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Salomé
(William Dieterle,
EU - 1953)
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Comme la Princesse Salomé est belle,
cette nuit !
(Wie schön ist die Prinzessen Salome, heute
Nacht !) (1)
A l'occasion de son édition DVD VF, Francis
Moury a analysé pour Ecran Large le film de
William Dieterle, et en fait profiter nos visiteurs...
C'est pour nous l'occasion de rappeler cette
grande pécheresse dont, sans la nommer, parlent les Evangiles
(Mt., 14 : 1-13; Mc, 6 : 21-29), qui font également
allusion à sa mère Hérodiade (Lc,
3 : 19). En effet, c'est à Flavius Josèphe que nous
sommes redevables d'avoir préservé de l'oubli le
nom de la fille d'Hérodiade et du Tétrarque Hérode
Philippe : «Salomé» (JOS., Antiq. jud.,
XVIII, 7 [2]).
Demeurée en nos mémoires pour sa fameuse «Danse
des Sept Voiles», Salomé est l'illustration parfaite
de l'«éros & thanatos» : après avoir
enflammé les sens incestueux de son oncle et beau-père,
le roi Hérode Antipas, elle baise les lèvres glacées
du prophète Jean-Baptiste dont on lui a, sur un plateau
d'argent, amené la tête tranchée. Un geste
qui marquera notre imaginaire d'un sceau indélébile.
Dans ce film - qui valut à Rita Hayworth d'être
saluée par la critique comme «stripteaseuse biblique»
- Salomé, donc, a vécu à Rome, sous Tibère.
De retour en Judée, elle devient l'instrument involontaire
de la vengeance de sa mère, Hérodiade, éprise
de Jean le Baptiste qui l'a dédaignée. Salomé
devient chrétienne par amour pour un beau centurion romain
adepte de la nouvelle foi, et s'enfuit avec lui.
On le voit, le film de William Dieterle illustre
parfaitement ce que nous pourrions appeler le «révisionnisme
hollywoodien». Comme il était «éthiquement»
[id est commercialement ?] impossible de donner un mauvais
rôle à Rita Hayworth, le scénariste opéra
les «retouches» qui s'imposaient pour faire de la
sulfureuse Salomé un personnage positif. Ce au déni
de la tradition chrétienne établie. Le bon peuple
des spectateurs n'y vit que du feu ?
Salomé, comme Salomon, signifie «la
paix», en hébreu shalom. A noter que dans
Le Cantique des Cantiques (Ct., 7 : 1), poème
érotique attribué à Salomon, il est question
de la Sulamite (Shlumit, féminin de Shlomo,
«Salomon»), type de la beauté féminine,
vraisemblablement Abishag la «S(h)unamite» - parce
qu'originaire de Shunem (1 R., 1 : 3) -, qui sur le tard
épousa le vieux roi David et réchauffa sa couche.
Mutatis mutandis, l'exhibition de son homonyme Salomé
pareillement enflamme les sens du roi Hérode, de beaucoup
plus âgé qu'elle. Le générique indique
: «D'après une histoire originale pour l'écran
de Harry Kleiner et Jesse L. Lasky jr.» Mais en réalité
William Dieterle, sous le pseudonyme de William Sidney, avait
déjà ébauché ce scénario dans
un roman, The Good Tidings (éd. Farrar Straus, New
York [3]).
Introduction
Fille d'Aristobule et petite-fille d'Hérode le Grand,
la reine Hérodiade a épousé son oncle Hérode
Philippe I, dont elle a eu une fille - Salomé. Cependant,
encore du vivant de son époux et en accord avec lui, elle
en «divorce» pour se... euh... «mettre en ménage»
avec son autre oncle, Hérode Antipas.
Bien évidemment, parangon de toutes les vertus, le prophète
Jean le Baptiste dénonce publiquement son attitude éhontée.
Bien évidemment aussi, Hérodiade conçoit
de la haine pour le saint homme; alors que, plus nuancé
ou conscient de sa faute, son nouvel «époux»
Hérode Antipas hésite à se rendre impopulaire
en sévissant trop rigoureusement.
Salomé sera l'instrument de la vengeance d'Hérodiade
bafouée. Par sa fameuse «Danse des Sept Voiles»
- cet ornement est rajouté par Oscar Wilde au succinct
texte biblique -, Salomé restera fameuse comme étant
la parfaite illustration de l'«éros & thanatos».
Après avoir, par sa danse érotique, enflammé
les sens de son royal oncle et beau-père, elle obtient
de lui l'exécution de Jean-Baptiste et baise les lèvres
glacées du prophète dont on lui a apporté
sur un plateau la tête tranchée. Un baiser qui marquera
notre imaginaire d'un sceau indélébile; notamment
Stendahl, lorsqu'il nous montre Mathilde de La Mole embrassant
le chef de son amant guillotiné, Julien Sorel (Le rouge
et le noir). Exaspéré par l'attitude de sa nièce
qui à sa générosité préfère
le martyr supplicié, Hérode Antipas ordonnera à
ses gardes de l'écraser sous leurs boucliers (4)...
Signalons qu'au XIIIe s., l'hagiographe Jacques
de Voragine dans La légende dorée voyait
différemment la fin de Salomé et de sa mère
Hérodiade. «Or, de même qu'Hérode,
qui avait fait couper la tête à saint Jean, et que
Julien [l'Apostat], qui brûla ses os, furent punis,
de même aussi Hérodiade, qui avait suggéré
à sa fille de demander la tête de Jean, reçut
la punition de son crime, ainsi que la fille [que Voragine
ne nomme pas] qui avait fait la demande. Quelques uns disent
qu'Hérodiade ne mourut pas en exil comme elle y avait été
condamnée, mais alors qu'elle tenait dans les mains
la tête de saint Jean, elle se fit un plaisir de l'insulter;
or, par une permission de Dieu, cette tête elle-même
lui souffla au visage, et cette méchante femme mourut aussitôt.
C'est le récit du vulgaire; mais ce qui a été
rapporté plus haut, qu'elle périt misérablement
en exil avec Hérode, est affirmé par les saints
dans leurs chroniques : et il faut s'y tenir.
Quant à sa fille, elle se promenait un jour sur une pièce
d'eau gelée dont la glace se brisa sous ses pieds, et elle
fut étouffée à l'instant dans les eaux. On
lit cependant dans une chronique qu'elle fut engloutie toute vive
dans la terre. Ce qui peut s'entendre, comme quand on parle des
Egyptiens engloutis dans la mer Rouge, on dit avec l'Ecriture
sainte : «La terre les dévora.» (5)»
Cette histoire de souffle émanant de la tête tranchée,
annonce l'échange du baiser auquel se livrera Salomé
dans des versions ultérieures.
