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SEPTEMBRE
- OCTOBRE 2004
- 2 septembre 2004 :
- 30 septembre 2004 :
- 1er octobre 2004 :
- 20 octobre 2004 :
- 20 octobre 2004 :
- 27 octobre 2004 :
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2 Septembre 2004 |
A PROPOS
DES BIOGRAPHIES TÉLÉVISÉES |
Sabah
a écrit : |
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La raison
pour laquelle j'ai voulu voir Jules
César d'Uli Edel était la présence
de Christopher Walken, mais j'ai vraiment aimé le film
malgré les erreurs flagrantes concernant la vie de Jules
César. J'ai aimé le jeu des acteurs et particulièrement
celui de Jeremy Sisto que je connaissais peu.
Pourriez-vous m'indiquer son site officiel (après de
longue recherches je n'ai pas réussi à le trouver)
ou éventuellement un site complet comportant ses films
ou sa biographie ? |
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RÉPONSE
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Des «biographies» filmées
comme Jules César, mais aussi le Napoléon
(2001) d'Yves Simoneau, avec Christian Clavier dans le rôle-titre,
ou encore Hitler - La naissance du Mal (2003) de Christian
Duguay constituent d'intéressants objets de réflexion
sur les limites du genre. Impossible de retracer toute une vie
en 3 ou même 4 heures. Alors, on condense, on fait des
choix et trop souvent on passe du coq à l'âne...
J'ai relativement apprécié Jeremy Sisto, mais
l'air ahuri de Christopher Noth, dans le rôle de Pompée
m'a par contre fort agacé. Quand à Christopher
Walken, que j'avais adoré dans dans Les Chiens de
Guerre, je l'ai trouvé un peu chevelu pour incarner
ce vieux romain conservateur de Caton d'Utique !
Je ne suis pas spécialiste en fan-sites d'acteurs, mais
sur imdb.com
vous devriez trouver leurs filmos assez complètes. |
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30 septembre 2004 |
COMPLÉTONS
LE CATALOGUE DES DVD (1) : NÉFERTITI |
Ivan
Mitifiot a écrit : |
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D'abord
bravo pour votre site de référence extrêmement
exhaustif. En tant que fan de péplums, je ne peux que
me réjouir qu'un tel site puisse exister. J'ai depuis
quelques temps un DVD que vous n'avez pas référencé
dans votre liste.
Il s'agit de Nefertiti reine du
Nil de Fernando Cerchio sorti chez MAX FILMS en zone 2.
Je l'ai acheté à la FNAC à Lyon, lors
d'une opération promo. Le film est en version française
et en version italienne sous-titrée en français,
malgré le fait que la jaquette ne mentionne pas la
version originale.
Le format du film est respecté 2:35 et compatible 4/3.
La copie est assez belle, et le transfert très beau.
Le menu est animé mais, par contre, il n'y a aucun
bonus. |
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RÉPONSE
: |
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Merci de réagir, et merci
aussi pour les compliments ! J'avais entendu parler d'un DVD
Nefertiti, mais on m'avait dit qu'il sortirait chez
Opening, ainsi que Hannibal et La muraille de feu.
Mais je ne l'avais ai jamais vu en rayon.
Nefertiti est actuellement sur la liste des "possibles"
de chez Fabbri,
mais il y a dessus 41 titres et seuls les 15 premiers sont
"certains" (j'ai vu sur DVDrama qu'ils en prévoyaient
30... wait and see). |
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1er octobre 2004 |
COMPLÉTONS
LE CATALOGUE DES DVD (2) : KALIDOR, CONAN LE CONQUÉRANT,
KRULL, ROI-SCORPION… |
Ivan
Mitifiot a écrit: |
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Pour la
Collection Fabbri, mieux
vaut attendre en effet, il y a toujours des changements dans
ce genre d'opération. Il y a des titres que j'attends
avec impatience comme L'enlèvement des Sabines,
et surtout Maciste et les 100 gladiateurs.
Je me suis abonné à la collection, alors que
j'ai déjà pratiquement tout ce qui est déjà
disponible en DVD dans le commerce. Tant pis, quand on est
fan, on est fan.
Par contre, j'ai vu que dans la catégorie
heroic fantasy, il manquait en zone 2 :
Kalidor la Légende du Talisman,
sorti chez Studio Canal, avec une excellente et très
précieuse interview-carrière de Richard Fleischer
de 51', une bande annonce française et une autre américaine.
