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Die Hermannsschlacht
(La bataille d'Arminius)

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aigles de rome

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Pages précédentes :

I. L'aventure est dans la Forêt...
DIE HERMANNSSCHLACHT (1993-1995)

1. Arminius dans la littérature allemande, avant Kleist

2. Heinrich von Kleist (1777-1811)

3. Christian Dietrich Grabbe (1801-1836)

ENCYCLOPÉDIE

1. Les Romains en Germanie

2. Arminius (18 av. n.E. - 19 de n.E.)

3. Marbod, roi des Marcomans

4. P. Quintilius Varus (46 av. n.E. (?) - 9 de n.E.

Sur cette page :

5. Le massacre du Teutoburger Wald

5.1. L'armée de Varus

5.2. Le traquenard

5.2.1. Premier jour de l'embuscade
5.2.2. Deuxième jour de l'embuscade
5.2.3. Troisième jour de l'embuscade
5.2.4. Imaginons...

Pages suivantes :

6. L'emplacement de la bataille

7. Arminius à l'écran

II. Pour qui sonne le glas...
IL MASSACRO DELLA FORESTA NERA (1965)

FILMOGRAPHIE

8. Documentaires

9. Fictions

BIBLIOGRAPHIE

BANDE DESSINÉE

MUSICOGRAPHIE

INTERNET

SOURCES

En guise d'épitaphe...

5. Le massacre du Teutoburger Wald

Fort des démonstrations d'amitié que lui prodiguaient ses administrés germaniques, le naïf propréteur Varus avait quitté ses bases de Xanten (Castra Vetera) sur le Rhin et d'Aliso sur la Lippe, pour s'enfoncer dans le territoire chérusque. Il y avait construit un camp d'été, à Tulifurdum (Minden), sur la rive occidentale de la Weser. Là le magistrat romain tenait son tribunal et - au mépris de la iurisdictio peregrina la plus élémentaire - s'efforçait de régler les conflits germaniques selon le droit romain, et bien sûr en latin. Ces pratiques irritaient le justiciable jugé dans une langue qu'il connaissait mal et selon des lois qu'il ne connaissait pas, pour être ensuite livré aux verges des licteurs qu'il ne connaissait que trop.

Il y a deux versions à l'histoire de la révolte. Florus paraît entendre que, introduits dans son camp-forum, les Germains exaspérés envahirent son tribunal et se mirent à massacrer les Romains (1).
L'autre version, communément admise aujourd'hui, veut qu'à l'annonce de l'automne, Varus décida de ramener ses troupes dans leurs quartiers d'hiver sur le Rhin. En vain Ségeste, le roi des Chérusques, chercha à le mettre en garde contre son frère Ségimer et le fils de celui-ci, Arminius, qui - prétendait-il - préparaient un mauvais coup contre les Romains. Varus, qui n'ignorait pas qu'un différend opposait l'oncle et son neveu, refusa de l'écouter et au contraire accepta l'offre du jeune prince de l'accompagner sur le chemin du retour, avec sa milice chérusque. Ne bénéficiait-il pas de la meilleure des recommandations du fait qu'il avait lui-même vaillamment combattu dans les rangs de l'armée romaine, en Pannonie ?

5.1. L'armée de Varus

Pour contrôler la Germanie, le propréteur Varus disposait de cinq légions, ou plus probablement de six. Deux d'entre elles, la XIII Gemina et la XVI Gallica se trouvaient à Mogontiacum (Mayence), sous les ordres de son neveu L. Nonius Asprenas.
A Xanten (Castra Vetera) sur le Rhin devait certainement veiller la V Alaudæ. Vingt-cinq ans auparavant, sous M. Lollius, elle y avait été durement étrillée par les Sicambres, perdant son aigle (-16). Et six ans après le désastre de Varus, elle s'y trouvait encore, cette fois sous le commandement de L. Apronius, ainsi que le signale Tacite à propos de la mutinerie des légions (+14). Pour autant qu'elle n'ait entre-temps été appelée en renfort en Pannonie, elle devait y être tenue en réserve par Varus.
Le propréteur Varus passa l'été au cœur du territoire chérusque avec trois légions, la XVII, la XVIII et la XIX, dont nous ne savons pas grand-chose : avant le désastre de l'an 9, on ne les avait jamais mentionnées - après on n'en reparlera plus jamais, car elles ne seront pas reconstituées. Sans doute avaient-elles été récemment créées, trois ans plus tôt (+6), pour remplacer celles des cinq légions de Germanie envoyées avec Tibère combattre en Pannonie (de +6 à +9). Une armée de «bleus» ? Pas sûr : beaucoup de vétérans avaient rempilé face au péril des Pannoniens-Dalmates-Illyriens révoltés, qui étaient «à dix jours de marche de Rome», comme le rappelait Auguste au sénat. Velleius Paterculus, qui fut officier de cavalerie de Tibère en Germanie vers la même époque ou juste après, écrivit : «Cette armée [de Varus] était de toutes la plus courageuse et parmi les troupes romaines elle se distinguait par sa discipline, sa vigueur et son expérience de la guerre.»

