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L'AIGLE DE ROME
(Eagle in the Snow, 1970
)
Roman de Wallace BREEM

 

L'AIGLE DE ROME

Le dessert des Barbares

I. Remarques historiques

La Notitia dignitatum
Un nouvel ordre de bataille
Effectifs et équipements

II. Le franchissement du Rhin

Le sac de Mayence (Mogontiacum) (janvier 407)

III. Appendices

1. Chronologie de la Leg. XX Valeria Victrix

Liens Internet

2. Ioviani & Herculiani, Protectores Domestici et Scholes Palatines
(des Prétoriens aux Excubites)

3. L'auteur : Wallace Breem (1928-1990)

4. La collection «Invicta» (Panini Books)

 
aigle de rome, wallace breem
 

23 avril 2014
Wallace BREEM, L'Aigle de Rome (Eagle in the Snow, 1970), Panini Books éd., coll. «Éclipse», série «Invicta»,
480 p.
EAN 9782809436563

Au cours de l'hiver 406 de n.È., l'Empire romain est menacé de tous côtés par ses ennemis. Maximus Gaius Paulinus, commandant de la Legio XX Valeria Victrix, est envoyé par le général Stilicon tenir le limes en Germanie. De l'autre côté du Rhin, plus de deux cent mille barbares s'unissent, prêts à fondre sur la Gaule et sur Rome. C'est avec sa seule légion que Maximus devra former la dernière ligne de défense de l'Empire. Une tâche impossible si ce n'est grâce au majestueux rempart naturel que forme le fleuve.

Usant d'une combinaison de stratégie militaire, de ruse et de diplomatie, Maximus parvient à tenir ses positions malgré la menace croissante de l'ennemi. Toutefois, les intrigues politiques menacent ses arrières, et Maximus doit se battre autant contre les barbares que contre l'administration corrompue qui lui refuse ses demandes de soutien. Pressé par les siens de prendre la pourpre, Maximus devra honorer ses serments de fidélité et risquer tout ce qu'il lui reste pour son Aigle...

Le dessert des Barbares

Passionnant, mais curieux roman historique que L'Aigle de Rome, qui au-delà de l'épique replace la chose militaire bien au centre du débat. L'analogie avec le célèbre roman de Dino Bruzzati s'arrêtant ici : le héros de notre histoire n'aspire nullement à une bataille qui lui vaudra de l'avancement. Plus prosaïquement, il attend de pied ferme l'indicible marée humaine qui va précipiter l'Empire romain dans les tréfonds de l'abîme...

Ancien officier dans l'Armée des Indes, Wallace Breem est très soucieux de décrire les responsabilités d'un commandant de légion, ses problèmes avec une hiérarchie veule ou défaitiste. Les moyens d'action lui sont âprement comptés, et Maximus doit gérer, superviser l'intendance, l'approvisionnement en armes... en nourriture... en chevaux. Le recrutement de nouveaux légionnaires ou auxiliaires. Leur formation. Le moral de la troupe, quitte à la gaver de pieux mensonges (ces renforts qui vont arriver !). L'entretien des fortifications, etc. La délicate négociation avec les autorités civiles et religieuses de Treverorum (Trèves), qu'il est censé défendre... l'évêque chrétien Mauritius, le curator Artorius que idéologiquement tout oppose à lui - militaire et zélateur de Mithra, dieu des légions. Dans les romans historiques sur l'Antiquité romaine, le fait est trop rare pour ne pas être signalé. Car notre héros, Maximus, n'est pas de la même veine qu'un de ces païens décadents et superficiels du Ier s. de n.È. tels Vinicius dans Quo Vadis ou Glaucus dans Les Derniers jours de Pompéi. Maximus est un dévot de Mithra qui vit sincèrement sa foi et n'accepte pas que des barbares lui imposent la leur. Ca vous fait songer à quelque chose ? L'Histoire n'est qu'un éternel recommencement, n'est-ce pas...

Sous le règne de l'infantile Honorius - et ce depuis son père, Théodose «le Grand» -, les païens sont exclus de l'armée et de l'administration romaines. Aussi notre mithraïste Maximus ne doit-il son commandement qu'à ses compétences et à l'urgence des circonstances. Aux grands maux, les grands remèdes ! En fin de volume, un petit appendice signé Isabelle Gonon met en évidence les subtiles relations de Maximus avec sa religion - dont il est un initié du plus haut grade - face à des chrétiens catholiques, mais prêts à pactiser avec les Vandales ou les Burgondes ariens, certes donc hérétiques, mais chrétiens tout de même (1) ! Quand on songe à ce potentiel de haine sectaire qui, dans l'Antiquité, a opposé Nicéens (catholiques orthodoxes) aux Ariens et autres Monophysites, Donatistes etc. puis, au fil de l'Histoire, divisé entre eux Catholiques et Orthodoxes, avant d'opposer Catholiques et Protestants... À considérer l'état de délicatesse où se trouvent encore sunnites et chiites, les Musulmans n'y ont pas échappé... Le culte du Dieu «d'amour et de charité» laisse un peu perplexe !

C'est la pression des Huns et la famine qui pousse ces déracinés à vouloir forcer les portes de l'Empire romain pour s'y établir - pourquoi pas ? - comme fédérés. «Rome a besoin de nous», dit le roi vandale Gondéric. De fait, celui qui a chargé Maximus de défendre Trèves et Mayence - le généralissime romain Stilicon - est lui-même d'origine vandale (2). Avec l'aide de leurs alliés Francs et Alains, Maximus et la XX Valeria Victrix vont obstinément s'opposer aux envahisseurs. Le commandant et sa troupe obéiront aux ordres reçus, à leur serment de légionnaires. Ils ne reculeront pas et livreront bientôt leur ultime baroud d'honneur.

Situation complexe d'un Empire en voie de barbarisation, qui quarante-cinq ans plus tard verra encore le Maître de la Milice romaine Ætius, un Pannonien, mobiliser Francs et Wisigoths contre les Huns. Lesquels Huns, faut-il le rappeler, avaient précédemment servi sous les aigles romaines du même Ætius... contre lesdits Francs !

