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AOÛT
2007 |
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COURRIER
D'AOÛT
- 9 août 2007
- 15 août 2007
- 16 août 2007
- 19 août 2007
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9 août 2007 |
ANNIE
AIME LES VIGNETTES, RELEVÉES DE LATIN (ASTÉRIX
: CAELUM IN CAPUT EJUS CADIT) |
Annie
Collognat a écrit : |
(...)
J'aime bien consulter ton site où je retrouve
avec plaisir ton érudition et ton humour au service
du péplum.
Comme tu évoques aussi la BD, sais-tu que j'ai
traduit le dernier Astérix en latin (Cælum
in caput ejus cadit) ?
- R. GOSCINNY & A. UDERZO,
Cælum in caput ejus cadit, Editions Albert-René,
[9 mai] 2007, 56 p. (dont 8 de cahier pédagogique).
(Traduction en latin de Le ciel lui tombe sur la
tête, par Annie Collognat.)
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RÉPONSE
: |
L'album original d'Uderzo,
Le ciel lui tombe sur la tête, se voulait
un hommage à la dette dont les deux complices
se tenaient pour redevables vis-à-vis de la BD
américaine (les comics, comme ils disent),
et notamment Walt Disney. Assurément, l'album
sorti en 2005 a dû déconcerter plus d'un
fan de l'irréductible gaulois buveur de potion
magique (d'autant que le titre...). Bon, bref. Les traductions
en latin d'Astérix ont toujours ravi les amateurs
de la série plus ou moins frottés de latin.
Annie Collognat a dû s'amuser comme une petite
folle à restituer en latin vivant l'original
français. C'est ainsi que le précité
Disney est devenu Decemnasutus, i (de decem
: dix; nasutus, a, um : qui a un grand nez, qui
a du flair, spirituel) !
- Annie Collognat, ancienne élève
de l'Ecole Normale Supérieure, agrégée
de Lettres classiques, professeur de latin et de grec
en Lettres supérieures au Lycée Victor-Hugo
(Paris) est aussi chargée de cours à
la Sorbonne Nouvelle. Fondatrice et présidente
de l'association PALLAS (Paris, Arts, Littérature
et Langues Anciennes), elle est très active
dans la promotion de tous les héritages des
cultures antiques. Elle a traduit récemment
Les Métamorphoses d'Ovide (Pocket, Hachette
Jeunesse) et a écrit de nombreux ouvrages :
entre autres Le Baroque en France et en Europe
(Pocket), une Anthologie de la poésie française,
de Villon à Verlaine (Livre de Poche),
un Dictionnaire amoureux de Laclos (10/18).
Elle a aussi réalisé et commenté
de nombreuses éditions d'auteurs classiques
dont les Contes de Perrault (Pocket, Omnibus),
rédigé des manuels de latin (Nathan)
et collaboré à diverses revues (N.R.P.
- Nouvelle Revue de Pédagogie).
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LES
«CONTES BLEUS» : SI PEAU D'ANE M'ÉTAIT
CONTÉE... |
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Nous avons reçu
: |
- Charles Perrault - Contes (Présentation,
notes et guide de lecture : Annie COLLOGNAT-BARÈS,
Dominique BRUNET, Frédéric DRONNE),
Pocket, n 6321, juin 2006, 384 p.
Venu de la mythologie grecque à l'histoire de
l'Antiquité classique, j'ai toujours considéré
les «contes bleus» (1)
comme une extension des anciennes mythologies celtique
et germanique : Peau d'Ane de Jacques Demy est
un de mes films-culte; évoquons également
le récent Les Frères Grimm de Terry
Gilliam. Aussi nous faut-il rappeler la passionnante
somme de commentaires rassemblée par notre amie
Annie Collognat dans son édition de Charles
Perrault - Contes chez Pocket.
Un ouvrage de référence car, de Thésée
et le Minotaure au «Petit Poucet», et de
la Toison d'Or à «Peau d'Ane», il
n'y a jamais très loin !
