui que ce soit.

Le culte monothéiste est plus suspicieux. Il ne suffit plus de se rassembler autour du Christ, mais il faut encore accorder ses violons quant à sa définition, ses paramètres. Pour les Anoméens, le Christ est inférieur à Dieu; de même pour les Apollinaristes, qui récusent la présence d'une âme humaine dans le Christ.

Adeptes du Concile de Nicée (325), les Nicéens, qu'on appellera plus tard «catholiques orthodoxes»... avant qu'ils ne se scindent à leur tour entre catholiques et orthodoxes (1054), défendent donc bec et ongle le Symbole de Nicée - la consubstantialité du Fils avec le Père, et la trinité de la personne divine avec le Saint-Esprit, ce qui, tout de même, est un peu tordu comme construction... «monothéiste». Il est vrai que sur un substrat polythéiste...
Contre eux, les Photiens, puis les Ariens (vers 320) nient ladite consubstantialité du Christ, donc sa double nature à la fois divine et humaine : Jésus n'est qu'un simple humain ! Ensuite les Nestoriens (Ve s.), dans la même foulée, s'en prendront à sa mère mortelle, la «Vierge» Marie, lui contestant son épithète de Théotokos («Mère de Dieu»), pour lui préférer celui de Christotokos («Mère du Christ»). Le Nestorianisme réagissait contre les Apollinaristes et les Ariens; ce sera ensuite aux Monophysites de réagir contre les Nestoriens.

Niant tout autant que les Ariens la consubstantialité, les Monophysites (VIe s.) soutenaient la thèse inverse : Jésus est Divin. Jésus est Dieu en Gloire, et n'a donc pas pu mourir sur une croix. Il y a là un petit relent de paganisme... (quoique Osiris, Attys, Adonis, Zeus lui-même sont bien des dieux «qui meurent») ! Remarquons que le Monophysisme a jusqu'à aujourd'hui survécu à travers les Eglises coptes d'Egypte, jacobite de Syrie et d'Ethiopie, et jusqu'en Arménie.

De leur côté, les Macédoniens (vers 380), pourtant proches du consubstantiel nicéen, contestaient le troisième membre de la Trinité (le Saint-Esprit), tandis que les Montanistes (IIe/IIIe-Ve s.), eux, se réclamaient dudit Saint-Esprit, et avaient des prophétesses capables de prédire l'avenir, qu'ils plaçaient au-dessus de leurs évêques. Tertullien de Carthage les rejoignit; ils aspiraient au martyre et l'évêque de Lyon, Pothin, Blandine et leurs compagnons martyrisés en 177 étaient probablement des leurs.

Différentes sectes gnostiques cherchaient un compromis avec le paganisme, notamment les Ophites (IIe-IIIe s.) qui se représentaient Jésus comme un serpent - symbole de la Connaissance - cloué à un poteau. Syncrétiques eux aussi, les Manichéens (IIIe s.) empruntaient largement au Mazdéisme persan, opposant le principe du Bien (Ariman) et celui du Mal (Oromaze). Un temps, «saint» Augustin fut des leurs. Comme ils condamnaient la procréation, on a pu voir en eux les ancêtres des Cathares du Moyen Age.

Les Donatistes (IVe-VIIe s.) étaient intransigeants et politisés : ils appuyaient ouvertement des mouvements de rébellion contre le pouvoir central de Rome - comme celle du Numide Firmus -, et refusaient de réintégrer les lapsi (les chrétiens qui, pour sauver leur vie, avaient apostasié lors des persécutions). Chacun dans leur région, les Novatiens (IIIe s.) et les Mélétiens étaient dans la même mouvance nationaliste.

