Meurtre à Rome [tv] [docu-fiction]
Grande-Bretagne, 2005
t.o. Murder in Rome
Murder in Rome [GB]
Prod. : Time Watch John Farren BBC (Une coprod. BBC/Discovery
Channel avec la participation de France 3) / Coul. / 50'
Fiche technique
Réal. et prod. : David STEWART; Scén. : Colin
SWASH (Consult. hist. : Tom HOLLAND) (La BBC souhaite remercier
RADA, Université de Caen); Images : Paul KIRSOP (dir.
phot.) (2e assist. caméra/opérateur ggrus : Michael
DURY; Assist. op. : Craig LOVERIDGE); Son : Andrew Yarme; Dir.
casting : Carrie HILTON; 1er assist. réal. : Mary SOAN;
Superv. script : Carole SALISBURY; Equipements extérieurs
: DUNE FILM (Maroc); Prod. marocain : Ahmed ABOUNOUOM; Décors
: Samiri MENOUER; Créateur des costumes : Hassan TAGHRITI;
Source d'archives : THE BRIDGEMAN ART LIBRARY - MUSEO ARCHEOLOGICO
NAZIONALE (Naples) - SCALA (Florence) - MIMMO JODICE - COURTESY
OF CORBIS; Coloriste : Jonathan LIEB; Monteur on-line : Adama
GRANT; Ingénieur du son : Matt SKILTON; Conception graphique
: Stephen FLYNN; Recherche d'archives : Dinah ROGERS; Secrétaire
de production : Clare LUCAS; Dir. de prod. pour la fiction :
Geraldine HAWKINS; Dir. prod. : Annie CORBET; Monteur images
: Nicholas PACKER. - France 3 : Attachée de presse
: Fabienne BOREL; Coord. de la prod. : Marie-Dominique BERNOUX,
Fabienne PETHE; Admin. des Documentaires et des Magazines :
Françoise SATINET; Conseiller de programme : Fabrice
PUCHAULT; Direction des Documentaires : Patricia BOUTINARD ROUELLE;
Musique : John WADDELL & Will PARNELL.
Fiche artistique
Paul RHYS (Cicéron) - Owen TEALE (Erucius) - Mark McGANN
(Sextus Roscius junior) - Penny DOWNIE (Cæcilia Metella)
- Anthony BYRNE (Magnus) - Andrew GREENOUGH (Capiton) - Gerry
HORAN (homme de la campagne) - Tom SMITH (Tiro, secrétaire
de Cicéron) - Christopher GOOD (président des
juges) - Richard RIDINGS (Sextus Roscius senior) - Fabien PARFAIT
(L. Cornelius Chrysogonus).
DISTRIBUTION
BE/ TV : RTBf - La Une, samedi 4 juin 2005
GB/ TV : BBC2, vendredi 4 mars 2005
NOTES
Version française : DOME PRODUCTION - Dir. artistique
: Philippe CARBONNIER; Adapt. : Marion BESSAY; Narrateur : Nicolas
MARIE; Voix : Bernad GABAY, Philippe CRUBEZY, Gabriel LEDOZE,
Renaud MARX, Pierre TESSIER, Frédérique TIRMONT,
Pierre FOREST, Michel VOLETTI, Damien BOISSEAU, Jean-Luc KAYSER.
SCÉNARIO
(Rome, en 81 av. n.E.)
Traîné devant le tribunal sur le Forum sous l'accusation
de parricide, Sextus Roscius junior, du municipe d'Ameria, est
victime d'une véritable cabale : pendant que son père
se débauchait à Rome en compagnie de son gracieux
frère ...... , lui, le laborieux Sextus trimait sur les
terres familiales, ignorant les intrigues tramées dans
l'ombre par un contre-maître jaloux : son propre cousin
Capiton.