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NOTE :
(1) Selon
Bruno Bettelheim, les contes de fée
- les «contes bleus» ainsi nommés
d'après la couleur des couvertures d'une
célèbre collection de chez Hachette,
avant-guerre - sont à distinguer des mythes
en raison d'une série de différences
structurelle.
CONTES |
MYTHES |
Lieux et époque indéterminés.
«Il était une fois, dans un
lointain royaume.» |
Lieux connus, et personnage
généalogiquement situable. «Jason,
fils d'Aison roi d'Iolcos en Thessalie.» |
Héros qui pourrait être
n'importe qui. Anonyme ou connu par un sobriquet.
«Le Petit Poucet.» «Le
Petit Chaperon Rouge.» «Une princesse
belle comme le jour.» «Celui qui...» |
Héros surhumain. Untel,
fils d'Untel. |
Le héros triomphe et
se marie. «Ils vécurent très
heureux et eurent beaucoup d'enfants.» |
Le héros brisé
connaît une fin tragique (dipe,
Jason, Bellérophon, Icare, Hercule,
etc.) |
(Cf. Bruno BETTELHEIM, Psychanalyse
des contes de fée (The Use of Enchantment),
Robert Laffont, coll. «Réponses»,
1976, pp. 51 sqq.) - Retour
texte
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15 août 2007 |
LA
SEXUALITÉ À ROME ET EN GRÈCE |
Frédéric
a écrit : |
Le dernier
numéro de L'Express a pour cover story un
assez long article (huit pages) sur l'amour chez les Grecs
et chez les Romains, avec, au milieu de toutes les reproductions
de vases antiques, une photo extraite de l'uvre
de notre grand ami Antonio Passaglia. Le texte lui-même
contient un certain nombre de déclarations arrachées
à des universitaires français et n'est pas
sans intérêt. Il y a en particulier cette
idée selon laquelle ce n'est pas le christianisme
qui a imposé la vertu aux Romains, mais l'évolution
des murs romaines vers la vertu (à commencer
par la loi d'Auguste contre l'adultère) qui aurait
fait le lit du christianisme. Qu'en penses-tu ? |
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RÉPONSE
: |
Les Romains (et aussi les
Grecs figure-toi, ainsi que les Hindous - en dépit
de l'équivoque entretenue par les reliefs érotiques
de Khajuraô ainsi qu'un certain Kama Sutra)
étaient des gens austères, qui faisaient
l'amour avec leur femme surtout pour faire des enfants.
J'ai lu quelque part, et l'ai mis dans mon chapitre
«Sex
In The Eternal City», que les Athéniens
ne dénudaient même pas leur épouse
quand ils leur faisaient subir les derniers outrages
(ou quand ils les honoraient, c'est selon). Nous sommes
conditionnés par des images érotiques...
qui proviennent de lupanars, où c'était
bien leur place, ou prophylactiques (la représentation
du phallus, symbole de fécondité, donc
d'abondance, est un porte-bonheur, pas une incitation
à la débauche). Mais ce n'est pas parce
que les bordels existent que tu y vas. Ni que j'y vais.
Comme je le dis toujours, les Romains avaient des libertés,
mais aussi des tabous que nous n'imaginons même
pas. Ils pouvaient faire n'importe quoi, avec des femmes,
des hommes, des jeunes gens à condition qu'ils
aient le rôle actif, et que - leur épouse
exceptée, bien sûr - ce ne soit pas avec
un autre citoyen ou citoyenne. Grave affront. Preuve
que quelque part, l'acte sexuel était considéré
comme déshonorant en dehors du contexte autorisé
: la perpétuation de la famille, d'ailleurs liée
au culte des ancêtres. Tout autre badinage était
permis... avec des inférieurs et à condition
de ne pas y tenir le rôle passif qui s'apparentait
à de la prostitution. Fellator était
une insulte grave. Le mâle romain pouvait donc
aller aux putes sans problème, jouir des prostitué(e)s
mâles ou femelles : c'était tant pis pour
leur gueule; elles (ils) ne représentaient rien
du tout. Aussi Caton, ce vieux pisse-froid, approuvait
le jeune homme qui allait au bordel, plutôt que
de déshonorer une honnête citoyenne. Mais
il désapprouvait qu'il y dilapidât son
patrimoine en y allant trop souvent.