I. Remarques historiques

Ceci posé, un roman historique est aussi - et avant tout - tout simplement un roman. Et l'Histoire un matériau brut que va pétrir le romancier pour en tirer sa fiction... historique. On sait assez peu de choses sur cette nuit du 31 décembre 406-1er janvier 407. C'est Prosper d'Aquitaine qui nous en a précisé la date (3), mais la tradition d'un franchissement du Rhin «gelé» semble bien apocryphe (4). Les Vandales et leurs alliés empruntèrent plus probablement le pont romain de Bingium (auquel, du reste, le roman fait souvent allusion).

Il ne semble pas que l'armée romaine se soit, à Mayence (5), militairement opposée à cette invasion - en tout cas probablement pas la XX Valeria Victrix dont on perd la trace dans le courant du IIIe s. Sauf que sous Gallien (emp. 253-268), quelques éléments de cette même légion semblent bien avoir été envoyés à Mayence, ce qui évidemment ne veut pas dire que 150 ans plus tard ils s'y trouvaient encore, au moment des faits «reconstitués» dans le roman (voir Tableau chronologique) !

La Notitia dignitatum
Composée entre 390 et 425, la Notitia dignitatum dresse la «nomenklatura» militaro-administrative du Bas-Empire; elle ne mentionne plus la XX Valeria Victrix mais énumère des légions «à matricule» (6) et des auxiliats palatins qui eux n'en ont pas. Ammien Marcellin, qui participa à la bataille d'Amida (360), cite la présence de la V Parthica, de la XXX (probablement l'Ulpia Victrix) et de la X, mais aussi e.a. une légion dite de «Magnence» c'est-à-dire les Herculiani seniores (7) (AMM., XVIII, 9). Mais sa relation de la bataille de Strasbourg (357), qui eut lieu trois ans plus tôt, montre sous les ordres du César Julien presque essentiellement des auxiliats palatins tels les Cornuti, Brachiati, Bataui, mais aussi une légion d'accompagnement (comitatenses) : les Regii (AMM., XVI, 12).

Dans la légion romaine du Haut-Empire, il y avait dix cohortes. Gardienne de l'Aigle, la première cohorte était milliaire (1.000 h), les neuf autres quingénaires (500 h). Une première restructuration sous Dioclétien (emp. 284-313) a vu exploser le nombre de légions portant le même matricule (8) mais avec des dénominations inusuelles, plutôt vernaculaires, ce qui suggère un fractionnement en autant de détachements d'une ou deux cohortes quingénaires pour former des corps de 800/1.200 h : les légions palatines du Bas-Empire. R. Cagnat (9) a dressé la liste de ces nouvelles unités dioclétiennes qui annoncent la Notitia dignitatum. «... sous Dioclétien, tout avait changé : une nouvelle armée voyait le jour, avec des régiments auxiliaires constitués de provinciaux, et même de Barbares, souhaitant servir Rome. La cavalerie devenait la formation militaire de pointe, et les légions étaient reléguées à la surveillance des frontières de l'Empire. Mais ici, en Bretagne, les trois légions présentes demeuraient incontournables» (L'Aigle..., p. 15). C'est pourquoi le roman signale la VI à Eburacum [York] (p. 60) et la II Augusta à Rutupiæ [Richborough] (p. 60) et à Isca Silurum [Caerleon] (pp. 15 & 37).

En fait, selon la Notitia, le duc des Bretagnes avait à sa disposition une Leg. VI à côté de 38 autres cohortes d'infanterie ou unités de cavalerie, dont 25 rien que sur le mur d'Hadrien (10). Le comte de Bretagne a, lui, à sa disposition, les auxiliats Victores iuniores Britanniciani et les deux autres «Britonnes» : I et II Iuniores (11); ainsi également que six vexillations de cavalerie (cataphractaires juniors, scutaires Auréliaques, Honoriani seniores, écuries impériales, Syriens et Taïfales (12). D'autres unités enfin relèvent du comte du littoral saxon (Fortiens, Tongres, cavaliers Dalmates etc.), mais aussi la II Augusta, à Rutupiæ donc (13), qui n'avait pas été comptabilisée ailleurs. En fait nombre d'unités semblent avoir un don d'ubiquité ou plus probablement ont été scindées - à moins bien sûr qu'il s'agisse d'une erreur de collationnement dans le temps.
C'est donc à juste titre que Wallace Breem mentionne encore la présence en Bretagne des légions II et VI, ce qui ne solutionne pas pour la XX bien évidemment. À l'article «Legio» R. Cagnat (14), concluant son historique de la XX, observe en note de bas de page le fait que les Victores Britanniciani sont classés parmi les auxiliats, non les légions (Not. Occ., VII), ce qui ne plaide pas en faveur d'une quelconque continuité de notre XX Valeria Victrix.

Un nouvel ordre de bataille
Sous le Bas-Empire, l'administration mise en place sous les Julio-Claudiens et les Antonins a été repensée. À côté du præfectus prætorio (préfet du prétoire des Gaules) et du magister equitum per Gallias, se profile la future aristocratie médiévale des Ducs et Comtes : ainsi le dux Britanniarum Fullofaudes et son collègue le dux Belgicæ, ou le commandant du littoral saxon Nectaridus (comes maritimi tractus). Pourtant, sur le plan militaire, Wallace Breem s'est plutôt documenté sur les légions du Haut-Empire (voir tableau de L'ordre de bataille sous Trajan) (15), qui pour beaucoup n'existaient plus fin du IVe s. ou avaient été profondément restructurées. Dans son Empire barbare, qui se passe des décennies plus tard au temps du roi Ostrogoth Théodoric (454-525), Gary Jennings ne fera pas mieux, sinon pire.

