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Le Grand Défi
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Hercule, Samson, Maciste et Ursus
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Beaucoup de péplums «sérieux» ont
péché par un humour... involontaire. D'autres eurent
délibérément vocation parodique, sans toujours
être très drôles - songeons, par exemple, à
«Franco, Ciccio et Maciste dans la Vallée des
Larmes» (Franco, Ciccio e Maciste contro Ercole nella
Valle dei Guai, Mario Mattoli, 1962). Axé sur un «humour
de bistrot» et les coups de poings sur la tête, le
film de Mattoli - connu en France sous le titre non équivoque
de Deux Corniauds contre Hercule - gravitait autour du
tandem formé par Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, deux
comiques très populaires en Italie mais dont les lourdes
performances ne sortaient guère de la péninsule,
pas plus d'ailleurs que celles du célèbre Totò.
Quelques péplums de bonne facture ont néanmoins
joué plutôt sur l'ironie et la dérision, tels
O.K. Néron avec Walter Chiari, Carlo Campanini et,
dans le rôle de Néron, Gino Cervi ainsi que Silvana
Pampanini dans celui de Poppée (OK Nerone, Mario
Soldati, 1951). Une recette heureuse avec laquelle cinq ans plus
tard devait renouer Stefano Vanzina et ses Week-end de Néron
(en Belgique Les Plaisirs de Néron) dans lequel
Alberto Sordi (Néron), Gloria Swanson (Agrippine), Vittorio
de Sica (Sénèque) et l'encore débutante Brigitte
Bardot (Poppée) se donnaient la réplique (Mio
figlio Nerone, Steno, 1956). Mais le chef d'uvre absolu
du péplum décalé restera sans doute Les
Titans de Duccio Tessari où Giuliano Gemma quittant
les coulisses des comparses et faire-valoir (ainsi dans Ben
Hur) accédait au vedettariat avant de devenir une star
à part entière après avoir brillé
dans le western transalpin sous le pseudonyme de Montgomery Wood.
I. Le «muscle opera»
: Un petit rappel
Au début des années '50, le cinéma italien
a l'idée de ressusciter en scope et couleur les grands
films épico-historiques du Muet, avec du reste un apport
des Américains qui, désormais, viennent volontiers
planter leurs caméras à Cinecittà (Quo
Vadis, 1951; Hélène de Troie, 1955).
On sait que le péplum se prête bien aux nouvelles
possibilités qu'offre l'écran large : La Tunique
(20th Century-Fox) est le premier film en CinémaScope,
bientôt suivi par Le Calice d'Argent (Warner), et
imité par la Paramount (Vistavision) etc.
Côté italien, si La Reine de Saba (1952)
de Pietro Francisci et le Spartacus (1952) de Freda restent
en N&B et format standard, l'année suivante la Théodora
Impératrice de Byzance du même Freda est le premier
film européen en Eastmancolor, et bénéficie
des vastes architectures d'un complexe mussolinien abandonné
: l'E.U.R., l'Exposition Universelle de Rome (1943), qui n'eut
pas lieu du fait de la guerre.
En 1957, le principal concurrent de Freda, Pietro Francisci,
récupère les décors de l'Ulysse (1955)
de Mario Camerini - dont les Américains Kirk Douglas et
Anthony Quinn avaient été les vedettes. Lorgnant
vers le succès de Samson et Dalila (1949) de C.B.
DeMille - avec Victor Mature dans le rôle-titre - Francisci
a l'idée de combiner le retour à l'Antique en surfant
sur la vogue du culturisme (body-building) alors très
en vogue tant en Europe qu'aux États-Unis. C'est, paraît-il,
sa fille qui lui suggère d'embaucher Steve Reeves qu'elle
a eu l'occasion d'admirer dans la comédie musicale Athéna
et les sept surs (1954) de Richard Thorpe. Ce sera Les
Travaux d'Hercule (1957). Exactement comme Samson, Hercule
plie des barres de fer ou fait s'écrouler un palais en
en ébranlant les colonnes. Le propre du péplum est
de jeter des passerelles entre les civilisations. La mythologie
grecque comme l'Histoire romaine, mais aussi la Bible, bien entendu
- Ancien et Nouveau Testament confondus.
Samson et Dalila est sans doute, au moins
en partie, redevable de son succès au contexte politique
de l'époque : le film est sorti (1949) à peu près
simultanément avec la proclamation de l'État d'Israël
(1948). Samson y secoue le joug des oppresseurs Philistins (c'est-à-dire
les Anglo-Palestiniens). De même que dans les péplums
américains où les rôles de Romains sont attribués
à des acteurs britanniques, nous retrouvons dans les rôles
des oppresseurs philistins tel le Seren de Gaza, George Sanders,
mais encore les so british Angela Lansbury (Semadar) et
Henry Wilcoxon (Ahtur) (1).
La récupération ostentatoire d'un symbole imposé
par les Nazis fera le reste... Ainsi dans Ben Hur de Wyler,
le sheikh Ilderim accrochant une étoile de David à
la casaque du Juif Judas Ben Hur, qui va conduire son attelage
et déléguant ainsi métaphoriquement à
Israël la conduite du «char» palestinien.
Après Les Travaux d'Hercule, Francisci
récidive avec Hercule et la Reine de Lydie où
cette fois il télescope la reine Omphale de la mythologie
grecque avec l'Antinéa de L'Atlantide de Pierre
Benoit. Comme Antinéa, Omphale y collectionne les amants
qu'elle fait périr lorsqu'elle s'en est lassée.
Omphale était le centre de l'Univers, la Reine-Nombril
(omphalos, en grec, désigne le «nombril»).
Dans le mythe, elle achetait pour sept ans Hercule - vendu comme
esclave pour le meurtre d'Iphitos. Nous y reviendrons.
Comme Antinéa/Brigitte Helm dans L'Atlantide
de Feyder, Omphale/Sylvia Lopez prend la pose devant un
colossal visage de pierre...
... et statufie le corps des amants qui ont
cessé de lui plaire ! |
La défection de Steve Reeves, qui désire
ne pas se voir figé dans le personnage d'Hercule, ralentit
Francisci dans cette veine du «muscle opera» qu'il
avait initiée (2).
Il y reviendra néanmoins, cinq ans plus tard, avec Hercule,
Samson et Ulysse où il fera se rencontrer le Fils de
Zeus avec le Juge de Dan, Samson, tout droit sorti des Juges
(13-16). Hercule y rencontrait aussi, bien sûr, Dalila qui
pour le Seren de Gaza exécutait une danse des Sept Voiles
à relents sadomasochistes (click).
En effet, c'est la mèche d'un fouet manié par un
comparse qui, les uns après les autres, détachait
les voiles. Il y avait aussi une scène pénible où
l'on voyait des Juifs pendus par les Philistins tout de noir vêtus
et affublés de casques nazis. Une séquence qui rappelait
de sinistres événements encore frais dans les mémoires.
Steve Reeves ayant abandonné le rôle d'Hercule
pour se tourner vers d'autres figures historiques (Énée)
ou issues de la littérature populaire (Hadji Mourad, le
Voleur de Bagdad, Sandokan ou le Capitaine Morgan), le personnage
du Fils de Zeus est repris par plusieurs de ses confrères
culturistes comme Reg Park et Mark Forest.
Il faut plus spécialement
mentionner ici Reg Park dans Hercule à la Conquête
de l'Atlantide et Hercule contre les Vampires.
Hercule à la Conquête de
l'Atlantide. - Dans le premier, signé par Vittorio
Cottafavi, Hercule retrouvait la reine de l'Atlantide Antinéa
(Fay Spain), qui cette fois ne se travestissait plus sous l'identité
d'Omphale, reine de Lydie.
Hercule contre les Vampires. -
Dans le second, partiellement inspiré par la tragédie
d'Euripide Hercule furieux, le Fils de Zeus se mesurait
à une créature démoniaque, une sorte de vampire
issu des Enfers : Lycos (Christopher Lee). Dans le mythe grec,
croyant Hercule retenu prisonnier aux Enfers à l'issue
du douzième de ses travaux, l'usurpateur Lycos voulait
en effacer sa postérité en sacrifiant aux dieux
son épouse Mégarée et leurs trois fils.
C'est alors qu'Hercule revenait des Enfers, mais dans une crise
de folie suscitée par sa vieille ennemie, la déesse
Héra, armé de son arc il tuait lui-même épouse
et enfants.
Dans ce film de Mario Bava, l'infernal Lycos
usurpait non plus le trône de Thèbes, mais celui
d'chalie, dont Déjanire - une autre «fiancée»
d'Hercule - était la princesse. Lycos séquestrait
Déjanire dans un sarcophage, assumant ainsi sa possession
vampirique. Rien de surprenant à cela puisque Lycos est
interprété par Christopher Lee, resté fameux
comme interprète de Dracula dans les films de la Hammer,
mais aussi dans plusieurs films gothiques italiens.
Bien qu'aucune scène soit expressément
vampirique, dans Hercule contre les Vampires Christopher
Lee (Lycos) exhibe non pas les canines de Dracula mais les
incisives de Nosferatu... |
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II.