 

2. Au feu les païens : la destruction du Sérapeion (391)

Le film Agora trouve son départ dans les terribles événements qui préludèrent à l'anéantissement du paganisme antique : d'abord l'interdiction des sacrifices et donc du culte public (édit de l'empereur Théodose du 24 février 391), puis fermeture des temples (édit du 16 juin 391). A Alexandrie, en Egypte, l'évêque fanatique Théophile - «un homme audacieux et pervers, comme le décrira Gibbon, l'ennemi perpétuel de la paix et de la vertu, dont les mains se souillèrent alternativement d'or et de sang» - lance ses ouailles à l'assaut du grand temple de Sérapis. Gibbon décrit en détail la destruction du Sérapeion, de la colossale idole qu'il abritait et des trésors de la Bibliothèque; la résistance désespérée des derniers païens conduits par Olympios, puis leur débandade à la lecture de l'édit impérial qui les condamnait. Enfin, l'audace du soldat chrétien qui mutila la statue du dieu païen sans que la foudre s'abattisse sur lui - suivie de la conversion massive des fidèles d'abord étonnés de l'absence de réaction du dieu vaincu, ensuite de ce que la crue annuelle du Nil continuasse néanmoins à féconder la terre d'Egypte malgré le sacrilège (3). Plus tard, sur les ruines du Sérapeion, les chrétiens édifieront un monastère dédié à Saint Jean-Baptiste.
Rien de nouveau sous le soleil. L'intolérance n'est-elle pas le privilège des monothéismes ?

serapis

Télescopage de Zeus et Hadès, d'Apis et Osiris, la grande divinité syncrétique des Ptolémées Sérapis fédérait autochtones égyptiens et conquérants grecs. Sa grande statue de bois et de fer se dressait dans le naos du Sérapeion, où les chrétiens la brûlèrent. Gibbon rappelle qu'il «ne se distinguait des représentations de Jupiter que par le calathos ou modius, le panier ou boisseau placé sur sa tête, et par la figure emblématique du monstre qu'il portait dans sa main droite; ce monstre offrait le corps et la tête d'un serpent qui se partageait en trois queues, terminées chacune par une tête, l'une de chien, l'autre de lion et la troisième de loup»

 

alexandrie

«Les sirènes du port d'Alexandrie / Chantent encore la même mélodie...» Sur ce plan approximatif, car une partie de la ville antique est encore sous eaux (tenir compte de l'orientation de la rose des vents, à gauche du plan), on peut voir la capitale des Ptolémées avec ses grandes artères se coupant à angle droit, coincée entre la Méditerranée et le lac Maréotis. Au sud-ouest : la baie d'Aboukir, le port d'Eunoste («Bon Retour») et le quartier grec. Au nord-est, de l'autre côté de l'Heptastade, la digue qui relie Pharos au continent : le Grand Port et le quartier juif. Et au delà du port, la «mer d'Eleusis»... En bas, à gauche, le Sérapeion (en rose).

Ce n'est pas la première fois que le cinéma condamne l'Inquisition (Les fantômes de Goya de Milos Forman, 2006), le fondamentalisme (Le Destin de Youssef Chahine, 1997) ou, tout simplement, la chasse aux sorcières (Les diables de Ken Russel, 1971).
Parfois pour des motifs honorables de réflexion philosophique. Plus souvent pour des raisons à rechercher... dans nos pulsions les plus obscures. Nous songeons ici, bien entendu, à ces complaisants films de sadisme et/ou au cinéma fantastique. La marque du Diable (Hexen bis aufs Blut gequält) de Michael Armstrong (1970) et ses pré- et sé-quelles, Le Grand Inquisiteur et Le trône de Feu s'attardaient longuement sur les plans gore et des descriptions de supplices.
Mais de Jeanne d'Arc à Dracula, il est évidemment facile - le film créant sa logique propre - de pointer du doigt un démon qui justifierait les ripostes les plus atroces suggérées par la superstition. Endémique au Moyen Age, la chasse aux sorcières ne fut le plus souvent rien d'autre que l'extirpation des derniers vestiges du paganisme réfugiés dans la sagesse populaire des campagnes. Le fait d'avoir parfois porté des vêtements masculins (4) (comme Hypatie le tribonôn des philosophes cyniques) fut un des chefs d'accusation porté contre Jeanne d'Arc... qui la conduisirent au bûcher. On identifie aisément, sous la noire cape doublée de rouge du vampire, une autre facette du mythe de la transgression. Ici, de la transgression des tabous érotiques... attitude bien entendu incompréhensible pour des esprits puritains et bornés (5).
Si le cinéma gore montre volontiers du doigt la perversion d'un système judiciaire basé sur la superstition et la torture, le fantastique, lui, cautionne sans réserve ladite superstition et les actes cruels des inquisiteurs (Le masque du démon, de Mario Bava) ou des chasseurs de vampires (Van Helsing et ses émules).