Conan le Conquérant chez
Swift Video, le pilote de la série de 1997 d'une durée
de 90 mn, réalisé par Gerard Hameline, avec
un making of de 30' et des notes de productions sur
l'oeuvre de Robert E. Howard. (La série
TV 1998 quasi complète (?) a été diffusée
en juillet-août 2000 sur TF1. Le culturiste allemand
Ralf Moeller (Hagen, dans Gladiator) y tenait le rôle
de Conan - N.d.M.E.)
Krull, sorti chez Columbia-TriStar
Home Video et dans la collection «Les plus grands films
de science-fiction», avec pléthore de bonus :
commentaire audio de l'équipe du film, bande annonce,
galeries de photos, la bande dessinée tirée
du film (38'), article de Cinefantastique retranscrit sous
forme de commentaire avec système de pop up, et le
making of (22').
Le Roi Scorpion, sorti chez
Universal dans une version longue avec mode de visionnaire
interactif, commentaire audio sous-titré en français,
scènes inédites, making of des effets spéciaux,
making of sur les lieux de tournage, préparation des
costumes, le travail avec les animaux, clip vidéo et
bandes-annonces.
Et puis bien sûr les 3 volets
du Seigneur des Anneaux en édition prestige 2 DVD,
et les deux premiers volets en édition collector 4
DVD.
Par contre, je déplore en général
le manque de films érotiques en péplums. Je
ne parle pas des films porno, que je considère sans
goût, mais des films érotiques. Quel dommage... |
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RÉPONSE
: |
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Sur la liste des 41 films que m'ont
communiqué les Editions
Fabbri, Maciste et les 100 gladiateurs n'est plus
repris, mais je vois qu'il a été ou devrait être
publié en VO italienne dans la collection de Fabbri-Italie
Kolossal
sous son titre original Maciste l'eroe di Sparta. Dommage
pour nous. Notez aussi que les dix derniers titres de cette
fameuse liste ne sont rien d'autre que la reprise des dix péplums
édités par L.C.J. en vidéo, puis en DVD.
En fait, la plupart de ces DVD ont déjà été
publiés ailleurs, dans des collections plus onéreuses.
C'est donc l'occasion pour les afficionados d'acquérir
les pièces qui leur avaient échappé, et
avec les mêmes bonus. |
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20 Octobre 2004 |
CIRCÉ,
MÉDÉE, CANIDIE, LOCUSTE ET LE BOUILLON D'ONZE
HEURES |
Lorraine
Delatour a écrit : |
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Actuellement
en terminale, je prépare avec une amie mes travaux personnels
encadrés (TPE de terminale). Nous avons pris pour sujet
l'étude de la pratique des poisons dans l'Antiquité.
Outre l'aspect scientifique traité grâce à
la chimie, nous abordons le contexte politique et social romain
par le latin. En fait, nous avons ciblé notre recherche
sur les affaires de poisons (crimes mais aussi autres utilisations)
dans l'Antiquité, à Rome, et plus largement celles
citées dans des textes latins. Mais nous manquons de
références : existerait-il des films comportant
des scènes relatives à de tels crimes, qui pourraient
être assez fiables pour être exploités ?
Par «fiables», j'entends des films dont les scènes
seraient basées sur des thèses historiques reconnues
comme valables - ou plus ou moins valables -, et non des fictions
romanesques...
Je possède déjà la série BD des
Murena, mais si vous aviez d'autres références
bibliographiques, elles nous seraient également très
utiles ! |
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RÉPONSE
: |
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Du venin de serpent à
la ciguë
Circé et Médée dans la mythologie grecque,
Canidie et Locuste dans l'histoire romaine, autant de noms
demeurés associés au «bouillon d'onze
heures». Sans oublier Hannibal qui, de même que
Cléopâtre, s'empoisonna pour échapper
aux Romains, et Mithridade qui se... «mithridatisait»
! Il n'y a pas de films sur Mithridate, et le suicide d'Hannibal
n'a pas été évoqué à l'écran.
Par contre celui de Cléopâtre est montré
avec plus ou moins de bonheur dans la plupart des versions.