 
legionnaires romains legionnaires romains legionnaires romains

Types de légionnaires d'époque augustéenne, d'après l'autel de Domitius Ahenobarbus (Louvre) et l'Arc d'Orange (datant de Tibère). On notera, notamment, la coexistence du casque de type «C» Montefortino et de divers Coolus (types «C», «E» et «F») plus modernes. La cotte de maille ou d'écailles est d'emploi généralisé dans ces planches dessinées par Ron Embleton, illustrant l'ouvrage de Michael Simkins, The Roman Army from Cæsar to Trajan (Osprey, coll. Men-At-Arms, nĘ 46, 1984), publié avant les découvertes de Kalkriese. On croyait alors que la cuirasse à bandes métalliques articulées n'était apparue que sous le règne de Tibère. Nous savons maintenant que cette cuirasse segmentée équipait déjà une partie des légionnaires de Varus. Deux remarques encore : le signifer (à gauche, planche centrale) porte un casque à visière pointue et masque facial; une des plus belles pièces retrouvées à un Kalkriese consiste précisément en un de ces masques. Enfin, on voit apparaître les premiers modèles du scutum, qui n'est pas encore rigoureusement quadrangulaire : il s'agit d'un dérivé du clipeus, le haut bouclier ovale, qu'on a raccourci en sciant les arrondis supérieur et intérieur, et qui de plat est devenu bombé (planches de gauche et centrale)

 

Nous pouvons évaluer l'effectif des trois légions de Varus à 15.000 h (trois fois cinq mille) et nous savons qu'il avait encore avec lui trois ailes de cavalerie, soit 1.500 h (trois fois cinq cents) et six cohortes d'auxiliaires gaulois et germains (2), soit 3.000 h (six fois cinq cents), les cohortes auxiliaires comme les ailes étant quingénaires. Théoriquement, donc, 19.500 h, que suivent entre 5 et 10.000 civils, femmes, enfants, esclaves. Mais c'est bien connu dans toutes les armées du monde, les effectifs sont rarement complets. En outre, nous savons qu'à la demande des Germains - soucieux d'affaiblir ses forces -, Varus avait détaché de nombreuses vexillations pour faire la police du pays. Selon Dion Cassius, ces troupes dont on ne connaît pas l'effectif exact furent massacrées les premières, à commencer par les postes les plus éloignés, avant que ne soit attaquée la colonne principale. Varus aurait donc prit la route de son camp d'hiver sans s'en inquiéter ni attendre le retour des vexillations dispatchées ? Ou devaient-elles le rejoindre en chemin ? L'une d'entre elles au moins tenait le camp d'Aliso, sur la Lippe. Après le désastre de Varus, elle réussit à tenir tête à ceux des Germains qui vinrent l'attaquer, et à rejoindre la ligne défensive du Rhin. Ici aussi, nous ignorons de combien d'hommes cette troupe se composait. Le fait qu'elle ait tenu le coup, et aussi qu'Aliso était un camp prévu pour deux légions complètes, suggère qu'il s'agissait une troupe relativement forte, peut-être trois cohortes, une de chaque légion.
Quoi qu'il en soit, les historiens sont très partagés sur l'ampleur exacte du désastre qui frappa l'armée du propréteur. Sa colonne est donc réévaluée entre 6 et 18.000 fantassins (légionnaires et auxiliaires confondus) et 4 à 800 cavaliers. Mais les évaluations minimalistes doivent être nuancées : qu'ils aient été massacrés ou capturés avec le gros des forces ou isolément, bien peu de légionnaires en revinrent.

5.2. Le traquenard

Les trois légions et leurs auxiliaires se mettent donc en route, direction S.-O., pour rejoindre la vallée de la Lippe, affluent du Rhin et axe de pénétration romain en Germanie.

Les Romains n'ont pas encore atteint Bielefeld, qu'Arminius informe Varus de la rébellion d'une tribu voisine [les Bructères]. Sans doute Varus s'inquiète-t-il aussi des petites garnisons isolées qui n'ont pas encore rejoint le gros de ses forces... Résolu à régler cela immédiatement sans attendre que la situation ne pourrisse, le propréteur romain bifurque N.-O., en direction des Wiehengebirge et de la Forêt de Teutberg - le saltus Teutoburgiensis.
Dans son esprit, ce ne devrait être qu'une simple promenade militaire, la seule vue des plumets rouges devant ramener les Germains à la raison.

... In saltus teutoburgiensis
En latin, saltus désigne aussi bien une région de bois et de pacages (silvestres saltus, VARRON, Res rusticæ, III, 3, 6) qu'une gorge ou un défilé (saltus Thermopylarum, T. LIV., XXXVI, 15. 6).
«Les montagnes étaient coupées de vallées nombreuses et inégales, les arbres serrés et d'une hauteur prodigieuse», note Dion Cassius (DIO, LVI, 20). Le terme convient admirablement bien pour décrire la plaine germano-polonaise, silvis horreda aut paliudibus (3), et dans le cas présent celui de la Basse-Saxe, fait de landes marécageuses et de collines basses couvertes de forêts de hêtres ou de conifères. Les Wiehengebirge ne dépassent pas 468 mètres en leur point culminant. «Le pays était si plat que sa vue portait immensément loin malgré la hauteur médiocre de son observatoire. C'était une succession de champs de seigle mûr, presque blancs, coupés par la ligne sombre d'une forêt de sapins, d'étangs brillants comme des plaques d'acier qu'entouraient des plages de sable clair, de tourbières charbonneuses où éclataient les troncs argentés des bouleaux, de marécages où se reflétaient les nuages laiteux, entourés par la sombre toison d'une aulnaie» (4) .