theophile d'alexandrie

L'évêque d'Alexandrie Cyrille se l'est juré :
«Je purifierai cette ville !»

Rares seront les films du genre faisant la part des choses. Signalons tout de même Les sévices de Dracula / Deux vierges pour Dracula (Twins of Evil, John Hough, GB - 1971) où, massacrant à tort et à travers d'innocents jeunes gens dont le seul «crime» est d'être amoureux, l'éternel puritain traqueur de démons Peter Cushing se voit pris en défaut et se révèle - en toute bonne foi - plus malfaisant que le vampire lui-même.
Mérite tout autant réflexion le cultissime Le SurvivantCharlton Heston, le dernier des savants, est traqué par des créatures mutantes dégénérées et inquisitionnelles qui, en fait, ont d'abord été les victimes d'une guerre bactériologique déclenchée par nos apprentis sorciers scientistes.
Au VIIe s. de n.E., l'évêque Jean de Nikiu, dans l'Egypte fraîchement conquise par les Arabes musulmans, ne voyait dans les innocents astrolabes d'Hypatie - grâce auxquels elle pouvait mesurer la hauteur des astres au dessus de l'horizon - que de pernicieux instruments de magie. Et d'approuver son lynchage en règle !

le survivant
 
Le Survivant (The Omega Man, Boris Sagal, EU - 1971), tiré de Je suis une légende, un roman du prolifique scénariste SF Richard Matheson. Dans ce film, le colonel-médecin Robert Neville (Charlton Heston) a mis au point un antidote à l'épidémie qui a anéanti l'humanité. Mais les rares survivants - les «hommes aux yeux blancs» auxquels réfère l'affiche italienne ci-dessus - désormais allergiques à la lumière (tout un symbole !) ont décidé de ne plus faire confiance à la Science. Trahi par celle qu'il voulait sauver, le généreux Neville - icône de l'American Way of Life - mourra dans une attitude christique... «Science sans conscience n'est que ruine de l'âme», comme disait l'autre (affiche 1975 : Occhi Bianchi sul Pianeta Terra - coll. Metek / Cinefaniac)

En somme, l'originalité d'Agora est de se poser en préquelle de tout ce qui précède. Car c'est un péplum et, au cinéma, les chrétiens des origines tiennent d'habitude le rôle de victimes - non celui de bourreaux. Ce sont les chrétiens qui sont destinés aux supplices de l'amphithéâtre, les victimes des tortures les plus bizarres vouées à être déchiquetées par les crocs des fauves sous les regards blasés d'Empereurs cruels et décadents. Ah ! Les chrétiens, ces tristes sires toujours sérieux, qui ne couchent qu'avec leur épouse légitime, dûment enregistrée à l'état civil de leur paroisse - et encore ! L'édifiant Sienkiewicz n'a sans doute jamais su le mal qu'il fit à la cause qu'il entendait illustrer dans ses pages sérieuses, qui ont fait jubiler ou ricaner plus d'un ados, dont Montherlant... comme il s'en rappelle dans Le XIIIe César.