Ce Capiton fit assassiner, par son complice Magnus, son oncle
et patron Sextus Roscius senior alors que ce dernier, sortant
d'un banquet ivre et insouciant, rentrait paisiblement chez
lui. Avec d'autres, ledit Magnus, qui habitait non loin du lieu
de l'embuscade, «découvrit» le corps sans
vie du riche propriétaire foncier. Il fit aussitôt
prévenir son commanditaire Capiton en lui faisant parvenir
l'épée du meurtre, extraite du corps du défunt
(et pourquoi le neveu Capiton, plutôt que le fils Sextus
: l'inimitié d'un père jouisseur vis-à-vis
d'un rejeton âpre au gain ?). Les deux scélérats
ne tardent pas à en mettre un troisième dans la
confidence : Chrysogonus, l'affranchi du dictateur Sylla. Le
secrétaire qui dressait avec zèle ses listes de
proscription. Pour que ces malveillants puissent s'assurer de
l'héritage, Sextus junior est accusé de parricide,
tandis que le nom du père assassiné est hâtivement
ajouté au bas de la liste des proscrits par celui qui
en avait la responsabilité - Chrysogonus. Ainsi les biens
du «proscrit» tombèrent-ils dans l'escarcelle
de l'Etat : les treize fermes de Sextus Roscius senior furent
mises aux enchères. Un acquéreur qui en proposait
six millions de sesterces fut réduit au silence par la
menaçante présence d'hommes de main, et les fermes
furent adjugées à Chrysogonus pour seulement...
deux mille sesterces !
Chrysogonus conserva pour lui dix de ces fermes, dont il confia
la gestion à son homme Magnus; et il fit cadeaux des
trois autres à Capiton.
«Cui bono ? A qui profite le crime ?», demande
un jeune avocat débutant, Marcus Tullius Cicero, commis
d'office par la puissante Cæcilia Metella - dont l'accusé
Sextus junior était le client. «A Sextus junior,
subitement dépossédé de tout ? Ou à
ces «témoins» Magnus et Capiton, subitement
enrichis depuis la mort du père Roscius ?»
Mais surtout, ne doutant de rien, le jeune et ambitieux Cicéron
ose - malgré les pressions - nommer le Grec corrompu,
l'affranchi Chrysogonus qui n'est même pas Romain...
La présence du nom de Roscius père sur la liste
des proscriptions est un faux manifeste. D'ailleurs, eut-il
continué à mener joyeuse vie s'il avait eu connaissance
de sa proscription, qui le plaçait à la merci
de la dague de n'importe quel sicaire chasseur de prime ?
Les juges acquitteront donc Sextus Roscius junior faute de
preuves... mais pour autant, il ne récupéra jamais
ses biens confisqués ! Etait-il coupable ou innocent
? De son procès, nous ne connaissons que la version de
son défenseur Cicéron. Assez bizarrement ses discours
ne mentionnent pas la mère de l'accusé (pas plus
qu'ils ne parlent de son frère) : que pensaient ceux-ci
de cette affaire ?
Après le procès on n'entendra plus parler de Chrysogonus,
qui rentra dans les ombres de l'Histoire. En tout cas, le procureur
Erucius échappa à la marque infamante des calomniateurs
et poursuivit une brillante carrière d'avocat. Quant
à Cicéron, il surpassera ses maîtres du
barreau et deviendra une gloire de la littérature latine.
Communiqué
L'affaire Sextus Roscius, 81 avant Jésus-Christ
En 83 avant Jésus-Christ, Sylla, rival de Marius, revient
en Italie après avoir vaincu Mithridate, roi du Pont. Dès
lors, pendant près de deux ans, des combats acharnés
vont opposer ses troupes à celles de son adversaire politique.
En 82, il assiège Rome, s'empare de la ville et se fait
plébisciter comme dictateur pour une durée indéterminée
avec des pouvoirs illimités. Le putsch est suivi d'une
purge de 80 sénateurs et de 440 chevaliers. Leurs noms
sont affichés (proscrits) dans les lieux publics avec interdiction
de leur venir en aide. Leurs biens sont confisqués. Leurs
dénonciateurs ou meurtriers reçoivent une récompense
de 40.000 sesterces s'ils sont des hommes libres; ils sont affranchis
si ce sont des esclaves.
C'est dans ce contexte qu'éclate une affaire de meurtre.
Rome est encore secouée par la guerre qui vient de s'achever.