5.2.1. Premier jour de l'embuscade
On peut sans peine imaginer les trois légions et ses impedimenta, les chariots, les mulets bâtés, les calones ou valets d'armes, les esclaves, les femmes - prostituées et concubines (5) confondues - et leur marmaille, les commerçants et trafiquants de tous ordres habituellement attachés aux armées en campagne. Les trois légions cheminent par des sentiers sablonneux serpentant au travers de tapis de bruyère, traversent des prairies de graminées, longent des petits bois de sapins, se frayent un passage à travers les lacis de ronces et d'aubépines. Elles longent des forêts de bouleaux doucement vallonnées que parsèment des taillis de bourdaine, dans la cacophonie des individus qui se hèlent, des sous-officiers qui glapissent des ordres, des chevaux qui renâclent, des essieux qui grincent, des armes qui cliquettent. Autour d'elles, la forêt s'est tue. Seul le frisson des feuillages dérangés réagit au passage des hommes et de leurs cohortes interminables. Le frouement de la dame blanche en chasse, le chevrotement de la hase en rut, le tapement de pattes d'un lapin donnant l'alerte qu'évoquait Le Roi des Aulnes, le brame lointain et triste du dix-cors se sont dissous dans le silence piétiné. Il ne reste que des yeux craintifs ou hostiles, guettant de sous les frondaisons. Craintifs les animaux. Hostiles les barbares aux aguets...
Le temps est maussade, et laisse présager un rude hiver. Trop sûrs d'eux, les Romains avancent en ordre dispersé, comme en temps de paix. Ils sont, en effet, loin d'imaginer la perfide machination de leur «ami» Arminius.

C'est alors que les barbares, surgis du plus profond de la forêt par des sentiers connus d'eux seuls, enveloppèrent les troupes de Varus de tous côtés. L'avant-garde romaine se heurte aux premiers assaillants. Des éclaireurs - ces yeux et oreilles de la légion en marche - qui n'ont rien vu venir, déjà se retrouvent encerclés et isolés dans un bosquet. La lutte est brève : ils sont proprement égorgés. Pris, leur décurion est cloué vif au tronc d'un frêne...
L'arrière-garde est, elle, enveloppée par les «alliés» chérusques qui viennent de jeter bas les masques. Se retournant subitement sur les retardataires, les auxiliaires félons entreprennent de les délester de leur bagage, tuant qui leur résiste. Un combat s'ensuit avec leurs camarades légionnaires accourus à la rescousse. «Une centaine de sauvages parurent tout d'un coup comme par miracle dans un endroit où l'on en aurait à peine compté une douzaine quelques minutes auparavant», écrit un célèbre romancier américain (6), décrivant le massacre d'une colonne britannique semblablement engagée dans la forêt. Convoitant le châle coloré d'une femme portant un enfant, l'un des agresseurs hurons le lui arrache des bras et lui brise le crâne contre un arbre. Les barbares reportent leur haine sur tout ce qui est romain, indistinctement - légionnaires, civils, esclaves, femmes, enfants, bêtes de somme - en commençant par l'arrière-garde.

Les Romains sont trop dispersés pour avoir une vue d'ensemble de leur tragique situation. A l'avant de la colonne qui s'étire sur plusieurs kilomètres, Varus et ses officiers entendent la rumeur, mais n'imaginent même pas qu'ils sont attaqués par leurs propres alliés : une patrouille romaine aura sans doute accroché quelque parti de ces rebelles qu'ils sont venus réprimander. C'est tout-à-fait normal. Comment croire qu'ils oseraient s'attaquer à l'armée tout entière ? C'est alors que remontant la colonne, la vague de terreur finit par atteindre le propréteur et son état-major.

«Environ deux mille sauvages sortirent de la forêt, et s'élancèrent avec fureur sur l'arrière-garde de l'armée anglaise encore dans la plaine, et sur les différents groupes qui la suivaient de distance en distance. Nous n'appuierons pas sur la scène d'horreur qui s'ensuivit; elle est trop révoltante. Les Indiens étaient complètement armés; les Anglais ne s'attendaient pas à être attaqués, leurs armes n'étaient pas chargées, et la plupart de ceux qui composaient les derniers groupes étaient même dépourvus de tous moyens de défense. La mort était donc partout, et elle se montrait sous son aspect le plus hideux. La résistance ne servait qu'à irriter la fureur des meurtriers, qui frappaient encore, même quand leur victime ne pouvait plus sentir leurs coups. Le sang coulait par torrents, et ce spectacle enflammant la rage de ces barbares, on en vit s'agenouiller par terre pour le boire avec un plaisir infernal (7).»

Sur ces entrefaites, la pluie et le vent qui soufflaient en rafales vinrent encore les isoler par petits groupes, tandis que le sol devenu glissant entre les racines et les bûches dont il était jonché, rendait la marche périlleuse, et que de grands arbres abattus par les soldats jetaient partout la confusion. Les Germains, toutefois, n'avaient fait que tester la capacité de riposte de la colonne romaine. Le soir, à l'étape, les Romains construisirent le Grand Camp «pour trois légions» (TAC., An., I, 61).
Pendant la nuit, les légionnaires brûlent ou abandonnent la plupart de leurs chariots et tout ce qui n'était pas absolument nécessaire pour eux. Varus refuse toutefois de se défaire de sa splendide vaisselle d'or et l'argent.