Bien sûr, tout en ayant l'air de tirer sur les chrétiens qui abattent l'«idole» de Sérapis, Amenábar englobe les autres fanatiques. Toute ressemblance avec ces Talibans qui, au déni de l'opinion internationale, dynamitèrent les statues de Bouddha à Bamiyan étant, comme de bien entendu, le fait du plus grand des hasards (6)...

agora - shinx

 

3. Hypatie d'Alexandrie (350-415)

Venons-en à l'héroïne de notre film. Païenne, Hypatie [on lit parfois «Hypathie»] était la fille du philosophe et géomètre Théon d'Alexandrie (±335-±405), qui fut le dernier directeur du Mouséion qu'en 391 ravagea et ferma le patriarche Théophile, sur l'ordre de l'empereur Théodose Ier. De Théon, on a conservé les commentaires sur les Phénomènes d'Aratos de Soles, un poème technique; sur le mathématicien Euclide (Eléments d'Euclide, ca 364); ainsi que ses commentaires sur les treize livres de l'Almageste.
Sa fille Hypatie entrera dans l'Histoire pour son érudition autant que sa beauté et sa chasteté; mais surtout pour sa fin dramatique qui fera d'elle - nous l'avons déjà dit - une icône de la libre pensée victime des forces obscurantistes. La relation qu'Amenábar établit entre les Talibans et les bourreaux d'Hypatie, les parabalanai est clairement revendiquée et assumée par le cinéaste dans ses interviewes.

hypatie - theon

Hypatie et son père Théon (Michael Lonsdale)

Elève de son père, qu'elle finit par surpasser, Hypatie étudiera les sciences, la philosophie et l'éloquence à Athènes. Retour à Alexandrie, au Mouséion - de nos jours on dirait «à l'université» - on lui confia la chaire précédemment occupée par le grand Plotin. A son tour elle enseigna les mathématiques et la géométrie, mais aussi l'astronomie et la philosophie. Selon la Suda (7), Hypatie aurait publié un commentaire sur les Arithmétiques de Diophante, une édition des Tableaux astronomiques de Ptolémée, et un commentaire sur les Sections coniques d'Apollonius de Pergè.

  • Apollonius de Pergè (IIIe s. av. n.E.), auteur des Sections coniques, un mathématicien réputé difficile.
  • Diophante d'Alexandrie (milieu du IIIe s. de n.E.), le «père de l'algèbre», considéré comme le plus complexe d'entre les mathématiciens de l'Antiquité. Ses Arithmétiques, en treize livres, sont conservés pour six livres en grec et quatre en arabe, avec de nombreuses notes et interpolations qui pourraient, pour une part, remonter aux analyses d'Hypatie.
  • Claude Ptolémée (±61-±168), auteur du Canon astronomique, un traité plus connu sous le nom de Composition mathématique (Mathèmatikè syntaxis) ou La Grande composition (È Megalè syntaxis); ce dernier titre grec étant ensuite arabisé en Almageste (8), ouvrage en treize livres dont Théon composa un commentaire, qui a été conservé - mais sur lequel glosèrent aussi Pappus d'Alexandrie, dont nous n'avons plus que des fragments, ainsi qu'Ammonius, perdu quant à lui.
    Hypatie passait pour être l'auteur du troisième livre du commentaire de Ptolémée, commencé par son père dont elle était devenue l'un de ses plus proches collaborateurs. En fait, on estime aujourd'hui que le texte transmis de l'Almageste et des Tables faciles n'est autre que l'édition révisée par elle.
 

hypatie

Hypatie réussira-t-elle à préserver de la fureur iconoclaste des moines fanatiques les trésors de la sagesse antique ?