Effectifs et équipements
L'Aigle de Rome évoque constamment les casques et les cuirasses des légionnaires romains et un effectif de 6.000 hommes. Or depuis les réformes de Gratien (emp. 375-383), soit une bonne vingtaine d'années auparavant, les Romains avaient délaissé ces encombrants accessoires : «C'est ici le lieu d'exposer quelles doivent être les armes offensives et défensives du conscrit. L'usage ancien à cet égard a disparu complètement, écrit Végèce. Si, à l'exemple des Goths, des Alains et des Huns, l'équipement du cavalier a été perfectionné, l'on sait que le fantassin est totalement dépourvu de moyens de défense. À dater de la fondation de Rome jusqu'à l'époque de l'empereur Gratien [c'est nous qui soulignons], l'infanterie eut le casque et les cataphractes (16). Mais depuis qu'une insouciante paresse a fait cesser les manœuvres du terrain, ces armes ont commencé à paraître pesantes, et le soldat ne les a revêtues que rarement. On sollicita auprès de l'Empereur la réforme des cataphractes d'abord, puis celle des casques. Dès lors, nos soldats, la poitrine et la tête découvertes, furent écrasés plus d'une fois, dans les guerres des Goths, par la multitude de leurs archers; et malgré tant de désastres qui occasionnèrent la ruine de villes très importantes, il n'est venu à l'idée de personne de rendre à l'infanterie ses armes de défense. Il en résulte que le soldat qui se voit en butte aux coups, sans que rien ne le garantisse, songe moins à se battre qu'à fuir» (17)(VÉGÈCE, I, 20).

Selon la philosophie stratégique du Bas-Empire, les légions qui autrefois campaient sur les points stratégiques du limes, laissant aux auxiliaires le contrôle des intervalles, ont reculé pour pouvoir assurer une défense en profondeur. Le limes proprement dit est maintenant assumé par les «gardes-frontières», les limitanei. Théoriquement, la Gaule est défendue par 136.000 limitanei germaniques et 113.000 comitatenses représentant les forces légionnaires de l'intérieur. Ces comitatenses constituaient le troisième échelon dans la hiérarchie de l'armée romaine du IVe s., qui se décline comme suit : 1) les scholes palatines (l'élite, aussi école des officiers); 2) les légionnaires et auxiliaires palatins; 3) les comitatenses (l'armée régulière); 4) les pseudo-comitatenses (comitatenses hiérarchiquement de second ordre); 5) les limitanei. Il n'est bien entendu pas interdit de penser qu'une troupe légionnaire palatine aurait pu s'avancer sur ce point stratégique que Mogontiacum a toujours été dès avant Auguste; sauf qu'il ne restait plus aucune légion en Gaule - celles-ci ayant toutes été rappelées par Stilicon pour affronter l'Ostrogoth Radagaise dans le nord de l'Italie.

 

II. Le franchissement du Rhin

Pour contrer Radagaise (vaincu à Fiésole, près de Florence, et exécuté le 22 août 406), Stilicon a vidé de ses troupes et abandonné la Gaule afin de concentrer toutes les unités disponibles autour de Ravenne où se terre un éleveur de poulets, le peu viril empereur Honorius (18).
Dans la nuit-charnière des années 406-407, quatre hordes - les Suèves, les Vandales Asdingues, les Vandales Silingues et les Alains - franchissent le Rhin. On les évalue entre 100.000 et 200.000 âmes, femmes et enfants compris, soit 20.000 combattants. Nulle troupe romaine n'est là pour s'opposer à eux, pas même une hypothétique légion fantôme. Sauf 3.000 fédérés Francs rhénans [estimation], bien déterminés à défendre leur territoire ! Selon Grégoire de Tours, «Renatus Profuturus Frigeridus (...) dit : «Pendant ce temps, Goar, ayant passé aux Romains, Respendial, roi des Alains, retira son armée des bords du Rhin, car les Vandales étaient en guerre avec les Francs. Le roi Godégisel avait succombé, et une armée de près de vingt mille hommes avait péri par le fer. Les Vandales auraient été détruits si les Alains ne les eussent secourus à temps.» Nous sommes étonnés que, nommant par leur nom les rois des autres nations, l'historien ne dise pas aussi celui du roi des Francs» (GRÉG., Hist. Francs, II). Il appert donc que les Francs - dont Grégoire s'étonne qu'on ait perdu le souvenir du nom de leur roi, mais à qui W. Breem attribue celui de *Marcomir - s'opposèrent à la colonne des Vandales Asdingues, dont ils tuèrent le roi Godégisel [Godogeisal], fils de Wisimar. On devine que l'engagement fut chaud, puisque les Vandales perdirent leur roi et ne durent de s'en tirer que grâce au secours de l'Alain Respendial. Au juste, un autre Alain, Goar, ayant pris le parti des «Romains», plus tard s'établira en Aquitaine avec son peuple fédéré en accord avec l'«usurpateur» Jovin († 412). On sait que le fils de Godégisel, Gondéric conduira son peuple ravager la Gaule, avant de fonder un royaume en Espagne avec les Alains de Respendial.

Le Rhin franchi, les Barbares pénétrèrent tranquillement dans Mayence et, quoique eux-mêmes chrétiens mais hérétiques - ou peut-être justement à cause de cela (19) - égorgèrent tranquillement des centaines, sinon des milliers de paroissiens réfugiés dans l'église. Saint Jérôme, qui n'y était pas mais semble bien renseigné, a évoqué ce massacre avec des envolées lyriques.