Dans le matériel publicitaire de certain film érotique
(celui de Cesare Tod), le petit aspic est devenu un superbe
boa s'insinuant entre les seins de la reine d'Egypte; dans
Joy et
les Pharaons, Sara White l'actrice softcore
qui doit incarner Cléopâtre se livre à
une petite plaisanterie pour effrayer ses camarades cinéastes
en couvrant de serpents son corps dénudé, feignant
avoir été mordue. Mais dans La bataille de
Corinthe, le cruel Diéos (John Drew Barrymore jr)
et dans La vengeance d'Hercule, le méchant roi
Eurysthée (Broderick Crawford) possèdent chacun
une fosse aux serpents où précipiter leurs ennemis.
Basique comme méthode, mais efficace.
Roberto Rossellini a reconstitué d'après l'Apologie
de Socrate l'exécution du philosophe, avec tout
le rituel lié à l'absorption de la ciguë,
comme marcher pour activer la circulation sanguine (Socrate,
TV, 1970). Cette scène décrite par Platon avait
du reste inspiré le romancier Pierre Louÿs dans
Aphrodite (rééd. Le Livre de Poche).
Les vésicants
Connaissez-vous le petit livre de Roland VILLENEUVE, Poisons
et empoisonneurs célèbres ? Il avait été
réédité en poche chez J'Ai Lu, dans la
collection à couverture rouge (J'Ai Lu l'Aventure mystérieuse,
n¬ A 235). Du marquis de Wavrin, l'ethnologue belge qui voyagea
chez les Jivaros et décrivit la préparation
du curare... à Ian «James Bond» Fleming
qui dans une des aventures de son agent secret détaillait
sur plusieurs pages toutes sortes de poisons végétaux
(j'ai oublié le titre du roman, mais j'avais été
frappé d'apprendre qu'une simple brochette de viande
grillée sur une baguette de laurier pouvait être
mortelle), le poison fascine. Dès les origines du cinématographe
(décembre 1895), Alexandre Promio, chef opérateur
des Lumière, réalisa un film d'une minute, Néron
essayant le poison sur ses esclaves (1896), qui fut le
premier péplum de l'histoire du cinéma. Désireux
de ne pas demeurer en reste, Georges Méliès
tournera lui aussi un Néron et Locuste : un esclave
empoisonné (an 65 de notre ère), troisième
volet de La Civilisation à travers les âges
(1907-08) série qui, en images animées, était
une sorte de Musée Tussaud de ces crimes et atrocités
qu'au nom de la Civilisation si volontiers l'Homme commet
! On empoisonne beaucoup dans les péplums et dans les
films historiques en général. Ainsi dans Angélique
et le Roy, où l'on voit mise en oeuvre une robe
imprégnée d'un de ces poisons florentins dont
on cherche toujours, et vainement, la composition. Le contact
vésicant avec la peau est mortel. A l'époque
j'avais feuilleté le roman correspondant d'Anne et
Serge Golon mais il ne contenait pas d'informations vraiment
transcendantes. Un film italien sur la guerre 14/18 montrait
semblables effets sur la peau du gaz vésicant ypérite
(Fraulein Doctor, sorti dans les années '70).
Ce poison nous rappelle, bien sûr, la fameuse tunique
de Nessus qui consuma le corps d'Hercule. Dans Les Dieux
aux Epées de bronze (Julliard, 1966), Costa De
Loverdo s'interrogeait sur les poisons contenus par la tunique
de Nessus, qui causa la mort du fils de Zeus. Il n'y avait
pas que le venin de l'Hydre de Lerne, car elle contenait aussi
du sperme du centaure qui avait tenté de violer Déjanire;
l'auteur y évoquait les capacités toxiques des
ptomaïnes mêlée à du sang corrompu...
Qu'ajouter, sinon deux petites choses :
1) il y a dans la Thébaïde de Stace une
impressionnante description d'un enfant mordu par un «dragon»,
un serpent venimeux, dont la chair entre instantanément
en putréfaction (sauf erreur, il s'agissait du fils
du roi d'Argos, Archémore, que sa nourrice Hypsipylè
avait un instant quitté des yeux);
2) une autre version de la robe empoisonnée concerne
Médée, la magicienne de Colchide : celle qu'elle
offre à sa rivale Glaucè s'enflamme au contact
de la peau et met le feu au palais de son père, le
roi de Corinthe (la scène est évoquée
à l'écran par P.P. Pasolini dans Médée
dont le DVD sort ce mois-ci).
Si vous avez parcouru mon site, vous avez dû voir
sous NÉRON
un chapitre sur les poisons où, du point de vue de
la chimie, je me réfère au Néron
de Georges-Roux.