Une comédie de Boulevard
A. Les relations intergénérationnelles
Le film qui nous intéresse aujourd'hui, Le Grand Défi,
est absolument atypique, relevant de l'ironie plutôt que
de la parodie. Ou alors d'une parodie plus subtile qu'à
l'accoutumée, une comédie de boulevard en quelque
sorte ! Omphale n'ordonne-t-elle à ses jeunes suivantes
d'arrêter de dire des bêtises ? L'une d'elle lui répondant
avec effronterie : «Hercule aussi est sérieux
: tu as remarqué qu'il ne rit jamais ?»
Le pitch, serait la problématique des relations
intergénérationelles. La relation mère-fille
et père-fils.
1. Père-fils
Hercule a un sévère différend avec son «papa»,
si bien que, malgré ses larges épaules et ses puissants
pectoraux, il a du mal à se faire reconnaître pour
ce qu'il est : le Fils de Zeus ! «N'importe qui peut
se présenter ici en prétendant être le Fils
de Zeus. Encore lui faudrait-il le prouver. Ses exploits sont
tellement connus que n'importe qui peut les raconter»,
lui rétorque en substance la reine de Lydie.
Car c'est Hercule lui-même qui - à la croisée
des chemins - comme un ado rebelle, a défié son
père. Dans les péplums «sérieux»,
Steve Reeves renonçait aux privilèges de son immortalité
et suppliait son père Zeus pour devenir un être humain
comme tout le monde et connaître leurs joies et leurs peines
(Les Travaux d'Hercule), tandis que - dans un même
ordre d'idée, clin d'il au public populaire lequel,
comme chacun sait, «ne se croit pas sorti de la cuisse
de Jupiter» - Mark Forest, révolté contre
la cruauté des dieux, leur déclarait virilement
et solennellement la guerre : «Je te renie, Zeus, dieu
stupide et cruel !» (La Vengeance d'Hercule) (3).
Soucieux de justifier sa légitimité, Hercule invoque
Zeus : «Holà papa, envoie ta foudre (et en
aparté : attention, c'est très impressionnant).
Ces mortels ne croient pas que je suis ton fils.» Naturellement,
papa Zeus boude son rebelle de fils. Et celui-ci se retrouve tout
penaud devant Néméa et son ministre Eurysthée,
soupçonneux et incrédules.
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Dans Le Grand Défi, Alan Steel/Hercule est, tout
simplement, lassé de jouer le héros sans peur et
sans reproche, un héros vertueux pour complaire à
son «papa», le Roi des Dieux. Il a enfin décidé
se s'assumer lui-même... Et d'aller s'encanailler en Lydie,
où les femmes sont, paraît-il, superbes ! Ah ! «...
Ce jeu de dupes, voir sous les jupes des filles» que
plus tard chantera Alain Souchon. Cela ne vous rappelle-t-il pas
vos surboums quand, ado, vous réclamiez la permission de
minuit ? Quatorze-seize ans, quand on se prend pour un héros,
pour Hercule, James Bond ou Che Guevarra et qu'on se révolte
contre l'ordre établi, celui des adultes, ses calculs,
ses compromissions ?... Le temps béni des «yaka,
yakapa, yzoraientdû, ifôdrèkeu» etc.
2. Mère-fille
Reine orgueilleuse, Néméa règne sur la Lydie
sans autre préoccupation que son bon plaisir. À
Aceste,un pauvre marinier dont le navire en face du port de Lydie
a coulé... avec le trésor qu'il transportait, elle
prononce sa sentence de mort : «Prendre la vie d'un pauvre
marin comme moi ne te rendra pas ton trésor !»,
proteste le marin. «Ne fais pas tant d'histoire pour
si peu», rétorque condescendante la reine.
Puisque celui-ci semble désireux de prouver qu'il est
bien «Hercule», son ministre Eurysthée lui
suggère d'en utiliser la force à quelque chose d'utile.
Comme, par exemple, renflouer le bateau contenant le trésor
dont elle est si fort chagrine. Hercule plonge, arrime un câble
et tire l'épave hors de la mer : la scène est un
clin d'il évident à Hercule
à la Conquête de l'Atlantide).
Mais la reine de Lydie est surtout une mère dépassée
par son ado de fille, Omphale : «Les enfants ne sont
plus ce qu'ils étaient !» Lorsque Hercule arrive
devant la reine Néméa et sa cour, portant entre
ses bras Omphale toute pantelante, celle-ci se dégage prestement,
se remet sur ses pieds avec agacement, comme une enfant prise
en faute. «Es-tu Néméa, reine de Lydie
?», interroge Hercule. «Eh oui, c'est elle»,
s'exclame Omphale. Puis, se tournant vers sa mère, un dédaigneux
: «Il s'appelle Hercule, à ce qu'il dit !»
Et quand la reine vante les qualités, le charme, la prestance,
la force d'Hercule (qu'elle se verrait bien comme gendre), sa
fille rétorque avec effronterie : «S'il te plaît
tellement, tu aurais tort de te gêner.» Alors
Néméa de se lamenter : «Il n'y a plus d'enfants
!»
De gauche à droite : Néméa,
Eurysthée, Aceste (promu ambassadeur) et Omphale.
«Fabula acta est...» |
Occasion aussi de se moquer des diseuses de bonne aventure et
autre horoscopes, les oracles truqués constituent un autre
ressort du film. Ici, c'est l'oracle d'Astrée (4)
(présentée comme une sur d'Apollon). Si la
Sibylle d'Astrée veut garder son job, elle doit en tout
obéir à sa reine. Tous les coups seront permis
pour l'empêcher de faire consciencieusement son métier
: les soporifiques etc.
Mais lorsqu'Omphale et le nain Micron envisageront de fabriquer
un nouvel oracle interdisant - cette fois - à Hercule d'épouser
Omphale en vue de libérer ses projets amoureux avec Inor,
les scrupules n'étoufferont pas la jeune fille :
MICRON (avec lassitude) : (...) Il se moque de la volonté
de son père.
OMPHALE (outrée) : Les enfants doivent obéir
à leurs parents !
MICRON (cynique) : Écoutez l'hôpital qui se
moque de la charité.
À en croire Omphale, seuls les dieux ont le pouvoir d'éluder
les lois naturelles. N'empêche que la petite finaude connaît
aussi un certain «faites ce que je vous dis, ne faites
pas ce que je fais».
B. De la notoriété
publique
L'apologue du sophiste Prodicos de Céos est bien connu.
Il nous a été conservé par Xénophon
dans ses Mémorables (II, 1), mais sera repris par
Cicéron, Silius Italicus, Maxime de Tyr etc. - inspirant
même Haendel un Die Wahl des Herakles. Arrivé
à un carrefour, le jeune Hercule doit choisir entre la
voie indiquée par Arètè (la Vertu)
et celle de Tryphè (la Volupté). Le Grand
Défi va, bien évidemment, prendre l'apologue
à contre-pied. Donc, chevauchant dans la campagne, Hercule
arrive à une bifurcation. La céleste voix de son
paternel Zeus lui intime de choisir entre celui de gauche qui
mène à la Sagesse et celui de droite qui conduit
à l'Aventure. Déterminé à aller s'encanailler
au royaume de Lydie où les filles sont sublimes, Hercule
choisit d'aller à droite, malgré les vindicatifs
jets de foudre de son papa : «Depuis des années
je suis la voie de la vertu. Maintenant c'est à moi de
choisir !»
Bien décidé, donc, à aller se divertir en
Lydie, Hercule y est de prime abord ensorcelé par la jeune
Omphale (salaud de «papa», qui a tout manigancé
depuis l'empyrée où il réside !, grommelle
en substance le héros). On n'imagine pas semblable scène
dans la Grèce historique où tout se négocie
entre mâles (5).
Cependant le héros s'agenouille devant Néméa
dans l'attitude du soupirant proposant mariage : «Je
ne suis pas une divinité. (...) Mais je suis un
bon parti, un DEMI-DIEU.» Un brin maquignon, Hercule
argumentera encore auprès de Néméa : «Ouais,
ouais... J'ai tout lieu de penser que c'est mon propre père
qui - pour empêcher son cher petit de s'adonner au plaisir
- m'a rendu amoureux d'Omphale. [Temps.] Le choix me convient
: beauté, haute naissance, excellente dynastie...»
Mais notre héros va d'emblée se heurter à
des réticences : «Tu comprendras que je ne puis
donner ma fille au premier venu qui prétend être
Hercule», comme objectera prudemment la reine Néméa.
«Je t'aurais fait rendre gorge pour cette insulte, si tu
n'étais pas une femme», explose Hercule.
Hercule commente ses travaux : «Cacus
? Ce n'était pas un grand exploit, en vérité.
Un voleur sans envergure. Un débutant qui s'était
permis de me voler deux taureaux, à moi Hercule ! Alors
que je venais de m'emparer de tous ceux de Géryon !»