Le sac de Mayence (Mogontiacum) (janvier 407)
«Des nations innombrables et d'une férocité inouïe ont occupé toute la Gaule, note en 410 saint Jérôme. Tout le pays qui s'étend entre les Alpes et les Pyrénées et qui est limité par l'Océan et le Rhin a été ravagé par les Quades, les Vandales, les Sarmates, les Alains, les Gépides, les Hérules, les Saxons, les Burgondes et même, ce qui est lamentable pour l'État, par les Pannoniens devenus ses ennemis... C'est vraiment Assur qui est venu avec eux. Mogontiacum [Mayence], cité jadis illustre, a été prise et saccagée, et des milliers d'hommes égorgés dans l'église. Vangiones [Worms] est tombée après un long siège, Reims, ville puissante, Arras, la cité des Morins [Térouane ou Boulogne ?] qui est à l'extrémité du monde, Tournai, Nemetes [Spire], Argentoratum [Strasbourg], ont été transférées en Germanie. Les provinces de l'Aquitaine, de la Novempopulanie [Gascogne], de la Lyonnaise, de la Narbonnaise ont été dévastées. Les villes encore épargnées sont dépeuplées au-dehors par l'épée, au-dedans par la famine.» Quatre ans plus tard et de Palestine, saint Jérôme, n'a en manière de consolation rien de mieux à proposer à Geruchia - cette dame d'Agerunium qu'il engage à rester dans l'état de viduité [JÉR., lettre CXXIII Cf. SALVIEN, Du gouvern. Dieu, VII, 12] - bref, que de s'abstenir de procréer. La Gaule, l'Occident sont désormais perdus pour la Civilisation. S'appuyant sur des références bibliques comme l'allusion à Assur, ou classique - les Morins étant bien entendu «extremi hominum» comme dans Virgile (Én., VIII, 727) - le ton rhétorique est patent [«au-dehors par l'épée, au-dedans par la famine» (foris gladius, intus fames)].

Ce ne sera que dans le courant 407 que l'usurpateur Constantin III (emp. 407-411) franchira le channel avec les dernières légions de Bretagne (20).

Depuis quelques années seulement, les chercheurs se sont intéressés à l'armée romaine du Bas-Empire.
Envoyer la XX Valeria Victrix mourir à Mayence, sur les bords du Rhin, est une hypothèse intéressante, mais plus vraisemblablement un impératif romanesque. C'est dans cette faille temporelle que Wallace Breem a inséré sa fiction héroïque, au prix d'une légère distorsion chronologique.

Ce roman parut, donc, en 1970. Deux ans plus tard, Chris Haines fondera l'Ermine Street Guard - Legio XX Valeria Victrix, initiant la reconstitution historique et l'archéologie expérimentale.

 

III. Appendices

1. Chronologie de la Leg. XX Valeria Victrix

Sous Auguste (emp. -30 à +14)
• De -25 à -13 : combat les Cantabres en Hispanie [Espagne].
• Campagne en Pannonie [Hongrie] : commence par un sanglant échec qui - la légion, une fois reprise en main par Tibère - s'achèvera par une sanglante victoire sur les Marcomans.
• +6 : sous les ordres de M. Valerius Messala Messalinus, s'illustre en Illyrie contre Bato. Reçoit le surnom de «Valeria» qui serait, soit la traduction latine du sabin Nero, cognomen de Tibère son (re)fondateur, soit une référence à la région d'Illyrie où elle s'illustra.
• Fin +9 : suite au désastre de Varus (21) et à la destruction des légions XVII, XIIX et XIX, est envoyée en renfort à Ara Ubiorum (Cologne), en Germanie Inférieure.
Sous Tibère (emp. 14-37)
Décès d'Octave-Auguste (19 août +14) - Tibère empereur (17 septembre +14)
• +14 : mutinerie des légions qui désirent voir leurs conditions de service alignées sur celles des prétoriens (22). En Pannonie, les VIII Augusta, IX Hispana et XV Apollinaris du légat Junius Blæsus négocient avec Drusus II (fils de Tibère) et sa garde de prétoriens. En Germanie Inférieure, ce sont à Ara Ubiorum les I Germanica et XX Valeria Victrix et, à Castra Vetera, les V Alaudæ et XXI Rapax du légat A. Cæcina qui expriment leurs doléances à Germanicus qu'ils veulent contraindre à prendre leur tête.
Sous le commandement de César Germanicus, elle participe ensuite aux représailles contre Arminius. Elle était probablement à la bataille d'Idistaviso dont le déroulement semble avoir inspiré celle qui ouvre le film Gladiator.
• Ensuite cantonnée à Novæsium (Neuss).
Sous Caligula (emp. 37-41)
• +39 : Caligula projette de décimer les légions - dont la XX ? - qui s'étaient mutinées contre son père Germanicus; celles-là mêmes qui l'avaient proclamé «Petites Bottes» (Caligulæ). Mais les légionnaires ne se laisseront pas faire... (SUÉ., Cal., XLVIII).
Sous Claude (emp. 41-54)
• +43 : avec les II Augusta, IX Hispana et XIV Gemina, participe à l'invasion de la Bretagne sous le commandement d'A. Plautius (23). Participe à la bataille de Caer Caradoc qui voit la défaite du roi breton Caractacus.
Cantonnée à Camulodunum (Colchester), avec des vexillations à Glevum (Gloucester/Kingsholm) et Viroconium (Wroxeter).
Sous Néron (emp. 54-68)
• +60 : sous les ordres de Suetonius Paulinus, combat contre Boudicca, reine des Icéniens.
La légion est ensuite cantonnée à Deva Victrix (Chester).
• +69 : après la mort de Néron, prend le parti de Vitellius. Elle envoie un détachement qui est vaincu à Crémone. Les survivants rentrent en Bretagne.
Sous les Flaviens (de 69 à 96)
• Elle partage son cantonnement de Chester avec la II Adiutrix envoyée en renfort.
• De +78 à +84 : combat dans les Lowlands sous les ordres de C. Julius Agricola. Construit le camp de Pinnata Castra (Inchtuthill).
• +88 : retour à Deva.

Sous les Antonins (de 96 à 192)

ORDRE DE BATAILLE DES LÉGIONS SOUS TRAJAN (ca 144 de n.È)

En Bretagne insulaire : II Augusta (Isca Silurum [Caerleon], pays de Galles), VI Victrix (Eburacum [York]), XX Valeria Victrix (Deva [Chester]).
La IX Hispana, qui avec les trois précédentes avait participé à la conquête de la Bretagne, a été rappelée sur le Continent (selon la légende, elle aurait disparu exterminée au nord du mur d'Hadrien).