Les décérébants...
Parmi tous les poisons possibles et imaginables, il y a les
drogues qui annihilent la volonté, depuis les potions
haïtiennes qui rendent idiot, des fameux «zombis-jardin»
(cf. Charles H. DEWISME, Zombis ou Le secret des
morts-vivants, Grasset, 1957) jusqu'au lotos de
l'Odyssée qui, aux marins d'Ulysse, fit oublier
le souvenir de leur patrie. Dans Hercule et la Reine de
Lydie, Omphale verse au héros un philtre d'amour
qui lui efface momentanément la mémoire et le
détourne de sa mission. On songe au borbor des
femmes touarègues, que Frison-Roche évoque souvent
dans ses romans sahariens et dans la compositions desquels
entrent des débris humains telle de la cervelle putréfiée
(La montagne aux écritures, La piste oubliée,
Djebel Amour). De Maciste dans les Mines du Roi Salomon
à Hercule à la Conquête de l'Atlantide,
nombre de films exploitent ce thème du poison qui asservit
le héros à la volonté de qui le lui administre
(Maciste et le Trésor des Tsars, Le triomphe de
Maciste...) : à la base, nous retrouvons toujours
associé au thème de la «dévoreuse
d'hommes» (Messaline, ou Antinéa de freudienne
mémoire) le mythe de Circé qui change les mâles
en pourceaux, notamment dans les nombreuses versions filmiques
de l'Odyssée d'Homère. L'antidote donné
par Hermès à Ulysse était le molu,
une variété d'ail sauvage qui, quelque part,
fait songer au folklore des vampires.
Canidia
Tite-Live (Hist. rom., VIII) rapporte une affaire
d'empoisonneuses qui impliquait une vingtaine de femmes de
l'aristocratie romaine et aboutit à 70 condamnations
à mort (en -331). En 82, Sylla promulgua une lex
cornelia de sicariis et veneficiis (renouvelée
par Jules César, lex julia...) interdisant dans
la pharmacopée l'usage de certaines plantes comme l'aconit
et la mandragore, tandis qu'au temps d'Auguste, Horace fit
passer à la postérité le nom de Canidie,
une empoisonneuse qui exerçait ses talents dans le
quartier populaire de Suburre (cf. HORACE, Ep.,
V). Elle devait générer chez Bulwer-Lytton le
personnage de la sorcière du Vésuve Canidie,
qui administrait au héros des Derniers Jours de
Pompéi une drogue, soi-disant philtre d'amour,
qui le faisait sombrer dans la démence. Canidie est
incarnée par Marcelle Rovena dans la version 1948 de
Marcel L'Herbier [existe en DVD chez L.C.J.]. La sorcière
du Vésuve apparaît également dans la version
1926, mais pas dans celle de 1959 (1).
Locuste
Outre la BD Murena
que vous citez, et qui la met spécialement en valeur,
Locuste figure dans plusieurs films relatifs à Agrippine
et Néron (lequel, du fils ou de sa mère, étaient
ses commanditaires ? Tantôt l'un, tantôt l'autre,
dit-on), notamment sous les traits de Mme Sturla empoisonnant
Britannicus dans l'Agrippine de Guazzoni (1911) et
dans Le fils de Locuste de Feuillade (également
1911) sous les traits de Renée Carl. Un quiproquo faisait
que le poison n'était pas absorbé par celui
à qui il était destiné, mais par son
propre fils : l'empoisonneuse était donc punie par
là où elle avait péché ! Ave Ninchi
incarna également Locuste dans Messaline (Gallone,
1951), où elle empoisonnait Claude, ainsi que Ann Tirard,
aux côtés de Néron, dans «The Romans»,
douzième épisode de la populaire série-TV
britannique Doctor Who (1965).
Dans Néron Tyran de Rome (Nerone e Messalina,
Primo Zeglio, 1949/1953), c'est Bella Starace Sainati qui
incarne Locuste. Comme Néron, poète, est indifférent
au pouvoir comme aux ambitions politiques, sa dominatrice
de mère le harcèle et songe même à
le faire périr. Voici comment Ernest PETITJEAN («Néron,
tyran de Rome», Amor Film Hebdo, n¬ 58, 30 mars
1955) raconte la scène :
«Elle [Agrippine] aurait voulu que Néron
eût l'énergie de Britannicus, qui plaisait
tant aux soldats. S'approchant de son fils, elle lui reprocha
sa mollesse. D'une voix indifférente, le jeune prince
répliqua :
- Que m'importe le pouvoir ! Je n'ai aucune ambition politique.