«- Le dixième de tes Travaux !», apprécie
Eurysthée. «Sais-tu comment je l'ai réalisé
? Il s'était caché dans une caverne ! Je lui ai
arraché le foie d'un coup ! Comme ça !»
Et il rompt la pièce de viande qu'il tenait en main.
C. Des personnages récurrents
Le florilège qui précède nous a fait croiser
les principaux protagonistes du Grand Défi. Dans
le cinéma historico-mythologique de Cinecittà il
est de bon ton, en effet, de sans cesse recycler une poignée
de personnages comme Eurysthée/Eurytos, Antée ou
Lycos dans le rôle du méchant; Iole, Déjanire,
Omphale ou Mégarée dans le rôle de l'épouse
ou de l'amante. À chaque coup en tentant - bien entendu
- de trouver de nouveaux développements (songeons aux multiples
déclinaisons de Dracula dans le cinéma anglo-saxon
de l'Universal ou de la Hammer). Faire du neuf avec de l'ancien,
histoire de réveiller l'intérêt du public,
de le surprendre. Bref, de ne jamais inventer que ce que le consommateur
du samedi soir avait déjà oublié depuis la
dernière fois.
1. The Fantastics Four
Il n'est pas rare de voir se retrouver des personnages de
superhéros souvent créés séparément.
Ainsi dans les comics de la Marvel, les Four Fantastics
ou les Avengers. Symbolisant les quatre éléments
- air, feu, terre et eau - l'Homme élastique, la Femme
invisible, la Torche humaine et la Chose, auxquels viendra s'ajouter
le Surfer d'argent, les «Quatre Fantastiques» forment
une équipe de choc toujours prête à déjouer
les diaboliques projets de pittoresques criminels. Pareil pour
le team formé par les «Vengeurs» Iron Man,
Captain America, le colosse Hulk vert de colère, l'archer
il-de-Faucon, la Veuve Noire et le dieu scandinave Thor,
éminentes figures de la mythologie populaire américaine
dont les prouesses seront à plusieurs reprises portées
à l'écran. En somme, ces superhéros de pulps
ne faisaient que reprendre les non moins improbables rencontres
imaginées par les péplums des Sixties.
Pour favoriser les amours - non réciproques
- d'Hercule et Omphale, Samson (qui avec ses cheveux a perdu
sa force), Maciste, Aceste et Ursus s'apprêtent à
organiser un combat truqué |
Après Samson contre Hercule (1961), Ulysse contre
Hercule (1961), Maciste contre Zorro (1963) ou Hercule,
Samson et Ulysse (1963), l'ironique Grand Défi
va, ultime hommage, une dernière fois réunir les
principaux protagonistes du «muscle opera», lequel
en 1964 s'essouffle. Hercule et Samson, bien sûr.
Et Maciste, vieille gloire du cinéma muet ressuscité
quatre ans plus tôt sous les traits de Mark Forest dans
Le Géant de la Vallée des Rois. Et naturellement
Ursus, tout droit récupéré à
la sortie de Quo Vadis ? Mais encore la reine de Lydie
Omphale, le tortueux Eurysthée et le fourbe Lycos...
a. Les méchants...
Du tyran d'Égypte Busiris, oublié
des cinéastes, au cruel roi de Troie Laomédon
(6)
et au brigand Cacus (auquel fait
finement allusion Le Grand Défi), notre grand redresseur
de torts ne fut jamais en manque d'ennemis à châtier
!
Dans ce rôle du méchant, la première
place devrait en bonne règle revenir à celui qui
condamna le héros à accomplir douze travaux : son
cousin Eurysthée (7).
Celui-ci fut incarné par Arturo Dominici dans Les Travaux
d'Hercule, où il n'est qu'un conseiller du roi de Thessalie
Pélias (8)
(tout comme dans Le Grand Défi d'ailleurs [acteur
non-crédité]) et Piero Lulli dans Le Triomphe
d'Hercule. Dans ce dernier film cependant, Eurysthée
était présenté comme un berger, demi-frère
d'Hercule, que celui-ci - décidément bipolaire !
- dans une autre crise de folie, finissait par assassiner.
Dans le téléfilm Hallmark Hercules (Roger
Young, 2005), c'est son frère jaloux Iphiclès (Luke
Ford), qui impose à Hercule ses travaux, et non plus Eurysthée
(Kristian Schmid). Intéressant téléfilm,
qui assume ses parti-pris (en l'occurrence explorer la lecture
d'une civilisation matriarcale préhellénique, chère
à Robert Graves).
Le tyran d'chalie (9)
Eurytos prend les traits brutaux de Broderick Crawford
dans La Vengeance d'Hercule (bizarrement devenu «Éeurytos»
dans la VF). Dans le mythe, le roi d'chalie Eurytos - archer
réputé - était le père d'Iole, dont
Hercule conquit la main au terme d'un tournoi nuptial. Mal lui
en prit, puisque c'est à cette occasion que son épouse
légitime Déjanire, jalouse, lui envoya la fatale
tunique de Nessos.
Quant au fils de Gé,
Antée, il fut interpétré par Primo
Carnera dans Hercule et la reine de Lydie et par Giovanni
Cianfriglia, promu tyran de Syracuse dans Le Défi des
Géants (sans oublier Mark Newham dans le téléfilm
Hercule et le Cercle de Feu, 1994).
Enfin Lycos qui, à l'écran,
est tyran d'chalie et non plus de Thèbes, a prit
les traits de Massimo Serato dans Les Amours d'Hercule
et ceux de Christopher Lee dans Hercule contre les Vampires.
b. Les amantes et les épouses...
Dans la mythologie Hercule, symbole de virilité, connut
maintes et maintes femmes qui lui firent «l'amitié
de leurs cuisses» comme aurait dit le bon Homère.
Adepte, peut-être, de la sexualité de groupe, il
engrossa en cinquante nuits les cinquante filles du roi Thespios
- avant même que de s'attaquer à ses légendaires
douze travaux.
Au début de la saga cinématographique,
la jeune fille convoitée est Iole (Sylva Koscina).
Fille d'Eurytos d'chalie dans le mythe, elle devient - avec
son frère Iphitos - la fille de Pélias roi d'Iolcos
le temps des deux premiers opus de P. Francisci. En revanche,
elle disparaîtra complètement dans le troisième
volet franciscien, Hercule, Samson et Ulysse (1963). Dans
le mythe, Hercule, avant d'allumer son propre bûcher funéraire,
confiait Iole à son fils Hyllos. La Vengeance d'Hercule
semble y faire une lointaine allusion : le tyran d'chalie
Eurytos a une fille nommée non plus Iole mais «Théa»,
secrètement amoureuse d'Hyllos (Ilio, dans le film) fils
d'Hercule. Une rumeur distillée en vue de dresser l'un
contre l'autre le père et le fils, assure qu'Hercule convoite
Théa pour lui-même. Bien sûr, les deux jeunes
gens se retrouveront à la fin du film. Après les
deux films de Francisci, le nom d'«Iole» était
grillé dans la mémoire des spectateurs. Et maintenant
marié à Déjanire, le pur et dur Fils de Zeus
ne pouvait, à l'écran, commettre l'adultère
que, sans vergogne, il s'était permis dans le mythe (10).
Dans la série-TV Legendary Journeys of Hercules,
Iole nous reviendra sous les traits de Marlee Shelton et cherchera
à s'immiscer dans le couple Hercule-Déjanire. Un
épisode qui d'assez loin s'inspire aussi du mythe (11);
mais qui s'en inspire tout de même ! (Action-pack Hercule
et le Monde des Ténèbres, 1994).
Fille du roi née de Calydon, Déjanire
est la fiancée d'Hercule dans Hercule contre les Vampires
et son épouse établie dans La Vengeance...
et ... à la conquête de l'Atlantide (Eleonora
Ruffo, dans les trois films) ou son amante dans Les Amours...
où Jayne Mansfield tenait le double rôle de Déjanire
et d'Hippolyte [12]).
Déjanire apparaît encore sous les traits d'Adriana
Ambesi [Audrey Amber] dans Le Défi des Géants
et de Liana Orfei dans Les Deux Corniauds contre Hercule (13).
Mais la Déjanire (Jany Clair), dont question dans Hercule
contre Moloch, préférait convoler avec le copain
d'«Hercule (14)».
Assez curieusement, la fille d'née n'apparaît
pas dans Le Grand Défi.
En 2005, Leelee «Jeanne d'Arc» Sobieski incarnera
encore Déjanire dans le téléfilm Hercules
(Roger Young, 2005).
Dès le début de la saga à
Cinecittà, Omphale (Sylvia Lopez) devenait la maîtresse
du héros dans Hercule et la Reine de Lydie tandis
que, très brièvement, celle qui fut sa première
épouse, Mégarée (Barbara Florian [15]),
apparaissait agonisante dans les premières images des Amours...
Dans le mythe, tuée par son mari au cours d'une crise de
démence, Mégarée était la cause de
sa vente comme esclave à Omphale (16),
(17). Dans ces mêmes
Amours..., l'Amazone Néméa (Moira
Orfei) - personnage fictif - se sacrifiait pour permettre au héros
d'échapper aux griffes de la cruelle reine Hippolyte.