Salomé est une figure archétypale
qui hanta l'uvre de Gustave Moreau (e.a. Apparition,
1876; Salomé dansant devant Hérode, 1876
également; Hérodias-Salomé, 1888 [6])
et de Gustave Flaubert («Hérodias», dans Trois
contes, 1877). En 1909, jouant Salomé, Ida Rubinstein
se mettait complètement nue au terme de l'effeuillage de
la Danse des Sept Voiles; en 1941, Jean Choux la croisa avec la
conteuse Shéhérazade (Gli amori di Salome / La
nascità di Salome); et en 1953, le cinéaste
indien Mohamed Hussein combina le personnage avec She/Antinéa
(Malika Salomi). En 1963, Pietro Francisci montrera une
«Danse des Sept Voiles» exécutée par
Dalila - l'exquise Liana Orfei - devant le Seren des Philistins
avec, petit piment sadomasochiste, cette particularité
que chacun des voiles porté par la danseuse était
détaché par la mèche d'un fouet manié
par un acolyte (Hercule, Samson et Ulysse). On en fit même
l'héroïne d'un western, à travers l'histoire
d'une troupe de comédiens itinérants (Les amours
de Salomé/Salome where she danced, Charles Lamont,
EU - 1945), tandis que le Français Claude D'Anna, l'incarnant
sous les traits androgynes de Jo Champa, la situera dans un monde
intemporel, entourée de notables habillés de bric
et de broc, et de soldats en capotes de l'armée soviétique,
la clope au bec... (Salomé, FR-IT - 1985).
La Salomé de Claude D'Anna (1985),
quoique distribuée par la Cannon, ne connut qu'une
diffusion très confidentielle... Bienheureux les
cinéphiles qui ont eu la chance de la voir. A droite
: l'androgyne Jo Champa incarne Salomé |
La version de Claude D'Anna a pour décor
une civilisation uchronique, où évoluent notamment
d'étranges gladiateurs... |
... «la rédaction de ce drame
fin 1891 ne saurait étonner a priori si on prend
garde qu'elle a eu lieu en plein cur de la période
1880-1900, et donc dans cette fin de siècle qui voyait
triompher en France les mouvements décadents et symbolistes.
Hérodiade et Salomé, en effet, ont été
les héroïnes chéries des artistes d'alors.
Ces derniers sont las du réalisme et du naturalisme et
ne le sont pas moins de l'époque qu'ils vivent, époque
jugée plate et triviale parce qu'elle est celle du suffrage
universel, de la vulgarité bourgeoise, de l'esprit de
lucre, des idées «utilitaires». Pour eux,
la réalité n'est que laideur. Ce sont des esthètes
désenchantés que n'anime aucune espèce
de foi, qu'elle soit patriotique, religieuse ou morale. La civilisation
où ils vivent, estiment-ils, est sur son déclin,
épuisée et exsangue, minée par la décomposition,
menacée de mort» (7).
Le poète de la décadence, Oscar
Wilde en tira un drame fameux (1891-1892), écrit directement
en français, mis en musique par Richard Strauss, et - depuis
- maintes fois porté à l'écran. On se souviendra
également de l'hiératique version de Carlos Saura,
filmant les répétions d'une représentation
théâtrale avec Aida Gomez (Salomé,
2002); également l'excellente version de Ken Russel où
l'on voit O. Wilde, complètement déjanté,
montant son uvre avec la complicité des pensionnaires
d'un bordel londonien (Salomé/Salome's Last Dance,
1985).
A noter que dans le roman de Félicien
Champsaur, Le Crucifié (1930), biographie très
ironique et irrévérencieuse du Christ, ce sera Hérodiade
éprise de Jean qui séduit sans peine l'ascète
lubrique dans son cachot. Transfert de Salomé d'après
Wilde ?
Quant à Salomé chrétienne, il se peut que,
pour bâtir sa fiction fantasmatique en diable, le romancier
se soit abusivement inspiré d'un détail de L'évangile
de Thomas (8).
Il est question, en effet, au Logion 61, d'une Salomé
qui devient disciple du Christ, dont elle partage la couche et
la table. Salomé fut-elle une disciple très intime
de Jésus, ou faut-il entendre par-là le lit, ou
plus probablement le canapé des banquets romains, où
l'on mangeait deux par deux ?
On sait en effet que le Christ ne dédaignait pas la fréquentation
de pécheurs tels les publicains, qui étaient des
Juifs hellénisés.
Archéologie du mythe
A noter que l'usage de faire danser nues des prostituées
ou des esclaves pour agrémenter un banquet remonte à
la nuit des temps; mais Salomé, justement, n'était
ni l'une ni l'autre. Et les bonnes murs d'alors comme celles
d'aujourd'hui voulaient qu'une princesse ou n'importe quelle jeune
fille nubile de bonne famille dansât habillée du
cou à la cheville. Remarquons que le texte grec du N.T.
la qualifie de koraison, c'est-à-dire «petite
fille prépubère», et aussi bien sa danse est
une orxeomai, un «jeu d'enfant».(8a)
L'offre d'Hérode Antipas obnubilé
par une irrépressible passion incestueuse d'offrir à
la jeune fille «ce qu'elle voudra, même la moitié
de son royaume» est un vieux thème des contes
populaires, celui de la promesse imprudente. On la trouve fréquemment
dans les légendes, notamment celtiques, mais aussi dans
Le Livre d'Esther (Esth., 5 : 3 et 6; 7 : 2). Ce
qui pourrait rattacher l'épisode néotestamentaire
à une danse sacrée en l'honneur de la déesse
Ishtar - dont Esther est l'avatar biblique (charmé par
Esther qui a organisé un banquet [on ne nous dit pas si
elle y dansa], le roi Assuérus lui tient cette promesse,
sur quoi son hôtesse réclame l'exécution de
son ministre félon, Haman).
La version 1952
Officiellement reconnue, donc, comme la première strip-teaseuse
de l'imaginaire occidental, Salomé fut d'abord incarnée
à l'écran par celle qui sera également la
première «vamp» du cinéma, Theda Bara
- Arab Death, une anagramme qui est tout un programme (Salomé,
1918) ! Pour William Dieterle, ce sera une enfant de la balle,
la danseuse latino Margarita Cansino, mieux connue à Hollywood
sous le nom de Rita Hayworth, qui va en 1952 reprendre le flambeau
et, pour nous, esquissera quelques pas de danse respectueux du
sacro-saint Code Hays...
Détail de l'affiche britannique. Le
Code Hays proscrivait notamment le nombril féminin
à l'écran. Le gus devait confondre avec autre
chose, un peu plus bas : l'Enfer, «parce que Satan
l'habite»...
mais à chacun son «truc», n'est-ce pas
? |
En cette année 1952 donc, la 20th Century-Fox
était entrée dans l'ère de l'écran
large avec La Tunique et la Warner avec Le Calice d'argent.
Pour la Columbia, ce sera Salomé. Hervé Dumont,
qui lui consacre une copieuse notice dans son ouvrage de référence
L'Antiquité
au cinéma, note à ce propos : «Un
ancien projet d'Orson Welles - annoncé en 1946 déjà,
puis programmé en 1950 à Cinecittà - pour
son ex-épouse Rita Hayworth, dans lequel il devait aussi
interpréter Hérode aux côtés de Dolores
Del Rio (Hérodiade, autre compagne de Welles), et Michael
Redgrave (Jean-Baptiste). Mais le montage d'Othello prend
du retard, et Welles renonce. La Columbia, qui a la resplendissante
Miss Hayworth sous contrat, reprend l'affaire, marquant ainsi
sa première incursion dans le film à grand spectacle
en Technicolor. On entend relancer ainsi la carrière de
la star, 35 ans, qui avait débuté comme danseuse
après un intermède prolongé dans les mondanités
extra-cinématographiques (le mariage très médiatisé
avec le prince Ali Khan). Les extérieurs sont tournés
en Israël, sur les rives du Jourdain, près des collines
de Menahamieh et à Akko (Acre) avec le soutien des studios
de Herzliya et GEVA à Tell-Aviv, puis en intérieurs
aux ateliers Columbia de Gower Street à Hollywood.»