Tout ça a changé à partir de
la Seconde guerre punique, quand l'hémorragie
démographique a sur les champs de bataille saigné
la république. Les femmes ont alors commencé
à prendre de l'ascendant, d'abord dans la gestion
du patrimoine familial - quand mari, fils, père
étaient tombés -, puis dans leur liberté
individuelle.
Ensuite les guerres civiles exacerbèrent la permissivité.
Si bien qu'Auguste, qui ne crachait pas sur le sexe
(sauf pour que ça glisse mieux ?), prôna
un retour à la gravité, non parce qu'il
détestait se divertir, mais tout simplement pour
encourager la natalité et combler les coupes
claires creusées par la guerre dans les rangs
du patriciat. Il n'y parvint pas, j'en ai peur. Dans
le courrier de janvier 2007 une courte
étude de Gricca expose qu'à la fin
du Ier s. de n.E. il ne subsistait guère plus
de deux sénateurs représentant encore
les anciennes familles patriciennes de la République.
En conclusion. Si le christianisme et sa morale ont
finalement triomphés, ce ne fut probablement
pas à cause de leurs idées «révolutionnaires»
(quoiqu'on en pense, elles n'ont même pas cherché
à solutionner
l'esclavage, bien au contraire), mais tout simplement
du fait du consensus entre la morale chrétienne
et la païenne. De leur convergence. Dans leurs
grandes lignes, hors leur monothéisme chauvin
et intolérant, les idées chrétiennes
étaient tout à fait acceptables et compatibles
avec celles du paganisme.

L'Express
International (n 2928,
16-22 août 2007) ne contient pas toutes
les photos de l'édition française
: manque notamment la photo extraite d'un films
d'Antonio Passalia (Italfrance), alias Anthony
Pass, réalisateur des softcore Caligula
et Messaline et Les aventures sexuelles
de Néron et Poppée (1981) |
Addendum
Comme le rappelle l'article dans le précité
magazine, le sexe et l'âge du partenaire des amours
extra-conjugaux n'avait aucune espèce d'importance,
seule la conditions sociale et la nature du rapport
importait, à Rome. La notion d'hétérosexualité
ou d'homosexualité n'avait aucun sens (ces termes
n'avaient même pas encore été forgés).
En Grèce, la notion de pédérastie
est plus restrictive. La relation d'un adulte initiateur
(éraste) et d'un adolescent (éromène)
faisait semble-t-il partie du système éducatif.
Tout en dénonçant la frivolité
des Athéniens et la prostitution des Elidiens,
Xénophon a vanté la chasteté des
Spartiates qu'il connaissait bien pour avoir vécu
parmi eux, mais - comme il le précise expressément
- ne se faisait aucune illusion sur le crédit
que son assertion rencontrerait chez les autres Grecs.
Aristote qui, lui, les connaissait mal et, de toute
façon, ne les aimait pas, dénonça
pour sa part la corruption des Spartiates et des Crétois...
A vrai dire, la morale antique ne s'embarrassait point
de ces préjugés, si bien que Suétone
pouvait s'étonner de ce que l'empereur Claude
ne s'intéressait qu'aux femmes..., tandis que
le géographe grec Strabon dénonçait
vertueusement la prostitution des jeunes gaulois. Du
reste, s'il n'y avait péril en la demeure, pourquoi
donc les Spartiates avaient-ils instauré un magistrat
surveillant des palestres - le pédonome - sinon
pour s'assurer qu'aucun individu louche ne rôdât
autour des jeunes gens ?

Cette coupe grecque nous montre-t-elle
un chaste baiser échangé par l'éraste
et son éromène ? Autrement, ce serait
- de la part du jeune homme - considéré
comme de la prostitution...