D. Hercules strike again
Trente années plus tard, des Australiens accorderont au
Grand Défi une «seconde vie» en le phagocytant
pour en extraire la substantifique moelle d'un curieux Hercules
Return au cours duquel des cinéphiles ne disposant
que d'une V.O. italienne la réinterprétaient eux-mêmes
en anglais... ou plutôt en argot «aussie». Hercule
en chanteur raté, Machiste homosexuel... l'amoureux transi
Inor y devenait «Testiculi» et sa petite Omphale une
«Labia» au sous-entendu à peine équivoque.
«Bouillon de culturisme»
Lire l'avis de FAL dans «Le Salon littéraire»
: click |
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III.
Appendices
A. Les film-makers
1. Giorgio Capitani
Giorgio Capitani est un réalisateur italien né à...
Paris en 1927. Il a démarré sa carrière en
tant que directeur de doublage, puis comme réalisateur
de films sentimentaux tel Delirio (1954 - coréal.
Pierre Billon), Il Pescatore de Posilippo (1955), Il
piccolo Vetraio (1955) ou La Trovatella di Milano (1956).
En 1962, il a coréalisé avec Rudolf Jugert et Georg
Marischka Le Livre de San Michele consacré au fameux
médecin suédois Axel Munthe.
2. Sandro Continenza (1920-1996)
Né et décédé à Rome (13 juillet
1920-21 novembre 1996) à 76 ans. Il a scénarisé
quelque 155 films entre 1949 et 1996 (TV 2005) dont 15 péplums.
Soit un titre sur dix, les premiers étant des comédies
: OK Néron (1951) et Les Week-ends de Néron
(1956).
On retrouvera sa patte dans quelques bandes particulièrement
prestigieuses comme Les Amours d'Hercule (1960), Hercule
à la conquête de l'Atlantide (1961) et Hercule
contre les Vampires (1961), aussi ne s'étonnera-t-on
pas de lire son nom au générique du Grand Défi
dont il a assuré non seulement la veine comique, mais les
retrouvailles avec des personnages comme l'inquiétant Lycos
des ... Vampires, ou Néméa, l'amazone amoureuse
d'Hercule (Mickey Hargitay) dans Les Amours.
II. Casting
1. Alan Steel (Hercule)
(Sergio Ciani, 1935)
Ancien lutteur, ensuite passé au culturisme. Son premier
rôle fut dans Ben Hur : c'est lui qui appelle les
chars par leur numéro, pour les disposer sur l'aire de
départ. Ensuite, il est engagé comme doublure de
Steve Reeves dans Hercule et la Reine de Lydie et La
bataille de Marathon (dans celui-ci, sous son véritable
nom de Sergio Ciani au générique). Il tient des
rôles de second plan dans les films de Gianfranco Parolini,
avec Brad Harris (Hercule se déchaîne; Samson
contre Hercule; Cinq hommes contre un Empire) ou de Domenico
Paolella, avec Dan Vadis (Ursus le Rebelle). Ensuite il
végète dans quelques productions bas-de-game de
Fortunato Misiano.
Lorsqu'Alan Steel signe son contrat avec les producteurs du Grand
Défi, on lui fait miroiter qu'il tournera sous la direction
de Pietro Francisci ou de Vittorio Cottafavi, les références
absolues en la matière. Sous la direction de Francisci,
Sergio - qui a pratiqué la lutte gréco-romaine -
avait démarré sa carrière cinématographique
en doublant Steve Reeves dans son combat contre le fameux boxeur
Primo Carnera, incarnant le géant Antée dans Hercule
et la Reine de Lydie. Il l'avait d'ailleurs une seconde fois
doublé dans La Bataille de Marathon, tout en y incarnant
le Spartiate Eurus.
Dans Hercule et la Reine de Lydie,
Alan Steel doublait Steve Reeves dans son combat contre
le boxeur Primo «Mighty Joe Young» (E.B. Schoedsack,
1949) Carnera dans le rôle d'Antée |
Tournage du Grand Défi
En fait, lui qui à ce moment a déjà tourné
dans une dizaine de péplums rasé de frais, n'apprécie
pas trop que, pour le rôle d'Hercule, on lui impose le port
d'une barbe. En outre, au lieu du réalisateur annoncé
il voit débarquer sur le set un débutant
: Giorgio Capitani qui, quatre années auparavant, avait
dirigé la seconde équipe de Thésée
et le Minotaure. Sergio Ciani-Alan Steel finit par claquer
la porte pour aller tourner en Tunisie Ursus l'Invincible (I
Magnifici Tre) dirigé par Gianfranco Parolini, avec
qui il avait déjà travaillé.
Distillé par son casque, un poison coulait dans ses yeux
le rendant momentanément aveugle et permettant sa défaite
face à un usurpateur incarné par Mimmo Palmara.
Palmara - quant à lui - avait été l'antagoniste
attitré de Steve Reeves dans la plupart de ses exploits
transalpins, y compris dans son tardif western de 1969, L'Évadé
de Yuma.
Entre-temps, Alan Steel a l'occasion de regarder les rushes
du Grand Défi. Il convient que ce n'est pas si mal,
mais que la doublure qui a pris sa place n'est pas très
convaincante. Il réintègre donc le film de Capitani.
Plus tard, il reconnaîtra que ce dernier avait mené
une carrière estimable.
Auprès des machinos il était, sur les plateaux,
réputé comme «le plus enthousiaste d'entre
tous» les interprètes du personnage de Maciste.
Après 26 films dont 14 péplums, Alan Steel arrêta
sa carrière cinématographique vers 1973-1974, son
ultime rôle étant celui d'un bandit sadique dans
un western transalpin (18).
Ce qui ne l'empêchera pas d'épisodiquement réapparaître
dans quatre films-bis entre 1976 et 1979.
Filmographie péplum d'Alan Steel
Hercule et la reine de Lydie (Pietro Francisci,
1959). Doublure de Steve Reeves
La bataille de Marathon (Jacques Tourneur, 1959).
Doublure de Steve Reeves / le Spartiate Eurus
Samson contre Hercule (G.F. Parolini, 1961). Hercule
[sous le pseudonyme de Walter Reeves]
Hercule se déchaîne (G.F. Parolini,
1962). Janak, le tueur muet
Ursus, gladiateur rebelle (Domenico Paolella, 1962).
Empereur Commode (avec Dan Vadis dans le rôle d'Ursus)
Cinq hommes contre un empire/L'Ancien Testament
(Gianfranco Parolini], 1962). Rôle : un des frères
Macchabées ?
Maciste contre Zorro (Umberto Lenzi, 1963) [Prod.
Fortunato Misiano - Romana Film]. Maciste (ou Samson dans la version
anglaise). Avec Pierre Brice (Zorro)
Goliath et le cavalier masqué (Piero Pierotti,
1963) [Prod. Fortunato Misiano - Romana Film]. Goliath/Paco (Hercule,
dans la version anglaise)
Samson contre le Corsaire Noir (Luigi Capuano, 1964)
[Prod. Fortunato Misiano - Romana Film]. William Smith, alias
Samson
Hercule contre Rome (Piero Pierotti, 1964) [Prod.
Fortunato Misiano - Romana Film]. Hercule (of course),
rebelle barbare...
Maciste contre les Hommes de Pierre (Giacomo Gentilomo,
1964). Maciste
Ursus l'Invincible (Gianfranco Parolini, 1964).
Ursus
Le Grand Défi (Giorgio Capitani, 1964). Hercule
Samson et le trésor des Incas (Piero Pierotti,
1964) [Prod. Fortunato Misiano - Romana Film]. Shérif William,
alias Samson.
2. Nadir Baltimore (Samson)
(Nadir Moretti)
Entre 1958 et 1977, Nadir Moretti ne comptera qu'une dizaine de
films à son actif... dont une contribution - dans un rôle
de modèle - à Juliette des Esprits de Fellini
(1965) et le rôle d'Étienne Devereaux dans l'incroyable
western-péplum Tre pistole contro Cesare (Enzo Peri
& Moussa Haddad, 1966), une coproduction de Dino De Laurentii
avec l'Algérie. Julius Cæsar Fuller (Enrico Maria
Salerno), un riche propriétaire du Far-West, se considère
comme la réincarnation de Jules César. Lorsqu'entouré
d'esclaves mexicaines nues, il prend son bain, son secrétaire
lui lit des extraits de ses propres uvres - dont le récit
par lui-même de son propre assassinat. Excusez du peu !
Dans Le Grand Défi, Nadir Baltimor incarne donc
Samson, marié
avec Dalila, laquelle - vénale, comme toujours se doivent
être les femmes, n'est-ce pas - accepte les cadeaux proposés
par les ambassadeurs lydiens. Mais se refuse à courir le
risque de voir son cher époux se laisser tenter par les
chattes en chaleur lydiennes. Air connu.