La production reçoit des pressions de toutes parts; le
«Motion Pictures Projects», fondé en 1947,
est soucieux de ce que le film ne donne pas au public une image
dépréciative des Juifs, susceptible d'alimenter
l'antisémitisme chrétien toujours latent : on gomme
le Sanhédrin, on insiste sur le fait qu'Hérode Antipas
n'était pas juif mais régnait sur ceux-ci comme
un potentat étranger. Et il ne faut pas non plus donner
un rôle négatif à la vedette, susceptible
de ternir l'image de Rita Hayworth; elle dansera donc pour obtenir
la grâce, non la condamnation de l'anachorète Jean
(!).
Quant aux Romains - derrière lesquels, malgré tout,
s'inscrit en filigrane la Ville Eternelle -, ils chercheront à
tirer le prison Jean-le-Baptiste bien qu'il soit leur farouche
opposant politique. Cette invraisemblance, une parmi d'autres,
est facilitée par le fait que le beau centurion de service
incarné par le sémillant Stewart Granger, s'était
secrètement converti...
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Analyse du DVD
[par Francis Moury]
SALOMÉ [Salome]
William Dieterle (EU - 1953)
1 DVD-5 Zone 2 PAL édité le 07 octobre 2009
par Columbia, coll. «Columbia Classics»
Durée vidéo PAL du film : 98'35" - Image 1.37
4/3 Technicolor - Son Dolby Digital Mono 2.0
Salomé, de William Dieterle
: DVD français et DVD anglais |
1) Image
Format d'origine respecté en 1.37 4/3 Technicolor. Copie
chimique presque parfaitement restaurée et numérisation
admirable : certains plans ont presque l'air en relief tant la
définition est stupéfiante. Belle direction classique
de la photographie et montage régulièrement spectaculaire.
Note : 9/10
2) Son
VOSTF et VF d'époque Dolby Digital Mono 2.0 : offre complète
pour le cinéphile francophone. Autres langues disponibles
: allemand, italien. Autres sous-titres disponibles : anglais,
allemand, italien, grec, turc, arabe. VF d'époque en excellent
état. Musique flamboyante de George Dunning et grande scène
des sept voiles composée par Daniele Amfitheatrof, en partie
inspirée par La Danse des sept voiles de
l'opéra Salomé de Richard Strauss (1864-1949)
composé d'après la pièce de théâtre
d'Oscar Wilde, écrite en 1890, que Strauss et son ami Romain
Rolland avaient traduite ensemble, et dont Sarah Bernhardt avait
créé le rôle en 1892 (9).
A noter que la pièce comme l'opéra reposent sur
une histoire plus proche de celle mentionnée dans le Nouveau
testament que l'histoire du film de Dieterle.
Note : 9/10
3) Interactivité
Menu simple et fonctionnel, navigation aisée mais... absolument
rien d'autre mis à part un chapitrage.
Résumé du scénario
An 30 après Jésus-Christ : la princesse Salomé
avait été envoyée à Rome par sa mère,
la reine Hérodiade, pour échapper à la corruption
qui sévissait en Galilée. Elle en est bannie par
l'empereur Tibère pour avoir voulu épouser un jeune
chevalier romain. Sur la galère qui la ramène en
Galilée, elle tombe amoureuse de Claudius, un centurion
converti secrètement au christianisme et qui est l'adjoint
du nouveau gouverneur romain Ponce Pilate. Claudius tente de protéger
saint Jean-Baptiste de la colère d'Hérodiade à
qui Jean ne cesse de reprocher publiquement sa mésalliance
avec le roi Hérode, réticent à l'idée
de faire mettre à mort un prophète. Il le fait jeter
en prison. Claudius raconte, en présence de Salomé,
à Jean-Baptiste sa rencontre avec le Christ puis prépare
son évasion. Hérodiade comprend que le désir
d'Hérode pour sa fille Salomé pourrait renverser
la situation : elle demandera la tête de Jean-Baptiste en
échange lors du prochain banquet. Salomé exécutera
de son côté la " danse des sept voiles "
dans l'espoir d'obtenir sa grâce...
Note : 0/10
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4) Critique
Tourné par William Dieterle entre le film noir Turning
Point [Cran d'arrêt] (USA 1952) et le plastiquement
beau film d'aventures Elephant Walk [La Piste des éléphants]
(USA 1954), Salomé est un passionnant exemple d'adaptation
par Hollywood d'un fait célèbre du Nouveau Testament
en grand spectacle. Valeur philologique, historique vont de pair
avec la grande beauté plastique et le soin méticuleux
apporté au moindre détail. Et l'essentiel est pourtant
changé mais d'une manière qui laisse une impression
tout aussi forte que dans l'histoire rapportée.
Alors que Salomé est, dans les Evangiles, le simple instrument
érotique d'un assassinat déterminé par sa
propre mère, elle se convertit ici au christianisme et
son innocence ne cesse de lui être restituée par
le scénario, du début à la fin du film et
d'une manière qui va crescendo. En somme, on lui accorde
une personnalité autonome et vivante, capable de choix,
d'évolution et elle est si bien écrite qu'on y croit
sans peine. D'autant plus que la plupart des faits rapportés
par les Evangiles relatifs à l'intrigue sont très
scrupuleusement respectés, qu'ils soient filmés
(la danse des sept voiles) narrés (le baptême de
Jésus par Jean) ou encore modifiés mais d'origine
exacte (Jean, en prison, envoya des messagers vers Jésus
mais aucun d'eux n'était un centurion romain converti)
selon les cas. Il suffit de deux ou trois idées novatrices
pour bouleverser la psychologie des personnages et leur assise
dans l'histoire religieuse comme dans l'histoire générale.
La véritable reine Hérodiade ne se souciait probablement
pas davantage de sa fille qui lui devait obéissance que
de Jean Baptiste qui avait le tort à ses yeux de la vexer
régulièrement en public. Ici Hérodiade est
d'abord une reine-mère soucieuse de conserver la couronne...
afin de pouvoir la transmettre à sa fille. Quelle transformation
! In extremis, après la décapitation, sa
démente satisfaction laisse transparaître l'impression
originelle qu'elle a toujours produite à la lecture des
sources. Mais tout le reste du film contredit avec une surprenante
originalité ce dernier instant. Hérode Antipas comme
saint Jean-Baptiste sont pour leur part conformes aux traits qui
les peignent. Aussi bien Jean Steinmann (10)
que Daniel-Rops (11), s'accordent
relativement à la psychologie, aux discours et à
l'apparence physique de Jean-Baptiste. Ils s'accordent aussi relativement
au Hérode incarné par Charles Laughton, qui croyait
très probablement à la nature messianique de Jean-Baptiste
et qui répugnait à son exécution. Restent
à considérer historiquement les deux civilisations
au sein desquelles naît le christianisme : la civilisation
juive et la civilisation romaine. Le gouverneur romain Ponce Pilate
est campé d'une belle manière, énergique
mais lucide tandis que Claudius est plausible bien que un peu
trop providentiel relativement à Salomé. Les conseillers
d'Hérode mais surtout le Sanhédrin qu'il consulte
au cours d'une séquence assez belle, demeurent fidèle
à l'esprit pharisien qui s'opposait vivement à la
genèse christique qu'avait préparée Jean-Baptiste
d'une manière foncièrement opposée à
leur propre attente.