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16 août 2007 |
ROME
(HBO) 3e SAISON : MISSION IMPOSSIBLE ? |
Nelly
a écrit : |
Please
do a Saison 3 - all family and friends love that peplum
- please continue. I bought the DVD Saison 1 and I am
gone by DVD Saison 2 - do something is so beautiful.
All monday we wait and expect to watch de series on BeTV
in Belgium - thank you for lesson to me. |
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RÉPONSE
: |
Il y a erreur sur la personne.
Je ne suis qu'un exégète, pas le producteur
HBO de Rome... Mais si vous allez sur mes pages,
vous verrez un lien vers un forum
dédié à Rome,
où il y a une pétition
pour que soit tournée une troisième saison.
Allez vite y ajouter votre signature.
Cela dit, je suis d'autant plus sceptique qu'à
Cinecittà les décors ont brûlé,
voici une semaine. Bien sûr, des décors
ça se reconstruit : ils l'ont déjà
fait une fois, après la destruction des premiers
décors de Rome en Bulgarie... Mais si
le coût/rentabilité est le critère
pour HBO laisser tomber les bras, alors je doute très
fort qu'ils aient envie de tout reprendre à zéro.
Addendum
(Nous reprenons ici l'essentiel de nos dernières
interventions sur le site du «Forum
Rome (HBO)» de Katheryne
Oz)
Le 10 août 2007, une partie
de Cinecittà disparaissait dans les flammes,
dont les décors de Rome (HBO). Il me souvient
d'avoir visité, en août 1987, les décors
- à moitié détruits il est vrai,
mais aussi à moitié intacts - de la série
TV Anno Domini. C'était à Monastir
(Tunisie). J'avais vu la série à la TV
belge début 1986 (RTL, 21 décembre 1985).
Ce que je veux dire par ce préambule, c'est qu'un
décor n'est pas détruit automatiquement
à la fin du tournage. Dans ces décors
des studios Carthago, on a tourné des tas d'autres
péplums qui n'avaient rien à voir avec
Anno Domini, comme La Vie de Brian, Le Larron,
Deux heures moins le quart av. J.-C. etc. On ne
se gênait pas pour réutiliser tout ou partie
de ces décors. Certes, il y a eu aussi le fait
des problèmes politico-familiaux que connut à
cette époque Tarak Ben Ammar (maintenant Quinta
Communication, en France), qui gelèrent quelque
peu les activités de ses studios de Sousse et
de Monastir, ce qui pourrait d'ailleurs expliquer qu'on
ne se soit pas dépêché pour détruire
ces décors.
Autre exemple : les décors du Forum de La
Chute de l'Empire romain (1964), qui devint une
attraction touristique près de Madrid. La faillite
du producteur Samuel Bronston, à ce moment-là,
explique peut-être cette conservation, manière
de rentabiliser ce qui ne servait plus. En tout cas,
trois ou quatre ans plus tard, Richard Lester y tourna
encore Le Forum en Folie.
Bref, le fait qu'on n'avait pas immédiatement
détruit les décors de Rome (HBO)
ne signifie nullement qu'on ait quand même compté
y tourner une troisième saison. Il est plus probable
que les studios de Cinecittà espéraient
les rentabiliser à l'occasion du tournage d'autres
films à plus petits budgets. Avez-vous vu tout
ce qui passe comme docu-fictions BBC et ZDF sur les
chaînes spécialisées et Arte ? Les
Studios maltais, marocains et tunisiens ne désemplissent
pas d'énergumènes casqués, en mini-jupe
rouge...
«I Claudius» : la
suite des frasques julio-claudiennes...
A défaut d'une saison 3, vous pouvez vous rabattre
sur la série BBC de 1976, en 13 épisodes,
I Claudius,
que vient de rééditer en DVD Antartic
Video, en avril de cette année. C'est la suite
logique de Rome, puisque ça commence en
23 av. n.E., soit sept ans après la mort d'Antoine.
Bien sûr, vous ne risquez pas d'y rencontrer Pullo
et Vorenus... mais vous y retrouverez Octave - devenu
Auguste - et Livia, qui ont pris de la bouteille. Et
aussi Agrippa.