Les travaux d'Hypatie nous sont connus par sept lettres que lui adressa son disciple Synesius ou Synésios de Cyrène. Il y est notamment question de la construction d'un astrolabe (lettre 154 [9]) et d'un hydroscope (lettre 15). Ces lettres contiennent également des allusions précises à son enseignement; ainsi la lettre 154 nous révèle les titres de deux ouvrages philosophiques de sa plume : Dion et De Insomniis. Ces lettres nous permettent d'apprécier l'étendue de ses lectures, notamment Pythagore, Platon et Aristote.
Comme la plupart des grands philosophes de l'Antiquité tardive, Hypatie est néoplatonicienne et en défend les thèses (sans l'influence de Plotin) dans ses exposés publics à Alexandrie qui lui valent une grande renommée. Mais elle connaît également très bien les autres écoles, dont elle a lu les œuvres majeures.

Officiellement toutefois, il ne reste pas de trace de ses écrits, peut-être en raison de l'incendie final de la Bibliothèque d'Alexandrie (VIIe s.), ce qui expliquerait la faible notoriété d'Hypatie. A noter un sérieux revirement d'opinion des érudits ces vingt-trente dernières années. «L'on croyait que tous les écrits d'Hypatie était perdus. Maintenant, c'est le contraire. L'opinion générale semble être que nous possédons beaucoup de ses écrits. Le problème est que son travail était celui d'éditer et de commenter des textes techniques en mathématiques et en astronomie. Ses interpolations et ses commentaires ont été par la suite incorporés dans les textes en question. Pour les isoler, il faut par conséquent les «désinterpoler» - un minutieux travail de savant» écrit John Thorp, qui ajoute : «Or les savants modernes qui ont essayé d'isoler les contributions d'Hypatie enterrées dans ces textes sont tous d'opinion que sa contribution était d'ordre pédagogique et herméneutique, et de niveau élémentaire. Alan Cameron, qui a étudié cette question de près, annonce que nos attentes élevées sont certainement déçues. Le contenu, dit-il, est exégétique plutôt que critique, destiné aux étudiants élémentaires. Et Wilbur Knorr avoue, avec un certain chagrin, que la contribution d'Hypatie révèle un esprit essentiellement superficiel. Hypatie, semble-t-il, n'était pas un génie créateur en mathématiques. Elle était plutôt une professeure de mathématiques, auteure de manuels.»

On a également attribué à Hypatie une lettre au patriarche Cyrille, qui de toute évidence est apocryphe puisqu'elle y condamne l'enseignement de l'évêque Nestorius (10) (±381-451), lequel sévit des années après la mort de celle-ci.

Hypatie ne fut donc peut-être pas une grande découvreuse en matière de sciences, mais assurément un professeur et un commentateur de premier ordre.
Avant elle, il y avait eu - bien sûr - des femmes d'esprit, des «femmes libres» qui étaient aussi des courtisanes ou passaient pour telles, comme Théanon et Périctione, Aspasie ou Macrine, ou encore la poétesse Sapho; cependant, comme Hypatie, elles restèrent des exceptions. «La fière franchise qu'elle avait en outre du fait de son éducation faisait qu'elle affrontait en face à face avec sang-froid même les gouvernants, assure le chrétien Socrate le Scolastique. Et elle n'avait pas la moindre honte à se trouver au milieu des hommes; car du fait de sa maîtrise supérieure, c'étaient plutôt eux qui étaient saisis de honte et de crainte face à elle.»

Un philosophe canadien, le précité professeur John Thorp, s'est interrogé sur la nature de l'enseignement philosophique d'Hypatie - la «païenne», «l'athée» -, passant nos rares sources au crible de la critique. Pour autant que nous sachions, force est de reconnaître qu'Hypatie n'a jamais fait parler d'elle de par un enseignement militant en faveur du paganisme, de l'athéisme ou... du christianisme, ni même d'un quelconque engagement politique. Au contraire, elle entretient d'excellentes relations avec les autorités chrétiennes d'Alexandrie qui la rémunèrent; et les quelques disciples dont les noms nous sont parvenus étaient presque tous chrétiens à commencer par son plus grand admirateur, Synesius.