 

tresor d'hildesheim

Parmi d'autres, trois pièces provenant du «Trésor d'Hildesheim», ainsi nommé d'après la ville où, le 17 octobre 1868, des soldats prussiens creusant une tranchée exhumèrent un butin enterré là on ne sait par qui. Cet important mobilier ménager romain composé de douzaines de pièces d'orfèvrerie - vaisselle, vases, calices, trépieds d'or et d'argent d'époque augustéenne -, se trouve actuellement conservé à Berlin (Altes Museum). Par hypothèse, on a suggéré que cette précieuse vaisselle d'argent aurait pu appartenir à un officier supérieur romain disparu dans le clades variana : butin saisi par les Germains, ou trésor caché par les Romains (Hildesheim aurait peut-être été un camp romain [CLICK et CLICK], sur le territoire des anciens Fosses, une tribu vassale des Chérusques ?). Pour plus de détails sur le «Trésor d'Hildesheim», cf. Dossiers Histoire et Archéologie, nĘ 54, juin 1981. Voir aussi sur la Toile : CLICK et CLICK

 

5.2.2. Deuxième jour de l'embuscade
Le jour suivant, les légionnaires se remirent en marche dans un meilleur ordre. Non sans essuyer de nouvelles pertes, ils atteignirent le pays ouvert.

 

carte kalkriese

 

Puis ils s'engagèrent dans les Wiehengebirge qu'ils franchirent à la hauteur de Krebsburg-Ostercappeln. Les barbares commencèrent d'abord par lancer leurs flèches à distance. Puis, après avoir fait beaucoup de blessés, comme il n'y avait pas de riposte, ils resserrèrent leur cercle et combattirent de près. Du flanc des collines dévalèrent Marses et Chérusques. Les Romains, pêle-mêle au milieu des chariots et désarmés, sont dans l'incapacité d'opposer où que ce soit une formation cohérente, et se trouvent partout inférieurs en nombre à leurs assaillants; ils ne peuvent offrir aucune résistance. Durement harcelés, ils érigent le Petit Camp sur la colline boisée de Schwagstorf (TAC., An., I, 61).

 

embuscade

Dessin : Lee Montgomery / Illustration Ltd (National Geographic, éd. allemande, mars 2002)

 

5.2.3. Troisième jour de l'embuscade
C'est dans les bois, le troisième jour, que les Romains subirent leurs pertes les plus lourdes en tentant de se défendre contre leurs assaillants : ils ne disposent que d'un espace étroit pour former leurs lignes, afin que la cavalerie et l'infanterie puissent ensemble réduire l'ennemi, se gênant mutuellement ou entrant en collision avec les arbres.
Les voici s'engageant dans la dépression de Fisse-Niewedde, au pied du mont Kalkriese, une excroissance des Wiehengebirge. Entre la montagne boisée et le grand marais s'ouvre un passage long de six kilomètres et large de mille mètres en son endroit le plus resserré. Tout au long, à flanc de montagne, les Germains ont édifié un mur en mottes de gazon, d'où ils lancent des attaques incessantes visant à repousser les Romains vers le marais. Les derniers chariots s'embourbent. Les archers germains les harcèlent et, ayant l'avantage de la position dominante, repoussent toutes les contre-attaques romaines. Même les éléments sont contre eux. Pluie glaciale, vent de tempête qui les empêche d'avancer et même de se tenir solidement debout, et leur interdit d'utiliser leurs armes. Les Romains, qui ne peuvent manier efficacement leurs arcs ou leurs javelots, n'ont pas même la place pour se reformer. Et leurs boucliers sont détrempés. C'est la cohue sur plusieurs kilomètres.
Etant pour la plupart légèrement équipé et capables de s'approcher et se retirer librement, les Germains ont moins souffert de la tempête. En outre, leurs forces ont sensiblement augmenté car - au vu de leurs succès - les hésitants les ont rejoints dans l'espoir de participer au pillage. Les barbares n'ont aucun mal désormais à encercler les Romains, dont les rangs ont été considérablement réduits, par les combats des jours précédents.

Déjà blessé, Varus sent la fin venir. Drusus naguère, plus tard Aulus Cæcina se sortirent de situations au moins aussi difficiles que la sienne. Mais si le propréteur n'était pas un foudre de guerre, c'était néanmoins un vrai Romain.

Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir,
La vie est un opprobre et la mort un devoir
(8).

Imitant l'exemple de son père et de son aïeul qui se percèrent de leur épée - celui-ci à Pharsale, celui-là à Philippes -, P. Quintilius Varus tourne contre son sein un fer assassin. Plusieurs de ses officiers, dont le préfet du camp Lucius Eggius, imitent son exemple. A la hâte, les légionnaires rassemblent de quoi construire un bûcher pour leur général. Le corps est placé sur un chariot, et tout ce qu'on peut trouver comme combustible est entassé dessus. Mais dans l'atmosphère surchargée d'humidité, le bois brûle mal...
Toutefois le préfet Ceionus préfère déposer les armes, tandis que le commandant de la cavalerie tournait bride avec ses escadrons. Mal lui en prendra, ni lui ni ses cavaliers n'atteindront le Rhin. Les commandants qui faisaient à leurs troupes des dons en numéraire poinçonnaient la monnaie à leur nom. On a ainsi retrouvé à Kalkriese des IMP (imperator), AUC (Auguste), VAR (Varus), mais aussi les C.VAL. de ce préfet de cavalerie dont Velleius Paterculus nous a conservé le nom : C. Numonius Vala.