La chasse aux proscrits bat son plein. Des règlements de
comptes personnels se résolvent par des dénonciations
calomnieuses ou par le meurtre. A cet égard, l'affaire
Roscius est exemplaire. En 81, un riche propriétaire terrien,
citoyen de la ville municipale d'Amérie, est retrouvé
assassiné, de nuit, dans le quartier de la Subure, l'un
des bas-fonds les plus sordides de Rome et l'un des plus célèbres
de toute l'Antiquité. Le suspect n'est autre que Sextus
Roscius, le propre fils de la victime.
L'accusation est portée par le célèbre procureur
Erucius dont les brillants succès ne se comptent plus.
Ses honoraires sont payés par L. Cornelius Chrysogonus,
un Grec affranchi, ancien esclave et bras droit de Sylla lui-même.
La défense est assurée par un jeune avocat, encore
inconnu, mais dont le nom, dans les lettres et dans l'histoire,
demeurera impérissable : M. Tullius Cicéron.
L'accusation est gravissime. En effet, si Roscius est reconnu
coupable, il risque une mort atroce. A Rome, tuer son père
était le pire des crimes. Le châtiment était
abominable. Le condamné était fouetté puis
on l'enfermait dans un sac avec un chien affamé, un singe,
un coq et un serpent. Enfin, le sac était jeté dans
le Tibre.
D'un autre côté, l'accusateur risquait gros également.
Car, comme il n'y avait pas de ministère public et afin
de décourager les poursuites judiciaires injustifiées,
la loi décrétait que tout procureur qui ne parviendrait
pas à justifier sa plainte serait marqué au fer
rouge sur le front de la première lettre du mot «Kalumniator»,
calomniateur.
Dans cette affaire de corruption, de détournement de biens,
de parricide et d'ambition, ce sont les bases de toute la société
romaine qui se trouvaient engagés. Les tribunaux se tenaient
sur le forum, centre de la vie dans la Rome antique. Des milliers
de gens s'y entassaient pour assister au procès des meurtres
qui défrayaient la chronique. En 81 av. n.E., le meilleur
spectacle n'était ni au cirque ni dans l'arène.
C'était, sur la place publique, l'affaire Sextus Roscius.
Grâce à Cicéron, nous en connaissons l'histoire
dans le détail.
Communiqué RTBf - La Une
Analyse
Remarquable reconstitution d'un sombre procès. Tout est
clair, net, cicéronien... «A qui profite le crime
?», passera dans les adages juridiques. Le décor
est stylisé - nous n'y retrouvons pas vraiment la topographie
du Forum romain; il est vrai qu'en 81 il devait être assez
différent de ce que nous connaissons. Mais qu'importe :
reconstituer le forum n'était certes pas le but. Une faute
de goût dans le casting : l'envahissante figuration marocaine.
Aux effets de manche... on hésite à parler d'effets
de toge car celles du film proviennent manifestement d'un magasin
pour bals costumés... des orateurs, tous de type européen,
répond en contrechamp une populace colorée. Un aveugle
s'en chagrinerait. Les types ethniques du Maroc sont suffisamment
diversifiés, nous semble-t-il, pour proposer une figuration
plus homogène.
Mais qu'importe. Là n'est pas le but du film... ou alors,
oui. Entre les lignes. Que fut la plaidoirie de Cicéron,
si ce n'est l'appel au lynchage politique d'un affranchi grec
par les «honnêtes citoyens romains de souche»,
ceux qui aimaient [autrefois] cultiver la terre à la sueur
de leur front. Mode d'existence qui - quoi qu'il en ait dit dans
le film, pour la jubilation de son adversaire Erucius d'ailleurs
- n'était certes pas l'idéal de vie que s'était
fixé le délicat intellectuel d'Arpinium.
(Sur la Toile, consultez encore : CLICK,
CLICK,
CLICK,
CLICK
et CLICK.)
Rappelons que le discours Pro Roscio Amerino a également
inspiré à Steven
Saylor un excellent roman : Du sang sur Rome, U.G.E.,
coll. 10/18, n 2996, 1998.
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