Furieuse, car elle comptait régner sous son nom à
la mort de Claude, Agrippine jeta d'un ton menaçant
:
- Je te ferai fouetter par un esclave, battre à coups
de verge !
- Comme il vous plaira, ma mère, fit Néron
d'un air tranquille.
Exaspérée, l'impératrice rentra
dans ses appartements, puis alla voir Locuste, une vieille
femme qui passait pour connaître l'avenir et savoir
préparer d'excellents poisons, qui tuaient sans laisser
de traces.
- Locuste, dit Agrippine, Néron régnera-t-il
?
- S'il règne, répondit Locuste d'une voix
lente, il te tuera !
- Qu'il règne ! conclut simplement l'impératrice;
puis, se penchant vers l'empoisonneuse, elle demanda à
voix basse :
- Es-tu sûre de l'effet de la poudre dont tu m'as
déjà parlé ?
- J'en suis certaine. L'homme que tu veux faire mourir ne
vivra pas une heure après l'avoir absorbée.
- En ce cas, prépares-en pour le repas de demain
soir.
- Bien, maîtresse. Tes ordres seront exécutés.
Le lendemain, Locuste prépara un plat de champignons,
que l'empereur Claude fut le seul à manger. Bien
entendu, il mourut dans la nuit.» (E. Petitjean)
Le film de Primo Zeglio est rien moins qu'une adaptation
scrupuleuse de l'Histoire. Aussi Néron y condamne-t-il
à mort son rival Britannicus sans le moins du monde
chercher à se dissimuler. «La domination de
sa mère et la présence de Britannicus à
ses côtés, pesaient à Néron, ne
pouvant supporter nulle contrainte.
Un jour, à l'issue d'un conseil, auquel Britannicus
avait pris part, l'empereur accusa soudain le jeune prince
:
- Tu conspires contre moi ! jeta-t-il d'un air soupçonneux.
- Tu sais bien que non, répliqua Britannicus avec
indignation.
- Je ne te crois pas. Allons, saisissez-vous de lui !
Des prétoriens s'emparèrent du fils
de l'empereur Claude et le désarmèrent.
- Comme juge suprême, fit Néron d'un air implacable,
je vais prononcer la sentence.
Il fit semblant de réfléchir, puis déclara
:
- Je te condamne à mort.
Un esclave apporta aussitôt un cratère de métal
contenant du vin empoisonné.
- Bois, dit seulement l'empereur.
Docilement, d'un air indifférent, Britannicus prit
le cratère d'argent et, sans hâte, but le vin
empoisonné. Quelques minutes plus tard, il s'écroula
aux pieds de Néron : le breuvage, habilement préparé
par Locuste, avait fait son oeuvre.» (E. Petitjean)
La version la plus conforme à la représentation
traditionnelle de l'empoisonnement de Britannicus - leg de
nos grands tragiques - est sans doute celle d'Anno Domini
(Stuart Cooper, série TV 1983, 10e épisode).
Tigellin, le préfet du prétoire, a organisé
une petite sauterie pour l'empereur et ses amis. Sans doute
son cuisinier est-il belge, car tout commence par une spécialité
folklorique de notre bonne ville de Grammont : les petits
vairons frétillants dans un verre de frais vin blanc,
que l'on avale vivants. On reconnaît ici la «patte»
de Mannekenpix, le «Cuisinier des Titans» (!)
(2).
Nous transcrivons la scène.
(Musique. Deux serviteurs apportent des plateaux de poissons)
TIGELLINUS (maître d'hôtel) : Pêchés
ce matin même en mer devant Ostie. J'ai supervisé
la cuisson moi-même. (Il montre un vase d'argent
porté par le second esclave) Et... là-dedans
tu vois de tout petits poissons... vivants. C'est un plaisir
de les sentir glisser dans la gorge. (Gloussements voluptueux
de Néron) Surtout qu'ils... ils remuent en descendant.
(Rire ravi de Néron) Notre empereur veut essayer
ce plaisir peu courant ? (Musique)
NÉRON (hésitant) : Essaie avec Sénèque,
d'abord. Il a besoin de plaisirs. (Sur le lit d'à
côté, Sénèque semble dubitatif)
Il a passé une longue vie à s'en priver !