Le légionnaire Marcus Aius (dont le major Tony Clunn retrouvera les attaches de cotte de mailles portant son nom incisé, avec celui de sa centurie - celle du centurion Fabricius, de la première cohorte [9]) est tué au bord du lac Feldungel, à l'extrême ouest de la dépression de Niewedde. Il sera donc parmi les derniers à périr...

 
pilum pilum

Pointe et collets de pilum retrouvés à Kalkriese et conservés au Varusschlacht im Osnabrücker Land, Museum und Park Kalkriese (Extr. Ross COWAN & Angus McBRIDE, Le légionnaire romain de 58 av. J.-C. à 69 apr. J.-C., Osprey Publishing-del Prado éditeurs, coll. «Armées et Batailles», nĘ 7, 2003)

 
dolabre umbo

Une dolabre - l'outil-arme multifonction du légionnaire, à la fois hache et pioche - et, à droite, un umbo de bouclier

5.2.4. Imaginons...
Le jour tombe. Imaginons maintenant le champ de bataille étiré sur plusieurs kilomètres, jonché de cadavres, d'agonisants et de blessés. Les mourants que l'on achève, et ceux qu'on laisse mourir lentement. Les râles des hommes à terre, les cris joyeux des vainqueurs pataugeant dans la boue et le sang, les hurlements des femmes que l'on viole, des enfants qu'on écrase et le hennissement des chevaux blessés. Les morts que l'on dépouille, les vivants que l'on spolie, le butin que l'on rassemble - armes, vivres, vêtements récupérés. Frissonnants sous le crachin glacial des derniers jours d'octobre, des groupes de prisonniers entièrement nus, tête basse, que l'on enchaîne. L'un d'eux, Caldus Cælius se suicide en se fracassant le crâne avec ses fers. Pas encore rassasiés de sang, quelques énergumènes se divertissent, torturant par jeu ou caprice l'un ou l'autre Romain dont la tête ne leur revient pas, ou croyant reconnaître un tel qui leur a naguère marché sur les pieds. Les avocats, ces arrogants bavards qui faisaient la loi, font l'objet d'attentions toutes spéciales : on leur arrache la langue, leur coud les lèvres, leur crève les yeux, leur tranche les mains. Deux mille ans plus tard, les Allemands ne les auront toujours pas digérés, ces avocaillons : une carte postale de 1929 montre Arminius armé d'un énorme marteau, clouant un légionnaire à cheval sur la reliure d'un ouvrage intitulé Corpus Iuris !

On sépare les légionnaires romains des auxiliaires prisonniers. Aux Celtes, on reproche de s'être mis au service de ceux qui oppriment leur pays : que ne se révoltent-ils pas eux aussi ! Les Romains ne sont pas invincibles. Les Germains demeurés fidèles sont des Chauques et des Ubiens, des cavaliers Bataves et aussi quelques Chattes ennemis héréditaires des Sicambres et des Chérusques : on les emmène plus loin, solidement entravés. On les soufflette, on leur arrache les cheveux par poignées. Les insultes fusent. On les frappe avec les poings d'abord, puis on les taillade avec des dagues. Enfin on sort les gourdins. Une éternité durant, les vainqueurs vont s'acharner sur eux, visant d'abord les jambes, puis le tronc. Lorsqu'ils sont à terre, les genoux rompus, les bourreaux hilares leur éclatent le crâne, bientôt réduit à l'état de bouillie sanglante.

Les voici hébétés, hagards, honteux. Et las, tout d'un coup. Très las. Les légionnaires avaient combattu bravement. Jusqu'au bout de leurs forces. Jusqu'à ce que leurs membres douloureux devinssent de plomb. Maintenant leurs ressorts sont brisés, l'inconcevable est arrivé. Résignés, vaincus, ils défilent devant les forgerons qui leur passent les fers et d'un coup précis les rivettent. Et ce coup de marteau scelle leur destin d'hommes, anéantit ce qui leur reste de dignité. Ils ne sont plus désormais que des esclaves, des moins que rien que Rome - déjà - ne reconnaît plus pour siens.

Des rescapés raconteront plus tard à Germanicus «par quelles insultes l'orgueil d'Arminius outragea les enseignes et les aigles» (TAC., An., I, 61). Sous les quolibets et les vociférations, les Romains sont traînés devant les aigles jetées à terre, sont contraints de passer sous le joug et de fouler au pied les orgueilleux symboles d'argent. Plus d'un réfractaire paie de sa vie son refus d'obéir. «Ils furent tués jusqu'au dernier par ces mêmes ennemis qu'ils avaient toujours égorgés comme un bétail et dont la vie et la mort dépendaient de leur colère ou de leur pitié» (10).

 
teutberg - mule teutberg - germain

«... Des ossements blanchissants, épars ou amoncelés, suivant qu'on avait fui ou combattu. A côté, par terre, des morceaux d'armes et des membres de chevaux...», note Tacite. Ici un archéologue dégage un squelette de mulet. Photo Thomas Ernsting. A droite : crâne de guerrier germain. Notez le «nœud suève», qui retient sa chevelure. Photo : Archäologisches Landesmuseum Schloss Gottorf. (National Geographic, éd. allemande, mars 2002)

 