Le long du Rhin (du nord au sud) : XXX Ulpia (Vetera [Birtem, près de Xanten], Germanie Inférieure), I Minervia (Bonna [Bonn], Germanie Inférieure), XXII Primigenia (Mogontiacum [Mayence], Germanie Supérieure), VIII Augusta (Argentoratum [Strasbourg], Germanie Supérieure).

Sur le Danube (d'ouest en est) : X Gemina (Vindobona [Vienne], frontière Norique et Pannonie), XIV Gemina (Carnuntum [Altenburg]), I Adiutrix (Brigetio [Oszöny], Pannonie Supérieure), II Adiutrix (Aquincum [Budapest], Pannonie Inférieure), IV Flavia (Singidunum [Belgrade], frontière Mésie Supérieure et Pannonie Inférieure), VII Claudia (Viminiacium [Kostolac], Mésie Supérieure), XIII Gemina (Apulum [Alba Julia/Karlsburg], Dacie), I Italica (Novæ [Swisjtow], Mésie Inférieure), XI Claudia (Durostorum [Silistra], Mésie Inférieure) et V Macedonica (Troesmis [?], Mésie Inférieure, delta du Danube).

En Afrique du Nord : III Augusta (Lambæsis [Lambèse], Algérie).

En Orient (du nord au sud) : XV Apollinaris (Satala [Sadagh], ouest Arménie), XII Fulminata (Melitene sur l'Euphrate [Malatya], Cappadoce), XVI Flavia (Sura sur l'Euphrate [Souriya], nord Syrie), IV Scythica et III Gallica (Raphana, frontière Arabie et Palestine syrienne), III Cyrenaica (Bostra [Bosra], Arabie Pétrée), VI Ferrata Victrix et X Fretensis (Ælia Capitolina [Jérusalem], Judée), II Traiana (Nicopolis [ouest Alexandrie], Égypte).

• La XX participe à la construction des murs d'Hadrien (constr. 120-138) [A. Platorius Nepos] puis d'Antonin (constr. ca 140) [Q. Lollius Urbicus].

Sous Gallien (emp. 253-268)
• Des détachements sont envoyés à Mogontiacum (Mayence). Le matricule de la XX figure sur des monnaies de cet empereur.
Sous Victorin (usurp. 269-271)
• Comme nombre d'autres légions, son matricule figure sur des aurei de Victorin [mais pas sur les monnaies de Carausius (usurp. 286-293), constate le DAREMBERG & SAGLIO, s.v. «Legio», p. 1088].
Sous Dioclétien (emp. 284-313)
• L'armée romaine est réformée : tout en gardant leur numéro de matricule originel (?), le nombre des légions explose - fonction probablement des nombreuses vexillations éparpillées.
Sous Gratien (emp. 375-383)
• Réforme de l'infanterie résultant de la «barbarisation» de l'armée : les fantassins abandonnent d'abord la cuirasse, puis le casque jugés trop lourds (les armes défensives étant conservées par la cavalerie, devenue principale force offensive) (VÉGÈCE, I, 20).
Sous Honorius (emp. 393-418)
• Hiver 406-407 : franchissement du Rhin à Mogontiacum par les Vandales, Suèves, Alains etc. en l'absence de forces armées romaines.
• Printemps 407 : pour reprendre la Gaule aux Barbares, l'usurpateur Constantin III (usurp. 407-411) et son fils Constant franchissent la Manche avec les dernières troupes de Bretagne. Dont le reliquat de la XX ?

La Notitia dignitatum (composée entre 390 et 425 ?)
• Énumérant 189 légions pour tout l'Empire (24), la Notitia comptabilise pour l'Occident 12 légions palatines, 65 auxiliats palatins aux noms aussi pittoresques que Cornuti, Brachiati, Bataui, Celtæ, Petulantes ou Jovii (25), 32 légions d'accompagnement (comitatenses) et 18 fausses légions d'accompagnement (pseudocomitatenses), sans oublier une quarantaine de vexillations de cavalerie scholaire, palatine ou d'accompagnement Ph. RICHARDOT, op. cit., pp. 83-89..

Quoique mentionnant nombre de légions «à matricules» (dont les II et VI pour la Bretagne), elle ne reprend plus la XX Valeria Victrix.

1970
• Wallace Breem publie L'Aigle de Rome (Eagle in the Snow).
1972
• Le reconstituteur Chris Haines fonde l'Ermine Street Guard (XX Valeria Victrix).

Liens Internet
À propos de la XX Valeria Victrix (click)

La XX Valeria Victrix et les troupes de reconstitution (re-enactment) :
... en Grande-Bretagne (click)
... aux États-Unis (Maryland - fondée en 1991) (click)
... en Italie (click)

 

2. Ioviani & Herculiani, Protectores Domestici et Scholes Palatines.
(Des Prétoriens aux Excubites)

En 193, Septime Sévère dissout les Prétoriens à qui il reproche leur rôle ambigu dans la succession de Pertinax (assassiné, tout comme Commode) et l'avènement de Didius Julianus. En fait il conserve l'institution mais en limoge le personnel qu'il remplace par des hommes choisis parmi ses légionnaires pannoniens.

Pour les mêmes raisons, Dioclétien, qui est Illyrien, donc se méfiant des Pannoniens, se crée une garde personnelle à partir de deux auxiliats illyriens qui s'étaient illustrés par leur talent à utiliser les plumbatæ (dards lestés, qui se lançaient à la main, au nombre de cinq, rangés dans la face interne du bouclier), qui d'ailleurs leur avaient valu le surnom de «Tireurs de Mars» (Martiobarbuli) (VÉG., Mil., I, 17).
L'Auguste Jupiter-Dioclétien en fit sa garde impériale, à lui et à son collègue l'Auguste d'Occident Hercule-Maximien. Passant du statut d'auxiliats palatins à celui de légions palatines, ces deux régiments reçoivent un numéro de matricule : ce seront les V Iovia et VI Herculia (on lit aussi : I Iovia et II Herculia), qui deviennent le fer de lance des comitatenses, les troupes qui accompagnent l'empereur.
Délogés de leur Castra Prætoria à Rome, les Prétoriens n'ont d'autre choix que de soutenir l'usurpateur Maxence, fils de Maximien-Hercule, contre le putchiste Constantin Ier. Vaincus au Pont Milvius, le Prétoriens sont définitivement dissous par Constantin qui les remplace par des soldats à sa dévotion, les Protectores Domestici (appellation qui précédemment avait été un titre honorifique porté par les officiers de confiance). Ceux-ci sont en fait des cavaliers qui reprennent, semble-t-il, les fonctions des anciens trois cents Equites Singularis Augusti de la Garde Prétorienne.