C'est plutôt un sitcom, du théâtre
filmé. Il n'y a pas d'extérieurs. Mais
c'est tiré de la superbe trilogie romanesque
de Robert Graves, Moi Claude, Empereur (1937)
et si l'Histoire romaine vous branche tout de même
un petit peu (pas seulement le spectacle/le spectaculaire),
vous adorerez. Livia, la méga-méchante
y remplace avantageusement Atia, mais joue dans un autre
registre : le pouvoir, elle l'a déjà.
C'est dans l'ombre qu'elle tire les ficelles et trame
ses complots contre tous ceux qui risqueraient de s'interposer
entre le trône impérial et son fils Tibère,
né d'un premier lit, que son empereur de mari
n'aime pas.
Le jeu des acteurs ? D'aucuns le trouveraient théâtral,
mais moi ça ne me dérange pas. Mon pote
Fal a émis un avis plus nuancé sur Boojum.
De gustibus et coloribus non disputandum !
Certes l'image n'est pas celle d'une version remastérisée,
mais elle est très correcte. La qualité
d'une vidéo récemment enregistrée
sur une cassette neuve. Il y a en bonus un documentaire
BBC relatif au tournage de la version 1937 par Jozef
von Sternberg, inachevée, et contenant les chutes.
News
Selon le site «Forum Rome», le vidéogame
Rome Total War, qui vient de sortir, serait à
mettre en relation avec le feuilleton HBO. Wait and
see.
Je ne suis pas «jeux», mais j'ai remarqué
qu'il y en existait beaucoup sur l'Antiquité
et notamment sur l'Empire romain. Qui n'ont rien à
voir avec la série HBO et ses personnages, bien
entendu. (Je l'ai depuis eu en main, et confirme
l'absence - sur la jaquette - de référence
à la série-TV.)
Est-ce que Rome Total War a quelque chose à
voir avec le merchandising de la série HBO ?
Pour ma part, au vu du titre et de l'illustration, je
nourris quelques doutes.
Tiens, sur le site HBO j'ai vu qu'il existait un bouquin
de photos relatif à la série. Ca coûte
29,99 USD et sort courant septembre 2007. (CLICK)
(Note : depuis ce courrier, le bouquin est paru.
Il s'agit d'un superbe ouvrage cartonné, 26 ¥
31 cm, abondamment illustré de photos pleine
page : Jonathan STAMP, Rome (préface de
Bruno HELLER - design Stephen SCHMIDT/Duuplex),
éd. HBO
- New-York, Melche
Media, 2007, 144 p.)
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19 août 2007 |
AFFICHAGE
ROMAIN ET COMBATS DE GLADIATEURS |
Sylvie
a écrit : |
Je
travaille actuellement sur un guide historique destiné
aux enfants.
Et je m'intéresse notamment aux arènes
de Lutèce à Paris. Je cherche une petite
information : j'ai lu quelque part qu'il existait à
l'époque des «affiches» annonçant
le programme des jeux et les combats de gladiateurs.
Ce terme «affiches» me paraît incohérent.
S'agissait-il plutôt de fresques ? renouvelées
chaque semaine ? aux abords des arènes ou bien
disséminées dans la ville ? Y avait-il
des portraits des champions ou uniquement leur nom ?
Je vous mitraille de questions, mais j'essaie vraiment
de visualiser la chose. Auriez-vous la gentillesse de
m'aider ?