Selon J. Thorp, Hypatie aurait surtout marqué la mémoire de ses disciples comme une femme d'une grande beauté et une merveilleuse enseignante (le brave Synesius était certes un élève appliqué, mais loin d'être un aigle), qui avait du talent pour transmettre ce qu'elle avait elle-même reçu de ses maîtres - et notamment de son père Théon, dont elle édita et commenta les œuvres.
Donc, Hypatie était experte dans le quadrivium - arithmétique, géométrie, astronomie et musique. «Elle enseignait ces sujets de façon rigoureuse, en les plaçant dans un cadre platonicien selon lequel ils étaient des matières propédeutiques à un savoir mystique de l'Etre, note J. Thorp. D'ailleurs, elle opérait, dans son enseignement ésotérique, la réconciliation des religions païenne et chrétienne en insistant sur les profondes vérités qu'elles partagent, et en reléguant le reste au statut de noble mensonge.» Pour ce faire, elle devait donc maîtriser aussi la philosophie néo-platonicienne, sans doute davantage dans le style rationaliste de Plotin et de Porphyre que de celui mystique et théurgique de Jamblique, comme le résume Lucien Jerphagnon (11). Quoique se réclamer de Porphyre - l'auteur du plus virulent traité contre le christianisme jamais écrit, hélas totalement perdu aujourd'hui - n'était sans doute pas la meilleure manière pour entrer en odeur de sainteté auprès de la populace des chrétiens fanatiques d'Alexandrie, plus sincères dans leur foi qu'experts en théologie !
Rappelons qu'à travers Plotin, la pensée de Platon et d'Aristote avait été parfaitement intégrée par les chrétiens imprégnés de culture classique qui formaient la classe dirigeante de l'Empire romain chrétien, qui lisaient Homère, Hésiode, Platon et Aristote. Elle était décidément très éloignée l'époque où un soudard illyrien et son clan imposaient un christianisme obtus, et où son neveu Julien devait se cacher pour lire l'Iliade.

amenabar - hypatie

 

3.1. Quelques protagonistes...

Parmi ses élèves, la plupart chrétiens, il y eut, outre Synesius de Cyrène (futur évêque de Ptolémaïs de Cyrénaïque, en 411) et son frère Euoptius : Herculianus et son frère Kyros de Panopolis (le second, futur évêque de Kotyaion en Phrygie); le Syrien Olympios, grand propriétaire foncier de la région de Séleucie de Piérie, qui mena la fronde des intellectuels païens lors de la destruction du Sérapeion; Hesychius, à ne pas confondre avec le fameux lexicographe; Athanasius qui allait devenir un sophiste renommé; Theodosius, le grammairien réputé; mais encore, moins connus si ce n'est de la correspondance de Synesius : Ision, Alexandre, Theoctenus, Gaius et Auxentius - tous issus de la jeunesse dorée d'Alexandrie et de Constantinople, ou de la Cyrénaïque, de la Haute-Egypte, de la Syrie... - les futurs cadres de l'Empire d'Orient.
L'un d'eux, Oreste, devint gouverneur de la province d'Egypte, et il semble qu'une grande amitié - sinon un sentiment plus tendre - liait ce magistrat chrétien à la «païenne» Hypatie. Son opposant politique, l'évêque d'Alexandrie Cyrille, un chrétien intransigeant que l'Eglise copte considérera comme son fondateur, prit ombrage de cette relation, attribuant à cette femme-philosophe et probablement «sorcière» une responsabilité certaine dans leur différend.

oreste - emeutes chretiennes

Oreste (Oscar Isaac), le préfet d'Egypte, en pleine émeute chrétienne

Païenne des plus modérées, Hypatie était en parfaite adéquation intellectuelle avec l'élite chrétienne de son temps, laquelle désormais gouvernait l'Empire. Elite qui, souvent, n'était chrétienne que du bout des lèvres, s'inclinant plus que probablement devant l'effet de mode. Ainsi son disciple Synesius, plus attiré par les arts, les lettres et la spéculation philosophique que par la bigoterie, ne devint évêque que contraint et forcé par la réalité politico-militaire du moment (12). Or, si le petit peuple des villes était devenu majoritairement chrétien, la population des campagnes restait largement païenne. Ce qui exposait la base militante, d'autant moins raffinée qu'elle était fervente, à une attitude des plus... radicale.