Les Germains dédaignent l'usage des armures et des casques qui seront donc jetés dans le marais, en offrande aux dieux, ou peut-être récupérés pour être fondus. Vainqueurs des Romains à Arausio, les Cimbres et les Teutons avaient ainsi dédié le butin à leurs dieux : «Les vêtements [des morts romains] furent déchirés et jetés par terre - rapporte Orose -, les objets d'or et d'argent jetés dans le fleuve, les armures des hommes brisées, les harnais des chevaux détruits, les chevaux eux-mêmes noyés dans le fleuve et les hommes pendus aux arbres.» Les officiers romains constituent des victimes de choix, qui ne doivent espérer aucune pitié : ils seront crucifiés aux arbres ou pendus (11). D'autres seront enterrés vifs ou noyés dans les tourbières (12). Quand six ans plus tard les Romains repasseront dans la forêt de Teutberg, ils découvriront «au milieu de la plaine, des ossements blanchissants, épars ou amoncelés, suivant qu'on avait fui ou combattu. A côté, par terre, des morceaux d'armes et des membres de chevaux. Des têtes humaines pendaient au tronc des arbres. Dans les bois voisins, les autels barbares où furent immolés les tribuns et les centurions primipiles» (TAC., An., I, 60). Ce n'est pas par cruauté gratuite que l'on supplicie ces officiers; en fait on les sacrifie aux dieux qui ont accordé la victoire. Ils sont leur part du butin. Ceux qui sont cloués aux arbres sont pour Wotan (Odin) (13). C'est dans une semblable forêt consacrée à Hercule, mais de l'autre côté de la Weser, qu'Arminius rassembla ses partisans avant de les lancer contre les légions de Germanicus (TAC., An., II, 12)). Dominant la sinistre forêt de Teutberg, un bosquet sacré sur la colline de Borgwedde est, de nos jours encore, connu comme le «Pétrin du Diable» (Teufels Back Trog). C'est peut-être là que les officiers romains furent entraînés pour être suppliciés.

 

teutberg - noyade

Parmi les modes sacrificiels favoris des Germains, il y avait la noyade. (Extr. La conquête de l'Europe au temps des Romains, Chantecler, 1979)

 

On déterra le corps à demi-calciné de Varus et on lui trancha la tête qui fut envoyée à Marbod le Marcoman, qui lui-même la fit suivre à Auguste.
Sur la Lippe, la petite garnison d'Aliso se défendit énergiquement sous la conduite du préfet du camp Lucius Cædicius, et résista plusieurs jours à un adversaire supérieur en nombre. Le tir nourri des archers romains, autant que l'incompétence des Germains à mener des travaux de siège furent pour beaucoup dans ce succès. Finalement, L. Cædicius réussit à décrocher avec femmes et enfants et conduisit ses légionnaires à la rencontre du neveu de Varus, L. Nonius Asprenas qui accourait de Mogontiacum (Mayence) avec la XIII Gemina et la XVI Gallica.

Des simples légionnaires survivants de la bataille, très peu réussirent à s'échapper, mais de leur nombre était un aquilifer qui réussit à ramener son aigle intacte.
Ceux qui furent faits prisonniers furent emmenés en esclavage dans les fermes marses, chérusques ou bructères. Dans une lettre à son ami Lucilius, Sénèque évoquera en stoïcien la question de l'esclavage. Les esclaves ne sont pas nécessairement des brutes stupides : des gens de qualité peuvent s'y trouver réduits par un sort malheureux : «Lors du désastre de Varus, de nombreux fils de grande famille, qui entraient dans l'ordre sénatorial en faisant leur service militaire, furent terrassés par le destin : l'un devint berger, l'autre gardien d'une simple cabane...» (SÉN., Ep., XLVII, 10. 4). Quelques années plus tard, des citoyens romains réussiront à racheter leurs parents prisonniers des Germains, mais Auguste leur interdit de remettre les pieds en Italie. Et les légions XVII, XVIII et XIX ne seront jamais reconstituées, leurs numéros jamais plus attribués - ce qui atteste du traumatisme.

***

Entre 10 et 11, Tibère rétablit la discipline, nettement relâchée sous Varus ! Il traversa le Rhin avec huit légions et sema la terreur en deux campagnes (villages incendiés, populations déportées).
Son fils adoptif Germanicus le rejoignit en 11 et guerroya six ans durant, reconquérant deux des aigles perdues par Varus.

Quand Octave-Auguste décéda en 14 (19 août), Tibère monta sur le trône (17 septembre). Profitant du changement de règne, les légions de Germanie se mutinèrent, espérant obtenir l'alignement de leur statut sur celui des prétoriens : 16 ans de service au lieu de 20 (14), doublement de la solde - un denier par jour au lieu de dix as. En Pannonie, les légions VIII Augusta, IX Hispania et XV Apollinaris du légat Junius Blæsus entreprirent un bras de fer contre Drusus II, fils de Tibère, qui s'était entouré des prétoriens. Les légions de la Germanie inférieure (la I Germanica et la XX Valeria Victrix à Cologne, et les V Alaudæ et XXI Rapax du légat Aulus Cæcina à Castra Vetera) montrèrent leurs crocs à Germanicus et voulurent le contraindre à prendre la tête de leur mouvement (15).

L'épouse de Germanicus, Agrippine, ne craignait pas de partager avec son mari les fatigues et l'inconfort des camps militaires. Avec son fils Caligula, âgé de deux ans, elle venait d'y rejoindre son époux occupé aux travaux de Mars. La vue de «Petites Bottes», le fils de leur général, leur mascotte que l'on éloignait d'eux, fit regretter ces prétentions aux rudes légionnaires. Germanicus n'eut plus qu'à inviter les soldats loyaux à faire le ménage chez eux; les meneurs furent passés par les armes. Ensuite, il organisa un «happening expiatoire» pour restaurer le moral des mutins repentants ! Ayant traversé le Rhin, il extermina tout - femmes et enfants compris - à soixante-quatorze kilomètres à la ronde... notamment le sanctuaire fédéral de la déesse germaine Tanfana. Ce furent les Bructères, les Tubantes et les Usipètes qui firent surtout les frais de cet «exercice» de remise en condition; mais repues de violence les légions purent hiverner en paix !