Un poisson froid ! (Il se tourne vers le lit de Britannicus).
J'ai une surprise, pour mon cher beau-frère... Britannicus...
(Il lui porte une coupe de vin chaud) Goûte cette
boisson, préparée en Bretagne, tu dois l'apprécier.
Sens-là bien.
BRITANNICUS : Merci, je préfère de l'eau.
TIGELLINUS (mielleux) : L'eau... est un breuvage dangereux
!
NÉRON (insistant) : Essaie, essaie ce vin aromatisé.
Il est délicieux ! Il est parfumé aux herbes
sauvages !
(On fait venir le goûteur de Britannicus. «Attention,
dit Néron candide et cynique à la fois, c'est
peut-être un poison lent.» Britannicus se
décide enfin à boire. Le vin est trop chaud.
Complaisamment Tigellin le coupe avec un peu d'eau fraîche.
C'est elle qui contient le poison... «L'eau... est
un breuvage dangereux !», on ne le répétera
jamais assez.)
Une profession méconnue : goûteur !
Si vous voulez illustrer votre exposé par un extrait
de film, je ne saurais trop vous recommander - facile à
trouver en DVD ou en VHS - Astérix et Obélix
: Mission Cléopâtre avec Clavier, Depardieu
et Bellucci, ou, plus ancienne, la version dessin animé
Astérix et Cléopâtre. Tous les
poncifs du genre ont été rassemblés dans
la scène du gâteau de Cléopâtre
et de l'esclave goûteur. La séquence est d'autant
plus cocasse si l'on veut bien se souvenir de la manière
dont la dernière des Ptolémées mit fin
à ses jours...
Bon sang de boeuf ne saurait
mentir...
Démasqué par Jason, le roi Pélias absorbe
un poison mortel dans le final des Travaux d'Hercule
(Pietro Franscisci, 1957) [existe en DVD]. Ce qui est amusant
de noter, à propos de Pélias s'empoisonnant,
c'est qu'il utilise un de ces poisons foudroyants, tel qu'on
aime à les imaginer - alors que le cyanure ni rien
d'autre semblable n'existait à l'époque.
Or, dans le mythe grec, Æson était en train
de faire un sacrifice aux mânes de son père Cretheus,
dont il désirait évoquer l'âme et solliciter
les conseils. Pélias, survenant, le contraint à
boire le sang encore chaud du taureau immolé - si vous
vous référez uniquement aux textes latins, voyez
donc les Argonautiques de Valerius Flaccus...
Adstitit, et nigro fumantia pocula tabo
Contigit ipsa gravi Furiarum maxima dextra;
Illi avide exceptum pateris hausere cruorem
Argonautiques, I, 816-818
Soudain accourt la plus terrible des Furies, tenant deux
coupes fumantes de sang du taureau. Æson et son épouse
les saisissent, et en boivent avec avidité la liqueur.
(Idem, traduction Ch. Nisard)
... ce n'est plus Pélias qui s'empoisonne, mais il
contraint Æson et Alcimède à le faire,
lesquels s'étaient parjurés en prétendant
que leur fils et héritier Jason était mort.
Telles sont les propriétés que les Anciens prêtaient
au sang du taureau. Et c'est pourquoi Æson s'étranglera
en buvant ce sang supposé mortel pour les parjures,
impies etc.
Roland Villeneuve en parle dans son bouquin, du reste.
Malheureusement, le cinéma a réduit à
peu de choses ce superbe passage nécromantique, aussi
ne pouvons-nous que rêver à ce qu'aurait pu en
tirer un Mario Bava (directeur de la photo sur ce film) s'il
avait eu droit de regard sur le scénario. C'est-là
- en fait - un paradoxe du péplum italien. Dans la
première moitié des années soixante,
les mêmes réalisateurs (Freda, Ferroni, Margheriti
etc.) faisaient constamment des allers-retours du péplum
grand public, clean, au plus névrotique fantastique-gothique,
«enfants non admis», avec cadrées soft
toutes les perversions imaginables d'âmes tourmentées.