Affichage à
la romaine dans une rue de Pompéi... en
grandes lettres rouges : reconstitution par Peter
Connolly in P. CONNOLLY, A Pompéi,
Hachette, coll. «La vie privée des
hommes», 1980 |
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RÉPONSE
: |
Dans le film Gladiator,
on voit quelque sénateur tenant en main un programme
des jeux écrit sur papyrus. Je vous avoue que
de prime abord, le papyrus étant très
cher, je m'étonnais qu'on puisse le gaspiller
à de telles futilités. Mais de gros enjeux
étaient souvent mis sur ces combats, ce qui fait
que finalement ce genre de programme n'avait rien de
futile. En tout cas, Anne Bernet (Les gladiateurs,
Perrin, 2002) confirme l'existence de programmes (libellus,
plur. libelli) écrits sur papyrus. Quant
aux «affiches» proprement dites, à
ma connaissance ces edicta consistaient en inscriptions
peintes en lettres rouges et noires sur des murs chaulés
(Georges Ville (1)
signale également des inscriptions incisées
à la pointe sèche, probablement le soir,
après les matches, par des cabaretiers qui ainsi
notaient les résultats à l'intention de
leurs habitués). Je ne pense pas qu'elles étaient
accompagnées de portraits.
L'«affiche» ci-dessous est tirée
du Corpus inscr. lat., suppl. IV, II, n 3884
(elle figure aussi dans H. DESSAU, Inscr. lat. selectæ,
II, n 5145). Il s'agit de combats offerts par deux
riches Pompéiens, le père et le fils,
en avril d'une année indéterminée.
Voici le texte et sa traduction (2)
:
D. Lucreti / Satri Valentis flaminis Neronis Cæsaris
Aug. fili / perpetui gladiatorum paria XX, et D. Lucretio
Valentis fili glad. paria X, pug. Pompeis VI V IV
III pr. idus Apr. venatio legitima / et vela erunt
[scr. / Æmilius / Celer sing. / ad luna]
«Vingt paires de gladiateurs appartenant
à Decimus Lucretius Satrius Valens, flamine
perpétuel de Néron César fils
d'Auguste et dix paires de gladiateurs appartenant
à Decimus Lucretius Valens le fils combattront
à Pompéi le six, le cinq, le quatre,
le trois et la veille des ides d'avril. Il y aura
une chasse conforme aux règles et des vela
[pour se protéger du soleil].
Æmilius Celer l'a écrit à la clarté
de la lune.»
C'est donc la nuit que les annonces étaient
peintes sur les murs de la ville.
Par ailleurs, on a retrouvé à Pompéi,
annoté par un tifosi, un programme de munera
:
THRACE-MYRMILLON
Victoire : Pugnax, de l'école néronienne
: 3 victoires
Mort : Murranus, de l'école néronienne
: 3 victoires
HOPLOMAQUE-THRACE
Victoire : Cycnus, de l'école julienne
: 8 victoires
Epargné : Atticus, de l'école julienne
: 14 victoires
ESSÉDAIRES
Epargné : Publius Ostorius : 51 victoires
Victoire : Scylax, de l'école julienne
: 26 victoires
qui nous apprend que sur trois duels, deux virent
le vaincu épargné et un eut une issue
fatale; encore cette dernière n'avait-elle vu
s'opposer que des débutants n'ayant qu'un modeste
palmarès de trois victoires chacun.
Je ne sais pas sur quel support exactement figuraient
ces informations que certaines sources qualifient de
«carnet de notes». On pourrait penser qu'il
s'agissait d'un de ces papyrus évoqués
plus haut, annoté de la main d'un afficionados.
Mais il me semble que, justement, on n'a jamais retrouvé
de ces papyrus. En effet, Ville écrit à
propos des libelli dont Cicéron (CIC.,
Phil., II, 38, 97) évoque la vente les
jours précédant les combats : «On
les imaginera comme des feuillets de papyrus».
Ce qui veut dire qu'en fait on ne sait pas comment cela
se présentait, mais que d'une manière
ou d'une autre ils ont existé; l'hypothèse
du papyrus est plausible, mais n'est jamais qu'une hypothèse.
Il pouvait tout aussi bien s'agir de ces inscriptions
incisées dans le revêtement mural évoquées
plus haut.
NOTES :
(1)
Si vous voulez approfondir le sujet, consultez en
bibliothèque l'ouvrage de Georges VILLE, La
gladiature en Occident des origines à Domitien,
Ecole française de Rome, 1981, p. 364 - hélas
épuisé. - Retour
texte
(2) Les / /
/ indiquent le retour à la ligne. - Retour
texte
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