 

arminius

Arminius est interprété par Hans von Borsody, star très populaire en Allemagne.
(Il Massacro della Foresta Nera / Hermann der Cherusker)

 

15 de n.E. Le printemps revenu, Germanicus reprit les hostilités... Arminius avait emprisonné son beau-père pro-romain Ségeste. A l'Ara Ubiorum (Cologne), le grand-prêtre d'Auguste, Segimundus fils de Ségeste - qui avait un temps rejoint le parti d'Arminius - réintégra le camp romain (16). Germanicus tira Ségeste de sa prison et s'assura de la personne de sa fille Thusnelda, l'épouse d'Arminius. Elle mettra au monde, en captivité, Thumelicus, le fils d'Arminius qui sera envoyé à Ravenne pour y être élevé. Un autre allié de choix était Flavus, «le Blond», le propre frère d'Arminius, demeuré loyal aux Romains; en revanche, son oncle pro-romain Inguiomère finit par rallier la rébellion et resta aux côtes de son neveu au moment de sa «défaite» à Idistaviso (TAC., An., II, 16).

Ensuite Germanicus se tourna contre les Chattes, Bructères et Chérusques - redoutables quand ils sont unis, mais, présentement désunis. Il affronta d'abord les Bructères, qu'il écrasa, les empêchant de joindre leurs forces à celles d'Arminius. A cette occasion, son légat L. Stertinius récupéra une des aigles de Varus, celle de la XIXe légion, enterrée dans un de leurs sanctuaires. Traversant le Teutoburger Wald, Germanicus fit inhumer les débris humains abandonnés sur le champ de bataille six ans plus tôt.
Enfin, il engagea une bataille contre les Chérusques, à l'issue douteuse. Germanicus fit retraite sur l'Ems, et y embarqua une partie de ses troupes pour regagner le Rhin par voie fluviale puis maritime. Ce qui, avec les marées d'équinoxe, n'alla pas sans problèmes pour Germanicus : les légions II et XIV, sous les ordres de Vitellius, furent débarquées sur le littoral et rentrèrent à pied (TAC., An., I, 70).
Quant à son légat Aulus Cæcina, il ramena par voie de terre ses quatre légions. Harcelé par les Chérusques qui, rompant des digues, inondaient le terrain pour le rendre impraticable, il passa par les «Longs-Ponts», construits dix-sept ans plus tôt par L. Domitius Ahenobarbus. Ceux-ci permettaient de traverser un marécage entre l'Ems et le Rhin. Cæcina était encerclé et, la nuit, dans un cauchemar, il vit apparaître le spectre de Varus, couvert de sang. Néanmoins, et contre toute attente, Cæcina remporta une victoire inespérée, en piégeant Arminius qu'il enferma dans son propre camp (17) (TAC., An., I, 68).

Mais à Castra Vetera (Xanten [18]), la rumeur d'une défaite romaine était parvenue. On voulait détruire le pont sur le Rhin; mais en l'absence de son époux la femme de Germanicus, Agrippine, s'y opposa et organisa l'accueil des légions de Cæcina (TAC., An., I, 69).
Les légats de Germanicus, A. Cæcina, L. Apronius et C. Silius obtinrent cette année-là les honneurs du triomphe à Rome (TAC., An., I, 72). Parmi ses officiers, signalons la présence du nouveau préfet de la garde prétorienne, Séjan (L. Ælius Sejanus) de sinistre mémoire, que plus tard Tibère fera exécuter.

En +16, jaloux des succès de son fils adoptif, Tibère rappela Germanicus à Rome, laissant inachevée son œuvre «pacificatrice» de Germanie. Germanicus obéit, mais lentement. Il entra à nouveau en Germanie et, à Idistaviso, remporta une maigre victoire sur les Chérusques et sur Arminius. Après une navigation périlleuse, il répara ce demi-échec par le succès d'une autre expédition contre les Marses, au cours de laquelle un de ses légats récupéra la seconde aigle perdue. Drusus II le remplace et profite des dissensions entre Germains. Après quoi plus jamais les Romains ne s'aviseront à retraverser le Rhin.

 
cherusques marcomans
Reconstitutions par G.A. Embleton de guerriers Chérusques (à gauche) et Marcomans (planche de droite). Les Marcomans semblent nettement plus sophistiqués, ouverts aux influences daces et romaines. (Extrait de Peter WILCOX, Rome's Enemies : Germanics and Dacians, Osprey, Men-At-Arms Series, nĘ 129, 1982)
 