A l'intersection des deux genres, l'hammerien Hercule contre
les vampires de Mario Bava, péplum-gothique unique
en son genre constitua une heureuse exception. De ceci le
réalisateur et critique italien Domenico Paolella s'est
expliqué dans un article demeuré fameux («La
psychanalyse du pauvre», Midi-Minuit Fantastique,
n¬ 12, mai 1965, pp. 1-10). Mais là, nous nous éloignons
des poisons... |
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20 Octobre 2004 |
OÙ
L'ON SE FORMALISE DU FORMAT DVD (ULYSSE, DE MARIO CAMERINI) |
Ivan
Mitifiot a écrit: |
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J'avais
acheté, il y a quelques années, le DVD d'Ulysse
de Camerini chez Film Office - Canal+ Image. Le DVD était
assez maigre, ne proposait qu'une VF, et la copie était
en 1:33 (4/3).
Les Editions Fabbri proposent une
version 16/9 de Studio Canal. Je voudrais simplement savoir
quelle était la version d'origine. A-t-elle été
respectée ?
Il existe, en ce moment, une fâcheuse
tendance à tronquer les films pour que ceux-ci s'adaptent
au format 16/9 des nouvelles télés. C'est l'effet
pan and scan inversé. On ne rogne plus l'image à
gauche et à droite, mais en haut et en bas. Pouvez-vous
me dire quel est le format d'origine de ce film ? Je vous
pose la question à vous, parce que je ne vois pas à
qui la poser, les fans absolus de péplums sont une
espèce précieuse, mais très rare. |
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RÉPONSE
: |
|
Merci, cher Ivan. Je vous sers
quelque chose à boire ? Mais trêve de bavardages.
Bien que réalisé en 1954 - sortie à Paris
le 23 décembre 1954 -, en plein boom du CinémaScope
à Hollywood, Ulysse fut tourné dans le
format standard de l'époque, c'est-à-dire en
1:66, si j'en crois IMDb
qui précise encore que le procédé cinématographique
fut le 3-D (Tridimensionale Christiani).
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Rapports |
Aspect
ratio |
Ecran cinéma standard |
15/9 |
1:66 |
Ecran CinemaScope |
23/9 |
2:55 |
Ecran TV standard |
4/3
(= 12/9) |
1:33 |
Ecran TV large |
16/9 |
1:77 |
Notez que le générique ne mentionne que le
procédé couleur (Technicolor), mais pas de format
particulier comme ça commençait à devenir
l'usage. Il ne s'agit donc pas d'un film «écran
large». «Il arrive que les deux associés
[Dino De Laurentiis & Carlo Ponti] confient leur production
à une filiale des distributeurs américains,
la Paramount notamment, pour établir avec l'industrie
hollywoodienne les liens qui permettront la réalisation
d'Ulisse, avec Kirk Douglas, premier film italien interprété
par une major star de Hollywood», peut-on
lire sous la plume d'A. Farassino et T. Sanguineti (3).
Mais n'est-il pas vrai que la Paramount attendit 1954 et la
comédie musicale White Chritsmas pour opposer
sa réplique, la Vista Vision, aux premiers films en
CinémaScope qu'avaient été, en 1953,
La Tunique (20th Century-Fox), Les Chevaliers de
la Table Ronde (M.G.M.) et Le Calice d'Argent (Warner)
? Pour la Lux Film italienne, le passage au scope certainement
était encore prématuré. En fait, dans
Le Fils du chiffonnier, Kirk Douglas se souvient que
le tournage d'Ulysse commença le 18 mai 1953
à Porto Ercole (baie de Naples) et d'avoir, dans cette
période, refusé un rôle dans La Tunique
que lui proposait Zanuck (4).
Ce qui laisse à entendre que le tournage de l'européen
Ulysse démarra un peu avant celui du premier
«CinemaScope» américain...
En tout cas, les dictionnaires et répertoires spécialisés
(Gremese, Bolaffi) ne spécifient rien de particulier
à ce sujet; deux ans plus tard, par contre, une nouvelle
production épique de la Lux I Fatiche di Ercole
affichera «Dyaliscope (5)».
Notez que différents matériels publicitaires
d'Ulysse ont parfois indiqué «CinémaScope»
(j'ai ainsi d'anciennes photos cartonnées allemandes)
ou «Superscope», ce qui à mon avis ne veut
pas dire grand-chose (6)
- encore que la prudence s'impose, étant toujours possible
de tirer des copies dans des formats particuliers (ainsi pour
La Tunique/The Robe, IMDb indique deux formats : 2:55
CinemaScope et 1:37 Spherical).