Une curiosité : ce film est sans doute l'unique apparition
du héros biblique coiffé - clin d'il - d'un
chapeau loubavitch, ordinairement porté par les
Juifs pratiquants.
3. Renato Rossini (Maciste)
(alias Howard Ross, ou Red Ross)
Il est né à Rome le 10 janvier 1941. Acteur et écrivain
il a, entre 1960 et 1995, joué dans 74 films.
Dans des rôles de comparse, on le verra dans une douzaine
de péplums dont Esther et le roi (1960), Maciste
contre les Mongols (1963), Maciste et le Trésor
des Tsars (1964) et Hercule l'Invincible (1964).
Dans Cabiria (1913), Maciste
- incarné par Bartolomeo Pagano, passé au cirage
- était une sorte de doublet de l'Ursus de Quo Vadis,
un bon géant, esclave noir attaché à la personne
de la jeune héroïne Cabiria que les Carthaginois voulaient
sacrifier à leur dieu Moloch. Maciste apparaîtra
dans une bonne vingtaine de films muets, et - dans les '60 - autant
de films scope-couleur.
Ursus, gladiateur arrogant et vénal,
face au généreux Maciste... |
4. Yann Larvor (Ursus)
(ou Yann L'Arvor)
Français. Après un petit rôle non-crédité
en 1958 (Premier Mai), on le voit incarner un des frères
de Georges Marchal dans Le Colosse de Rhodes (Sergio Leone,
1961). Sur ces entrefaites et suite à un concours, le magazine
Cinémonde le proclame l'«Apollon le plus sexy»(19).
Mais il lui faudra tout de même attendre trois ans encore
pour réapparaître à l'écran dans Le
Grand Défi où il incarne Ursus.
Il reviendra au (petit-)écran dans le téléfilm
de Pierre Tchernia, écrit par René Goscinny et Albert
Uderzo, Deux Romains en Gaule (Pierre Tchernia, 1967),
une variation sur le thème d'Astérix, où
il tient le rôle de modèle pour un sculpteur romain.
Sculpteur, une profession artistique que - du reste - il exerçait
lui-même. On note une ultime apparition à la TV en
1983, dans Dorothée, danseuse de corde.
Le film de Capitani présente Ursus
comme un gladiateur venu des arènes de Rome. À l'origine
il était le bon géant, garde du corps de la chrétienne
Lygie dans Quo Vadis.
5. ... et «little Goliath»
Arnaldo Fabrizio, le nain Goliath («Micron», dans
la VF)
La chose est bien connue : les Trois Mousquetaires étaient
quatre, et les quatre «muscle-men» du Grand Défi
se devaient d'être cinq. Car à côté
d'Hercule, Samson, Maciste et Ursus, il ne faut pas oublier «Goliath».
Comment les scénaristes de Cinecittà se sont-ils
débrouillés pour dédouaner le méchant
adversaire de David, dont parle la Bible ? Peu importe, le fait
est là. Aux États-Unis, le nom de Maciste (parfois
transcrit «Machiste») devient souvent «Son of
Hercules» ou «Son of Samson»; parfois encore
tout simplement «Atlas». Dans le «muscle opera»
le champion philistin devient le héros positif de plusieurs
péplums comme Goliath contre les Géants, Goliath
contre l'hercule noir ou, outre-Atlantique, Goliath against
the Vampire (Maciste contre le Fantôme).
Arnaldo Fabrizio tourne 13 films entre 1963 et 1976, dont la
moitié sont des péplums.
C'est (avec son collègue Salvatore Furnari) le spécialiste
des rôles de nains dans les films historico-mythologiques
ou de cape et d'épée - leur taille les prédisposant
à les rôles de bouffons, souvent savoureux. La version
américaine le nomme «Little Goliath»; moins
condescendante la version française en fait «Micron».
C'est lui qui, avec Omphale, bidouille un oracle qui obligera
le prétendant de la demoiselle à d'abord se mesurer
avec Samson, l'«Homme le Plus Fort du Monde».
Dans au moins trois films de Michele Lupo, Arnaldo Fabrizio
est nommé, par dérision (?), «Goliath».
Soit Le Retour des Titans (Maciste, l'Eroe più grande
del Mondo) (1963), Les Gladiateurs les Plus Forts du Monde
(Gli Schiavi più forti del Mondo) (1964) et Sept
gladiateurs rebelles (Sette contro tutti) (1965).
Arnaldo Fabrizio apparaît également dans Les Dix
gladiateurs (1963), dans le rôle de Glaucus, et dans
Hercule contre les Mercenaires (1964), où il est
le bouffon de Caligula.
6. Livio Lorenzon (Lycos)
(1923-1971)
Né le 5 mai 1923 à Trieste et décédé
le 23 décembre 1971 à Latisana (Friuli-Venezia),
Livio Lorenzon interprète entre 1957 et 1972, 86 films,
dont 20 péplums.
On se souvient de lui comme Igor, chef des Lombards dans La
Terreur des Barbares (1959) ou comme le brigand Barabbas dans
Ponce Pilate (1962). Comme beaucoup d'acteurs «à
gueule», Livio souffrait d'un problème d'alcoolisme
qui le rend spécialement savoureux dans un western italien
comme Texas Addio (1966), où il incarne un alcade
particulièrement ravagé : il débouche sa
gourde en jubilant... plop !... et un de ses hommes abat un peone
mexicain. Il se marre du haut de son cheval, fait durer le plaisir...
et plop... le prisonnier suivant est abattu.
Dans le péplum, spécialement anthologique fut
sa prestation dans La Révolte de Sparte, version
à l'antique du Capitaine Fracasse. Il y incarne
Némète, un comédien ambulant dans la troupe
duquel se cache le héros, Kéros, voyageant ainsi
incognito de Sparte à Athènes. Retenons la dernière
sortie de notre saltimbanque, mortellement blessé lors
de la bagarre finale : «La dernière scène,
Kéros. (...) Non, non je ne crains pas la mort,
tu sais : c'est ma «grande scène»... Je suis
mort tant de fois, dans ma vie... Ecoute... (moribond, mais
déclamatoire :) «Je vois le portail d'Hadès
- Toute ma force s'est enfuie - Je sens s'échapper la vie
- Emporte-moi pour ce dernier voyage, ô Mort».
(Se reprenant :) Et c'est alors... qu'on applaudit...»
(Il expire).
«Plaudite, ciues ! Fabula acta est...»
Pittoresque brute chauve, Livio Lorenzon incarne
Lycos |
7. Luciano Marin (Inor)
Acteur puis assistant réalisateur, il naît à
Rome le 9 décembre 1931. Entre 1956 et 1988, il apparaît
dans 28 films dont 12 péplums.
L'éternel beau gosse amoureux du péplum, mais
un poil en dessous d'Ettore Manni - qui est, lui, l'éternel
beau et dur centurion...
Ici, il incarne Inor, fils du méchant chef barbare Lycos
- le précité Livio Lorenzon.
8. Elisa Montès (Omphale)
De son vrai nom Elena Ruiz Penella, Elisa Montès est une
actrice espagnole née le 15 décembre 1936 à
Grenade, en Andalousie. Entre 1954 et 1995, elle apparaît
dans 66 films, dont un unique péplum : Le Grand Défi
(ou deux si l'on comptabilise Erik le Viking (1965), où
son physique latin la prédisposait à incarner l'indienne
Wa-Ta-Wa).
Dans Le Grand Défi, elle interprète Omphale,
fille de Néméa reine de Lydie. Pas évident
de reprendre un rôle précédemment tenu par
la pulpeuse Sylvia Lopez dans Hercule et la Reine de Lydie.
C'est autour d'elle que va s'articuler la comédie, car
la belle est amoureuse d'Inor, le ci-devant bellâtre de
service (Luciano Marin). Aussi, pour se débarrasser de
l'importun Hercule, va-t-elle inventer un oracle assurant que
le Fils de Zeus ne pourra l'épouser que si au préalable
il vainc Samson, l'«Homme le Plus Fort du Monde».
Ulcéré par l'idée d'une
alliance avec la Lydie, Lycos s'apprête à brûler
vive la princesse Omphale, sous les yeux de son amoureux
de fils. Heureusement, un de ses amis - Nador - s'interpose... |
9. Moira Orfei (Dalila)
Quarante-deux films entre 1960 et 1990, dont 15 péplums.
Son physique n'était pas sans faire songer à Gianna
Maria Canale, mais en moins félin.
Née Miranda Orfei à Codroiso (Udine) le 31 décembre
1931, cette actrice est issue du monde forain (click
et click).
Son père Riccardo et ses frères Paolo et Mauro étaient
des acrobates réputés. Et sa cousine Liana Orfei
était également une vedette de cirque qui, elle
aussi, tournera dans de nombreux péplums.
Toutefois, si la blonde Liana fut vouée aux rôles
d'ingénue, la brune Moira fut plutôt dirigée
vers des rôles de femme fatale ou de méchante reine
telle Halis Mojab dans Maciste l'Homme le plus Fort du Monde
(1961), Poppée dans Rome en flammes ou la cruelle
Attea dans La Fureur d'Hercule.