Il faut noter enfin le thème de l'inceste redouté
durant tout le film, et dont pourrait être victime, à
mesure qu'elle prend conscience de sa situation, Salomé.
La mort de Jean-Baptiste coïncide avec la sauvegarde de Salomé
mais le thème lui-même est une sorte de contrepoint
obsessionnel, durant tout le film, avec celui de l'avènement
du Christ préparé par Jean-Baptiste. Pour une superproduction
religieuse hollywoodienne de cette époque, l'ensemble est
d'une virulence rare, supérieure encore à celle
des péplums religieux de Cecil B.DeMille, déjà
exploités avant 1953. Le scénario conserve non seulement
une grande partie de l'esprit original des récits testamentaires
mais encore un peu du sulfureux qui émanait de la pièce
de théâtre d'Oscar Wilde traduite et adaptée
en opéra par Richard Strauss vers 1890.
Un mot enfin sur la séquence spectaculaire de la danse
qui demeure le point nodal de la narration, celui vers lequel
l'ensemble du suspense converge. On peut l'analyser un crayon
à la main mais sa réalisation comme sa vision produisent
un effet profondément supérieur à l'idée
qu'on peut en avoir à partir de sa construction sur le
papier ou d'un quelconque story-board. Elle est aujourd'hui
devenue, outre le plaisir procuré par son efficacité
au premier degré, un pur objet esthétique d'histoire
du cinéma, fascinant par sa multidimensionnalité
(on y mélange les danses, les temps et les civilisations
en une seule séquence) et qui semble avoir traversé
le scénario lui-même, en demeurant le secret accomplissement.
Notes additionnelles sur les sources littéraires
Nous n'avons pas mentionné une source littéraire
plus classique aux yeux d'un lecteur francophone, à savoir
le remarquable «Hérodias» faisant partie des
Trois contes (écrits de 1875 à 1877) de Gustave
Flaubert car nous ne sommes pas certains que William Dieterle
en ait eu connaissance. Peut-être le livre d'Hervé
Dumont, William Dieterle, un humaniste au pays du cinéma,
édité par la Cinémathèque française
en collaboration avec le C.N.R.S en 2002 contient-il une information
sur ce point ? Nous ne l'avons hélas jamais reçu
en SP malgré notre demande à l'éditeur. Flaubert
aussi avait pris certaines libertés avec les Evangiles
et s'inquiétait, en outre, du résultat de l'alliage
entre son érudition ahurissante et la simplicité
testamentaire. Il fut, sans doute, rassuré par la lettre
de Taine qui lui écrivait : «Hérodias est
la Judée trente ans après J.-C., la Judée
réelle», commente Edouard Maynial (12).
Nous n'avons pas mentionné non plus, pour les mêmes
raisons, le poème symboliste et hermétique Hérodiade
(§ 1. Ouverture - § 2. Scène -
§ 3. Cantique de saint Jean) que Stéphane Mallarmé
composa de 1864 à 1867. L'idée plaisait tellement
autour de lui que son maître Théodore de Banville
lui demandait dans une lettre adressée le 31 mars 1865
de transformer son poème en «pièce poétique»
pour la Comédie Française ! Son ami Eugène
Lefébure - qui avait entrepris un peu avant Mallarmé
de traduire les poésies d'Edgar Poe - lui signalait pour
sa part, dans une lettre datée du 30 décembre 1864,
qu'il était en train de lire une tragédie latine
d'Hérodiade, contemporaine de Shakespeare et composée
par un Anglais (Buchanan) pour le collège de Bordeaux.
Il ajoutait : «Le sujet, naturellement, n'a aucun rapport
avec le vôtre (...)». La troisième section
du poème de Mallarmé est un monologue de saint Jean
au moment même de sa décapitation. On ne résiste
pas au plaisir de communiquer ce fragment d'un commentaire (13)
de Charles Mauron, le fondateur de la psychocritique qui a publié
plusieurs beaux livres sur Mallarmé : «L'idée
essentielle du poëme [sic] fut évidemment suggérée
à Mallarmé par le fait que la Saint-Jean correspond
assez exactement au solstice d'été. Cette idée
consiste en une simple métaphore qui met en parallèle
d'une part la trajectoire du soleil, d'abord ascendante puis descendante,
après une halte imperceptible... et d'autre part la trajectoire
tracée par la tête de saint Jean au moment de la
décollation» (14).
Note : 8/10
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FRANCIS MOURY
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Fiche technique
[par Michel Eloy]
Salomé
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Etats-Unis, 1952-1953
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Prod. : Beckworth Corporation (un
film Columbia) / Technicolor / 103' (15)
ou 98'35"
Fiche technique
Réal. : William DIETERLE; Scén. : Harry KLEINER
(Hist. : Jesse L. LASKY JR et Harry KLEINER - Dialogues : Harry
KLEINER); Images : Charles LANG A.S.C. (Conseiller technique Technicolor
: Francis CUGAT); Prod. : Buddy ADLER (Backworth Corporation Prod.);
Assist. réal. : Earl BELLAMY; Dir. art. : John MEEHAN;
Montage : Viola LAWRENCE A.C.E.; Décors : William KIERNAN;
Conseiller technique religieux : Millard SHEETS; Robes par : Jean
LOUIS; Costumes masculins : Emile SANTIAGO; Maq. : Clay CAMPBELL;
Coiffure : Helen HUNT; Danses de Miss Rita Hayworth créées
par : Valerie BETTIS; Directeur musical : Morris W. STOLOFF; Ingénieur
du son : Lodge CUNNINGHAM; Orchestrations : Arthur MORTON; Chorale
: Roger WAGNER; Danses orientales : SUJATA et ASOKA; Musique :
George DUNING (Musique pour les danses : Daniele AMFITHEATROF).