Ces Protectores forment la garde rapprochée de l'empereur et ne combattent pas sur les champs de bataille (à la différence des Scholæ Palatinæ).
En 346, les Protectores Domestici (les «Protecteurs Domestiques», id. est «de la Maison») forment deux Scholes de 500 hommes chacune - une d'infanterie, une de cavalerie - aux ordres du comte des domestiques.

Les Scholæ Palatinæ - elles aussi créées par Constantin Ier - sont, du IVe au VIIe s., la garde impériale (mais non «rapprochée») qui, sur le champ de bataille, remplacent les Prétoriens. Ensuite, les empereurs ayant généralement renoncé à personnellement paraître sur les champs de bataille, leur fonction devient essentiellement protocolaire (sous Zénon, emp. 474-481).
Comme les Scholaires étaient quasi exclusivement d'origine germanique, l'empereur Léon Ier «l'Isaurien» (emp. 457-474) les remplaça par une nouvelle formation de 300 hommes de sa propre fratrie isaurienne : les Excubites (littéralement «Ceux qui sortent du lit», c'est-à-dire «Ceux qui montent la garde devant les portes du palais» ou, pour faire court, «les Sentinelles»).

 

3. L'auteur (1928-1990)

«Wallace Breem, écrit Steven Pressfield (Les Murailles de Feu), fait partie de cette très courte liste d'auteurs qui élèvent la fiction historique au niveau du meilleur de la littérature, tous genres confondus.» À 18 ans, W. Breem intègre l'école d'officiers de la British Indian Army avant de rejoindre en 1945 le Corps of Guides avec le grade de lieutenant. Après la partition des Indes, il rentre en Angleterre où il devient successivement ouvrier dans une tannerie, assistant vétérinaire et collecteur de loyers dans l'East End de Londres. En 1950, il intègre l'Inner Temple, l'une des quatre prestigieuses écoles de droit londoniennes où il devient successivement bibliothécaire puis conservateur des manuscrits. En 1970, il publie L'Aigle de Rome (Eagle in the Snow), bientôt suivi par deux autres romans (The Legate's Daughter, 1975 & The Leopard and the Cliff, 1978). Dès sa sortie, le roman connaît un succès considérable avec plus de dix éditions en anglais et des traductions en cinq langues. L'Aigle de Rome est à ce jour considéré comme un classique du genre «historique militariste».
En 1990, l'Association britannique et irlandaise des bibliothèques de droit (BIALL) institue en sa mémoire le «Wallace Breem Award».«Wallace Breem, écrit Steven Pressfield (Les Murailles de Feu), fait partie de cette très courte liste d'auteurs qui élèvent la fiction historique au niveau du meilleur de la littérature, tous genres confondus.» À 18 ans, W. Breem intègre l'école d'officiers de la British Indian Army avant de rejoindre en 1945 le Corps of Guides avec le grade de lieutenant. Après la partition des Indes, il rentre en Angleterre où il devient successivement ouvrier dans une tannerie, assistant vétérinaire et collecteur de loyers dans l'East End de Londres. En 1950, il intègre l'Inner Temple, l'une des quatre prestigieuses écoles de droit londoniennes où il devient successivement bibliothécaire puis conservateur des manuscrits. En 1970, il publie L'Aigle de Rome (Eagle in the Snow), bientôt suivi par deux autres romans (The Legate's Daughter, 1975 & The Leopard and the Cliff, 1978). Dès sa sortie, le roman connaît un succès considérable avec plus de dix éditions en anglais et des traductions en cinq langues. L'Aigle de Rome est à ce jour considéré comme un classique du genre «historique militariste».
En 1990, l'Association britannique et irlandaise des bibliothèques de droit (BIALL) institue en sa mémoire le «Wallace Breem Award».

4. La collection «Invicta» (Panini Books)

Avec sa nouvelle collection «Invicta», initiée par L'Aigle de Rome de Wallace Breem, les éditions Panini mettent à la portée du public francophone de passionnants romans historiques sur l'Antiquité (entre autres). Nous avons déjà eu l'occasion, sur ce site d'évoquer cette galaxie d'auteurs anglo-saxons (click). Outre un «Napoléon & Wellington» de Simon Scarrow voici, dans le sillage de la Ruée Barbare de 406, les reconstitution romancées de la retraite des 10.000 de Xénophon; la rude campagne d'Alexandre le Grand en Bactriane (Afghanistan); et la chute en Constantinople qui, en 1453, mit fin à l'Empire romain d'Orient.

15 octobre 2014
La marche des Dix-Mille (The Ten Thousand : A Novel of Ancient Greece, 2001)
Michael Curtis FORD,
Panini Books éd., coll. «Invicta»
ISBN : 2809439613 / EAN : 978-2809439618

Résumé
L'histoire authentique d'une odyssée magnifique, de dix mille guerriers grecs voulant retrouver leur terre, d'hommes devenus des dieux. En 401 av. n.È., Cyrus le Jeune, second fils de Darius II, roi des Perses, se soulève contre son frère aîné afin de lui ravir le trône. C'est avec cent mille Perses et dix mille Grecs — qu'il se met en route pour affronter Artaxerxès II «Longues Mains» à Cunaxa, en Mésopotamie. Cyrus et son armée y trouvent la mort mais les mercenaires hellènes, endurcis par trente années de guerre en Grèce, sortent vainqueurs du combat. Après avoir engagé de féroces batailles et assisté à d'indicibles horreurs, ils sont désormais seuls et sans provisions en pays hostile. Les Dix-Mille ne désirent rien d'autre que retrouver leur pays. Menés par Xénophon, jeune soldat inexpérimenté qui rêve de gloire, ils entament alors une marche désespérée à travers le désert, les flots tumultueux et les froides montagnes arméniennes. Forces hostiles, famine, maladies. Ils traversent l'enfer avant de rejoindre la Mer Noire.