Ici, elle est Dalila.
Détail amusant : c'est sa cousine la blonde Liana qui,
presque simultanément, incarnera cette même Dalila
dans Hercule, Samson et Ulysse de Pietro Francisci (click).
Dans Le Grand Défi, Moira Orfei
incarne Dalila, l'épouse quelque peu jalouse de Samson.
Dans les péplums elle était habituée
du rôle des méchantes reines comme ci-dessous
dans Maciste dans la Vallée des Lions (Ursus nella
Valle dei Leoni)
|
10. Hélène Chanel
(grande-prêtresse)
Cette actrice française est née à Deauville
le 12 juin 1941, et est la sur de Nicole Stoliaroff. Entre
1959 et 1977, elle a joué dans une demi-douzaine de films,
dont seulement deux péplums. Dans Le Grand Défi,
elle est la grande prêtresse, l'Oracle que tout de monde
manipule à son corps défendant.
Précédemment, dans Maciste en Enfer (R. Freda,
1962), elle avait incarné Fania, une âme errante. |
-----oOo----- |
IV.
Fiches
Grand Défi (Le) :
Hercule, Samson,Maciste et Ursus
Grand Défi (Le) : Hercule, Samson, Maciste et Ursus,
les Invincibles |
IT, 1964
|
Ercole, Sansone, Maciste, Ursus
- Gli invincibili
War of the Giants / Hercules, Maciste, Samson and Ursus vs.
the Universe [EU]
Samson and the Mighty Challenge [GB]
Stunder der harten Männer (Die)
Combate de gigantes [SP] / Furia des Gladiadores[SP]
Triumph of the Giants [?]
Prod. : Senior Cinematografica (Giorgio Cristallini) (Rome) -
Les Films Régent (Paris) - Productores Exibidores S.A.
(Madrid) / Eastmancolor / Ultrapanoramic / 96' [EU]
Fiche technique
Réal. : Giorgio CAPITANI; Scén. et hist. : Sandro
CONTINENZA & Roberto GIANUITI (d'après une idée
originale de Giorgio CRISTALLINI); Images : Carlo BELLERO (Op.
cam. : Gaetano VALLE; Assist. op. cam. : Adolfo TROIANI; Prises
de vues sous-marines : M. MANUNZA); Prod. : Giorgio CRISTALLINI;
Dir. prod. : Attilio TOSATO; Assist. prod. : Carlo MONTEGAZZA;
Assist. réal. : Michele De FILIPPIS; Maq. : Angelo MALANDRUCCO;
Coiff. : J. CONTI & A. FERRI; Son : M. Del PEZZO & R.
CADUERI; Dir. art. : G.F. RAMACCI; Set Decorator : Vittorio ROSSI;
Habill. : Rosalba MENICHELLI C.S.C.; Mont. : Roberto CINQUINI;
Assist. mont. : Gianpiero GIUNTI; Scripte : Luigina LOUARI; Phot.
plateau : Sergio MIRAGLIA; Eff. spéc. : E. RUIZ & NATHANSON;
Réal. 2e éq. : Giorgio CRISTALLINI; Costumes : Casa
d'Arte V. CIARLO; Chaussures : POMPEI; Wigs : CARBONI; Props :
TANI; Equipement technique DePaolis IN.CI.R. (Rome): Laboratoires
S.P.E.S. - E. CATALUCCI; Musique comp. et cond. par : Piero UMILIANI
(Musique publiée par : Firmamento, Rome).
Fiche artistique
Alan STEEL [Sergio CIANI] (Hercule) - Nadir BALTIMOR[E] [Nadir
MORETTI] (Samson [20])
- Red (Howard) ROSS [Renato ROSSINI] (Maciste) - Yann LARVOR [Yann
L'ARVOR] (Ursus) - Hélène CHANEL (grande-prêtresse)
- Nino DAL FABRO - Arnaldo FABRIZI (Micron VF [Goliath V.Angl.])
- Livio LORENZON (Lycos, père d'Inor) - Luciano MARIN (Inor)
- Elisa MONTES (Omphale) - Moira ORFEI (Dalila) - Maria Luisa
PONTE (aubergiste) - Conrado SAN MARTIN (Aceste, le marin) - Lia
ZOPPELLI (reine Néméa) - Valentino MACCHI C.S.C.
- Nino MARCHETTI - Carlo TAMBERLANI - Attilio TOSATO - Nino Del
FABBRO - Attilio DOTTESIO.
NOTES
Studios DePaolis IN.CI.R. (Rome) & Filmservis (Madrid). Version
anglaise : Renato CALDONAZZO; I.D.S. International Dubbing Service
(Recorded by International Recording Westrex Recording System).
Recette certifiée en Italie, au 30 juin 1963 L. 119.302.228
(Bolaffi 1956-1965, p. 276).
Vidéographie
DVD : Le Grand Défi, Artus Films (sortie : 7 avril
2015
Format : Couleur, Plein écran, Cinémascope, PAL
/ Audio : Italien (Dolby Digital 2.0), Français (Dolby
Digital 2.0) / Sous-titres : Français / Région :
Toutes / Rapport de forme : 2.35:1 / Nombre de disques : 1 / Éditeur
: Artus Films / Durée : 95'
Contenu additionnel : «Les Quatre Invincibles», par
Michel Éloy (53') / Diaporama d'affiches et de photos /
Bandes-annonces
|
SCÉNARIO
Lassé d'une vertueuse existence au service du bien, Hercule
- à la croisée des chemins - est sommé par
son «papa» Zeus de choisir entre le Plaisir et le
Devoir. Cette fois, il opte délibérément
pour le plaisir et prend la route de la Lydie, réputée
pour la beauté de ses femmes. À peine arrivé,
il sauve de la noyade et tombe amoureux d'Omphale, la très
jolie fille de la reine Néméa. Mais cet amour n'est
pas partagé, car Omphale aime Inor - qui est le fils du
terrible Lycos, l'ennemi acharné de Néméa.
Les deux jeunes gens doivent donc s'aimer en secret.
Obligée par sa mère de faire semblant d'accepter
la cour que lui fait Hercule, Omphale a recours à un subterfuge.
Avec l'aide du nain Micron, elle truque l'oracle de façon
à lui faire dire que les dieux consentiront au mariage
d'Omphale et d'Hercule, si ce dernier réussit à
vaincre Samson, l'Homme le plus fort du Monde. Hercule est perplexe
: «Mais c'est moi, l'Homme le Plus Fort du Monde ! Je
ne puis donc me battre contre moi-même !»
Sollicité par les ambassadeurs lydiens accompagnés
d'Ursus et de Maciste, rencontrés en route, Samson accepte
bien volontiers le défi, mais son épouse Dalila
- jalouse à l'idée de le savoir en visite au «royaume
des jolies filles» - lui coupe les cheveux, le privant ainsi
de sa force. Les ambassadeurs chargés d'organiser le combat
ne comprennent pas les raisons de la subite faiblesse de Samson
et le kidnappent.
Samson suit donc Maciste, Ursus et les ambassadeurs lydiens jusque
dans le royaume de Néméa, avec l'idée d'aider
Hercule à obtenir la main d'Omphale par un combat truqué
puisque Samson n'est plus en mesure de tenir tête au demi-dieu.
Mais le plan ne réussit pas car Inor, avec l'aide de quelques
amis fidèles, enlève Samson. Premier conseiller
de la reine Néméa, l'astucieux Eurysthée
a l'idée de canaliser la colère d'Hercule (dépité
d'avoir recours à la tricherie) contre les troupes de Lycos
qui perpétuellement menacent le Royaume de Lydie. Hercule
triomphe de Lycos, le fait prisonnier avec toute sa troupe, Inor
compris. Il découvre alors qu'Omphale aime Inor, aussi
décide-t-il - avec sa générosité habituelle
- d'aider les deux jeunes gens à s'aimer malgré
l'opposition de Néméa.
Après bien des péripéties, l'idylle trouvera
une heureuse conclusion.
Heureusement, tout est bien qui finit bien... |
|
-----oOo----- |
Hercules
Returns |
Australie, 1993
|
Hercules Returns
Hercules Returns [AUSTRALIE]
Prod. : Roadshow (Melbourne) (présenté par Philm
Productions) / 82'
Fiche technique
Réal. : David PARKER; Scén. : Des MANGAN (développement
du «Live Show» Double Take Meet Hercules écrit
et réalisé par Des MANGAN); Images : David CONNELL
A.C.S.; Prod. exéc. : Peter WINTER; Prod. : Philip JAROSLOW;
1er assist. réal. : Euan KEDDIE; 2e assist. réal.
: Tony GILBERT; Création cost. : Aphrodite KONDOS; Mont.