Fiche artistique
Rita HAYWORTH (VF : Claire GUIBERT) (Salomé) - Stewart
GRANGER (VF : Raymond ROGNONI) (Claudius) - Charles LAUGHTON (VF
: Jean DAVY) (Hérode) - Judith ANDERSON (Hérodiade)
- sir Cedric HARDWICKE (VF : Jean MARTINELLI) (Tibère)
- Alan BADEL (VF : Roger RUDEL) (Jean-Baptiste) - Basil SYDNEY
(VF : Louis ARBESSIER) (Ponce Pilate) - Maurice SCHWARTZ (VF :
Marcel RAINE) (Ezra, conseiller d'Hérode Antipas) - Rex
REASON (VF : Jacques THÉBAULT) (Marcellus Fabius) - Arnold
MOSS (VF : Jean VIOLETTE) (Micha, conseiller de la reine Hérodiade)
- Robert WARRWICK (messager) - Carmen D'ANTONIO (servante de Salomé)
- Michael GRANGER (capitaine Quintus) - Karl «Killer»
DAVID (maître des esclaves) - Joe SCHILLING (conseiller
1) - David WOLD (conseiller 2) - Ray BELTRAM (conseiller 3) -
Joe SAWAYA (conseiller 4) - Anton NORTHPOLE (conseiller 5) - Carlo
TRICOLI (conseiller 6) - Franz ROEHN (conseiller 7) - William
MCCORMICK (conseiller 8) - Mickey SIMPSON (capitaine des gardes
d'Hérode) - Eduardo CANSINO (garde romain) - Lou NOVA (bourreau)
- Fred LETULI (danseur épée 1) - John WOOD (danseur
épée 2) - William SPAETH (avaleur de feu) - Abel
PINA (acrobate 1) - Jerry PINA (acrobate 2) - Henry PINA (acrobate
3) - Henry ESCALANTE (acrobate 4) - Gilbert MARQUES (acrobate
5) - Richard RIVAS (acrobate 6) - Miguel GUITIEREZ (acrobate 7)
- Ramiro KIVAS (acrobate 8) - Ruben T. RIVAS (acrobate 9) - Hector
URTIAGA (acrobate 10) - Duke JOHNSON (prestidigitateur) - Earl
BROWN (soldat galiléen 1) - Bud COKES (soldat galiléen
2) - George KHOURY (assassin 1) - Leonard GEORGE (assassin 2)
- Eva HYDE (servante d'Hérodiade) - Charles WAGENHEIM (Simon)
- Italia DE NUBLIA (converti 1) - David AHDAR (converti 2) - Charles
SOLDANI (converti 3) - Dimas SOTELLO (converti 4) - William WILKERSON
(converti 5) - Mario LAMM (converti 6) - Tina MENARD (converti
7) - Leslie DENISON (serviteur de la cour); Henry DAR BOGGIA (politicien
1) - Michael COUZZI (politicien 2) - Bobker BEN ALI (politicien
3) - Don DE LEO (politicien 4) - John PARRISH (politicien 5) -
Eddy FIELDS (politicien 6) - Robert GARABEDION (politicien 7)
- Sam SCAR (politicien 8) - Tris COFFIN (garde 1) - Bruce CAMERON
(garde 2) - John CRAWFORD (garde 3) - Michael MARK (vieux fermier)
- David LEONARD (vieux lettré 1) - Maurice SAMUELS (vieux
lettré 2) - Ralph Moody (vieux lettré 3) - Saul
MARTELL (lettré dissident) - Paul HOFFMAN (patron du bateau)
- Stanley WAXMAN (patricien) - Franz ROEHN (citadin 1) - Jack
LOW (citadin 2) - Bert ROSE (citadin 3) - Tom HERNANDEZ (citadin
4) - Trevor WARD (aveugle) - Barry BROOKS (garde romain) - Roque
BARRY (esclave) - George KEYMAS (marin 1) - Fred BEREST (marin
2) - Rick VALLIN (marin 3) - Carleton YOUNG (officier 1) - Guy
KINGSFORD (officier 2).
DISTRIBUTION
INT/Columbia
Ciné-photoroman (Les Films pour
Vous, n¡ 151, 4e an., 2 novembre 1959)
et film raconté (Film complet, n¡ 403, 19
mars 1953) |
SCÉNARIO
Au temps du Christ, alors que le monde civilisé tout entier
est sous la domination de Rome, la province de Galilée,
en Terre Sainte, est gouvernée par le roi Hérode
et par son intrigante épouse Hérodiade, femme divorcée
du frère d'Hérode.
Tous deux vivent dans la crainte d'un prophète du nom de
Jean-Baptiste dont les paroles contre «la reine adultère
et le roi païen» trouvent auprès de la populace
une audience de plus en plus large.
Hérodiade, qui redoute d'être détrônée,
suggère inlassablement à Hérode de faire
exécuter le prophète. Hérode, extrêmement
superstitieux, craignant une prophétie qui promet une mort
atroce au meurtrier du Messie, se refuse à obéir
aux injonctions de sa femme.
C'est alors que la princesse Salomé, fille du premier mariage
d'Hérodiade, revient de Rome, bannie par César parce
que le neveu de l'Empereur, Marcellus, conquis par le charme de
la princesse, a demandé à son oncle la permission
de l'épouser. César a refusé d'autoriser
cette union avec une princesse étrangère qui, à
ses yeux, n'est qu'une barbare. Salomé avait quitté
la Galilée, encore enfant, éloignée par sa
mère qui craignait l'éclatante beauté de
cette femme-enfant, déjà remarquée par Hérode.
Salomé, bannie, conçoit une haine irréductible
pour les Romains, Marcellus ayant refusé de s'enfuir avec
elle. Pendant le voyage de retour vers la Galilée, la fière
princesse Salomé reporte son dépit sur le beau Claudius,
jeune aristocrate romain secrètement converti aux enseignements
de Jean-Baptiste.
Claudius regagne son poste de commandement en Galilée.
Avant même d'être arrivé au château d'Hérode,
il est amoureux de Salomé : sentiment qu'il s'efforce de
cacher à son chef direct, Ponce Pilate, gouverneur en Terre
Sainte.
Pavé de presse allemand |
Lorsque Salomé voit sa mère terrorisée par
les prédications de Jean-Baptiste et de ses disciples,
elle s'efforce d'accroître son empire sur Claudius afin
de l'amener à se saisir du prophète, sans autre
résultat cependant que de plonger le jeune Romain dans
une grande colère.
En désespoir de cause, Hérodiade et son âme
damnée, Micha, dressent un plan pour l'assassinat de Jean.
Bien que ces sombres projets soient finalement contrecarrés
grâce à Claudius, Hérode est effrayé
à un tel point qu'il ordonne l'arrestation de Jean pour
trahison, afin de le soustraire aux assassins soudoyés
par sa femme. Mais cet acte est désapprouvé par
son conseiller Ezra.
Alors que les disciples de Jean s'assemblent en manifestant
un vif mécontentement devant les grilles du palais, la
reine, au désespoir, et croyant sa vie en danger, demande
à Salomé de danser devant Hérode et de céder
à son désir pour obtenir du roi la tête du
prophète.
Révoltée et désillusionnée, Salomé
trouve un réconfort moral auprès de Claudius qui
revient de Jérusalem où il s'est efforcé,
sans succès, de plaider devant Ponce Pilate la cause de
Jean. Claudius descend avec Salomé auprès de Jean,
dans son cachot, et leur annonce à tous deux qu'il a rencontré
un homme, un charpentier du nom de Jésus, né à
Nazareth, qui guérissait les estropiés, les boiteux,
les aveugles, et qui avait ressuscité un homme du nom de
Lazare, quatre jours après sa mort. Jean dit alors qu'enfin
le Messie est arrivé.