Quand au boîtier Fabbri, il indique bien, en effet
un «Format 2.35 Cinémascope - Ecran 16/9 Compatible
4/3». Lorsque je visionne ce DVD sur mon écran
4/3 j'ai, effectivement, une bande noire en haut et en bas
mais l'image me paraît tout-à-fait correcte,
rien de perdu hors-champ. Notez je ne suis pas très
expert (7)
dans ces questions de formats et de pan and scan (quelle
horreur, en effet !, mais je puis vous assurer que l'image
de ce DVD est plus complète que telle vidéo
enregistrée à la TV).
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27 octobre 2004 |
LA
NOSTALGIE, CAMARADE : SERGE GAINSBOURG, TRAÎTRE
DE PÉPLUMS |
Michel
Balance a écrit : |
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Je
serais intéressé de connaître
les titres des films (péplums), dans lesquels
a joué Serge Gainsbourg. |
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RÉPONSE
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Serge Gainsbourg
a incarné les ministres félons Warkalla
dans Samson
contre Hercule (Sansone) et Mevisto (ou
Ménisto) dans Hercule se déchaîne
(La Furia di Ercole), tous deux de Gianfranco
Parolini (alias Frank Kramer), avec Brad Harris
respectivement dans les rôles de Samson
et d'Hercule. Ces deux films ont été
tournés simultanément en 1962, dans
les mêmes décors et costumes aux
studios Dubrava Films, à Zagreb (Yougoslavie),
mais sont sortis à un an d'écart.
Il avait précédemment incarné
le cruel Corvinus, préfet du prétoire
et familier de l'empereur, acharné à
persécuter les chrétiens dans La
révolte des esclaves (La rivolta degli
schiavi) de Nunzio Malasomma en 1960 (tourné
à Madrid). Dans ce remake de Fabiola,
Corvinus-Gainsbourg était tellement taré
qu'il essayait sur lui-même les instruments
de torture, pour être certain que ce soit
bien douloureux !
Gainsbarre a évoqué son éphémère
carrière de traître en jupettes dans
une émission de Frédéric
Mittérand, «Que reste-t-il de nos
péplums ?», 9 juillet 1984. Il y
avait des filles, des filles... des filles...
Et je ne savais plus dans quel scénar je
jouais [le matin dans «Hercule», l'après-midi
dans «Samson», ou l'inverse] !
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On a pu retrouver l'«Homme
à la Tête de Choux» dans d'autres films
d'aventure/espionnage. Je me rappelle l'avoir vu jouer
les comparses dans Estouffade à la Caraïbe
aux côtés de l'allemand Frederic Stafford
(connu comme OSS 117). |
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NOTES :
20 octobre 2004 : Circé, Médée,
Canidie, Locuste et le bouillon d'onze heures
(1) Bien que l'affaire du poison soit
un des principaux ressorts du roman de Bulwer-Lytton, il n'est pas
exploité dans toutes les versions cinématographiques.
Je ne suis pas sûr non plus qu'il existe dans la version TV
de 1983/1984 (mais il faudrait vérifier). - Retour
texte
(2) Dans Astérix chez les Belges,
bien sûr ! - Retour texte
20 octobre 2004 : Où l'on se formalise
du format DVD (Ulysse, de Mario Camerini)
(3) Alberto FARASSINO et Tatti SANGUINETI,
Lux Film. Esthétique et système d'un studio italien,
Editions du Festival international du film de Locarno, 1984, p.
144. - Retour texte
(4) «Il fut conféré
à Michael Wilding», ajoute Kirk Douglas, op.
cit. Relevons toutefois que Wilding ne joua pas dans The
Robe (1953), ni dans sa suite Demetrius and the Gladiators
(1954), mais qu'il incarna Amenophis IV Akhénathon dans une
autre production de Zanuck, The Egyptian (1954)... Tout le
problème des «Mémoires» d'artistes ou
autres personnalités ! - Retour texte
(5) Le Dyaliscope est un système
anamorphoseur d'origine française, désignant un procédé
de scope très utilisé en Europe (Vincent PINEL, Vocabulaire
technique du cinéma, Nathan-Université, coll.
«Réf.», 1996). - Retour texte
(6) Le SuperScope est un procédé
de format large lancé par RKO en 1954 (V. PINEL, op. cit.).
- Retour texte
(7) Merci à Rosalba, qui vit
au XXIe s., et qui sur toutes les questions touchant à la
technologie est un peu ce que la nymphe Egérie fut pour le
bon vieux roi Numa. - Retour texte
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