C'est donc ici qu'intervient Cyrille, - neveu du précédent patriarche, Théophile -, qui le 18 octobre 412 vient d'être élu évêque d'Alexandrie (charge qu'il exercera jusqu'au 27 juin 444). Il entre ainsi en fonction à peu près en même temps que l'ancien disciple d'Hypatie, Oreste, qui vient d'être nommé par Constantinople préfet augustal d'Egypte, c'est-à-dire gouverneur de la province.
Le courant ne passe pas trop bien entre le patriarche extrémiste et antisémite, et le gouverneur lettré. Mais Cyrille peut compter sur ses troupes de choc, des moines fanatiques accourus du désert de Nitrie, au sud d'Alexandrie, de l'autre côté du lac Maréotis. Ainsi que sur sa «garde rapprochée», les 800 parabalanai qui, à l'origine, étaient - comment dire ? - des «travailleurs sociaux». A la fois infirmiers et croque-morts, ces parabalanai étaient chargés d'assurer un minimum de bien-être à leurs frères chrétiens déshérités... Moins qu'aux païens, c'était surtout à l'importante communauté juive qu'ils en voulaient, exécutant de véritables expéditions punitives dans leurs quartiers, incendiant même une synagogue.

expulsion des juifs

L'expulsion des Juifs d'Alexandrie. «Les Juifs et les païens doivent apprendre que les chrétiens sont les sauveurs, les protecteurs, les chefs et les maîtres de la cité», proclamait l'évêque de Constantinople «saint» Jean Chrysostôme (13) (JEAN CHR., Homélie sur les statues, I, 12). Jean Chrysostôme est un saint majeur vénéré par les Eglises catholique et orthodoxe. Mais ses homélies Adversus Judæos (Contre les Juifs) seront plus tard récupérées par les nazis. En fait, lesdites homélies prêtent à controverse : visaient-elles l'ensemble des Juifs ou seulement les chrétiens judaïsants, donc déviants, de sa paroisse à Constantinople, auxquels elles étaient a priori destinées ?

L'origine du conflit opposant l'évêque Cyrille au gouverneur Oreste tient dans l'attitude modérée de ce dernier vis-à-vis des Juifs dont l'importante communauté était installée-là depuis la fondation de la ville. Chrétiens et Juifs se provoquent mutuellement (14), jusqu'à ce que ces derniers organisent un véritable massacre des chrétiens après avoir mis le feu à l'Eglise Saint-Alexandre. Les représailles furent un véritable pogrom, avec au bout du tunnel l'expulsion des Juifs d'Alexandrie.

Il est clair que le gouverneur Oreste ne peut tolérer les méfaits de ces trublions et se doit de rappeler à l'ordre le patriarche Cyrille. Au cours des émeutes qui s'ensuivent, un moine nommé Ammonios blesse le gouverneur. Celui-ci le fait arrêter et torturer à mort. C'est à ce moment-là, et à ce moment-là seulement - car Hypatie s'était toujours fait discrète - que Cyrille, la voyant sortir de la résidence de son ancien élève, s'avise de l'influence possible que pourrait avoir cette «païenne», adonnée à la «magie» ou à la «théurgie», et qui s'entoure de toute une quincaillerie aussi suspecte que des astrolabes et des aréomètres. C'est elle, assurément, la cause de tout le mal; elle qui monte le gouverneur contre ses frères chrétiens, croyants honnêtes et pieux.