Sachant qu'Hérode n'hésiterait pas à faire
exécuter Jean lorsqu'il apprendrait l'existence du nouveau
Messie, Salomé décide de danser sa «danse
des sept voiles» devant le roi, dans l'espoir d'obtenir
la libération du prophète sans avoir à céder
aux instances d'Hérode.
Un somptueux banquet donné en l'honneur de l'anniversaire
d'Hérode se déroule lorsque Salomé commence
à danser. Le roi est sous l'emprise du charme sensuel de
cette danse, et Hérodiade - ayant pressenti un changement
dans le cur de Salomé -, dit au roi que la jeune
femme lui appartiendra en échange de la tête de Jean-Baptiste.
Hérode, partagé entre sa peur devant la mort et
le désir qu'il éprouve pour Salomé, hésite
entre ces deux sentiments jusqu'au moment où le sixième
voile tombant aux pieds de la tournoyante danseuse, il accorde
à Hérodiade la tête de Jean-Baptiste.
Pendant ce temps, Claudius et ses légionnaires ont réussi
à libérer Jean de sa prison, mais avant qu'ils ne
puissent fuir hors du château, Jean est capturé par
les soldats d'Hérode.
Salomé est immobile devant le trône royal, ses
doigts se portent vers l'agrafe du dernier voile. Elle est sur
le point de demander la liberté pour Jean, lorsqu'un cri
d'horreur jaillit dans la salle du festin : un bourreau arrive,
portant sur un plateau d'argent la tête de Jean-Baptiste.
Une immense lamentation s'élève de la foule qui
attend devant les portes du palais. Lorsque Claudius, survivant
à son combat, la rejoint, Salomé accuse sa mère
d'être une vile meurtrière qui mérite d'endurer
mille morts. Claudius fustige, lui aussi, le roi et la reine,
puis il sort du palais avec Salomé.
Hérodiade demeure impassible devant ces événements,
n'ayant pour seul et unique souci que la sauvegarde du trône.
Mais Hérode, prenant enfin l'exacte mesure de son crime
s'enfuit hors de la salle du festin, tremblant et gémissant,
pour rejoindre, terrorisé, Ezra qui, auprès d'une
baie, prie pour Jean-Baptiste.
La dernière image représente les pentes d'une colline
où le peuple écoute dans l'extase le Christ prêchant.
Parmi cette foule qui écoute, se tiennent debout, la main
dans la main, Salomé et Claudius.
Pavé de presse belge |
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Filmographie
de Salomé
- Salomé / Tanz der Salome (Oskar MESSTER, AL
- 1902)
- Salomé (prod. Gaumont, FR - 1907)
- Salome (American Mutoscope & Biograph, EU - 1907)
- Great Salome Dance (The) (prod. Walter Tyler, GB -
1908)
- Salome or the Dance of the Seven Veils (James Stuart
BLACKTON, EU - 1908). Florence LAWRENCE : Salomé
- Salomé (Albert CAPELLANI, FR - 1908). Stacia
NAPIERKOWSKA : Salomé
- Salomé / L'inconsciente Salomé (Louis
FEUILLADE, FR - 1908 ?); Renée CARL : Salomé
- Salomé (Ugo FALENA, Italie-France - 1910). Vittoria
LEPANTO : Salomé
- Hérodiade (Victorin JASSET & Georges HATOT,
FR - 1910). Marie VENTURA : Salomé
- Hérodiade [Erodiade / Salomè] (Oreste
MENTASTI, IT - 1912). Suzanne de LABROY : Salomé
- Herod / John the Baptist (Theo FRENKEL (= Th. BOUWMEESTER),
GB - 1912). Julie MEIJER : Salomé
- Christus (comte Giulio De ANTAMORO, Ignazio LUPI &
Enrico GUAZZONI, IT - 1916). Lina De CHIESA : Salomé
- Fille d'Hérodiade (La) [Figlia di Erodiade (La)]
(Ugo FALENA, IT-FR - 1916). Stacia NAPIERKOWSKA : Salomé
/ princesse Piya
- Salomé contre Shenandoah [parodie] (Mack SENNET,
Etats-Unis - 1917). Phyllis HAVER : Salomé
- Salomé (J. Gordon EDWARDS, Etats-Unis - 1918).
Theda BARA : Salomé
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- Rédemption de Marie Madeleine (La) / Redenzione
di Maria di Magdala (La) / Redenzione (Carmine GALLONE,
IT - 1919). Pépa BONAFÉ : Salomé
- A Modern Salome (Léonce PERRET, EU - 1920).
Hope HAMPTON : Salomé
- Salome (Malcolm STRAUSS, EU - 1923). Diana ALLEN :
Salomé
- Salome (Charles BRYANT, EU - 1923). Alla NAZIMOVA :
Salomé
- Berceau de Dieu (Le) [épisode] (Fred LEROY-GRANVILLE,
FR - 1926). Stacia NAPIERKOWSKA : Salomé
- Amours de Salomé (Les) / Naissance de Salomé
(La) [Amori di Salomè (Gli) / Nascita di Salomè
(La)] (Jean CHOUX, Italie-Espagne - 1940). Maria GOMEZ : Salomé
/ Conchita MONTENEGRO : Dalia, fausse Salomé
- Salomé (William DIETERLE, Etats-Unis - 1952-1953).
Rita HAYWORTH : Salomé
- Malika Salomi (Mohamed HUSSEIN, Inde ? - 1953)
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Samuel CHOTZINOFF (th), Kirk BROWNING (TV), Peter
Herman ADLER (dir. musicale), EU - 1954). Elaine MALBIN : Salomé
et Carmen GUTTIEREZ : Salomé dansante
- Salome [tv] (prod. CBS «Omnibus», EU -
1955). Eartha KITT : Salomé
- Roi des rois (Le) [King of Kings]
(Nicholas RAY, EU - 1961). Brigid BALZEN : Salomé
- Evangile selon Saint Mathieu (L')
[Il Vangelo secondo Matteo] (Pier Paolo PASOLINI, IT-FR - 1964).
Paola TEDESCO : Salomé
- Prophète Jean Baptiste (Le) [t/trad.] [Yahya
Peygamber] (Hüseyin PEYDA, Turquie - 1965)
- Herodes und Marianne (TV) (Wilhelm SEMMELROTH, AL -
1965). Marlene RIPHAHN : Salomé
- Saint Jean-Baptiste sur la voie de Dieu [Hak Yolunda
Hazreti Yahya] (Muharrem GÜRSES, Turquie - 1965). Sevda
FERDAG, Salomé
- Nascita de Salomè (La) (Guglielmo MORANDI, Italie
- 1967). Ave NINCHI : Salomé / Ombretta De CARO : Dalila,
fausse Salomé
- Salomé (TV) (Pierre KORALNIK, France - 1969).
Ludmilla TCHERINA : Salomé
- Salomé (Rafael GASSENT, SP - 1970)
- Salomé (Werner SCHROETER, RFA - 1971 (1988)).