Quant à Marbod qui, en +10, avait fondé un Etat marcoman solide, doté d'une armée équipée et entraînée à la romaine, sa puissance paraissait affermie par un long règne. Il se vit néanmoins infliger par Arminius et ses Chérusques une sanglante défaite (TAC., An., II, 45-46). Habilement, Drusus II semait la division parmi les Germains. Contesté par ses nobles, Marbod se vit bientôt chassé de son royaume par l'un d'eux, Catualda. Il se réfugia en Italie et Tibère lui assigna une résidence à Ravenne, où il passa les dix-huit dernières années de sa vie. Son rival Catualda éprouva bientôt le même sort et fut envoyé à Fréjus (TAC., An., II, 42 sqq.). Quant au successeur d'Auguste, Tibère, il se «consola» de la perte de la Germania Magna (la Grande Germanie) en s'inventant deux nouvelles provinces germaniques cisrhénanes qu'il constitua avec des territoires arrachés à la Belgique : la Germania inferior et la Germania superior.

 
teutberg hermannsdenkmal

Le Teutoburger Wald vu de l'Hermannsdenkmal. A gauche : Tel un spectre maléfique, Arminius semble flotter au-dessus de la forêt de Teutberg embrumée.
A six kilomètres de Detmold, au sommet du Grotenburg, l'Hermannsdenkmal commémore la victoire d'Arminius sur les légions de Varus. Une galerie permet au visiteur d'embrasser du regard les cimes chevelues de la vaste forêt noyée de brume qu'elle domine. Le monument a une hauteur totale de cinquante-cinq mètres. Il est sommé d'une statue de cuivre du héros, œuvre de Joseph Ernst von Bandel (1800-1876). Préfiguration de Siegfried, Hermann brandit une épée longue de sept mètres, portant la devise «Deutsche Einigkeit, Meine Starke Deutschlands Macht» («L'unité allemande est ma force, ma force est la puissance de l'Allemagne») et s'appuie sur un bouclier sur lequel on peut lire «Treufest» («Loyauté»). Il foule au pied une aigle romaine et un faisceau de licteur. Photo : Detlef Wittig (National Geographic (Deutschland), mars 2002)

 

hermann's monument

Importé par des immigrants allemands, Arminius défend les Etats-Unis d'Amérique (Hermann's Monument, New Ulm (USA)

 
Suite…

NOTES :

(1) Ce n'est peut-être qu'une ellipse dans une phrase qui passe de la comparution au tribunal à l'attaque finale du camp des légions (qui s'étaient déplacées entre-temps). - Retour texte

(2) Dion Cassius insiste sur les difficultés qu'éprouvèrent les archers romains à combattre sous la pluie et dans le vent. Les Romains n'étant pas des archers, il doit donc s'agir d'auxiliaires, peut-être germains, peut-être arabes. - Retour texte

(3) «Le pays est en général hérissé de forêts ou noyé de marécages, plus humides vers les Gaules, plus battu des vents du côté de la Norique et de la Pannonie» (TAC., Germanie, V). - Retour texte

(4) Michel TOURNIER, Le Roi des Aulnes, 1970. - Retour texte

(5) Au temps d'Auguste, le légionnaire romain n'avait pas le droit de se marier. - Retour texte

(6) Fenimore COOPER, Le dernier des Mohicans. - Retour texte

(7) F. COOPER, op. cit., in Le roman de Bas-de-Cuir, Presses de la Cité, coll. Omnibus, 1989, p. 545.- Retour texte

(8) VOLTAIRE, Mérope, Act. 2, sc. VII, 599-600. - Retour texte

(9) Mais on ignore si c'était la légion XVII, XVIII ou XIX. - Retour texte

(10) VELLEIUS PATERCULUS, II, 119. - Retour texte

(11) En -13, les Sicambres - par défi - crucifièrent vingt centurions romains, probablement des membres de la Ve légion Alaudæ de Marcus Lollius, vaincu deux ans plus tôt. La V Alaudæ perdit son aigle mais réussit néanmoins à sauver la moitié de son effectif (-16). - Retour texte

(12) Comme le fut l'«homme de Tollund». Il s'agit d'un homme d'un quarantaine d'années dont le corps fut retrouvé dans une tourbière à Tollund, près de Silkeborg (Jutland), dans un état de conservation remarquable; il avait été préalablement pendu ou étranglé et portait encore la corde autour du cou. - Retour texte

(13) «Les Germains vénèrent en premier lieu Mercure [Wotan], à qui ils font des sacrifices humains; Hercule [Donar (Thor)] et Mars [Tius ou Mars Thingsus (Tyr)] ne reçoivent que des offrandes d'animaux» (TAC., Germ., IX). - Retour texte

(14) On y donnera satisfaction. Mais un an plus tard, sous prétexte que le Trésor militaire ne pouvait supporter les frais entraînés par la réduction de la durée du service, le temps d'engagement sera de nouveau porté à vingt ans. - Retour texte

(15) Irrésolues, les quatre légions de la Germanie supérieure de C. Silius (les II et XIV de Vitellius, et les XIII et XVI) ne prirent point part au mouvement. - Retour texte

(16) Le frère de Ségeste, Sigimer et son fils [pas Arminius le traître, ni Flavus le fidèle ! Alors un autre dont nous ne connaissons pas le nom ? Ou bien Segimundus, le fils de Ségeste ?] se rendirent à Stertinius, dans la Cité des Ubiens [Cologne]. Sigimer obtint facilement son pardon. Pour «son fils», ce fut plus difficile, «car il avait insulté le cadavre de Varus» (TAC., An., I, 71). - Retour texte

(17) Cet exploit a inspiré l'épisode du camp de Divitia dans le film Il Massacro della Foresta Nera. - Retour texte

(18) Pour être tout-à-fait précis, Castra Vetera est, en fait, Fürstenberg, près de Birten, aux environs de Xanten. - Retour texte.