La Guerre du Péloponnèse vient de s'achever. Xénophon, jeune aristocrate athénien qui a jugé bon de s'éloigner de sa patrie après la restauration de la démocratie (Thrasybulle, –403), accompagne en dilettante son ami le général spartiate Chirisophe commandant des mercenaires grecs (dont 800 Lacédémoniens). Après l'exécution de son mentor par les Perses vainqueurs, il lui faudra le remplacer au pied levé...

marche des dix mille, michael curtis ford
alexandre le grand, steven pressfield
constantinople, jack hight
 

11 février 2015
Alexandre le Grand. La campagne afghane (Alexander : The Afghan Campaign, 2006)
Steven PRESSFIELD,
Panini Books éd., coll «Invicta», PRIX EDITEUR : EUR 25.00
ISBN : 9782809444452

Résumé
Il y a 2.300 ans, l'armée d'Alexandre le Grand, invaincue, progressait en Asie et envahissait les terres d'une tribu de redoutables guerriers orientaux : les Afghans. Voici l'histoire d'un des soldats du plus grand conquérant de l'Antiquité... À travers les yeux de Matthias, un jeune fantassin de l'armée d'Alexandre le Grand, La Campagne Afghane explore les défis, à la fois militaires et psychologiques, auxquels Alexandre et ses soldats doivent faire face lorsqu'ils entreprennent une guerre d'un nouveau genre.
Ils sont contraints de s'adapter aux méthodes d'un ennemi impitoyable qui n'hésite pas à employer la terreur, à se cacher parmi les civils et recruter des femmes et des enfants pour en faire des combattants. Matthias rejoint l'armée d'Alexandre après la conquête de l'Empire perse, alors qu'elle progresse à travers l'Afghanistan, vers les richesses de l'Inde. Appartenant à une unité où se côtoient des recrues de son âge et des vétérans, le récit de Matthias raconte comment il devient soldat en suivant les stratégies de terre brûlée d'Alexandre, en expérimentant les joies et les tristesses d'une romance avec une jeune Afghane, et en affrontant la barbarie des Afghans, celle de ses compagnons d'armes comme la sienne.

Au XIXe s., l'Empire britannique s'y cassa le nez (1839-1919). L'Armée soviétique y fut éreintée (1979-1989), et de nos jours encore les Américains et leurs alliés s'y trouvent enlisés. C'est dans ces mêmes régions que se déroulèrent les opérations — moins connues du public — de la conquête macédonienne : les campagnes de Bactriane et de Sogdiane, toujours d'actualité. La Campagne Afghane prouve encore une fois la profonde compréhension de Steven Pressfield des espoirs et des souffrances des hommes au combat et des réalités historiques qui continuent à influencer notre monde. Du même auteur américain, on se souviendra de ses flamboyantes Portes de Feu (Gates of Fire, 1998) retraçant la bataille des Thermopyles.

 

4 mars 2015
Constantinople : Le siège (Siege, 2010)
Jack HIGHT,
Panini Books éd., coll. «Invicta»
ISBN : 2809444250 / EAN : 978-2809444254

Résumé
An 1453. Depuis plus de mille ans, les imposantes murailles de Constantinople ont protégé la capitale de l'Empire romain d'Orient, le plus éloigné avant-poste du christianisme. Mais désormais, des colonnes interminables de soldats turcs recouvrent la plaine devant elles, leurs imposants canons braqués vers les remparts. C'est la force la plus redoutable que le monde a jamais vue. Aucune armée européenne ne viendra : les derniers croisés ont été mis en pièces par les Turcs sur les plaines du Kosovo. Constantinople ne peut compter que sur elle. Et la trahison est dans l'air. Trois personnes vont se battre pour le destin d'un empire : le jeune sultan turc, Mehmed, rentré d'exil et prêt à tout pour prouver sa grandeur, une princesse byzantine obstinée, qui a juré de protéger sa ville, et un mercenaire endurci, Giovanni Longo, qui a des comptes à régler. Mais c'est le soldat qui va faire face au plus difficile des choix : alors qu'il se prépare à ce qu'il pense être sa dernière bataille, il fait une découverte qui va lui donner une raison de vivre.


NOTES :

(1) Selon saint Jérôme, les Vandales ariens ne s'interdirent point en cet hiver 406-407 d'allègrement massacrer et «par milliers» les paroissiens de Mogontiacum en leur église (nous y reviendrons). Selon Grégoire de Tours (Hist. Francs, II), le Goth arien Évarix en Gaule et, en Espagne, le Vandale arien Thrasamund (ca 460-523), arrière-petit-fils de ce Godégisel tué lors de la traversée du Rhin, firent périr en grand nombre les catholiques qui refusaient de se convertir, notamment telle pieuse jeune fille - dont bizarrement il n'a pas conservé le nom - qui, ayant refusé le baptême arien, fut soumise au chevalet, au feu et aux crocs de fer... - Retour texte

(2) À Rome, le «parti anti-barbares» en tirera argument pour justifier la disgrâce et l'exécution de Stilicon. - Retour texte

(3) PROSPER D'AQUITAINE [PROSPER TIRO, né en 390], Epitomia Chronicon, col. 590, mentionne le consulat d'Arcadius [Augustus VI] et Probus [Sextus Anitius (Petronius) Probus, en Occident] (click). - Retour texte

(4) Cf. Iaroslav LEBEDYNSKY, La Grande Invasion des Gaules (407-409), Lemme éd., coll. «Illustoria», 2012, pp. 49-52. Un ouvrage concis, qui fait le tour de la question. - Retour texte