Mascha ELM-RABBEN : Salomé
- Salomé (Clive BARKER, EU - 1973). Anne TAYLOR
: Salomé
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Götz FRIEDRICH, Karl BÖHM (dir. musicale),
Autriche - 1974). Teresa STRATAS : Salomé
- Salomé (Carmelo BENE, Italie - 1972). VERUSCHKA
: Salomé
- Messie (Le) [Il Messia] (Roberto ROSSELLINI, IT-FR
- 1975). Cosetta PICHETTI : Salomé
- Jésus de Nazareth [Gesù
di Nazareth / Jesus of Nazareth] (Franco ZEFFIRELLI, IT-GB-EU
- 1977). Isabel MESTRES : Salomé
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Teatro de la Zarzuela-House of Opera, Julius RUDEL
(dir. musicale), Espagne - 1979). Monserrat CABALLÉ :
Salomé
- Nativity (The) [tv] (Bernard L. KOWALSKI, EU - 1978).
Kate O'MARA : Salomé
- Salomé (Claude D'ANNA, France-Italie - 1985).
Jo CHAMPA : Salomé
- Hérodiade [captation de l'opéra de Jules
Massenet] (Gran Teatro de Liceu (TV), SP - 1985). Montserrat
CABALLÉ : Salomé
- Secondo Ponzio Pilato (Luigi MAGNI, IT - 1987). Rita
CAPOBIANCO : Salomé
- Salomé [Salome's Last Dance] (Ken RUSSEL, Grande-Bretagne
- 1988). Imogen MILLAIS-SCOTT : Salomé/Rose
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Petr WEIGL (th), Brian LARGE (TV), Giuseppe SINOPOLI
(dir. musicale), AL - 1990). Catherine MALFITANO : Salomé
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Peter HALL (th), Derek BAILEY (TV), sir Edward DOWNES
(dir. musicale), GB - 1992). Maria EWING : Salomé
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Harry KUPFER (th), Jellie DEKKER (TV), Edo de WAART
(dir. musicale), NL - 1994). Josephine BARSTOW : Salomé
- Hérodiade [captation de l'opéra de Jules
Massenet] (Lofti MANSOURI (TV), Valery GERGIEV (dir. musicale),
EU - 1994). Renée FLEMING : Salomé
- Marie de Nazareth (Jean DELANNOY, France-Maroc - 1995).
Nezha ZAKARIA : Salomé
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Luc BONDY (th), Hans HULSCHER (TV), Christoph von
DOHNÁNYI (dir. musicale), GB - 1995). Catherine MALFITANO
: Salomé
- Jésus - La Bible [tv] (Roger YOUNG, EU-IT-AL-FR-GB
- 1999). Gabriella PESSION : Salomé
- Cross (The) (Lance TRACY (TV), EU - 2001). Loretta
SHENOSKY : Salomé
- Salomé (Carlos SAURA, Espagne - 2002). Aída
GÓMEZ : Salomé
- Salomé (3') (Andrew BELLWARE, EU - 2004). Melissa
RIKER : Salomé
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (Luc BONDY (th), Daniel HARDING (dir. musicale), IT
- 2007). Nadja MICHAEL : Salomé
- Salomé [captation de l'opéra de Richard
Strauss] (David McVICAR (th), Jonathan HASWELL (TV), Philipps
JORDAN (dir. musicale), GB - 2008). Nadja MICHAEL : Salomé
- Visages [Salomé, t/trav.] (Ming-liang
TSAI, Taïwan-BE-NL-FR - 2009). Laetitia CASTA : la vedette/Salomé
|
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VHS de la Salomé de Ken Russel
(1992) et DVD de celle de Carlos Saura (2002) |
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Curiosa
- Amours de Salomé (Les) [Salome, where She danced]
(Charles LAMONT, Etats-Unis - 1945). Yvonne DE CARLO : Anna-Marie/Salomé
- Concile d'amour [Liebes Konzil] (Werner SCHROETER,
Allemagne - 1981). Dagmar ABERLE : Salomé 1 & Susanna
GOIHL : Salomé 2
- Salomé (Laurice GUILLEN, Philippines - 1981).
Gina ALAJAR : Salomé [version contemporaine avec flash-backs
- la version philippine de Rashomon d'Akira Kurosawa
!]
|
NOTES :
(1) C'est par cette réflexion
du capitaine des gardes Narraboth, amoureux transi, que démarre
la pièce d'Oscar Wilde, Salomé. Ecrite
en français, elle ne sera traduite en anglais que trois
ans plus tard (1894). En 1905, Richard Strauss en fera un opéra,
le livret étant traduit en allemand par Hedwig Lachmann.
Pour la juxta allemand-français, cf. «Strauss
- Salomé», L'Avant-scène Opéra,
n¡ 47-48, janvier-février 1983. - Retour
texte
(2) A noter que Flavius Josèphe
ne mentionne aucunement la danse de Salomé, fille d'Hérodiade,
mais seulement ses mariages successifs avec Hérode Philippe
II, Tétrarque de Trachonitide, puis Aristobule de Chalcis,
et la postérité qu'elle donna à ce dernier.
- Retour texte
(3) Ciné-photoroman : Salomé,
Les films pour vous, n¡ 151, 02.11.1959.
Il existe par ailleurs une novelisation du film : Ralph ANDERSON,
Salomé, André Martel, coll. Histoires de
l'Ecran, 1953.
Dans le sillage du film sortira encore : VIERECK & ELDRIDGE,
Salome, My First 2,000 Years of Love, Ace Books (= Abridged
edition), version féminine du thème du Juif errant.
- Retour texte
(4) Wilde a beaucoup rajouté
au succinct texte biblique, qui disait seulement que pour obéir
à sa mère désireuse de réduire au
silence le prophète qui dénonçait ses turpitudes,
elle avait séduit le roi par sa danse, et obtenu de lui
la tête de Jean le Baptiste.
Chez Wilde, elle est amoureuse de Jean le Baptiste, qu'elle
vient trouver dans sa geôle sous prétexte d'obtenir
qu'il cessât d'accabler sa mère. Le saint homme
ayant repoussé ses avances, elle obtient - de la manière
que l'on sait - son exécution. Sa propre condamnation
à mort rappelle celle de Tarpéia, qui par amour
pour le roi ennemi, Titus Tatius, avait trahi son propre père
et livré le Capitole «pour le salaire de ce que
ses soldats portaient au poignet gauche». La jeune fille
songeait aux bracelets d'or des guerriers sabins; la traîtresse
les reçut effectivement... au visage, et avec eux leurs
boucliers sous lesquels elle périt étouffée...