Nous ne saurons jamais quelle part prit Cyrille dans le complot qui s'ensuivit. Le commandita-t-il, ou fut-il le fait d'une initiative de ses parabalanai croyant obéir à sa volonté ? Toujours est-il que le 8 mars 415, Hypatie tomba dans une embuscade, fut jetée à bas de son char, entraînée dans l'Eglise Saint-Michel - autrefois le Cæsareum, le Temple du culte impérial -, dépouillée de son manteau de philosophe cynique, écorchée vive au moyen de tessons effilés, dépecée, et ses membres exhibés à travers la ville puis brûlés.

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NOTES :

(1) Les Gréco-Macédoniens ont largement pillé les monuments de la vallée du Nil pour compléter - par une touche «exotique» - leur métropole hellénistique aux larges artères se coupant à angle droit.
Sur les fouilles à Alexandrie, on se reportera à deux superbes albums : Jean-Yves EMPEREUR (photos Stéphane COMPOINT/Sygma), Alexandrie redécouverte, Fayard/Stock, 1998, et William LA RICHE (photos Stéphane COMPOINT/Sygma), Robert Laffont/France Loisirs, 1996. Et aussi : Franck GODDIO, A la recherche de Cléopâtre, R. Laffont, 1996. - Retour texte

(2) Pour se faire une idée des tenues portées par les légionnaires et autres troupes des IVe-Ve s., cf. Alain ALEXANDRA & François GILBERT, Légionnaires, auxiliaires et fédérés sous le Bas-Empire romain, Editions Errance, coll. «Histoire Vivante», 2009. - Retour texte

(3) Edward GIBBON, Histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain, Robert Laffont, coll. «Bouquins», 1983, 2 vols, I, chap. XXVIII, pp. 838-842. - Retour texte

(4) Transgression de sa condition féminine. - Retour texte

(5) Nous visons ici le vampire selon la tradition de la littérature romantique et du cinéma gothique, non les realia de la magie noire d'Europe centrale. - Retour texte

(6) Le 8 ou 9 mars 2001, sur l'ordre de leur chef suprême Mohammad Omar, les «étudiants en théologie» - les Talibans - dynamitèrent les deux Bouddha géants sculptés dans la falaise de Bamiyan, chefs-d'œuvre de l'art gréco-bouddhique de Gandhâra. - Retour texte

(7) La Suda [ou Souda, ou Suidas] est un ouvrage lexicographique byzantin composé avant le XIe s. - Retour texte

(8) Au Moyen Age, l'ouvrage original - d'abord perdu - fut connu en Occident par sa traduction arabe. Au XVe s., le grec fut retrouvé à Byzance. - Retour texte

(9) Les lettres de l'évêque de Ptolémaïs à Hypatie portent respectivement les numéros 10, 15, 16, 33 (frag.), 81, 124 et 154 dans la traduction d'A. FITZGERALD, The letters of Synesius of Cyrene, Londres, Oxford University Press, 1926 (numérotation qui peut être différente dans l'autres éditions : Croiset, dans son Hist. de la littérature grecque, cite : 4, 10, 15, 16, 80, 124, 132).
Il est également question d'Hypatie dans quatre autres lettres qui ne lui sont pas adressées : 4, 133, 136 et 137 dans l'édition FitzGérald. - Retour texte

(10) Evêque de Constantinople en 428. - Retour texte

(11) L. JERPHAGNON, Les Divins Césars, Tallandier. - Retour texte

(12) Il s'agissait de mettre en place dans Ptolémaïs une autorité capable de résister aux attaques de rebelles. - Retour texte

(13) «Saint» Jean Chrysostôme (349-407), évêque de Constantinople de 397 à 403. L'évêque d'Alexandrie Théophile fut son adversaire acharné. - Retour texte

(14) A vrai dire, bien avant l'essort du christianisme, la situation était déjà fort tendue entre Juifs et Grecs païens. Faut-il rappeler la fameuse et particulièrement atroce révolte juive de 116, probablement instiguée par des agents parthes, qui fit des centaines de milliers de morts parmi les gréco-romains d'Alexandrie, Cyrénaïque et Chypre... - Retour texte