(5) Sauf semble-t-il les fédérés Francs. - Retour texte

(6) Telles la I Flavia Gallicana (pseudocomitatenses) et I Flavia Metis (pseudocomitatenses) en Gaule [RICHARDOT, p. 92] ou les II Italiciani, I Flavia Pacis (comitatenses), II Flavia Virtutis (comitatenses) et III Flavia Virtutis (comitatenses). Cf. Philippe RICHARDOT, La fin de l'armée romaine (284-476), 3e édition revue et augmentée avec une traduction de la Notitia Dignitatum, Economica éd., coll. «Bibliothèque Stratégique», 2005, p. 94.
Si l'on examine la liste des troupes à la disposition du duc des Bretagnes, on trouve une assez longue énumération de cohortes ou d'ailes de cavalerie distinctes, sous le commandement de tribuns ou de préfets. Ce sont du reste également des préfets qui commandent les «VIe légion» (stationnée à York, semble-t-il) et «IIe légion» (stationnée à Richborough), qui plusieurs siècles auparavant, sous Claude, avaient toutes deux, avec les IX et XX, participé à la conquête de l'île [Notitia dignitatum - Occidentalis, in RICHARDOT, op. cit., pp. 110-112 et 100]. - Retour texte

(7) Ayant combattu pour l'usurpateur Magnence, ils avaient depuis - en punition - été transférés en Orient. À propos des Herculiani, on se reportera à l'Appendice 2. - Retour texte

(8) Notons que dans l'ordre de bataille augustéen, il y avait déjà plusieurs légions I, II, III etc. du fait de la refonte des légions de Pompée, César, Antoine, Octave etc. - Retour texte

(9) In DAREMBERG & SAGLIO, s.v. «Legio», pp. 1091-1093. - Retour texte

(10) Notitia dignitatum - Occidentalis, XL - RICHARDOT, op. cit., pp. 110-112. - Retour texte

(11) Not. Occ., XII - RICHARDOT, p. 95. Les Victores iuniores sont classées parmi les auxiliats palatins (RICHARDOT, p. 85), mais dans l'autre sens, à l'origine, les Joviens et les Herculiens l'étaient aussi avant de devenir des légions palatines. - Retour texte

(12) Not. Occ., VII - RICHARDOT, p. 97. - Retour texte

(13) Not. Occ., XXVIII - RICHARDOT, p. 100. - Retour texte

(14) DAREMBERG etc., op. cit., p. 1088. - Retour texte

(15) Page 78 de L'Aigle... les Legio XXX Ulpia et Legio I Minerva sont correctement situées en Germanie Supérieure, et la Legio VIII Augusta en Germanie Inférieure, à ce détail près qu'il convient - question de point de vue - d'inverser les Germanies Supérieure (qui est méridionale) et Inférieure (qui est septentrionale). Du nord au sud, donc, la XXX est à Xanten, la I à Bonn et la VIII à Strasbourg.
Plus loin, l'auteur énumère différentes légions qui autrefois furent stationnées à Mogontiacum : la IV Macedonica sous Auguste, la XIV Gemina après le désastre de Varus, la XXII Primigenia à la mort de Néron (anéantie par les Alamans ainsi que la IV, un siècle auparavant) et, enfin, la XXX, qui demeura dans la capitale de la Rhénanie-Palatinat jusque sous Hadrien (L'Aigle..., p. 200).
En fait, sous Trajan, seule la XXII Primigenia est à Mogontiacum. La IV Macedonica est alors à Troesmis, dans le delta du Danube; est également sur le Danube la XIV Gemina, à Carnuntum (Altenburg, à l'ouest de Vienne); enfin la XXX «créée par Domitien» - mort en 96 -, plus probablement créée en 105 par Trajan comme le suggère son surnom de XXX Ulpia, est stationnée à Vetera (Birtem, près de Xanten). - Retour texte

(16) Entendez les cuirasses. - Retour texte

(17) VÉGÈCE, Traité de l'art militaire [Epitoma rei militaris], trad. Victor Develay (1859). - Retour texte

(18) Honorius épousera successivement deux filles de son protecteur Stilicon : Marie (398) et Thermantie (408). La première, Marie, mourra vierge après dix ans de mariage ! Il répudiera la seconde l'année même de ses épousailles. - Retour texte

(19) Orose (Contre païens, VII, 41.8 - cité par LEBEDYNSKY, op. cit., p. 62) semble se réjouir de la future conversion des Huns, Suèves, Vandales et Burgondes. - Retour texte

(20) Ce Constantin III est le Custennin ap Selyf des chroniques galloises, que dans son Histoire des Rois de Bretagne, GEOFFREY DE MONMOUTH présente comme un parent d'Uther Pendragon. Cf. la compilation de Jacques BOULENGER, Les Romans de la Table Ronde (Plon, 1941), U.G.E éd., coll. «10/18», n°s 498-500-502, 1971, 3 vols - vol. 1, p. 95. - Retour texte

(21) Varus disposait de cinq ou six légions : outre les trois disparues : la V Alaudae à Castra Vetera (Xanten - plus tard anéantie par Civilis, mais ensuite reformée) (?) et, à Mogontiacum (Mayence), sous le commandement de son neveu L. Nonius Asprenas, les XIII Gemina et XVI Gallica. - Retour texte

(22) Soit 16 années de service au lieu de 20, et doublement de la solde (un denier par jour, au lieu de dix as). - Retour texte

(23) Les lecteurs de Quo vadis ? se souviendront d'Aulus Plautius, dans le roman converti au christianisme et père adoptif de l'héroïne, l'otage Lygia. - Retour texte

(24) Ph. RICHARDOT, op. cit., p. 63. - Retour texte

(25) Ph. RICHARDOT, La fin de l'armée romaine (284-476), op. cit., 2005; Alain ALEXANDRA & François GILBERT, Légionnaires, auxiliaires et fédérés sous le Bas-Empire romain, Errance éd., coll. «Histoire vivante», 2009. - Retour texte