: Peter CARRODUS; Prod. désign. : Jon DOWDING; Son : Lloyd
CARRICK; Prod. mgr : Lesley PARKER; Assist. réal. : Euan
KEDDIE; Dir. art. : Georgina CAMPBELL; Focus Puller : Kathy CHAMBERS;
Clapper Loader : Trish KEATING; Sound Recordist : Lloyd CARRICK;
Boom Operator : Craig BEGGS; Gaffer : Ian DEWHURST; Best Boy :
Robby HECHENBERGER; Key Grip : Rob HANSFORD; Assistant Grip :
Rod SHORT; Scripte : Kristian Voumard; Maq./Coiff. : Rochelle
FORD; Assist. maq./coiff. : Sue KELLY; Assist habill. : Margot
McCARTHY; Coord. prod. : Trish CAMEY; Compable de prod. : Sineka
WINTER; Assist. décors : Hugh RICHARDS; Stand-By Props
: Wain FIMERI; Dir. art. 2e éq. : Bernie WYNACK; Art Department
Assistant : Jane PARKER; Construction High Rise Flats; Construction
Manager : Ken HAZELWOOD; Set Finisher : Alexander GRANT; Location
Manager : Chris ODGERS; Unit Managers : Andy PAPPAS & Kevin
MORRISON; Production Runners : Christian GIBSON & Gavin WINTER;
Secrétaire prod. : Sandra PAYNE; Special Effects : FILMTRIX
Pty Ltd., Peter STUBBS, Jeff LITTLE Stunts and Safety : NEW GENERATION
STUNTS, Arch ROBERTS, Mark HENNESSY; Eel Wranglers : Georgina
CAMPBELL, Wain FIMERI, Jon DOWDING; Eel Wrangling supervisor :
Phil JAROSLOW; Assist. réal. : Aida INNOCENTE; Phot. plateau
: Jennifer MITCHELL; Catering : SWEET SEDUCTION; 3e assist. réal.
: Andrew WILLIAMS; Assist. mont. : Alan WOODRUFF; Mixage son :
Steve BURGESS; Assist. mixage son : Paul PIROLA; Mont dial. :
Bruce EMERY; Foley Editor : Gerry LONG; Effects Editor : Garetn
VANDERHOPE; Sound Facility Supervisor : Helen FIELD; Music Coordinator
: Gary HARDMAN; Music Licensing : Christine WOODRUFF; Music Video
Director : Mark HARTLEY; Sound Facilities : SOUNDFIRM Pty Ltd.
(Melbourne); Special thanks to Carolyn Harper the Palais Theatre,
Melbourne; Post-Production Facilities : MIKE REEDS POST PRODUCTION;
Laboratory : CINEVEX FILM LABORATORIES; Laboratory Liaison : Ian
ANDERSON & Grant MILLAR; Equipement camera : CAMERAQUIP Pty
Ltd.; Générique : OPTICAL & GRAPHIC; Musique
: Philip JUDD (compositeur pour les séquences modernes).
|
Fiche artistique
David ARGUE (Brad McBain) - Bruce SPENCE (Sprocket) - Mary COUSTAS
(Lisa) - Michael CARMAN (sir Michael Kent) - Brendon SUHR (King)
- Margaret POMERANZ (critique de film) - Ivan HUTCHINSON (critique
de film) - Alan STEEL (Hercule) - Nadir BALTIMORE (Samson) - Red
ROSS (Maciste) - Yann LARVOR (Ursus).
Voix : Des MANGAN (Hercule, Samson, Machismo, Ursus, Testiculi)
- Sally PATIENCE (Labia, Muriel, Fanny, Dalila) - Matthew KING
(Charlie) - Brendon SUHR (King) - Nick POLITES (Phone Executive)
- Lance ANDERSON (Wolf Whistler) - Laurie DOBSON (Barman) - Richard
MOSS (Drunk) - Burt COOPER (Frightened Man) - Tom COLTRAIN (Kent
Double) - David ARGUE - Brian HANNAN - Tammy McCARTHY - Sheryl
MUNKS - Troy NESMITH - Frank THRING - Cleo MYLES - Mary COUSTAS
- Michael CARMAN.
DISTRIBUTION
INT/ Beyond Films
AUS/ Sortie à Sydney, 20 janvier 1993 (Sundance
Film Festival)
FR/ Festival de Cannes, 1993
NOTES
Tournage aux studios Melbourne Film. «Shot on Location in
Melbourne (Australia) & somewhere in Spain (fin 1963). The
Producers Wish to thank VARIETY FILMS (Rome, Italy) for
their help and co-operation.»
BIBLIOGRAPHIE
Spaghetti Cinema, n° 53, juin 1993, pp. 45-46.
SCÉNARIO
(Parodie contemporaine. Version détournée d'Hercule,
Maciste, Samson et Ursus : Le Grand Défi.)
Un mordu de cinéma, Brad McBain, loue une petite salle
pour passer ses films préférés, suscitant
ainsi la colère du patron de la plus importante chaîne
de cinémas du pays.
Lors de la soirée d'ouverture du cinéma remis à
neuf, McBain a prévu de projeter Hercules, Samson, Maciste
and Ursus are Invincible. Mais Sprocket, le projectionniste,
découvre à la dernière minute que la copie
reçue est en version originale italienne, non en version
doublée anglaise. Coupant la bande «dialogue»,
McBain, Sprocket et l'attachée de presse Lisa improvisent
frénétiquement une traduction simultanée
pour le public en smoking... qui sera un réussite. Un réputé
critique local lui donnera même une cote de 5 sur 5.
ANALYSE
Le film de Capitani est devenu une farce hilarante où Hercule,
un chanteur frustré, est envoyé par Zeus pour se
produire dans un night club, le «Pink Parthenon»,
où il tombe amoureux de la jolie Labia, fille de la propriétaire
du club, et lui demande sa main.
Labia, cependant, préfère Testiculi et éconduit
Hercule, lequel s'allie avec Samson - devenu une mauviette, depuis
que Dalila lui a coupé les cheveux -, Ursus, un videur
écossais ivrogne, et l'homosexuel Machismo [Maciste], pour
organiser une spectaculaire bagarre au Club, au cours duquel les
décors de carton-pâte sont mis à mal !
Hercules Returns marche sur les traces de What's up
Tiger Lily ?, de Woody Allen, en réimprovisant les
arrangements et les voix d'un vieux (et mauvais) film étranger.
Les comiques Des Mangan et Sally Patience, établis à
Melbourne, ont, via leur troupe «Double Take» présenté
avec succès des représentations en direct, en Australie
et en Grande-Bretagne, dans lesquelles ils ont refait les voix
des films Astro Zombies et Hercules, Samson, Maciste
and Ursus are Invincible, un péplum italien de 1964.
Ils ont maintenant adapté leur second show «Double
Take Meets Hercules» en «Hercules Returns» avec
l'assistance de David Parker - qui passe à la réalisation
pour la première fois -, jusqu'ici connu comme dialoguiste
travaillant en collaboration avec sa femme, Nadia Tass. Parker
a réalisé environ 18 minutes de scènes additionnelles
contemporaines, le restant étant constitué des images
originales du film de Capitani, mais avec une nouvelle bande son
totalement détournée...
Le concept fonctionne très bien, le nouveau dialogue
coupant l'herbe sous le pied aux «actions héroïques»
du film original. Hercules Returns est cependant destiné
à une audience adulte, étant donné la verdeur
du nouveau dialogue. Outre les allusions sexuelles - et ceci est
plus ennuyeux - les dialogues sont truffés d'argot australien.
Il serait utile de refaire le doublage pour la version exportation. |
d'après David STRATTON, Variety
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YOUTUBE
On peut voir le film complet (1h1430)
sur YOUTUBE : Click
Ou des extraits : Click
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NOTES :
(1) De nombreux péplums des
années '50-'60 - tant américains qu'italiens,
mais surtout américains - vont glorifier Israël
et afficher haut et fort l'Étoile de David, laquelle,
archéologiquement parlant, n'avait jamais été
un symbole ethnique ou religieux juif, si ce n'est depuis la
création du mouvement sioniste par Theodor Herzl au XIXe
s. - Retour texte
(2) Il tourne encore, en 1959, L'assedio
di Siracusa - Archimede (La charge de Syracuse/Le siège
de Syracuse [var.]) (avec Rossano Brazzi, Tina Louise, Sylva
Koscina); en 1960, Saffo, venere di Lesbo (Sapho/Sapho
Venus de Lesbos [BE]/ Warrior Empress) (avec Kervin
Matthews et Tina Louise); et en 1963/64, Ercole sfida Sansone
(Hercule, Ulysse et Samson) (avec Kirk Morris, Richard
Lloyd et Liana Orfei).
Ensuite, en 1966, il s'oriente vers la science-fiction avec
2 + 5 : Missione Hydra (Destination : Planète
Hydra) (avec Leonor Curtis [Leonora Ruffo], Anthony Freeman,
Kirk Morris, Gordon Mitchell). Après une éclipse,
il revient au cinéma en 1973, avec un Simbad e il
Califfo di Bagdad (avec R. Malcolm, S. Wilson, P. Oxon -
prod. Buton Film). - Retour texte
(3) Il est bien entendu que, tant
dans la très croyante Italie que dans les pieux États-Unis,
les dieux du paganisme antique auront toujours mauvaise presse.