S'il est le plus célèbre élaborateur du
personnage de Salomé, Wilde n'en fut pas pour autant
le premier. Il a repris nombre de détails adventices;
épinglons, par exemple, l'épisode qui a inspiré
à Stendahl le dénouement de Le Rouge et le
Noir (1830), roman publié soixante ans avant le drame
composé par Wilde - mais qui se trouvait déjà,
notamment, chez Henrich Heine dans Atta Troll, ein Sommernachtstraum
(1847). - Retour texte
(5) JACQUES DE VORAGINE, «La
décollation de saint Jean-Baptiste», III, in La
légende dorée, Garnier-Flammarion, n¡s 132-133,
1967, t. 2, p. 160. - Retour texte
(6) Cf. Jean SELZ, Gustave
Moreau, Flammarion, 1978, 96 p. - Retour
texte
(7) Jean-Michel BRÈQUE, «La
Salomé d'Oscar Wilde», in L'Avant-scène
Opera, op. cit., p. 24. - Retour texte
(8) L'évangile de Thomas,
trad. & comm. Jean-Yves LELOUP, Albin Michel, coll. Spiritualités
vivantes, n¡ 61, pp. 31, 166-167. - Retour
texte
(8a) Salomé était-elle
une enfant ? Le frondeur Robert Ambelain est d'un autre avis
:
Hérode le Grand mourut en l'an
5 avant notre ère. A sa mort, survenue au mois de Nisan
(21 mars-21 avril), Archélaüs, son fils aîné,
s'embarque pour Rome afin de faire entériner par l'empereur
Auguste son élévation au trône de Judée.
Son frère Hérode Antipas en fait autant, mais
dans l'intention contraire. A leur retour de Rome, ce dernier
décidera Hérodiade, femme de leur autre frère,
Hérode Philippe, à venir vivre maritalement
avec lui, ainsi que sa fille Salomé, qu'Hérodiade
a eue de son époux Hérode Philippe. Cette décision
d'Hérodiade se situe, selon Flavius Josèphe
(Antiquités Judaïques : XVIII, V, 136),
peu après la naissance de Salomé.
Par conséquent, en l'an 5 avant notre ère, ladite
Salomé est déjà au monde, et elle a environ
une année d'âge. La mort du Baptiste se situant
en mars de l'an 32 de notre ère, à cette date,
Salomé aura donc (5 + 32) au moins trente-sept ans.
L'histoire, rapportée fidèlement par Flavius
Josèphe en ses « Antiquités Judaïques
», (XVIII, V, 137), nous dit qu'elle avait d'abord épousé
son cousin Philippe, fils d'Hérode Antipas, ce dernier
étant à la fois son oncle naturel et (par son
union avec Hérodiade) son beau-père.
Philippe Antipas étant mort sans laisser de postérité
de cette union avec Salomé, elle se remaria, avec Aristobule,
frère d'Agrippa.
De cette seconde union, Salomé eut trois fils : Hérode,
Agrippa, et Aristobule. Le temps passera, et à la mort
de Jésus, Salomé aura environ quarante ans.
Et ici, nous poserons le problème de la véracité
des Évangiles canoniques quant à la cause réelle
de la mort du Baptiste.
Hérode Antipas, en son palais de Tibériade,
donne une grande fête. En ce banquet, à ses côtés,
il a Hérodiade, la femme tendrement aimée. Et
aussi sans doute Salomé, et son époux d'alors,
qui est probablement Aristobule, si elle a été
pour la première fois mariée à quinze
ans avec Philippe, l'époux défunt, soit vers
l'an 10 de notre ère. Près d'eux, autour de
la grande table en fer à cheval
du banquet antique, sont les grands-officiers d'Hérode
Antipas, sa cour.
Quelle plausibilité y a-t-il à ce que le
tétrarque iduméen demande à Salomé,
mère de famille, devant son époux, de danser
?
En Orient, à cette époque, on ne danse pas,
comme de nos jours dans les dancings d'Occident, « entre
soi » et « pour soi ». Il y a des danseuses,
dont c'est le métier, et un métier fort décrié.
Et demander à sa belle-fille, qui est en même
temps sa nièce, de se livrer à des entrechats
suggestifs, sous les yeux de son époux, et devant toute
la cour, est chose impensable ; ce serait leur faire injure
grave à tous deux. D'autant qu'il s'agit d'une femme
déjà âgée de trente-sept ans, et
qui, en Orient, et compte tenu de l'époque, doit être
la victime d'un empâtement précoce.
Quelle plausibilité y a-t-il également à
ce que le tétrarque iduméen offre en récompense
de satisfaire n'importe lequel des désirs de Salomé,
quand cela serait la moitié de son royaume,
nous dit l'évangile de Marc (VI, 23) ? Il faudrait
qu'Hérode Antipas, si passionné de son pouvoir
et de l'agrandissement de son domaine, ait perdu l'esprit.
Quant à transférer le problème au bénéfice
d'Hérodiade, laquelle a environ cinquante ans à
cette époque, l'hypothèse est exclue ! On ne
fait pas danser en public son épouse, surtout si elle
est âgée d'un demi-siècle, et on n'offre
pas la moitié de son royaume à celle qui règne
déjà, conjointement avec vous, sur la totalité
de vos domaines.
Alors ? Alors, concluons simplement que Hérode Antipas
a fait arrêter Jean Baptiste, et l'a fait emprisonner
au loin, à Machéronte, dans le désert
de Moab, pour lui retirer toute influence sur la population
juive. Et il l'a fait décapiter au bout d'une année,
en cette même forteresse de Machéronte, lorsque
les activités zélotes, conduites par Jésus,
chef de ce mouvement, ont commencé à prendre
une ampleur dangereuse. Ce ne fut qu'une simple et impitoyable
mesure de prudence, mais ni Hérodiade ni Salomé
n'y sont pour rien. Ce qui explique que les pères de
l'Église déjà cités aient ignoré
la fameuse « danse de Salomé », épisode
à rejeter ait domaine des légendes, au même
titre que les disciples autorisés à séjourner
pendant une année dans l'ombre de la forteresse, sans
ravitaillement et sans eau, puis à recevoir et emporter
la tête du prophète décapité, et
cela à plus de cent kilomètres de là."
(Robert AMBELAIN, Jésus ou le mortel secret des
Templiers, Robert Laffont, 1970 - Chap. 13) - Retour
texte
(9) Nous devons ces renseignements
à la notice érudite du musicologue Marcel Marnat
imprimée sur notre disque Phillips, coll. «Invitation
à la musique», contenant une anthologie de quelques-uns
des plus célèbres fragments symphoniques de Richard
Strauss, dirigés par Antal Dorati et Paul Paray (note
F. Moury). - Retour texte
(10) J. STEINMANN, St. Jean-Baptiste
et la spiritualité du désert, éd. du
Seuil, coll. «Maîtres spirituels», Paris,
1955 (note F. Moury). - Retour texte
(11) DANIEL-ROPS, Jésus
en son temps, éd. A. Fayard, coll. «Les grandes
études historiques», Paris, 1957 (note F. Moury).
- Retour texte
(12) E. Maynial en introduction à
son édition des Trois contes, éd. Classiques
Garnier, Paris, 1950 (note F. Moury). - Retour
texte
(13) Cité op. cit. infra,
p. 1447 (note F. Moury). - Retour texte
(14) Cf. Stéphane MALLARMÉ,
uvres complètes, éd. Gallimard, Bibliothèque
de la Pléiade, texte établi et annoté par
Henri Mondor & G.-Jean Aubry, Paris 1945-1974, pp. 1440-1448
(note F. Moury). - Retour texte
(15) Selon Gary A. SMITH, Epic
Films, McFarland, 1991 & Hervé DUMONT, L'Antiquité
au cinéma, Nouveau Monde, 2009. - Retour
texte |
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