Les films mythologiques seront donc systématiquement
biaisés : leurs héros sont désolidarisés
des dieux qui pourtant les ont procréés, quand
ceux-ci ne sont pas carrément assimilés au démon
(Hadès/Pluton est, ainsi, systématiquement relié
à Satan ou à Lucifer) !...
Dans le cinéma des années '50, les adorateurs
de Jupiter et de Vénus persécutent cruellement
les chrétiens. Dans les années 1990-2000, de Xena
à Percy Jackson et de Walt Disney à Immortels,
ils seront systématiquement bafoués par les Talibans
de la celluloïd.- Retour texte
(4) «Astrée» est
sans doute une corruption d'Adrasteia, un des noms grecs
pour «un destin inéluctable» ? Ah ! les scénaristes
! - Retour texte
(5) Quoique... dans le mythe Hercule
s'agenouille - peu virilement - aux pieds d'Omphale, habillé
en femme, filant la laine etc. - Retour
texte
(6) Rebaptisé «Pétra»,
Laomédon apparaît dans le pilote-TV A.B.C. Hercule
et la Princesse de Troie (1964). - Retour
texte
(7) Eurysthée, tout comme son
cousin Hercule, descendait de Persée, le vainqueur de
la Gorgone.
Eurysthée est fils de Sthénélos, fils de
Persée. Et de Nicippé, une des filles de Pélops,
le héros éponyme du Péloponnèse.
Hercule/Héraclès et son frère jumeau Iphiclès
sont les fils d'Amphitryon et d'Alcmène. Exilé
à Thèbes, Amphitryon est fils d'Alcée,
et son épouse/cousine Alcmène est fille d'Électryon
- Alcée et Électryon sont eux aussi des fils de
Persée.
Nicippé et Alcmène tombèrent enceintes
toutes deux en même temps; toutefois Hercule aurait dû
naître en premier. Jalouse d'Alcmène, amante de
Zeus, Héra fit en sorte d'avancer la délivrance
de Nicippé et de retarder celle d'Alcmène. Le
résultat étant que, aîné des Perséides,
revenait à Eurysthée la préséance
sur son cousin germain Hercule, d'où les travaux qu'il
lui imposa. - Retour texte
(8) Le film mariait vaille que vaille
le cycle des Argonautes et celui des Travaux. À décharge
du scénariste Ennio De Concini : Hercule avait effectivement
embarqué à bord de l'Argo, mais en de toutes
autres circonstances. De même que s'il était effectivement
responsable de la mort d'Iphitos, fils d'Eurytos et non de Pélias,
ç'avait dans un tout autre contexte, à chalie.
- Retour texte
(9) Mythique cité grecque localisée
tantôt en Eubée, en Messénie ou en Thessalie.
Dans la documentation de presse francophone ou le sous-titrage,
elle devient Hécalie, Ecalia, Eccalia, voire Escalia.
- Retour texte
(10) De même que Cinecittà
éludait la crise de folie au cours de laquelle il tuait
sa première épouse, Mégarée (Les
Amours d'Hercule)... Pour le grand public, Hercule devait
demeurer un personnage édifiant ! - Retour
texte
(11) Dans le mythe, c'est Hercule
qui convoite Iole; il y a même une variante où
elle se jette du haut des murs d'chale pour échapper
au vainqueur du tournoi nuptial ! - Retour
texte
(12) Vieille ficelle scénaristique.
Dans Ulysse de Mario Camerini, Silvana Pampanini tenait
le double et antagoniste rôle de la tentatrice Circé
et de la fidèle Pénélope. Ulysse/Kirk Douglas
pouvait ainsi étreindre l'une ou l'autre, c'était
toujours le même corps de femme qu'il tenait dans ses
bras. - Retour texte
(13) Et Déjanire reviendra
plus tard sous ceux d'Alessandra Canale dans Les Aventures
d'Hercule (1984), aux côtés de Lou Ferrigno,
de Renée O'Connor dans le téléfilm Hercule
et le Royaume oublié (1994), avant que d'incarner
Gabrielle dans le cross-over «Xena», cédant
la fonction à Tawny «Gwendoline» Kitaen (Hercule
dans le Monde des Ténèbres; Hercule et le Cercle
de Feu; Hercule et le Labyrinthe du Minotaure, 1994) et
divers épisodes-TV de la même série (Les
Esclaves; Gladiator; La Femme Serpent; L'Autre côté;
La Grotte des Échos; Un Grand Amour...). - Retour
texte
(14) Qui en fait se nomme Glaucus,
«réincarnation du Fils de Zeus»; en réalité
décalqué sur la figure de Thésée,
de même sur le Minotaure «Moloch» en son labyrinthe.
- Retour texte
(15) Des articles de presse ont
toutefois crédité Jayne Mansfield du triple rôle
de Mégarée/Déjanire/Hippolyte (d'où
le titre alternatif : The Three Loves of Hercules), mais
ce n'est clairement pas elle qui incarnait Mégarée.
- Retour texte
(16) Mégarée reviendra
sous les traits de Leeanna Walsman dans le téléfilm
Hallmark Hercules (Roger Young, 2005). - Retour
texte
(17) Mégarée apparaît
encore sous les traits de Kelly Trump, aux côtés
de Hakan Serbes (Hercule) et Mike Foster (Zeus/Créon)
dans le pornographique Les Travaux sexuels d'Hercule (Le
Fatiche erotiche di Ercole / Hercules : A Sex Adventure)
(1997) de Joe D'Amato. Elle semble y tenir un rôle d'une
certaine importance puisque la fiche artistique la mentionne
en premier. On y notera la présence de Créon,
le régent de Thèbes dont le pouvoir fut usurpé
par le tyran Lycos. En revanche, nous ignorons si Lycos et/ou
Omphale apparaissaient dans le casting d'un «scénario»
qui semble bien surfer sur les prérequis des années
'60 (pourquoi en irait-il autrement d'ailleurs ?).
Dans le dessin animé des Studios Disney (1997), Mégarée
(«Meg») a vendu son âme au Diable - id. est
Hadès - qui désire attirer le héros dans
les Enfers, mais finit par se sacrifier pour le sauver. Le curieux
téléfilm Hallmark Hercules (Roger Young, 2004)
met l'accent sur l'opposition entre sociétés patriarcale
et matriarcale. Mégarée, tout comme Alcmène,
est une espèce de bacchante adonnée au culte d'Héra,
la Déesse-Mère. Ambitieuse, elle aurait certes
préféré épouser Eurysthée
et monter sur le trône de Tirynthe; aussi drogue-t-elle
le héros et le pousse à massacrer ses propres
enfants en vue de faire annuler son mariage. De fait, c'était
bien la déesse Héra qu'elle desservait, qui chez
Euripide envoyait Lyssa - la Folie - égarer Hercule.
Dans le récent film de Brett Ratner (2014), de très
loin inspiré du roman graphique de Steve Moore les Guerres
thraces, ce sont trois loups féroces envoyés par
Eurysthée qui mettent en pièces Mégarée
et ses enfants. Drogué par le tyran, Hercule est persuadé
d'être responsable de leur mort l'image des trois
loups devenant dans son esprit Cerbère, le gardien à
trois têtes des Enfers. On perçoit le malaise des
scénaristes à montrer ce héros que
le public voit pur et dur tel que les Grecs le concevaient
autrefois : ivrogne, goinfre, jouisseur, bref capable du pire
comme du meilleur !
Dans le mythe, Mégarée était la fille de
Créon, qui la donna en mariage à Hercule après
sa victoire sur les Minyens d'Orchomène. L'épisode
de la mort de Mégarée a été traité
par Euripide dans Héraclès furieux, repris
ensuite par Sénèque dans la tragédie homonyme.
Mais il existe différentes variantes contradictoires
sur la mort de Mégarée; dans l'une Héraclès
ne tue que ses enfants, et ensuite donne son épouse à
son frère Iphiclès; dans une autre, aberrante,
Mégarée est fille de Lycos, et c'est ce dernier,
frappé d'une folie filicide, qui l'assassine ainsi que
ses enfants. - Retour texte
(18) Stefano DELLA CASA & Carlo
PIAZZA, «Entretien avec Alan Steel (Rome, novembre 1982)»,
in Ciné-Zine-Zone, n° 22, juillet 1983, pp. 9-13.
- Retour texte
(19) «Sensationnel ! Un nouveau
concours : L'Apollon le plus sexy du cinéma. Cette semaine,
série 'mythologie'», Cinémonde, n°
1405, 11.07.1961, pp. 2-4; «Résultat du concours
de l'Apollon le plus sexy», Cinémonde, n°
1414, 12.09.1961, pp. 34-35. - Retour texte
(20) Le Gremese (Dizionario del
cinema italiano/3, I Film dal 1960 a 1969, p. 197) attribue
erronément à Nadir Baltimore le rôle de
Maciste, celui de Samson à Red Ross, et celui d'Omphale
à Hélène Chanel. - Retour
texte
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